:
Je vous remercie, monsieur le président.
À vous et aux membres du Comité, je vous remercie de votre invitation à me joindre à vous. J'ai eu l'occasion, hier, de parler à certains de mes collègues de la Chambre, mais également l'occasion de rencontrer la table ronde d'une chambre de commerce qui examinait l'interface de plus en plus importante entre les préoccupations des Premières Nations et des peuples autochtones en général et l'industrie des ressources dans l'ensemble du pays.
Plusieurs d'entre vous qui me connaissent sauront que c'est un énoncé surprenant: je vais essayer de faire en sorte que d'aucune façon, ni dans sa forme ni dans sa substance, ma présentation ne soit partisane ou querelleuse. Depuis que j'ai quitté la Chambre en 2013, soit il y a plusieurs années, j'ai eu l'occasion de faire des choses au nom des Premières Nations dans le cadre de nombreuses négociations à travers le pays, notamment en Colombie-Britannique, au Manitoba et en Ontario. Je suis également, depuis deux ans, professeur invité à l'Université de Toronto, où j'enseigne le droit autochtone et parle de questions de politiques d'intérêt public.
L'objet de mes remarques est le suivant. La difficile réalité est que, depuis 1867, la question des ressources s'est focalisée sur les gouvernements provinciaux. La Cour suprême s'est contentée de réaffirmer cela dans une décision concernant la réserve de Grassy Narrows. Elle a dit clairement que le gouvernement provincial constitue autant la Couronne que le gouvernement fédéral en ce qui concerne le développement des ressources.
En même temps, le gouvernement fédéral détient un important pouvoir parce qu'il est tenu, en vertu de l'article 92, d'assumer directement la responsabilité à l'égard des questions qui touchent les peuples autochtones. Ces responsabilités ont été confirmées lorsque le Parlement a rapatrié la Constitution en 1980, surtout en vertu de l'article 35, lequel article de la Constitution affirme la reconnaissance par le Parlement des droits et des titres autochtones. Cela a donné lieu, comme vous le savez, à toute une série de décisions de la Cour suprême depuis 1980, lesquelles ont établi clairement l'existence de responsabilités de consultation des Premières Nations et de prise en compte de leurs droits avant qu'on ne procède au développement des ressources.
Enfin, il y a l'existence de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones que le Canada a signée. L'autre réalité juridique ou réalité politique significative est ce que, dans son rapport, la Commission de la vérité et de la réconciliation a dit clairement — c'était clairement l'une de leurs recommandations — que la Déclaration des Nations unies devait devenir la base de la politique publique canadienne en ce qui concerne les relations entre les Premières Nations et la Couronne.
Tout cela pour dire que nous vivons dans un monde dans lequel la question de savoir comment avoir des rapports harmonieux avec les Premières Nations est la clé du développement futur des ressources. Une fois remis mon chapeau de conseiller politique, je dirais que, lorsque d'importants développements se produisent, comme c'est le cas dans ma province, l'Ontario, plus précisément dans le nord de l'Ontario où l'on a découvert du nickel dans le bassin de Sudbury, ce qui a été une formidable affaire pour ce qui est des retombées... Cela fait plus de 100 ans que cela existe et c'est encore fort. Ce développement a été fait sans aucune participation de la part des peuples autochtones. Cela s'est fait sans la reconnaissance de leurs droits ou de leur titre. Autant dire qu'ils ont été pratiquement exclus pour ce qui est des retombées. Les ressources et les revenus de ces développements n'ont jamais été partagés avec les Premières Nations.
Il n'est plus possible de faire des affaires ainsi de nos jours. Le défi auquel nous faisons face, et je peux vous dire qu'il en a été sérieusement question dans les discussions de la chambre de commerce auxquelles j'ai participé, est qu'il existe maintenant une obligation de la part des deux Couronnes, la fédérale et la provinciale, de continuer de mettre au clair ce qu'elles veulent dire par « engagement » et ce qu'elles pensent que les conditions d'engagement devraient être.
Je ferais l'observation suivante: d'après l'expérience que j'en ai, les grosses entreprises ont la capacité et les moyens de collaborer avec les Premières Nations. Leur dossier de collaboration, il faut le dire, s'améliore. Si j'examine la manière connue de créer des ententes sur les répercussions et sur les avantages, lorsque je vais dans les réserves, lorsque je parle directement du besoin de partage des bénéfices, du besoin d'une négociation respectueuse — je constate que tout cela est en train de se faire dans des situations très importantes et très significatives. Il est important que nous reconnaissions cela. Or, comme les membres de ce comité le savent, l'industrie minière est une industrie dans laquelle l'exploration et l'exploitation sont confiées à des entreprises beaucoup plus petites, ce qui est généralement aussi le cas pour le jalonnement des concessions. Elles n'ont pas les moyens et n'ont pas nécessairement la capacité de mener le type d'engagement envers les Premières Nations qui serait nécessaire.
Je dois dire, cette fois encore en me basant sur mon expérience, que, d'un bout à l'autre du pays, il existe une très grande différence d'opinions entre les Premières Nations, les petites entreprises et les provinces en ce qui concerne la méthode de consultation appropriée. Je pense que c'est là un domaine dans lequel le gouvernement fédéral a clairement un rôle à jouer, non pas dans le sens que le pouvoir, ou l'autorité, du gouvernement fédéral serait total, mais dans le sens que, aujourd'hui, le gouvernement fédéral ne peut plus ignorer ses responsabilités vu l'autorité constitutionnelle dont il est investi et, franchement, parce qu'il a lui-même mentionné que c'était l'orientation que nous voulions prendre en ce qui concerne le processus de consultation. Cela comporte une responsabilité de vraiment s'engager avec les provinces et les Premières Nations sur la manière dont cela va se faire. Cela ne sera pas facile. Pas facile parce que, comme je l'ai dit, c'est un terrain litigieux. Mais, à n'en pas douter, essentiel.
J'ai eu l'occasion, surtout ces trois dernières années, de travailler dans la région nordique de l'Ontario. Sans entrer dans les détails — je ne veux pas dépasser le temps qui m'est alloué —, neuf Premières Nations du Conseil tribal Matawa ont signé une entente-cadre régionale avec le gouvernement provincial, et des négociations pour aller plus loin sont en cours.
Nous avons indiqué au gouvernement fédéral, et c'est pour moi une autre occasion de le faire, que nous aimerions trouver une manière plus efficace d'établir des engagements avec le gouvernement fédéral en ce qui concerne la ceinture de feu. Le gouvernement actuel et son prédécesseur ont tous deux, je dirais, pris un intérêt et montré un intérêt, mais nous sommes maintenant à un point où nous avons besoin de pousser plus loin l'engagement. C'est là quelque chose que nous avons dit clairement.
[Français]
Par ailleurs, je remercie le Comité.
[Traduction]
Cela fait un an que plusieurs d'entre vous ont été élus. Je vous félicite et vous souhaite bonne chance. C'est toujours un grand honneur pour moi de revenir ici et de revoir les gens qui travaillent dur dans l'intérêt du public. Je continue de me souvenir avec plaisir des journées passées à la Chambre des communes, même si certains d'entre vous en ont peut-être des souvenirs plus mitigés que les miens.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Bob Ray: Je vous remercie également pour cette occasion que vous m'avez offerte.
J'aimerais remercier le président pour l'occasion qui m'est offerte de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je suis venu avec ma collègue Sheilagh Murphy, sous-ministre adjointe du Secteur des terres et du développement économique au ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada.
Ma responsabilité, en tant que sous-ministre adjoint aux affaires nordiques, concerne principalement les trois territoires et les structures qui s'y trouvent. Les remarques que je vais formuler aujourd'hui porteront principalement sur notre rôle dans le développement des ressources minières du Nord, et plus encore sur le mandat de développement du Nord et des responsabilités réglementaires qui en découlent, lesquelles, on le comprendra, sont quelque peu différentes de celles qui prévalent dans les autres parties du Canada.
Il y a un homme dont les gens des milieux universitaires ont probablement entendu parler, il s'agit de M. Ken Coates. Il oeuvre au sein de l'Institut Macdonald-Laurier. Il a passablement écrit sur les relations entre les protagonistes autochtones et le gouvernement. L'une de ses nombreuses thèses porte sur la manière dont le Nord peut, en fait, donner une leçon au reste du Canada en ce qui concerne les relations avec les peuples autochtones et l'industrie.
[Français]
La mise en valeur des minéraux du Nord canadien est d'une importance capitale pour les résidants de cette région et pour tous les Canadiens. Le secteur de l'exploitation minière et ses activités connexes représentent le principal employeur des Autochtones et le secteur privé qui contribue le plus au PIB territorial.
[Traduction]
Le développement des ressources minières a joué un rôle essentiel dans l'ouverture des régions nordiques. M. Rae a fait la même observation concernant l'expérience de Sudbury. En remontant encore plus loin, cela a commencé avec la ruée vers l'or du Klondike, au Yukon, dans les années 1800. Cela s'est poursuivi il y a 50 ans avec l'exploitation aurifère à Yellowknife et le développement de la capacité hydroélectrique de cette région, suivi par la suite par la construction du chemin de fer à Hay River pour les besoins de l'exploitation de la mine de zinc de PinePoint, dans les Territoires du Nord-Ouest. Enfin, aujourd'hui, il y a l'exploitation de mines de diamants dans ces mêmes territoires, ce qui fait du Canada le troisième plus gros producteur de diamants au monde.
L'exploitation contemporaine de mines de diamant au Nunavut a elle aussi un potentiel de transformation important avec le développement de sites qui pourraient facilement devenir des camps miniers équivalents à ceux de la ceinture abitibienne en Ontario et au Québec, lesquels produisent des métaux précieux et des métaux communs depuis plus de 100 ans. D'un développement soutenu de ce type pourraient découler des infrastructures permanentes dont le Nunavut a désespérément besoin, telles que le corridor d'infrastructure qui va du Manitoba au Nunavut, le développement de centrales hydroélectriques vertes pour remplacer l'actuelle dépendance du Nunavut par rapport au diésel, ou encore une « route des richesses » reliant Yellowknife à la côte arctique qui pourrait faciliter d'autres découvertes et rendrait possible un développement durable des ressources minérales pour des générations à venir.
[Français]
Conformément à la Loi sur le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, la ministre est responsable du développement économique et politique du Nord. Plus concrètement, elle est directement responsable de la gestion des ressources au Nunavut, y compris les terres, les plans d'eau, les minéraux, ainsi que le pétrole et le gaz, et ce, de la même manière que les gouvernements provinciaux dans le Sud.
[Traduction]
Le ministère exerce ces responsabilités ayant trait à la gestion de deux manières: premièrement, en accordant des droits sur les terres, les minéraux, le gravier, le pétrole et le gaz; deuxièmement, en assurant l'élaboration de politiques et la prise de décisions dans le cadre du processus réglementaire.
L'exploitation minière sur les terres de la Couronne au Nunavut est gérée en vertu de la Loi sur les terres territoriales et des règlements qui en découlent, notamment le Règlement sur l'exploitation minière au Nunavut. Ces règlements traitent notamment des titres miniers ainsi que des redevances minières, et ils sont administrés par le ministère.
Les régimes de réglementation dans le Nord ont été créés pour assurer un développement durable des ressources dans une région éloignée, tout en assurant la protection de l'environnement. Chaque territoire a son propre régime de gestion des ressources en fonction de son développement politique propre.
Au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest, l'administration et le contrôle des terres et des ressources ont été transférés à leurs gouvernements respectifs au moyen d'ententes de transmission particulières. Une loi territoriale a été adoptée afin de réguler ce transfert de responsabilités.
Le Nunavut ne possède qu'un seul accord sur les revendications territoriales signé par les Inuits du Nunavut et le gouvernement fédéral en 1993. Cet accord établit le régime réglementaire pour le développement des projets et l'établissement de cinq commissions chargées de gérer ces projets. Ces commissions exercent des responsabilités dans les domaines suivants: planification de l'utilisation des terres, évaluations environnementales, délivrance de permis d'utilisation des eaux, conflits relatifs aux droits de surface et gestion de la faune.
Ces organismes de cogestion et l'institution de gouvernements publics sont de formidables exemples de l'engagement significatif des peuples et des collectivités autochtones à tous les stades du développement des ressources minières. Au coeur de ceux-ci se trouvent les principes de l'accord sur les revendications territoriales précédemment signé.
Le Nunavut se distingue par le fait que les Inuits constituent le groupe le plus important de propriétaires de terres franches au monde. Les terres qu'ils possèdent représentent environ 20 % des deux millions de kilomètres carrés qui constituent le Nunavut, superficie dont ils possèdent 20 % et 2 % des droits d'exploitation du sous-sol. Pendant les négociations de l'Accord sur les revendications territoriales au Nunavut, les parcelles de terres auxquelles ont été rattachés les droits d'exploitation du sous-sol ont été choisies sur la base de leur potentiel économique, selon les avis de géologues consultants. En conséquence, environ 70 % des concessions minières actives sont situées sur les 2 % de terres dont les Inuits possèdent les droits d'exploitation du sous-sol. Cela offre une formidable possibilité de développement économique, mais présente aussi un important défi en raison de l'éloignement et du manque d'infrastructures.
[Français]
Comme je l'ai brièvement énoncé, le ministère a un rôle à jouer dans la mise en valeur des minéraux dans le Nord, de l'évolution politique à la cession et aux revendications territoriales. Nous conservons la responsabilité de la gestion des terres et des plans d'eau, y compris l'amélioration des régimes d'évaluation environnementale.
Je vous remercie de m'avoir accordé du temps. Je serai ravi de participer aux discussions.
:
Bonjour, et je vous remercie, monsieur le président, de me permettre de vous adresser la parole aujourd'hui.
J'aimerais vous parler de quelques-unes des mesures prises par Affaires indiennes et du Nord Canada pour accroître la participation des Premières Nations aux projets miniers, ainsi que les bénéfices qu'ils en retirent.
Le gouvernement fédéral a une obligation fiduciaire à l'égard des peuples autochtones du Canada. Une composante importante de cette obligation est la mise en place d'un réel processus de consultation et d'accommodement en ce qui concerne la gestion des terres et des ressources des Premières Nations. J'ajouterai que l'extraction de ressources à proximité de terres et de territoires traditionnels des Premières Nations bénéficie de consultations significatives.
Le 92e élément des recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation demande au secteur industriel privé d'adopter la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et d'en appliquer ses principes, ses normes et ses standards aux politiques des entreprises et aux activités opérationnelles fondamentales entourant les peuples autochtones, leurs terres et les ressources.
[Français]
Le Canada, qui compte une solide tradition de primauté du droit, est bien placé pour mettre en application l'appel de la Déclaration en faveur d'un consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, de manière à ce qu'il y ait des avantages à long terme pour toutes les parties concernées.
[Traduction]
Au Canada, la majeure partie des réserves sont situées au sud du 60e. Le gouvernement fédéral régit l'exploitation minière dans les réserves principalement dans le cadre de la Loi sur les Indiens et le Règlement sur l'exploitation minière dans les réserves indiennes. L'exploitation minière représente un secteur important du développement économique des Premières Nations. Plus de 500 collectivités autochtones sont situées près des plus gros projets canadiens d'exploitation pétrolière, gazière, forestière et minière. L'industrie minière a signé plus de 350 ententes négociées et, de ce fait, constitue l'un des plus importants employeurs d'Autochtones du secteur privé.
[Français]
Néanmoins, ces chiffres ne représentent qu'une petite partie des avantages possibles pour les Premières Nations.
[Traduction]
Bien qu'approximativement 50 % des réserves indiennes recèlent un potentiel minier, les Premières Nations en général n'en possèdent pas les droits. Les minéraux appartiennent habituellement aux gouvernements provinciaux qui concèdent les droits d'exploitation aux compagnies minières. Une exploitation minière type dans une réserve met en présence des entreprises privées, des gouvernements provinciaux, un ou plusieurs groupes autochtones et le gouvernement fédéral.
En 2012, un groupe de travail Premières Nations – Affaires autochtones et du Nord Canada a examiné des problèmes concernant une exploration de ressources minières dans des réserves. Les recommandations indiquèrent les avantages que l'on pourrait retirer si le processus dans les réserves était similaire à celui du régime provincial. Le groupe de travail a également souligné l'importance de la formation, du développement des compétences et de l'accès au capital.
Sur la base de ces recommandations, Affaires autochtones et du Nord Canada a publié de nouvelles lignes directrices en matière de délivrance de permis. Cette année, Affaires autochtones et du Nord Canada a mis la dernière main à une nouvelle directive qui clarifiera la délivrance des permis d'exploitation de minéraux et les désignations d'explorations de ressources minières. Tandis que le Règlement sur l'exploitation minière dans les réserves indiennes continuera d'être utilisé pour l'exploration, il a été recommandé que la régulation de l'exploitation minière proprement dite relève de la Loi sur le développement commercial et industriel des Premières Nations.
Un exemple d'une mine moderne dans une réserve est le projet d'exploitation de la potasse de la Première Nation Muskowekwan, lequel propose d'utiliser la Loi sur le développement commercial et industriel des Premières Nations pour incorporer par référence les règlements provinciaux. Des membres ont manifesté leur soutien par un vote positif conformément processus de désignation de la Loi sur les Indiens. Pendant la construction, on s'attend à ce qu'un millier d'emplois soient créés, et que sur un horizon de 50 ans prévu de la mine, les Premières Nations toucheront environ 80 millions de dollars par année.
[Français]
Une telle approche a pour effet de hausser la barre en ce qui a trait à la manière dont les projets miniers devraient se dérouler sur les terres de réserve.
[Traduction]
Certes, le règlement des revendications territoriales est complémentaire au succès de l'industrie minière. À travers les négociations, des progrès sont réalisés par l'intermédiaire des politiques particulières et globales du Canada en matière de revendications territoriales. Les projets miniers dans les réserves des Premières Nations, ou à proximité de celles-ci, seraient soumis à des évaluations environnementales en vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale de 2012. Les mines sont spécifiquement désignées dans les règlements destinés à réguler les activités physiques. Elles exigeraient donc une évaluation environnementale complète sous la supervision de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale.
En outre, le Canada est tenu, en raison de ses obligations légales et contractuelles et en raison de celles que lui impose la common law, de consulter les groupes autochtones. Notre ministère a élaboré des lignes directrices qui donnent des conseils et des avis pratiques ainsi que des directives aux ministères fédéraux pour déterminer quand l'obligation de consulter peut exister et comment s'en acquitter. Le ministère facilite les activités minières près des terres des Premières Nations au moyen de programmes de soutien. Un exemple est l'Initiative sur les partenariats stratégiques. Lancée en 2010, cette initiative a soutenu plus de 400 collectivités et organisations autochtones dans la poursuite de possibilités de développement des ressources naturelles et de l'économie. Elle a permis d'établir plus de 100 nouveaux partenariats et tiré parti de près de 100 millions de dollars de financement additionnel d'autres sources. Elle a été un véhicule de financement clé pour les collectivités autochtones tant dans le cercle de feu que dans la fosse du Labrador.
L'industrie suit. Selon l'Association minière du Canada, un certain nombre de promoteurs de projets collaborent avec les collectivités autochtones en signant des ententes sur les répercussions et les avantages. C'est un pas dans la bonne direction.
Pour terminer, j'aimerais faire remarquer que la manière dont, globalement, les projets miniers se déroulent, dans les terres des Premières Nations ou à proximité de celles-ci, dépend de leur succès. Le gouvernement et l'industrie doivent fournir un engagement significatif, lequel peut aller jusqu'à des bénéfices partagés avec les collectivités.
[Français]
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
À mon avis, l'engagement du gouvernement fédéral doit se faire à travers une coordination des ministères beaucoup plus poussée que cela a été le cas. Les Premières Nations doivent remplir des formulaires chaque fois qu'ils font une demande, que ce soit auprès de FedNor, d'Affaires autochtones et du Nord Canada, du ministère de la Santé, ou qui que ce soit d'autre. Cela devient très lourd pour elles parce qu'elles n'ont tout simplement pas la capacité de s'impliquer autant qu'on leur demande de le faire. C'est l'un des défis d'ordre pratique qui existent.
Je pense que le problème a trait au fait que, selon l'interprétation courante des traités, les terres ont été dévolues aux pouvoirs publics fédéraux ou provinciaux. Ce n'est là l'interprétation d'aucun des traités que les chefs connaissent, et vous pourrez vérifier cela en parlant à n'importe quel chef en Ontario ou ailleurs au pays, concernant tous les traités numérotés. L'une des ironies de la situation est donc que l'expérience de s'impliquer avec les compagnies et avec les gouvernements a été meilleure en dehors des territoires assujettis aux traités, ce qui signifie que nous avons eu plus d'avancées au Québec et en Colombie-Britannique, par exemple, aussi dans les territoires, comme M. Van Dine l'a fait remarquer, que nous n'en avons eu dans les provinces visées par les traités. Comme vous le savez, la majeure partie de la masse continentale au sud du 60e parallèle est visée par les traités numérotés.
Alors, je pense vraiment qu'il est crucial pour le gouvernement fédéral, sans entrer trop dans les détails à ce sujet, de commencer à résoudre ce problème avec les provinces d'un point de vue pratique, pour dire, écoutez, nous avons cette question de mobilisation; nous avons le point de vue des Premières Nations qui est que leur compétence et leur juridiction s'étendent bien au-delà de ce que les pouvoirs publics ont historiquement admis; alors, nous devons créer un nouveau partenariat.
Je vous donne un exemple. Comme M. Van Dine l'a dit, ils ont cogéré des commissions au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest qui avaient pour mission de régler d'importants problèmes de gestion des terres. Il n'existe pas une telle institution en Ontario. Maintenant, c'est peut-être le cas, par suite du cadre régional — on y arrivera peut-être — mais comme pour toute négociation, il faut beaucoup de temps.
Par conséquent, je suggérerais, si je puis me permettre, que le gouvernement fédéral commence à envisager certains développements particuliers dans les vieux traités numérotés et à se demander comment il peut réellement accomplir des progrès plus importants et améliorer les relations. Franchement, ces gens sont les plus pauvres du pays. Si vous vous demandez qui sont les citoyens les plus démunis, vous devrez dire que ce sont ceux qui vivent dans les collectivités éloignées dans les provinces, là où aucun des paliers de gouvernement n'a spécialement montré de détermination à s'acquitter de ses responsabilités. Nous devons trouver une manière de mieux faire les choses. Cela signifie un engagement beaucoup plus grand de la part du gouvernement fédéral à travailler avec les provinces.
Les provinces ont un rôle essentiel à jouer. Elles touchent le revenu du développement de toutes les ressources. Elles ont historiquement la compétence pour gérer et contrôler les terres, gérer la chasse et la pêche, gérer l'exploitation des ressources et tout le reste. Nous avons le ministère des Ressources naturelles et le ministère du Développement du Nord et des Mines en Ontario. Ce sont d'importants ministères. Nous devons réellement inventer une nouvelle relation quant à la manière dont tout cela fonctionne. Je pense que le gouvernement fédéral doit être à la table et nous aider à faire cela.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie tous. Je suis ravi de vous revoir.
Monsieur Rae, vous avez dit que vous ne vouliez pas faire de politique, mais je suis sûr que les livres d'histoire nous rappelleront que votre leadership a ouvert la voie au gouvernement majoritaire de . Nous vous remercions, évidemment, d'avoir servi le pays en tant qu'élu, par le passé, et maintenant, de vos efforts visant à faciliter le développement chez les personnes avec qui vous travaillez.
Je veux surtout parler de la déclaration des Nations unies. J'étais le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires autochtones lorsque le rapport initial de la Commission de vérité et de réconciliation a été publié. Nous avons été assez étonnés que le Parti libéral dise tout de suite qu'il allait adopter toutes les recommandations du rapport de cette commission, y compris et surtout, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et la recommandation selon laquelle le Canada devrait non seulement la signer, mais aussi l'adopter et l'intégrer aux lois canadiennes.
Comme vous le savez, le gouvernement conservateur ne l'a pas signé, puis l'a fait, tout en disant qu'il s'agissait d'un projet ambitieux et qu'il ne voyait pas comment cela pourrait fonctionner compte tenu de l'article 35 et de notre cadre constitutionnel. Depuis, la a affirmé que l'intégration de cette recommandation dans les lois canadiennes est irréalisable et simpliste à l'heure actuelle.
J'ai quelques questions. Premièrement, croyez-vous que nous pouvons intégrer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans les lois canadiennes, compte tenu du cadre constitutionnel actuel, comme proposé par la Commission de vérité et de réconciliation et promis par le gouvernement actuel durant la campagne électorale?
Ma deuxième question est peut-être un peu plus complexe. La Cour suprême a statué que nous avions le devoir de consulter et d'accommoder, au besoin. Je pense que l'industrie a fini par l'accepter. Comme vous l'avez dit, les grandes entreprises tentent certainement de respecter cette norme si elles peuvent la comprendre. Le consentement libre, préalable et éclairé de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones est une norme différente, je dirais, et je sais que vous avez dit qu'il s'agissait d'un principe clé de cette déclaration.
Le Conseil principal de la forêt boréale a affirmé, par exemple, qu'il était important de souligner que le consentement libre, préalable et éclairé n'était pas possible si un peuple n'a pas la possibilité de refuser clairement de donner son consentement. Cela ressemble à un veto en langage populaire. La a déclaré que le consentement libre, préalable et éclairé ne constituait pas un droit de veto.
Il y a beaucoup de matière à réflexion ici. À votre avis, le consentement libre, préalable et éclairé constitue-t-il un droit de veto pour les projets sur les territoires traditionnels qui ne reçoivent pas le consentement des Premières Nations et, selon vous, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones peut-elle être mise en oeuvre complètement, comme il a été suggéré dans le contexte canadien?
:
Je pense qu'il ne nous reste que peu de temps. Je ne dis pas cela pour éviter de répondre à la question. Je vais essayer d'y répondre, mais cela devrait faire l'objet d'une discussion plus longue.
La première chose que je dirais, c'est que, sur son territoire de compétence, le gouvernement fédéral peut, bien entendu, mettre en oeuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il est tout à fait en droit de le faire, mais en réalité l'expression « loi canadienne » englobe aussi les provinces ainsi que les Premières Nations et, jusqu'à présent, aucune province n'a affirmé qu'elle avait l'intention de mettre en oeuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Selon moi, la déclaration des Nations unies doit être considérée comme faisant partie d'un éventail d'approches en ce qui a trait aux enjeux des Premières Nations, auxquelles, bien franchement, le Canada a activement participé au cours des 50 dernières années. Les choses ont beaucoup évolué dans notre pays en ce qui concerne la participation, l'implication, le consentement, etc., des Premières Nations. Nous devons évidemment nous pencher sur l'approche que nous avons adoptée en vertu de la loi canadienne et des décisions assez complexes de la Cour suprême du Canada quant au fait qu'ils font front commun devant le pays concernant le sens de l'article 35 et le fait que cet article sous-entend l'autonomie gouvernementale et les autres droits inhérents qui sont en place.
Je ne crois pas que vous puissiez développer avec succès les territoires traditionnels des Premières Nations sans leur consentement. Je ne crois pas que cela puisse être fait en pratique, je ne crois pas que les entreprises seraient nombreuses à vouloir le faire, et je ne crois pas qu'un gouvernement voudrait imposer ce développement à un peuple qui n'en veut tout simplement pas. Selon mon expérience, dans la plupart des cas, les gens appuient le développement à condition qu'il soit responsable et durable et qu'ils puissent y participer pleinement.
Je pense qu'il doit y avoir un véritable engagement de la part du gouvernement fédéral et des provinces envers les Premières Nations pour que le pays enclenche un processus vers une plus grande clarté en ce qui concerne la signification de cet engagement et le principe de consentement libre, préalable et éclairé. Je pense que nous y arriverons. Je suis convaincu que nous y arriverons, mais cela prendra un engagement beaucoup plus ferme que ce que nous avons connu jusqu'ici.
La décision de la Cour fédérale dans l'affaire Northern Gateway, je pense, est un message clair de la part des tribunaux que cet engagement doit être approprié. Il y a de nombreux exemples — et c'est probablement le plus important qui me vient à l'esprit — où les tribunaux ont dit « vous ne respectez pas la norme », et c'est cette norme que nous devons respecter.
Je sais que le terme « veto » inquiète tout le monde, mais, en pratique, même les plus petites entreprises avec lesquelles je me suis entretenu dans le Grand Nord de l'Ontario disent que si les gens ne veulent pas d'eux là-bas, ils n'y vont pas, parce qu'ils ne peuvent pas fonctionner physiquement si les gens s'opposent constamment à leur présence. Il suffit de penser au conflit des deux dernières semaines concernant le projet de Muskrat Falls. Compte tenu de l'importance des dissensions et des divergences d'opinions, il fallait trouver un terrain d'entente. Il faut trouver des solutions pratiques à ces situations sans les voir comme nécessitant le recours aux tribunaux.
Je pense que nous sommes arrivés au point où les gouvernements doivent prendre davantage de décisions et s'engager davantage sur ces questions.
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Bonjour. Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci au Comité permanent des ressources naturelles de son invitation. Je suis très heureux d’être ici ce matin pour vous dire comment, à mon avis, le Canada pourrait soutenir des solutions novatrices et durables et créer des possibilités économiques dans le secteur minier pour tous les Canadiens.
Premièrement, je tiens à souligner le fait que je prends aujourd’hui la parole sur les terres algonquines.
L’honorable Bob Rae, Sheilagh et Stephen nous ont d’ailleurs présenté un excellent aperçu de ce qui touche aux politiques publiques et à l’aspect juridique du débat en cours au Canada. J’espère parvenir à vous proposer une solution un peu plus pragmatique pour commencer à concrétiser certains des projets que nous voulons réaliser au Canada.
Permettez-moi d’abord de me présenter. Je m’appelle Sean Willy. Je suis le vice-président de Des Nedhe Development, une société de développement économique de la Première Nation d’English River. Dans le cadre de mon poste actuel, je travaille de près avec notre première firme d’affaires publiques autochtone, Creative Fire, qui a réalisé des contrats majeurs avec quelques grandes sociétés de l’industrie des ressources, dont PotashCorp et Cameco, pour ne nommer que celles-là.
Je suis aussi coprésident du Conseil canadien pour le commerce autochtone, et président de l’excellent programme de partenariat pour la formation autochtone, le Northern Career Quest, dans le nord de la Saskatchewan, qui est financé par le Fonds pour les compétences et les partenariats d’EDSC. Au cours des trois dernières années, Northern Career Quest a formé 1 800 personnes au nord de la Saskatchewan, dont 1 600 ont trouvé un emploi. C’est un taux de placement de 92 %.
Je fais aussi partie du conseil d’administration de l’Aboriginal Human Resource Council. Dernier point, et non le moindre, j’ai participé à la création du Comité des affaires autochtones de l’Association minière du Canada, dont j’ai été le premier président.
Mais le plus important pour moi, cependant, c’est d’où je viens. Je suis né et j’ai grandi dans le Nord du Canada. Je suis né à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest. J’ai vécu à Fort McPherson, dans les Territoires du Nord-Ouest, à Rankin Inlet, au Nunavut, et à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Je suis membre de l’Alliance métis North Slave et j’ai des liens étroits avec mes ancêtres métis et denesulines.
J’ai grandi dans une famille composée d’une mère dénée et d’un père cadre de l’industrie minière. Les discussions que nous avons actuellement concernant le devoir de consultation et le consentement préalable libre et éclairé avaient lieu à la table de la cuisine quand j’étais jeune.
Des voix: Oh, oh!
M. Sean Willy: Je suis fier de dire que j’ai commencé ma carrière dans les mines d’or des Territoires du Nord-Ouest à l’âge de 17 ans, comme employé autochtone local. Pourquoi m’ont-ils embauché? Parce que les compagnies de l’industrie des ressources des Territoires du Nord-Ouest étaient obligées d’embaucher des Autochtones de la région dans le cadre de leurs permis. J’ai commencé une longue et fructueuse carrière dans l’industrie minière. Au cours de ma carrière, que j’ai commencée comme ouvrier, j’ai fait du travail souterrain, j’ai trié des diamants, j’ai été coordonnateur du développement de la main-d’oeuvre, spécialiste en relations de travail, chef des ressources humaines, gestionnaire de la responsabilité de l’entreprise et finalement directeur de la responsabilité de l’entreprise chez Cameco Corporation.
Chez Cameco, je faisais partie de l’équipe qui dirigeait toutes les activités de mobilisation communautaire autochtone des projets d’uranium au Canada, aux États-Unis et en Australie. Cela a mené à des approches novatrices en matière de planification et de stratégies de mobilisation autochtone. Cela comprend notamment la négociation de cinq accords communautaires au Canada et en Australie, ainsi que la création d’un fonds fiduciaire patrimonial avant-gardiste dirigé par les Autochtones dans le nord de la Saskatchewan plus tôt cette année.
L’un de ces accords communautaires a été négocié et signé avec la communauté denesuline de la Première Nation d’English River, à 600 kilomètres au nord de Saskatoon, pour laquelle je travaille désormais, au sein de leur société de développement économique. La Première Nation d’English River avait un long passé de collaboration avec l’industrie de l’uranium, dans le nord de la Saskatchewan. Comme toute relation, celle-ci a eu ses hauts et ses bas, mais elle continue malgré tout à évoluer. La Première Nation d’English River a vu une possibilité intéressante. Le chef et son conseil, les aînés, la population et les leaders de la communauté ont compris que le monde avait besoin des gisements d’uranium de classe mondiale qui se trouvaient sur leurs terres traditionnelles. Ils savaient qu’ils pouvaient soutenir ce développement et améliorer le sort de leurs communautés en créant des entreprises qui travailleraient avec les sociétés minières d’uranium.
Au cours des 25 dernières années, cette démarche a donné naissance à Des Nedhe Development. J’aimerais souligner que « Des Nedhe » signifie « grande rivière » en déné. Cela fait référence à la rivière Churchill, qui traverse le nord de la Saskatchewan.
De toutes les entités de premier plan dirigées et possédées par des Autochtones au Canada, Des Nedhe fait partie des plus progressistes. Des Nedhe compte quatre volets distincts. Le premier est la division spécialisée en vente au détail et en immobilier, qui comprend la réserve urbaine de 135 acres en marge de Saskatoon. Cette division comprend une station-service, des dépanneurs et des propriétés commerciales. De plus, nous avons des propriétés à Beauval, en Saskatchewan, dont une station-service et un magasin. Ces propriétés sont en bordure de réserves satellites d’English River. Nous avons également un magasin dans la réserve de Patuanak, au nord de la Saskatchewan.
Le deuxième volet, et le coeur des activités de Des Nedhe, est notre division industrielle. Cela comprend Tron, la première entreprise d’English River spécialisée dans le domaine de la construction et des mines. En fait, Tron a été créée pour répondre à tous les besoins de l’industrie minière. Elle fait du bétonnage, de l’électricité, de l’instrumentation et de la construction. Elle a considérablement grandi grâce à un partenariat fructueux et positif avec l’industrie de l’uranium du nord de la Saskatchewan, en plus de ses contrats avec l’industrie de la potasse, en Saskatchewan.
En plus de Tron, Des Nedhe a créé un consortium local composé de plusieurs communautés autochtones et métisses du nord de la Saskatchewan afin d’assurer le développement des activités minières de Cameco. Ce partenariat a fourni d’importantes retombées socioéconomiques aux communautés situées près des activités de Cameco. Enfin, nous avons Minetec, une entreprise de fournitures minières, qui fournit tout ce dont a besoin l’industrie minière saskatchewanaise, des écrous aux boulons, en passant par le papier de toilette.
Pour limiter les risques liés à la dépendance à l’industrie de l’uranium, Des Nedhe a décidé d’investir dans certaines sociétés de premier ordre de la Saskatchewan. En 2014, Des Nedhe a acheté la majorité des parts de Creative Fire, que j’ai déjà mentionnée, et dont les 20 ans d’expérience en services aux entreprises changent complètement la donne dans l’univers des firmes autochtones de services au Canada. Avec des clients comme la Coop fédérée, Cameco, Canpotex, la Ville de Saskatoon et PotashCorp, Creative Fire assure à Des Nedhe une nouvelle source de revenus et de nouvelles possibilités d’emploi pour nos propriétaires autochtones.
En plus de Creative Fire, Des Nedhe, en partenariat avec la nation des Cris de Peter Ballontyne, a acheté, en 2015, 60 % des parts de JNE Welding, une entreprise de soudage importante et respectée à Saskatoon. JNE Welding offre ses services à plusieurs clients majeurs qui ont besoin d’acier, y compris des industries du secteur de la potasse et de l’uranium, du secteur gazier et pétrolier et du secteur manufacturier.
Le dernier volet de Des Nedhe est sa plus récente création, SAGE Power, une entreprise d’énergie renouvelable qui, lorsqu’elle est associée aux autres compagnies de Des Nedhe, devient la seule entreprise d’énergie renouvelable autochtone intégrée verticalement au Canada.
Des Nedhe est un chef de file et un modèle que nous sommes fiers de représenter, elle illustre ce qui peut être fait lorsque les Premières Nations sont mobilisées et que des partenariats sont créés au sein de l’industrie minière.
L’une des questions posées ici est: comment pouvons-nous assurer la participation réelle des peuples et des communautés autochtones à toutes les étapes de l’exploitation et de la production minières? D’après mon expérience, la vaste majorité des communautés autochtones ne sont pas contre l’exploitation des ressources, même si elles peuvent être présentées de cette façon. Lors de mes rencontres à travers le pays, j’ai constaté que les gens voulaient être traités comme des partenaires, pas comme des exigences réglementaires. Nos communautés veulent s’assurer que leurs points de vue et leurs apports seront pris en compte à toutes les étapes de l’exploitation des ressources minérales, et particulièrement lors de la planification environnementale, du suivi et du déclassement. Le fait est que les communautés autochtones sont prêtes à soutenir l’exploitation minière, mais pas sans un bon plan de gérance environnementale.
Le coeur de cette décision est la façon de faire. D’après mon expérience, la clé est de favoriser l’apport de la communauté et de créer des liens dès le départ. Oui, nous avons besoin d’une politique et d’un cadre juridique, mais je vous demande également de penser aux jeunes qui souhaitent simplement obtenir un emploi. Parfois, on s’embourbe dans la rhétorique entourant le droit et les politiques publiques, qui sont d’excellents objectifs à long terme, alors que c’est en embauchant des locaux, qui vivent actuellement de l’aide sociale, qu’on parvient à créer de la valeur pour l’ensemble des Canadiens. Lorsqu’on embauche quelqu’un, qu’on lui donne la possibilité de faire du forage ou de l’exploration ou de travailler dans une mine d’or ou d’uranium, cette personne commence à payer des taxes et des impôts. Ces emplois ont donc un effet net positif sur tous les Canadiens en ce qui concerne le PIB.
Comme je l’ai mentionné précédemment, la gérance environnementale est essentielle, mais le plus important est la façon de mobiliser la communauté. Un plan de participation communautaire solide permettra d’éclaircir les intentions et les objectifs à long terme des deux parties. Dans la plupart des cas, j’ai observé que les compagnies et les communautés se découvraient même des objectifs communs. Un bon exemple de cela est le Nord du Canada. Quand une communauté et une compagnie s’assoient ensemble, elles peuvent découvrir l’importance que revêt l’accès routier pour les deux parties. Elles peuvent alors travailler ensemble sur le financement et les possibilités de PPP dans le but de construire une route qui réduira le coût de la vie de la communauté tout en rendant les gisements plus accessibles.
Ces objectifs communs entraînent également des retombées socioéconomiques partagées. Cela comprend notamment le développement de la main-d’œuvre par la formation, l’éducation et l’embauche d’Autochtones. Au Canada, l’industrie minière a toujours donné l’exemple en embauchant des milliers d’Autochtones comme moi. Bon nombre d’entre eux ont eu des carrières florissantes. Des emplois et le soutien à l’éducation, grâce à des bourses et à la participation à des programmes de formation préalable à l’emploi, offrent des possibilités aux générations futures.
Le deuxième point important est le développement des affaires; lorsque les communautés et les compagnies discutent et planifient ensemble des moyens d’offrir des possibilités de contrats de services miniers aux communautés autochtones. Nous avons observé qu’investir dans les plans d’affaires autochtones est la meilleure façon de combler le retard socioéconomique, puisque cela permet non seulement de créer de nouveaux emplois, mais également d’assurer de nouvelles sources de revenus autonomes aux communautés.
Troisièmement, il y a l’investissement communautaire. Cela peut prendre plusieurs formes, du simple partage de revenu en vertu d’ententes sur les répercussions et les avantages, aux budgets annuels lors desquels la compagnie et la communauté travaillent ensemble pour financer des projets communautaires dans différents domaines, comme l’éducation, la culture, les aînés ou les jeunes.
Enfin, nous revenons à la gérance environnementale. Comme je l’ai mentionné précédemment, il est essentiel que les apports autochtones soient pris en compte à chaque étape. Mais comment? Les programmes comme les comités mixtes, les ateliers de savoirs traditionnels des aînés et les séances de mobilisation des jeunes sont des outils formidables pour s’assurer de tenir compte de l’apport de la communauté. Au Canada, des programmes avant-gardistes vont jusqu’à confier tout le travail de déclassement directement aux communautés autochtones les plus proches, de sorte qu’elles aient leur mot à dire tant dans la remise en état du site que dans le suivi des progrès.
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Merci de me recevoir aujourd’hui. Je suis le président de KWG Resources, l’une des deux sociétés d’exploitation juniors qui essaient encore d’exploiter le Cercle de feu.
Les sables bitumineux canadiens sont situés loin dans des territoires désolés, habités principalement par des Autochtones. La valeur des sables bitumineux est évaluée à plus de 2 billions de dollars. Lorsque le prix du pétrole a chuté récemment, le dollar canadien en a fait autant.
Les impacts environnementaux sont une préoccupation majeure en ce qui concerne l’exploitation des sables bitumineux. L’industrie et les gouvernements ont dépensé plus de 100 milliards de dollars pour l’exploitation des sables bitumineux, qui devraient contribuer à l’économie canadienne pour les 170 prochaines années.
De plus, le Canada possède de riches réserves minérales dans le Cercle de feu, qui sont aussi situées loin dans des territoires désolés, habités principalement par des Autochtones. Ils vivent dans des localités isolées à la périphérie des basses terres inhabitables de la baie James, qui sont seulement accessibles par des routes d’hiver. L’exploitation du Cercle de feu pourrait être le catalyseur qui permettrait à ces Premières Nations de faire partie du tissu de notre société.
Le principal minéral qu’on trouve au Cercle de feu est la chromite. On estime qu’il devrait y avoir pour environ 600 milliards de dollars de chromite enfouie dans le sol. L’industrie et le gouvernement n’ont dépensé jusqu’à maintenant que 1 milliard de dollars pour l’exploitation du Cercle de feu. Or, je crois que l’exploitation du Cercle de feu pourrait être le prochain moteur majeur de l’économie canadienne. J’estime que cela pourrait ajouter 2 % à notre PIB, soit 35 milliards par année pendant les 100 prochaines années, et même plus. Comment? Près des deux tiers du chrome produit dans le monde sont vendus aux Chinois, qui produisent près des deux tiers de l’acier inoxydable de la planète. Il y a quelques mois, nous avons payé pour qu’un groupe de neuf ingénieurs chinois se rendent au Cercle de feu pour étudier la faisabilité de la construction et du financement, par la Chine, d’un accès ferroviaire au Cercle de feu.
Cette région du Nord canadien constitue une grande partie de l’écosystème continental en haut de 50e parallèle, qui contient le tiers de tous les arbres de la planète. Ils filtrent nos émissions de carbone. Les tourbières, comme celles qui composent le Cercle de feu, sont en réalité les puits de carbone les plus efficaces de la planète. D’autre part, la Chine et son industrie de l’acier sont reconnues pour être les plus grands pollueurs de la planète. Toutefois, ils s’efforcent actuellement de régler le problème. En février dernier, ils ont signé une déclaration commune avec le Canada concernant la coopération entre les deux pays dans le domaine des technologies propres. Le Canada, principalement le Nord, génère des crédits d’émissions importants, et la Chine a une obligation envers le monde de compenser sa pollution avec des crédits d’émissions.
Le Cercle de feu peut aisément être exploité, en coopération avec les 24 000 Autochtones des localités nordiques de la baie d’Hudson, en utilisant des technologies propres. L’autre option, c’est de procéder comme nous l’avons toujours fait: avec de vieilles technologies et de vieux modes de transport, qui contribuent au réchauffement climatique et interfèrent avec le délicat écosystème de cette région encore vierge.
Elon Musk est né à Regina d’une mère autochtone. Il a étudié à l’Université Queen's, à Kingston, avant de s’expatrier aux États-Unis et de s’installer dans la Silicon Valley et d’éventuellement créer Tesla, et maintenant SpaceX, tout en s’efforçant constamment de faire une différence dans le monde en matière d’écologie. Notre entreprise a développé une technologie propre pour la valorisation de la chromite à l’aide de gaz naturel, ce qui est jusqu’à 80 % moins dommageable pour l’environnement que la technique actuelle de l’arc électrique. Le Laboratoire de CANMET de Ressources naturelles Canada, qui teste actuellement notre technologie, fait de l’excellent travail et obtient des résultats remarquables. Commercialiser cette technologie permettrait au Canada de devenir le producteur de ferrochrome à plus faible coût dans le monde.
L’exploitation du Cercle de feu nécessitera 3 milliards de dollars de financement, principalement pour une infrastructure de transport respectueuse de l’environnement et de la toundra, grâce à une communication ferroviaire entre le Nord et le Sud. Le décor est planté. Le président de la Chine a besoin de notre chrome et de nos crédits d’émissions. Notre premier ministre et notre gouvernement ont des obligations à l’égard de l’environnement et des peuples autochtones, et vous êtes tous tenus de garantir la croissance et la prospérité du Canada.
Je vous demande donc de prier le de proposer au président chinois cette élégante solution, qui profiterait au Canada pendant les 100 prochaines années. La Chine achèterait le chrome du Cercle de feu dans le cadre d’un programme d’achats de plus de 100 ans. Un tel engagement de la Chine permettrait de financer toute l’exploitation du Cercle de feu, et nous donnerions à la Chine du chrome et des crédits d’émissions en compensation. La Chine et le Canada obtiendraient de l’attention à l’échelle internationale pour un tel échange.
Revenons maintenant à Elon Musk. KWG travaille avec Elon, par l’entremise de l’un de ses incubateurs, sur une solution révolutionnaire en matière de transport du minerai et des personnes entre le sud du pays et le Cercle de feu. Nous l’appelons le projet d’hyperlien du Cercle de feu. D’après la presse, le gouvernement du Canada soutient le projet Hyperloop de TransPod, un lien rapide entre Toronto et Montréal. Imaginez les anciens tubes pneumatiques des grands magasins, qui servaient à envoyer les factures, mais imaginez qu’on installe plutôt du minerai et des personnes dans ces capsules.
Le magazine Toronto Life affirme que dans 50 ans la ville comptera 13 millions de personnes et qu’un Hyperloop nous permettra d’aller à Montréal en 30 minutes. Je dirais, pour ma part, que nous devrions d’abord nous préoccuper de nos obligations envers les Autochtones. Seulement 36 % d’entre eux obtiennent un diplôme secondaire. Nous croyons qu’une façon plus élégante, efficiente, rentable et écologique d’utiliser la technologie de l’Hyperloop serait de construire un lien entre le Cercle de feu et Nakina, dans le nord de l’Ontario.
En plus de permettre le transport de la chromite, il créerait des emplois et de l’écotourisme qui seraient impossibles sans une infrastructure de ce genre. Bien sûr, cela nécessiterait une étude de rentabilité qu’il faudrait comparer à notre étude de faisabilité sur le financement et la construction d’un chemin de fer traditionnel chinois.
Mesdames et messieurs, je crois que j’ai répondu à vos questions. Je vous ai présenté une stratégie de croissance sur 100 ans, qui a le potentiel des sables bitumineux de l’Alberta et qui entraînera une croissance du PIB d’au moins 35 milliards par année et une croissance économique cumulative à long terme de 3,5 billions de dollars, à mon avis. Je vous ai parlé du levier que nous avons pour contrôler la source gigantesque et unique de chromite dans l’hémisphère Nord. Et la Chine a besoin de ressources. Nous croyons qu’ils souhaitent ardemment la coopération du Canada, qui leur permettrait d’acheter du chrome et, par conséquent, de financer le projet. Nous croyons que le n’a qu’à leur demander de confirmer la transaction.
Monsieur le président, vous et moi avons un ami commun, un courtier. Pour les courtiers, le principe de base est simple: il faut demander au client de confirmer la transaction. Je pense que nous sommes dans une situation entre nos deux pays où le n’a qu’à leur demander de confirmer la transaction.
Je vous ai présenté deux technologies qui auraient un impact extrêmement positif sur l’environnement et qui forceraient l’admiration du monde entier par le recours que feraient la Chine et le Canada d’une technologie propre pour l’extraction d’une nouvelle source de minerai. Je vous ai présenté un programme qui profiterait aux peuples autochtones, que nous maintenons isolés dans des territoires éloignés, qui sont maintenant essentiels à la survie de la planète.
En terminant, j’aimerais vous demander de me recevoir à nouveau, en compagnie de tous les scientifiques, les dirigeants et les financiers qui aimeraient participer à ce genre de développement dans le Cercle de feu, ainsi que les leaders autochtones des basses terres de la baie James. Réunissons-nous tous ensemble pour en discuter. Je peux vous affirmer, sans l’ombre d’un doute, qu’ils sont plus que prêts. Ils ont juste besoin de savoir que le projet vous intéresse. Nous aimerions que le soit aussi présent lors de ces discussions. Pour notre part, nous nous engageons à inviter notre compatriote autochtone, Elon Musk.
Merci.
Bonjour, monsieur le président. Bonjour à tous les membres du Comité. Je tiens à vous remercier de m’offrir la possibilité de vous parler aujourd’hui au nom des membres de l’Association canadienne des exportateurs d’équipements et services miniers, ou la CAMESE. Je m’appelle Ryan McEachern. Je suis le chef de la direction de l’Association.
Dans ma déclaration préliminaire, j’aimerais d’abord vous dresser un bref portrait de notre Association et de ses membres, pour ensuite souligner certaines constatations clés d’une étude à laquelle nous avons participé, et qui démontre en quoi les fournisseurs miniers jouent un rôle important dans la création d’emplois dans l’écosystème minier, et, finalement, faire ressortir les secteurs majeurs que le gouvernement devrait soutenir pour que le secteur minier canadien ait une assise solide en vue de sa croissance future et qu’il demeure un chef de file mondial dans l’industrie minière.
La CAMESE est la porte-parole nationale du secteur de l’approvisionnement et des services miniers du Canada. Depuis 35 ans, l’Association aide ses membres à trouver des possibilités de croissance dans l’industrie minière au Canada et ailleurs dans le monde. Les quelque 300 entreprises qui composent notre Association sont situées partout au pays et fournissent l’industrie minière à toutes les étapes de ses activités: exploration minière, exploitation des ressources, conception et construction des mines, exploitation des mines et raffinage, remise en état des sites miniers et fermeture de mines. La plupart sont des petites et moyennes entreprises, ou PME.
Je m’attarderai davantage sur le portrait des fournisseurs miniers dans la deuxième partie de ma déclaration préliminaire, mais disons qu’en général on estime que près de 3 700 entreprises au Canada se définissent comme des fournisseurs miniers.
Je m’intéresserai seulement au Canada aujourd’hui, mais j’aimerais souligner que l’exportation est un volet important de notre association. Comme le Canada ne représente que 0,05 % de la population mondiale et 2,5 % du PIB mondial, nous sommes, à toutes fins utiles, une nation commerçante. Par conséquent, bon nombre de nos membres font de l’exportation, étant donné les excellentes occasions d’affaires sur le marché international pour le réseau canadien des fournisseurs miniers. En plus de la clientèle internationale, nous avons de nombreuses occasions d’affaires grâce aux activités d’exploration et d’exploitation des sociétés canadiennes à l’étranger. Actuellement, plus de 2 000 sociétés canadiennes d’exploration et d’exploitation minières ont des activités à l’extérieur du Canada, dans pas moins de 120 pays.
Cela étant dit, les possibilités de croissance sont nombreuses au pays, comme le souligne l’Association minière du Canada, qui parle de près de 145 milliards de dollars de nouveaux investissements miniers potentiels au cours des 10 prochaines années.
Revenons maintenant à notre étude. Un rapport du Conference Board du Canada décrit le secteur de l’approvisionnement et des services miniers en ces termes: « une industrie de plusieurs milliards de dollars, une industrie très diversifiée au Canada et partout dans le monde qui demeure toutefois un secteur “caché” qui n’est pas directement mesuré ou suivi ». Pour aider à mieux comprendre et à clarifier ce secteur caché, la CAMESE a participé à une étude d’impact économique ontarienne sur le secteur de l’approvisionnement et des services miniers; une recherche menée par PricewaterhouseCoopers et financée par le ministère du Développement du Nord et des Mines de l’Ontario, Ressources naturelles Canada et l’Association minière du Canada.
J’aimerais vous communiquer certaines des constatations de cette étude. La première est que le secteur de l’approvisionnement et des services miniers est composé d’entreprises extrêmement diversifiées. Les auteurs de l’étude regroupent les fournisseurs miniers en trois grandes catégories: 58 % sont classées dans la catégorie « équipement, fournitures et services miniers », et 13 % font partie de la catégorie « services miniers contractuels ». Ces deux catégories représentent ce que la plupart des gens imaginent être des fournisseurs miniers typiques. Les 31 % qui restent, qu’on regroupe dans la catégorie « services consultatifs et autres », sont souvent négligés. Il s’agit, par exemple, de services financiers, de firmes comptables, de firmes d’avocat, de services environnementaux et de firmes de technologie de l’information.
La deuxième constatation est liée à cette dernière catégorie. On apprend que près d’un tiers des entreprises d’approvisionnement et de services miniers sont situées dans le nord de l’Ontario, où se trouvent la plupart des mines, et que 20 % de ces entreprises sont situées dans la grande région de Toronto. Le secteur de l’approvisionnement et des services miniers n’est donc pas juste l’affaire du nord de l’Ontario. Les mines du nord génèrent de l’activité dans le sud de la province.
La troisième constatation importante est que près de 88 % des entreprises interrogées sont de petites ou moyennes entreprises. De plus, 70 % d’entre elles disent exporter à l’extérieur du Canada. Cela correspond d’ailleurs au profil de nos membres partout au Canada.
La dernière constatation que j’aimerais souligner est qu’en matière d’emplois directs, le secteur de l’approvisionnement et des services miniers cumulait, au moment de l’étude, 68 000 employés, soit deux fois et demie plus d’emplois que dans les sociétés minières elles-mêmes, et que, par conséquent, sa contribution directe au PIB de l’Ontario correspondait à environ 77 % de celle des sociétés minières.
Ce point est important, car si l’exploitation minière est un fabuleux moteur économique pour développer les régions éloignées canadiennes, où de nombreuses communautés autochtones sont établies, le secteur de l’approvisionnement et des services miniers partout au pays est, et restera, un important moteur de création d’emplois dans ces régions éloignées, et tout particulièrement pour les communautés autochtones.
Enfin, j’aimerais vous indiquer les secteurs que le gouvernement fédéral devrait soutenir ou continuer à soutenir afin de consolider l’assise de la croissance économique future du secteur minier canadien et d’assurer que le Canada demeure un chef de file mondial dans l’industrie minière, car un secteur minier fort voudra aussi dire un secteur de l’approvisionnement et des services miniers fort.
Premièrement, nous croyons que le gouvernement devrait soutenir le financement accréditif et un crédit d’impôt pour l’exploration minière, comme le propose l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs. Ce sont deux leviers importants pour soutenir et encourager les découvertes et l’exploration préliminaire, qui sont les premières étapes de l’exploitation minière. L’ACPE note que « le ministère des Finances estime que chaque dollar de financement accréditif génère 2,60 $ de dépenses liées à l’exploration au Canada, et qu’une bonne partie de ces sommes soutiennent l’exploration près des communautés autochtones éloignées ».
Nous appuyons les investissements dans l’infrastructure afin de réduire les coûts de développement des mines dans le Nord. L’Association minière du Canada, en collaboration avec l’ACPE, a publié un rapport démontrant que les mines dans le Nord coûtent deux à deux fois et demie plus cher à développer qu’une mine similaire plus au sud. Nous appuyons également la proposition de banque indépendante d’investissements dans l’infrastructure de l’AMC, un concept similaire à la banque de l’infrastructure d’Alaska, qui, grâce à ses investissements dans les routes et les ports, a joué un rôle clé pour convaincre la minière canadienne Teck Resources de construire la mine Red Dog.
De plus, nous appuyons tous les efforts pour garantir les échéanciers et réduire les goulots d’étranglement qui ralentissent l’ouverture des mines.
Enfin, pour rester un joueur mondial dans l’industrie, nous croyons que le gouvernement devrait soutenir les demandes de financement comme la stratégie Vers une exploitation minière sans résidus du Conseil canadien de l’innovation minière, dirigée par l’industrie, qui demande 50 millions de dollars sur cinq ans. Ce projet, qui nécessitera l’étroite collaboration des fournisseurs miniers, sera instrumental dans la création de solutions novatrices pour améliorer la gestion des résidus miniers et assurer la position de chef de file mondial du Canada dans l’industrie minière.
Merci de votre temps et de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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C’est la première fois de l’histoire qu’on découvre, dans l’hémisphère occidental, du chrome, ou de la chromite, qui est le minéral lui-même, en quantités suffisantes pour qu’il soit exploité de façon rentable, mais cela va bien au-delà de ça. Le gisement est si important qu’il contient, pour ainsi dire — et ce malgré le peu de renseignements que nous avons obtenus avec les forages de surface —, du minerai pour une centaine d’années, et suffisamment pour répondre à une grande partie de la consommation mondiale. Il n’est pas nécessaire de tout extraire et d’être le seul fournisseur mondial, mais on peut certainement occuper une part du marché.
La chromite devient du ferrochrome, et le ferrochrome sert à produire de l’acier inoxydable. On ne peut produire d’acier inoxydable sans chrome. Certaines qualités d’acier inoxydable contiennent également du nickel. On peut faire de l’acier inoxydable sans nickel, mais pas sans chrome. L’acier inoxydable est composé d’une part de chrome et de quatre parts de fer.
Le monde consomme plus que jamais de l’acier inoxydable. Ceux d’entre vous qui ont eu le plaisir de conduire sur la Gardiner, à Toronto, savent ce qui arrive lorsqu’on utilise des matériaux qui peuvent rouiller, dans les armatures et... Notre infrastructure tombe en ruine. Presque partout dans le monde, on exige maintenant que les nouvelles constructions — les gratte-ciel, les ponts, tout — utilisent des barres d’armature en acier inoxydable. C’est donc un métal qui fera partie de nos vies dans un avenir prévisible.
Traditionnellement, la chromite était un sous-produit de l’extraction du platine et du palladium en Afrique du Sud, ils en ont donc de grosses réserves; mais il est différent du nôtre. Leur problème est qu’au cours des dernières décennies, pendant près d’un siècle à vrai dire, ils ont investi dans un plan majeur d’immobilisation pour raffiner leur chromite et leur ferrochrome à l’aide d’électricité. Or, ils n’ont plus d’électricité de disponible, ce qui leur pose un problème majeur. C’est l’occasion, pour le Canada, d’utiliser une autre méthode, que ce secteur particulier de notre industrie connaît depuis près de 50 ans, c’est-à-dire la « réduction directe ». La chromite ne se transforme pas sous forme de gaz ou de liquide, mais reste à l’état solide. Le gaz naturel est alors la source de chaleur. La réduction directe de la chromite en ferrochrome est une méthode beaucoup plus efficace et écologique.
Nous avons la possibilité de créer un ferrochrome à valeur ajoutée. Nous n’en consommons pas ici, mais nous pouvons l’exporter là où il est consommé. C’est une excellente occasion d’affaires pour le Canada. Nous pourrions exporter une petite partie de notre grande réserve de gaz naturel et une petite partie de notre grande réserve de chromite.
Dans l’industrie minière, comme mes collègues vous l’ont dit, on peut compter sur les doigts d’une main, dans l’histoire de l’humanité, les gisements qui produisent plus de quelques décennies, imaginez un siècle, et peut-être même deux! Voilà ce qu’est le Cercle de feu. C’est phénoménal.
Je sais, pour avoir passé du temps en Chine, qu’ils sont très enthousiastes à l’idée de pouvoir s’approvisionner du Canada, comme solution de rechange à leurs sources d’approvisionnement actuelles. Ils achètent habituellement du concentré ou de l’aggloméré, des matériaux partiellement raffinés, qu’ils ramènent en Chine. Ils doivent alors utiliser des sources d’énergie coûteuses et extrêmement polluantes — de l’énergie produite à base de charbon — pour transformer le tout en ferrochrome. Ils sont donc très intéressés par la possibilité de collaborer avec nous au développement d’une solution de rechange plus efficace et plus écologique.
J’ai été étonné et très heureux de voir, lors de la COP21, les dirigeants de nos deux pays signer la déclaration sur l’utilisation de technologies propres. C’est exactement la possibilité offerte par le Cercle de feu.
Je tiens à m’excuser, je pourrais continuer pendant des heures, comme vous pouvez le voir, mais voilà ma réponse en gros.