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Bonjour à tous. Merci d'être ici.
D'abord, je remercie les deux groupes de témoins d'avoir consenti au changement d'heure de leur comparution et de s'être encore une fois libérés pour nous.
Nous accueillons d'abord le vice-président des opérations d'Emily Creek Woodworking ltée, M. Meyer, puis le vice-président du 13e quartier de l'Association internationale des pompiers, M. Fred LeBlanc, accompagné d'un assistant de recherche, M. Greg Hewitt. Merci à vous tous d'être ici.
Monsieur Serré, je vous souhaite la bienvenue. Nous nous réjouissons de votre retour. Nous avons sympathisé de tout coeur avec vous pendant votre absence.
Messieurs les témoins, chacun de vous dispose de 10 minutes au maximum pour livrer sa déclaration dans une langue officielle ou les deux. Attendez-vous à être questionnés aussi dans ces deux langues. Au besoin, utilisez les appareils qui vous permettront d'entendre les interprètes.
Je donne d'abord la parole à MM. LeBlanc et Hewitt, puisqu'ils sont ici en personne. À vous la parole.
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Je vous remercie, monsieur le président, et vous, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je suis sensible au temps et à la chance que vous m'accordez pour entendre l'Association internationale des pompiers.
Comme vous l'avez entendu, je me nomme Fred LeBlanc. Je suis le vice-président du 13e quartier de l'Association internationale des pompiers. Je suis un pompier de Kingston récemment retraité. Je l'ai été 32 ans. Je suis maintenant délégué syndical à plein temps de l'Association.
« Vice-président de quartier » signifie que je suis vice-président du 13e quartier, qui représente l'Ontario et le Manitoba dans une commission de 16 membres.
Je suis accompagné de M. Greg Hewitt, l'assistant de recherche de notre bureau canadien, situé ici, à Ottawa. Pour ne rien vous cacher, sachez que ma vision est très diminuée, au point que je suis aveugle au sens de la loi. Je compte donc sur Greg pour lire notre déclaration et livrer notre témoignage. Ensemble, nous serons heureux de répondre à vos questions.
Je lui cède maintenant la parole.
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Merci, monsieur le président, de nous offrir cette occasion de faire connaître notre point de vue sur cette question importante.
Pour vous la présenter rapidement, l'Association internationale des pompiers représente plus de 310 000 pompiers professionnels en Amérique du Nord, plus de 25 000 au Canada. Dans les principales villes du Canada, nos membres arrivent sur les lieux du sinistre en quelques minutes, quelle que soit l'urgence, grande ou petite, notamment des incendies de bâtiments, des urgences médicales, des opérations de sauvetage sur l'eau et la glace, des fuites de matières dangereuses.
L'Association est certainement en faveur d'une économie dynamique ainsi qu'une industrie du bois et des produits du bois prospère et viable, de l'expansion du secteur forestier et d'occasions plus nombreuses pour leurs travailleurs. En même temps, alors que les codes nationaux et provinciaux du bâtiment s'adaptent rapidement aux besoins d'innovation dans de nouveaux usages des produits du bois, nous vous recommandons vivement de faire preuve de prudence et de réglementer du mieux que vous pouvez la protection contre le feu, c'est-à-dire la sécurité des pompiers et la sécurité publique ou de les favoriser aussi du mieux que vous pouvez.
Comme la protection contre l'incendie est de ressort municipal, elle est également réglementée par la province. D'après nous, ce devrait être un sujet de discussion pour les partenaires municipaux et provinciaux du gouvernement fédéral. L'autorisation précipitée de la construction de bâtiments à ossature de bois de jusqu'à 12 étages de hauteur, proposée pour l'édition de 2020 du Code national du bâtiment du Canada a été qualifiée de stimulant économique pour l'industrie forestière.
Comme nous l'avons officiellement déclaré à la Commission canadienne des codes du bâtiment et de prévention des incendies ainsi qu'au gouvernement fédéral, nous continuons de douter du comportement au feu des grands bâtiments à ossature en bois ainsi que de la préparation véritable des services d'incendie des villes et du personnel opérationnel à protéger efficacement et sans problème le public contre un éventuel incendie à l'intérieur d'un grand bâtiment à ossature de bois.
Nous sommes au courant d'études de la tenue au feu de bois lamellés-croisés et lamellés-collés et de l'effet de carbonisation qui protégeraient ces matériaux de la rupture. Nos membres de partout au Canada peuvent témoigner des phénomènes qui surviennent dans un gros bâtiment plein de matériaux combustibles modernes, qui peuvent être très différents de ceux qui se produisent dans une enceinte expérimentale contrôlée.
Notre principale crainte est qu'une majorité de services urbains d'incendie du Canada n'ont peut-être pas l'équipement, les ressources et la formation nécessaires pour éteindre efficacement et sans problème un incendie dans un gros ou un grand bâtiment à ossature de bois. Les pompiers peuvent être tenus d'entrer dans un bâtiment qui brûle, longtemps après le départ des occupants, pour chercher et sauver des personnes prises au piège et combattre avec acharnement l'incendie intérieur pour sauver l'immeuble et son contenu. C'est ce que le public attend d'eux. Les pompiers seront à l'intérieur ou à proximité, en cas d'écroulement.
D'après nous, trop nombreuses sont les inconnues du comportement d'un bâtiment à ossature combustible de bois de 6 à 12 étages dans un vrai incendie. Il est difficile d'en prévoir la charge totale et la charge combustible après sa construction et son occupation.
Il se peut aussi, comme l'a montré tragiquement l'incendie de la tour Grenfell, à Londres, plus tôt cette année, que des modifications, en l'occurrence un revêtement extérieur inflammable, s'ajoutent à un bâtiment beaucoup d'années après sa construction. Ni le Code national du bâtiment, ni celui de la prévention des incendies ni les codes homologues des provinces ne traitent de la capacité de réaction des services d'incendie relativement à la sécurité ou à la qualité de construction qu'offre tel bâtiment.
Les propositions de bâtiments à ossature de bois de hauteur moyenne ne renvoyaient à aucune norme de protection contre l'incendie comme la norme NFPA 1710, la norme scientifique de la National Fire Protection Association, qui quantifie le déploiement convenable des ressources d'un service d'incendie en milieu urbain.
La vérité, c'est que très peu de villes canadiennes se conforment au temps de réponse et aux normes de personnel pour les bâtiments de deux étages, sans parler des bâtiments de haute densité fabriqués de matériaux combustibles. L'examen des témoignages antérieurs devant votre comité, sur cette étude, nous a révélé l'extravagance des suppositions formulées sur les services locaux de protection contre l'incendie — par exemple, que leurs responsables sont consultés et qu'ils pourraient opposer leur veto à la construction d'un immeuble dans leur ville. Ça n'arrive tout simplement pas.
Même si une collectivité possède les ressources voulues pour combattre l'incendie dans un bâtiment donné, rien ne garantit qu'elle les possédera pendant l'existence de l'immeuble. Actuellement, nous constatons, dans beaucoup de collectivités canadiennes, la tendance à des compressions pour des motifs politiques et budgétaires dans les ressources et les capacités des services d'incendie. Nous pouvons en nommer de toutes les tailles, où on a fermé des casernes ou mis à pied des pompiers et beaucoup d'autres qui envisagent des initiatives qui se traduiraient par une augmentation du temps de réponse et une diminution des effectifs et de l'équipement des services d'incendie.
Ce scénario répandu laisserait les occupants d'un bâtiment encore plus démunis que ne le prévoyaient d'abord les constructeurs et les autorités. Souvent, les premières victimes de ces compressions sont la prévention des incendies et l'inspection des bâtiments, sur qui les occupants compteraient le plus pour assurer la conformité permanente de l'immeuble aux codes et aux règlements, par exemple quand des modifications y sont faites.
Avec le vieillissement de la population, un taux accru de citoyens éprouve des problèmes de mobilité, autre facteur dont il faut tenir compte, particulièrement dans les hôpitaux, établissements ciblés, d'après des témoignages antérieurs, pour la construction à ossature de bois, en plus des écoles, des centres commerciaux, des garages et des ponts.
La sécurité des pompiers est un autre sujet de préoccupation. D'après nous, l'autorisation donnée, dans le code national du bâtiment, à la construction de bâtiments à ossature de bois de plus grande hauteur se situe dans le contexte d'un code axé sur l'atteinte d'objectifs parmi lesquels ne figure pas la sécurité des pompiers. Leur sécurité ne peut donc pas motiver une demande de modification du code.
Faisons aussi remarquer que le code national du bâtiment, même si c'est un modèle en son genre, fixe les performances minimales absolues que les constructeurs sont tenus de réaliser. On ne parle pas, si vous me passez l'expression, de Cadillac; c'est la norme minimale. Le code du bâtiment de la Colombie-Britannique a été le premier à autoriser les bâtiments de six étages à ossature de bois. Le premier de ces bâtiments a été consumé dans un brasier, en mai 2011, à Richmond, ce qui a confirmé leur vulnérabilité particulière pendant la construction.
En décembre 2013, une résidence pour étudiants de quatre étages, à ossature de bois, en construction dans le centre-ville de Kingston, en Ontario, a pris feu, allumant un brasier qui s'est propagé à deux immeubles contigus, tout en éprouvant jusqu'à leur limite, pendant 48 heures, les capacités d'intervention de la ville en cas d'urgence. Le ministère du Travail de l'Ontario a déposé 22 chefs d'accusation contre les constructeurs, dont 11 concernaient des précautions de sécurité contre l'incendie qui n'avaient pas été prises.
Des règlements en vigueur sur la sécurité contre l'incendie et la protection de la collectivité contre l'incendie ne sont pas des garanties de sécurité pour un bâtiment. La vérité, c'est que tout incendie constitue un danger non seulement pour le public, mais, aussi, pour les pompiers qui interviennent. Les brasiers comme ceux de Richmond et de Kingston, dans des bâtiments à ossature de bois, réduisent aussi les ressources que les services d'incendie destinent à des incidents simultanés.
En conclusion, les pompiers ne s'opposent pas à un secteur forestier dynamique ou contre l'innovation dans les codes du bâtiment, mais si ces modifications se font rapidement, nous recommandons vivement une discussion plus approfondie sur la sécurité du public et des pompiers, compte tenu du contexte que nous venons de décrire, d'une protection insuffisante contre l'incendie dans de nombreuses collectivités et des éventuelles compressions de ses capacités de protection par la municipalité.
Au nom des pompiers professionnels du Canada, nous vous sommes reconnaissants de nous avoir invités à présenter notre point de vue. Nous attendons vos questions avec impatience.
Bonjour tout le monde! Je m'appelle Sam Meyer, et je travaille dans les opérations, pour une entreprise de menuiserie qui se spécialise dans la fabrication de meubles de rangement faits sur mesure et de produits du bois pour divers commerces, industries et institutions. Notre entreprise familiale existe depuis plus de 30 ans.
Ces dernières années, nous avons affronté des augmentations imputables à divers secteurs de notre activité, et la menace de frais supérieurs et accrus persiste. Elle provient de la province et du gouvernement fédéral et englobe tout, des suppléments sur les matériaux jusqu'aux prélèvements fiscaux sur la paie ou les majorations du Régime de pensions du Canada en passant par l'hydroélectricité, le salaire minimum et l'augmentation de la durée des vacances. Il devient beaucoup plus coûteux d'exploiter une entreprise en Ontario, et les possibilités de recouvrer ces coûts diminuent.
En ce qui concerne l'achat des matériaux, les augmentations ont différentes origines. Nous avons commencé à voir la facturation du carbone et des suppléments pour la livraison dans presque toutes les commandes que nous recevons. Avant, c'était plutôt rare, et il devient de plus en plus difficile de prévoir les frais d'expédition et d'approvisionnement pour les divers matériaux que nous commandons.
L'industrie de la menuiserie affronte divers problèmes de qualité, de disponibilité et de coût pour beaucoup de ses matériaux et fournitures. À cause de la récente décision antidumping qui frappe le contreplaqué importé de Chine, tous les matériaux importés ont de fortes chances de connaître une augmentation des coûts dans un proche avenir. Nous ne pouvons pas corriger nos devis originels en y intégrant ces coûts imprévus. Impossible pour nous de demander une modification pour tenir compte de l'augmentation du coût des matériaux.
Pour certains de nos projets, les architectes et les concepteurs cherchent à obtenir des crédits pour la construction de bâtiments écologiques, dont les cahiers des charges exigent des panneaux à teneur faible ou nulle en formaldéhyde ainsi que du bois et des panneaux certifiés. Les fournisseurs sont de plus en plus difficiles à trouver, particulièrement pour les petites commandes. Par exemple, pas plus tard que la semaine dernière, nous avions besoin de 50 feuilles d'un matériau pour un petit élément d'un projet, et nos fournisseurs nous ont rappelés pour nous faire passer une commande multiple de cette quantité. Ils prétendaient que le minimum que nous devions commander était de 300 feuilles, soit environ 6 palettes. Non seulement les coûts des matériaux du projet explosent, mais nos revenus sont réduits d'autant et, par-dessus tout, c'est du gaspillage, vu que nous risquons de ne pas pouvoir employer le matériau dans d'éventuels autres projets et que nous sommes obligés de soit éliminer les 250 feuilles supplémentaires devenues inutiles, soit immobiliser la superficie nécessaire à leur entreposage, dans l'espoir d'une éventuelle utilisation.
En général, les concepteurs et les architectes établissent et réutilisent leurs cahiers des charges pour la menuiserie. Certains d'entre eux connaissent mal les propriétés du bois, son collage, sa finition, etc. Nous avons donc remarqué que le cahier des charges des concepteurs est souvent de qualité médiocre et qu'il repose sur des données périmées. Des modalités irréalistes obligent les entreprises de menuiserie à recommencer la conception des produits commandés puis à parachever les détails techniques des dessins. Ce travail supplémentaire entraîne des coûts supplémentaires imprévus. Toutes les entreprises de menuiserie devraient être tenues de se conformer aux lignes directrices rigides de l'Architectural Woodwork Manufacturers Association of Canada, en abrégé l'AWMAC. Ça contribuerait à éliminer des cahiers des charges les modalités périmées et redondantes. Les prix seraient plus justes, et l'utilisateur final obtiendrait un produit de meilleure qualité.
Comme nous en sommes membres, nous estimons que ça permettrait de relever, dans toutes les circonstances, la qualité à des niveaux réalistes, et les devis seraient établis d'après les mêmes critères par des concurrents compétents, d'où un prix plus juste pour un produit amélioré.
Nous avons vu des augmentations des dépenses opérationnelles qui étaient attribuables à divers secteurs. Le coût de l'hydroélectricité vient à peine d'être réduit grâce à un programme provincial de lancement pour aider à comprimer ce poste de dépenses que, déjà, d'autres coûts s'ajoutent et des lettres nous annoncent de prochaines augmentations bisannuelles. L'obligation d'employer l'hydroélectricité comme principale source d'énergie nous pénalise, puisque, actuellement, il n'existe pas de solutions rechange d'un bon rapport coût-efficacité à nos besoins en électricité industrielle à haute tension.
Nous voudrions contribuer à la bonne santé de l'environnement, mais il nous manque les ressources qui nous permettraient de fournir notre part parmi les petites entreprises.
Dernièrement, on nous a annoncé une augmentation du salaire minimum. Il était passé de 11,40 $ l'heure, en mai, à 11,60 $ en octobre dernier et il bondira à 14,00 $ à compter du 1er janvier 2018. C'est une forte augmentation en peu de temps. Parfois, nos devis, présentés jusqu'à un an d'avance, se fondent sur les taux en vigueur de la rémunération de la main-d'oeuvre. Tous nos contrats nous lient, et aucun motif n'est valable pour majorer nos coûts. Impossible de recouvrer ce coût qui nous fait maintenant toucher notre seuil de rentabilité.
C'est également la source d'un effet de percolation inversé. Toutes les personnes plus haut placées dans l'entreprise ont dit qu'elles estiment avoir droit à une hausse salariale, quel que soit leur taux de rémunération actuel. De plus, depuis le mois de mai cette année, on a prescrit plus de vacances payées ainsi que des congés pour les urgences. Le nombre de semaines de vacances payées passe de deux à trois, et on accorde maintenant deux jours supplémentaires de congé pour les urgences.
Nous sommes tous favorables au bon traitement de nos employés. Cependant, comme on l'a déjà mentionné, c'est un autre coût que nous ne pouvons pas recouvrer.
L'industrie de la menuiserie doit actuellement composer avec une pénurie de main-d'oeuvre. Le problème est en partie attribuable aux emplois mal rémunérés dans le secteur. Les programmes d'apprentissage existent, mais la majorité de la formation est encore offerte sur le terrain. Une menace semble peser sur l'ensemble des métiers, à mesure que nos écoles secondaires continuent de décourager les élèves de fréquenter une école ou un collège de métiers, pour plutôt les orienter vers les universités et des diplômes d'études professionnelles. Il y a une contradiction entre ce que nos écoles enseignent et les emplois que les entreprises peuvent offrir.
Notre système scolaire promet des salaires élevés, mais la réalité est toute autre. Lors d'une visite récente chez un fabricant local d'armoires de cuisine, un enseignant d'un collège local de la région a fait un exposé et a dit que les élèves peuvent s'attendre à gagner jusqu'à 35 $ l'heure tout en ayant un régime de pension et tous les avantages, juste en terminant leur programme. C'est nettement exagéré, car un fabricant d'amoires qualifié ayant les mêmes compétences peut s'attendre à gagner environ la moitié à sa sortie de l'école.
En conclusion, je tiens à tous vous remercier du temps que vous nous avez accordé pour vous parler des difficultés et de la situation opérationnelle des entreprises dans le secteur des produits du bois en Ontario. Nous sommes positifs et espérons que nous pourrons résoudre certaines des difficultés que j'ai mentionnées et travailler ensemble pour avoir un pays meilleur et plus fort à tous les égards.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. LeBlanc.
J'ai été ambulancier paramédical pendant une trentaine d'années au Québec. Je sais donc à quel point il est important de porter secours aux personnes, et j'ai moi-même éprouvé le désir de secourir. Je sais aussi à quel point il est important de sécuriser le lieu de l'intervention. En effet, si l'on porte secours à une personne qui se trouve dans une situation dangereuse et qu'on se place soi-même en situation de danger, cela fait deux personnes en danger.
Vous avez parlé des dangers liés à un incendie, particulièrement lorsqu'il s'agit d'une structure en bois. Vos craintes sont-elles fondées et sur quoi se basent-elles, le cas échéant?
Vous nous avez donné l'exemple d'incendies ayant détruit des édifices à ossature en bois et qui sont survenus à Kingston et à Vancouver. Pourriez-vous nous informer au sujet de ce qui se fait ailleurs?
Vous nous avez aussi parlé de l'incendie de la Grenfell Tower, située à Londres. Selon vous, le résultat aurait-il été différent ou plus désastreux si l'immeuble avait été en bois?
Nous avons tous en mémoire l'événement qui s'est produit à New York. L'effondrement de l'édifice a eu lieu en cascade. Or cet édifice n'était pas en bois.
Je reconnais votre désir de protéger ceux qui combattent les incendies. Nous sommes tout à fait d'accord là-dessus. Cela étant dit, je vous rappelle que, au Québec, 60 000 emplois sont rattachés à l'industrie forestière. Je veux enfin vous rappeler — et vous le savez évidemment —, qu'une absence totale de risque, cela n'existe pas.
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Merci de poser la question. Je crois avoir tout compris grâce à la traduction et je m'excuse. Pour tout dire, j'aurais dû mentionner que le seul mot français que je connais est mon nom de famille. Je m'excuse donc si je n'ai pas tout compris.
Je ne crois pas qu'il convient d'essayer de faire une comparaison avec les événements du 11 septembre. Des avions de ligne sont entrés en collision avec les immeubles en béton, ce qui signifie qu'il y avait le carburant supplémentaire, le poids des avions et tout le reste, y compris les explosions qui ont suivi l'impact. On ne peut pas dire que des bâtiments en béton n'auraient pas dû s'effondrer et comparer cela à certaines de nos inquiétudes concernant les constructions en bois.
Dans le scénario de Kingston, d'après ce que m'ont dit mes collègues qui ont combattu l'incendie — je n'étais pas là à cause de ma vision qui m'a fait cesser le travail bien avant —, l'élément paradoxal ou étrange, si vous voulez, était la quantité de combustible, car tout était en bois, une grande partie de l'immeuble n'était pas fait en béton. Il était 14 heures un bel après-midi ensoleillé, très semblable à ce qu'on voit pendant cette période de l'année, et il y avait environ 100 travailleurs de la construction sur place.
Ce qui nous préoccupe, c'est le déclenchement d'un incendie qui finit par avoir cette taille, qui cause énormément de dommages non seulement aux immeubles adjacents, mais aussi de l'autre côté de la rue à cause de la chaleur rayonnante. On a dû puiser non seulement dans toutes les ressources disponibles dans la ville de Kingston — nous ne sommes pas la plus petite de la province —, mais aussi dans des ressources venant de plus loin, jusqu'à Belleville à l'ouest et jusqu'à Brockville à l'est pour aider à combattre cet incendie non maîtrisé.
Je pense que cela a fait les manchettes au pays à cause du grutier pris au piège qui a dû être secouru par hélicoptère.
Je comprends que tout comporte un risque, mais dans les codes qui ont été écrits jusqu'à maintenant, quand nous parlons de tours, nous parlons essentiellement de blocs de béton et de compartiments en béton. Le feu est compartimenté et habituellement contenu, peu importe ce qui se produit. À moins que des changements aient été apportés à l'immeuble ou que la mécanique du système de gicleurs fasse défaut, comme cela nous est déjà arrivé, le feu sort rarement du compartiment. C'est ce que m'a appris mon expérience des tours, et cela devient une préoccupation lorsqu'elles sont construites avec un matériau combustible.
C'est peut-être actuellement recouvert de cloisons sèches, mais nous savons tous que les gens commencent à changer des choses quand ils s'installent dans leur appartement, leur copropriété, leur maison et ainsi de suite. S'ils savent que la construction est en bois, ils commencent à enlever des cloisons sèches pour exposer le bois, qui peut être très joli. C'est peut-être structurellement solide, mais ce qui se produit, c'est que les innovations des ingénieurs ne tiennent pas compte de nos membres qui doivent entrer dans ces immeubles. C'est le problème que nous avons.
Nous voulons être certains d'aborder le problème une étape à la fois. Dans des collectivités comme Kingston ou des collectivités plus petites, lorsque nous commençons à construire des tours ou d'autres immeubles qui doivent contenir beaucoup d'occupants, je pense que nous devons et que nous devrions être assez responsables pour examiner les moyens de protection disponibles. Ce genre d'immeuble peut maintenant être ravagé à cause des différentes charges combustibles qui se trouvent dans les matériaux de construction.
Existe-t-il des moyens de protection et d'intervention? À défaut de quoi, que pouvons-nous faire? Le gouvernement fédéral devrait-il soutenir les municipalités qui décident d'accepter ce genre d'immeubles, pourvu qu'elles aient l'aide nécessaire pour renforcer leur effectif d'inspecteurs et leurs interventions d'urgence.
C'est le genre de choses que nous essayons de faire valoir ici. Nous ne disons pas que nous sommes contre les produits novateurs du bois ou la création d'emplois dans le secteur forestier. C'est ce que nous voulons pour notre pays, mais nous voulons aussi agir de façon responsable lorsqu'il est question de la sécurité du public et des pompiers.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de comparaître devant notre comité.
Monsieur Meyer, j'aimerais commencer par vous. En fait, je veux poser des questions aux deux témoins, mais je vais commencer par vous.
Le revient tout juste d'une mission commerciale impromptue ratée en Chine, et dans certaines de vos observations, vous avez parlé de la concurrence chinoise à laquelle vous êtes soumis en tant que fabricant de produits en bois dans le secteur de la menuiserie.
Vous avez parlé de l'augmentation des salaires et du coût de l'électricité avec laquelle vous devez composer. Avez-vous songé au genre d'effet que le renforcement des échanges commerciaux avec la Chine aurait sur des entreprises comme la vôtre? Nous savons que les échanges commerciaux entre nos deux pays se chiffrent actuellement à environ 90 milliards de dollars par année, dont les deux tiers sont attribuables aux importations et un tiers, aux exportations. À votre avis, quel sera l'effet sur votre entreprise?
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Les matériaux chinois paralysent nos fabricants locaux. Nous ne pouvons acheter qu'un nombre limité de matériaux canadiens, car nous pouvons importer les mêmes. Le gouvernement chinois s'est d'ailleurs fait prendre à subventionner les produits importés au point de pouvoir les écouler à un prix inéquitable.
Pour situer le contexte, un panneau de contreplaqué canadien coûte entre 10 et 15 $, voire 20 $ de plus qu'un panneau importé. Je suis donc contraint d'acheter le produit importé compte tenu des prix trop élevés au pays.
Pour être honnête, si je pouvais acheter tous mes produits au pays, je le ferais, mais il n'en demeure pas moins que lorsque nous établissons le prix de travaux, tous les autres concurrents établissent le leur en fonction de matériaux importés, et nous devons en faire autant. Nous voulons utiliser des produits canadiens, mais nous sommes dans la même situation, à savoir que nous devons minimiser les coûts, et le prix des produits canadiens est beaucoup plus élevé.
Je ne sais pas s'il vaut la peine, dans l'ensemble, en tant que pays, de faire croître les échanges, même si l'industrie forestière est forte. En fait, je pense que cela nuit à nos scieries. Au cours des dernières années seulement, nous avons eu — ne me citez pas pour ce qui est du chiffre exact — deux ou trois grandes scieries qui ont fait faillite ou qui ont été achetées par d'autres organisations. En général, l'industrie éprouve des difficultés.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie l'ensemble des témoins de leur présentation.
J'ai été conseillère municipale pendant six ans avant d'être élue députée. J'ai notamment travaillé avec les municipalités de ma région sur le schéma de couverture de risques en sécurité incendie. J'ai donc bien saisi l'ensemble des éléments signalés par le représentant de l'Association internationale des pompiers et je remercie ce dernier d'avoir porté ces éléments à notre attention.
Cependant, mes questions s'adressent à M. Meyer, qui a fait une belle description de l'évolution de son industrie. J'y porte un intérêt particulier parce que dans la circonscription que je représente, la ville-centre — Saint-Hyacinthe — a vu s'élever une tour de bureaux de six étages dont la structure est en bois. Il s'agit du Complexe Synergia, une construction du Groupe Robin, entrepreneur de chez nous. Le Complexe a été construit en collaboration avec Nordic Structures, une entreprise située à Chibougamau. Cette tour de bureaux ayant suscité beaucoup d'intérêt, il n'y a eu aucun problème pour trouver rapidement des locataires qui occupent maintenant tous ses bureaux. Chez nous, on sent qu'il y a de l'intérêt envers cette industrie.
Vous avez parlé de l'évolution de votre industrie. Nous savons maintenant que des immeubles en bois de grande hauteur ont été construits partout dans le monde. Nous savons aussi que le Complexe Synergia construit à Saint-Hyacinthe a fait l'objet d'études par des groupes de chercheurs. Il a en effet reçu la certification du programme LEED.
Jusqu'à maintenant, qu'avons-nous appris de ces immeubles existants et comment cette information peut-elle contribuer à façonner votre industrie à l'avenir?
M. Meyer, pouvez-vous répondre à ces questions?
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Le principal obstacle, c'est la source des matériaux. Dans notre industrie, c'est toujours la soumission la moins élevée qui l'emporte. Pour un même projet, nous pouvons soumettre des soumissions pour jusqu'à 10, 15 ou 20 entrepreneurs différents. Chaque entrepreneur peut faire affaire avec cinq entreprises différentes comme nous. Donc, nous pouvons être en concurrence avec 80, 90 ou 100 entreprises de menuiserie différentes, et c'est la soumission la moins élevée qui l'emporte, peu importe.
Nous remarquons de plus en plus que l'entreprise qui propose la soumission la moins élevée ne fait pas toujours le meilleur travail. Ce qu'espère l'entrepreneur, c'est que l'entreprise ne puisse pas terminer le travail, car il peut ensuite embaucher une autre entreprise pour finir le contrat. En réalité, l'entrepreneur y gagne en ne payant que pour la moitié du travail, parce que l'entreprise retenue à l'origine a échoué à la tâche.
Une des choses à faire serait d'améliorer la réglementation à cet égard. L'autre problème, un problème plus important, c'est la modalité des paiements: se faire payer à temps. Le plus difficile pour nous en ce moment, c'est de nous faire payer.
Nous dépensons des centaines de milliers de dollars en matériaux et en salaires, notamment, et tout ce que nous espérons, c'est d'être payés une fois le travail terminé. C'est un voeu pieux pour nous d'espérer nous faire payer dans un délai de 90, 120, 150 ou 180 jours. Nous sommes obligés d'attendre. La façon dont notre industrie est structurée ne nous permet pas de demander des dépôts ou d'être payés à l'avance. Nous devons fournir tous les matériaux et faire le travail en espérant être payés dans un délai de six mois.
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D'abord, merci à tous d'avoir accepté notre invitation.
C'est tout nouveau pour moi. En tant que président d'un comité, je n'ai habituellement pas l'occasion de poser des questions. Je vous demande donc de faire preuve d'indulgence à mon égard.
Je suis très heureux qu'un représentant de l'AIP soit ici pour aborder ce sujet. Bien avant de me lancer en politique, j'ai travaillé au YMCA. Juste à côté du YMCA de la rue Hespeler, à Cambridge, se trouve un établissement pour personnes âgées — un édifice en bois de six étages. Je me suis dit à l'époque où l'édifice était en construction: « Ma parole. Ça ne me paraît pas sécuritaire. »
Savez-vous si, en vertu du code, la fonction d'un édifice en bois doit être prise en considération avant que le projet ne soit approuvé? Je pense à la mobilité des gens, dont vous avez parlé dans votre exposé. Lorsqu'il est question d'un établissement pour personnes âgées, presque tous les habitants d'un tel établissement pourraient avoir des problèmes de mobilité en cas d'incendie. Savez-vous si, en vertu du code, cela doit être pris en considération?
Si vous pensez à quelque chose d'autre plus tard, n'hésitez pas à nous écrire. Nous pourrons inclure cette information dans un addenda au rapport. Il est parfois difficile de penser à toutes ces choses à brûle-pourpoint. Je crois que ces informations pourraient nous être importantes en tant que décideurs politiques pour nous orienter sur ce qui pourrait être avantageux pour les petites et moyennes entreprises. On entend souvent parler de tels programmes qui ciblent les grandes multinationales ou les particuliers plus riches qui peuvent se permettre d'apporter des ajustements, mais, soit en raison des décisions bureaucratiques ou de conséquences involontaires, ils excluent des exploitants comme vous. Je vous encourage à nous fournir toute information supplémentaire que vous pourriez avoir.
Je tiens à vous remercier tous les deux d'avoir accepté de témoigner.
Je viens du nord de l'Alberta. Vous vous souviendrez que le 1er mai 2016, les feux de forêt de Fort McMurray ont été déclenchés. Ces feux n'ont été complètement éteints qu'en août 2017. À leur plus fort, ils brûlaient jusqu'à 6 000 kilomètres carrés de forêt. Des milliers de résidences ont été détruites ainsi que 22 édifices commerciaux. Selon le Bureau d'assurance du Canada, il s'agit du désastre le plus coûteux de notre histoire.
En tant que résidante du nord de l'Alberta, je ne pourrais assez vous remercier, vous et vos membres, pour votre sacrifice et le travail risqué que vous faites. Comme vous le savez, cet incident ne fait plus la une des journaux, mais pour ceux qui ont vécu ces incendies, pour cette communauté, ce n'est que le début d'un long processus de rétablissement.
Je crois qu'il serait intéressant, que je crois que tous les membres...
Bon après-midi, messieurs.
Nous commençons la deuxième heure. Représentant la Coast Forest Products Association, nous avons M. Rick Jeffery, président et chef de la direction.
Merci, monsieur. Vous en êtes à votre deuxième comparution au Comité, et nous sommes heureux que vous ayez pu vous libérer pour revenir témoigner.
Nous accueillons également M. Eric Karsh, directeur principal de l'ingénierie structurale chez Equilibrium Consulting Inc.
Messieurs, voici comment nous procéderons aujourd'hui: vous aurez jusqu'à 10 minutes chacun pour faire un exposé. Ensuite, nous passerons aux questions des députés. Vous pouvez faire votre exposé en français ou en anglais. Soyez certains qu'on vous posera des questions en français. Vous avez des oreillettes pour écouter l'interprétation; vous en aurez besoin.
Je vais maintenant vous céder la parole. Vous pourriez peut-être commencer, monsieur Jeffery, puisque vous avez eu la gentillesse de comparaître au Comité une deuxième fois.
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Merci, monsieur le président. C'est un plaisir de comparaître au Comité à nouveau. J'espère que votre vote s'est bien déroulé l'autre jour.
Pour commencer, je vais vous parler de la chaîne d'approvisionnement dans le secteur forestier, ce qui est tout à fait pertinent lorsqu'on parle des produits de la chaîne d'approvisionnement secondaire. Essentiellement, le premier maillon de la chaîne d'approvisionnement de l'industrie des produits forestiers est la gestion des forêts. Le Canada est évidemment un chef de file mondial de l'aménagement forestier durable, ce qui est lié à l'appui solide des gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral pour la recherche et aux cadres réglementaire et législatif rigoureux qui régissent nos activités. En outre, nos clients exigent d'avoir des produits durables.
On ne peut parler des produits de la chaîne d'approvisionnement secondaire sans d'abord parler de l'industrie primaire, qui est la source des produits qui sont utilisés dans l'industrie secondaire. Par conséquent, il convient de garder à l'esprit, dans le cadre de vos délibérations, que nous sommes engagés dans un différend sur la question du bois d'oeuvre avec nos amis américains.
Il s'agit là d'un enjeu d'une grande importance pour les acteurs de l'industrie primaire et secondaire de la côte de la Colombie-Britannique, étant donné que nous produisons des produits à forte valeur ajoutée. En effet, 80 % de nos exportations aux États-Unis sont des produits du cèdre, des produits à forte valeur ajoutée. Les produits de tilleul d'Amérique que nous exportons sont généralement des produits de « qualité atelier » qui sont ensuite transformés par nos clients de la chaîne d'approvisionnement au sud de la frontière. Au moment où votre gouvernement discute de la question du bois d'oeuvre et tente de négocier un accord, vous devez veiller à assurer aux acteurs du secteur à haute valeur de la côte de la Colombie-Britannique un accès adéquat au marché américain, en particulier dans le contexte d'un accord fondé sur des quotas.
Voici comment cela fonctionne habituellement: les producteurs primaires fabriquent les produits. Ces produits sont ensuite vendus aux producteurs secondaires qui, à leur tour, les transforment en une multitude de produits. Mon ami, ici présent, réalise des exploits d'ingénierie avec ces produits; il sera certainement en mesure de vous en parler.
En ce qui concerne les retombées sur l'économie et l'emploi, l'industrie primaire de la côte de la Colombie-Britannique est une industrie d'une valeur de 6 milliards de dollars par année qui emploie 40 000 personnes. Faits pertinents pour votre étude, beaucoup de ces produits se retrouvent en aval de la chaîne d'approvisionnement, dans le secteur des producteurs secondaires qui, sur la côte de Colombie-Britannique, est un secteur d'une valeur de 1,6 milliard de dollars qui emploie 3 000 personnes. Les industries primaire et secondaire sont interreliées. Donc, sans le secteur primaire, la production de produits secondaires serait minime, en particulier dans l'industrie du bois massif.
Voilà qui répond à votre question concernant l'incidence sur l'économie et l'emploi.
J'aimerais maintenant parler brièvement des obstacles et des occasions. Une multitude de possibilités emballantes attendent l'industrie forestière. Par exemple, notons les produits de nouvelle génération comme le bois lamellé-croisé et d'autres produits de bois d'ingénierie qui ne peuvent pas nécessairement être transportés dans une boîte. On compte toutes sortes de produits de prochaine génération dans l'industrie des pâtes et papiers, notamment les biocarburants, la cellulose nanocristalline, les fibres cellulosiques, la lignine, etc. À l'échelle mondiale, le bois est utilisé dans toutes sortes d'applications inédites. Le Canada doit s'assurer de faire le nécessaire, sur les plans de la R-D et des processus de réglementation, pour favoriser l'utilisation du bois dans les applications de prochaine génération qui, par définition, pourraient être ce que vous appelez les produits de la chaîne d'approvisionnement secondaire.
Voilà les possibilités qui s'offrent à nous. Permettez-moi toutefois de vous parler, sans détour, de l'obstacle auquel nous sommes confrontés. Dans ce pays, il est difficile de faire valoir la nécessité d'investir dans le secteur des ressources naturelles, notamment en raison des incertitudes liées aux coûts et à l'accès à la fibre de bois.
Bon nombre des obstacles ou les problèmes qui nous empêchent de faire valoir la nécessité d'investir sont liés aux activités des gouvernements. Il s'agit notamment des enjeux liés à la réglementation, aux espèces en péril, à la réconciliation avec les Premières Nations, aux impôts et aux facteurs économiques et au fait que l'industrie forestière a toujours tendance à être un ballon politique.
À mon avis, votre comité doit se pencher sur ces enjeux, car il est maintenant extrêmement difficile pour les dirigeants d'entreprise de faire valoir auprès de leur conseil d'administration qu'il faut investir 100 millions de dollars dans une scierie ou dans un produit de nouvelle génération, étant donné les risques inhérents, sans pouvoir garantir au conseil d'administration ou aux investisseurs qu'on aura accès à la fibre de bois nécessaire à la fabrication de ces produits et sans avoir une idée des coûts d'acquisition de la fibre.
Cela dit, puisque je ne suis pas de nature pessimiste, permettez-moi de souligner les diverses mesures prises par le gouvernement fédéral pour lesquelles il convient de le féliciter et dont il faut assurer la pérennité.
Parlons d'abord du programme PDM, le Programme de développement des marchés, un programme financé par le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et l'industrie forestière dont l'objectif est notamment de promouvoir nos produits à l'étranger. Il sert en outre à promouvoir la technologie canadienne, les systèmes de construction et notre expertise sur les marchés étrangers. C'est un excellent programme dont le financement devrait être maintenu.
Il y a aussi le Programme d'investissement dans la transformation de l'industrie forestière — le programme ITIF —, qui vise à stimuler l'innovation pour la recherche de nouveaux produits et de produits secondaires dans l'industrie des pâtes et papiers.
À cela s'ajoute votre initiative des supergrappes. À Vancouver, l'industrie forestière fait partie de l'une de ces supergrappes et nous misons là-dessus pour effectuer les changements transformateurs nécessaires à la transition du secteur forestier vers l'économie numérique et l'économie des mégadonnées. Il s'agit pour nous d'excellentes occasions de réduire nos coûts, d'accroître l'utilisation et d'avoir recours aux mégadonnées et à l'analytique pour améliorer nos entreprises.
Enfin, il y a le Programme de construction verte en bois, qui fait partie du programme d'aide à l'industrie du bois d'oeuvre. Ce programme contribue à la promotion du bois en tant que matériau écoénergétique à faibles émissions de carbone et est l'une des plateformes visant à encourager l'utilisation accrue du bois dans la construction au Canada et en Amérique du Nord. Nous menons actuellement une campagne semblable auprès de nos amis au Japon et en Chine.
Je suis président et chef de la direction de la Coast Forest Products Association, à temps plein, mais je suis aussi président du Canada Wood Group, qui représente l'industrie pour ses activités d'accès aux marchés étrangers et de promotion du marché, notamment au Japon, en Chine, en Corée du Sud et en Inde. Nous avons actuellement des discussions avec les gouvernements chinois et japonais sur l'exportation de nos technologies et de nos produits dans ces marchés pour qu'ils puissent commencer à construire avec du bois, comme nous l'avons fait ici. Cela ne se limite pas aux produits primaires; c'est également lié aux produits secondaires comme le bois lamellé-croisé, d'autres produits de bois d'ingénierie et, ce qui est tout aussi important, aux technologies à valeur ajoutée et aux systèmes de construction que nous utilisons au Canada.
En terminant, permettez-moi de dire que nous arrivons dans une ère de possibilités extraordinaires. La chaîne d'approvisionnement de la Colombie-Britannique est mature et bien établie. Elle est centrée sur l'industrie primaire, mais comporte d'importants débouchés pour les produits de la chaîne d'approvisionnement secondaire. Nos perspectives d'avenir sont certainement liées aux nouveaux produits ou aux nouvelles applications.
Merci beaucoup de votre temps.
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Merci, monsieur le président. C'est un plaisir d'être ici.
Mon rôle dans la chaîne d'approvisionnement est lié à la valeur ajoutée ou aux produits de spécialité. J'exerce la profession d'ingénieur depuis 30 ans et j'utilise le bois dans mes projets de conception depuis que je me suis établi en Colombie-Britannique il y a 23 ans. Sur le plan technique, l'innovation et les progrès dans le domaine du génie du bois et de la fabrication observés ces 23 dernières années ont été remarquables.
Il est vrai que le Canada a toujours été, ou qu'il est depuis longtemps, un chef de file de la production de fibre, de bois d'oeuvre. Je souligne toutefois que lorsque j'ai commencé à utiliser le bois dans la conception d'ouvrages d'ingénierie il y a 23 ans, nous étions en retard, principalement par rapport aux Européens. Je suis heureux de dire que nous avons fait d'excellents progrès sur le plan de la recherche grâce à l'appui du Conseil canadien du bois et d'organismes comme FPInnovations, de sorte que nous sommes maintenant perçus comme des chefs de file du secteur du design. Actuellement, nous exportons nos connaissances et notre expertise partout dans le monde.
À titre d'exemple de ces progrès, notons les nouveaux produits, dont beaucoup ont été développés au Canada — notamment le bois d'ingénierie comme le Parallam — et les nouvelles techniques de fabrication, comme la fabrication CNC ou les systèmes automatisés commandés par ordinateur. Plus récemment, comme Rick l'a indiqué, des produits comme le bois lamellé-croisé ont joué un rôle prépondérant sur la façon dont nous concevons les bâtiments en bois actuellement.
Comme vous le savez peut-être, l'innovation des deux dernières décennies nous a permis d'intégrer le bois lentement mais sûrement dans la conception d'ouvrages commerciaux. On voit maintenant des structures de bois dans les hôpitaux, les aéroports et les musées. En fait, nous pouvons maintenant utiliser le bois dans n'importe quelle construction. Je pense que nous avons démontré que le bois peut très bien être utilisé pour tous les types d'immeubles, y compris, depuis peu, les immeubles de grande hauteur.
L'utilisation de bois massif comme le bois lamellé-croisé permet maintenant aux ingénieurs de concevoir des immeubles à structure de bois de grande hauteur. Depuis 2012, soit depuis la publication de notre rapport — notre étude de faisabilité — intitulé The Case for Tall Wood Buildings, le débat sur l'utilisation du bois pour les immeubles de grande hauteur a pris de l'ampleur, et ce, tant au Canada qu'à l'échelle mondiale.
Nous sommes maintenant prêts à passer de l'étape de la démonstration à celle de l'utilisation massive, mais pour ce faire, divers obstacles doivent encore être surmontés. L'un d'entre eux est la taille relativement petite, à l'échelle nationale et internationale, du secteur de la fabrication de poutrelles à valeur ajoutée.
Il existe également un problème sur le plan de la formation. Au Canada, on ne peut obtenir un diplôme d'ingénieur sans avoir suivi des cours sur l'utilisation de l'acier ou du béton en ingénierie, mais il est possible d'obtenir son diplôme sans avoir suivi un cours d'introduction sur le bois d'ingénierie, mais cela ne s'arrête pas là: il peut être difficile de trouver au Canada une université qui offre ce cours. À mon avis, il est essentiel que le Canada, en tant que principal producteur et exportateur de bois d'oeuvre au monde, tienne compte de la nécessité d'offrir aux professionnels une formation sur les technologies et les techniques de conception de structures en bois et autres matériaux.
L'autre obstacle est lié au manque de concurrence et au manque de stabilité des prix qui découlent de la petite taille du marché du secteur à valeur ajoutée, ce qui pose problème lorsqu'on tente de convaincre un promoteur ou un entrepreneur d'utiliser le produit. À mon avis, nous sommes sur le point de franchir cet obstacle. Les promoteurs et les entrepreneurs prennent de plus en plus conscience des avantages de l'utilisation du bois massif dans la construction.
La construction est beaucoup plus rapide qu'avec l'acier et le béton. Le bois est un matériau durable, en plus d'être renouvelable, évidemment. Les progrès réalisés dans le domaine du bois massif nous permettent maintenant de construire des structures de bois aussi fonctionnelles que les structures de béton et d'acier.
Les avantages sont prouvés. Nous devons maintenant mettre en place une chaîne d'approvisionnement fiable, tant sur les plans de la capacité et de l'expertise que sur le plan des prix ou des coûts. Des sociétés américaines construisent actuellement de nouvelles usines de bois lamellé-croisé qui auront une importante capacité de production. À mon avis, cela entraînera une augmentation de l'offre, ce qui contribuera probablement à la stabilisation et à la diminution des prix. Cela favorisera l'utilisation accrue du bois massif dans le secteur de la construction, mais nous ne devons pas pour autant tenir pour acquis que cela nous permettra de franchir tous les obstacles. Même si l'augmentation de l'offre se concrétisait, nous devrions toujours composer avec le manque de professionnels pour satisfaire à la demande à laquelle nous nous attendons.
En tant que concepteur, une des options que nous avons examinées... Je travaille également à la DBR, une école de conception-construction sans but lucratif, où nous donnons des cours de conception-construction. Nous invitons divers concepteurs — architectes, ingénieurs et concepteurs-paysagistes — à venir en classe pour concevoir un immeuble, un pavillon ou un petit projet quelconque, puis à passer en atelier pour fabriquer et monter la structure. On offre ainsi aux concepteurs une formation pratique qu'ils n'auraient pas nécessairement dans le contexte universitaire.
On observe d'importants besoins de formation à l'échelle mondiale. Nous envisageons la possibilité de concevoir un cours universitaire qui serait offert en ligne. Ce cours, qui serait sans but lucratif, encore une fois, et qui ne serait pas accrédité, permettrait à tout le moins de diffuser l'information.
Il est extrêmement surprenant de voir la quantité et la variété des connaissances requises pour la conception d'un immeuble en bois. Il faut évidemment prendre en compte les enjeux d'ordre structurel. À cela s'ajoutent les questions liées à l'approvisionnement, à la fabrication, à la protection contre les incendies, aux propriétés acoustiques, etc. Nous espérons offrir sous peu des cours qui permettront une mise à niveau de l'expertise des professionnels pour satisfaire à la demande.
C'était essentiellement le message que je voulais vous livrer. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Tout d'abord, je dirais que les gouvernements de toutes les allégeances qui ont dû aborder la question l'ont prise très au sérieux et ont très bien réussi à représenter les intérêts du Canada dans le domaine du bois d'oeuvre. Ce n'est pas une question partisane. C'est un enjeu très important pour le gouvernement — sans égard à sa couleur — en raison de la taille et de l'importance de l'industrie. Le gouvernement du Canada actuel a fait ce qu'il pouvait pour négocier un accord; toutefois, si notre partenaire de l'autre côté de la frontière n'est pas prêt à négocier avec nous, il n'y a rien à faire. C'est là où nous en sommes aujourd'hui. La coalition des États-Unis ne veut pas conclure un accord et à moins qu'elle ne change d'idée, nous ne pourrons pas nous entendre. C'est tout simplement ainsi que fonctionnent les lois là-bas.
À l'heure actuelle, les conséquences sont assez minimes pour nos membres. Le prix du bois d'oeuvre a augmenté aux États-Unis. Ainsi, les consommateurs américains paient le prix des mesures protectionnistes prises par une poignée d'entreprises forestières.
Nous sommes toutefois déjà passés par là. C'est arrivé la dernière fois entre 2001 et 2006. Ce que nous savons, c'est que les marchés s'adaptent au fil du temps. Ce que nous prévoyons, c'est que pendant les procédures judiciaires, le prix du bois d'oeuvre commencera à baisser; puis, les choses commenceront à mal aller et on réduira les quarts de travail dans les scieries, on réduira les opérations forestières, etc.
C'est très difficile pour les PDG de se présenter devant un conseil pour lui demander d'investir si l'on impose des droits de 21 % sur les produits. J'ai dit plus tôt que 80 % du bois de la côte vendu aux États-Unis était du cèdre. Les États-Unis sont notre plus important marché pour le cèdre. Ils sont probablement les seuls à vouloir payer le prix du cèdre. La valeur moyenne du cèdre exporté aux États-Unis est de 1 200 $ par mille pieds-planche. Si l'on rajoute des droits de 21 %, cela correspond à 400 $ supplémentaires. Le marché ne supportera pas ce prix longtemps.
Les prix commencent déjà à baisser. La baisse des prix aura une incidence sur l'emploi et l'activité économique, et aussi sur l'investissement.
La Loi sur les espèces en péril a une très grande incidence sur la certitude en matière d'approvisionnement et sur le coût de l'approvisionnement. C'est une loi fédérale. Elle n'est pas très bien rédigée. On ne tient pas compte des répercussions socioéconomiques dans le cadre de l'élaboration des plans pour les espèces en péril et des stratégies de rétablissement. On en tient seulement compte à la toute fin. Ainsi, le Cabinet pourrait dire: « Nous voulons faire autre chose qu'une stratégie de rétablissement, étant donné les coûts socioéconomiques connexes. » C'est beaucoup trop tard dans le processus. Encore une fois, lorsqu'on fait une présentation devant le conseil, il est impossible de parler d'investissement si l'on ne peut pas savoir d'où viendront les arbres. Il est tout à fait absurde d'espérer que le Cabinet fédéral tienne compte des répercussions socioéconomiques d'un enjeu lié aux espèces en péril à la fin du processus. Cela pèse lourd.
On parle beaucoup du caribou au pays. Je vous encourage à consulter le site Web de l'Association des produits forestiers du Canada pour en apprendre davantage au sujet du caribou. Ce n'est pas un enjeu sur la côte. Nous n'avons pas de caribou, mais nous avons l'autour des palombes, le guillemot marbré, etc. Voilà une chose.
L'autre chose, c'est qu'il faut travailler à la réconciliation avec les Premières Nations. Il est tout à fait louable de vouloir appliquer l'esprit et l'intention de la DNUDPA et d'autres textes lorsqu'on fait affaire avec les Premières Nations, mais le fait est qu'il faut entreprendre une réconciliation de manière à ce que les Premières Nations tirent profit de tout cela. Bien honnêtement, je crois que le gouvernement fédéral doit passer à l'action en Colombie-Britannique pour nous aider avec le processus de réconciliation. Nous pouvons prendre des mesures qui seront positives pour les Premières Nations, pour l'industrie et pour les gouvernements. Il faut aller de l'avant et le gouvernement est un partenaire important à cet égard.
Ce serait les deux principaux points à prendre en compte.
Enfin, le gouvernement est doté d'une stratégie d'investissement bien pensée en ce qui a trait à la construction écologique avec le bois, au programme ITTIF, etc. Nous vous encourageons à continuer d'investir dans la recherche et le développement pour aider l'industrie avec l'aménagement forestier, les produits et la technologie.
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Comme je l'ai expliqué, il y a cinq ans, nous avons publié le rapport de la recherche démontrant que nous pouvions construire des édifices en bois de grande hauteur.
À ce moment, il y a eu beaucoup de critiques sur Internet. Beaucoup de gens ont réagi comme on pouvait s'y attendre, c'est-à-dire qu'ils disaient que les gratte-ciel en bois étaient des lieux propices aux incendies, aux termites, et ainsi de suite. En seulement cinq ans, je crois qu'il y a eu assez de discussions et de recherches pour démontrer qu'on peut construire des édifices en bois de grande hauteur de façon très sécuritaire.
À l'heure actuelle, nous sommes engagés dans la conception d'édifices de grande hauteur au Brésil, en Chine, en France, au Canada et aux États-Unis. De plus en plus, je crois que cela devient un phénomène international. Pourtant, ce qui est plus important, c'est de passer des édifices de démonstration aux édifices qui sont financés par des investisseurs commerciaux. On ne parle pas nécessairement de construire des immeubles de 20 à 30 étages, mais des immeubles de 6 à 12 étages.
C'est là qu'est l'avenir. C'est cela qui va avoir des répercussions importantes sur l'utilisation du bois massif.
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J'aimerais ajouter quelque chose.
Je suis aussi directeur du Conseil canadien du bois. Nous avons mené des recherches exhaustives. Certaines modifications ont été apportées au Code national du bâtiment en ce qui a trait à la construction d'immeubles de six étages ou moins, et les provinces s'y adaptent. Ici, en Colombie-Britannique, la presque totalité des nouveaux immeubles de six étages sont faits en bois. C'est un important segment de marché pour nous.
Nous avons réalisé une analyse de segment de marché pour les immeubles de 6 à 12 étages. C'est un autre segment important au Canada. Il est peut-être encore plus important aux États-Unis. Nous déployons beaucoup d'efforts en ce qui a trait aux dispositions des codes du bâtiment sur les immeubles de 6 à 12 étages et au développement des technologies et des systèmes de bâtiment qui répondent à ce segment, qui est assez important. Je n'ai pas les chiffres avec moi, mais nous pourrions certainement vous les transmettre. Le Conseil canadien du bois pourrait aussi vous les transmettre.
On examine aussi les immeubles commerciaux de faible hauteur. On pourrait facilement utiliser les techniques de construction en bois pour bon nombre des centres commerciaux faits de blocs de béton et de poutres d'acier. Ainsi, on réaliserait des gains en efficacité énergétique et on réduirait l'empreinte carbone et les GES.
On réalise d'importantes recherches sur les immeubles de 6 étages et moins, les immeubles de 6 à 12 étages et les immeubles commerciaux de faible hauteur. Ce sont les nouveaux segments sur lesquels se centre notre industrie, au-delà des logements résidentiels.
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Je dirais que nous avons un processus très rigoureux concernant les codes du bâtiment. Nous devons nous assurer de poursuivre la recherche-développement à l'appui des codes du bâtiment pour veiller à ce que les codes du bâtiment soient élaborés de manière à soutenir la construction d'édifices sécuritaires avec divers matériaux: du béton, de l'acier ou du bois.
L'édition 2020 du code du bâtiment sera un code qui se fondera sur des résultats plutôt qu'un code normatif. Tandis que nous nous appliquons à élaborer ce code, nous devons nous assurer d'inclure toutes les mesures de protection dont nous avons besoin pour garantir que nous avons des édifices sécuritaires.
De plus, comme je l'ai mentionné plus tôt, il y a divers programmes fédéraux de construction verte en bois qui nous aideront à faire la promotion de l'utilisation du bois dans la construction au Canada au cours des quatre prochaines années.
Par ailleurs, comme le gouvernement lance une politique d'approvisionnement concernant ses ambitieux programmes d'infrastructure, nous devons nous assurer d'examiner la possibilité d'utiliser le bois dans ces projets. Ensuite, comme Eric l'a mentionné, nous devons également nous assurer d'investir suffisamment d'argent du côté de nos ingénieurs, de nos concepteurs et de nos architectes pour qu'ils se sentent aussi à l'aise de construire avec du bois.
Voulez-vous ajouter quelque chose?
L'industrie de la construction évolue relativement lentement. La présence de codes est fondamentale pour venir confirmer la recherche-développement nécessaire en vue de garantir que l'utilisation du matériau est sécuritaire. Je crois que nous réalisons beaucoup de progrès à cet égard.
Comme Rick l'a mentionné, l'autre élément de l'équation est la sensibilisation. C'est l'oeuf et la poule. Si très peu d'étudiants sont diplômés de facultés de génie où la construction en bois est enseignée, il y aura finalement peu de professeurs qui pourront retourner l'enseigner dans les établissements. Comment pouvons-nous éliminer ces obstacles? Comment pouvons-nous former plus d'ingénieurs et d'architectes?
Pour l'instant, la majorité des ingénieurs et des architectes qui commencent à concevoir des édifices en bois sont autodidactes. Je n'ai jamais suivi de cours en génie du bois. J'ai en gros appris ce que je sais sur le tas. Cependant, maintenant que le prix des bâtiments à charpente en bois correspond davantage au prix de la construction en béton — et je crois que nous y sommes presque —, la demande connaîtra une croissance très rapide. Nous constaterons ensuite un blocage non seulement dans les domaines de la conception ou de l'expertise en général, mais aussi dans les secteurs de la fabrication et de la construction.
Je crois que nous devons nous préparer à cette croissance dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, et cela inclut la sensibilisation des partenaires.
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Ces programmes sont très bien conçus. Nous pourrions par contre les améliorer en vue de pouvoir y accéder plus rapidement et à moindre coût. Très souvent, nous devons remplir beaucoup de documents dans le cadre de certains de ces programmes pour présenter une demande, être retenus et recevoir des fonds. Ce serait une bonne chose d'en simplifier les processus.
Vous vous occupez du secteur riverain, et nous vous en sommes extrêmement reconnaissants. Nous avons des programmes concernant l'expansion des exportations. Les fonds additionnels dans le Programme de développement des marchés proviennent du gouvernement fédéral. Il n'est pas nécessaire que la province ou l'industrie verse une contribution équivalente. C'est très utile, en particulier lorsque nous pensons faire des projets pilotes pour présenter notre technologie ailleurs, comme en Chine, soit un pays où il y a considérablement plus de mises en chantier et qui a besoin de plus d'édifices écoénergétiques et à faibles émissions de gaz à effet de serre. Nous vous encourageons à maintenir ce programme qui a été renouvelé pour deux ans. L'industrie a de la difficulté à planifier à long terme. Cela soutient nos bureaux dans les marchés étrangers au Japon, en Chine, en Corée et en Inde. Il est difficile de planifier l'avenir et d'avoir du personnel sur place, lorsque vous êtes toujours à la merci des cycles budgétaires. Bref, ce serait utile d'avoir du financement à long terme pour ces programmes.
En ce qui concerne le programme de construction verte en bois, nous ne sommes pas vraiment certains des détails, mais nous avons évidemment hâte d'en discuter. J'imagine que cela revient à mon commentaire sur la simplification des processus. Lorsque le Conseil du Trésor et les ministères fédéraux concernés élaborent la mise en oeuvre de telles mesures, il serait utile de réaliser des consultations préalables sur la forme que cela prendra, la manière d'y avoir accès et la façon d'en assurer le suivi, et ce, pour utiliser efficacement les fonds publics.
Pour rester dans le même thème, les ponts sont justement un autre secteur où le Conseil canadien du bois a cerné un véritable débouché au Canada. Des centaines de ponts au pays doivent être remplacés. Le bois pourrait être un bon matériau de rechange dans ce secteur.
À mon avis, beaucoup de produits de prochaine génération ont trait aux produits de bois massif d'ingénierie, comme le bois en placage stratifié, le bois à copeaux parallèles et le bois lamellé-croisé. Voyez-les comme un système et non seulement comme des produits. Vous ne vendez pas seulement un produit. Vous faites valoir que vous avez ces divers types de produits qui peuvent être utilisés ensemble à diverses fins pour construire, par exemple, des portées de 350 mètres. À ce sujet, c'est vraiment ce qui retient mon attention.
En ce qui a trait aux produits de pâtes et papiers, j'ai parlé de l'importance du secteur primaire et du secteur secondaire par la suite. Les usines de pâte à papier seront des usines de pâte à papier. Elles prendront de la fibre, elles la feront bouillir pour la transformer en cellulose et en lignine et elles fabriqueront du papier et tout le reste. Le papier n'est pas un produit gagnant. Lorsque je pense aux produits de prochaine génération qui suscitent vraiment de l'intérêt, je pense à la cellulose nanocristalline qui peut être utilisée dans les fibres de carbone et ajoutée à du verre. Nous pouvons utiliser la lignine et la cellulose pour remplacer les polycarbonates à base de pétrole dans les plastiques et les fibres de carbone.
Il y a ensuite tout le secteur des biocarburants; nous pouvons satisfaire à une partie de nos besoins énergétiques grâce à de l'énergie renouvelable produite à partir de bois. Voilà des exemples de produits sur lesquels nous réalisons des recherches en laboratoire. Notre défi est maintenant de réduire les risques associés à ces produits et de les mettre en marché, et le gouvernement peut jouer un rôle en la matière. Le précédent gouvernement et le gouvernement actuel ont adopté certaines mesures, comme l'IFED et des programmes d'innovation en foresterie, et ils ont investi dans FPInnovations, par exemple, en vue de nous permettre de faire la transition entre les laboratoires et la réalité.
Voilà le défi. Voilà pourquoi je dis qu'il est difficile d'attirer des investissements au pays ces derniers temps.