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Je vous remercie, monsieur le président.
Je m'appelle Niall O'Dea et je suis directeur général de la Direction des ressources en électricité à Ressources naturelles Canada. Je suis accompagné aujourd'hui par deux membres de mon équipe, André Bernier et Darcy Blais.
Je vous remercie de l'occasion que vous me fournissez de vous parler de ce sujet. Je commencerai par vous fournir un peu de contexte, puis je ferai quelques réflexions sur la nécessité d'établir des interconnexions stratégiques et sur ce que fait Ressources Naturelles Canada pour soutenir cette priorité.
Je vais passer à la deuxième diapositive.
Le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques définit l'électricité comme la pierre angulaire d'une économie moderne à croissance propre.
Le gouvernement fédéral a l'intention de positionner le Canada de manière à faire passer la proportion de ses ressources non émettrices de 80 à 90 % d'ici 2030 et à éliminer progressivement la production conventionnelle d'électricité au charbon. En plus de relever ces défis, le secteur de l'électricité devra fournir un approvisionnement propre supplémentaire pour soutenir l'électrification des autres secteurs.
Le cadre pancanadien propose une approche à quatre volets. La présentation d'aujourd'hui porte sur le deuxième volet, qui consiste à relier l'énergie propre aux endroits où elle est requise.
Le Cadre pancanadien s'harmonise bien avec la Stratégie canadienne de l'énergie du Conseil de la fédération, en particulier avec les axes de travail nos 6 et 7, qui ont trait au développement de ressources énergétiques propres et à l'amélioration des réseaux de transport.
[Traduction]
Depuis 2005, le secteur de l'électricité a accompli des progrès considérables en renversant la tendance à la hausse des émissions de gaz à effet de serre, ou GES. L'Ontario et le Manitoba ont éliminé progressivement la production d'électricité à partir du charbon, tandis que l'Alberta et le Nouveau-Brunswick ont assisté à l'interruption de la capacité de production au charbon. L'ensemble des provinces ont mis en place des politiques ou des programmes qui ont entraîné une augmentation considérable de l'énergie éolienne et solaire. De nouveaux projets hydroélectriques ont été construits ou sont actuellement bâtis en Colombie-Britannique, au Manitoba, en Ontario, au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador. La réglementation fédérale de 2012 sur les GES visant la production d'électricité à partir du charbon prépare le terrain à l'élimination graduelle du recours au charbon traditionnel au pays. L'annonce du gouvernement albertain de 2015 et celle d'Environnement et Changement climatique Canada de 2016 concernant l'accélération de l'élimination graduelle du charbon contribuera à ce que ce soit possible d'ici 2030.
En plus de devoir continuer à réduire les émissions, le secteur de l'électricité devra produire plus d'électricité pour répondre à la demande des autres secteurs qui électrisent leurs procédés afin de réduire leurs émissions.
Un autre défi qui se pose est l'infrastructure vieillissante. En 2012, le Conference Board du Canada estimait que le secteur de l'électricité devrait investir jusqu'à 347 milliards de dollars entre 2012 et 2030. Voilà qui représente une moyenne annuelle de plus de 15 milliards de dollars dans le seul but de remplacer l'infrastructure en place. Depuis 2012, les investissements réels se sont élevés en moyenne à plus de 20 milliards de dollars. Ces investissements devront se poursuivre, et les décisions que nous prenons aujourd'hui auront une incidence dans le secteur pour les 30 à 40 prochaines années, compte tenu de la durée de vie des infrastructures.
Le défi à relever est énorme, mais heureusement, le secteur canadien de l'électricité commence selon nous en position de force. La composition de nos sources d'électricité est parmi les plus propres au monde, avec environ 80 % d'électricité produite sans émissions, dont quelque 60 % provient de l'hydroélectricité. Cela dit, certaines régions dépendent largement des combustibles fossiles pour la production d'électricité, y compris l'Alberta, la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Dans bien des cas, ces régions sont entourées de provinces dont les ressources hydroélectriques sont abondantes.
[Français]
Passons à la diapositive no 6.
L'amélioration des interconnexions entre les provinces peut faciliter la transition vers l'électricité propre des provinces dépendantes des combustibles fossiles. D'autres interconnexions peuvent également contribuer à la gestion de la variabilité des ressources éoliennes et solaires.
Parallèlement, il faut mentionner l'importance de nos relations commerciales avec les États-Unis au chapitre de l'électricité. De façon générale, les interconnexions avec les États-Unis sont plus fortes que les interconnexions entre les provinces. De nouvelles interconnexions avec les États-Unis sont envisagées et créeront des débouchés commerciaux, mais du point de vue du gouvernement fédéral, notre principale priorité devrait toujours être la réduction des émissions ici.
À la diapositive no 7, le graphique illustre la capacité actuelle de transfert d'électricité entre les provinces et les États-Unis. Il illustre la prédominance Nord-Sud de nos connexions courantes. En particulier, la carte montre six grandes lignes de transport de l'électricité en voie d'aménagement au Canada et aux États-Unis. Cette relation Nord-Sud a évolué pour des raisons historiques.
De nombreuses grandes centrales hydroélectriques ont d'abord été construites et financées partiellement pour répondre à la demande américaine. Dans de nombreux cas, les centres de charge situés aux États-Unis sont plus proches de ceux des centrales que les villes canadiennes. Toutefois, un regard vers l'avenir montre que les arguments en faveur d'une augmentation du transport entre les provinces canadiennes ont pris de l'importance en raison de l'élimination progressive de l'électricité produite au charbon et de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur.
[Traduction]
Dans son budget de 2016, le gouvernement du Canada a annoncé une initiative de collaboration régionale en matière d'électricité et d'infrastructure stratégique de 2,5 millions de dollars sur deux ans, dont l'objectif est de sélectionner les projets d'infrastructure d'électricité offrant des possibilités de réduire les émissions de GES. Deux dialogues ont été lancés: le premier dans l'Ouest, et l'autre dans l'Atlantique. Les résultats sont attendus d'ici la fin de l'année, et les rapports définitifs, au début de 2018.
Les résultats comprendront certains volets économiques importants, en particulier les coûts des différentes options qui s'offrent aux consommateurs d'électricité. Une analyse propre au projet sera ensuite nécessaire pour évaluer les répercussions économiques plus générales sur des variables comme l'emploi. Les résultats contribueront à éclairer les discussions entre les provinces voisines et le gouvernement fédéral, qui pourraient inciter les provinces à investir dans l'infrastructure, et le gouvernement ou les organismes fédéraux à offrir un soutien.
À court terme, il est possible de mettre l'accent sur des projets fondamentaux bien avancés. Le communiqué qui a été diffusé après la Conférence 2017 des ministres de l'Énergie et des Mines soutient que le renforcement de l'interconnexion entre la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick est un exemple de projet à favoriser à court terme. Nous croyons que de tels projets seront essentiels à la transition à long terme du Canada atlantique vers l'électricité propre.
[Français]
Passons à la diapositive no 10.
Au bout du compte, ce sont les provinces qui déterminent le rythme et l'ampleur de l'aménagement de nouveaux actifs de production et de transport de l'électricité au Canada. C'est pourquoi la collaboration avec les provinces et les territoires est déterminante pour la réussite. Le gouvernement fédéral peut jouer un rôle productif dans cet exercice en invitant les provinces à examiner les possibilités régionales de réduction des gaz à effet de serre.
Tous les projets dont la mise en oeuvre est considérée devront être soumis à une évaluation environnementale. Il est également primordial que ces projets fassent l'objet d'une étude approfondie et de consultations auprès des peuples autochtones concernés.
Dans certains cas, les projets de transport d'électricité auront des retombées positives dans des collectivités éloignées et raccorderont celles-ci au réseau, réduisant ainsi la consommation de diesel pour la production d'électricité et le chauffage résidentiel.
Le projet de Pikangikum, dans le Nord de l'Ontario, dont l'annonce a été faite récemment, illustre bien les avantages qui peuvent découler de ce type de projets.
[Traduction]
En résumé, les services publics d'électricité à l'échelle du pays ont un défi à relever. En plus de répondre à la demande croissante, ils doivent constamment investir dans le remplacement de l'infrastructure vieillissante et, dans certains cas, fermer des centrales de production d'électricité au charbon. La situation est exacerbée par le désir des autres secteurs de l'industrie de recourir à l'électricité pour réduire leurs émissions. Ce défi offre l'occasion d'établir une base solide sur laquelle s'appuierait le réseau électrique national de l'avenir.
Parlant de l'avenir du secteur, je saisis l'occasion de vous signaler l'événement Génération Énergie qui aura lieu à Winnipeg en octobre. Les intervenants et experts y tiendront un débat approfondi sur les voies qui pourraient mener à un avenir axé sur une énergie abordable et propre au pays. Les personnes intéressées à participer devraient visiter le site www.generationenergy.ca.
En conclusion, je tiens à vous remercier, au nom du ministère, de nous avoir permis de contribuer à l'amorce de vos discussions sur cet important sujet. Je vous souhaite du succès dans la réalisation de votre étude sur les interconnexions des réseaux électriques. Je serai ravi de répondre à toutes vos questions.
Merci.
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Je vous remercie de nous consacrer du temps cet après-midi. Je vous sais gré de vos propos sur la force du Canada, qui repose sur la diversité de nos sources d'énergie.
Avant de poser mes questions, j'aimerais remercier mes collègues libéraux d'avoir mentionné expressément la Stratégie canadienne de l'énergie dans cette étude. Je tiens à souligner que c'est une initiative qui a été lancée par un premier ministre albertain, puis qui a été adaptée et acceptée par tous les premiers ministres précisément parce qu'elle se prononce pour la diversité des ressources naturelles et pour l'exploitation de ces ressources au Canada — toutes les régions et toutes les sources.
Avec le recul, je regrette un peu que nous n'ayons pas inclus la Stratégie canadienne de l'énergie dans notre étude précédente sur le pétrole et le gaz, puisqu'il est question de l'importance de la certitude en matière de réglementation concernant la protection des éléments de l'infrastructure énergétique essentielle ainsi que de l'importance de diversifier les marchés d'exportation. C'est lié à la longue expérience du Canada, dont vous avez déjà parlé, de tous les aspects qui vont de notre régime de réglementation à nos investissements dans l'innovation, en passant par notre engagement de longue date à respecter le juste équilibre entre l'intendance environnementale et le développement énergétique et économique, et toute la prospérité et tous les emplois que ce développement procure à chaque Canadien et à chaque collectivité du pays.
Je souligne en commençant — et j'ai des collègues de l'autre côté qui sont aussi fermement de cet avis — que j'espère que nous pourrons, au cours de cette étude, continuer de parler du soutien à un développement responsable des ressources naturelles et de l'amélioration des occasions d'investissement aux fins de développement responsable des ressources naturelles dans tous les secteurs, dans toutes les provinces du pays, plutôt que de nous mettre à opposer les secteurs, car cela pourrait avoir des répercussions disproportionnées dans certaines régions ou provinces.
Je dirais, bien sûr, que le développement et l'investissement touchant les sources d'énergie de remplacement à faible teneur en carbone et les sources renouvelables vont de pair avec un secteur du pétrole et du gaz prospère. Les plus gros investisseurs du secteur privé dans les sources d'énergie de remplacement et les sources renouvelables, comme l'énergie éolienne et l'énergie sociale, sont en fait des sociétés pétrolières et gazières et des sociétés de pipelines, par exemple, Enbridge.
Je vous remercie de vos observations pour commencer. Peut-être que nous pourrons un jour parler de nouveau des buts et des recommandations de la Stratégie canadienne de l'énergie dans un contexte où l'on veillerait à la durabilité et à la prospérité à long terme de l'exploitation pétrolière et gazière en Alberta, ou au Canada aussi.
Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur les dialogues régionaux et nous donner, à titre d'information, tous les détails que vous aimeriez mettre en évidence à propos des enjeux passés requérant d'après vous la collaboration du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux et des administrations régionales, ainsi que tous les détails que vous aimeriez souligner concernant les lacunes que vous avez relevées ou les aspects qui doivent être améliorés?
Par rapport à cela, est-ce que cela a fait partie ou va faire partie des quatre grands examens de la réglementation? Est-ce que cela produira des effets sur les modifications ou rajustements réglementaires découlant de ces dialogues? J'aimerais que vous nous éclairiez à ce sujet si vous le pouvez.
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C'est une excellente question et je vais essayer d'y répondre complètement.
Je suis ravi de présenter un contexte plus complet pour les études en cours. Je n'ai pas traité de cela dans mon exposé, car je voulais respecter la limite de 10 minutes, mais à la page 14 du document que nous avons fourni se trouve un instantané des dialogues régionaux et des questions précises sur lesquelles ils se penchent ou nous nous penchons de concert avec les provinces et les territoires, et leurs services publics.
Dans l'Ouest, pour commencer, le principal défi est lié à la nécessité d'éliminer progressivement le charbon en Alberta et en Saskatchewan. Il faudra pour cela de nouvelles sources de production éolienne et solaire, ainsi que des ressources mobilisables comme l'hydroélectricité, le gaz naturel, ou des importations venant des provinces voisines. En ce moment, le gaz naturel est la moins coûteuse des options mobilisables, mais cette option deviendra plus coûteuse avec l'introduction progressive de la tarification du carbone.
Les principales options à l'étude dans le cadre du dialogue de l'Ouest sont, notamment, le transport entre la Saskatchewan et le Manitoba, ainsi qu'entre la Colombie-Britannique et l'Alberta. La deuxième option est le nouveau développement hydroélectrique en Alberta, en Saskatchewan et dans les Territoires du Nord-Ouest. La troisième est l'électrification du traitement du gaz naturel et la possibilité de futurs terminaux GNL. Toutes ces choses sont à l'étude dans le cadre du dialogue de l'Ouest, et le but est de combler certaines des lacunes dont vous avez parlé.
Dans la région de l'Atlantique, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick sont confrontés à un écart d'approvisionnement lié à l'élimination progressive du charbon, et ils sont restreints sur ce plan par l'infrastructure limitée de distribution du gaz naturel. Il n'y a pas un réseau correspondant à ce que nous avons ailleurs au Canada. Les ressources renouvelables locales comme l'énergie éolienne et solaire joueront un rôle, mais il faudra des ressources mobilisables — encore là, comme l'hydroélectricité et le nucléaire — pour soutenir les énergies variables. Les principales options envisagées sont une nouvelle capacité hydroélectrique, que ce soit Gull Island ou d'autres petites centrales hydroélectriques, une nouvelle centrale nucléaire au Nouveau-Brunswick — option également envisagée pour cette étude de modélisation —, et des contrats d'approvisionnement à long terme avec le Québec. Encore là, nous essayons d'établir la base la plus vaste possible pour résoudre cela.
Historiquement, je pense que le Canada a toujours exploité l'essentiel de ses ressources et de ses connexions principalement dans un axe nord-sud, comme je l'ai dit, parce que cela correspondait aux centres et aux marchés pour cette électricité. Je pense que l'accélération de l'élimination progressive du charbon motive la collaboration. Nous voyons une grande
[Français]
ouverture d'esprit
[Traduction]
dans les conversations entre les provinces et les services publics qui explorent cela. Cependant, cette tradition n'est pas là, alors il y a un peu de lacunes dans l'information sur la forme que la coopération prendrait et la résolution des difficultés bien réelles que représentent les différences entre les marchés. Par exemple, en Alberta, vous avez un marché de l'électricité entièrement privatisé, alors que dans les provinces voisines, vous pouvez avoir des services publics appartenant à la couronne qui sont intégrés verticalement. La coopération entre les provinces exige donc des négociations très pointues que le gouvernement fédéral est ravi de faciliter, mais pour lesquelles nous ne serions manifestement pas déterminants.
En ce qui concerne les quatre examens que vous avez mentionnés, il s'agit en ce moment d'une priorité fondamentale pour le gouvernement. Ce que nous espérons c'est qu'à la fin, les résultats de ces examens viendront resserrer la base sur laquelle ces projets, une fois cernés, iraient de l'avant. Il faudrait manifestement que chaque projet entrepris fasse l'objet d'une évaluation environnementale approfondie, d'une consultation approfondie et d'une mobilisation des peuples autochtones. Une fois que l'architecture aura été établie dans le sillage de ces quatre examens, ce processus devrait beaucoup aider à faire avancer ces projets.
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Je vous remercie de votre présence ici aujourd'hui.
Je trouve intéressante la première page de votre document, sur le cadre pancanadien. Je ne vois pas de définition de source à faibles émissions, d'énergie propre... on parle ensuite d'augmenter le nombre de sources non émettrices, à titre d'objectif. Cela me semble bon sur le plan politique, puisqu'on n'a pas à atteindre d'objectif précis. Cela permet une certaine souplesse.
En fait, je ne sais pas comment on peut trouver des sources non émettrices. L'énergie éolienne ne peut pas être une source non émettrice. Tout ce qui tourne émet quelque chose.
Je crois que nous utilisons des mots pour tenter de convaincre la population que nous faisons quelque chose d'extraordinaire. Je ne connais pas la définition, mais je crois que vous devriez songer à faire un ménage là-dedans pour expliquer clairement ce que cela signifie sur le plan de la production.
On a fait valoir que nous étions un exportateur net d'électricité vers les États-Unis. Je viens de l'Ontario. J'aimerais comprendre — si vous pouviez m'aider — quel est le rapport entre les coûts et les revenus associés à l'exportation de l'Ontario vers les États-Unis. Si vous ne pouvez pas me répondre aujourd'hui, j'aimerais que vous nous transmettiez l'information ultérieurement parce que nous savons tous deux qu'en vertu des politiques actuelles, nous donnons parfois notre électricité. Aidez-moi à comprendre, donc, la politique de production d'électricité.
Dans ma région, dans une partie de l'Ontario, nous produisons beaucoup d'énergie verte conformément à la Loi sur l'énergie verte.
Comment pouvons-nous compléter la production d'électricité éolienne et solaire lorsqu'en hiver, nous n'avons que 10 heures d'ensoleillement et que les vents sont intermittents? Devons-nous compenser avec le gaz naturel ou le charbon, que nous n'avons pas? Nous n'avons pas... depuis 30 ans en Ontario.
Pourriez-vous me présenter une analyse des coûts, qui présente la production de recettes par rapport au coût de l'électricité en Ontario, que nous envoyons aux États-Unis à titre d'exportateur net?
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Je vous remercie, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'avoir invité.
Nova Scotia Power est une filiale d'Emera, qui est la 16e plus grande installation de l'Amérique du Nord; les deux sociétés ont leur siège social à Halifax. Nova Scotia Power sert environ 500 000 clients et possède et entretient plus de 25 000 kilomètres de lignes de transmission et de distribution en Nouvelle-Écosse. Notre objectif est d'offrir une énergie propre, abordable et constante à nos clients, mais nous sommes confrontés à certains défis.
La Nouvelle-Écosse n'a pas accès aux grandes installations hydrauliques. L'approvisionnement en gaz naturel est limité et l'alimentation extracôtière locale en gaz naturel ne cesse de diminuer. Contrairement à d'autres provinces comme l'Ontario et l'Alberta, le recours au gaz naturel pour faire la transition vers l'énergie à faibles émissions de carbone ne représente pas une option abordable pour nous.
Au cours des 10 dernières années, les Néo-écossais ont investi plus de 5 milliards de dollars dans la production d'électricité éolienne et renouvelable. Nova Scotia Power a triplé la production d'énergie renouvelable, qui est passée de 9 % en 2007 à 28 % en 2016. Nous avons réduit les émissions de gaz à effet de serre de 34 % depuis 2005 et avons déjà atteint l'objectif national à cet égard. Nous prévoyons doubler ces réductions d'ici 2030 et ainsi atteindre une réduction de 58 % dans le secteur de l'électricité.
Nous avons également réduit d'un tiers la quantité de charbon que nous utilisons pour la production d'électricité, ce qui représente une réduction de trois centrales au charbon ou l'élimination des émissions de trois centrales. Toutefois, nous n'avons pas pu fermer ces centrales parce que nous avons besoin de leur capacité afin d'assurer la fiabilité du service. La transition vers l'électricité propre ne se limite pas à remplacer une source d'énergie — comme le charbon — par une autre — comme l'énergie éolienne ou solaire — parce que notre électricité renouvelable est intermittente. Il nous faut des sources fiables d'énergie propre qui pourront rapidement compenser s'il n'y a pas de vent ou de soleil. Nos clients ne consomment pas l'énergie de façon intermittente. Nous devons trouver une solution qui corresponde à leur style de vie en leur offrant un bouquet énergétique complet en tout temps.
Nous devons miser sur de solides interconnexions électriques avec nos voisins pour assurer notre avenir énergétique. Si la Nouvelle-Écosse a accès à une énergie propre, elle pourra combler les déficits en matière d'énergie renouvelable et aussi peut-être partager avec ses voisins les nouvelles infrastructures d'énergie propre qui y ont été construites.
Notre vision de l'électrification de notre économie et du renforcement des interconnexions s'harmonise parfaitement à nos plans d'action nationaux et régionaux en matière de climat. Nous avons notamment l'occasion d'établir de nouvelles connexions pour la transmission transfrontalière, d'ajouter des énergies renouvelables au réseau électrique nord-américain et de promouvoir le transport propre et efficace de l'électricité.
Au Canada atlantique, ces nouvelles interconnexions plus robustes permettront de tirer profit des grandes installations hydroélectriques du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador, ce qui assurera la durabilité énergétique à long terme de l'Est du Canada et contribuera à la stabilité du prix de l'électricité pour les consommateurs canadiens et américains, et entraînera une réduction des émissions de carbone.
Emera et Nova Scotia Power reconnaissent la valeur des interconnexions électriques stratégiques et de la collaboration régionale. Nous avons investi pour accroître l'expertise dans ce domaine. Nous avons assuré la connexion entre la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, entre le Nouveau-Brunswick et le Maine et maintenant entre Terre-Neuve-et-Labrador et le reste de l'Amérique du Nord, pour la première fois de l'histoire.
Emeray Energy assure une présence commerciale active dans l'Est du Canada et la Nouvelle-Angleterre, et Nova Scotia Power travaille activement avec Énergie Nouveau-Brunswick à la répartition de la production d'électricité à l'échelle régionale pour réaliser des gains d'efficacité.
Récemment, Emera a proposé de mettre en place un lien de transmission sous-marin de 500 à 600 kilomètres pour transporter l'énergie propre du Canada atlantique jusqu'au Massachusetts, que l'on appelle le lien atlantique, en collaboration avec Énergie Nouveau-Brunswick et des producteurs d'électricité indépendants.
Il faut du temps pour construire des infrastructures et les coûts sont importants. La durée de vie des infrastructures s'étend sur plusieurs décennies et elles devraient être entretenues dans une perspective à long terme et être utilisées pour toute la durée de leur cycle de vie afin d'optimiser le rendement de l'investissement pour les consommateurs.
Pour aider les promoteurs, il faut une vision claire quant à l'objectif ultime et un certain degré de certitude qu'il existe un engagement à l'atteindre. Tout mécanisme, qu'il s'agisse de mécanismes législatifs, réglementaires ou de financement, peut contribuer à la faisabilité d'importants projets d'interconnexion des réseaux d'électricité.
La planification à l'échelle régionale, que ce soit pour les infrastructures de transport d'énergie ou même pour la réduction des émissions, représente une occasion de réduire ou d'éliminer les tarifs de transport interrégionaux. Les tarifs créent des obstacles commerciaux qui nuisent à la commercialisation des énergies propres.
Nous voyons un énorme potentiel au Canada atlantique et dans les provinces et les États voisins. Nous considérons que notre vision et nos efforts concordent avec les priorités du gouvernement et que cela représente une occasion à saisir.
Nous convenons que la réduction des émissions de carbone par le secteur de l'électricité est une priorité. Nous voyons une convergence, dans les relations canado-américaines, sur la nécessité de trouver des solutions régionales et des possibilités d'exportation qui entraînent une réduction des émissions de carbone, tant sur le plan de la production d'énergies propres que dans celui des infrastructures de transmission d'énergie, de façon à ce que ces énergies propres soient accessibles dans les régions qui en ont besoin. Quant à l'avenir, nous considérons que les sources d'énergie à zéro émission de carbone offrent au Canada atlantique la possibilité d'atteindre l'autonomie énergétique à l'échelle régionale.
Notre stratégie est simple. Nous voulons étendre l'application des modes de production d'électricité plus propre, notamment pour accroître la production d'énergie renouvelable, améliorer l'interconnexion des lignes de transport régional et favoriser l'électrification du chauffage domestique et des transports. Cela permettrait une réduction permanente et générale des émissions dans l'ensemble de l'économie, la collaboration et le partage des ressources à l'échelle régionale, notamment pour la production d'énergie propre et les infrastructures de transmission d'énergie, ainsi que la création de nouveaux emplois dans le secteur des énergies propres.
Merci.
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Monsieur le président, membres du Comité, bonjour.
Je suis heureux de comparaître devant vous aujourd'hui; je témoigne par vidéoconférence depuis mon bureau de Winnipeg. Je vous suis reconnaissant de me donner l'occasion de présenter mes observations dans le cadre de votre étude sur l'importance des interconnexions électriques.
Mes compétences dans ce domaine sont les suivantes: je suis ingénieur professionnel agréé au Manitoba et j'occupe le poste de directeur, secteur de l'énergie en gros et exploitation, chez Manitoba Hydro, poste que j'occupe depuis 17 ans. Je participe à l'exploitation du réseau hydroélectrique du Manitoba depuis 38 ans.
Mes principales responsabilités chez Manitoba Hydro comprennent la direction des activités de la société dans les marchés d'électricité en gros, ce qui englobe le marketing, les ventes et les activités de formation à l'extérieur du Manitoba, tant au Canada qu'aux États-Unis. Je participe aux programmes d'approvisionnement en énergie éolienne de Manitoba Hydro, pour les contrats au Manitoba, ainsi qu'à la gestion quotidienne de nos activités d'approvisionnement en électricité, notamment la production et la planification de la régulation du réseau de cours d'eau et de réservoirs de Manitoba Hydro servant à la production d'hydroélectricité.
J'ai participé, à titre de témoin expert, à de nombreuses audiences en matière de tarification, d'environnement et de réglementation au Manitoba, sur des questions qui relèvent de ma responsabilité.
En ce qui concerne les plans de transport d'énergie et de développement de Manitoba Hydro, je suis notamment responsable des accords commerciaux liés à notre nouvelle interconnexion de 500 000 volts vers les États-Unis et à la nouvelle interconnexion de 230 kV proposée entre le Manitoba et la Saskatchewan.
Je participe en outre aux discussions avec SaskPower sur l'exportation des surplus d'hydroélectricité et je surveiller les activités de Manitoba Hydro liées à l'Initiative de collaboration régionale et d'infrastructure stratégique de l'électricité de RNCan.
Étant donné leur nature, les grandes sociétés publiques d'hydroélectricité du pays, comme Manitoba Hydro, ont la capacité de générer de l'électricité en quantité supérieure à la demande de leur propre clientèle, ce qu'elles font d'ailleurs régulièrement. La quantité excédentaire varie en fonction de l'approvisionnement en eau et de la capacité de stockage des réservoirs. Dans les années de fortes précipitations, les surplus d'hydroélectricité peuvent être très importants, tandis que dans les années de sécheresse, il est possible qu'il n'y ait aucun surplus et qu'on doive faire appel à d'autres sources de production d'électricité pour satisfaire à la demande en énergie.
Ces dernières années, au Manitoba, notre surplus s'est élevé à environ 30 % de notre production, soit environ 10 à 11 milliards de kilowattheures. Manitoba Hydro a pu mettre en valeur ce surplus en vendant son électricité sur les marchés de l'électricité de gros au Canada et aux États-Unis. Les revenus provenant des ventes à l'extérieur de la province réduisent les coûts de l'approvisionnement en électricité pour les Manitobains. C'est la principale raison pour laquelle les tarifs d'électricité de Manitoba Hydro sont parmi les plus faibles en Amérique du Nord.
Toutefois, aucun de ces avantages économiques, parmi d'autres, comme la fiabilité accrue du réseau électrique et la sécurité énergétique, ne serait possible sans les interconnexions construites par Manitoba Hydro et ses voisins au cours des 50 dernières années. Ces interconnexions nous relient avec ses autres services publics et aux marchés de l'électricité de gros de l'Amérique du Nord.
Cela dit, j'aimerais vous présenter aujourd'hui quelques observations sur les sujets suivants: l'autonomie en électricité des régions; la distribution d'électricité à faible intensité d'émissions de carbone; les possibilités d'harmonisation avec la Stratégie canadienne de l'énergie; le commerce et les relations canado-américaines dans le domaine de l'énergie; les répercussions sur l'emploi et l'économie.
Parlons d'abord de l'autonomie en électricité des régions. Jusqu'à maintenant, au Canada, la planification en matière de production et de transport d'électricité ainsi que les activités de développement ont été intimement liées aux frontières provinciales en raison des obstacles géographiques et politiques. Les provinces qui ont un important service public d'électricité, comme Manitoba Hydro, BC Hydro, Hydro-Québec et, autrefois, Ontario Hydro. Ces services publics, qui ont habituellement d'importants surplus d'énergie hydroélectrique à vendre, ont optimisé le développement de leur réseau respectif en investissant dans d'importantes interconnexions vers les États-Unis. Il n'était pas économiquement viable de créer un réseau de transport d'énergie est-ouest à une échelle comparable dans l'Ouest canadien en raison des coûts et de la taille réduite du marché.
Divers projets d'interconnexion ont été étudiés — notamment pour relier Calgary à Winnipeg ou encore Winnipeg à Sudbury —, mais n'ont pas été mis en oeuvre. À ce jour, des solutions de rechange moins coûteux ont été trouvées. Cela ne signifie pas qu'aucune ligne de transmission n'a été construite. Toutefois, les interconnexions actuelles entre les provinces des Prairies sont pour la plupart de taille modeste comparativement à la capacité nord-sud que nous avons mise en place avec les États-Unis. Les avantages que pourraient retirer les services publics d'importants projets d'interconnexion est-ouest n'ont tout simplement pas été suffisants, jusqu'à maintenant, pour justifier les investissements considérables nécessaires à la construction de lignes de transmission sur de longues distances.
Habituellement, le portefeuille de production des services publics canadiens est axé sur l'exploitation d'une source d'énergie principale et peu coûteuse. La province de l'Ontario est l'exception, car elle a un portefeuille diversifié qui comprend l'énergie hydroélectrique, le nucléaire, l'énergie éolienne, le gaz naturel et, auparavant, le charbon. Au Manitoba, en Colombie-Britannique et au Québec, la source d'approvisionnement dominante demeure l'hydroélectricité. L'Alberta, la Saskatchewan et les Maritimes misent depuis longtemps sur le charbon, qui est peu coûteux.
Le temps est un obstacle à la coordination des activités de mise en valeur des ressources entre les diverses administrations, car la coopération pour les investissements dans les grandes infrastructures comme les interconnexions de transport requiert une planification et un engagement à long terme, sur plusieurs décennies. Ces engagements de longue durée vont au-delà de la durée de vie de la plupart des gouvernements provinciaux et, possiblement, de leurs priorités stratégiques. Par conséquent, les portefeuilles de production d'électricité ne sont pas assez diversifiés, sauf en Ontario, ce qui les rend vulnérables aux changements économiques et politiques, à la fluctuation des cours des produits de base et de la quantité de carburant disponible, et aux risques associés à l'évolution des technologies et aux changements climatiques.
La transition vers une économie à faibles émissions de carbone et aux énergies renouvelables comporte des défis supplémentaires pour les administrations qui utilisaient traditionnellement des combustibles à base de carbone. La source d'énergie renouvelable émergente la plus courante, l'énergie éolienne, est intermittente et variable, tandis que les clients ont besoin d'un approvisionnement continu et fiable en électricité. Par conséquent, l'utilisation généralisée des technologies éolienne et solaire n'est possible qu'avec l'appui de ressources mobilisables comme les turbines hydroélectriques, les turbines au gaz naturel ou la technologie des piles, qui permettent un ajustement rapide de l'alimentation en électricité pour assurer un équilibre constant de l'offre et de la demande.
Les enjeux qui se posent dans l'Ouest canadien sont les suivants. Premièrement, les provinces comme la Saskatchewan et l'Alberta, qui doivent transformer leurs réseaux de production d'électricité, ont-elles la possibilité de collaborer avec leurs voisins riches en hydroélectricité? Deuxièmement, quels sont les avantages des interconnexions améliorées et élargies, en particulier une interconnexion renforcée entre le Manitoba et la Saskatchewan, ou encore entre la Colombie-Britannique et l'Alberta? Quelle est l'importance d'une interconnexion renforcée et complète dans tout l'Ouest canadien? Ces interconnexions pourraient-elles contribuer à l'atteinte de l'objectif canadien relativement la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, et ce, à faible coût?
Pour répondre à ces questions, RNCan a lancé l'Initiative de collaboration régionale en matière d'électricité d'infrastructure stratégique, en collaboration avec les services publics de l'Ouest et les exploitants.
Parlons d'abord de la distribution d'électricité à faible intensité d'émissions de carbone. Les provinces de l'Ouest canadien n'ont pas toutes les mêmes possibilités en ce qui concerne les ressources renouvelables à faibles émissions de carbone. L'Alberta a de bonnes ressources éoliennes, mais c'est aussi le cas dans d'autres provinces de l'Ouest. La Saskatchewan a, comme les autres provinces des Prairies, de bonnes ressources solaires. Le potentiel hydroélectrique de l'ensemble des provinces de l'Ouest est sous-développé. Par conséquent, toutes ces provinces ont la possibilité de développer des sources d'électricité à faibles émissions de carbone à l'échelle locale. Notons toutefois que les coûts, la variabilité, la flexibilité et le potentiel de stockage d'énergie des ressources possibles peuvent varier considérablement. Le développement de nouvelles sources d'électricité à faibles émissions de carbone à moindre coût nécessitera une capacité d'interconnexion accrue si on veut optimiser les avantages associés à chacune des sources d'énergie potentielles.
Quant aux possibilités d'harmonisation avec la Stratégie canadienne de l'énergie, précisons que la stratégie présente une vue globale des activités de production, de transport et d'utilisation d'énergie au Canada et à l'échelle internationale. Une augmentation considérable de la capacité d'interconnexion dans l'Ouest canadien concorde avec plusieurs priorités énoncées dans la stratégie, comme l'amélioration des interconnexions de transport d'électricité, la connectivité accrue et l'élimination des contraintes liées au transport. La mise en place de nouvelles interconnexions de grande capacité faciliterait le développement de nouvelles technologies d'énergies renouvelables, ce qui contribuerait à l'atteinte d'un autre objectif de la stratégie, soit la transition vers une nouvelle économie à faibles émissions de carbone.
Passons maintenant au commerce et aux relations canado-américaines dans le domaine de l'énergie. Comme je l'ai indiqué au début, Manitoba Hydro exporte depuis longtemps ses surplus d'électricité aux États-Unis. Ces exportations se font par l'intermédiaire d'une importante interconnexion qui a été progressivement élargie au cours des 50 dernières années à mesure que le Manitoba développait son potentiel hydroélectrique. Pour vous donner une idée de la taille de l'importance de cette interconnexion, mentionnons que nous avons la capacité d'exporter près de 50 % de notre production hydroélectrique aux États-Unis. À titre comparatif, seulement 5 % de notre production peut être exportée vers l'est ou vers l'ouest.
Étant donné l'importance que revêt le marché américain pour Manitoba Hydro, tant sur le plan des exportations que des importations, Manitoba Hydro agit à titre de membre coordinateur d'une importante société d'exploitation appelée Midcontinent independent system operator, ou MISO, une société de transport d'électricité régionale et un exploitant du marché dont le rôle est d'assurer l'exploitation d'une grande partie du réseau électrique nord-américain de manière économique. Le réseau s'étend de la baie d'Hudson, au nord, jusqu'au golfe du Mexique, et traverse 15 États et le Manitoba. L'accès au marché de l'électricité géré par MISO aux États-Unis est important pour Manitoba Hydro. Il s'agit d'un marché actif, de grande valeur, évolué et ouvert. Manitoba Hydro procède actuellement à l'augmentation de sa capacité d'interconnexion avec MISO, en collaboration avec Minnesota Power, dans l'État voisin.
La capacité d'interconnexion entre le Manitoba et les États-Unis augmentera de 50 % pour les exportations, soit de 2 000 MW à environ 3 000 MW, et de 100 % pour les importations, ce qui représente une augmentation de 700 MW à 1 400 MW. Ce projet est mené en parallèle aux projets de développement des nouvelles ressources hydroélectriques que nous construisons dans le nord du Manitoba.
L'expansion de l'interconnexion n'a pas encore reçu l'approbation réglementaire au Canada, mais le plan prévoit la mise en service de la deuxième interconnexion de 500 000 volts en 2020. Ce sera l'un des projets de transport d'électricité les plus importants à la frontière canado-américaine, du Québec à la Colombie-Britannique.
Manitoba Hydro n'est qu'un des services publics canadiens à jouer un rôle important dans l'approvisionnement en électricité des États-Unis. En 2014, la part des producteurs d'électricité canadiens a représenté 12 % des ventes au détail d'électricité au Minnesota et au Dakota du Nord, et 12 à 16 % des ventes d'électricité dans les États de New York et de la Nouvelle-Angleterre. Au total, 30 États achètent de l'électricité au Canada. Le Michigan, la Californie, l'Oregon, l'État de Washington, le Montana et le Vermont sont les plus importants clients.
Initialement, le commerce de l'électricité avec les États-Unis s'est développé principalement dans un axe nord-sud et sur une base saisonnière. Ces dernières années, toutefois, Manitoba Hydro a accru son offre de services sur les marchés de l'électricité américains. Aujourd'hui, lorsque les États du Midwest américain sont aux prises avec une hausse ou une baisse soudaine de l'approvisionnement en électricité en raison des variations du réseau d'énergie éolienne, nous pouvons rétablir l'équilibre du réseau pour compenser ces variations par l'intermédiaire des réservoirs de stockage du Manitoba, soit pour alimenter le réseau ou récupérer les quantités excédentaires. Tout cela se fait automatiquement, selon la tarification et l'offre en énergie de Manitoba Hydro sur le marché de MISO.
Une étude majeure réalisée par MISO en 2013 portait sur la valeur de notre projet d'interconnexion de 500 000 volts vers les États-Unis et sur la valeur ajoutée que pourraient représenter de nouvelles installations hydroélectriques au Manitoba pour la région relevant de MISO. L'étude a démontré qu'en plus de contribuer à l'atténuation des fluctuations du réseau d'énergie éolienne dans les États nordiques du Midwest américain, ces installations auraient pour effet de réduire l'utilisation des centrales à coûts élevés ainsi que la consommation de carburant. Cela entraînerait une réduction des émissions et des économies sur les coûts de production d'une valeur estimée à près d'un demi-milliard de dollars par année sur l'empreinte de MISO pour 2027, l'année visée par l'étude.
L'approche des États-Unis est d'encourager fortement la planification du transport d'électricité à l'échelle régionale, conformément aux objectifs de la politique gouvernementale. Cette approche vient renforcer la nécessité de résoudre les problèmes de répartition des coûts et d'éliminer les obstacles au développement de réseaux de transport avantageux à l'échelle régionale.
Bien que cette approche ne soit pas applicable au Canada, un appui ciblé du gouvernement fédéral visant à faciliter le développement d'interconnexions élargies serait une approche purement canadienne adéquate qui cadrerait bien avec la planification optimale du transport entre diverses administrations et les objectifs de la politique publique.