Bienvenue à la 98e réunion du Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 29 novembre 2022, le Comité entreprend son étude sur le Réseau de distribution d'électricité du Canada.
Puisque la réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride, j'aimerais faire quelques observations à l'intention de tous les participants.
Avant de commencer, j’aimerais rappeler à tous les députés et aux autres participants ici présents les importantes mesures préventives suivantes. Afin de prévenir les incidents de retour de son perturbateurs et potentiellement dangereux qui peuvent causer des blessures, je rappelle à tous les participants en personne de tenir leur oreillette loin des microphones, et ce, en tout temps.
Comme l'indique le communiqué que le Président a envoyé à tous les députés le lundi 29 avril, les mesures suivantes ont été adoptées pour prévenir les incidents de retour de son.
Toutes les oreillettes ont été remplacées par un modèle qui réduit considérablement le risque de retour de son. Les nouvelles oreillettes sont noires, alors que les anciennes étaient grises. Veuillez n'utiliser qu'une oreillette noire approuvée. Par défaut, toutes les oreillettes inutilisées seront débranchées au début de la réunion. Lorsque vous n'utilisez pas la vôtre, veuillez la poser face vers le bas au milieu de l'autocollant qui se trouve sur la table, comme indiqué. Veuillez consulter les cartes placées sur la table pour prendre connaissance des directives visant à prévenir les incidents de retour de son.
La disposition de la salle a été modifiée pour accroître la distance entre les microphones et ainsi réduire le risque de retour de son causé par une oreillette se trouvant à proximité. Ces mesures ont été mises en place pour que nous puissions mener nos travaux sans interruption et pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes.
Je vous remercie de votre collaboration.
Voici quelques rappels concernant l'application Zoom. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Toutes les observations doivent être adressées par l'intermédiaire de la présidence. De plus, les captures d'écran ou la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins qui se joignent à nous aujourd'hui.
Nous accueillons des représentants du ministère de l'Environnement: M. Mark Cauchi, directeur général, Énergie et transports; et Mme Karishma Boroowa, directrice.
Nous recevons aussi des représentants du ministère des Ressources naturelles: M. Drew Leyburne, sous-ministre adjoint; Mme Debbie Scharf, sous-ministre adjointe, Secteur des systèmes énergétiques; Mme Cynthia Handler, directrice principale, Sciences et technologie; et M. Michael Paunescu, directeur.
Je vais utiliser ces cartons. Le carton jaune veut dire qu'il vous reste 30 secondes, et le carton rouge veut dire que votre temps est écoulé.
Chers collègues, nous aurons trois séries de questions complètes aujourd'hui. Nous allons commencer par Mme Scharf.
Vous avez la parole pour cinq minutes.
Merci de m'avoir invitée pour parler de l'un des atouts nationaux les plus importants du Canada.
Comme le chemin de fer ou la Voie maritime du Saint-Laurent, notre secteur de l'électricité est une réussite canadienne considérable. Ce secteur alimente non seulement notre mode de vie, mais il nous relie également en tant que pays, en plus de nous relier à nos amis au Sud, avec suffisamment de lignes de transmission pour faire le tour du monde quatre fois.
Notre réseau et notre secteur de l'électricité sont un avantage concurrentiel pour le XXIe siècle, ce qui rend votre étude opportune et importante.
Alors que d'autres pays s'activent maintenant à décarboniser leurs réseaux et à accroître considérablement le rôle de l'électricité dans leur économie en vue d'un avenir carboneutre, le Canada peut déjà se targuer d'avoir l'un des bouquets électriques les plus propres au monde. Plus de 80 % de notre électricité provient de sources propres et non émettrices, ce qui nous place aux premiers rangs au sein du G20.
L'hydroélectricité est un élément essentiel de notre réussite. Elle constituait 61 % de l'électricité générée au Canada en 2022, suivie par l'énergie nucléaire et le gaz naturel, à environ 13 % chacun. Vient ensuite l'énergie éolienne, à 6 %, tandis que le charbon représente encore 4 % de l'électricité générée. D'autres sources d'électricité, comme la biomasse, le pétrole et l'énergie solaire, complètent notre production d'électricité.
Le fait marquant demeure cependant la décarbonisation rapide du secteur canadien de l'électricité, malgré la croissance de sa capacité de production. Entre 2005 et 2021, par exemple, les émissions du Canada provenant de la production d'électricité ont été réduites de moitié. Elles sont passées de 125 mégatonnes d'équivalent de dioxyde de carbone à 60 mégatonnes.
Rien qu'au cours des quatre dernières années, les dépenses d'investissement annuelles dans le secteur se sont élevées en moyenne à plus de 26 milliards de dollars — et ce, chaque année — avec des investissements pour la production d'électricité, la transmission et la distribution, ainsi que pour les nouvelles machines et les nouveaux équipements.
Bien que les tarifs d'électricité varient dans l'ensemble du pays, en moyenne, les industries canadiennes et les ménages continuent à bénéficier des tarifs d'électricité parmi les plus abordables des économies avancées.
Voilà la bonne nouvelle. Le défi pour le Canada est que, pour parvenir à une économie carboneutre d'ici 2050, nous devrons encore construire plus d'infrastructures électriques au cours des 25 prochaines années que ce qui a été construit dans tout le pays au cours du siècle dernier. Ceci inclut les investissements considérables nécessaires pour la modernisation de la transmission et de la distribution, pour de nouvelles interconnexions, pour le stockage d'énergie, pour une efficacité énergétique toujours plus élevée, et pour apporter des changements du côté de la demande dans des secteurs comme le transport et le chauffage.
S'ajoute à ces défis le chevauchement des rôles et responsabilités dans le secteur de l'électricité au Canada. Les provinces et les territoires ont la responsabilité de définir leurs politiques, leurs marchés et leurs structures réglementaires en matière d'électricité, y compris les tarifs, ainsi que de gérer leurs réseaux électriques. Le gouvernement fédéral détient des pouvoirs de réglementation sur les lignes de transport d'électricité interprovinciales et internationales, l'énergie nucléaire et les exportations d'électricité, en plus de partager la compétence sur la réglementation environnementale. Le gouvernement fédéral joue également un important rôle de rassembleur autour de plusieurs enjeux auxquels l'industrie fait face, en plus d'un rôle important pour soutenir l'innovation.
Tous ces éléments ont été exposés dans le document « Propulser le Canada dans l’avenir » publié conjointement par le et le en août dernier. On y expose le point essentiel que de passer à la carboneutralité n'est pas simplement un défi, mais une occasion extraordinaire de renforcer la compétitivité du Canada, car les administrations qui disposent de réseaux propres ont un avantage pour attirer de bons projets et de l'investissement direct étranger.
C'est ce que nous avons observé dans les chaînes de fabrication et d'approvisionnement des véhicules électriques au Canada. Au cours des quatre dernières années, plus de 30 milliards de dollars en investissements directs étrangers ont été annoncés — par Volkswagen, Ford, Northvolt, Molicel, Honda et d'autres — à l'égard d'usines de batteries et de véhicules au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique.
Ressources naturelles Canada, ou RNCan, s'inscrit dans une approche pangouvernementale pour le secteur canadien de l'électricité. Nous avons été des chefs de file en matière de programmation et de politiques ciblées, tandis qu'Environnement et Changement climatique Canada dirige l'aspect réglementation, Finances Canada s'occupe des incitatifs fiscaux et la Banque d'infrastructure du Canada et le Fonds de croissance du Canada du financement.
L'engagement fédéral est d'abandonner d'ici 2030 la production polluante au charbon, de se mettre sur la voie vers un secteur d'électricité carboneutre d'ici 2035, et de s'en servir comme fondement pour une économie prospère et carboneutre d'ici 2050. Cependant, nous reconnaissons que cela est plus facile à dire qu'à faire. Le rythme et l'ampleur avec lesquels les actions nécessaires devront être prises représentent un défi, notamment pour les provinces ayant fortement recours aux combustibles fossiles. C'est pourquoi le gouvernement fédéral est déterminé à partager les efforts les plus exigeants. C'est aussi pour cette raison que nous estimons si précieuses les discussions constructives qui ont lieu par l'intermédiaire des tables de concertation régionales sur l'énergie et les ressources.
Il existe des écarts régionaux importants dans le secteur canadien de l'électricité et nous comprenons que les efforts fédéraux doivent en tenir compte. L'un des outils clés de RNCan est le Programme des énergies renouvelables intelligentes et de trajectoires d'électrification, ou ÉRITE, qui vise à contribuer à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, à moderniser le réseau, ainsi qu'à stimuler les investissements du secteur privé et la propriété autochtone.
Le programme n'arrive pas à répondre à la demande depuis son lancement en 2021 et le budget de 2023 a réservé près de 3 milliards de dollars pour le recapitaliser et soutenir les priorités régionales essentielles.
Quelques exemples de projets réussis de modernisation du réseau comprennent le financement pour des systèmes de contrôle avancés, comme les 25 millions de dollars pour une compagnie de distribution locale en Alberta ou les 17 millions de dollars pour la société d’exploitation du réseau en Alberta. Nous avons également recapitalisé le Programme d'innovation énergétique de RNCan dans le budget de l'an dernier afin d'élargir nos travaux sur l'innovation en matière de réseaux intelligents, comme les solutions de rechange sans fils. Nous continuerons à travailler en partenariat avec les provinces et les territoires pour maximiser l'incidence du financement public et des investissements privés.
Avant de conclure, j'aimerais simplement rappeler quelques jalons importants pour les mois à venir.
Alors que RNCan lance à nouveau le programme ÉRITE, d'autres efforts fédéraux d'envergure liés à ce secteur se mettront en place, comme le Règlement sur l'électricité propre et les Crédits d’impôt à l'investissement dans l'électricité propre.
J'ajoute que nous attendons le rapport final et les recommandations du Conseil consultatif canadien de l'électricité, créé l'an dernier à titre d'organe consultatif indépendant composé d'experts et chargé de fournir au gouvernement du Canada des conseils pour faciliter la mise en place de réseaux électriques durables, abordables et fiables. Il se peut que ce soit particulièrement utile pour votre travail ici. Je sais que nous comptons nous en inspirer pour orienter la stratégie sur l'électricité à venir, promise dans « Propulser le Canada dans l’avenir ».
Voilà qui met fin à ma déclaration liminaire, monsieur le président. Je répondrai avec plaisir à toute question que les membres du Comité voudront bien me poser.
Merci.
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Oui, et elles sont situées en Saskatchewan et en Alberta.
Ce sont ces centrales au charbon qui ont littéralement sauvé des vies l'hiver dernier. Ces vies n'auraient pas été sauvées si ces règlements étaient entrés en vigueur, parce que les provinces ne pourront plus exporter d'électricité vers le réseau. L’électricité est produite par cogénération ou même probablement par le charbon. Il n'y aurait pas eu d'électricité supplémentaire à expédier en Alberta lorsqu'il faisait moins 45 degrés. Étant donné que c'est le gouvernement fédéral qui réglemente les liens interprovinciaux, je pense que cela devrait beaucoup vous préoccuper.
Il y a aussi toute la question de l'élimination progressive du gaz naturel, de toute nouvelle centrale au gaz naturel, d'ici 2035. A‑t‑on réfléchi à la sécurité et au fait que la fiabilité de notre réseau dépend si fortement de la capacité de base? Quand il fait moins 45 degrés, les éoliennes s'arrêtent, non pas parce qu'il n'y a pas de vent, mais parce qu'il fait littéralement trop froid pour qu'elles fonctionnent. Ce n'est pas une situation exceptionnelle. Il fait régulièrement aussi froid que ça dans les Prairies. Ce n'est rien de nouveau.
La voie que nous empruntons avec ce règlement et tout ce qui l'accompagne me rend très nerveux et inquiet. Encore une fois, dans quelle mesure la sécurité est‑elle prise en compte pour s'assurer que les gens ont une alimentation sûre, fiable et abordable en électricité lorsqu'il fait moins 40 degrés ou plus 40 degrés?
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Nous avons des tables régionales sur l'énergie et les ressources dans neuf provinces et territoires au pays. Je dirais que l'électricité a été désignée comme une priorité essentielle dans presque chacune d'elles.
Les points d'inflexion, bien sûr, sont un peu différents parce que, comme je l'ai mentionné plus tôt, les défis et les possibilités ne sont pas les mêmes en ce qui concerne l'électricité selon l'endroit où on habite. À certaines tables, comme à Terre-Neuve, où il y a un excédent d'électricité provenant des installations hydroélectriques existantes, ils tentent d'électrifier davantage les utilisations finales, les ports, les mines, le chauffage, etc. Dans une province comme la Colombie-Britannique, qui essaie d'ouvrir de nouvelles régions de la province à l'exploitation des minéraux critiques et d'électrifier davantage le processus de liquéfaction du gaz naturel, ils examinent les installations de transmission dans la province.
Pour répondre plus précisément à votre question sur les interconnexions, c’est une priorité absolue dans nos discussions avec la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick pour la première phase de ce que nous appelions auparavant la boucle de l’Atlantique, c’est‑à‑dire les lignes de transmission entre les deux provinces qui permettront le commerce de l’électricité et l’accès à des marchés plus vastes. Il sera essentiel, en particulier pour la Nouvelle-Écosse, d'être en mesure de ne plus utiliser de charbon d'ici 2030, et c'est une priorité de premier plan dans les discussions à cette table.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous aujourd'hui.
Vous savez probablement qu'Hydro-Québec compte investir 100 milliards de dollars d'ici 2035 dans de nouvelles installations et dans la production d'électricité propre. J'ai vu le fameux crédit d'impôt annoncé dans le budget, comme vous, assurément, ainsi que les conditions qui y étaient assorties.
Compte tenu de la manière dont Hydro-Québec est constituée, l'idée de rendre aux consommateurs l'argent du crédit d'impôt me semble impossible. On ne peut pas dire qu'Hydro-Québec est une installation; c'est un bassin d'électricité. Je ne peux pas dire que l'électricité que j'ai consommée cette semaine venait du barrage de la Romaine ou de La Grande‑1. Elle vient d'un bassin d'électricité.
Je ne vois donc pas comment le gouvernement peut arriver à articuler ce qu'il a avancé comme crédit d'impôt, dans le cas du Québec. À mon sens, ce serait infaisable, d'autant plus que la tarification de l'électricité au Québec relève de la Régie de l'énergie. Au Québec, elle est basée sur le bloc patrimonial, c'est-à-dire l'électricité que l'on produit pour le commun des mortels, les gens qui ne sont pas des entreprises. Même les députés de l'Assemblée nationale ne peuvent pas toucher au bloc patrimonial. Cela relève de la Régie de l'énergie. C'est elle qui décide de la tarification.
Je vois là un écueil assez important. Je ne vois pas comment le gouvernement fédéral peut intervenir dans la tarification de l'hydroélectricité au Québec. Le calcul est impossible à faire. J'ai consulté des gens d'Hydro-Québec qui m'ont dit qu'eux-mêmes, ayant travaillé là pendant plus de 20 ans, ne seraient pas capables de faire ce calcul.
Je ne sais pas si vous avez déjà fait une réflexion là-dessus, au ministère de l'Environnement ou au ministère des Ressources naturelles, sachant qu'Hydro-Québec est un des plus grands producteurs d'hydroélectricité et qu'il a un plan d'investissement de 100 milliards de dollars, ce qui est une somme colossale. Le crédit d'impôt l'intéresse, mais il ne semble pas applicable, à tout le moins.
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Je vous remercie de votre réponse.
Je comprends tout à fait que cela relève du ministère des Finances, mais j'espère que Ressources naturelles Canada sera consulté au sujet de la mise en application de ce crédit d'impôt et que vous serez en mesure de dire que, dans le contexte spécifique du Québec, ce qu'on demande est pratiquement inapplicable. Je vous épargne toutes les explications sur le fait qu'il y a différents tarifs, au Québec, pour les entreprises et les particuliers.
Je veux aussi vous sensibiliser à un autre élément. Dans le budget, on nous disait que, dans le cadre des projets admissibles à ce crédit d'impôt, il devra y avoir au moins 10 % de travailleurs issus du programme Sceau rouge. Je ne vois pas comment Hydro-Québec, qui possède déjà une expertise, pourrait départager ses projets de sorte qu'il sache dans quels cas au moins 10 % de ses employés sont des apprentis issus du programme Sceau rouge. Vous connaissez peut-être mes couleurs, mais c'est une intervention insensée dans un champ de compétence provinciale. Cela relève de la microgestion.
Si l'objectif des crédits d'impôt pour les investissements dans l'électricité propre est de créer plus d'électricité, cela devient une barrière. J'aimerais vous entendre là-dessus.
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Merci, monsieur le président, et merci aux fonctionnaires.
Je regarde ce qui se passe ailleurs dans le monde et la vitesse à laquelle les choses évoluent, et il semble qu'au Canada, nous avons la réglementation et les provinces qui vont dans toutes sortes de direction, et je me demande comment nous allons suivre le rythme.
En un seul mois, le Texas a installé 50 % des panneaux solaires que le Canada a installés jusqu'à maintenant. La Californie, qui a une population aussi importante que la nôtre et une économie industrielle plus importante, est maintenant en mesure de tirer 100 % de son énergie des énergies renouvelables pendant une bonne partie de la journée. La capacité de stockage des batteries aux États-Unis a doublé en 2024. En Ontario, par exemple, le gouvernement de Kathleen Wynne a partiellement privatisé l'hydroélectricité dans la province, faisant ainsi grimper les prix. Nous avons écopé de la dette. Ensuite, le gouvernement a signé des contrats de tarifs de rachat garanti pour verdir l'économie. Cela semblait formidable, mais cette énergie ne pouvait pas être intégrée au réseau. Le réseau ne pouvait pas absorber cette capacité, alors nous avons payé pour des projets solaires et éoliens qui n'ont mené nulle part.
Que fait le gouvernement fédéral par rapport aux provinces qui ne veulent peut-être pas faire partie de la solution? Comment peut‑il intervenir et dire que nous devons examiner cette question à la lumière de ce qui se passe à l'échelle mondiale et du virage radical qui s'opère dans le secteur de l'énergie?
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Je vous remercie de la question.
J'ai l'impression, dans les discussions que nous avons avec les provinces et les territoires, que tout le monde est conscient de la nécessité de passer à un réseau d'électricité propre.
Je regardais justement certaines statistiques, et je pense que c'est plus plus des trois quarts des administrations au pays qui se sont engagées à atteindre la carboneutralité d'ici 2050, y compris des provinces comme la Saskatchewan et l'Alberta. Elles sont de plus en plus conscientes que pour avoir un avantage comparatif et attirer des investissements étrangers directs, il faut avoir un réseau électrique carboneutre. C'est ce que l'Ontario a fait, c'est ce que la Colombie-Britannique a fait, et c'est ce que le Québec fait.
Je pense que les tendances du marché les aident toutes à comprendre qu'il est essentiel d'avoir d'un réseau carboneutre.
Les défis ne manquent pas pour y arriver. Au fédéral, nous tirons parti de la force de notre pouvoir de concertation, que ce soit par l'entremise des tables régionales sur l'énergie et les ressources ou du Conseil consultatif canadien de l'électricité, pour avoir des discussions sur la façon pour nous d'aider les provinces et les territoires à atteindre leurs objectifs, et sur la façon d'obtenir les meilleurs conseils possible des experts pour nous orienter dans cette direction.
Nous sommes également en mesure de fournir des outils et des leviers pour encourager les marchés à aller dans la bonne direction, qu'il s'agisse des 4,5 milliards de dollars alloués au Programme des énergies renouvelables intelligentes et de trajectoires d’électrification — le programme ÉRITE —, des 100 millions alloués au renouvellement du Programme du réseau intelligent, ou encore des crédits d'impôt à l'investissement qui aident à créer les conditions qui stimulent les investissements dans le réseau. Voilà certaines des mesures que prend le gouvernement fédéral.
Il ne fait aucun doute que ce sont les provinces qui contrôlent leurs réseaux électriques et prennent les décisions, mais la concertation et les discussions vont vraiment dans la bonne direction.
L'installation d'Oneida est un projet de stockage d'énergie de 250 mégawatts. C'est en fait un des projets les plus importants en Ontario, et sauf erreur, le plus important que nous ayons réalisé jusqu'à présent. Je m'attends par contre à ce que des projets plus importants encore lui succèdent dans les années à venir.
C'est un partenariat entre les communautés autochtones et d'autres entrepreneurs, qui regroupe la Six Nations of the Grand River Development Corporation, Northland Power, NRStor et Aecon.
Le Programme des énergies renouvelables intelligentes et de trajectoires d'électrification, ou ÉRITE, a investi 50 millions de dollars uniquement dans le projet, tout comme la Banque de l'infrastructure du Canada.
La Banque de l'infrastructure du Canada apporte une contribution substantielle en offrant du financement stratégique à faible coût dans le cas des projets à haut risque pour lesquels il est difficile de solliciter des fonds du secteur privé. Elle offre aussi des conditions avantageuses qui accroissent la rentabilité des projets. Elle joue très bien son rôle complémentaire par rapport aux autres sources de financement.
Souvent, les programmes comme ÉRITE versent des subventions. La Banque de l'infrastructure du Canada peut ensuite compléter le financement lorsque ce sont des projets à haut risque. Ces fonds combinés permettent de concrétiser les projets. C'est exactement ce qui est arrivé avec Oneida.
C'est ce que j'ai demandé à Normand Mousseau, le directeur scientifique de l'Institut de l'énergie Trottier. Je voulais avoir de l'information sur les petits réacteurs modulaires. Il m'a dit que, le nombre de petits réacteurs modulaires actuellement en service, c'est zéro. Je vous dis cela parce que, relativement à toutes les modélisations d'énergie, à toutes les nouvelles technologies qui sont mises en application, on a besoin de comités scientifiques qui sont indépendants.
J'ai l'impression que cela manque cruellement à Ressources naturelles Canada, comme à bon nombre de gens au gouvernement, puisqu'on embarque rapidement dans des promesses technologiques qui sont difficiles à concrétiser. Je pense aux stratégies de captation et de séquestration de carbone.
Vous avez peut-être vu comme moi aujourd'hui que Capital Power, à Edmonton, va laisser de côté un investissement qui devait s'élever à 2,4 milliards de dollars, parce qu'on juge que c'est trop onéreux.
Ma question est fort simple. Y a-t-il, à Ressources naturelles Canada, un comité scientifique capable d'analyser ces différentes technologies, ainsi que leur potentiel?
Bien respectueusement, le réseau a pris de l'expansion, mais la consommation des autres sources d'énergie a augmenté au même rythme. Nous explorons la possibilité de remplacer ces sources d'énergie alors que la consommation d'électricité continue à augmenter au Canada.
Vous allez devoir vous creuser les méninges pour résoudre l'équation de la demande croissante en énergie alors que vous êtes censés réduire les sources d'énergie.
Ce ne sont que des paroles. Bien respectueusement, je ne pense pas qu'elles se matérialiseront grâce aux gens qui essaient de résoudre l'équation. Il faudra des sommes gigantesques.
Pour faire suite à ce que disait mon collègue, M. Angus, oui, environ 35 % de la capacité en Alberta provient de l'éolien et du solaire. L'utilisation de ces sources d'énergie a fait doubler les tarifs d'électricité des consommateurs dans la province au cours de la dernière décennie. De surcroît, ces sources d'énergie produisent seulement 7 % de l'électricité en Alberta. La proportion de 93 % est produite par les hydrocarbures.
J'ai une énigme pour vous. Advenant qu'elle adopte des technologies de captage, d'utilisation et de stockage du carbone, l'usine Shepard à Calgary, par exemple, devra consacrer 30 % de son électricité pour enfouir le carbone dans le sol. L'usine devra être agrandie de la même proportion. Pourriez-vous me dire comment cela va fonctionner vu la capacité actuelle du réseau?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les fonctionnaires de leur présence aujourd'hui.
Madame Scharf, vous parlez d'une demande en électricité une fois et demie à trois fois supérieure à la demande actuelle sur un horizon de 25 ans. Nous sommes presque en 2025. Notre cible est 2050, et vous avez dit que nous progressons bien vers la décarbonisation. Il reste des défis à relever, mais nous verrons la lumière au bout du tunnel.
Cependant, concernant les défis liés à l'augmentation et au renforcement des capacités, j'aimerais savoir si le gouvernement fédéral a une feuille de route sur 25 ans indiquant d'où viendra la croissance de 300 %, par source d'énergie et par province ou territoire.
Je félicite le gouvernement d'avoir lancé de nombreux programmes qui me semblent être des programmes fondés sur des projets. Cependant, je pense que pour obtenir les investissements étrangers essentiels et nécessaires, le Canada doit avoir une feuille de route étoffée permettant de démontrer clairement, indépendamment du nouveau programme qui est mis en œuvre, que soit sur deux ou trois ans, comment il compte doubler ou tripler ses sources d'énergie, de la production à la transmission et à la distribution, et comment il concentre son action sur la construction de ces infrastructures, que ce soit pour le stockage ou la distribution.
Avons-nous quelque chose de ce genre?
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À l'échelon fédéral, à titre d'exemple, une modélisation basée sur le rapport de la Régie de l'énergie du Canada intitulé « Avenir énergétique du Canada », qui a été publié en 2023 — le prochain sera publié l'année prochaine — a été effectuée. La modélisation donne un aperçu de la croissance possible d'un réseau d'électricité d'ici 2050, dans le contexte de la décarbonisation de l'économie et des sources potentielles.
Toutefois, en fin de compte, c'est aux provinces qu'il revient de déterminer le mode de production à construire et les points d'inflexion. En tant que fonctionnaire fédérale, je serais ravie que chaque province entreprenne une planification énergétique et se dote d'une feuille de route énergétique. Nous en avons vu des exemples; l'Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique l'ont déjà fait.
Pour ce qui est du commentaire du député précédent, la province de l'Ontario, par exemple, a indiqué avoir besoin d'un nouvel approvisionnement nucléaire de 18 000 d'ici 2050, avant de se raviser rapidement et d'annoncer 4 800 nouveaux mégawatts au complexe de Bruce Power, indiquant ainsi que la province est consciente qu'elle aura besoin de cette source d'énergie.
Toutefois, les feuilles de route et la planification sont nécessaires, et les provinces ont commencé à le faire. Au fédéral, nous serions très heureux que toutes les provinces emboîtent le pas.
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Je ne veux pas vous interrompre, mais mon temps de parole est très court.
J'aimerais, si possible, que vous nous fournissiez un organigramme afin que nous puissions savoir comment fonctionne l'évaluation d'un projet par un comité de scientifiques indépendant ou par des gens qui ont la capacité de comprendre les tenants et les aboutissants techniques.
Si je vous dis cela, c'est que j'ai vu ce qui a été annoncé par Capital Power. Je vais donc vous parler d'une rencontre à laquelle j'ai assisté avec le lui-même, à Berlin.
Lorsque nous avons parlé aux représentants de la grande entreprise allemande Siemens, ceux-ci ont indiqué clairement au ministre que, selon eux, l'hydrogène fait à partir de gaz avec une stratégie de captation et de séquestration du carbone n'était pas viable. Premièrement, cela coûte beaucoup plus cher. Peut-être l'État pourrait-il accepter de réduire le prix en assumant une portion, mais ils nous ont parlé d'un risque technologique qui, selon eux, était beaucoup trop élevé.
Pour ma part, je pense que les gens de Siemens ont l'expertise. Ils ont l'expertise sur le plan technologique pour produire de l'hydrogène. Si une entreprise privée juge que ce n'est pas efficient et que c'est voué à l'échec, je comprends mal pourquoi le gouvernement investit des masses de fonds publics là-dedans.
Je voudrais comprendre l'ossature, et je terminerai là-dessus. Je voudrais comprendre la manière dont NRCan analyse ces projets quant à leur faisabilité et je voudrais savoir qui sont ces gens qui ont la connaissance technique nécessaire pour vous donner des conseils et des avis.
Si vous pouviez déposer cette réponse au Comité, je vous en serais fort reconnaissant.
Merci.
Merci aux témoins. Vous connaissez bien vos dossiers. C'est impressionnant.
Je veux aider mon ami, M. McLean, car je suis très heureux qu'il soit de retour. Il a demandé où étaient ces projets. Eh bien, Vineyard Wind 1, aux États-Unis, alimentera 400 000 foyers, et les projets sont en cours. Un autre projet alimentera 250 000 foyers. Celui du Rhode Island alimentera 100 000 foyers.
Cependant, au Canada, et plus précisément en Alberta, notre bonne amie Danielle Smith a fait fuir des milliards en investissements. Calgary Economic Development a déclaré que des projets de technologies propres auraient pu créer 170 000 emplois en Alberta, mais cette possibilité a fui la province.
Il a mentionné la fiabilité. Le problème, c'est que les énergies renouvelables ne sont pas à l'origine des pannes d'électricité qui sont survenues pendant l'hiver; c'est le manque d'investissements dans les usines de gaz naturel de la part des opérateurs privatisés qui en est responsable. Seigneur, quelle province a des pannes d'électricité en avril? Je croyais que cette province était une superpuissance énergétique.
J'ai cherché à savoir quel était l'avantage de l'Alberta. Savez-vous quel est le prix du kilowattheure au Manitoba? Il est de 10 ¢. Au Nouveau-Brunswick, il est de 13,9 ¢. En Ontario, il est de 14 ¢, et nous sommes furieux de payer nos factures d'électricité à ce prix. En Alberta, chaque kilowattheure coûte 25,8 ¢, et ça, c'est avec des opérateurs privatisés. Ils n'arrivent même pas à faire fonctionner l'électricité. La province a le troisième prix le plus élevé. Seuls le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest la dépassent. Les gens paient l'électricité au prix fort en Alberta.
Je me dois de terminer avec le prix du kilowattheure au Québec, qui s'élève à 7,8 ¢. Voilà ce qui se passe lorsqu'on a un plan.
Je voudrais conclure par une question simple. Pensez-vous si nous investissons dans les énergies renouvelables, nous aurons de l'électricité à long terme, compte tenu de ce que vous observez dans le reste du monde?
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Je n'ai pas de chiffres directs sur les mégawatts liés au potentiel extracôtier. Mes collègues sauront peut-être vous répondre.
Le potentiel extracôtier est considérable. L'une des caractéristiques intéressantes et uniques de l'éolien extracôtier est que le vent souffle davantage en hiver et lorsqu'il fait froid, ce qui n'est pas le cas dans les parcs éoliens terrestres. Il y a donc des éléments propres à l'éolien extracôtier. Cela pourrait venir équilibrer les activités terrestres d'énergie renouvelable pendant l'hiver. Il y a un énorme potentiel extracôtier dans la région de l'Atlantique, et c'est bien sûr pourquoi vous avez étudié ce projet de loi récemment.
Nous travaillons sur d'autres fronts pour tenter d'accélérer le développement. Les provinces sont très intéressées. La Nouvelle-Écosse a déjà fixé un objectif — je crois que c'est d'ici 2025 — pour un appel d'offres et souhaite faire avancer les choses.
La législation n'est toutefois qu'un élément du cadre devant être instauré. Deux évaluations régionales sont en cours et elles devraient nous aider à nous faire une idée précise des impacts potentiels et des meilleurs emplacements pour les parcs éoliens. Ainsi, lorsque les projets se concrétiseront, nous pourrons accélérer nettement plus le processus réglementaire à cet effet.
Nous avons prévu 50 millions de dollars pour des études visant à recueillir les données de base dont nous aurons besoin pour les évaluations de projet qui examineront l'intégration de l'énergie éolienne dans les réseaux terrestres et de ces projets aux systèmes existants.
Tout cela s'inscrit dans le prolongement des mesures législatives qui progressent afin que nous puissions mettre en place ces ressources éoliennes aussi rapidement que possible.