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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de me permettre de comparaître ici aujourd'hui au nom de Domtar.
Les membres de ce comité savent peut-être que Domtar est un important fournisseur d'une grande variété de produits à base de fibre, dont divers types de papiers, de la pâte commerciale et des produits hygiéniques absorbants. Nos ventes annuelles dépassent les 5 milliards de dollars, et nous comptons environ 10 000 employés dans plus de 50 pays. Domtar est animée par la volonté de transformer la fibre de bois durable en produits utiles sur lesquels les gens peuvent compter au quotidien. L'histoire de notre entreprise remonte à il y a très longtemps au Canada, au XIXe siècle. Domtar est l'acronyme désignant la Dominion Tar Company. Aujourd'hui, environ 25 % des installations de fabrication de Domtar se trouvent au Canada, principalement en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec. Nous employons plus de 2 500 personnes dans ces trois provinces. Le Secteur des pâtes et papier, qui est celui que je représente, compte 13 usines de pâtes et papiers au Canada et aux États-Unis. Quatre d'entre elles se trouvent au Canada, comme je l'ai mentionné, soit en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec.
Nous nous intéressons de près à la bioéconomie à faibles émissions de carbone. Nous comprenons que c'est une très bonne chose pour le Canada et les travailleurs canadiens des régions rurales que de nous doter d'une économie fondée sur nos forêts abondantes et renouvelables, ainsi que sur les sous-produits agricoles. La bioéconomie nous permettra de réduire l'empreinte écologique du Canada, d'offrir des produits durables sur le marché mondial et de faire preuve de leadership en matière de durabilité dans le monde. En outre, bien sûr, du strict point de vue de notre entreprise, nous croyons que la croissance de la bioéconomie et les conditions favorables à la bioéconomie sont porteuses d'un bel avenir pour Domtar, puisqu'elles vont dans le sens de notre fort impératif de renouvellement.
Permettez-moi de m'expliquer.
Forte de ses plus de 150 ans d'histoire, Domtar sait se réinventer pour s'adapter à l'évolution des marchés, donc comme les technologies numériques font graduellement diminuer la demande de papiers de communication, qui font partie de nos principaux produits, nous avons commencé à redéployer nos actifs pour favoriser d'autres marchés à base de fibre. Ce processus se poursuit depuis une bonne quinzaine d'années. Personnellement, je travaille depuis 10 ans dans ce contexte, pour ce qui est du développement technologique.
Parallèlement à cette évolution, nous sentons la pression constante des forces concurrentielles des autres pays producteurs de produits forestiers, si bien que nous évoluons dans un milieu très concurrentiel. Je suis fier de vous dire que Domtar réussit à tirer son épingle du jeu depuis que je m'y suis joint, il y a 10 ans, comme depuis longtemps, bien sûr.
Certains de nos produits comme les papiers de communication connaissent un déclin constant de 2 à 3 % par année depuis longtemps. Comme je l'ai déjà mentionné, il en est ainsi depuis une dizaine d'années, mais depuis probablement 15 ans, par exemple, le marché des papiers fins non couchés, qui sont les papiers d'impression et d'écriture que nous utilisons tous, a décliné de plus de 60 % depuis son plus haut sommet. Ces facteurs macroéconomiques ont mené à la fermeture ou à une réaffectation importante des installations de pâtes et papiers dans toute l'industrie. Domtar ne fait pas exception. Nous avons fermé de nombreux établissements au Canada comme aux États-Unis, et nous nous sommes beaucoup investis dans la réaffectation d'autres usines pour favoriser des produits d'avenir.
Malgré tous ces défis, Domtar entrevoit une excellente occasion de renouvellement grâce à l'innovation. Nous sommes déterminés à nous donner et à conserver un rôle de chef de file mondial dans la nouvelle bioéconomie. Ainsi, nous misons sur la création de bioraffineries sur les sites mêmes de nos usines existantes de pâtes et papiers; autrement dit, nous voulons tirer avantage de notre infrastructure existante et de notre chaîne d'approvisionnement. Cette chaîne d'approvisionnement est l'un de nos principaux atouts.
Comme une raffinerie de pétrole, la bioraffinerie est une usine de fabrication où l'on peut produire tout un éventail de produits afin de répondre à une vaste panoplie de besoins du marché, qui continueront d'évoluer avec le temps, si bien que nos installations doivent demeurer souples et adaptables. Ainsi, nous ne fabriquons pas que des produits de fibre et de papier, mais un vaste éventail de bioproduits, c'est-à-dire des biomatériaux, des biocarburants, des produits biochimiques et de toutes sortes d'autres produits dérivés de la source durable et renouvelable que constituent les forêts canadiennes.
Nous n'en sommes pas au premier jour dans cette aventure. Comme je l'ai mentionné, j'y travaille depuis 10 ans. C'est mon principal objectif.
Au-delà de mon groupe, l'entreprise Domtar travaille à la mise au point de bioproduits à valeur ajoutée dans le cadre de plusieurs projets, au développement de leurs applications et des marchés. L'une des difficultés, c'est que nous essayons à la fois d'inventer la roue et de rouler. Nous essayons de créer des marchés alors que nous commençons à peine à fabriquer les produits.
Notre programme s'organise autour de cinq principaux groupes de produits. Je n'entrerai pas dans les détails, mais ces cinq groupes correspondent essentiellement aux composantes de la biomasse ligneuse qui alimentent notre chaîne d'approvisionnement. Nous croyons que ces produits sont porteurs d'un potentiel commercial transformateur. Notre stratégie de base se résume en quatre éléments clés.
Premièrement, nous comprenons le rôle critique de l'innovation dans la création de cette bioéconomie. Chez Domtar, nous privilégions une méthodologie d'innovation ouverte. Nous établissons activement des partenariats collaboratifs avec des utilisateurs finaux, des fournisseurs technologiques, des universités, des centres de recherche, des organismes gouvernementaux, des entreprises en démarrage et des organismes de financement gouvernementaux. Ce sont là autant d'éléments fondamentaux de notre programme d'innovation.
Deuxièmement, outre l'innovation ouverte, nous participons activement à l'avancement de la technologie grâce à l'exploitation d'usines pilotes. Je suis très fier du fait que Domtar soit un chef de file mondial de la démonstration de nouveaux bioproduits en association avec les usines de pâtes et papiers existantes.
Le troisième élément de notre stratégie consiste à nous positionner comme le catalyseur par excellence. Je veux dire que comme nous croyons fermement à l'innovation ouverte et que nous en dépendons, en fait, nous voulons exceller à cet égard. Nous voulons créer un environnement propice à ce que les gens se tournent d'abord vers nous pour soumettre leurs idées. Pour y arriver, nous nous assurons de prendre nos décisions rapidement, et grâce à notre réputation, nous arrivons à mener des projets plutôt qu'à les étudier indéfiniment, et nous les menons rapidement, avec efficacité. Nous n'acceptons pas toutes les propositions qui nous sont soumises, mais nous les évaluerons très rapidement afin de pouvoir dire si elles nous intéressent ou non.
Le quatrième volet consiste à nous assurer de la durabilité de la certification par une tierce partie de notre approvisionnement en matières premières. Pour la production de pâtes et papiers, nous utilisons principalement les résidus d'autres activités forestières, soit celles des scieries. De par nos propres pratiques d'aménagement forestier comme celles de nos fournisseurs résiduels, nous croyons que la durabilité de nos forêts est fondamentale pour la réussite de la bioéconomie. Ceux et celles d'entre vous qui avez reçu nos notes d'information verront qu'elles sont imprimées sur du papier sans bois non couché certifié par le FSC.
Nous pourrions citer beaucoup d'exemples. Plutôt que de me perdre en détails, je ne ferai que les mentionner. Pour l'essentiel, ce sont des exemples fructueux de projets très avant-gardistes que Domtar a menés à bien. Nous avons également connu des échecs qui se sont attirés une très grande visibilité. Comme j'en suis responsable, j'évite d'en parler. Je vous dirai surtout que quand on essaie de stimuler l'innovation pour transformer le marché, on s'expose à beaucoup de risques et à un degré élevé d'incertitude. Une façon positive de présenter les choses serait de dire que le taux de succès est relativement faible et qu'il faut être prêts à l'accepter quand on se lance dans l'aventure.
Je pourrais vous donner l'exemple, premièrement, de l'usine pilote commerciale de NCC à Windsor, au Québec, la première au monde en son genre à fabriquer de la cellulose nanocristalline. Il s'agit là d'un projet conjoint mené en partenariat avec FPInnovations, qui a été baptisé CelluForce, et je pense que vous en entendrez les représentants aussi. Bien sûr, cette installation a été construite grâce à un vif appui de RNCan et à des sources de financement provinciales.
Un autre exemple canadien en est la création et le déploiement commercial d'une fibre de spécialité propriétaire qui renforce les produits auxquels elle est ajoutée. Elle a été mise au point par Domtar, en collaboration avec l'Université de la Colombie-Britannique et un cégep du Québec. L'usine en question s'appelle Innofibre et est établie à Trois-Rivières. Ce matériau unique et précieux a été déployé commercialement pour la première fois à notre usine de Windsor, au Québec. Elle est maintenant présente dans tout notre système de fabrication, et nous essayons d'obtenir les permis nécessaires pour exporter cette technologie à l'externe. C'est un projet très influent qui a connu beaucoup de succès; ce procédé est né au Canada, a été éprouvé au Canada et y est déployé.
Nous travaillons également à trois autres projets pilotes novateurs dans le système canadien, qui reçoivent tous l'appui de RNCan et du CRSNG, en collaboration avec trois universités canadiennes et deux laboratoires de recherche fédéraux.
Ces projets se fondent sur la valorisation de la lignine et son intégration à la thermoplastique afin de fabriquer des produits thermoplastiques à base de lignine, ainsi que sur les procédés de pyrolyse rapide et les technologies de gazéification, qui sont intégrés aux activités des usines de pâtes existantes afin de générer des biocarburants et des bioproduits à valeur ajoutée. Il y a ensuite l'utilisation potentielle de la biomasse ligneuse sous-utilisée pour la production et la conversion de sucres fermentescibles.
Mais le plus important, c'est peut-être ce que nous prévoyons faire à l'avenir. Domtar et mon équipe — je vais la pistonner un peu ici — sont en train de concevoir un projet de parc de bioraffinage intégré et multidisciplinaire à notre usine phare de Windsor, qui sera un modèle dans le monde. Ce projet fera intervenir de nombreuses innovations jamais vues, qui permettront la création de plusieurs nouveaux bioproduits. Il s'agit d'établir un parc de bioraffinage unique, souple et adapté au marché, qui se composera d'unités opérationnelles interchangeables et adaptables, pouvant être reconfigurées et utilisées pour le déploiement initial de nouveaux bioproduits aux stades précoces de la commercialisation. Ce sera le prochain maillon de la chaîne d'innovation après le projet pilote. Le déploiement aux stades précoces de la commercialisation constitue actuellement le maillon faible de la chaîne d'innovation. Nous espérons que ce parc de bioraffinage renforce beaucoup notre réputation d'entreprise catalyseur par excellence et qu'il procure à Domtar un avantage concurrentiel mondial afin d'attirer des projets technologiques transformateurs dont elle pourra tirer parti.
Pour terminer, j'aimerais vous parler un peu du système d'innovation au Canada. En sa qualité d'entreprise de production forestière, Domtar a accès au système d'innovation du Canada. J'aimerais souligner brièvement que nous sommes heureux de travailler au Canada. Notre empreinte se trouve à 25 % au Canada, mais plus de 75 % de nos activités de R-D se font au Canada, grâce à l'infrastructure qu'on y trouve, aux politiques publiques favorables et aux programmes de subventions. Domtar appuie et utilise abondamment les programmes provinciaux et fédéraux du spectre de l'innovation, et elle bénéficie beaucoup de leur soutien. Il y en a de nombreux exemples. Je souligne particulièrement les programmes de RNCan et du CRSNG; nos collaborations avec des laboratoires fédéraux comme ceux du CNRC et de Canmet; puis bien sûr, les universités. Les universités du Canada produisent d'excellents chercheurs, dont nous avons désespérément besoin et que nous employons en nombre croissant depuis quelques années.
Pour conclure, je mentionne que chez Domtar, nous croyons à une bioéconomie à faibles émissions de carbone et que nous nous employons activement à favoriser l'innovation et le renouvellement nécessaires pour que Domtar poursuive sa croissance. Nous nous réjouissons à l'idée de poursuivre ce travail avec vous tous.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les membres du Comité de me permettre de leur faire part de mon point de vue et de mes observations. Ceux-ci se fondent sur mon expérience d'ex-fonctionnaire fédéral pour le service extérieur du Canada et plus récemment, de directeur exécutif de l'innovation bioindustrielle pour une organisation du nom d'Alberta Innovates.
Alberta Innovates est une organisation provinciale de recherche et d'innovation. Nous avons une équipe qui s'adonne à la recherche en tant que telle, mais la plupart de nos services visent plutôt à financer des activités de recherche.
Depuis que je me suis joint à l'organisation, en 2007, je travaille avec les milieux de l'agriculture et de la foresterie afin de cerner les possibilités de développement économique et la façon d'assurer notre viabilité économique grâce à la mise au point de nouveaux produits et de nouveaux procédés.
De manière générale, nous connaissons bien mal les fibres. Je sais que votre étude cible l'industrie forestière, mais dans bien des régions du Canada, l'industrie forestière n'est pas si éloignée de l'industrie agricole. Il y aurait moyen de regrouper nos stocks de fibres pour répondre aux besoins du secteur bioindustriel canadien, qui est en plein essor. Je serais porté à favoriser une approche plus ouverte, qui reconnaîtrait la valeur de toutes les formes de fibres, en agriculture comme en foresterie.
Pour beaucoup d'utilisateurs finaux, la biomasse reste de la biomasse, d'où qu'elle vienne. J'irais même jusqu'à dire que nous aurions tout intérêt à inclure les déchets solides municipaux dans l'équation en plus des fibres agricoles et forestières. Dieu sait qu'en Alberta, on génère assez de déchets solides municipaux. Je présume que c'est la même chose partout au pays. Nous avons besoin de nouveaux programmes multidisciplinaires, qui intégreraient divers secteurs et nous permettraient d'exploiter diverses sources de matières premières pour le développement bioindustriel.
Nous voudrions donc probablement investir davantage dans les grands éléments de système et de logistique afin de transporter plus efficacement ces sources de biomasse vers les établissements qui pourraient les utiliser. Il faut stimuler la recherche et le développement sur les nouveaux produits fabriqués à partir de la biomasse et les procédés de conversion de la biomasse.
À l'instar du témoin précédent, qui a parlé des investissements de son entreprise dans des domaines prometteurs, nous investissons aussi en Alberta dans divers domaines de recherche, notamment sur les matériaux de pointe comme la cellulose nanocristalline, la lignine et tout l'éventail de produits pouvant être fabriqués à base de lignine, les biocarburants, et il semble de plus en plus prometteur de fabriquer toutes sortes de produits énergétiques à partir des déchets solides municipaux.
On a annoncé récemment, en Alberta, des ressources financières importantes pour les activités de lutte contre le changement climatique, dont le cadre d'innovation et de technologie en matière de changement climatique. Ce programme de financement met beaucoup l'accent sur la réduction des GES, tout comme la création d'emplois, le développement économique et la stabilité sociale. La réduction des GES est probablement l'objectif le plus important de ce nouveau fonds.
L'Alberta est une province productrice de pétrole et de gaz. Il y a beaucoup d'activités qui ciblent le secteur pétrolier et gazier. Il ne fait aucun doute qu'une bonne partie des fonds consentis dans ce cadre iront au secteur pétrolier et gazier. La présence du secteur pétrolier et gazier dans la province crée des débouchés pour le secteur forestier qu'on ne retrouve peut-être pas ailleurs au pays. C'est de cette perspective que j'espère qu'on mettra davantage l'accent sur le secteur biotechnologique dans les prochaines années, sur les promesses de la bioingénierie et sur le potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce à la biotechnologie.
Cela nous offre la possibilité d’utiliser les biomatériaux qui remplaceront les matériaux à base de pétrole. En ce qui concerne les adhésifs, la lignine sera peut-être ce qui les remplacera, mais il y a aussi les bioplastiques fabriqués à partir de lipides. La nanocellulose cristalline nous permet d’accéder à des secteurs très différents de ce qu’a exploré le secteur forestier par le passé. Le secteur médical et le secteur de l’électronique sont tous liés aux propriétés spéciales de la nanocellulose cristalline.
Dans cette province, les entreprises forestières traditionnelles ont le droit de premier refus quant aux ressources en fibre et elles sont titulaires d’accords d’aménagement forestier. Cela vise non seulement le tronc marchand traditionnel, mais aussi la biomasse résiduelle. Bon nombre de ces entreprises ont cherché des manières de diversifier leurs sources de revenus par l’entremise d’activités de bioraffinage, des produits de remplacement à exploiter et des façons d’assurer leur rentabilité.
Je félicite le gouvernement fédéral de son Projet de la voie biotechnologique il y a quelques années; ce projet a permis à certains de se pencher sur les possibilités d’intégrer de nouvelles technologies pour qu’elles soient immédiatement utilisables dans les usines existantes au pays sans trop nuire à la gamme de produits traditionnels en vue d’ajouter de nouveaux produits et d’ainsi générer de nouveaux revenus.
Cependant, à l’extérieur de l’Alberta, de nombreuses entreprises forestières non traditionnelles sont attirées par la vaste quantité de biomasse qu’elles ont entendu dire que nous avions ici. C’est une rumeur. C’est une hypothèse. C’est une perception. Ces entreprises viennent en Alberta et veulent savoir où se trouve cette biomasse. Qu’est-ce qui la compose? Quelle est la quantité? Je suis triste de dire que jusqu’à il y a quelques années nous ne pouvions pas le leur dire. Nous le savions. Il était possible de visiter les aires de coupe et de voir les rémanents ou de visiter des usines et de voir des amas de bran de scie, par exemple, mais c’était très difficile à quantifier.
Nous avons mis de l’avant le projet BRIMS, soit un système de gestion de l’information sur les bioressources. Nous l’avons élaboré de concert avec une entreprise de géomatique du secteur privé. La semaine dernière, soit le 24 janvier, nous avons procédé au lancement public de BRIMS. Il s’agit d’un système interactif en ligne qui permet à tout entrepreneur qui souhaite exploiter les ressources en biomasse de la province de choisir un endroit sur la carte et de savoir la quantité de biomasse disponible. Cela se trouve au brims.ca. Essayez-le. C’est très facile d’utilisation, mais c’est un outil très performant.
Grâce à ce système, nous sommes en mesure de répondre aux questions des gens qui veulent savoir où la biomasse se trouve et sa disponibilité. Cela permet à l’entrepreneur de conclure un partenariat avec l’entreprise traditionnelle titulaire d’un accord d’aménagement forestier. De nombreuses entreprises titulaires d’accords d’aménagement forestier cherchent des occasions qui en valent la peine; elles ne s’intéressent pas aux possibilités de moindre envergure. Une petite ou moyenne entreprise qui cherche à tirer profit de la biomasse disponible pour son installation de production a intérêt à conclure un partenariat avec une entreprise titulaire d’un accord d’aménagement forestier.
J’ai mentionné plus tôt qu’il s’agit d’une province axée sur les secteurs pétrolier et gazier. Cela signifie que des possibilités énormes s’offrent aux entreprises forestières actuelles qui souhaitent se tourner d’une manière légèrement différente vers le secteur bioindustriel en vue de soutenir les secteurs pétrolier et gazier. À certains égards, cela peut vouloir dire apporter son soutien quant à la gestion des terres et aux activités de remise en état ou utiliser le biocharbon produit par les usines comme produit d’amendement du sol pour la restauration des sols.
Dans certains cas, cela signifie même de prendre les eaux usées des usines et de les acheminer jusqu’à des sites d’exploration pétrolière plutôt que d’utiliser de l’eau de surface ou de l’eau souterraine. Il s’agit donc d’une possible source de revenus pour l’usine, mais cela permet également à la société pétrolière et gazière de réaliser des économies, tout en évitant de devoir composer avec les règlements relatifs à l’utilisation de l’eau souterraine.
Quel est, selon moi, le rôle du gouvernement fédéral dans tout cela? Eh bien, je crois que nous avons une assez bonne gamme d’activités concernant l’élaboration de produits bioindustriels en Alberta, mais j’aimerais vraiment collaborer avec des groupes d’autres provinces. Depuis un bon nombre d’années, j’essaie de collaborer avec le Centre d’innovation bioindustrielle à London, et c’est difficile d’y arriver. Mon financement provient de l’Alberta, et le financement du Centre provient de l’Ontario. De plus, il n’est pas permis de dépenser les fonds dans une autre province.
Le gouvernement fédéral peut remédier à la situation. Vous pouvez contribuer à harmoniser le tout, à regrouper les gens pour former des partenariats et à faciliter des initiatives interprovinciales.
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En ce qui concerne les organismes gouvernementaux et fédéraux, nous lancerons bon nombre de nos projets dans notre système canadien, tout simplement parce qu’il y a en place des programmes, des installations et une infrastructure qui sont faciles d’accès. Sans discuter de politiques ou de programmes précis, je pense notamment au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, soit une institution qui est là depuis des décennies — toute la durée de ma vie professionnelle — et qui parraine des recherches fondamentales à l’université et même dans les laboratoires et les instituts de recherche à l’échelle nationale.
Les programmes du Conseil nous permettent de très facilement mettre à profit les jeunes étudiants extrêmement talentueux et leurs professeurs et ce que j’appelle la culture axée sur la recherche, parce que cela ne concerne pas seulement les universités. Nous essayons vraiment le plus possible d’en tirer le maximum.
Voilà un exemple d’un programme qui fonctionne exceptionnellement bien, parce que nous avons notamment désespérément besoin de jeunes talents. Notre industrie est aux prises avec une attrition depuis 10 ans. Nous n’avons pas recruté de nouveaux talents aussi rapidement que nous l’aurions dû, et nous nous sommes donc retrouvés dans une situation cauchemardesque sur le plan de la logistique, c’est-à-dire que nous avons beaucoup de gens qui partent à la retraite, que nous avons un vide au milieu et que nous essayons de recruter des nouveaux. Le soutien du gouvernement fédéral est fantastique dans le domaine des études techniques de base et des études universitaires de deuxième cycle en génie et en sciences en vue de faciliter la collaboration de l’industrie avec ces personnes entre deux périodes d’études ou durant leurs études par l’entremise de programmes de stages.
Parmi les programmes propres à des politiques qui sont très utiles, nous avons des programmes comme le programme Investissement dans la transformation de l’industrie forestière de RNCan et le nouveau Programme de croissance propre, selon ce que j’en comprends. Nous essayons activement d’en tirer profit, et ces programmes s’appuient précisément sur certains objectifs liés à des politiques. Nous avons appris au fil des ans que la meilleure manière d’en tirer profit est de déterminer dans quelle mesure nous cadrons avec ces objectifs. Dans l’ensemble, c’est le cas.
Par exemple, nous avons eu recours au programme Investissement dans la transformation de l’industrie forestière de RNCan. Ce programme reconnaît que la grave lacune, du moins au Canada, n’était pas vraiment la recherche-développement, qui est excellente. C’était l’étape suivante. Comment passer de cette étape à l’étape de la démonstration et du déploiement?
Les politiques pourraient contribuer à repérer les lacunes et les faiblesses et à encourager l’industrie et les sociétés comme les nôtres à collaborer et à former des partenariats en vue de prendre des risques en la matière.
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Bonjour et merci de m’avoir invité.
Je m’appelle Chris Struthers. Je gère une petite entreprise qui offre des services d’experts-conseils en génie électrique à Penticton, en Colombie-Britannique. Ma spécialité est l’électricité. Je ne suis pas un spécialiste de la foresterie, mais mon travail m’amène à rencontrer une vaste gamme de clients dans l’industrie des ressources, dont des usines de pâte et des centrales alimentées à la biomasse. J’ai participé à quatre projets de production d'électricité de biomasse au cours des dernières années et je commence maintenant à travailler avec de nouveaux clients qui ont des technologies novatrices très excitantes et très prometteuses pour l’industrie forestière. Ce sont notamment des types d’amalgames de technologies existantes qui ont été améliorées, si bien que les échanges croisés entre les différentes disciplines commencent à donner des combinaisons vraiment intéressantes.
La première dont je parlerai brièvement est l’amalgame de la combustion traditionnelle de la biomasse et de la production d’électricité au moyen de la technologie des batteries à grande échelle. La production d'électricité de biomasse thermique n’est pas particulièrement nouvelle. Vous faites brûler du bois pour faire chauffer une chaudière ou un type d’échangeur de chaleur fluide, ce qui peut faire en sorte qu’une turbine produise de l’électricité. L’aspect thermique peut cependant poser problème dans le cas de certaines applications. Il faut beaucoup de temps à un système thermique pour se réchauffer ou se refroidir. Il ne peut pas répondre à la charge sur demande très rapidement. Une bonne analogie est celle de chauffer votre maison au bois. Si vous avez déjà essayé d’allumer votre poêle à bois une journée où il fait -20 degrés pour tenter de réchauffer votre maison instantanément, vous saurez qu’il faut du temps. Inversement, il faut du temps pour refroidir les lieux quand vous n’avez plus besoin de cette chaleur. On a le même problème lorsqu’on essaie de produire de l’électricité à partir de biomasse.
Voilà pourquoi il n’est pas pratique d’utiliser la production d’électricité à base de biomasse dans le cas, disons, des collectivités rurales où la charge électrique fluctue pendant la journée. Tout le monde se lève le matin, allume le grille-pain et la machine à café, et la demande sur le réseau atteint son sommet. La même chose se produit habituellement à l’heure du souper, et la consommation est normalement très faible pendant la nuit. Une centrale alimentée à la biomasse a généralement de la difficulté à gérer pareille situation.
Avec l’amélioration rapide de la technologie des batteries, nous observons que l’amalgame de la production d’électricité à base de biomasse et des batteries offre maintenant des combinaisons très intéressantes et utiles, en particulier pour les collectivités éloignées qui ne sont pas branchées au réseau. Prenez, par exemple, une petite collectivité éloignée de, mettons, 500 personnes alimentée au diesel. Les moteurs diesel sont le générateur de choix, car vous n’avez qu’à les alimenter en carburant, et la charge peut monter et descendre pour répondre à la demande très facilement. Maintenant, bien entendu, vous pouvez prendre un générateur de biomasse dont la taille est adaptée à la charge moyenne pour la journée, si bien qu’il ne peut pas fournir toute l’électricité à l’heure de pointe et qu’il doit fonctionner de façon assez constante sur une période de 24 heures. Si vous le jumelez avec un système de batteries à grande échelle, vous avez une combinaison gagnante.
Pour vous donner une idée des économies de coûts, l’alimentation au diesel est générée dans un site éloigné au coût de 25 ¢ à 35 ¢ par kilowattheure. La production d’électricité à base de biomasse combinée à la technologie des batteries permet des économies considérables de l’ordre de 15 ¢ à 20 ¢ par kilowattheure. Cela comprend l’amortissement de l’équipement, des choses comme le remplacement des batteries et les coûts à long terme. Sur le plan financier, cela semble être une vraie solution gagnante et, bien sûr, son incidence sur les émissions de gaz à effet de serre est une amélioration très intéressante. Manifestement, en fonction du type de carburants renouvelables que vous utilisez, vous pourriez essentiellement dire que cette solution est presque neutre en carbone. Il est clair que, comparativement à la production d’électricité au diesel, c’est une option très attrayante.
Une des difficultés de la mise en place de cette technologie réside dans l’inertie et le manque de volonté des entreprises de production d’électricité qui ont leurs façons établies de faire les choses. Il y a aussi la question de trouver l’investissement et les capitaux pour ce faire.
La seconde technologie dont je vais parler brièvement est l’amalgame de la gazéification de la biomasse et d’une autre technologie pour convertir le gaz naturel en carburant liquide, qu’on utilise pour produire du biodiesel, du carburant diesel.
Pour vous donner une idée de ce qui est faisable, une corde de bois de pin typique, si on veut, peut être convertie en suffisamment de carburant biodiesel, soit environ un baril, pour qu’une camionnette moyenne puisse faire l’aller-retour Ottawa-Toronto. Il faut donc une corde pour produire un baril. C’est une assez bonne conversion.
Mais ce n’est pas tout. La première étape consiste à faire sécher les copeaux de bois à partir de la chaleur résiduelle produite à d’autres étapes du procédé. On essaie de réutiliser autant que faire se peut tout produit résiduel, y compris la chaleur. La chaleur est donc recyclée et utilisée pour faire sécher les copeaux de bois. Ensuite, on met les copeaux dans ce qu’on appelle une chambre à pyrolyse, où la chaleur et la pression les transforment en gaz synthétiques, ou syngas, soit de l’hydrogène et du monoxyde de carbone. Le produit résiduel qui sort au bas de la chambre est du biocharbon, un charbon propre, qui est utilisé à des fins commerciales pour améliorer la qualité des sols. C’est un très bon produit pour régénérer les sols, en favorisant notamment la rétention de l’humidité. Le biocharbon possède une autre propriété très intéressante, soit celle de séquestrer le carbone. Ainsi, au cours du procédé, une partie du carbone présent dans le bois sera séquestré si le biocharbon est utilisé ailleurs.
Le gaz est, bien sûr, le produit le plus intéressant qu’on en retire. Il est transformé en liquides à l'aide de ce qu’on appelle le procédé Fisher-Tropsch. L’hydrogène et le monoxyde de carbone sont essentiellement convertis en chaînes d’hydrocarbures plus longues, comme le carburant diesel. La technologie n’est pas nouvelle. Elle a été inventée en Allemagne dans les années 1930, et pendant l’effort de guerre, jusqu’à 25 % du carburant utilisé dans ses véhicules a été produit à l'aide de cette technologie à partir de charbon gazéifié. La technologie existe donc depuis longtemps déjà. Il y a de grandes usines commerciales qui convertissent le gaz naturel en carburant diesel en Afrique du Sud, au Qatar et en Malaisie. Ce sont d'immenses usines qui produisent ensemble plusieurs centaines de milliers de barils par jour.
Qu’est-ce que cette technologie a de différent aujourd'hui, et quel est son intérêt pour l'industrie forestière? Quand on combine cette technologie et la gazéification de la biomasse, on obtient évidemment un biodiesel, un produit intéressant. Un de mes clients a même réussi à réduire l'échelle de cette technologie. Au lieu d'avoir à bâtir un énorme complexe qui coûte des milliards de dollars, il arrive à être économiquement viable en produisant aussi peu que 300 barils par jour. Il serait donc possible d’utiliser ce genre de système dans les petites collectivités éloignées, où on dispose d'importantes quantités de biomasse et de gaz naturel, et où, bien sûr, il n’y a pas d’installations de raffinage. Tout le carburant diesel utilisé dans ces collectivités est importé. Je pense à des régions comme Peace River qui importent d’énormes quantités de carburant diesel pour alimenter leurs secteurs industriels. On y trouve du gaz naturel et des produits forestiers en abondance. Ce serait des endroits idéaux pour utiliser cette technologie.
Côté réglementation, le biodiesel présente de grands avantages pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le Canada prépare une norme sur les combustibles propres. De nombreuses provinces ont déjà des incitatifs ou des règlements qui s'appliquent au mélange de carburants. Le biodiesel, lorsqu’on le mélange, améliore vraiment le carburant. Il est très propre et ne dégage presque pas de particules, ce qui veut dire qu’il ne produit pas de smog, et lorsqu’on le mélange, il rend le combustible de base plus propre. Le carburant qui en résulte produit donc moins de gaz à effet de serre, un objectif important sur le marché. Il permet d'améliorer un carburant de faible qualité, et un de ses grands avantages, il est thermostable. À l'heure actuelle, certains additifs de biocarburant réagissent mal aux conditions hivernales. Ils ne sont pas thermostables, alors que le biodiesel produit de cette façon est très utile dans les endroits froids.
Les avantages économiques sont donc là maintenant. Un de mes clients veut implanter une usine de conversion de la biomasse en carburant diesel dans le sud de l'Okanagan. Il négocie avec le propriétaire et s'occupe d'obtenir les permis. Un des autres produits dérivés sera la chaleur résiduelle, qui sera probablement redirigée vers des serres.
Le processus de transformation produit également de l’eau propre, qui peut servir à l’irrigation. Il y a aussi bien sûr le biocharbon, très utile encore une fois pour l’horticulture intensive. C’est un très bon produit pour améliorer les sols. Il y a donc beaucoup d’avantages concrets.
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Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Mon nom est Pascale Lagacé. Je suis la vice-présidente, Environnement, Innovation et Énergie, à Produits forestiers Résolu. Je suis accompagnée aujourd’hui de mon collègue Alain Bourdages, vice-président, Innovation et Énergie. Nous sommes très heureux d’être ici aujourd’hui et de venir vous parler, au nom de Résolu, dans le cadre de votre étude sur les produits de la chaîne d’approvisionnement secondaire dans le secteur forestier canadien.
[Français]
Produits forestiers Résolu est un chef de file mondial de l'industrie des produits forestiers. L'entreprise offre une grande variété de produits, notamment de la pâte commerciale, des papiers sanitaires et domestiques, des produits du bois, du papier journal et des papiers pour usages spéciaux, qu'elle commercialise dans plus de 70 pays.
La société est également un acteur de premier plan dans le soutien et le déploiement d'innovations dans le secteur des produits forestiers au Canada.
[Traduction]
Les activités de notre entreprise commencent par le grand privilège que nous avons de récolter le bois de manière durable sur de vastes territoires forestiers canadiens, pour ensuite tenter de tirer le plus de valeur possible de cette précieuse ressource afin de ne rien perdre. Au cours du siècle dernier, la chaîne d’approvisionnement des produits forestiers est demeurée sensiblement la même: les billes de bois récoltées en forêt étaient dirigées vers une scierie qui les transformait en bois de construction. Les produits secondaires comme les écorces, les copeaux ou la sciure étaient affectés à l’utilisation qui générait le plus de valeur ajoutée: un intrant dans la fabrication de la pâte, du papier ou du carton, ou un combustible dans la production d’énergie pour soutenir ces activités de fabrication.
[Français]
Plus que quiconque, nous reconnaissons que cette chaîne d'approvisionnement traverse de profonds changements. En effet, des tendances lourdes, surtout dans le domaine des médias écrits, ont amené Résolu, voilà plusieurs années, à réorienter sa stratégie d'affaires pour recentrer ses activités sur les produits les plus susceptibles d'offrir des fonctionnalités et attributs qui resteront attrayants pour les consommateurs au cours des décennies à venir.
Cette réflexion a aussi mené à la conclusion que le changement de certaines habitudes et préférences des consommateurs pouvait aussi créer de nouvelles occasions et permettre d'explorer de nouvelles possibilités découlant des propriétés de la fibre forestière, et ce, tout au long de la chaîne d'approvisionnement, grâce à de nouveaux produits, mais aussi de nouveaux modèles d'affaires.
[Traduction]
Par exemple, comme vous l’avez peut-être vu la semaine dernière, FPInnovations, un chef de file mondial dans le domaine de la recherche sur les produits forestiers, et Produits forestiers Résolu étaient heureux d’annoncer qu’ils joignaient leurs efforts sous la forme d’une alliance stratégique de recherche et investissaient dans la transformation de l’industrie forestière en implantant une usine pilote de TMP-Bio à Thunder Bay en Ontario. Ce projet vise à développer des procédés qui font appel à l’équipement et à la fibre utilisés habituellement dans la fabrication du papier journal et autres catégories de papier et à les adapter pour produire des produits biochimiques issus de sources non alimentaires récoltées de manière durable.
Nous formons également des partenariats avec de petites et moyennes entreprises qui proposent des solutions innovatrices pour répondre aux défis auxquels nous faisons face. Vous avez peut-être entendu parler des Serres Toundra, une coentreprise entre des entrepreneurs locaux et Résolu, qui a mené au premier déploiement canadien d’une technologie européenne de culture en serre qui est présentement en activité et qui occupe une superficie de près de un million de pieds carrés près de notre usine de pâte située à Saint-Félicien. Les Serres Toundra utilisent la chaleur résiduelle de l’usine de Résolu pour cultiver des concombres dont la production peut atteindre environ 45 millions de concombres par année.
Certains diront que ce partenariat est déjà un excellent exemple d’initiative réussie en matière de chaîne d’approvisionnement secondaire, mais nous sommes allés plus loin. Nous avons également annoncé que nous allons intégrer à notre usine de pâte une technologie inédite de capture du carbone avec des enzymes qui piégera et recyclera le dioxyde de carbone généré par nos opérations de mise en pâte et qui le réinjectera dans les serres pour optimiser la croissance des cultures. Cette technologie a été développée par CO2 Solutions, une entreprise technologique située dans la ville de Québec.
Nous n’attendons pas que les autres agissent et introduisent de nouvelles technologies et de nouvelles applications commerciales. À la suite de la découverte de la technologie des filaments de cellulose brevetée par FPInnovations en 2014, Résolu a formé avec Mercer International, un concurrent dans le domaine de la pâte commerciale, une coentreprise consacrée à la recherche et au développement des applications de filaments de cellulose en dehors du cadre traditionnel des produits forestiers. En résumé, nous avons formé une nouvelle entreprise avec l’un de nos plus gros concurrents. Cette entreprise s’appelle Performance BioFilaments, et je crois que son directeur général sera entendu par le Comité plus tard cette semaine.
Grâce à ces différentes initiatives, nous croyons que nous connaissons mieux les défis liés à l’utilisation optimale des ressources forestières du Canada au XXIe siècle. Tout d’abord, il n’est pas possible de développer la fibre forestière de façon linéaire. Contrairement au pétrole, il faut « raffiner » la ressource de nombreuses fois au moyen de nombreux procédés et fabriquer de nombreux produits pour pouvoir tirer le maximum de valeur économique d’un arbre récolté.
En d’autres mots, nous sommes profondément convaincus que la chaîne d’approvisionnement primaire a un rôle à jouer dans le développement des technologies de la prochaine génération et des produits non traditionnels, et ce, en raison des économies d’échelle et de la complexité de la chimie de la fibre forestière. L’intégration est la meilleure approche pour tirer le plus de valeur de chaque arbre.
[Français]
Du côté du gouvernement du Canada, il nous apparaît clair que les politiques et programmes qui seraient les plus appropriés pour favoriser le développement de la filière devraient être concentrés sur les éléments suivants.
Le premier élément est le support en capital de risque. Comme vous le savez certainement, le programme Investissements dans la transformation de l'industrie forestière, qui, à la suite d'un processus de sélection rigoureux, verse des aides financières destinées aux projets innovants, a historiquement été extrêmement populaire auprès de l'industrie.
En effet, ce programme en particulier a, à chaque occasion, attiré des projets novateurs pour lesquels les demandes de financement excédaient très largement les enveloppes budgétaires disponibles. Nous n'avons aucun doute que le nouveau Programme de croissance propre mis en place par Ressources naturelles Canada connaîtra le même soutien. Cette approche du gouvernement du Canada doit donc non seulement être maintenue, mais aussi élargie.
En deuxième lieu, le Canada doit non seulement maintenir sa capacité de recherche-développement dans le secteur, mais également encourager le maillage des intérêts de l'industrie, qu'elle soit traditionnelle ou non. En ce sens, les programmes de financement associés à des partenariats entre les petites, moyennes et grandes entreprises ainsi que les organismes de recherche devraient être bonifiés, pour soutenir non seulement l'industrie traditionnelle, mais également l'ensemble des intervenants sur le marché.
Finalement, l'ensemble des parties prenantes impliquées dans la gestion et le développement de la forêt au Canada doivent reconnaître le besoin primordial de politiques qui ciblent un équilibre sain entre la préservation de la biodiversité des forêts canadiennes, la réduction de l'empreinte environnementale, incluant les gaz à effet de serre, et le développement économique et social dans plusieurs régions du pays. Par exemple, les arbres transformés en produits du bois génèrent des gains importants pour l'environnement, car ils continuent de séquestrer le dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre. Ce faisant, l'utilisation d'un mètre cube de bois de construction permet de séquestrer 0,9 tonne de CO2 de l'atmosphère.
Selon Produits forestiers Résolu, le développement des biotechnologies issues de la fibre forestière ne pourra prospérer que si la récolte de la matière première à l'origine de toutes ces avancées est faite de manière globalement responsable, ce qui est le cas actuellement, et à un coût compétitif, et ce, peu importe qui sont les intervenants le long de la chaîne de valeur.
[Traduction]
En conclusion, nous aimerions vous remercier de nous donner la possibilité de vous parler aujourd’hui. Alain et moi serons heureux de répondre à toutes vos questions.
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Je vais répondre à la première question.
Dans le cas de TMP-Bio, notre investissement est de 3,5 millions de dollars, dont 2 millions de dollars en capital, strictement pour l'équipement, et 500 000 $ par année pour le soutien à l'opération. Nous ne sommes pas seulement là pour installer de l'équipement, mais aussi pour le faire fonctionner et le tester et mener à bien le projet. La somme de 21 millions de dollars comporte aussi une grande composante de recherche-développement, en partie financée par le gouvernement du Canada, grâce à Ressources naturelles Canada, et le gouvernement de l'Ontario.
En tant que membre de FPInnovations, Produits forestiers Résolu travaille à la recherche-développement et facilite l'intégration dans un milieu industriel au moyen de son usine située à Thunder Bay. Cela fait partie des apprentissages inhérents au déploiement du projet.
Nous aussi, nous allons appuyer FPInnovations. Ce sont les employés de FPInnovations qui vont faire fonctionner l'usine. Évidemment, ils se trouvent dans nos installations. Nous collaborerons donc en donnant des services, entre autres, en donnant l'heure juste sur le développement futur de la technologie, en indiquant quelles embûches sur le plan de la commercialisation doivent être prises en compte pour ce projet.
Notre implication se fait donc à la fois sur le plan financier, puisque nous investissons 3,5 millions de dollars, et sur le plan des opérations, puisque nous aidons à diriger les recherches, qui seront disponibles pour l'ensemble de l'industrie par l'entremise des membres de la fédération.