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Merci, monsieur le président. C'est un plaisir de comparaître pour faire le point.
Deux collègues m'accompagnent, Cecile Siewe, directrice générale du laboratoire de CanmetÉNERGIE, à Devon, en Alberta, et Chris Evans, directeur principal à la Direction des ressources pétrolières, chez Ressources naturelles Canada.
Nous vous avons remis un bref exposé, mais je me suis dit que je pourrais vous en proposer un survol pour vous donner une idée de ce qui s’est passé depuis notre dernière rencontre consacrée à ce sujet.
Pour ce qui est du contexte général et de l’importance du secteur pétrolier et gazier au Canada, on peut dire qu'il s’agit d’une industrie majeure, qu'elle est la source de beaucoup d'emplois, d'une part importante du PIB et d'exportations considérables. Vous avez vu certaines de ces données dans le rapport même, mais il ne faut pas oublier que le secteur représente 276 000 emplois au Canada, ce qui intéresse beaucoup de travailleurs avec leurs familles, quelque 100 milliards de dollars en exportations et 5,6 % du PIB. Le Canada joue un rôle très important sur la scène mondiale dans la production et l’exportation de pétrole et de gaz naturel.
Comme nous le savons tous, l’industrie a traversé ces dernières années une période assez difficile, en particulier à cause de la baisse des cours mondiaux des produits de base. Ce sont surtout l'industrie et ceux qui y travaillent qui ont souffert le plus directement de ces difficultés.
Malgré les bouleversements à court terme, l’avenir à long terme de l’industrie pétrolière et gazière demeure très solide, comme le montrent les rapports de l’ONE et les évaluations menées par l’Agence internationale de l’énergie. En dépit de ces temps difficiles, nous avons eu notre part de bonnes nouvelles ces derniers temps, notamment l'annonce de quelques grands projets, dont le plus grand projet de l’histoire du Canada, LNG Canada, un projet de 40 milliards de dollars qui se réalisera en Colombie-Britannique. Il fera du Canada un acteur de premier plan dans le domaine du GNL, qui, comme nous le savons, est une tendance très importante sur les marchés de l’énergie à l’échelle mondiale, puisque nous sommes le producteur d’énergie le plus propre au monde. Cela nous aidera à desservir nos clients asiatiques qui essaient de délaisser le charbon.
Le projet Hebron, une initiative de 14 milliards de dollars, au large de Terre-Neuve-et-Labrador, est un autre projet important qui mérite d’être souligné. Il y a aussi de grands projets pétrochimiques, en Alberta, qui ont été annoncés au cours des derniers mois. Ce sont certainement des signes encourageants.
[Français]
On revient sur les éléments de la réponse du gouvernement au rapport que vous avez produit. Ils sont regroupés autour de quatre grands thèmes.
[Traduction]
Le premier thème portait sur la collaboration et la coopération intergouvernementales, le deuxième sur le renforcement de la confiance du public et la transparence, le troisième sur la mobilisation des peuples autochtones et l’exploitation des ressources, et le quatrième sur l’innovation dans le secteur pétrolier et gazier.
J’espère pouvoir aborder certains de ces sujets dans mon exposé, mais, faute de temps, nous devrons peut-être en parler seulement pendant les questions.
Je voudrais attirer l'attention sur certaines des grandes initiatives en cours. Il y a le projet de loi , dont le Sénat est actuellement saisi. Il y a aussi le travail de consultation sur le pipeline Trans Mountain, également en cours. Je tiens aussi à signaler l’investissement appréciable que le gouvernement a consenti pour l’innovation dans les technologies propres — quelque 3 milliards de dollars ont été injectés à ce jour, dont certains investissements clés dans le secteur pétrolier et gazier. Je vais en dire un mot.
L’étude de la mobilisation des citoyens a été un autre élément clé qui a retenu notre attention l’automne dernier. Le Conseil Génération Énergie de notre ministère consulte quelque 380 000 Canadiens sur l’avenir de l’énergie. De ces discussions, quatre orientations se sont dégagées, dont l'une est celle d'une production de pétrole et de gaz propres, ce qui demeure au cœur de notre plan de match.
Pour aller droit au but, la principale leçon à tirer de cette consultation, qui a duré plusieurs mois, c'est que les Canadiens veulent que nous soyons concurrentiels pour que notre industrie pétrolière et gazière puisse prospérer, et que nous soutenions les emplois et la création de richesse. Toutefois, ils sont aussi à la recherche de moyens d’améliorer la performance environnementale des points de vue tant des GES que des impacts de l'activité sur l’eau et les terres.
Ces deux thèmes ont été très présents tout au long des échanges, tout comme celui de l’innovation nécessaire pour atteindre l'objectif visé.
Ces derniers temps, l’industrie a traversé une période assez difficile. C'est pourquoi, en décembre dernier, le gouvernement a annoncé un programme de soutien totalisant 1,6 milliard de dollars pour aider les travailleurs et les collectivités touchés par la baisse des cours pétroliers et gaziers.
Je voudrais dire un mot de certains des éléments clés de ce programme, le premier étant le soutien financier commercial de 1 milliard de dollars d’Exportation et développement Canada pour répondre aux besoins en fonds de roulement des entreprises, qu'il s'agit également d'aider à percer de nouveaux marchés d'exportation.
La deuxième enveloppe, de 500 millions de dollars cette fois, vient de la Banque de développement du Canada. Elle soutient le financement commercial nécessaire à la diversification des marchés.
Le troisième volet concerne la R-D. C'est un apport de 50 millions de dollars au programme de croissance propre de RNCan. La valeur de ces projets totalise 890 millions de dollars.
Le volet suivant provient du Fonds stratégique pour l’innovation d’ISDE, le ministère de l’Innovation. Il s'agit d'un montant de 100 millions de dollars.
Enfin, il y a l’accès au Fonds national des corridors commerciaux, d’une valeur totale de 750 millions de dollars. Beaucoup d’engagements ont été pris à cet égard.
Pour terminer, les mesures fiscales. Dans la mise à jour relative à la situation financière, l’automne dernier, monsieur le président, il y a eu, comme mes collègues le savent, une annonce importante au sujet de mesures relatives la déduction pour amortissement accéléré visant à accroître la compétitivité de tous les secteurs industriels au Canada. La valeur totale de ces mesures était de l’ordre de 5 milliards de dollars en recettes fiscales cédées. De toute évidence, le secteur pétrolier et gazier, qui joue un rôle très important dans l’industrie nationale, est l’un de ceux qui en ont manifestement profité, surtout pour ses dépenses liées aux investissements en matériel de production d’énergie propre.
Cela m’amène à parler de l’équipe d’innovation, dont j’ai dit un mot plus tôt. Évidemment, je ne vais pas tout vous dire, mais, encore une fois, grâce aux échanges qui suivront, nous pourrons peut-être étoffer cette information. Le gouvernement central a étroitement collaboré avec l’industrie et les gouvernements provinciaux pour trouver des moyens de vraiment aider l’industrie à progresser à l'avenir, comme le titre de votre étude l’invite à le faire.
Bien que l’industrie fasse un excellent travail dans la recherche d'améliorations progressives, l'impression générale veut que nous devions avancer bien plus rapidement si nous voulons obtenir une meilleure performance environnementale et réduire les coûts. C’est là que des efforts renouvelés en matière de technologies d’extraction, de gestion des bassins de résidus, d’émissions atmosphériques et d’utilisation du carbone ont été largement considérés comme essentiels.
Je n’entrerai pas dans les détails, mais pour vous donner une petite idée, il y a des pistes prometteuses en technologies d’extraction, que nous et l’industrie explorons résolument et qui permettraient une réduction de l’ordre de 40 à 50 % à la fois des coûts de production et des émissions. Nous avons dans ce domaine un certain nombre de projets qui sont très intéressants et que nous menons très activement en ce moment.
C’est la même chose pour les résidus. Nous entendons beaucoup de préoccupations chez nos concitoyens quant à la façon dont nous pouvons affronter ces problèmes et réduire la production de ces bassins de décantation. Des efforts sont déployés à cet égard. Il s’agit également d’utiliser certains de ces bassins de décantation et d’en extraire les hydrocarbures et les métaux lourds précieux comme le titane pour en faire une meilleure utilisation. Le recyclage de certains de ces produits se fait dans l’esprit d’une économie cyclique.
Un projet à grande échelle est en voie de réalisation. Il a été annoncé par la province de l’Alberta avec Titanium Corporation, précisément pour recycler des produits.
Pour nous, ce sont des signes très encourageants qui montrent ce que le Canada peut faire. De tous les secteurs, celui du pétrole et du gaz au Canada est reconnu depuis des décennies comme étant extrêmement novateur et animé par un grand esprit d'entreprise. J’ai bon espoir que nous pourrons faire avancer ces projets avec succès.
L’avant-dernière diapositive explique un peu comment nous avons procédé. Comme vous le savez, le cadre pancanadien était axé sur la collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux. Nous estimions que c’était la bonne chose à faire que de porter une attention particulière à la façon dont nous faisions les choses.
À cet égard, je pourrais peut-être souligner trois éléments qui, à nos yeux, étaient très importants. Le premier est la création d’un Carrefour de la croissance propre, qui est essentiellement un guichet unique qui permet d'interagir avec la famille fédérale. Il est parfois un peu difficile pour un chercheur universitaire ou une petite entreprise de savoir à qui s’adresser. Ils souhaitaient avoir un guichet unique pour communiquer avec nous. Nous avons entendu ces réflexions, nous les avons prises à coeur et nous avons établi cette plaque tournante. Il s’agit d’un regroupement de 16 ministères et organismes qui partagent un bureau au centre-ville d’Ottawa. Ils sont en mesure d’interagir avec les clients et de les orienter, qu’ils aient besoin de fonds, d’un accès au marché, de changements réglementaires ou qu'ils aient des problèmes liés à l’approvisionnement — peu importe le sujet qu’ils abordent.
Au cours de notre brève année d’activité, plus d'un millier de clients nous ont demandé des conseils et du soutien, et c’est un élément très populaire de notre écosystème actuel.
La deuxième chose à souligner concerne les modèles de partenariat de confiance. Aux niveaux tant fédéral que provincial, nous avons des ressources limitées à investir, et elles viennent des contribuables. Nous devons donc chercher les moyens d'utiliser intelligemment ces ressources limitées. Nous tendons la main aux provinces et leur disons: « Pourquoi ne pas essayer de voir ensemble quelles sont les technologies les plus prometteuses et envisager d'adopter un processus d’examen intégré? »
Au lieu d’obliger les chercheurs des universités à faire des démarches distinctes aux niveaux fédéral et provincial, nous reconnaissons mutuellement nos processus en place, ce qui permet aux chercheurs et aux innovateurs d’économiser énormément de temps lorsqu'ils tentent d'obtenir des fonds fédéraux ou provinciaux. La démarche s'en trouve considérablement accélérée. Nous avons huit ou neuf de ces modèles de partenariat de confiance partout au Canada, et ils se sont avérés très efficaces.
La troisième et dernière chose que je voudrais souligner, c’est que le gouvernement a annoncé, dans le budget de 2019, des fonds de 100 millions de dollars pour le Réseau d'innovation pour des ressources propres. Il réunit des innovateurs du secteur pétrolier et gazier, surtout dans l’Ouest du Canada, et le groupe est actif depuis environ un an. Le gouvernement fédéral a été heureux de lui apporter un certain soutien. Des représentants du Réseau, qui suscite un grand enthousiasme, étaient à Ottawa la semaine dernière.
[Français]
Pour conclure, je vais parler des activités des laboratoires nationaux en matière d'énergie.
Nous avons un réseau de quatre laboratoires nationaux situés dans plusieurs endroits du pays, c'est-à-dire à Montréal, à Ottawa, à Hamilton, en Ontario, et en Alberta. Ils regroupent plus de 600 chercheurs, ingénieurs et techniciens dans ce domaine.
[Traduction]
Le Réseau s'intéresse à un large éventail de technologies: énergie renouvelable, PV, géothermie, bioénergie, énergie marine, efficacité énergétique, matériaux de pointe, sans oublier l’application de l’intelligence artificielle dans l’énergie et dans les énergies fossiles.
Nous avons l'honneur d’être accompagnés de Mme Cecile Siewe, qui est directrice générale du laboratoire de CanmetÉNERGIE à Devon, installations où les recherches portent précisément sur le pétrole et le gaz. Comme nous l’entendrons au cours de l'audience, il y a beaucoup de travail qui se fait là-bas en recherche sur l’eau, les technologies d’extraction, la valorisation partielle, la récupération des déversements de pétrole et de nombreux champs d’expertise. Mme Siewe est une scientifique de renom, mais elle dirige aussi ce laboratoire. Il m'a semblé intéressant que les membres du Comité puissent discuter directement avec elle.
Je vais m’arrêter ici et vous rendre la parole.