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Merci, monsieur le président.
L'Association canadienne des constructeurs d'habitation est ravie de pouvoir fournir au Comité permanent de l'information et son point de vue sur le rôle essentiel et changeant du bois et des produits du bois au sein de notre industrie et pour les habitations des Canadiens. Cet après-midi, je vais m'attarder aux principales dimensions de notre industrie et à l'importance des produits du bois dans les résidences que nos membres construisent et rénovent d'un océan à l'autre.
Je tiens également à souligner un certain nombre de tendances novatrices importantes qui pourraient stimuler l'utilisation de composantes du bois à valeur ajoutée, dont le bois d'ingénierie et les produits du bois secondaires.
La construction et la rénovation résidentielles constituent évidemment un marché important du secteur forestier canadien et un marché final majeur pour divers produits transformés ici. D'après les données intersectorielles de Statistique Canada, notre industrie consomme pour plus de 8 milliards de dollars de produits forestiers par année et constitue donc un important consommateur interne pour l'industrie des produits forestiers.
Le secteur de la construction résidentielle compte deux volets principaux: la construction de nouvelles résidences et la rénovation résidentielle. Ensemble, ces deux volets représentent une des plus grandes industries de notre économie. L'an dernier, notre industrie a généré environ 138 milliards de dollars en activité économique, 67 milliards de dollars en nouvelles constructions et 71 milliards de dollars pour la rénovation. En 2016, la construction résidentielle représentait plus de un million d'emplois directs et indirects au Canada, et ces emplois ont généré près de 60 milliards de dollars en salaires.
Pour ce qui est des nouvelles constructions, nous remarquons que les produits utilisés par nos membres ont changé considérablement. On peut dire que les résidences canadiennes traditionnelles évoluent au même rythme que nos villes qui sont plus densément peuplées et qui accueillent de plus en plus de Canadiens par kilomètre carré.
En 1996, 60 % des résidences canadiennes étaient des maisons individuelles. En 2016, les maisons individuelles ne représentent que 32 % des nouvelles résidences que nous construisons en une année, tandis que près de 50 % des nouvelles résidences sont des appartements de tous genres, que ce soit des condos ou des logements locatifs. Les résidences restantes sont des habitations plurifamiliales basses, comme des maisons de ville et des maisons en rangée.
La façon dont nous construisons les maisons change également et continuera d'évoluer au cours des prochaines années. Cela aura un impact direct sur les produits et les matériaux utilisés en construction, dont un large éventail de produits du bois. Le rendement environnemental des résidences, particulièrement leur efficacité énergétique, a grandement évolué au cours des 20 dernières années. Cette évolution se poursuit et devrait même s'accélérer au cours des prochaines années.
Aujourd'hui, une nouvelle construction n'utilise qu'une fraction de l'énergie de chauffage utilisée par une résidence plus ancienne. La moitié des résidences canadiennes ont été construites avant 1985, et celles-ci utilisent jusqu'au double de l'énergie des résidences construites après 1985. En outre, une résidence construite aujourd'hui à Ottawa utiliserait entre 20 et 30 % moins d'énergie qu'une résidence construite il y a seulement cinq ans.
La tendance du meilleur rendement écoénergétique ne fait que commencer. D'après l'orientation stratégique du gouvernement relativement aux prochains codes du bâtiment, d'ici 2030, toutes les nouvelles maisons devront afficher une efficacité énergétique de plus de 50 % pour atteindre les normes de « consommation nette zéro ».
C'est un objectif ambitieux qui représentera tout un défi pour notre industrie. Cela représentera également un obstacle pour la société, à moins que l'on trouve des moyens abordables d'atteindre ces niveaux d'efficacité énergétique, et, en tant qu'association, nous nous préoccupons de l'abordabilité des résidences pour les jeunes Canadiens qui désirent devenir propriétaires.
Les nouvelles façons de construire les maisons influeront sur le choix des produits du bois et des autres matériaux dans le processus de construction. Aujourd'hui, une maison détachée type de 2 400 pieds carrés exige environ 16 000 pieds-planche de bois de charpente. Sa construction exige également environ 14 000 pieds carrés d'autres produits du bois, dont du contreplaqué, des panneaux de copeaux orientés, des poutres de charpente en lamellé-collé et du bois de placage stratifié.
Un large éventail de produits du bois secondaires entre dans la composition des nouvelles résidences pour, notamment, les planchers, les armoires, le revêtement extérieur, les panneaux de toit et les produits de menuiserie. Des composantes du bois sont également intégrées aux fenêtres et aux portes.
En ce qui a trait à la valeur, le bois de charpente ne représente qu'environ 14 % de la valeur des produits du bois utilisés par notre industrie. Les produits du bois secondaires, dont les produits de menuiserie, les fenêtres, les portes et les assemblages de bois préfabriqués, représentent environ 60 % de la valeur totale du bois que nous consommons chaque année. À l'avenir, les produits secondaires du bois devraient être moins touchés par les nouveaux codes; cependant, les éléments de charpente le seront certainement davantage.
Nous observons depuis longtemps une utilisation accrue du bois d'ingénierie de charpente à valeur ajoutée. Il pourrait y avoir un flou entre le bois d'ingénierie et les produits du bois secondaires à l'avenir. Nous observons cela dans certains marchés, où des constructeurs de résidence qui utilisaient des matériaux traditionnels optent maintenant pour des systèmes muraux préfabriqués, qui étaient auparavant considérés comme des produits secondaires. Les deux organisations nationales représentant les constructeurs de résidences préfabriquées ont intégré notre association l'an dernier et constituent notre nouveau Modular Construction Council pour les résidences préfabriquées, vu l'intégration accrue de nouvelles pratiques de construction dans tous les segments de notre industrie.
Outre cette tendance vers une industrialisation accrue, les produits de bois d'ingénierie permettent de nouveaux types de construction en bois. Les immeubles à six étages composés d'une charpente de bois sont maintenant intégrés au Code national du bâtiment et sont construits dans certaines provinces. Nous suivons également avec beaucoup d'intérêt les recherches et projets de démonstration concernant les structures de bois de 6 à 12 étages composées de produits novateurs, comme le bois lamellé-croisé.
L'intérêt de notre industrie pour ces nouveaux produits de pointe va de soi, car notre but est de livrer aux Canadiens des maisons de qualité qui répondent aux exigences les plus élevées en matière d'efficacité et à leurs attentes. Par contre, l'abordabilité des logements est une préoccupation de tous les instants, car elle touche la capacité des jeunes Canadiens, des nouveaux Canadiens et des jeunes familles d'accéder à la propriété.
En tant qu'association, il est de notre devoir et de celui du gouvernement de veiller à ce que les nouvelles exigences des codes n'influent pas sur l'abordabilité, ce qui veut dire que nous devons trouver les technologies et les techniques qui nous permettront de les respecter au même coût et à un moindre coût. Et c'est là le véritable problème.
Du point de vue de notre industrie, un aspect clé de toute nouvelle technologie de construction, que ce soit un produit du bois ou non, est sa capacité de nous aider à régler le problème de l'abordabilité. Une abordabilité réduite empêche l'accès à la propriété, et nous voyons les effets de ce problème. Selon les données du dernier recensement publiées tout récemment, pour la première fois de notre histoire, le taux d'accession à la propriété pour l'ensemble du Canada a diminué, pour passer d'un sommet de 69 % en 2011 à 67,8 % en 2016.
Fait peut-être plus important encore, le taux d'accession à la propriété a diminué pour tous les groupes d'âge de moins de 65 ans, mais particulièrement celui des plus jeunes Canadiens. Vu que les nouveaux codes du bâtiment exigeront un taux d'efficacité énergétique encore plus élevé à l'avenir et que, pour l'instant, cela se traduit par une augmentation du prix des résidences, nous cherchons de nouvelles technologies et de nouveaux matériaux de pointe qui nous permettront de préserver ou d'améliorer l'abordabilité. Les produits de bois novateurs devraient faire partie de la solution. Mais ce qui est capital, c'est que, en tant que Canadiens, nous savons comment aller de l'avant.
Au cours des 70 dernières années, notre industrie, l'industrie des produits forestiers et le gouvernement fédéral ont entretenu de fructueuses collaborations dans le but de faire avancer la science de la construction résidentielle. Cette collaboration a mené à un large éventail d'innovations; pensons notamment aux fermes de toit dans les années 1950 et aux immeubles de 12 étages à ossature de bois lamellé-croisé que nous construisons aujourd'hui. Cela nous a permis de construire des résidences à consommation énergétique nette zéro, et nous commençons à trouver des façons de réduire le surcoût que cela entraîne. Nous avons encore beaucoup de chemin à faire avant que ces coûts soient réduits à un niveau raisonnable, mais nous sommes sur la bonne voie.
Par conséquent, il faut encourager la recherche et le développement et s'assurer que ces activités visent à améliorer la qualité des logements et leur abordabilité. Notre association mène de nombreuses recherches associées au logement en collaboration avec Ressources naturelles Canada, le Conseil national de recherches et la Société canadienne d'hypothèques et de logement. C'est cette collaboration qui a permis notamment de mettre au point la norme et homologation canadienne « maison R-2000 », qui a fait de nous un chef de file mondial, et notre programme volontaire d'homologation de maison à consommation nette zéro, qui confirme notre expertise à l'échelle internationale.
Les maisons que notre industrie construira en 2030 devront répondre aux attentes les plus élevées des Canadiens en matière de confort, de qualité et de valeur, à un prix abordable. Elles devront également contribuer au développement durable et à la résilience des collectivités et constituer des options de logement pour tous les Canadiens. Il faudra aussi utiliser de manière plus efficace nos ressources naturelles pour construire les maisons de l'avenir. La commande est de taille, et le défi est bien réel, mais les résultats potentiels sont très intéressants, soit une industrie de la construction résidentielle plus forte, une industrie des ressources plus solide, dont le secteur des produits forestiers, des maisons de grande qualité pour les Canadiens, la prospérité pour une nouvelle génération de propriétaires et de grandes occasions de partager nos innovations et nos produits avec le monde entier.
Il faudra travailler fort pour obtenir ces résultats, mais ils en valent le coup. Notre industrie tend la main au secteur des produits forestiers et au gouvernement pour que nous puissions les réaliser.
Merci.
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Je vous remercie chaleureusement de m'avoir invité à participer à votre examen des produits secondaires de la chaîne d'approvisionnement dans le secteur forestier du Canada. Je suis ravi de témoigner devant vous aujourd'hui au nom du Conseil forestier des Premières Nations de la Colombie-Britannique. Nous sommes une société sans but lucratif qui appuie les activités de 203 collectivités des Premières Nations et d'environ 200 000 citoyens de cette région du pays.
Nous savons que vous prêtez une attention particulière aux répercussions sur l'emploi et l'économie, aux aspects environnementaux liés à ces industries et à la mise au point de technologies écoénergétiques. Nous traiterons de ces trois éléments durant notre témoignage d'aujourd'hui.
Notre première réaction à cet important examen est qu'il tombe vraiment à point, et nous voyons avec enthousiasme la participation des Premières Nations. Comme vous le savez déjà, le secteur forestier fait l'objet d'une transition extrême, et nous estimons que les derniers efforts menés dans un but de revitalisation et d'innovation n'ont pas donné les résultats escomptés. Au lieu d'innover, il semble que nous nous contentons de liquider les ressources ligneuses aux fins de fabrication primaire seulement, et dans certains cas ici dans l'Ouest, nous semblons retourner en arrière et favoriser l'exportation de grumes brutes.
Pour ce qui est des répercussions sur l'emploi et l'économie, nous tenons à vous souligner qu'il y a une urgence au sein du secteur forestier et que les Autochtones sont prêts à y participer. Nous sommes fort conscients des changements démographiques qui touchent le secteur forestier. Comme vous le savez déjà, la proportion de jeunes est heureusement importante au sein de nos collectivités autochtones. L'utilisation et l'optimisation des ressources autochtones au sein du secteur forestier permettront d'utiliser la main-d'oeuvre locale, d'atténuer les problèmes socioéconomiques des collectivités des Premières Nations, de construire des relations politiques et commerciales et de favoriser la sensibilisation à la culture autochtone. De telles stratégies mises en oeuvre par le Canada, les administrations régionales et les partenaires du secteur forestier apporteront des gains très importants maintenant et pour l'avenir.
Dans le cadre de notre collaboration avec la Colombie-Britannique et le Canada relativement à la transition du secteur forestier, qui doit notamment s'adapter aux changements climatiques, nous avons maintenu que le secteur à valeur ajoutée ou la fabrication secondaire sont essentiels. Les secteurs de l'extraction des ressources brutes et de la fabrication primaire ne fourniront pas assez d'occasions d'emploi et d'avantages pour les Canadiens au fur et à mesure que le secteur évolue; il faudra miser sur les produits secondaires et la fabrication à valeur ajoutée.
Les collectivités des Premières Nations ont participé activement à l'atténuation de l'infestation de dendroctone du pin ponderosa, qui a commencé il y a 15 ans en Colombie-Britannique. Une des trois priorités était de participer à la nouvelle industrie de la bioénergie et de la bioéconomie qui allait se servir des pins morts. La bioénergie était sur toutes les lèvres en Colombie-Britannique et constituait une stratégie d'atténuation de l'infestation par le dendroctone du pin. Il y a eu des propositions d'usines de granulés et de multiples projets pilotes liés à la bioénergie, mais la pleine mise en oeuvre de la stratégie et la pleine utilisation des ressources se font toujours attendre.
Nous nous sommes notamment penchés sur des solutions bioénergétiques visant à remplacer les centrales au diesel. Il existe déjà un modèle de gestion permettant à plus de 65 collectivités des Premières Nations de la Colombie-Britannique de passer des génératrices au diesel à la bioénergie. Cependant, des problèmes de compétence relatifs à l'alimentation en énergie et des politiques administratives freinent ce type d'investissement.
La transition à laquelle nous faisons face dans l'Ouest découle en grande partie du fait que l'approvisionnement en ressources ligneuses à moyen et à long termes diminue. Vu les résultats bien connus de l'analyse sur l'approvisionnement en ressources ligneuses à long terme et les effets à court terme des changements climatiques, nous savons depuis un certain temps déjà que nous devons apprendre à en faire plus avec moins. Nous nous attendons à ce que les niveaux de récolte annuels en Colombie-Britannique chutent pour passer de 75 à 55 millions de mètres cubes par année, et cette réduction qui est attribuable aux changements climatiques, au dendroctone du pin et aux feux de forêt aura de grandes conséquences.
Malheureusement, vu la situation actuelle, nous nous attendons à une tragédie économique et commerciale. Divers secteurs de l'industrie forestière s'attachent aux anciennes occasions économiques et continuent de chercher à augmenter leurs revenus et à trouver de nouveaux marchés pour les mêmes produits primaires de la chaîne d'approvisionnement tout en réduisant les coûts de production, même s'il est bien connu que nous en sommes à la partie la plus onéreuse du cycle de récolte du bois dans l'Ouest, alors que nous passons des peuplements anciens aux peuplements de seconde venue.
En ce qui a trait à la mise à l'essai de nouveaux produits à valeur ajoutée ou à leur fabrication, nous tenons à vous souligner que de nouvelles entreprises qui ne respectent pas les normes environnementales exigées pour assurer la santé et la sécurité au sein des collectivités ont reçu du financement pour mener des projets pilotes. Nous sommes très conscients des occasions que cela représente, mais nous tenons à mentionner qu'un cadre environnemental rigoureux doit être mis en place pour que l'environnement et les collectivités soient bien protégés. Même si nous croyons en la croissance du secteur forestier à valeur ajoutée et à la mise au point de nouveaux produits forestiers novateurs, nous tenons à mettre cet aspect de l'avant.
Nous ne pouvons pas prendre des décisions précipitées sans d'abord nous assurer... Dans notre cas, en tant que Premières Nations, la reconnaissance de notre titre et de nos droits est importante pour les collectivités. Nous voulons rappeler au Comité que les droits et le titre des peuples des Premières Nations sont à l'avant-plan des décisions et des projets de gestion des ressources naturelles au Canada et que les Premières Nations devraient être les principaux partenaires et décideurs quant aux investissements dans les produits secondaires de la chaîne d'approvisionnement.
La pauvreté touche largement les collectivités des Premières Nations, qui doivent toujours se battre pour faire reconnaître leur titre et leurs droits, y compris leurs droits préexistants. C'est dans cette optique que je renvoie les membres du Comité à la décision Nation Tsilhqot'in c. Colombie-Britannique, rendue par la Cour suprême du Canada en 2014. Cette décision très récente est considérée comme un point tournant, car elle fournit une définition claire du titre ancestral sur les terres des Premières Nations. Cette définition touchant les terres des Premières Nations est indéniablement importante dans le contexte du renouvellement du secteur forestier et de l'équilibre entre l'investissement dans certains de ces nouveaux régimes de fabrication et avec les Premières Nations.
De plus, la Commission de vérité et réconciliation a récemment terminé ses travaux et publié ses appels à l'action, qui visent à orienter le processus de réconciliation. Il faut également rappeler au Comité que le Canada met actuellement en oeuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Ces mandats de haut niveau qui visent la réconciliation et les travaux de votre comité relativement à l'innovation au sein du secteur forestier feront grandement avancer les engagements pris antérieurement par le gouvernement fédéral en matière de réconciliation, de transformation des politiques et de transformation considérable de la relation avec les peuples autochtones du Canada. Cependant, après 10 ans d'engagements de haut niveau et de collaboration, les intentions sur papier sont bien bonnes, mais les objectifs sont loin d'être atteints. Nous faisons l'objet de belles paroles qui risquent de ne pas se concrétiser en investissements dans l'engagement et la participation autochtones.
Comme nous l'avons déjà mentionné, le renouvellement du secteur manufacturier et la stimulation du secteur à valeur ajoutée sont presque irréalisables pour les collectivités des Premières Nations, qui n'ont pas accès aux capitaux et qui se heurtent à des obstacles administratifs ou politiques. Pour ceux comme nous qui veulent voir un nouveau secteur forestier pour le Canada, il faut que celui-ci soit inclusif et respectueux à l'endroit des peuples autochtones du Canada. Des partenariats solides avec les Premières Nations peuvent favoriser la fabrication de produits du bois ou d'autres produits à valeur ajoutée reconnus mondialement et qui renforceront notre secteur. Nous sommes très intéressés à établir des partenariats qui nous permettront d'aller dans ce sens.
Les Premières Nations désirent grandement participer au nouveau secteur forestier. Pour ce faire, il faut investir dans ces collectivités dans le but d'améliorer la gouvernance et la planification; le soutien aux opérations et à la gestion; les programmes de main-d'oeuvre ciblée; l'accès aux capitaux pour favoriser l'investissement local dans les nouvelles usines de fabrication et de valeur ajoutée, ce qui inclut la bioénergie; et, évidemment, un cadre stratégique qui simplifiera le tout.
Laissons derrière nous le rejet du titre ancestral et les droits des peuples autochtones et les engagements superflus qui semblent intéressants sur papier, mais qui sont inadéquats lorsque vient le temps d'affecter des ressources financières. Nous croyons qu'une relation forte et saine avec nos collectivités apportera de la prospérité pour tous les intervenants du nouveau secteur forestier du Canada, et c'est pourquoi je voulais vous présenter les principaux mandats de notre organisation, de nos chefs et de nos dirigeants dans l'Ouest, dans le contexte de votre examen.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également madame et messieurs les députés ainsi que la secrétaire parlementaire de leur invitation à comparaître devant le Comité. Aujourd'hui, nous ouvrons le dialogue afin d'alimenter vos travaux et vos réflexions. J'ai surtout bien hâte d'entendre vos questions à propos de nos activités. Je souhaite pouvoir, par mes commentaires, inspirer vos propres travaux.
Chantiers Chibougamau est une entreprise familiale qui a commencé ses activités en 1961 à Chibougamau, dans la région Nord-du-Québec. Chibougamau est située à environ 700 kilomètres au nord de Montréal, au Québec. À l'heure actuelle, notre entreprise exploite deux principales usines, l'une à Landrienne, près d'Amos en Abitibi, et l'autre à Chibougamau, dans le Nord du Québec. Au total, Chantiers Chibougamau transforme environ 8 % de toute la forêt publique du Québec. Nous avons un complexe de production de bois d'ingénierie majeur que le professeur français Pascal Triboulot qualifie de plus important complexe de production de bois lamellé collé du monde. Il a visité presque tous les complexes existants, et il estime que le nôtre est celui ayant la plus grande capacité installée.
Au total, près de 900 personnes travaillent au sein de l'entreprise, soit environ 800 pour tout ce qui a trait aux activités en forêt et aux activités de transformation en usine, et plus de 50 pour tout ce qui concerne le développement technique, l'élaboration des projets de construction et l'administration.
Nous sommes ici pour parler de la transformation du bois, des constructions en bois ainsi que des répercussions sur l'emploi et sur les changements climatiques. À cet égard, il y a quelques éléments qui nous motivent quotidiennement.
Voici le premier élément. Aujourd'hui, au-delà de l'effet bénéfique de la diversification de nos activités — nous sommes toujours actifs sur les marchés traditionnels du bois d'oeuvre —, le bois d'oeuvre continue à occuper une place importante en ce qui a trait à nos revenus. Il n'en demeure pas moins que la diversification nous permet de croître. Le chiffre d'affaires de l'entreprise familiale dépasse 250 millions de dollars, ce qui est grandement dû à la gamme de produits de construction en bois que nous avons mise au point.
En ce qui concerne strictement le bois massif utilisé dans la construction de bâtiments non résidentiels, c'est-à-dire de bâtiments institutionnels, commerciaux ou multilogements en bois, environ 150 emplois au sein de notre entreprise dépendent de ces activités, qui ont vu le jour chez nous il y a 15 ans.
Il s'agit donc d'énergie et de performance environnementale. Plusieurs aspects fondamentaux liés à ces produits de construction en bois doivent être pris en compte afin d'être reconnus à leur juste valeur. Évidemment, nos produits reposent sur une ressource renouvelable. Dès le départ, cela nous donne un gage de pérennité indiscutable et de différenciation.
De plus, la fabrication de notre produit ne demande que très peu d'énergie. Dans tout le processus d'assemblage, nous consommons nettement moins d'énergie que nous en produisons pour des produits équivalents et même pour des produits équivalents ailleurs sur la planète.
Je vais vous donner un exemple concret lié à l'importance accordée au bois dans le bâtiment, en France ou en Europe, par exemple. À la lumière de l'analyse du cycle de vie de nos produits, effectuée il y a déjà plus de sept ans, nous avons été étonnés de constater que nos produits avaient un bilan du carbone deux fois plus satisfaisant que les produits de bois massif et les produits de bois lamellé collé, des équivalents fabriqués en Europe. Cela repose sur l'intégration de nos procédés de transformation de la forêt jusqu'à l'usine. Cela repose aussi sur l'utilisation de l'hydroélectricité et, évidemment, sur des procédés très peu énergivores pour assembler une colonne qui va être un substitut à une colonne équivalente dans d'autres matériaux, par exemple, l'acier et le béton.
De la forêt jusqu'à la livraison sur le chantier, le procédé consomme une quantité incomparable d'énergie. Évidemment, tout cela se traduit par des bénéfices marqués qui contribuent à générer des bâtiments performants sur le plan environnemental. Il faut aussi souligner les propriétés intrinsèques des matériaux, c'est-à-dire tout ce qui est relatif à la conduction thermique pour la performance énergétique du bâtiment. On le dit trop peu souvent, mais le bois conduit 350 fois moins l'énergie que l'acier. Le bois conduit 30 fois moins l'énergie que le béton. Par conséquent, l'été, la chaleur extérieure va être conduite 350 fois moins à l'intérieur du bâtiment qu'elle ne l'est par l'acier et 30 fois moins pour le béton, ce qui est une performance majeure pour la consommation énergétique, mais aussi pour les coûts d'exploitation du bâtiment.
S'ajoute à cela, toujours sur le plan environnemental, le fait que, dans les constructions de bois massif, la structure va souvent demeurer apparente. Évidemment, qui dit structure apparente dit économie de matériaux de finition. Encore là, on peut reconnaître les solutions en bois à leur juste valeur pour leur performance économique, mais aussi pour leur performance environnementale, car la réduction intrinsèque de la consommation de matériaux a des conséquences directes.
Pour ce qui est du marché, j'ai parlé d'emplois. Il existe un marché qui, je vous le dis en toute candeur, stagne passablement au Canada. Nous avons vu l'émergence d'un projet à la fois depuis une quinzaine d'années. Nous avons atteint un certain plateau avec un certain volume. Le volume est là, nous avons des exemples inspirants.
À titre d'exemple, dans notre seul cas, nous avons réalisé plus de 2 000 projets de construction avec du bois massif à ce jour, essentiellement au Québec et au Canada, mais un peu aussi aux États-Unis. Nous sommes donc loin de l'exception, de l'anecdote ou de l'extraordinaire, et c'est ce vers quoi notre industrie souhaite tendre. Nous souhaitons qu'il devienne normal au pays de faire des constructions en bois.
S'ajoutent à cela 125 ponts en bois que nous avons construits, des ponts avec d'immenses portées sur des routes forestières ou publiques.
Il y a dans ces exemples des solutions qui permettent de livrer les structures en deçà des échéances et des budgets. Nous l'avons vécu lors d'un projet avec la mine Stornoway, dans le Grand Nord québécois. Nous avons livré les 17 structures de ponts en bois plusieurs semaines avant l'échéance et les coûts se sont situés à 10 % en-deçà du budget. C'étaient les solutions les plus compétitives.
J'aimerais maintenant parler de construction gouvernementale.
Encore une fois, je vous le dis avec candeur et respect, les projets sont plutôt rares pour le client gouvernemental, à la fois au Québec, dans notre province, et à l'échelle du Canada. Il existe quand même des sources d'inspiration extrêmement intéressantes.
Par exemple, nous, de Chantiers Chibougamau, nous avons fourni la structure de nouveaux bâtiments de la défense américaine en Alabama. Personne au sein de la défense américaine en Alabama ne voulait absolument soutenir l'industrie forestière canadienne; on voulait simplement avoir la meilleure construction possible qui réponde aux normes contemporaines les plus élevées et aux normes les plus ambitieuses en matière d'empreinte écologique. Naturellement, tout cela a convergé vers l'offre de nos produits de bois massif fabriqués à Chibougamau. Le potentiel est donc là.
Cette année, dans le domaine de la construction avec des panneaux lamellés-croisés, les ventes de notre entreprise sur le marché américain seront supérieures à celles sur le marché canadien. La bonne nouvelle est que c'est très intéressant pour la balance commerciale du Canada et pour les exportations du Canada. L'autre bonne nouvelle, qui est en fait un défi, c'est qu'on peut faire nettement mieux ici, au Canada. Il ne faut pas aborder l'usage du bois comme une mesure d'aide à l'industrie forestière; cela ne nous aide pas. Cela ne nous aide pas du tout lorsqu'on dit qu'on veut faire des constructions en bois pour aider l'industrie forestière. Le recours au bois peut être un choix naturel, un choix ambitieux, un choix compétent, un choix fait simplement dans le but de mieux bâtir.
À ce sujet, inspirons-nous de nos amis allemands, qui incitent à la construction en bois. En Allemagne, on consomme 30 fois plus de bois que nous ne le faisons ici, chez nous, dans la construction non résidentielle. Tout cela est motivé par l'ambition d'atteindre la performance énergétique et environnementale.
Nous avons donc une multitude d'exemples extrêmement inspirants et probants de ce qui doit nous animer.
Je parlais de performance énergétique. Notre produit est carbonégatif et nous permet de livrer des bâtiments carboneutres. Nous en avons fait quelques-uns. Des promoteurs prennent cette décision d'affaires, comme c'est le cas pour le projet Arbora à Montréal: 450 unités de copropriété en bois dans Griffintown. C'est le plus important projet multirésidentiel en bois massif du monde, et il est fait à Montréal. C'est une décision d'affaires qui a été prise par des promoteurs. Ils n'ont pas voulu aider l'industrie forestière québécoise et canadienne; ils ont pris une décision d'affaires qui se traduit par un résultat aussi concluant.
Finalement, notre souhait est qu'on regarde le produit pour ses avantages, pour sa performance, pour sa compétitivité et pour sa rentabilité. Faisons en sorte que ce ne soit pas extraordinaire ni spécial, mais que ce soit normal de retenir le bois massif pour la construction moderne au pays.
Merci.
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Merci de poser la question.
En fait, c'est l'un des programmes clés de notre organisation, depuis six ans; nous essayons de donner aux Autochtones davantage de possibilités de travailler dans le secteur forestier.
Le secteur manufacturier s'est révélé un volet intéressant, mais très difficile, puisque traditionnellement, il offrait d'excellents emplois à une collectivité, et les travailleurs très spécialisés et les gens prêts à travailler faisaient la file pour obtenir un emploi. C'est un environnement où les travailleurs autochtones sont très rares, et ces entreprises ne sont pas sensibilisées à la question culturelle et n'offrent pas de programmes adaptés; en outre, les relations ont probablement toujours été négatives. C'est un problème, car notre collectivité perçoit négativement le secteur forestier en raison de son manque d'engagement et de l'absence de retombées au fil des ans. Pour nos jeunes, le message, c'est que ce n'est pas vraiment un endroit où chercher un emploi.
Nous essayons de changer ce genre d'obstacles culturels. Je crois qu'il faudrait travailler pour faciliter la transition de collectivités qui n'ont pas été en bonne santé, en raison du triste héritage des pensionnats et des programmes d'éducation qui les ont affectés. Nous savons que nous ne sommes pas en bonne santé, dans cet environnement, et il existe des programmes qui visent à soutenir la transition vers la main-d'oeuvre. Ce qu'il faudrait probablement, surtout, c'est que le secteur souscrive réellement à ce concept et qu'il ouvre de tels postes dans les organisations, et nous voyons un certain effet d'entraînement.
Ces 10 ou 15 dernières années, les postes à combler n'étaient pas très nombreux. Le secteur forestier a gardé ses travailleurs très spécialisés, qui avancent en âge. En Colombie-Britannique, en particulier, la main-d'oeuvre diminue, en fait, elle ne croît pas, et il n'y a pas de demande de travailleurs. Ce n'est qu'aujourd'hui que la demande est forte, et il y a une coupure entre les générations, chez les travailleurs spécialisés. Nous devons nous presser. Et c'est pourquoi nous disons qu'il est urgent d'offrir des débouchés à nos jeunes, une tranche démographique importante, pour qu'ils se préparent à saisir l'occasion plutôt que de la laisser passer, puisqu'un important segment de la main-d'oeuvre doit être renouvelé.
Je vais d'abord me présenter, je suis architecte à Vancouver. J'ai ma propre firme, qui comprend à peu près 25 employés. Nous construisons partout dans le monde en utilisant surtout du bois et des produits de bois de pointe.
À l'heure actuelle, notre firme est assez bien reconnue comme étant l'une des plus perfectionnées en ce qui concerne la conception en bois. C'est du moins ainsi que l'on nous voit, en Europe, et aussi en Amérique du Nord. Nous avons eu le privilège d'être à l'avant-garde de notre secteur, pour ce qui est de l'utilisation de produits du bois, et c'est ce qui nous a permis d'accumuler certaines connaissances que nous avons le grand plaisir de vous présenter aujourd'hui.
En plus de ma firme, je dirige une école sans but lucratif où nous enseignons spécifiquement aux concepteurs à construire avec le bois, ainsi qu'un programme sans but lucratif appelé Timber Online Education. C'est un programme général qui vise à faire mieux connaître les principes de la construction en bois et qui touche à tous les aspects du secteur de la construction. C'est quelque chose que nous sommes en train de construire, mais il est certain que cela va faire la promotion d'une plus grande utilisation du bois dans la construction et de la sécurité de cette utilisation; le programme qui s'adresse spécifiquement, mais pas seulement, aux architectes et aux concepteurs. Ce programme intéresse également le secteur de la construction, les fabricants de produits de bois, les décideurs, les autorités municipales et les responsables des codes, de même que les environnementalistes et le grand public. Ce que nous désirons, c'est d'augmenter les connaissances dans tous ces domaines grâce à notre programme global en ligne, qui a été traduit dans toutes les langues du monde, nous donnant ainsi une très grande visibilité.
Si je raconte tout ça, c'est qu'à notre avis, les produits du bois en sont arrivés à un tournant très intéressant. Il est évident que, en ce qui concerne l'architecture, je m'intéresse principalement aux produits de charpente et aux produits de charpente de pointe. J'ai écrit un livre, The Case for Tall Wood Buildings, et j'ai donné plus tard une conférence TED, et cela a donné les principes fondateurs qui nous ont amenés à construire en bois des immeubles de plus en plus hauts. Nous avons eu la grande chance de pouvoir le faire.
Malheureusement, le marché commercial au Canada n'a pas suivi la cadence et n'a pas été sensibilisé au fait qu'au Canada nous avons non seulement un volume énorme de bons produits forestiers, bien sûr, mais aussi une énorme expertise, dans ce secteur. Nous avons certains des meilleurs ingénieurs, constructeurs et fabricants du monde, dans le domaine du bois. Pour une raison ou une autre, nous ne construisons pas de tels édifices aussi souvent que nous le pourrions, alors que, dans d'autres pays, par exemple en France, nous réalisons cinq projets. La plupart des projets de construction qu'on nous propose, en France, aujourd'hui, utilisent davantage de bois, et c'est plutôt intéressant. Nous sommes tout aussi occupés aux États-Unis. Ils ont commencé assez tard à s'intéresser à la construction d'immeubles en bois de pointe, mais ils sont maintenant entrés dans la course, et ils commencent à en construire beaucoup.
La raison pour laquelle tout cela nous importe, pour le marché des produits forestiers secondaires et pour la promotion du Canada, c'est qu'il y a actuellement dans le monde deux organismes qui cherchent à faire avancer le secteur de la construction, qui est largement un secteur artisanal, pour en faire plutôt un secteur manufacturier de pointe. L'objectif, c'est de faire chuter de façon spectaculaire le coût de la construction pour la société en rendant la construction beaucoup plus abordable, moins productrice de déchets et plus durable; pour cela, il faut essentiellement passer à un environnement de fabrication.
L'état du secteur de la construction veut qu'il soit impossible de fabriquer des produits de série en béton, parce qu'ils sont trop lourds à transporter. Vous ne pouvez pas non plus les fabriquer en acier, encore une fois parce qu'ils sont trop lourds. Cependant, les panneaux de bois usinés, et surtout les panneaux de bois lamellé-croisé, sont des matériaux très robustes, mais suffisamment légers, en même temps, pour que l'on puisse les fabriquer en usine. Ce sont des usines très perfectionnées, qui utilisent des robots tout comme l'industrie automobile, ce qui permet une très grande part d'automatisation et de fabrication sur mesure.
Cela veut dire que l'on peut construire des immeubles uniques, mais abordables, parce qu'ils sont fabriqués dans un environnement contrôlé. Je vois cela comme une révolution, de la même manière qu'Uber a révolutionné l'industrie du taxi, qu'Airbnb a révolutionné l'industrie de l'hôtellerie et qu'Amazon a transformé la façon d'acheter des produits.
Nous collaborons avec une entreprise des États-Unis, Katerra, qui a amassé un peu plus de 1 milliard de dollars à ses 18 premiers mois d'activité, pour élaborer cela. C'est une entreprise de la Silicon Valley qui construit la plus grande usine de fabrication de bois lamellé-croisé du monde, dans l'État de Washington, et qui prévoit en construire deux autres aux États-Unis. Cela a de toute évidence d'énormes répercussions non seulement sur notre secteur de la construction, mais aussi sur nos produits forestiers, les endroits où ces panneaux seront fabriqués et l'utilisation qu'on en fera.
Il y a une entreprise similaire, en passant. Elle est énorme. Elle a pour nom Legal & General. C'est une compagnie d'assurance du Royaume-Uni qui fait exactement la même chose au Royaume-Uni. Comme l'entreprise n'avait jamais construit une maison avant, elle s'attend à ce que son système de construction usiné en fasse, en cinq ans, le plus important fabricant de maisons du Royaume-Uni, et elle utilisera principalement des produits du bois, en particulier des panneaux de bois lamellé-croisé.
C'est un changement très important pour notre secteur, et le secteur n'est vraiment pas au courant, franchement, et il exige un modèle beaucoup plus intégré si l'on veut comprendre comment les produits forestiers arrivent sur le marché et comprendre qu'ils ne sont pas un simple produit que nous achetons au magasin, mais qu'ils sont un élément d'une approche systémique de l'avenir de la construction.
En ce qui concerne Katerra, c'est une entreprise de la Silicon Valley. Par le truchement de cette entreprise, nous commençons à travailler avec Google. Nous avons également entamé des discussions avec Facebook, en lui proposant de construire des logements sur d'immenses campus, dans la Silicon Valley, plus précisément, mais nous voudrions évidemment que ça se passe ici aussi.
Nous nous attendons à ce que ce modèle permette de construire des logements qui coûteront environ 30 % de moins que les logements actuels en Californie, dont le marché est semblable à celui de la Colombie-Britannique. En conséquence, si cette entreprise réussit aussi bien que ce à quoi je m'attends — et elle dispose certainement des moyens de réussir —, nous allons voir qu'elle aura d'immenses répercussions sur l'utilisation de produits forestiers de même que sur le prix des immeubles.
Cette entreprise aimerait aussi investir en Chine, et elle est partenaire d'une très grande entreprise de 180 milliards de dollars par année, dans le secteur de l'électronique; elle mise sur son usine de fabrication de bois lamellé-croisé pour étendre ses activités de construction jusque dans les marchés chinois. Bien sûr, je l'invite à venir au Canada. J'essaie de l'encourager à le faire. Je crois que ces gens seraient intéressés à avoir accès non seulement à nos produits forestiers, mais aussi à notre expertise dans le domaine de la conception, mais certaines lacunes du système empêchent que cela puisse se faire.
La Chine, bien sûr, nous intéresse tous. Je vis sur la côte Ouest. C'est important. Encore une fois, il ne s'agit pas tout simplement d'expédier des produits bruts, des grumes ou des panneaux de bois lamellé-croisé; il s'agit d'expédier les systèmes de construction en entier. Les marchés chinois sont ouverts. Je ne sais pas si quelqu'un vous en a déjà parlé, mais jusqu'à tout récemment, il ne se construisait presque pas d'immeubles en bois, en Chine. Le 2 octobre dernier, les codes de la Chine ont été modifiés, et il est maintenant permis de construire en bois des édifices allant jusqu'à 18 étages, et c'est spécifiquement en raison de l'exemple de ce qui s'est passé ici, dans l'Ouest du Canada; pourtant, malheureusement, nous n'avons pas de marché clés en main qui nous permettrait d'accéder à la transformation majeure des façons de construire en Chine.
Je crois que le modèle de Katerra est exceptionnel. J'aimerais certainement voir cela se passer au Canada. Malheureusement, cela suppose inévitablement d'importants investissements. Les gens de la Silicon Valley sont habitués à des investissements à cette échelle. Le secteur de la construction et celui des produits forestiers ne sont pas habitués à de tels investissements, ce qui fait que, si on parle de politiques publiques, je crois qu'il serait possible de motiver ces entreprises afin de rester à l'avant-garde du secteur de la construction. Nous serions donc, concrètement, à l'avant-garde du secteur des produits forestiers, comme il se doit.
Plusieurs composantes sont nécessaires à cette réussite, et je me ferais un plaisir de vous en parler. Une de ces composantes, c'est certainement la mondialisation du système d'éducation quant à la construction en bois.
Je travaille avec des gens en Turquie et au Brésil, et j'ai déjà travaillé avec la Chine, où l'on aimerait construire de cette façon, mais où l'on ignore tout simplement tout de la façon de faire ou de l'utilisation de ces produits du bois. Nous avons trop longtemps pensé, c'est certainement le cas de la Colombie-Britannique et, je crois, du Canada, que nous pouvions exporter nos produits forestiers dans des pays comme la Chine en supposant que les Chinois adapteraient notre culture de la construction, c'est-à-dire des constructions légères à ossature en bois. Mais cela ne fonctionne tout simplement pas, parce qu'il faut des siècles pour faire évoluer la culture de la construction. Cela ne se fait pas du jour au lendemain.
Au contraire, dans le marché du bois lamellé-croisé, nous offrons un système qui peut être adapté à leur culture de la construction et qui est donc beaucoup plus facile à vendre à des pays comme la Chine et l'Inde, et à des marchés émergents, comme le Brésil. Des pays comme la Turquie et le Brésil aimeraient vraiment beaucoup pouvoir construire davantage en bois, mais il leur manque tout simplement l'expérience. Encore une fois, je crois qu'il s'agit pour nos entreprises d'une occasion d'attirer des investissements étrangers en ne pensant pas seulement à nos forêts, mais en pensant aux débouchés à l'étranger.
Je me rends compte que je parle de concepts à grande échelle. Je me ferai un plaisir de vous parler aussi des détails.
Selon mon expérience, car j'ai travaillé partout dans le monde, à prononcer des conférences et à discuter, je me rends compte que nous sommes à l'avant-garde. Tous les pays s'intéressent à ça. Nous devons d'une manière ou d'une autre rester les chefs de file du monde, si nous voulons que notre secteur en profite, mais nous devons penser globalement et, bien sûr, agir localement.
Les investissements dans le secteur forestier sont pour nous un grand débouché, parce qu'ils pourraient entraîner des investissements dans des entreprises comme Structurlam ou BC Passive House, et le gouvernement a consenti divers investissements pour encourager les usines de fabrication. Malheureusement, bien que ce soit de très bonnes entreprises, c'est un secteur du Canada où les entreprises de produits forestiers sont des entreprises familiales.
Si vous allez en Suisse ou en Australie, comme il m'arrive souvent de le faire, vous y verrez littéralement des centaines d'entreprises qui fabriquent des produits grâce à des systèmes entièrement automatisés, utilisant une énergie en circuit fermé. Les produits sont d'une qualité exceptionnelle, parce que, regardons les choses en face, c'est un secteur forestier très petit comparé au nôtre, et pourtant les produits et les investissements dans l'innovation sont beaucoup plus importants. Cela veut dire qu'aujourd'hui, en tant qu'architecte, je peux acheter, pour des projets réalisés au Canada des produits forestiers australiens moins chers que les produits canadiens.
Ce sont là des lacunes de notre système actuel, et je crois qu'il est possible de les combler, mais il faudra investir dans l'éducation, investir dans l'innovation...
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Modifier un code, c'est un processus laborieux qui fait intervenir des comités et des professionnels en grand nombre. Ce n'est pas vraiment la responsabilité du gouvernement. C'est la responsabilité de l'ensemble du secteur, et c'est ainsi que les choses doivent être. Il faut que le processus soit empreint de prudence. Il s'agit de protéger la vie, et c'est important.
Par ailleurs, on a fini par accepter que l'élaboration de chacun des codes prend cinq ans. C'est pour cette raison que la transition est lente. Personne n'avait imaginé que l'on puisse un jour construire en bois des édifices de 30 étages, franchement, jusqu'à ce que nous commencions à en parler il y a 10 ou 12 ans. En toute justice, si vous n'y avez pas pensé, vous ne l'inscrivez pas dans le code, mais il n'y a aucune limite à la hauteur des édifices d'acier ou de béton.
Je ne dis pas que la terre entière devrait être couverte de très grands édifices faits en bois. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en l'avenir, mais je crois que nous devrions voir beaucoup plus de grands immeubles de bois. Mais, quand on impose des limites de hauteur artificielles et arbitraires, c'est comme si on disait au public que les édifices en bois ne sont pas aussi bons que les édifices d'acier ou de béton.
Cette impression fait partie des choses que nous devons changer. Je dis souvent que l'aspect le plus difficile de mon travail c'est de faire changer les perceptions du public quant à ce qui est possible. Il ne s'agit pas d'ingénierie; ça, c'est la partie facile. Le changement des possibilités dans l'esprit du public, constitue je crois une excellente occasion pour notre gouvernement de rappeler que nous avons toute une histoire qui remonte aux Premières Nations, dans le domaine de la construction en bois, et que nous sommes aussi bons dans ce domaine que n'importe qui d'autre sur terre, alors nous devrions faire la promotion de cet aspect de notre identité nationale.
Même à l'échelon le plus modeste, il se tient tous les deux ans la Biennale d'architecture, à Venise, et le Canada a éprouvé une certaine difficulté à faire preuve de son leadership dans le domaine du bois, et c'est, je pense, parce qu'il donne l'impression d'être tourné vers le passé plutôt que d'être engagé dans l'avenir. Alors, nous montrons nos immeubles de béton et d'acier plutôt que nos immeubles de bois. Je crois que le changement des perceptions, dans le public, viendra de quelques investissements dans... Nous parlons dans les médias publics et dans les publicités télévisées de nos parcs nationaux et nous devrions, de la même manière, et au même endroit, parler des produits forestiers du Canada.
En Australie, c'est ce qu'ils ont fait. Ils ont lancé une campagne d'information publique sur le recyclage des canettes de fer-blanc. À la fin de la campagne, ils ont commencé à encourager les gens à construire en bois. Ils ont invité des célébrités de toute l'Australie à parler des constructions en bois. Et cela se passe dans un pays où il n'y a que très peu de forêts. C'est l'investissement qu'ils ont choisi de faire, et cela a fait une énorme différence. Les gens ont compris que le recyclage des canettes de fer-blanc était plein de bon sens et que, de toute évidence, la construction en bois, c'était plein de bon sens; les consommateurs du secteur se sont mis à l'adopter.
Vous avez posé une question touchant le code. Je crois que la grande question que nous devrions nous poser, c'est comment le code a une influence sur la perception de ce qui est possible.