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Je déclare la séance ouverte. Bonjour à tous.
Bienvenue à la 22e réunion du Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2), le Comité poursuit son étude sur la création d'une transformation énergétique canadienne juste et équitable. Il s'agit aujourd'hui de la sixième réunion avec des témoins sur cette étude.
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les membres y assistent en personne dans la salle ou à distance au moyen de l'application Zoom.
Nous aimerions rappeler à tous les participants, maintenant que nous avons commencé, qu'il est interdit de prendre des photos ou de faire des captures d'écran. La réunion est toutefois diffusée sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément à la directive du Bureau de régie interne, tous les participants qui assistent à la réunion en personne doivent porter un masque, sauf ceux qui sont à la table. Vous pouvez retirer votre masque pendant que vous parlez, mais vous devez le porter quand vous circulez dans la salle.
Pour la gouverne des nouveaux témoins qui n'ont jamais comparu devant un comité comme celui‑ci, veuillez attendre que je vous nomme avant de parler. Pour les participants qui se joignent à nous par vidéoconférence, vous devez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et nous vous demandons de le mettre en sourdine quand vous ne parlez pas. Des services d'interprétation sont offerts aux participants qui se joignent à nous sur Zoom. Vous pouvez choisir « le parquet », « l'anglais » ou « le français ». Les participants qui sont présents dans la salle peuvent obtenir une interprétation simultanée s'ils le veulent. Tous les commentaires doivent être adressés par l'entremise de la présidence.
En ce qui concerne l'interprétation, j'encourage tous les participants à parler lentement, comme s'ils avaient une conversation, afin de permettre à nos interprètes de suivre le rythme. Ils travaillent d'arrache-pied pour la Chambre ces jours‑ci, et cela rend leurs journées un peu plus faciles à gérer. Nous vous demandons donc votre soutien à cet égard.
Les personnes présentes dans la salle sont priées de lever la main si elles veulent parler. Celles qui participent sur Zoom doivent utiliser la fonction « lever la main ». Lorsque nous sommes rendus à la période des questions et réponses, je laisse en grande partie les membres gérer le temps qui leur est attribué, ce qui signifie que, si vous levez la main et que vous n'êtes pas retenu, ce sont eux qui en ont décidé ainsi. Ils ont parfois des questions précises à poser, alors n'en soyez pas offusqué.
Nous utilisons un système de cartes pour le chronométrage. Les cartes jaunes signifient qu'il reste 30 secondes, tandis que les cartes rouges signifient que le temps est écoulé. Ne vous arrêtez pas au milieu d'une phrase, mais résumez votre pensée, et nous passerons à la personne suivante.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à Mme Pauzé à notre comité à titre d'invitée aujourd'hui.
Je souhaite également la bienvenue à M. Morrice.
Nous avons six témoins...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonsoir, mesdames et messieurs les membres du Comité et collègues.
Je tiens à reconnaître que je vous parle de la ville d'Ottawa, située sur le territoire traditionnel et non cédé de la nation algonquine Anishinabe.
[Français]
Collèges et instituts Canada est le plus grand réseau d'enseignement postsecondaire du Canada. Notre association compte près de 700 campus et centres d'accès, et il collabore avec les gouvernements, les industries et les organismes à but non lucratif pour former des millions d'apprenants de divers groupes.
Nos campus sont à moins de 50 kilomètres de 95 % des Canadiens et de 86 % des peuples autochtones. Nous offrons des parcours pratiques, flexibles et abordables aux apprenants des communautés urbaines, rurales, nordiques et éloignées. Nous offrons plus de 10 000 programmes.
[Traduction]
Nos diplômés sont l'épine dorsale de l'économie canadienne, le groupe le plus important de travailleurs canadiens, qui représente 34 % de la population active. Saviez-vous que cela signifie que 6,5 millions de Canadiens sont des diplômés de collèges?
Nous sommes en train de passer à une économie carboneutre, ce qui constitue une période de grande incertitude pour de nombreux Canadiens. En plus de comparaître devant vous aujourd'hui, Collèges et instituts Canada a travaillé de près avec le gouvernement du Canada sur la question de la transformation énergétique équitable en soumettant des mémoires écrits, en participant à des tables rondes et en mettant en oeuvre des initiatives vertes depuis de nombreuses années.
[Français]
Nous pensons non seulement qu'il est possible de trouver des solutions profitables pour tous, mais qu'il en existe déjà. Elles peuvent mener à la commercialisation et présentent des possibilités d'exportation pour les entreprises, tout en créant des réservoirs de talents et des emplois intéressants et payants pour une économie verte.
Les collèges s'engagent à être des catalyseurs et des chefs de file au sein de leurs collectivités et à mettre leurs outils au profit de la décarbonisation. C'est pourquoi le réseau Collèges et instituts Canada recommande au gouvernement fédéral de soutenir les forces des collèges pour faciliter cette transition, en formulant trois recommandations clés.
Premièrement, nous recommandons de soutenir la mise en place d'une formation nationale sur les compétences vertes.
Deuxièmement, nous proposons de soutenir les options de formation de courte durée dans les collèges.
Troisièmement, nous demandons du financement supplémentaire pour la recherche appliquée dans les collèges.
Nous pouvons et voulons en faire davantage.
[Traduction]
Je cède maintenant la parole à ma collègue, Mme Janet Morrison, qui vous expliquera comment les collèges et les instituts préparent déjà les Canadiens à cette transformation énergétique et à l'économie carboneutre de notre avenir.
[Français]
Je vous remercie.
Merci, monsieur le président, et je remercie, par votre entremise, les membres du Comité de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je suis président du Collège Seneca, ici, à Toronto, dans la région de York et à Peterborough. Je suis honoré de me joindre à vous aujourd'hui au nom de Collèges canadiens pour une relance économique résiliente ou, comme nous l'appelons, C2R2. Je vous appelle de Toronto, le territoire traditionnel de la Première Nation des Mississaugas de Credit.
C2R2 est une coalition de 15 collèges, écoles polytechniques, établissements et cégeps de premier plan en action climatique d'un océan à l'autre du Canada. Grâce à notre ampleur et à notre emplacement géographique, nous pouvons joindre des milliers et des milliers de Canadiens afin de les aider à entreprendre une nouvelle carrière en renforçant leurs compétences actuelles pour appuyer la transition vers une économie carboneutre, ou à faibles émissions de carbone, et pour favoriser l'équité, la diversité et l'inclusion, en mettant l'accent sur les femmes, les populations sous-représentées et les peuples autochtones.
Mes collègues, Mmes Amyot et Morrison, de Collèges et instituts Canada, sont également ici. C2R2 a créé, avec Polytechnics Canada, une affiliation spéciale ayant un engagement commun à l'égard de la durabilité de l'environnement et d'une relance économique résiliente. Ensemble, nous faisons la promotion de nos établissements d'enseignement en tant qu'acteurs de premier plan dans une transition juste axée sur les personnes.
J'aimerais vous présenter aujourd'hui trois recommandations de notre coalition sur le document de discussion.
Ma première, qui reprend un point soulevé par Mme Amyot, est liée à la façon dont les possibilités de financement sont offertes dans notre secteur.
Le document de discussion de Ressources naturelles Canada fait état que les changements climatiques constituent le défi de notre génération et que la transition vers une économie à faibles émissions de carbone représente aussi l'une de nos plus grandes possibilités. Bien entendu, je suis entièrement d'accord, et je suis convaincu que tous les témoins le sont aussi. Toutefois, avec tout le respect que je vous dois, je tiens aussi à dire que la mise en œuvre de programmes axés sur ces transitions énergétiques doit être à la hauteur des termes audacieux indiqués dans le document et représenter le sentiment d'urgence que la crise climatique fait naître chez la plupart d'entre nous, selon moi.
Nos établissements doivent attendre des appels de propositions ouverts, peut-être une ou deux fois par année, d'un seul ministère et qui, souvent, ne sont pas alignés sur les possibilités de projets. Cela crée une course inutile à la création de partenariats et à l'élaboration de propositions.
J'oserai dire, encore une fois, avec tout le respect que je vous dois, qu'il est long d'attendre de six à huit mois pour l'examen d'une présentation de projet. Nous encourageons une approche plus pangouvernementale à l'égard du financement de programme et une collaboration interministérielle sur les projets à faibles émissions de carbone. Afin d'accélérer la mise en œuvre, nous suggérons des programmes d'admissions continues, des dates butoirs continues pour la présentation de demandes et de multiples possibilités de présenter des propositions.
Ma deuxième recommandation se rapporte à la compréhension des besoins des travailleurs et de leurs employeurs dans les phases cruciales des transitions.
Les travailleurs de l'ensemble des secteurs, de la fabrication à la technologie de l'information, communiquent avec nous, avec nous tous, afin de suivre un programme de mise à niveau des compétences ou de recyclage de courte durée pour les préparer à ces nouvelles carrières et possibilités. Il est toutefois important de comprendre que dans bon nombre de cas, ce ne sont pas de nouveaux emplois, mais plutôt des emplois existants qui évoluent au fil du temps. Afin d'assurer une transition juste et équitable pour notre population active, nous devons soutenir les travailleurs à toutes les étapes en cours de route et pas seulement lorsque les rôles se sont en fait transformés en quelque chose d'entièrement nouveau. Il est très important de fournir aux travailleurs des soutiens tout au long de ces phases de changements progressifs. C'est entre autres comment nous nous efforçons de ne laisser personne pour compte.
Enfin, monsieur le président, comme nous l'avons indiqué dans notre mémoire sur les dispositions législatives pour une transition juste, les besoins de la population active canadienne sont en fait nuancés, et il est important de reconnaître qu'il existe des groupes distincts de travailleurs aux caractéristiques différentes. Les trois grands groupes sont les travailleurs qui mettent à niveau leurs compétences, ceux qui font déjà partie de la population active et qui ont besoin d'une courte formation, et les travailleurs entrants ou nouveaux. Il pourrait s'agir d'étudiants ayant un diplôme d'études secondaires qui amorcent des études postsecondaires. Il pourrait aussi s'agir de travailleurs qui arrivent d'un domaine entièrement différent ou de ceux qui réintègrent la population active après ne pas en avoir fait partie pendant un certain temps. Leur cheminement éducatif sera beaucoup plus long que celui du premier groupe.
Ensuite, à l'échelle internationale, il y a les travailleurs des métiers, qui apportent des compétences acquises dans d'autres pays, mais qui ont besoin de soutien. Chacun de ces groupes a des besoins différents et, par l'intermédiaire des parcours et des systèmes de soutien éprouvés que nos établissements ont mis au point, C2R2 a la force nécessaire pour soutenir tous ses apprenants, particulièrement ceux qui se heurtent à des obstacles supplémentaires à chacune des étapes de leur transition dans la population active ou au sein de la population active.
Il me tarde de répondre à vos questions et de participer à la discussion. Encore une fois, merci du temps que vous m'accordez.
Merci, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à dire que je suis présentement sur le territoire non cédé des Anishinabe.
Honorables membres du Comité, je vous remercie de nous offrir l'occasion de nous présenter. Je m'appelle Larry Rousseau, et je suis le vice-président exécutif du Congrès du travail du Canada, ou CTC.
Le CTC est la plus grande centrale syndicale du Canada. Nous représentons, sur des questions nationales, plus de 3 millions de travailleuses et travailleurs, y compris ceux qui travaillent dans les secteurs produisant des taux d'émission élevés.
Je vais faire mon discours en anglais, mais je vous invite à poser vos questions dans la langue officielle de votre choix.
[Traduction]
Depuis des années, le Congrès du travail du Canada, CTC, défend avec passion des mesures pour assurer une transition juste au pays et à l'étranger. Les travailleurs des secteurs de l'énergie et des ressources comprennent déjà la réalité morose des changements climatiques, car ils la vivent. Ils comprennent aussi la nécessité de faire la transition vers des sources d'énergie propre et renouvelable, mais ils insistent, et nous aussi, sur le fait que la transition doit profiter aux travailleurs au lieu de se faire à leurs frais.
Les travailleurs doivent voir leur propre avenir être représenté dans une vision d'un Canada carboneutre. Autrement, l'incertitude, le ressentiment et l'opposition continueront de nuire à la transition accélérée requise pour atteindre nos cibles climatiques.
Le concept d'une transition juste suscite un intérêt général, peut-être sans être bien compris. Une transition juste peut faire beaucoup de choses, mais, en fin de compte, ce sont les emplois qui importent.
Les travailleurs touchés ont besoin de nouveaux emplois décents ou d'un emploi qui leur donnera droit à une pension et leur permettra de vieillir dans la dignité. Les nouveaux emplois devraient être d'une qualité équivalente à ceux qui disparaissent, ou supérieure. Les personnes résisteront à juste titre à une transition qui leur exige d'échanger leur salaire qui soutient leur famille et leur collectivité, leurs avantages sociaux et leur pension pour des emplois précaires, peu rémunérés ou dangereux.
En fin de compte, les travailleurs et les collectivités ont besoin d'un plan. Les travailleurs ont besoin de savoir où sont les nouveaux emplois et quelles sont les voies à suivre pour y accéder. Des soutiens en formation seront-ils fournis pour leur donner les compétences qui leur permettront d'occuper les emplois de qualité qui seront offerts? Quel est le plan pour les collectivités qui dépendent d'industries à forte intensité d'émissions?
Les travailleurs et les syndicats doivent jouer un rôle dans les décisions prises sur leur avenir et sur celui de leur collectivité. C'est au coeur d'une transition juste, et c'est clairement défini dans les lignes directrices pour une transition juste des Nations unies négociées à l'Organisation internationale du travail, ou l'OIT.
Les syndicats canadiens appuient l'engagement à déposer une loi en vue d'assurer une transition juste, mais cette loi ne suffira pas à elle seule. En fait, elle pourrait aggraver les craintes et le scepticisme existants quant à la capacité de la transition juste de respecter la promesse d'une économie à faibles émissions de carbone fondée sur des emplois de qualité qui soutiennent les familles et les collectivités.
Nous devons avoir un plan qui comprend les types et le nombre d'emplois nécessaires à la création d'une économie carboneutre. Quels investissements doit‑on réaliser pour stimuler cette création d'emplois? Quels sont les leviers dont nous disposons pour garantir qu'il s'agit d'emplois de qualité?
En ce qui concerne la formation, je me réjouis de la présence d'un si grand nombre d'intervenants du secteur de la formation ici. La formation sera un aspect crucial d'une transition juste. Nous devons faire en sorte que les investissements en formation permettent d'acquérir les compétences requises pour assurer un avenir carboneutre.
Les centres de formation des syndicats sont bien placés, en fait, pour garantir que les travailleurs eux-mêmes reçoivent une formation appropriée et de qualité élevée, alignée sur les possibilités d'emploi à l'autre extrémité. Ces centres de formation sont des organismes à but non lucratif gérés conjointement en fiducie, qui veillent depuis longtemps à ce que les travailleurs syndiqués et non syndiqués soient formés selon les normes les plus élevées de l'industrie. Leurs programmes sont accrédités dans toutes les provinces, sauf le Québec, et la formation est offerte par des instructeurs chevronnés de qualité.
Enfin, nous exhortons le gouvernement à se méfier des fournisseurs de services de formation à but lucratif, dont les programmes miracles n'outilleront pas les travailleurs pour réussir dans l'économie en évolution.
[Français]
Monsieur le président, je pense que mon temps de parole est écoulé. Je vais donc m'arrêter ici.
Je suis prêt à répondre aux questions des membres du Comité.
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Bonjour à tous. Merci de m'avoir invité à faire part de mes réflexions sur une transition énergétique juste et équitable.
Je m'appelle Kevin Nilson. Je suis président et directeur général de l'Organisation pour les carrières en environnement du Canada, un organisme national de perfectionnement de la main-d'oeuvre qui se consacre à soutenir le secteur environnemental du Canada du point de vue des ressources humaines. L'organisation, créée en tant que conseil sectoriel en 1992, produit depuis du renseignement sur le marché du travail afin d'orienter les programmes et services pour soutenir la croissance du secteur et l'aider à atteindre son potentiel. Nous représentons plus de 3 000 professionnels de l'environnement qui ont le titre de SE, spécialiste en environnement, 35 programmes universitaires que nous avons accrédités et plusieurs milliers d'autres intervenants qui travaillent avec nous à la création de programmes de formation et d'emploi.
Il est important, selon moi, de voir la transformation énergétique comme une possibilité, et pas comme une menace. Les technologies propres, par exemple, sont une industrie qui génère 2,5 billions de dollars à l'échelle mondiale. Il s'agit donc d'une occasion immense pour le Canada de se positionner en vue de s'approprier une part raisonnable du marché.
La transition des économies n'est pas un concept nouveau. La révolution industrielle et les avancées plus récentes dans les domaines des technologies et de l'intelligence artificielle ont poussé tous les secteurs de l'économie à changer et à évoluer fréquemment. Chaque étape s'accompagne de craintes de pertes d'emploi et d'interruptions; toutefois, quand les bonnes mesures sont prises, il faut adopter cette évolution naturelle, et pas y résister. Je crois que nous réussirons si nous nous en tenons à la notion d'une approche axée sur les personnes.
Outre la sécurité, je crois qu'il existe deux domaines fondamentaux dont les gens se préoccupent en ce qui concerne leur travail: premièrement, il y a la capacité de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille et d'atteindre ou de chercher la prospérité; deuxièmement, il y a la capacité d'avoir une carrière stimulante en s'appuyant sur leurs compétences et intérêts. Si la transition vers une économie à faibles émissions de carbone garde ces éléments fondamentaux au premier plan, je crois que nous réaliserons la transformation, tout en constatant une forte participation des personnes touchées. Il faut trouver une solution où tout le monde y gagne.
Nous n'éliminons pas un secteur en particulier, ce qui constitue un autre aspect important à ne pas sous-estimer. La transformation énergétique ne signifie pas que nous fermerons un secteur du jour au lendemain pour nous réorienter vers un autre secteur. À titre d'exemple, au cours des prochaines décennies, nous dépendrons des produits du pétrole, à défaut du carburant, afin de fabriquer divers produits pétrochimiques utilisés dans les vêtements et l'équipement hospitalier, entre autres. La transition dont nous parlons, du moins comme je l'imagine, amènera certains travailleurs dans de nouveaux secteurs. D'autres adapteront leurs ensembles de compétences et demeureront dans leur secteur actuel afin d'aider à soutenir l'efficacité énergétique et les réductions des émissions, entre autres.
L'Organisation pour les carrières en environnement du Canada vise à s'assurer qu'il existe une offre adéquate de personnes compétentes afin de répondre à la demande actuelle et future en travailleurs de l'environnement. La demande est grande et elle ne fait que croître. Au cours de la première année de la pandémie, par exemple, lorsque des millions d'emplois ont été perdus à l'échelle du Canada, les emplois verts ont continué de croître à un taux de croissance net de 5 %. Selon nos estimations, le secteur continuera de croître à un taux de 17 % jusqu'en 2025. Cette croissance, jumelée à un taux de départs à la retraite estimé de 30 % jusqu'en 2029, pose d'importants défis pour le secteur. Il sera donc essentiel d'attirer les employés des secteurs de la transformation.
Il existe plusieurs excellents programmes de financement à l'échelle fédérale pour soutenir cette transition. Parmi ceux‑ci, notons le programme de solutions pour la main-d'œuvre sectorielle, la Stratégie emploi et compétences jeunesse, Compétences pour réussir et le Centre des Compétences futures. Il faut continuer de privilégier ces programmes et d'autres qui mettent l'accent sur le soutien à l'emploi et les efforts de renforcement des compétences afin de permettre un recyclage et une mise à niveau adéquats au fur et à mesure que les carrières évoluent.
J'échange aussi fréquemment avec des employeurs, et les entreprises en démarrage me disent toutes que le soutien pour les initiatives de recherche et de développement et pour les entreprises en démarrage ne manque pas. Le problème réside dans le fait que ce soutien prend fin avant que ces entreprises deviennent rentables. Si les entreprises sont soutenues un peu plus longtemps, l'investissement reviendra au Canada sous la forme d'impôt sur le revenu d'entreprises prospères, qui seront en mesure de croître et d'être concurrentielles à l'échelle mondiale. Dans une étude de délimitation de l'étendue que nous avons menée sur le secteur des technologies propres, nous avons constaté que le Canada se classait au premier rang à l'échelle mondiale en matière d'investissement en recherche et en développement par habitant, mais occupait le 16e rang en ce qui concerne la capacité d'en tirer des revenus. Il s'agit d'un autre domaine d'intérêt clé, car nous devons nous assurer que nos investissements sont rentables, dans l'intérêt de tous.
Je dirai pour terminer que je crois qu'il faut être conscient des conséquences imprévues des décisions stratégiques. Notre recherche de sources d'énergie meilleures et plus propres entraîne plusieurs conséquences inattendues sur lesquelles il faut davantage mettre l'accent. Avec les nouvelles technologies, particulièrement la technologie des batteries, nous dépendrons de plus en plus d'autres pays pour les métaux des terres rares, les pièces et la fabrication. Par exemple, si les pièces sont fabriquées au moyen d'une source d'énergie au charbon à l'étranger, nous éliminons une certaine partie des gains au chapitre des émissions que nous espérons réaliser à l'échelle mondiale. Dans la mesure du possible, nous devons soutenir les secteurs canadiens de l'exploitation minière et de la fabrication, où nous pouvons contrôler de plus près le processus, tout en garantissant que les emplois restent au pays.
Merci beaucoup. Je répondrai à vos questions avec plaisir.
[Français]
Monsieur le président et honorables membres du Comité, je vous remercie de nous avoir invités à vous faire part de quelques idées sur les volets liés aux compétences et à la main-d'œuvre dans les transitions qui sont en cours ainsi que dans celles à venir en ce qui a trait aux économies durables.
[Traduction]
Je m'appelle Noel Baldwin, et je suis directeur des Affaires publiques et gouvernementales au Centre des Compétences futures, CCF. Ma collègue, Mme Tricia Williams, directrice de la recherche, de l'évaluation et de la mise en commun des connaissances au CCF, m'accompagne.
Aujourd'hui, nous voulons vous parler du CCF et vous présenter quelques idées nouvelles issues de notre travail qui pourraient aider les gouvernements et d'autres acteurs dans leurs réflexions sur les défis liés aux compétences et à la main-d'oeuvre en vue d'atteindre les cibles climatiques et de bâtir des collectivités et des économiques durables pour l'avenir.
Le CCF est un centre de recherche-action indépendant hébergé à l'Université métropolitaine de Toronto, anciennement connue sous le nom d'Université Ryerson, et un consortium fondé en partenariat avec le Conference Board du Canada et BlueprintADE. Il est financé par l'intermédiaire de l'initiative Compétences futures du gouvernement du Canada et a ouvert ses portes en février 2019.
En trois ans, le CCF s'est taillé un rôle important dans les écosystèmes du renforcement des compétences du Canada, grâce aux mesures suivantes: un investissement de 176 millions de dollars dans des projets d'innovation pour le renforcement des compétences menés dans chaque province et territoire; plus de 100 publications de recherches sur les problèmes actuels et futurs liés aux compétences; et un réseau de plus d'un millier d'employeurs, chefs de file de l'industrie, organisations syndicales et spécialistes en compétences et en formation qui travaillent à l'élaboration de solutions axées sur l'avenir dans plus de 20 secteurs économiques, y compris les industries qui subissent des perturbations et les secteurs en croissance. En outre, le CCF aide plus de 10 000 Canadiens à recevoir une formation pratique et présente des points de vue et des idées qui éclairent et appuient un programme de renforcement des compétences pouvant aider les populations, les régions et les secteurs à faire une transition réussie en vue de répondre aux demandes futures en main-d'oeuvre.
Il est réellement nécessaire de bien comprendre les compétences. Nos collègues du Conference Board ont estimé que les besoins non comblés en compétences ont coûté 25 milliards de dollars à l'économie canadienne en 2020, soit environ 1,3 % du produit intérieur brut, et ce chiffre a augmenté de 60 % depuis 2015. Les défis qui nous attendent nous obligent à nous améliorer de toute urgence.
Je cède la parole à ma collègue, Mme Williams, qui vous parlera des façons dont nous appliquons ce cadre à la réflexion sur les compétences qui assureront un avenir durable aux collectivités et aux économies du Canada.
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Merci, monsieur Baldwin.
Merci, honorables membres du Comité, de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui.
Au cours des prochaines années, l'atteinte des objectifs de carboneutralité ne sera pas un problème sur le plan technologique, mais plutôt un problème de compétences. Il s'agit d'un problème que nous devons régler ensemble.
Permettez-moi de présenter au Comité trois domaines de réflexion et des recommandations pour relever ce défi.
Premièrement, nous avons constaté qu'il sera crucial pour le Canada d'avoir une compréhension nuancée à l'échelle régionale. La transition vers une économie carboneutre pourrait effectivement augmenter les possibilités d'emploi en général. Nous savons toutefois que les répercussions sur l'emploi varieront d'un pays et d'une région à l'autre. Au Canada, nous en savons en fait très peu jusqu'à maintenant sur l'incidence que les transitions énergétiques pourraient avoir sur des régions ou secteurs précis. En ce qui concerne la main-d'oeuvre et les compétences, cette analyse n'a tout simplement pas été faite encore.
Deuxièmement, nous devons soutenir les travailleurs et les collectivités. Nous disposons de nouvelles preuves sur ce qui fonctionne pour les transitions individuelles et communautaires. À Calgary, par exemple, nous travaillons avec Calgary Economic Development afin d'aider les travailleurs des secteurs pétrolier et gazier à se recycler pour accepter des rôles en forte demande dans le secteur florissant des technologies de la ville. Cinq collèges et universités et des dizaines d'employeurs et de partenaires participent à cet effort. Plus important encore, le projet connaît un immense succès auprès des travailleurs, qui se trouvent de nouveaux rôles et métiers.
Troisièmement, nos activités de recherche et d'innovation montrent que certains secteurs représentent des « gains assurés » au chapitre des investissements dans le perfectionnement des compétences. Avec le bon soutien, les Canadiens sont en fait bien placés pour effectuer les réorientations nécessaires pour obtenir les bonnes compétences et travailler dans les bons secteurs. Par exemple, avec Ocean Wise, nous aidons des collectivités autochtones du Nunavut à être reconnues pour leurs pratiques de pêche durable. Les mises à niveau ciblées des compétences sont également nécessaires, comme d'autres témoins l'ont indiqué. À titre d'exemple, un charpentier ou une personne de métier apprend des technologies et des normes nouvelles. Nous mettons à l'essai des approches dans le cadre de projets avec SkillPlan et le Conseil du bâtiment durable du Canada.
Nous savons qu'il existe plusieurs domaines de compétences difficiles à trouver sur le marché, comme les employeurs nous le disent constamment, mais qui seront cruciaux pour assurer des transitions durables. Il s'agit de compétences comme le raisonnement critique, la surveillance, la coordination, le jugement, la prise de décision et la résolution de problèmes complexes. Ce sont les compétences sociales et émotionnelles qui représentent des investissements sûrs maintenant et qui rapporteront sans aucun doute des dividendes au cours des prochaines années, peu importe les avancées technologies qui surviennent d'ici là.
Je vous remercie de votre temps et de votre attention. Nous répondrons avec plaisir à vos questions.
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Merci. Je vous suis vraiment reconnaissant de me donner l'occasion de présenter certaines de nos conclusions au Comité.
Pour ceux d'entre vous qui l'ignorent, le Conference Board est un institut de recherche à but non lucratif. Nous sommes maintenant un employeur « virtuel d'abord », qui compte des employés d'un bout à l'autre du pays. Nous menons des recherches dans neuf domaines clés, y compris l'économie, l'éducation, les compétences et les ressources humaines et, bien entendu, nous sommes un fier partenaire du Centre des Compétences futures, avec qui nous avons publié près de 100 articles de recherche différents au cours des dernières années et réuni des milliers de personnes pour parler de l'avenir du travail au Canada.
Je suis le vice-président de la recherche au Conference Board. Je suis économiste de formation et directeur général du travail que nous faisons avec le Centre des Compétences futures.
Comme tous les autres témoins l'ont mentionné, la transition verte représentera un changement considérable pour le Canada, qui aura d'importantes conséquences sur le marché du travail. On assistera à une augmentation des possibilités d'emploi pour certains types de rôles, ainsi qu'à une demande réduite pour d'autres. Cette transition modifiera aussi les compétences requises et les tâches exécutées pour de nombreux emplois.
Ce dernier point est très important. Nous devons parler des emplois et y réfléchir dans le contexte des tâches que les personnes doivent exécuter et des compétences dont elles ont besoin pour réussir. La raison est qu'un nombre relativement faible d'emplois seront exclusivement verts. En fait, des tâches de type écologique seront intégrées à la plupart des emplois et, par conséquent, nous aimerions de plus en plus penser aux emplois comme faisant partie d'un continuum écologique plutôt qu'en les définissant comme verts ou pas. En outre, la place qu'occupent les emplois le long de ce continuum écologique évoluera probablement au fil du temps.
Cela étant dit, dans notre recherche, nous voulions élaborer un cadre afin de parler des emplois verts. Pour ce faire, nous avons examiné le marché du travail canadien de deux façons clés. Premièrement, nous nous sommes penchés sur les industries où les gens travaillent, et nous avons conclu que les emplois verts se trouvent dans trois domaines clés. Premièrement, il y a la production, la transmission et la distribution d'énergie propre. Deuxièmement, il y a les entreprises axées sur les améliorations écoénergétiques, principalement des entreprises de construction et de fabrication. Finalement, il y a le domaine de la gestion et des services environnementaux.
La deuxième lentille que nous appliquons nous permet d'examiner les métiers que les gens occupent réellement. Nous nous concentrerons sur trois critères clés pour tenter de définir les emplois verts.
Premièrement, on cherche à savoir si la demande pour les rôles augmente à la suite de la transition verte. Songeons par exemple aux monteurs de ligne. La demande augmente à mesure que nous passons à l'adoption de formes d'électricité qui n'émettent pas de gaz à effet de serre dans notre ensemble de sources d'énergie.
Le deuxième critère est lié aux emplois où les compétences requises pour les rôles existants évoluent à cause de la transition verte. À titre d'exemple, songeons aux types de rôles dans les domaines de l'ingénierie ou de l'architecture pour lesquels il faut de plus en plus avoir des connaissances sur l'efficacité énergétique.
Le dernier domaine est celui des rôles entièrement nouveaux ou émergents, par exemple, les techniciens d'éoliennes.
En utilisant cette définition, nous avons constaté qu'environ 900 000 emplois au Canada sont verts à l'heure actuelle. Cela représente 5 % de la population active. En outre, dans le cadre de notre travail avec le Centre des Compétences futures, nous prévoyons ce à quoi ressemblera le marché du travail canadien au cours des 20 prochaines années, ce qui nous mène à conclure que la part d'emplois verts augmentera de façon constante au cours des prochaines années.
Bien entendu, ce sont les emplois que nous définissons comme verts à l'heure actuelle. Comme je l'ai indiqué au début de ma déclaration, bon nombre d'emplois vont progresser le long du continuum écologique au cours de cette période, ce qui signifie que des tâches ou des compétences vertes seront intégrées à un nombre croissant d'emplois.
De quelle façon pouvons-nous aider les gens à se préparer à cela? Nous constatons que la plupart des personnes qui sont les plus susceptibles de perdre leur emploi au cours des prochaines décennies peuvent faire la transition vers des emplois de cols verts après une année ou moins de recyclage. Cela comporte toutefois un grand nombre de restrictions. Par exemple, il existe de nombreuses possibilités, mais elles varient considérablement selon l'endroit où vous êtes situé au pays. Par exemple, de façon relative, l'Ontario et l'Alberta offrent beaucoup de possibilités, tandis que le Canada atlantique en offre moins. Le coût de la formation diffère aussi grandement, selon la région où l'on habite. En Alberta, il est très élevé. Le Québec a le coût le moins élevé du pays, et l'écart est assez important, soit une différence de 30 % entre les deux provinces.
La bonne nouvelle, c'est que nous avons constaté que les trois quarts des gens environ sont prêts à passer à un emploi vert, mais il faudra surmonter un certain nombre d'obstacles pour y arriver. Le premier est la peur. Les gens doivent savoir que les nouveaux emplois de cols verts assurent une sécurité d'emploi et qu'ils offriront un salaire au moins comparable à celui de leur rôle actuel. Il faut aussi les convaincre qu'ils sont en mesure d'acquérir les compétences dont ils ont besoin pour pouvoir réussir, car certaines personnes craignent de ne pas être en mesure d'apprendre ces nouvelles compétences.
Enfin, il faut aider les personnes à changer la façon dont elles se voient. Un grand nombre de personnes définissent fortement leur identité en fonction de leur rôle et de leur titre actuel. Un changement à cet égard peut entraîner des craintes.
Le deuxième aspect important est l'offre de soutiens pour couvrir les coûts associés au recyclage, y compris des soutiens de l'employeur, afin de permettre aux personnes de s'absenter du travail. La plupart des gens ne peuvent pas facilement s'absenter du travail pendant une longue période une fois qu'ils se joignent à la population active.
Le troisième élément important est l'accès égal à la formation. Dans notre recherche, nous avons constaté que les travailleurs plus âgés, ceux sans éducation postsecondaire et ceux qui ont des lacunes en matière de compétences fondamentales, sont moins susceptibles de se voir offrir des possibilités de formation, pourtant ce sont eux qui ont le plus besoin de mettre à niveau leurs compétences.
Pour conclure, parce que mon temps est écoulé, la transition des marchés du travail vers des emplois de cols verts sera un marathon, et pas un sprint. Des centaines de milliers de personnes se joindront à la population active et en sortiront chaque année. Cela signifie que nous devons abattre ces obstacles à des niveaux différents. Cela signifiera des changements différents pour les personnes qui sont aux études et celles qui travaillent déjà. Cela signifie que nous devrons penser différemment dans différentes collectivités, parce que les transitions seront différentes dans chacune de nos collectivités différentes.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci à chacun des témoins et invités présents aujourd'hui. Nous sommes heureux de vous entendre parler des idées que vous avez et des travaux que vous menez.
Nous discutons évidemment d'un sujet très important aujourd'hui. Étant moi-même originaire de la région de l'Atlantique, dont vous venez de parler, monsieur Burt, je sais qu'elle est aux prises avec des défis, mais elle offre aussi des possibilités.
Comme entrée en matière à ma question, j'aimerais faire une observation. Dans divers secteurs à l'échelle du pays, les gens font part de leurs grandes préoccupations en ce qui concerne l'avenir de l'emploi et la capacité de subvenir aux besoins de leur famille. Nous débattons déjà de l'augmentation considérable du coût de la vie et des pressions inflationnistes. Les personnes ont besoin d'avoir un emploi bien rémunéré. Nous savons que les emplois dans les secteurs des ressources naturelles et de l'énergie ont offert un travail utile et bien rémunéré à de nombreux Canadiens.
Bon nombre d'entre nous sur la côte Est ont vu des proches se rendre sur la côte Ouest et ailleurs afin de travailler dans le secteur des ressources. De nombreuses personnes se posent une question très légitime. Nous avons entendu aujourd'hui, et nous croyons comprendre, que bon nombre des emplois dans le secteur de la fabrication qui sont créés dans l'économie verte pour des domaines qui font l'objet d'une transition sont souvent situés dans d'autres pays. Ils sont à l'étranger.
Il semble y avoir une transition de la production et de l'utilisation des ressources que notre pays a la chance d'avoir en abondance vers une production surtout concentrée à l'étranger. Cela pourrait aussi vouloir dire une délocalisation significative d'emplois vers l'étranger également. C'est la préoccupation qu'ont bon nombre de nos concitoyens.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez, monsieur Nilsen, et monsieur Burt ensuite. Qu'allons-nous offrir aux Canadiens qui s'inquiètent de voir leur emploi être transféré à l'étranger et pas nécessairement de façon écoresponsable? Nous ne faisons que remplacer nos travailleurs ici par des travailleurs d'un autre pays.
Le Canada a la meilleure réglementation environnementale parmi de nombreux pays riches en ressources à l'échelle mondiale. Peut-être devrions-nous chercher des façons de maintenir les emplois dans ce secteur de notre économie au lieu de les envoyer à l'étranger.
Avez-vous des commentaires à ce sujet? J'aimerais d'abord vous entendre, monsieur Nilsen, et entendre M. Burt ensuite.
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C'est l'un des aspects que nous essayons sans cesse de comprendre.
Pour répondre à l'inquiétude relative au salaire, c'était un plus grand problème il y a cinq ans qu'il ne l'est aujourd'hui, et ce, pour deux raisons. Premièrement, les salaires ont considérablement augmenté dans le secteur environnemental. Nous faisons des études sur la rémunération chaque année. Nous en publierons une au cours des prochains mois. Les salaires augmentent dans ce secteur. Les salaires dans les secteurs pétrolier et gazier ont considérablement baissé. Ils ont commencé à le faire en 2014, après que le prix du pétrole et du gaz a commencé à baisser légèrement. Nous constatons donc que les salaires ne sont pas aussi élevés qu'ils l'étaient. Nous devrons surveiller la légère hausse que nous voyons maintenant, mais les salaires dans le secteur environnemental augmentent, et il est tout à fait possible d'avoir une carrière stimulante et de subvenir aux besoins de sa famille tout en travaillant dans le secteur environnemental.
La fabrication locale est un point de mire important. Elle devrait également l'être du point de vue environnemental, comme je l'ai indiqué dans ma déclaration liminaire. Toutefois, si nous permettons à d'autres de fabriquer nos pièces et d'utiliser une source d'énergie au charbon dans ce processus, nous ne réalisons aucun gain. Le Canada a des lignes directrices sociales et des cibles environnementales strictes, ce que les autres pays où nous fabriquons ces pièces n'ont peut-être pas.
Je vais vous donner un exemple. Nous disons souvent qu'il faut arrêter de se déplacer et organiser les réunions sur Zoom. Cela serait une excellente contribution à la réduction des émissions, mais le monde est...
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Merci, monsieur Nilsen. Je suis désolé, j'ai peu de temps et je veux poser d'autres questions. Vous avez couvert beaucoup d'éléments, et je vous en remercie.
L'aspect le plus important... vous l'avez dit. Nous avons l'une des meilleures réglementations en matière d'environnement. Nous avons même la capacité d'accroître notre production pour obtenir davantage de ces ressources requises ici, au Canada, tandis que nous ne savons même pas quelles sont les exigences réglementaires à l'étranger et quel genre d'empreinte charbon ou autre empreinte énergétique il peut y avoir là‑bas.
Particulièrement depuis la pandémie, je constate une énorme augmentation de la demande des Canadiens, qui veulent qu'un plus grand nombre de produits soient fabriqués dans notre propre pays. Nous avons l'une des meilleures réglementations au monde. Dans le cadre de cette transition, il faudrait songer à offrir plus de travail canadien à plus de travailleurs canadiens, y compris dans les secteurs des ressources et de l'énergie.
Monsieur Burt, j'aimerais que vous me fassiez part vous aussi de vos commentaires à ce sujet.
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Je vais utiliser l'expression de M. Nilsen ici et vous répondre par « cela dépend ». La fourchette est tellement grande.
Examinons l'éventail des titres de compétences offerts, par exemple, à Seneca. On y trouve des microcertifications, des diplômes de courte durée, allant de quelques semaines, littéralement, à quatre ans. Ils offrent des diplômes d'un an ou deux, ou de deux ou trois ans, ou un certificat d'un an ou deux. Cela dépend vraiment.
J'ai tenté de présenter ces trois secteurs afin de montrer qu'il faut être nuancé dans ce que l'on offre à chacun de ces groupes. Un étudiant qui arrive du secondaire n'a pas besoin d'avoir une microcertification. Il a besoin de faire des études plus longues, pour suivre un parcours professionnel ou acquérir des compétences qu'une personne qui travaille connaît, mais qui a besoin d'acquérir de nouvelles compétences — nous avons beaucoup parlé de perfectionnement — parce que son travail évolue. Cela ne change pas du jour au lendemain.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie également tous les témoins d'être ici ce soir.
Ma question s'adresse à M. Rousseau, du Congrès du travail du Canada.
Presque tous les intervenants rencontrés jusqu'à maintenant s'entendraient pour dire que le gouvernement canadien n'a pas de plan pour mettre fin à l'exploitation des énergies fossiles.
Le commissaire à l'environnement a parlé du secteur de l'emploi et du développement social. Il a dit que, en 1992‑1993, le gouvernement fédéral devait agir pour aider les pêcheurs et les communautés touchées par l'effondrement du secteur de la morue. Finalement, le gouvernement fédéral n'a rien fait, et la population de morue, à Terre‑Neuve-et-Labrador, connaît un creux critique.
Je pourrais aussi donner l'exemple du secteur de l'amiante, qui a été complètement déstructuré.
Puisqu'il n'y a pas de plan pour la transition juste, ne devrions-nous pas craindre que le même sort attende les communautés qui vivent du secteur des hydrocarbures?
Selon vous, comment devrait être amorcé ce plan pour transformer l'économie et faire une véritable transition écologique?
Nous avons entendu un excellent groupe de discussion de l'organisation Iron and Earth. Les intervenants ont parlé des études menées et de la façon dont les travailleurs sont prêts. Ils veulent des solutions de rechange et voir cette nouvelle économie, mais ils se demandent où elle se trouve.
Je veux poser une question à ce sujet.
Le s'est rendu à la COP26 et a fait une tonne de promesses, tout juste après que le commissaire à l'environnement a indiqué que le gouvernement faisait toutes sortes de promesses et n'en avait tenu aucune. Lorsque Joe Biden s'est rendu à la COP26, il disait tout le temps que le pays allait créer des emplois bien rémunérés pour les travailleurs américains. C'était ce qu'il disait constamment. Lorsque l'on entend les démocrates américains parler de transition, ils parlent d'emplois bien rémunérés pour les travailleurs américains. Je n'ai jamais entendu le gouvernement en dire autant. Je n'ai jamais entendu le gouvernement dire qu'il allait créer des emplois syndiqués bien rémunérés pour les travailleurs canadiens. Il dit que le pays va respecter ses obligations mondiales et qu'il fera ceci et cela, mais on ne sent pas que cet effort sera axé sur les travailleurs. Si les travailleurs ne sont pas au cœur de cette transition, ils éprouveront de la rancœur.
Le CTC peut‑il nous présenter des recommandations à examiner afin de nous assurer que nous garantissons aux travailleurs que les emplois créés ne seront pas des emplois peu rémunérés?
J'ai entendu certains de mes collègues libéraux demander où se trouvaient ces nouveaux emplois dont vous parlez. Soit nous disons aux gens que nous créerons des emplois meilleurs, de bons emplois, soit nous leur racontons des mensonges. Comment pouvons-nous savoir que nous pouvons le faire? Quelles recommandations le CTC peut‑il nous présenter aux fins d'examen?
Je suis habitué de voir les gouvernements provinciaux cerner les pénuries de compétences dans les économies régionales et de les pallier en recourant à leurs établissements postsecondaires à l'échelle provinciale. Les gouvernements provinciaux travaillent avec divers établissements — des collèges, des établissements techniques et des universités — et ils dépensent de vastes sommes dans le cadre de ces collaborations. Je tiens à le mentionner.
Je vois que le gouvernement fédéral fournit à votre organisation un financement de plus de 380 millions de dollars afin de faire réellement un travail en double. En outre, bon nombre des organisations présentes à la table reçoivent un financement de centaines de millions de dollars pour le faire, et vous travaillez tous ensemble.
Il s'agit, à mon avis, d'une bureaucratie dispendieuse et non productive. Mes électeurs se demandent quelle est la valeur de ce travail que vous faites, quand, en réalité, il s'agit de créer plein de rapports, qui ne donnent pas une ligne de vue directe sur le résultat ici.
Ce sera la dernière question que je vous poserai, monsieur Baldwin: pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous croyez que ce travail ne chevauche pas directement celui qui est fait à l'échelle provinciale pour créer les emplois de l'avenir?
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Merci, monsieur Baldwin. Je ne crois pas que vous avez répondu à ma question, mais je vous remercie tout de même.
Je m'adresse maintenant à ECO Canada.
ECO Canada, merci beaucoup de votre excellente déclaration. Vous avez dit avoir fourni des subventions salariales de 144 millions de dollars afin de créer 14 000 emplois rémunérés. Après un calcul rapide, cela correspond à 10 000 $ par emploi, dont aucun n'est resté, mais c'est ainsi. Il y a également d'autres études où l'on indique qu'il s'agit de 20 000 $ par emploi. Compte tenu du nombre limité d'emplois dont vous parlez ici, vous ne pouvez relever que très peu d'emplois qui entrent dans cette équation.
Dites-nous, monsieur Nilsen, où croyez-vous que se situe cet écart entre les anciens emplois et les nouveaux, parce que le Conference Board dit que 27 emplois seront créés dans la nouvelle économie verte pour chaque 100 emplois que nous perdrons dans l'ancienne économie?
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J'aimerais faire une pause, car la lumière des cloches clignote. Se passe‑t‑il quelque chose?
Afin de permettre aux témoins de comprendre ce qui se passe, si nous en venons à tenir des votes, nous recevons un avis et nous devons obtenir le consentement unanime du Comité. Je ne crois pas qu'il se passe quoi que ce soit, mais nous le confirmerons.
Recevons-nous un avis?
Une voix: Oui, c'est une sonnerie d'appel de 30 minutes.
Le président: D'accord, nous avons une sonnerie d'appel de 30 minutes. Souhaitons-nous poursuivre?
Des députés: Oui.
Le président: De combien de temps les gens ont-ils besoin pour se rendre à la Chambre? De 15 minutes? De 10 minutes?
Un député: De 10 secondes.
Un député: Pouvons-nous voter à partir d'ici?
Le président: Je ne peux pas demander aux gens de faire cela. Ils doivent pouvoir se rendre à la Chambre s'ils le veulent. Je crois qu'il faut 10 minutes, et il m'en faut trois pour...
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Je vous remercie, madame Williams.
Ma prochaine question s'adresse à M. Rousseau, du Conseil du travail du Canada.
Monsieur Rousseau, vous demandez que le gouvernement investisse des milliards de dollars sur cinq ans pour favoriser le développement des énergies renouvelables et soutenir la formation dans ce domaine, sans oublier les mesures de transition. Je pense notamment aux mesures ayant trait à la rénovation résidentielle écoénergétique, secteur qui bénéficie d'ailleurs de subventions du gouvernement fédéral.
Au Québec, la Commission des partenaires du marché du travail a mis sur pied des comités consultatifs. Cela découle d'une entente conclue avec le gouvernement fédéral en 1997.
Il est pertinent de maintenir au Québec un modèle intégré, décloisonné et universel en matière de services publics liés à l'emploi et à la formation, lesquels sont axés sur les besoins des clients. Cela peut aider les régions.
J'imagine que vous seriez d'accord si, dans le cadre de cet éventuel investissement de milliards de dollars, il y avait un mécanisme permettant de verser les sommes au Québec et aux provinces et que ces fonds soient gérés par Québec et les provinces.
Est-ce exact?
Madame Williams, j'aimerais revenir sur ce que vous avez dit plus tôt et qui me perturbe depuis que je l'ai entendu.
Lorsque l'on parle avec des travailleurs de l'Alberta et qu'ils disent que la transition est déjà en cours, cela signifie pour moi qu'il y a un sentiment d'urgence, parce que, de toute évidence, il s'agit d'un problème canadien, mais c'est certainement en Alberta où la majeure partie de cette transition s'effectuera.
Nous avons entendu des personnes et des organisations parler des possibilités immenses qu'offrent les technologies vertes, mais ces possibilités s'accompagnent toutes d'un gros « si » — s'il y a un investissement clair et soutenu —, car cette économie ne se créera pas du jour au lendemain. Vous dites pourtant que les recherches sur les endroits où se trouvent ces emplois n'ont pas été menées encore. Il s'agit, selon moi, d'un signal d'alarme qui fait réellement peur. Pouvez-vous expliquer?
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Malheureusement, c'est la fin de cette série de questions.
D'ici à ce que nous nous rendions à la Chambre pour voter et en revenions, nous n'aurons plus de temps. Nous devons donc ajourner la réunion.
Je tiens à remercier tous les témoins de leur temps. Encore une fois, je suis désolé pour les interruptions que nous avons eues, mais nous avons entendu des témoignages très utiles.
J'aimerais vous inviter à présenter des renseignements supplémentaires, comme il en a été question, ou des rapports que vous estimez pertinents, jusqu'à un maximum de 10 pages, si vous croyez que certaines conversations pourraient être étoffées. Veuillez les envoyer à la greffière au plus tôt, car nous devons les traduire et les distribuer à temps pour le dépôt du rapport, à tout le moins sous une forme provisoire, en juin.
Sur ce, merci beaucoup à tous. Aux membres du Comité, à mercredi.
La séance est levée.