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Bonjour à tous. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 66e séance du Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité se réunit pour étudier le secteur canadien des pâtes et papiers.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride. Tous les membres sont en ligne. Vous connaissez la procédure, alors je n'entrerai pas dans les détails.
Je souhaite la bienvenue à nos invités, qui témoignent en personne aujourd'hui. Nous accueillons des représentants d'Industrie Canada, soit Mark Schaan, sous-ministre adjoint principal du Secteur des stratégies et politiques d'innovation, et DeNeige Dojack, directrice de la Division de l'examen des investissements. Du ministère des Ressources naturelles, nous accueillons Greg Smith, directeur de la Division de l'analyse économique du Service canadien des forêts. De Sécurité publique Canada, nous recevons Richard Bilodeau, directeur général.
Deux des ministères ont des déclarations préliminaires de cinq minutes. J'utilise un système de cartes pratique. Je vous montrerai le carton jaune pour signifier qu'il vous reste 30 secondes, et le carton rouge pour vous indiquer de conclure, mais ne vous arrêtez pas au milieu d'une phrase. Nous passerons ensuite à nos séries de questions, qui commenceront par des interventions de six minutes chacune, puis nous ferons des interventions plus courtes par la suite.
Commençons par les représentants d'Industrie Canada et entrons sans plus tarder dans le vif du sujet.
Vous disposerez de cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, distingués membres du Comité, bonjour. Je m'appelle Mark Schaan, et j'ai récemment été nommé directeur adjoint des investissements. À ce titre, je suis chargé d'aider le directeur des investissements et de conseiller le au sujet des examens effectués en vertu de la Loi sur Investissement Canada, ou LIC.
Je suis accompagné de DeNeige Dojack, directrice des opérations de la Division de l'examen des investissements, ou DEI. Entre autres choses, la DEI est responsable de l'administration de la LIC au nom du gouvernement du Canada.
Je vous remercie de nous avoir invités à participer à l'étude du Comité sur le secteur canadien des pâtes et papiers.
[Français]
Je suis conscient que tout le monde ne connaît pas le fonctionnement de la Loi sur Investissement Canada. Permettez-moi donc de vous donner un aperçu général de la Loi.
Les investissements étrangers jouent un rôle important dans l'économie canadienne, car ils apportent du nouveau capital et de nouvelles technologies et pratiques qui peuvent augmenter la productivité et la compétitivité des entreprises canadiennes. La Loi sur Investissement Canada prévoit l'examen des acquisitions importantes du contrôle d'entreprises canadiennes par des non-Canadiens pour s'assurer qu'elles représenteront vraisemblablement un avantage économique net général pour le Canada. En outre, la Loi prévoit l'examen de tous les investissements étrangers pour des raisons de sécurité nationale.
[Traduction]
En application de la LIC, un non-Canadien qui souhaite acquérir le contrôle d’une entreprise canadienne existante dont la valeur est égale ou supérieure au seuil déclencheur de l’examen de l’avantage net qui s’applique doit présenter une demande d’examen. Pour les opérations visées par un examen de l’avantage net, le ministre examine chaque cas en fonction de son bien-fondé et n’approuve les investissements que s’ils sont vraisemblablement à l’avantage net du Canada, selon les facteurs précisés dans la LIC.
Il convient de souligner qu’en raison des engagements internationaux du Canada, les acquisitions indirectes par des investisseurs OMC, c’est‑à‑dire lorsque l’entreprise canadienne est acquise par suite de l’acquisition d’une entreprise constituée en société à l’extérieur du Canada, ne peuvent pas faire l’objet d’un examen aux termes des dispositions de la LIC relatives à l’avantage net.
La LIC prévoit également un examen des investissements susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale du Canada. Tous les investissements étrangers sont sujets au processus d’examen relatif à la sécurité nationale prévu par la LIC. Les dispositions relatives à la sécurité nationale prévoient un processus en plusieurs étapes auquel participent de nombreux ministères et organismes qui ont la responsabilité de préserver la sécurité nationale du Canada.
Dans le cadre de ce processus, le gouvernement est en mesure d’examiner tous les faits pertinents et de déterminer si un investissement est susceptible de porter atteinte à la sécurité nationale. Je vous assure que le gouvernement ne met pas en péril la sécurité nationale du Canada pour des investissements étrangers. Il convient de noter ici que la LIC n'est qu'un outil parmi tant d'autres pour assurer la protection de la sécurité nationale du Canada, y compris des outils sectoriels.
Les examens relatifs à la sécurité nationale prévus par la LIC sont des processus à plusieurs étapes, assortis de délais stricts et de seuils juridiques différents pour la prise de mesures à chaque étape. Dès le premier jour, des experts en sécurité nationale, principalement ceux du ministère de la Sécurité publique et des organismes de sécurité et du renseignement du Canada, sont entièrement mobilisés. Pour veiller à ce que toutes les dimensions liées à la sécurité soient prises en compte, il faut aussi faire appel à des ministères et à des organismes qui possèdent une expertise particulière dans le secteur ou l'industrie concerné, comme Ressources naturelles Canada. Si la transaction ne satisfait pas au seuil juridique pour prolonger l'examen, c'est‑à‑dire si le ministre estime qu'elle ne porte pas atteinte à la sécurité nationale du Canada, alors le processus d'examen relatif à la sécurité nationale prend fin.
[Français]
Comme c'est le cas pour tous les investissements étrangers, chacun des investissements effectués par Papier Excellence a fait l'objet d'un examen approfondi auquel ont participé les ministères concernés et leurs experts en la matière, ainsi que la communauté de la sécurité et du renseignement du Canada. À la lumière des informations obtenues pour chaque investissement de Papier Excellence, aucune mesure n'a été prise au titre des dispositions de la Loi relatives à la sécurité nationale.
Je suis au courant des reportages dans les médias sur Papier Excellence et ses investissements au Canada. Bien que la Loi sur Investissement Canada limite notre capacité à fournir des détails sur l'examen, nous pouvons souligner que chaque investissement est examiné en fonction de son bien-fondé et que les renseignements ont été pris en compte dans le cadre de ce processus.
[Traduction]
Les Canadiens doivent savoir que le gouvernement prend des mesures proactives pour protéger leurs intérêts sur le plan de la sécurité nationale. Le gouvernement n'hésite pas à prendre des mesures fermes, et notre évaluation des risques suit l'évolution de la situation économique et géopolitique.
Merci, monsieur le président. Je serai heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
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Merveilleux. Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs. J'aimerais commencer par reconnaître que nous nous trouvons sur les terres ancestrales du peuple algonquin anishinabe.
Je m'appelle Greg Smith et je suis directeur de la Division de l'analyse économique du Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada. Je représente la Direction du commerce, de l'économie et de l'industrie du Service canadien des forêts. Merci de m'avoir invité.
Le Canada est le gardien d'une vaste ressource forestière. Nos 367 millions d'hectares représentent 9 % des forêts mondiales.
De l’exploitation des arbres à la production de biens essentiels de la vie quotidienne, le secteur forestier est un pilier clé de l'économie canadienne. Faisant une contribution d'environ 33 milliards de dollars au PIB, il emploie directement plus de 200 000 personnes, dont 11 000 Autochtones.
Le secteur forestier est particulièrement important dans de nombreuses communautés rurales, éloignées et autochtones, où il est souvent la principale source d'emplois et de revenus. Les forêts soutiennent également plus de 1 400 entreprises autochtones et coentreprises partout au pays.
Près de 90 % des forêts canadiennes appartiennent aux gouvernements provinciaux et territoriaux, qui ont compétence en matière de gestion de ces forêts.
Les lois forestières du Canada sont parmi les plus strictes au monde. Les provinces et les territoires élaborent et mettent en application des lois et politiques qui protègent nos forêts, et veillent au respect de pratiques d’aménagement forestier durables partout au pays. Ils gèrent les forêts en fonction de multiples objectifs de politique publique, notamment la conservation, l'eau, la qualité des sols, la biodiversité, les avantages socioéconomiques et la résilience au climat. En fait, près de 160 millions d'hectares, soit environ 70 % de nos forêts aménagées sont certifiées par des tiers.
Ces certifications complètent les lois et les règlements exhaustifs et rigoureux du Canada en matière de gestion forestière et donnent l'assurance qu'une entreprise forestière mène ses activités de façon légale, durable et conforme aux normes reconnues mondialement. Une certification n'est délivrée qu'après un examen approfondi par un vérificateur indépendant qui détermine, entre autres, que les récoltes à long terme sont durables et qu'il n'y a pas d'exploitation forestière non autorisée ou illégale, que l'habitat faunique est préservé et que la qualité du sol est maintenue.
Chaque année, le Canada récolte plus de 700 000 hectares de forêt, soit environ 0,2 % de sa superficie forestière totale. À titre de comparaison — et nous avons travaillé à cette comparaison pendant un certain temps —, c'est à peu près la taille d'un téléphone intelligent sur une table de ping-pong.
Le secteur des pâtes et papiers est un segment clé de la chaîne d'approvisionnement du secteur forestier canadien, car il consomme les résidus des scieries pour créer des produits de pâtes et papiers. Au Canada, plus de 80 installations et usines de pâtes et papiers sont en activité. C'est au Québec que se trouve la part du lion de ces établissements, soit environ 43 %. Le Québec est également un chef de file sur le plan du développement de sa bioéconomie en explorant des utilisations novatrices de la biomasse forestière et en appuyant le développement de produits à plus grande valeur ajoutée à partir du bois récolté.
Pour gérer une forêt de façon durable, il faut notamment ajuster les niveaux de récolte annuels au fil du temps pour tenir compte des changements dans la forêt, comme les perturbations causées par les ravageurs forestiers et les feux de forêt. Au cours de la dernière décennie, ces perturbations naturelles ont eu une incidence importante sur les niveaux de récolte durable et, par conséquent, sur la fibre ligneuse disponible pour fabriquer des produits forestiers. Ce défi a incité l'industrie forestière canadienne à accroître la valeur qu'elle tire de ce qui est récolté. L'obtention d'une plus grande valeur pour chaque mètre cube récolté permet au Canada de se positionner comme chef de file dans une bioéconomie mondiale en croissance et d'améliorer sa résilience économique dans le secteur forestier.
À Ressources naturelles Canada, nous collaborons avec les provinces, les territoires et les acteurs de l'industrie pour veiller à ce que le secteur forestier du Canada reçoive le soutien dont il a besoin pour tirer parti des possibilités offertes par la bioéconomie en croissance et pour continuer à soutenir les travailleurs et les collectivités partout au pays.
Nous avons notamment pour objectif d'élaborer des stratégies pour contribuer à renforcer la compétitivité et la santé générale du secteur forestier canadien, et pour soutenir les moyens de subsistance futurs des travailleurs dans leurs communautés dans le cadre d'une transition vers une économie mondiale à faibles émissions de carbone.
Le budget de 2023 propose de fournir 368 millions de dollars sur trois ans, à compter de 2023‑2024, pour renouveler et mettre à jour le soutien au secteur forestier, notamment pour la recherche et le développement, le leadership autochtone et international et les données.
Merci de m'avoir invité. Je serai heureux de répondre à vos questions sur le secteur forestier et sa gestion au Canada.
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Je suis heureux de commencer.
Cela dépendrait un peu de la nature de la transaction. Si la transaction atteint le seuil d'un investissement devant faire l'objet d'un avis au Canada de la part d'un acheteur étranger, il faudrait en aviser la Division de l'examen des investissements. Cela dépendrait donc un peu de la nature de l'investissement.
Comme je l'ai indiqué, les investissements indirects par l'acquisition d'une entreprise qui possède des actifs canadiens, mais qui n'est pas domiciliée au Canada, sont considérés comme des transactions indirectes. En vertu de nos accords commerciaux dans le cadre de l'OMC, ils ne peuvent pas faire l'objet d'un examen de l'avantage net. Toutefois, ils peuvent être soumis à un examen du point de vue de la sécurité nationale.
Si la transaction d'un actif de ressources naturelles a été effectuée par un acheteur étranger, qu'elle devait faire l'objet d'un avis et qu'il s'agissait d'une transaction directe, on procéderait à la fois à un examen de l'avantage net et à un examen relatif à la sécurité nationale. Dans le cas où il ne s'agit pas d'une transaction directe, on procéderait seulement à un processus d'examen relatif à la sécurité nationale.
Tous les investissements étrangers faits au Canada sont assujettis au processus d'examen relatif à la sécurité nationale. Les processus sont entrepris en consultation avec le ministre de la Sécurité publique et les organismes de sécurité nationale et du renseignement du Canada. Chaque étape du processus est mise en œuvre. Un examen relatif à la sécurité nationale peut durer 200 jours ou plus, avec le consentement du ministre et de l'investisseur. À titre d'exemple, en 2021‑2022, il y a eu 1 255 demandes d'examen d'investissement, ainsi que des investissements supplémentaires qui n'étaient pas assujettis à l'exigence de dépôt et qui ont été examinés dans le cadre de ce processus.
Je me ferai un plaisir de vous donner plus de détails si le député le souhaite. De façon générale, c'est ainsi qu'une transaction serait évaluée.
Évidemment, il existe divers seuils en ce qui concerne la somme monétaire réelle à partir de laquelle un processus est déclenché. M. Schaan a expliqué qu'il y a une analyse des retombées économiques, puis une analyse de la sécurité nationale. Mes deux questions portent sur l'analyse des retombées économiques.
S'il y a une série de transactions qui sont inférieures au seuil, mais qui sont associées, y a‑t‑il un recours pour l'organisme de réglementation dans un cas où... Si le seuil est de 1,3 milliard de dollars dans un cas, que se passe‑t‑il s'il y a une série d'investissements effectués par une série d'entreprises qui sont liés, mais qui sont inférieurs à ce seuil? L'organisme de réglementation a‑t‑il des recours en pareil cas?
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Je serai heureux de vous donner un début de réponse, puis ma collègue voudra bien conclure.
La nature de l'opération mérite d'être comprise. Pour les investisseurs OMC du privé, le seuil déterminant, comme vous l'avez fait observer, est la valeur d'affaire de 1,14 milliard de dollars; pour les investisseurs OMC qui sont des entreprises d'État, c'est celle de 454 millions; pour les autres investisseurs de traité commercial du privé, c'est celle de 1,71 milliard de dollars. Si, dans beaucoup de ces cas, il s'agissait d'une série d'opérations liées entre elles, il nous reviendrait, en fin de compte, à nous et à l'investisseur, de comprendre la nature véritable de l'investissement.
À noter que tous ces éléments sont sujets à l'examen prévu dans les dispositions concernant la sécurité nationale; dans la mesure où il pourrait y avoir des séries successives d'opérations à court terme, nous aurions besoin d'évaluer ces opérations et d'en saisir la nature isolée, le cas échéant.
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Va pour la sécurité nationale.
Nos principes directeurs en la matière ont été actualisés en 2021 pour énoncer une série de facteurs à prendre en considération. Comme ils sont assez copieux, je donnerai des exemples de facteurs que nous prendrions en considération dans un examen sous le prisme de la sécurité nationale. Il y a notamment les répercussions sur les chaînes d'approvisionnement militaire du Canada, les risques d'espionnage, les répercussions sur les minéraux critiques, les investissements susceptibles de se faire dans des secteurs technologiques sensibles et l'emplacement physique d'un actif, c'est‑à‑dire sa proximité immédiate d'une base militaire canadienne ou d'un autre site sensible.
Je pourrais donner plus de détails si vous en voulez, mais ils se trouvent dans les principes directeurs actualisés.
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Ma question sera cependant plus simple que ça.
Je veux savoir une chose. Si vous avez fait une analyse de sécurité, je suppose que quelqu'un s'est demandé s'il y avait un lien entre Jackson Wijaya et Asia Pulp & Paper. C'est le premier réflexe que nous avons eu, au Comité. Je comprends que vous n'avez pas le droit de divulguer ça, mais je suppose qu'au ministère, quelqu'un s'est dit qu'il fallait vérifier s'il y avait un lien entre Jackson Wijaya et Asia Pulp & Paper. Je présume que vous avez fait cela dans l'analyse de sécurité.
Vous dites que le ministère ne peut pas divulguer cette information, mais je suppose que le ministre a cela entre les mains et qu'il ne prend pas de décisions à l'aveugle. C'est ce que je veux savoir.
Avez-vous en votre possession un document qui infirme ou affirme l'existence d'un lien entre Jackson Wijaya et Asia Pulp & Paper? C'est la seule chose que je veux savoir.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je ne dispose que de six minutes et je ne veux certainement pas être grossier. Je ne m'intéresse pas vraiment à la théorie, mais seulement aux réponses directes à ce que nous voulons savoir.
La page Web d'Investissement Canada est magnifique. Elle rassure les Canadiens sur votre raison d'être à vous, examiner les investissements importants de non‑Canadiens au Canada. Alors que nous examinons le contrôle de 22 millions d'hectares de forêt canadienne, apparemment par un particulier, Jackson Wijaya, je dois comprendre, d'après vos propos, que vous n'en faites pas l'examen, en raison de l'Organisation mondiale du commerce. Est‑ce exact?
J'ai une note d'information du gouvernement de la Nouvelle-Écosse qui réfute vos propos. Ce document interne de ce gouvernement affirme que le contrôleur suprême de Paper Excellence est Asia Pulp & Paper, une division de la papetière intégrée Sinar Mas.
Dites-vous qu'Asia Pulp& Paper ne contrôle pas Paper Excellence et, par son entremise, Sinar Mas? Communiquerez-vous les documents qu'ils ont produits, conformément aux règlements, pour que nous sachions ce que vous savez?
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Que vous avez sanctionné par une réussite.
J'ai bien de la difficulté à vous croire, parce que nous détenons des preuves, y compris les courriels, selon lesquelles Jackson Wijaya a travaillé pour Asia Pulp & Paper. Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse a pris l'avion pour aller chez Sinar Mas, et, pourtant, vous venez me dire que cette entreprise est dirigée par un Néerlandais.
Je vais poser d'autres questions sur Asia Pulp & Paper et vous demander si vous avez fait votre travail, parce qu'il y va de l'intérêt des Canadiens. Si Jackson Wijaya travaille pour Asia Pulp & Paper, voilà une entreprise qui, à l'étranger, fait l'objet de graves allégations de dévastation de l'environnement. Elle a perdu son certificat FSC. Sinar Mas a fait l'objet de campagnes internationales pour la protection de l'environnement; l'entreprise a omis de rembourser des emprunts, et nous entendons maintenant des allégations de vol de propriété intellectuelle canadienne pour le compte de concurrents chinois.
Dans votre examen de sécurité, n'y a‑t‑il rien de ça qui ait attiré votre attention? Est‑ce que vous le confirmerez, oui ou non?
Des lanceurs d'alerte à Shanghai nous ont dit que, en prenant en main 22 millions d'hectares de forêts canadiennes, Sinar Mas et Asia Pulp & Paper faisaient main basse sur la fibre ligneuse.
Pouvez-vous expliquer comment le fait de transformer cela en une série de sociétés écrans, qui peuvent être Asia Pulp & Paper, où M. Jackson Wijaya peut travailler, ou Sinar Mas, que le premier ministre de Nouvelle-Écosse a rencontré après avoir pris l'avion, procure un avantage net aux Canadiens et comment la sécurité du Canada, à l'échelle économique, régionale et communautaire n'est pas impactée?
Avez-vous cherché à savoir si c'était une mainmise sur la fibre ligneuse par la Chine, pour contrôler les forêts canadiennes?
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N'étant pas, en fin de compte, membre du Comité, je laisserai aux membres en titre le soin de décider de la conduite à adopter par suite de cette réponse.
Vous avez dit « promesses sérieuses ». Ma seule très mauvaise expérience de la Loi sur Investissement Canada a été Anbang, l'acheteur, finalement, de la société Retirement Concepts, en Colombie-Britannique. À la Chambre des communes, le gouvernement a promis un certain nombre de dispositions pour soumettre Anbang à des normes exigeantes. En fin de compte, ces promesses se sont réduites à essentiellement confier au ministre de la Santé de la Colombie-Britannique le soin d'exercer des pressions sur cette compagnie pour qu'elle fournisse aux personnes âgées les services de base nécessaires d'après la loi.
Pouvez-vous dire si ces promesses sérieuses sont des engagements réels, coulés dans le béton, ou simplement des promesses faites au gouvernement et dont, maintenant, le gouvernement se sert comme couverture? Peut-être pourriez-vous nous donner quelques détails pour que nous soyons exactement fixés sur leur nature, pour obtenir l'approbation de cette entente sous le régime de la Loi sur Investissement Canada.
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Monsieur le président, le Comité pourrait‑il demander cette information?
En tant que Britanno-Colombien préoccupé, je veux juste mentionner que l'entreprise Domtar, selon moi — je laisse les gens décider si je suis bien informé ou non —, bénéficie d'un monopsone et peut établir le prix de choses comme les copeaux à brûler. C'est un produit très important qui peut changer la situation d'une industrie, surtout pour les petites entreprises.
Je veux juste dire, monsieur le président, que c'est important. Il n'est pas uniquement question de la sécurité nationale; c'est aussi lié aux aspects concurrentiels de nos marchés.
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Bonjour, monsieur le président.
Bonjour tout le monde. Je vous souhaite un bon vendredi.
C'est une discussion très importante, très pertinente.
Je veux commencer par poser une question à Mme Dojack.
Vous avez fait allusion à des facteurs dans vos propos sur l'examen d'une minitransaction et d'une miniacquisition et au moment de déterminer si un acquéreur est associé à une entité hors marché, à un fonds souverain ou à une organisation appuyée par un gouvernement. Quelle importance accordez-vous à ce facteur au moment de faire l'analyse? Je pense qu'aujourd'hui, lorsqu'on regarde partout dans le monde, que la transaction soit de 30 millions ou de 3 milliards de dollars, la propriété intellectuelle liée à la transaction, l'agent étatique qui est l'acquéreur... Je crois que cela soulève beaucoup de questions, surtout lorsqu'on tient compte de la conjoncture dans le monde.
Pouvez-vous en parler pendant une seconde, s'il vous plaît?
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Oui, la propriété et la question de savoir s'il s'agit d'un agent étatique ou d'une organisation qui est potentiellement influencée par un agent étatique sont prises en considération dans les examens relatifs à la sécurité nationale.
Les examens sont globaux, ce qui signifie qu'il n'y a pas d'attente précise. Cela dépend de la nature de la transaction et de la participation de l'investisseur, ainsi que de son influence générale sur l'entreprise — s'il a des sièges au conseil d'administration et ainsi de suite.
Il serait difficile pour moi de me prononcer. L'importance de chaque facteur est établie au moyen d'un pourcentage. Un examen global est effectué en collaboration avec des partenaires du Canada en matière de sécurité et de renseignement ainsi qu'avec les ministères et les organismes concernés. Dans le cas d'une transaction liée à une ressource naturelle, ce serait Ressources naturelles Canada. Ensemble, en tant que communauté, nous évaluons la transaction et tous les facteurs pertinents, y compris si l'entité appartient à un État ou est influencée par un État.
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On parle de la part du lion. Une entité ou un gouvernement peut posséder 5 % d'une entreprise, ce qui empêche la prise de contrôle de l'entreprise, et c'est une méthode utilisée très efficacement partout dans le monde.
Dans ce cas‑ci, disons que l'entreprise A établie en Chine possède 5, 10 ou 3 % de la participation dans l'entreprise B qui est établie dans un autre pays, et que l'entreprise peut ensuite acheter des actifs à l'étranger, mais, de facto, même si l'entreprise A ne possède qu'un petit pourcentage des capitaux propres, elle peut exercer plus d'influence sur l'entreprise B. J'y réfléchis. Pour moi, ce scénario existe.
Je veux poser une deuxième question complémentaire.
La Loi sur Investissement Canada... Il y a actuellement un projet de loi à l'étude au Parlement. Dans quelle mesure l'analyse serait-elle différente aujourd'hui ou ex ante? Dans quelle mesure serait-elle différente par rapport à ce qui est fait conformément à l'actuelle ou à l'ancienne Loi sur Investissement Canada dans ce type de transaction?
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Je vais aborder les deux volets de votre question.
Tout d'abord, pour revenir à la question précédente, il convient de noter que l'influence, le contrôle ultime, le contrôle de fait et le contrôle concret sont tous des facteurs extrêmement importants pour comprendre un investissement. Ils sont évidemment pris en considération dans les dispositions de sécurité nationale de la loi.
Pour ce qui est du projet de loi , qui continue de franchir les étapes au Parlement pour moderniser et mettre à jour la Loi sur Investissement Canada, il apporte des améliorations fondamentales au fonctionnement global de la Loi. Cela dit, de nombreux autres aspects fondamentaux, notamment l'utilisation continue d'un examen relatif à la sécurité nationale pour tous les investissements et un examen de l'avantage net pour tous ceux qui répondent aux critères sont également importants.
Cependant, certaines des améliorations, par exemple, portent sur des choses comme notre capacité d'avoir des engagements contraignants en vertu des dispositions de sécurité nationale de la Loi. À l'heure actuelle, pour une chose assujettie au processus de prise de décisions et d'autres aspects, on peut procéder de manière plus directe. Nous pourrons aussi maintenir des choses comme un ensemble permanent de technologies sensibles dans des industries sensibles. Nous pourrons ainsi nous assurer d'être très clairs à propos du type d'investissements qui nécessiteront un précontrôle en fonction de la Loi.
Cette question est notamment devenue une préoccupation depuis que des dénonciateurs de Asia Pulp & Paper à Shanghai ont dit que cette expansion au Canada est une tentative de mainmise sur les fibres.
En fait, un employé a dit que c'est une « tentative de mainmise sur les fibres » et que l'entreprise veut continuer de donner l'impression que Papier Excellence est un actif du Canada pour le Canada, mais en réalité, c'est une source d'alimentation pour la machine chinoise.
J'aborde la question parce que, dans le cadre de l'examen de Résolu, Papier Excellence a été obligé de se départir de la scierie de Thunder Bay, mais Résolu a gardé les droits forestiers, ce qui signifie qu'ils sont détenus par Papier Excellence et, peut-être, par Asia Pulp & Paper.
On ne peut pas exploiter de scierie sans arbres, alors pourquoi laisser ces arbres à Asia Pulp & Paper par l'entremise de Papier Excellence?
Comme vous l'avez dit, les forêts relèvent des provinces. Ce sont elles qui réglementent la coupe et déterminent les normes. Elles délèguent la responsabilité à des entreprises forestières privées au moyen de permis et d'ententes d'approvisionnement en bois. On les appelle habituellement des ententes de tenure. Ces ententes s'accompagnent d'un permis de coupe. Elles contribuent aux recettes des provinces et du gouvernement fédéral par l'entremise des revenus des sociétés. Ces entreprises assument et définissent des responsabilités pour leur gestion.
Les provinces utilisent toutes sortes de moyens pour déterminer à qui la tenure est accordée dans ces cas‑là. Par souci de concision, je ne vais pas tous les passer en revue. Chaque province à sa propre façon de procéder.
Comme deuxième question, vous avez demandé comment Ressources naturelles Canada travaille avec les provinces à cet égard? Il y a différentes façons.
Tout d'abord, nous avons un réseau de recherche bien établi pour étudier les questions de durabilité. Nous travaillons étroitement avec les provinces et les territoires pour assurer la communication de l'information sur les pratiques exemplaires, sur la façon de mettre à jour les règlements et sur la gestion du bois d'œuvre provenant de terres publiques. Nous offrons aussi un certain nombre de programmes qui appuient la transformation dans le secteur. Il y a un nouveau budget, et je pourrais en parler plus, comme je l'ai dit, mais je vais m'abstenir par souci de concision.
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Vous avez posé un certain nombre de questions.
Comme vous l'avez correctement dit, la certification du Forest Stewardship Council, à notre connaissance, provient de la transaction de Résolu pour que 100 % des terres exploitées par Papier Excellence soient certifiées par un tiers. C'est probablement indiqué sur le site Web, comme vous l'avez mentionné. Il y a beaucoup d'avantages à cela.
Cela montre notamment, à l'échelle internationale, que ces entreprises mènent leurs activités de façon durable et qu'elles doivent respecter des normes élevées. Elles font d'ailleurs l'objet d'audits effectués par les tiers responsables de la certification. Les acheteurs et les consommateurs ont donc l'assurance que le bois et le papier qu'ils achètent à ces entreprises proviennent de forêts gérées de façon durable.
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M. Angus a posé des questions très importantes et très critiques à l'égard de votre travail, mais ce que j'essaie de comprendre en tant que parlementaire, c'est si nous devons en faire plus pour fournir des conseils.
M. Angus a parlé, bien sûr, de certaines préoccupations économiques et de la direction que pourrait prendre l'industrie de la pâte, mais si cela ne fait pas partie de votre mandat et ne doit pas faire l'objet d'un examen, je pense qu'il nous incombe, en tant que parlementaires, de le comprendre.
En ce qui concerne les lignes directrices, il ne semble pas y avoir grand-chose sur... Il y a beaucoup d'éléments qui concernent les chaînes d'approvisionnement des minéraux critiques au Canada. La sécurité nationale des actifs est bien encadrée. Il n'y a pas grand-chose sur les intérêts économiques plus généraux, mis à part le cas de la Russie où il risque d'y avoir eu des changements.
Est‑il juste de dire que la disposition est plutôt muette sur l'examen de la sécurité qui se rapporte à l'exportation de matériaux canadiens à l'étranger?