Je tiens à présenter mes excuses à nos témoins pour ces quelques minutes de retard.
Nous accueillons aujourd'hui, de la Fondation Asie Pacifique du Canada, Christine Nakamura, vice-présidente, Bureau central au Canada, par vidéoconférence.
De Investir Ottawa, nous accueillons Sonya Shorey, présidente et cheffe de la direction, également par vidéoconférence.
Nous vous souhaitons la bienvenue au Comité.
Nous allons commencer par les déclarations préliminaires, puis nous passerons aux séries de questions. Vous avez cinq minutes.
Madame Nakamura, voulez-vous commencer, s'il vous plaît?
:
Merci, madame la présidente.
La Fondation Asie Pacifique est un organisme indépendant sans but lucratif qui se consacre au renforcement des liens avec l'Asie au moyen d'activités de recherche, d'éducation et de réseautage visant à promouvoir les relations entre les Canadiens et leurs homologues dans la région indo-pacifique.
Des études ont montré que la promotion de l'égalité des sexes et l'augmentation de la participation économique des femmes au Canada pourraient ajouter 150 milliards de dollars au PIB d'ici 2026. Cette projection a amené notre équipe à se pencher sur la façon dont notre expertise sur l'Asie pourrait contribuer à accroître la participation des femmes à l'économie, en particulier celles qui dirigent des petites et moyennes entreprises, ou PME.
En 2017, les PME représentaient environ 99,8 % de toutes les entreprises avec employés au Canada. Cependant, seulement 15,6 % du total appartenaient majoritairement à des femmes, et seulement 11,1 % d'entre elles faisaient de l'exportation. Pour faire croître le nombre de PME exportatrices, nous avons lancé en 2019 une série de missions commerciales en Asie pour les femmes afin de faciliter le dialogue entre des entrepreneures canadiennes et des partenaires d'affaires potentiels dans les marchés en plein essor de l'Asie. De 2017 à 2018, nous avons parlé à plus de 300 femmes d'affaires au Canada, qui nous ont dit qu'elles n'avaient pas la confiance nécessaire pour s'attaquer aux marchés culturellement diversifiés de l'Asie qu'elles ne connaissaient pas. Elles ont toutefois convenu que si des rencontres, dans le cadre de missions commerciales dédiées aux femmes, pouvaient être organisées par des agents expérimentés dans la navigation de ces marchés, elles tenteraient d'y pénétrer.
Au printemps 2019, nous avons dirigé une mission pilote au Japon, avec des entrepreneures en technologies de la santé spécialisées dans les soins aux aînés qui pourraient répondre aux besoins de la société japonaise âgée. Il en a résulté des ententes de confidentialité et des protocoles d'entente pour collaborer à la recherche et au développement, ainsi que des ententes pour la localisation et la distribution de produits. Les discussions sont toujours en cours, ce qui indique qu'il y aura encore plus de retombées à l'avenir.
À l'été 2019, nous avons été sélectionnés pour recevoir du financement du Fonds pour l'écosystème de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, la SFE, ce qui nous a permis de mener six autres missions successives vers des marchés clés dans la région indo-pacifique de 2020 à 2023. Comme on pouvait s'y attendre, nos deux missions en personne après la COVID ont produit la majorité des résultats jusqu'à présent, et nous entreprendrons bientôt notre huitième mission à Taïwan et au Vietnam.
Grâce au financement de la SFE, nous avons également créé le Réseau international des femmes canadiennes, ou CanWIN, un projet découlant de nos missions commerciales visant à soutenir davantage les PME féminines. CanWIN offre l'accès à un réseau mondial puissant de relations qui apporte le soutien nécessaire aux femmes dans le commerce international.
Cette année, à l'occasion de la Journée nationale des peuples autochtones du Canada, nous avons organisé le premier sommet mondial de CanWIN à Toronto, qui a réuni plus de 150 femmes et personnes de diverses identités de genre de partout au Canada et de sept économies de la région indo-pacifique pour réseauter et mettre en commun des pratiques exemplaires. Nous avons mis sur pied un groupe spécial de chefs d'entreprise autochtones issus des économies membres de l'Arrangement de coopération économique et commerciale avec les peuples autochtones, ou ACECPA. Nous avons également mis en valeur des entrepreneurs canadiens primés de la prochaine génération et organisé un concours de présentation de candidatures pour cinq finalistes canadiens talentueux devant un jury international d'investisseurs.
À ce jour, 212 femmes et personnes de diverses identités de genre, y compris des chefs d'entreprise et des leaders d'opinion, ont participé à nos sept missions, soulignant la riche diversité culturelle et régionale du Canada; 740 réunions interentreprises personnalisées ont été organisées; et près de 4 500 femmes et hommes alliés ont participé à nos activités partout au Canada et en Asie pour faire progresser l'autonomie économique de tous les genres. Notre série de missions commerciales a généré, selon une estimation conservatrice, environ 21,5 millions de dollars canadiens en ventes et en investissements en date d'août 2024, et près de 70 discussions d'affaires sont en cours.
Le financement nous a permis d'entrer en contact avec des groupes sous-représentés d'entrepreneurs et d'aspirants entrepreneurs, y compris des femmes autochtones, des femmes de couleur et des personnes LGBTQ+, afin de les informer des possibilités offertes par les marchés asiatiques et d'assurer une représentation inclusive au sein de nos délégations. Nos efforts de sensibilisation nous ont également permis d'établir des liens avec de nombreuses organisations de partout au Canada qui soutiennent l'entrepreneuriat féminin, ce qui a donné lieu à une approche plus coordonnée pour aider les fondatrices d'entreprises.
Nos résultats ne sont qu'un petit échantillon de ce qui est possible avec un soutien structuré pour les PME exportatrices. Grâce à des investissements soutenus, les femmes continueront de stimuler la croissance économique du Canada dans les années à venir.
En conclusion, je formulerai plusieurs recommandations. Premièrement, il faut poursuivre les efforts visant à tisser des liens entre les appuis gérés de façon indépendante pour aider les fondatrices d'entreprises à exporter leurs produits.
La deuxième consiste à fournir du soutien non seulement aux entreprises en début de démarrage, mais aussi aux entreprises rendues à des étapes ultérieures du démarrage afin d'accroître la croissance des exportations, car il y a des lacunes.
Troisièmement, il faut suivre la croissance des entreprises pendant des années, pas seulement à une occasion, pour obtenir des indicateurs de croissance précis. Il faut un certain temps pour voir des résultats.
Enfin, il faut élargir la portée des mesures de soutien axées sur les femmes dans l'ensemble des associations et des chambres de commerce des groupes minoritaires intersectionnels.
Je vais m'arrêter ici, madame la présidente. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner.
:
Merci, madame la présidente et tous les membres du Comité, de me donner l'occasion de vous faire part de la vision, des progrès et des leçons tirées d'Investir Ottawa, la principale agence de développement économique ici dans la capitale du Canada, et de tous les partenaires avec lesquels nous avons l'honneur de collaborer.
Ensemble, en tant qu'écosystème, nous sommes déterminés à donner aux fondatrices d'entreprises, aux PDG et aux propriétaires d'entreprises de tous les horizons les moyens d'atteindre les marchés internationaux et de prospérer à l'échelle mondiale.
Si vous la voyez, vous pouvez devenir comme elle.
À Ottawa, nous avons le privilège de collaborer avec des fondatrices remarquables qui servent de modèles puissants au Canada et dans le monde: Elizabeth Audette-Bourdeau, fondatrice et PDG de Welbi, qui est en train de transformer les soins aux aînés; Alida Burke, cofondatrice de Growcer, qui s'occupe de sécurité alimentaire et de durabilité environnementale; Erin Kelly, PDG et fondatrice de Advanced Symbolics, qui facilite la prise de décisions en matière d'IA; Sarah Sedgman, fondatrice de LearnExperts, qui favorise une révolution dans le secteur de la formation; et Heather Ward, présidente de Hyperion Global Energy, une entreprise de technologie de captage du carbone.
Ces dirigeantes génèrent un triplé de résultats économiques, sociaux et environnementaux, tout en faisant progresser les objectifs de l'ONU en matière de développement durable.
À Investir Ottawa, lorsque nous parlons de « femmes », nous incluons toutes les personnes qui s'identifient comme des femmes, y compris les femmes de couleur, les femmes transgenres et les personnes ayant diverses identités de genre. Ces femmes ont fait face à des obstacles systémiques, et avec des partenaires comme SheBoot, le Capital Angel Network et tant d'autres, nous sommes déterminés à donner la priorité à l'équité, à l'accès et à l'inclusion. Dans le cadre de nos programmes, nous travaillons fort pour veiller à ce que toutes les personnes qui accèdent à notre soutien, de concert avec nos partenaires, se sentent accueillies et en mesure de devenir plus autonomes.
Depuis 2017, notre stratégie s'attaque aux défis systémiques auxquels sont confrontées les entrepreneures, en particulier en ce qui concerne l'accès aux capitaux et aux marchés mondiaux.
Les données sont éloquentes. Les femmes possèdent moins de 16 % des entreprises canadiennes, et pourtant, les entreprises fondées par des femmes génèrent une valeur économique, sociale et environnementale importante. Notre écosystème se consacre à amplifier et à favoriser ces résultats.
En 2018, à Investir Ottawa, notre conseil d'administration a créé un sous-comité de fondatrices et propriétaires d'entreprises, composé de dirigeantes de divers horizons. Nous avons également contribué à l'élaboration d'une stratégie pour les femmes fondatrices et propriétaires, une feuille de route visant à faire d'Ottawa la meilleure ville au monde pour permettre aux femmes de lancer, de faire croître et de faire évoluer des entreprises mondiales influentes. L'un de nos objectifs est de créer la première entreprise d'une valeur de 100 millions de dollars appartenant à une femme à Ottawa et d'inspirer un bassin de nombreuses autres entreprises.
Notre stratégie s'articule autour de quatre grands axes: promouvoir, éduquer, outiller et connecter. Cette stratégie a permis d'accroître considérablement la participation des femmes à nos programmes au cours des six dernières années. Rien que dans le cadre de notre programme d'expansion d'Investir Ottawa, 77 % des entreprises technologiques qui génèrent des revenus annuels récurrents d'au moins 500 000 à 2 millions de dollars comptent maintenant au moins une femme fondatrice, cofondatrice ou cadre supérieure. La proportion était inférieure à 10 % avant, et bon nombre de ces entreprises exportent maintenant à l'échelle mondiale.
L'investissement demeure un défi de taille pour les fondatrices. Sur la planète, seulement 2,2 % du capital de risque au premier semestre de 2024 a été versé à des femmes fondatrices. Les équipes mixtes s'en sortent un peu mieux, mais la disparité est évidente. Pour les fondatrices issues de groupes marginalisés, le capital de risque représente moins de 1 %.
Il est essentiel pour notre économie et notre société d'éliminer ces obstacles. Les études montrent constamment que les entreprises fondées par des femmes génèrent des revenus plus élevés par dollar investi, ce qui souligne la valeur tangible et la résilience qu'elles apportent sur le marché.
En 2020, Investir Ottawa et le Capital Angel Network, dirigé par Jennifer Francis, Julia Elvidge et moi‑même, ont créé SheBoot, un camp d'entraînement, maintenant d'envergure nationale, sur la préparation à l'investissement qui s'attaque de front à ce problème. Il permet à un plus grand nombre de femmes d'obtenir du financement et les incite à investir. Plus il y a de femmes qui investissent, plus les femmes obtiennent du financement. La recherche le démontre.
Depuis sa création, SheBoot a permis de mobiliser plus de 25 millions de dollars en fonds complémentaires pour 50 fondatrices participantes, les préparant à attirer des capitaux et à naviguer dans les complexités de l'expansion mondiale.
Joignez-vous à nous pour voir notre cinquième cohorte en action lors de notre concours de présentation de propositions SheBoot, le 12 novembre, ici à Ottawa. J'applaudis chaleureusement nos partenaires du Capital Angel Network, où les femmes représentent maintenant 30 % des investisseurs, ce qui représente une augmentation importante par rapport aux années précédentes.
Nous avons également lancé le Mois international de la femme, une autre initiative clé qui rassemble chaque année 50 partenaires de notre région et d'ailleurs au pays et dans le monde.
C'est un moteur de changement durable à long terme, non seulement en créant une masse critique de femmes dirigeantes prospères ici à Ottawa et ailleurs, mais aussi en nous permettant de servir de modèles pour inspirer les autres.
Les initiatives dont nous nous faisons les championnes s'attaquent directement à un grand nombre de défis, mais il faut en faire plus. Nous pouvons vraiment faire d'Ottawa la meilleure ville, et du Canada le meilleur pays, où les femmes peuvent lancer, développer et diriger des entreprises qui alimentent notre économie et améliorent le monde.
La collaboration est cruciale. Selon les rapports, il faudra 131 ans pour combler l'écart entre les sexes. Il faut que tout le monde travaille ensemble. Nous invitons l'ensemble des gens, des organismes et des secteurs à se joindre à nous.
Notre travail ne fait que commencer. Nous avons encore beaucoup de chemin à faire. Je crois sincèrement qu'avec la volonté, la collaboration et l'engagement, et avec tous les partenaires canadiens et tant de dirigeants, le Canada peut être un chef de file et changer le monde.
Merci.
:
On ne peut pas envisager la fiscalité isolément. Il faut considérer l'ensemble du contexte commercial; il faut examiner toutes les politiques, leurs interrelations, ainsi que leurs objectifs sur les plans de l'inclusivité, du soutien et de l'élimination des obstacles. Le financement et le soutien disponibles, et les politiques relatives aux impôts et à l'approvisionnement à l'échelle nationale doivent contribuer à former un tout. Plus on peut en faire pour encourager tous les fondateurs d'entreprises, y compris les femmes et les personnes marginalisées, à voir grand, à faire preuve d'audace et à poursuivre de grands rêves audacieux, plus on peut créer ensemble un milieu très lucratif qui encourage les gens à rester et à s'enraciner ici.
C'est l'objectif de notre programme d'expansion des entreprises. Ce programme vise à encourager les fondateurs et les fondatrices d'entreprises à s'ancrer ici, à s'enraciner solidement, à continuer de croître et de prendre de l'expansion, et à ne pas partir pour les États-Unis, qui offrent indubitablement de nets avantages.
Nous nous efforçons de collaborer avec tous les ordres de gouvernement, les intervenants de l'industrie et les membres de notre communauté de fondateurs et de fondatrices d'entreprises, pour les encourager à considérer les politiques canadiennes d'un point de vue global. Le Canada est unique. Notre culture présente des avantages de taille, et notre qualité de vie est sans pareille.
Quand nous parlons avec les fondateurs et les fondatrices d'entreprises, ces considérations s'avèrent absolument essentielles: un milieu où l'on peut élever des enfants et bâtir une entreprise prospère, sûre, stimulante et qui donne accès à la qualité de vie qu'on mérite. Tout est relié; rien ne fonctionne isolément.
:
Comme je l'ai mentionné, notre projet vise principalement à introduire les femmes entrepreneures aux marchés asiatiques à forte croissance. Les efforts de notre fondation sont axés sur l'Asie-Pacifique; ainsi, nous savons que les marchés florissants de l'Asie du Sud-Est en particulier offrent des tonnes de débouchés aux femmes entrepreneures.
Les femmes que nous aidons œuvrent principalement dans les domaines de la technologie de la santé, de la TIC et de la technologie propre. Ces trois domaines sont les trois secteurs principaux que nous avons réussi à introduire aux marchés asiatiques à forte croissance.
Franchement, au sujet des débouchés en Asie, si nous n'avions pas parlé aux femmes et si n'avions pas lancé notre projet, beaucoup de femmes entrepreneures n'auraient jamais songé à essayer d'accéder à ces marchés. C'est la raison pour laquelle nous menons ce projet, car je le répète, les deux missions en personne que nous avons effectuées jusqu'à maintenant ont déjà entraîné la conclusion d'ententes valant près de 22 millions de dollars. Ces femmes n'auraient jamais obtenu de tels résultats au Canada.
Par ailleurs, comme je l'ai déjà dit, le Canada offre beaucoup d'aide financière au démarrage sans effet dilutif, mais quand les entreprises arrivent à une étape subséquente, elles ont de la difficulté à trouver du financement. Elles doivent chercher à l'extérieur du Canada. Nous devons unir nos efforts pour tenter d'améliorer la situation.
Nous travaillons aussi sur un autre projet qui consiste en des rencontres pour les investisseurs. Nous réseautons avec des investisseurs de toute l'Asie. En février 2024, nous avons organisé une conférence Canada‑en‑Asie à Singapour; nous avons réuni 40 investisseurs de partout en Asie et nous leur avons présenté 5 femmes entrepreneures du Canada. Nous voulons aussi nouer des relations interentreprises avec ces investisseurs et avec les sociétés de capital de risque, les fonds d'actions et les investisseurs providentiels canadiens, parce qu'ils veulent investir dans les fonds de capital de risque ou d'investissement canadiens. Je pense que ce projet contribuera aussi à créer de nouveaux débouchés pour les entrepreneures canadiennes.
:
Merci, madame la présidente.
Je vous remercie toutes les deux de votre présence.
Je suis ravie que Mme Sonya Shorey d'Investir Ottawa soit des nôtres. J'ai travaillé avec elle dans le passé et je collabore toujours avec elle dans le cadre de mes fonctions de députée d'Ottawa-Vanier. Quant à moi, le travail d'Investir Ottawa change la donne pour notre communauté.
Je tiens aussi à remercier Mme Christine Nakamura de se joindre à nous aujourd'hui. Je suis ravie de faire votre connaissance et je suis certaine que vous tenez aussi un rôle central dans ce que vous faites.
En 2018, le gouvernement du Canada a créé le Fonds pour les femmes en entrepreneuriat et il a affecté 20 millions de dollars dans le budget fédéral pour financer plus de 200 projets. Par la suite, il a fait un investissement supplémentaire de 10 millions de dollars, dont 2,5 millions de dollars étaient réservés aux femmes autochtones entrepreneures, pour aider à financer environ 100 projets.
Grâce à ce fonds, les femmes entrepreneures et leurs entreprises ont reçu des investissements d'une valeur approximative de 7 milliards de dollars.
J'aimerais parler de la Stratégie nationale pour les femmes en entrepreneuriat. D'abord, la connaissez-vous? Ensuite, qu'est‑ce qui fonctionne et qu'est‑ce qui ne fonctionne pas? Comment le gouvernement peut‑il tâcher de conserver ce qui fonctionne, et quels changements devrait‑il prendre en considération? Je vous invite à nous parler de la mesure dans laquelle le Fonds pour les femmes en entrepreneuriat soutient les femmes d'affaires.
Je demanderais à Mme Shorey de répondre en premier, suivie de Mme Nakamura.
:
Excellent. Je connais très bien la Stratégie nationale pour les femmes en entrepreneuriat. J'ai travaillé en collaboration avec de nombreuses organisations à plusieurs projets connexes et à plusieurs objectifs communs.
D'après moi, un des éléments les plus importants au Canada, c'est le pouvoir de la collaboration à grande échelle. Il faut rassembler les individus, les communautés et les organisations, leurs meilleurs efforts et les changements que chaque personne et chaque étape entraînent; la mise en valeur de nos efforts réunis; et toutes les ressources, les leçons et les possibilités. Ce n'est pas un projet unique qui changera la donne pour atteindre la parité dans 131 ans. C'est la collaboration continue, l'échange de leçons apprises et la mise en valeur du réseau canadien et du réseau mondial. Il ne faut pas se limiter à un point de contact unique ou à un projet unique; il faut investir constamment et créer de nouvelles voies et de nouveaux débouchés, ensemble.
Certaines femmes que j'ai nommées dans ma déclaration préliminaire ont bénéficié de la Stratégie nationale pour les femmes en entrepreneuriat et du soutien d'organisations comme Futurpreneur, Investir Ottawa, le Capital Angel Network et bien d'autres encore, probablement y compris celle que Mme Nakamura représente.
Les défis varient considérablement selon les marchés cibles et les secteurs. La période dont vous avez parlé, madame Fortier, nous ramène à la pandémie et à ses effets disproportionnés sur les femmes. Pour beaucoup d'entreprises, c'était dévastateur. Bon nombre de fondatrices d'entreprises s'occupaient de jeunes enfants, d'aînés et de problèmes de santé à la maison, tout en essayant de collecter des fonds et d'accéder aux marchés mondiaux.
Des efforts continus, l'échange de leçons apprises, la mise en commun des réseaux pour créer des dizaines et des dizaines de possibilités, et non seulement une... Voilà ce que je recommanderais de faire dans le cadre de la Stratégie nationale pour les femmes en entrepreneuriat.
:
Absolument. Nous sommes fiers d'avoir reçu du financement du Fonds pour les femmes en entrepreneuriat. Je remercie le gouvernement du Canada d'avoir reconnu la valeur de notre projet. Sans ce financement, nous n'aurions pas été en mesure d'établir des relations avec les nombreuses organisations autonomes au Canada qui soutiennent, à leur façon, les femmes entrepreneures. Maintenant que nous avons rencontré ces gens grâce à ce financement, nous pouvons les réunir et nous travaillons le plus possible en équipe.
Certains endroits sont très éloignés et difficiles à atteindre; nous n'aurions jamais pu nous y rendre. Par exemple, nous avons organisé une table ronde réservée aux femmes entrepreneures autochtones du Yukon, où nous avons réuni 25 femmes entrepreneures autochtones. L'une d'entre elles a posé sa candidature et a été sélectionnée pour participer à l'une de nos délégations en Corée du Sud et en Thaïlande, et elle a trouvé des partenaires pour sa technologie d'hydrogène vert en Corée du Sud.
Comme je l'ai dit durant ma déclaration préliminaire, grâce à l'argent que nous avons reçu, nous avons déjà été en mesure d'aider des femmes entrepreneures à conclure des ententes d'une valeur de 21,5 millions de dollars, et 70 négociations sont toujours en cours. Par exemple, la mission commerciale pilote que nous avons menée au Japon en 2019 continue à porter des fruits. Rien de tout cela n'aurait été possible sans le soutien du Fonds pour les femmes en entrepreneuriat.
Par ailleurs, je le répète, nous avons aussi été en mesure de tisser des liens avec beaucoup de groupes minoritaires différents. Nous avons travaillé avec des femmes autochtones, des femmes de couleur, des femmes s'identifiant comme femmes et des femmes de la communauté LGBTQ+. Nos délégations sont très diversifiées, et elles sont remarquables. Sans ce financement, nous n'aurions pas réussi à accomplir tout cela.
:
Je vais certainement faire écho à cela et poursuivre dans cette veine.
Nous avons collaboré avec le Capital Angels Network, à Investir Ottawa, afin d'encourager et aider les fondatrices à être prêtes à l'investissement, par l'intermédiaire de SheBoot. Nous avons constaté 25 millions de dollars en investissements complémentaires, ce qui comprend la période de la pandémie. Je dois préciser que le chiffre est plus élevé, en fait, mais nous ne sommes pas autorisés à le divulguer en vertu d'une entente de confidentialité.
La création de programmes semblables axés sur la préparation aux exportations pour les entreprises qui ont atteint le niveau nécessaire — notre région compte des entreprises dirigées par des femmes qui sont rendues là — et de programmes ciblés sur les exportations internationales, en collaboration avec des experts de l'industrie, dont des organismes comme celui de Mme Nakamura, favoriserait cette collaboration et la création d'un programme dans cette optique précise. Ainsi, toutes les activités de formation, d'éducation et de soutien seraient axées sur l'objectif ciblé de la préparation aux exportations.
Je pense à ce que nous avons fait dans notre collectivité, avec Investir Ottawa. Ces six dernières années, nous avons revu en profondeur chacune des étapes de notre programme de création d'entreprises. Cela a mené à une augmentation importante du nombre de femmes fondatrices, notamment du nombre de femmes issues de la diversité. De même, dans le programme SheBoot, 50 % des femmes fondatrices sont issues de la diversité et s'identifient comme telles. C'est voulu. Sans cette intention, sans les fonds d'investissement requis et l'appui d'experts axés sur ce but précis, la portée se dilue. Une telle approche collaborative, à mon avis, permet à tout accélérateur, incubateur, centre d'innovation et tout autre organisme offrant cette expertise, d'atteindre l'objectif. C'est exactement dans cette optique que nous avons créé SheBoot.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier les témoins de leur présence aujourd'hui pour cette importante étude.
J'étais absent lors des deux dernières réunions sur ce sujet. J'étais donc ravi que Mme Nakamura mentionne certaines des approches intersectionnelles nécessaires pour faire pleinement ce travail.
Les femmes noires et autochtones, en particulier les femmes de couleur, se heurtent à des obstacles considérables. C'est avec grand intérêt que j'ai écouté votre témoignage et votre déclaration préliminaire d'aujourd'hui, lorsque vous avez parlé de vos efforts récents visant à inclure ces personnes dans vos travaux, notamment votre rassemblement à l'occasion de la Journée nationale des peuples autochtones.
J'aimerais évidemment savoir comment les organismes tiennent compte, par l'intermédiaire de ce fonds, des difficultés auxquelles les femmes de couleur sont confrontées. Lorsque j'ai appris l'existence de ce fonds, j'ai eu l'occasion de me renseigner auprès de diverses entreprises appartenant à des femmes, à Edmonton et en Alberta. Pour être honnête, très peu d'entre elles en avaient entendu parler. Nous avons beaucoup d'entreprises appartenant à des femmes autochtones et noires qui n'ont jamais entendu parler du Fonds pour les femmes en entrepreneuriat. Il semble, à de nombreux égards — c'est peut-être un préjugé venant de l'Ouest du Canada —, que ce fonds est essentiellement axé sur certains milieux urbains précis et qu'il n'est pas vraiment connu à l'extérieur des centres urbains, en particulier par les entreprises appartenant à des femmes du Grand Nord ou des régions rurales.
Madame Nakamura, j'ai été heureux d'entendre votre commentaire au sujet d'une représentante du Yukon. Je tenais à en discuter avec vous d'entrée de jeu. Pour commencer, aujourd'hui, je veux discuter avec vous de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat en général.
Ma collègue, Mme Fortier, a posé des questions à ce sujet. En termes simples, le programme est‑il suffisant pour corriger le déséquilibre entre les sexes au sein des entreprises canadiennes, en particulier les entreprises appartenant à des personnes noires ou autochtones ou à des personnes de couleur?
Madame Nakamura, la parole est à vous, s'il vous plaît.
:
Excellent. Je tiens simplement à dire que des investissements et une collaboration continus sont absolument essentiels. Nous avons réalisé d'importants progrès. C'est à la fois trop lent et insuffisant, et sans des efforts, de la collaboration, des investissements et une intention soutenus, en particulier pour les femmes issues de communautés marginalisées... Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, nous incluons les femmes de toutes identités et intersections identitaires.
Pour les personnes qui l'ont vécu, l'une des leçons à tirer de l'expérience est la nécessité d'aller à la rencontre des fondatrices issues des communautés marginalisées là où elles se trouvent. Il faut de l'argent pour aller dans les communautés, identifier les groupes de fondatrices qui ont ce potentiel, et pour le faire en respectant leur culture et leur parcours, là où elles se sentent en sécurité.
Nous avons pris des mesures pour y arriver, car souvent, les investissements à cette fin sont inexistants. Tout le monde... Tous ceux qui œuvrent sans relâche à l'atteinte de cet objectif y mettent toutes les ressources, la passion et le cœur que nous avons au pays pour y arriver, ensemble, mais il faut du soutien pour intervenir de manière systémique, à plus grande échelle, afin de changer la donne et d'avoir l'effet que tout le monde souhaite.
Parmi les organismes avec lesquels nous avons collaboré, soulignons le Carrefour des affaires autochtones ADAAWE, ici, dans la capitale, Pow Wow Pitch et Chnge Mker, qui se consacre aux entrepreneurs noirs. Il y a tant de communautés diversifiées où les fondatrices se sentent en sécurité. Le but, c'est d'aller dans ces communautés, d'attirer les gens et de leur donner un sentiment d'appartenance, mais sans la volonté et le financement pour le faire, c'est impossible. Donc, je vous remercie de tous ces investissements.
:
Pour commencer, je dirais qu'avant la mission, toutes les femmes qui souhaitent faire partie de nos missions commerciales doivent présenter leur candidature et participer à concours, étant donné que nous couvrons leurs dépenses lors de la mission commerciale. Il s'agit d'un concours pancanadien. Un jury est créé pour choisir les entreprises, qui, selon nous, pourront satisfaire à la demande du marché de l'économie du lieu de destination.
Ces femmes, qui sont choisies, plusieurs mois avant le départ, tiennent des rencontres. Nous leur offrons une formation avant la mission. Nous avons créé un modèle, car à l'occasion de nos tables rondes, ces 300 femmes nous ont indiqué leurs besoins et les façons de les convaincre d'opter pour l'exportation à l'étranger. Nous offrons une formation préparatoire à la mission, une formation sur l'accès au marché, une formation sur les renseignements sur le marché, et une formation sur l'étiquette des affaires et les protocoles culturels. Par exemple, nous effectuons des recherches et nous les renseignons sur leurs concurrents du marché.
Toutes ces activités préparatoires visent en partie à inciter les participantes à étudier, car il leur incombe également de bien se préparer. Lorsqu'on n'est pas prêt pour le marché, on n'arrive à rien une fois rendu là‑bas.
Nous faisons appel aux diplomates et au Service des délégués commerciaux. Nous travaillons en étroite collaboration avec le Service des délégués commerciaux tant au Canada qu'avec les missions à l'étranger, pour renseigner les participantes sur ce qui les attend, puis nous embauchons des prestataires de services entre entreprises pour interviewer les femmes et déterminer avec précision ce qu'elles souhaitent faire sur le marché. Ensuite, ils font appel à leurs contacts pour veiller à ce que les prestataires de services entre entreprises font leur travail ou que les participantes ont un bon potentiel.
La formation est absolument nécessaire. Nous avons créé un groupe sur la plateforme Slack afin que ces femmes puissent faire du réseautage à leur retour au pays. Elles peuvent échanger et se conseiller mutuellement pour les problèmes liés à la réglementation. À titre d'exemple, elles peuvent dire qu'une personne a vécu un problème quelconque, ou mettre les autres en garde contre une situation donnée qui a entraîné un problème. Nous avons un groupe de réseautage sur Slack, où toutes les femmes que nous avons emmenées à l'étranger peuvent communiquer et s'offrir mutuellement de la formation. Cette camaraderie est un autre avantage inestimable qui ressort de l'expérience. On ne parle pas seulement de liens avec les partenaires commerciaux du marché, mais aussi de liens entre les participantes, car elles ne se seraient jamais rencontrées si elles n'avaient pas participé à la mission commerciale et passé une semaine ensemble à s'étudier et à apprendre à connaître leurs entreprises respectives et les façons de s'entraider.
:
Je vous remercie beaucoup de cette question.
Chez Investir Ottawa, nous avons travaillé avec diligence et en étroite collaboration avec bon nombre de fondatrices d'horizons divers pour mieux comprendre leurs besoins, le genre de technologies et de produits qu'elles mettent au point et leurs exigences en matière de commercialisation. Il s'agit dans certains cas de capacités uniques, comme celles de Zone X.O pour les technologies fondées sur une plateforme matérielle ou les technologies axées sur la mobilité intelligente. Le but est d'éliminer les obstacles, de faciliter l'accès à une multitude d'installations et d'experts différents, et de faciliter l'accès au capital, ce qui comprend des programmes comme SheBoot qui permettent d'offrir la formation nécessaire pour qu'elles soient prêtes à l'investissement.
Tant de fondatrices ont d'extraordinaires innovations, mais elles ne savent pas comment accroître les retombées et commercialiser leurs produits. Ici, dans la capitale, nous sommes très fiers de ce que nous avons réussi, à l'échelle de la collectivité. En effet, une multitude d'organismes différents, y compris les établissements d'enseignement supérieur et les trois ordres de gouvernement, se sont regroupés pour relever ce défi dans un esprit d'étroite collaboration. Chaque année, nous lançons un appel à d'autres collectivités de partout au Canada. Nous souhaitons faire connaître les leçons que nous avons apprises pour aider chaque collectivité à déterminer comment tirer parti, dans un but précis, des ressources, capacités et spécialistes, dans la communauté. C'est un choix.
Puisque le financement est destiné à divers organismes, il serait très utile d'établir des exigences précises — pourcentages, objectifs et résultats précis — pour les fondatrices, dont les fondatrices issues de milieux marginalisés. Encore une fois, il est nécessaire d'investir si l'on veut mobiliser l'expertise nécessaire pour travailler avec les fondatrices de façon à favoriser leur apprentissage, la commercialisation et leurs exportations. L'accès est différent.
Plus tôt, nous avons parlé de la politique fiscale et du système bancaire ouvert. Plus nous aurons de solutions pour appuyer les femmes... Souvent, elles ne chercheront même pas à obtenir des investissements auprès d'investisseurs de capital de risque, car elles cherchent à savoir combien de capitaux propres elles pourront conserver ou comment elles peuvent réussir avec le capital initial.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Madame la présidente, en tant qu'ancien membre d'Investir Ottawa, j'ai le plaisir de souhaiter la bienvenue à notre comité à Sonya Shorey. Avant de faire le saut en politique, j'ai siégé au conseil d'administration de cette agence de développement économique.
Depuis notre arrivée au pouvoir en 2015, le nombre de femmes occupant des postes de cadre supérieur dans le secteur privé canadien a explosé. Nous n'avons pas seulement emboîté le pas au conseil des ministres, maintenant paritaire, nous avons également déposé le projet de loi , qui demandait au secteur privé canadien de divulguer dans ses états financiers annuels aux actionnaires ses politiques de diversité de genre. Je crois que cela a encouragé davantage de femmes à rejoindre le secteur des affaires.
À titre d'exemple, à l'heure actuelle, les femmes représentent 27 % des administrateurs du secteur privé canadien, comparativement à 11 % en 2014. De plus, 89 % des conseils d'administration comptent au moins une femme, comparativement à 49 % en 2014. Trente-six pour cent des conseils d'administration comptent au moins trois femmes, comparativement à 8 % en 2014. Dans l'ouest d'Ottawa, au moins 50 % des administrateurs, soit la majorité, sont des femmes. Et je crois que les femmes représentent la majorité des employés chez Investir Ottawa, ce qui est une bonne chose.
Madame Shorey, je reviendrai à vous. J'aurais maintenant une brève question pour Mme Nakamura.
Madame Nakamura, vous avez dit que le pourcentage d'entreprises détenues par des femmes était passé de 15,6 à 18,4 %. De ce nombre, pourriez-vous nous dire quel est le pourcentage de femmes autochtones ou de femmes provenant d'une minorité visible?
:
Merci, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je m'appelle Nancy Wilson. Je suis fondatrice et directrice générale de la Canadian Women's Chamber of Commerce, ou CanWCC. CanWCC est la seule chambre de commerce au Canada qui représente et défend nommément les 1,2 million de femmes et de personnes non binaires qui sont propriétaires d'entreprises au pays. Nous comptons plus de 1 000 membres dans toutes les provinces et tous les territoires. Nous avons également un vaste réseau de partenaires formé d'organisations et de sociétés de soutien aux entrepreneurs qui vendent des produits et des services dont les propriétaires d'entreprise ont besoin. Nous offrons des liens et une communauté, et nous favorisons une conversation nationale pour faire avancer le changement.
La Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, ou SFE, malgré ses limites, fournit un soutien essentiel et une visibilité à des organisations comme CanWCC. Pour stimuler une croissance économique véritablement inclusive, je crois que le gouvernement doit s'engager à financer la SFE de façon durable et à long terme. L'équité économique exige des investissements constants et cumulatifs. Des organisations comme la Canadian Women's Chamber of Commerce méritent le même soutien gouvernemental que la Chambre de commerce du Canada, surtout si l'on considère que, au cours de la dernière décennie, moins de 5 % des politiques approuvées par la Chambre de commerce du Canada contenaient le mot « femmes ».
Environ 18 % des PME au Canada sont détenues majoritairement par des femmes, mais, bien sûr, seulement 11 % de ces entreprises exportent leurs produits. Les femmes entrepreneures ont souvent un accès limité au capital, ce qui nuit à leur capacité de prendre de l'expansion à l'échelle internationale. En plus des frais de transport, de logistique et de douane, il faut gérer les profits et les pertes sur change ainsi que les dépenses liées aux opérations de change. Alors que les grandes sociétés peuvent atténuer les risques liés aux devises grâce à la couverture, les petites entreprises et les microentreprises n'ont généralement pas ces ressources et peuvent subir des pertes importantes. Les petites entreprises sont plus susceptibles de payer des frais plus élevés lorsqu'elles échangent plus souvent de petites sommes d'argent. Elles sont également exposées à des taux de change défavorables et à d'autres frais lorsqu'elles paient des factures en dollars américains et dans d'autres devises par cartes de crédit.
Les politiques gouvernementales, ou plutôt l'absence de politiques gouvernementales en matière d'approvisionnement, témoignent encore d'un manque d'engagement à soutenir les femmes entrepreneures. Le gouvernement fédéral a fixé une cible d'approvisionnement de 5 % pour les fournisseurs autochtones à partir de 2022, mais il n'y a toujours pas d'engagement équivalent pour les entreprises appartenant à des femmes, malgré l'annonce de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat dans le budget de 2018.
Mon dernier commentaire porte sur le soutien aux travailleurs autonomes: 80 % des femmes entrepreneures, 50 % des entrepreneurs noirs et 68 % des entrepreneurs autochtones sont des travailleurs autonomes. Plusieurs de ces entrepreneurs deviendront les PME de l'avenir. Si nous voulons qu'ils deviennent des exportateurs prospères, nous devons les aider à développer les compétences et les stratégies qui le leur permettront dès le premier jour.
Les efforts de CanWCC se fondent sur la promotion de l'équité économique pour tous les Canadiens. Notre économie prospère lorsque diverses perspectives sont représentées, valorisées et intégrées. Un financement à long terme, des objectifs d'approvisionnement tangibles et des ressources accessibles pour les travailleurs autonomes et les entreprises appartenant à des femmes sont essentiels pour bâtir un marché plus équitable et plus inclusif. Nous sommes prêtes à travailler main dans la main avec le gouvernement, l'industrie et les partenaires communautaires pour éliminer les obstacles et promouvoir un réel changement durable.
Merci beaucoup.
:
Madame la présidente, membres du Comité, bonjour.
Je me présente. Je suis Valérie Fortier, agricultrice et présidente de la Fédération des agricultrices du Québec. Je suis copropriétaire d'une ferme laitière située à Saint‑Valère, au Québec. Je possède 71 % des parts de l'entreprise, et mon père en possède 29 %.
La Fédération des agricultrices du Québec est la seule organisation agricole du Québec consacrée exclusivement aux femmes dans le secteur ainsi que la seule organisation agricole féminine au Canada qui soit aussi structurée. Elle est composée de 10 syndicats régionaux d'agricultrices, qui prennent part aux décisions influençant le secteur agricole et la condition féminine. La Fédération est également un groupe spécialisé de l'Union des producteurs agricoles.
Grâce à une première subvention reçue de Développement économique Canada pour les régions du Québec de 2019 à 2023, nous avons développé un programme d'entrepreneuriat agricole féminin appelé Dimension E. Ce programme offre des services sur mesure aux femmes entrepreneures du domaine agricole et forestier. Il permet de renforcer le potentiel de toutes les agricultrices en les outillant et en les accompagnant dans leurs démarches entrepreneuriales.
Grâce à ce programme, les femmes ont accès à une multitude de services tels que des formations, des heures de consultations gratuites avec des experts, du mentorat entrepreneurial et l'accès à un réseau de soutien pour les femmes entrepreneures.
En 2023, nous avons reçu une deuxième subvention, cette fois d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada, à même le Fonds pour l'écosystème de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, qui nous a permis de propulser notre programme dans tout le Canada. Depuis le lancement de ce programme, nous avons soutenu plus de 700 agricultrices canadiennes dans leur parcours entrepreneurial.
Au Canada, on compte plus de 75 000 exploitantes agricoles, ce qui représente 28,7 % de tous les exploitants agricoles. On observe également que les femmes s'établissent en agriculture de manière moins traditionnelle que les hommes. Le transfert de ferme, entre personnes apparentées ou non, demeure la porte d'entrée principale en agriculture. Cependant, les femmes privilégient le démarrage de ferme, plutôt que le transfert, dans une proportion de 44 %, comparativement à 32 % chez les hommes.
J'aimerais proposer une recommandation pour accroître le nombre de femmes propriétaires ou copropriétaires d'entreprises agricoles. Notre programme Dimension E est là pour outiller les femmes en ce qui a trait au leadership et aux compétences de gestionnaire, mais un des obstacles majeurs rencontrés par les femmes entrepreneures est l'accès au financement. Les recherches démontrent que les femmes, quel que soit le domaine, sont moins nombreuses à faire une demande de financement. Lorsqu'elles en font, elles sont souvent jugées selon des critères différents de ceux pour les hommes et elles sont soumises à des normes plus strictes. Une étude menée en décembre 2023 par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a démontré que 22 % des demandes faites par des femmes sont refusées, alors que la moyenne est de 15 % pour l'ensemble des entreprises. De plus, elles reçoivent généralement moins de financement que les hommes.
Les femmes entrepreneures en agriculture font face à un obstacle de plus en lien avec le financement, soit celui de l'accès au financement après 40 ans. La plupart des programmes existants sont conçus pour soutenir les femmes entrepreneures de la relève, mais les études démontrent que les agricultrices ont davantage tendance à démarrer une entreprise après 40 ans, c'est-à-dire après avoir élevé la famille et travaillé, généralement bénévolement, durant plusieurs années au sein de l'entreprise familiale. Adapter ces programmes ou en créer d'autres afin de favoriser le financement pour les femmes de plus de 40 ans permettrait d'augmenter le nombre de femmes propriétaires d'entreprises agricoles et d'assurer leur autonomie.
J'aimerais faire une deuxième recommandation. Nous sommes très reconnaissantes du financement reçu du Fonds pour l'écosystème de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat. Sans cette aide majeure, nous n'aurions pas été en mesure de mettre sur pied un tel programme et de soutenir autant d'entrepreneures. Ma recommandation serait que le gouvernement continue de financer des projets pour les femmes agricultrices. Compte tenu du fait que, en 2024, les femmes représentent plus de 50 % des étudiants dans les écoles d'agriculture, soutenir les femmes entrepreneures du domaine agricole, c'est soutenir une agriculture durable, équitable et prospère. C'est investir dans le garde-manger des Canadiens, mais aussi investir dans le garde-manger mondial, puisque le Canada se classe au huitième rang parmi les plus grands pays exportateurs de produits agroalimentaires dans le monde.
Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner.
[Français]
Madame la présidente, membres du Comité et invitées distinguées, bonjour.
Je ferai mon allocution en anglais, mais je vous invite à me parler dans la langue officielle de votre choix.
[Traduction]
Je m'adresse à vous aujourd'hui depuis le territoire ancestral non cédé du peuple algonquin anishinabe, qui est ici depuis des millénaires. Sa culture et sa présence continuent de nourrir cette terre dont nous bénéficions tous et dont nous jouissons.
Je m'appelle Nathalie Bradbury et je suis présidente de la section d'Ottawa de l'Organization of Women in International Trade, ou OWIT. OWIT Ottawa est une société canadienne indépendante à but non lucratif créée en 2010 et dirigée par des bénévoles. OWIT Toronto a été créée en 1999.
Nous faisons partie d'une association internationale en croissance constante comptant environ 30 sections dans le monde. Une douzaine d'autres sections sont en voie d'être créées partout dans le monde, ce qui démontre la reconnaissance croissante de l'importance de la participation des femmes au commerce mondial.
Les membres d'OWIT Ottawa sont des professionnels du commerce. Ils travaillent dans les domaines du financement des entreprises, du droit commercial, de la fiscalité transfrontalière, de l'approvisionnement en matière de défense, de l'expédition de marchandises, du service extérieur, etc. L'OWIT soutient les femmes entrepreneures en facilitant le commerce par le développement des compétences et en travaillant avec nos organisations partenaires, comme le Forum pour la formation en commerce international, ou FITT, une organisation canadienne certifiée ISO qui offre une certification professionnelle dans le monde entier.
L'OWIT vise également à contribuer à l'élaboration des politiques commerciales en transmettant les préoccupations des femmes entrepreneures à tous les ordres de gouvernement, ainsi qu'à l'Organisation mondiale du commerce, à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement — ou CNUCED —, au Centre du commerce international et à d'autres.
OWIT Toronto travaille également avec le Bureau de promotion du commerce du Canada, qui aide les PME des pays en développement à exporter au Canada. Le FITT et le Bureau de promotion du commerce du Canada travaillent également en partenariat avec l'OWIT à l'échelle internationale et fournissent des services dans toutes leurs sections de l'OWIT à l'étranger. Nous collaborons avec des entreprises locales, par l'entremise d'Investir Ottawa et de SheBoot, et nous fournissons à leurs membres des idées, des connaissances et des conseils sur le commerce international. Nous sommes en quelque sorte une division ou une courroie de transmission internationale pour les aider à comprendre les difficultés du commerce international.
Nous sommes heureux de comparaître pour la troisième fois devant le Comité, et je veux profiter de l'occasion pour vous transmettre ce que nos membres disent au sujet de l'importante question du commerce et du genre. C'est en 2017, je crois, que nous nous sommes adressés à votre comité pour la première fois, dans le cadre du renouvellement de l'ALENA.
Je tiens d'abord à saluer et à remercier le gouvernement pour la SFE et pour les politiques, les programmes et le financement novateurs qu'il fournit. La part annuelle du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat, ou PCFE, a déjà été mentionnée, alors je n'entrerai pas dans les détails. Exportation et développement Canada, ou EDC, note également que les entreprises appartenant à des femmes contribuent à l'économie canadienne à hauteur de plus de 117 milliards de dollars. Ce sont d'excellents indicateurs de progrès.
Nous avons hâte de voir l'évaluation de la SFE, afin de cerner les résultats directs et de recommander les prochaines étapes. Nous reconnaissons également que le Canada est un chef de file mondial dans la promotion des intérêts des femmes par l'entremise des accords commerciaux, et nous espérons que cela se poursuivra.
Depuis 2017, le Canada promeut les chapitres sur le commerce et le genre et favorise l'inclusion plus générale dans les accords commerciaux. Les progrès au niveau bilatéral, comme l'Accord de libre-échange Canada-Chili et l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, peuvent souvent aller plus loin qu'à l'OMC, mais les deux voies sont nécessaires pour accroître la sensibilisation et réaliser des avancées à l'échelle internationale.
L'OWIT reconnaît également que les services consultatifs commerciaux, le programme CanExport et les missions commerciales organisées par le Service des délégués commerciaux — ou SDC — ainsi que les services financiers offerts par EDC, donnent des résultats positifs pour les exportatrices.
L'approche pangouvernementale pour permettre aux femmes de participer pleinement à l'économie commerciale est vraiment fondamentale. Plusieurs témoins ont déjà abordé d'importants enjeux nationaux, alors je vais me concentrer plus particulièrement sur les questions commerciales.
Le premier point important que j'aimerais soulever, c'est que le commerce est compliqué et difficile. Les professionnels consacrent toutes leurs carrières à travailler dans des domaines commerciaux comme ceux que j'ai mentionnés plus tôt. De plus, toute une armée de spécialistes travaille strictement sur les chapitres et les mesures non conformes. Il est question des lignes tarifaires; des codes du système harmonisé; des contingents tarifaires; des règles d'origine, du commerce et des services; des mesures sanitaires et phytosanitaires, des obstacles techniques au commerce, et j'en passe. Il n'est pas étonnant que les gens d'affaires soient surpris lorsqu'ils cherchent à faire du commerce international.
Nous recommandons que les nouveaux exportateurs cherchent d'abord à établir des liens avec des experts en commerce, comme l'OWIT au Canada et nos sections à l'étranger — certains de nos collègues des organisations qui ont témoigné détiennent des connaissances —, mais aussi qu'ils s'adressent aux services gouvernementaux qui sont là pour les aider dans leur parcours.
J'aimerais mentionner quelques exportatrices qui connaissent du succès.
:
J'aimerais ajouter un commentaire.
La plupart du temps, les femmes agricultrices vont démarrer des entreprises beaucoup plus tard dans leur vie. Souvent, elles élèvent leurs enfants d'abord ou elles travaillent à bâtir une entreprise avec leur conjoint. Alors, elles font du travail invisible, car il n'y a aucun salaire rattaché à cela. Quand elles veulent aller emprunter, elles n'ont pas de dossier de crédit, parce qu'elles ont toujours fait du travail invisible et n'ont pas vraiment eu de salaire. On ne peut pas utiliser cet argument pour aller chercher du financement pour lancer une entreprise.
C'est un peu ce qui explique pourquoi il est plus difficile de démarrer une entreprise dans le secteur agricole quand on a plus de 40 ans. Tous les programmes de financement sont conçus pour la relève. L'âge maximal d'admissibilité est de 40 ans et 364 jours ou, dans certains cas, de 39 ans et 364 jours. Alors, les femmes de plus de 40 ans ont beaucoup de difficulté à démarrer une entreprise.
Dans le secteur laitier, par exemple, il y a des femmes qui cèdent leurs actions d'entreprise à la relève et qui voudraient démarrer d'autres entreprises, que ce soit en horticulture ou dans la production de petits fruits, mais la ferme principale ne peut pas financer leur projet, en raison des dettes agricoles. Ensuite, quand ces femmes vont voir les institutions financières, elles se font dire qu'elles ont plus d'années de travail derrière elles que devant elles. Toutefois, il faut comprendre que ces entreprises nouvellement créées seront un jour transférées à la relève, aussi.
:
Absolument, il y a un potentiel, et cela ne fait que commencer. Beaucoup de choses ont été faites jusqu'à présent, surtout dans le cadre de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat, par l'entremise de fonds et de programmes, par exemple. C'est l'approche pangouvernementale. Tout cela aide. Même si le mouvement a commencé avant l'instauration de ces mesures, c'est maintenant que les choses démarrent vraiment. Bien sûr, cela va continuer.
En plus, je vois ce qu'apportent les femmes immigrantes. Moi, je suis une immigrante de première génération. Au sein d'OWIT Ottawa, trois femmes sur dix sont des immigrantes de première génération. Nous comptons aussi trois femmes qui sont des personnes autochtones, noires ou de couleur. Nous voyons donc les choses selon des perspectives diverses. Notre organisation est très ouverte. Il s'agit de gens très éduqués. Quand les gens sont éduqués, ils font les choses un peu différemment par rapport aux immigrants d'autrefois, par exemple, qui achetaient une franchise pour pouvoir travailler à développer la franchise.
Il y a donc de beaux exemples de femmes qui font des choses très intéressantes.
[Traduction]
Je ne mentionnerai que Nita Tandon, une scientifique de la santé. Elle est l'une de nos membres, et elle voulait créer des contenants sûrs et exempts de plastique pour les dîners et les collations de ses filles après que le BPA a été considéré comme un danger pour la santé. N'en trouvant pas sur le marché, elle a créé ses propres contenants en acier inoxydable, qui sont maintenant vendus au Canada, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. C'est un exemple de vente au détail.
[Français]
Je le mentionne à l'intention de M. Savard‑Tremblay, qui s'intéressait à cette question plus tôt. Même si c'est du commerce de détail, il s'agit également d'une très bonne technologie de pointe...
Je suppose que je devrais commencer par parler des défis qui se posent en cours de route. Il y a d'excellents récits de femmes exportatrices qui connaissent du succès, mais je vais d'abord parler des défis.
L'un des défis porte sur les connaissances entourant le monde de l'exportation. Comme je l'ai mentionné plus tôt, l'exportation et l'importation sont des activités compliquées. Bon nombre de nos membres et partenaires ont mentionné que les femmes d'affaires ne sont pas au courant des programmes gouvernementaux qui leur sont destinés. Nous recommandons d'accroître les efforts de coordination avec les associations commerciales, y compris l'OWIT. Cela aiderait à sensibiliser un plus grand nombre d'entreprises aux possibilités et aux avantages de la collaboration avec le SDC, aux avantages de CanExport, à la promotion des missions commerciales, à EDC, etc. Nous sommes prêts à être un partenaire du gouvernement pour promouvoir ces possibilités.
De plus, il y a des idées fausses et des préjugés, ainsi que des obstacles systémiques. Une de nos femmes d'affaires nous a fait une excellente analogie. Au football masculin, on dispose d'équipement de protection pour les joueurs: casques, épaulières, etc. On manque de vision si on pense pouvoir rendre le football accessible aux femmes en utilisant l'équipement de sécurité des hommes sans le modifier et espérer offrir le même niveau de sécurité. Les femmes ont besoin de systèmes qui répondent à leurs besoins pour atteindre les résultats souhaités. Beaucoup de programmes et de services — qu'il s'agisse de programmes bancaires ou de haute technologie, lorsqu'on considère l'intelligence artificielle comme étant le problème actuel, et lorsqu'on examine les programmes gouvernementaux — empêchent les femmes de participer pleinement au commerce international. Si les femmes veulent participer à des missions commerciales, mais dans des secteurs qui sont mal desservis par les femmes, moins de femmes participeront à ces missions commerciales. Ce sont là quelques exemples.
On a mentionné que CanExport est utile pour les petites entreprises et les entreprises qui en sont aux premières étapes de l'exportation. Cependant, cette année, le programme accuse tellement de retard dans le traitement des demandes qu'il est difficile de planifier des campagnes de marketing. Les demandes soumises avant le 3 mai sont encore en cours de traitement. Si on peut antidater les dépenses, c'est très bien, mais un entrepreneur les assumera‑t‑il s'il ne sait même pas si sa demande sera approuvée? Le programme devrait accélérer le processus d'approbation — c'est une recommandation — en annonçant les refus plus tôt ou en faisant de mini rondes d'approbations, par exemple. Traitons les demandes mois par mois, tranche par tranche.
D'autre part, il faut améliorer le réseautage. Beaucoup de femmes d'affaires nous ont dit qu'elles avaient besoin d'un meilleur réseau. Autrement dit, le réseautage doit être plus spécialisé par marché ou par secteur industriel. Ce réseautage doit également inclure les professionnels du commerce. OWIT Ottawa et OWIT Toronto sont prêtes à aider à accroître le réseautage.
On a également parlé des grandes entreprises; quelqu'un les a mentionnées. L'approche des missions commerciales d'Équipe Canada avec d'autres pays... En fait, les activités passent — dans le cas de l'Allemagne et de la France, je crois — par les associations commerciales, comme l'association commerciale française à Hong Kong lorsque j'y vivais. C'était elle qui organisait les délégations commerciales; ce n'était pas le gouvernement fédéral. Il pourrait s'agir d'une approche novatrice dans la stratégie de conduite responsable des entreprises. Nous devons délaisser la mentalité de concurrence au profit d'une mentalité de collaboration et de partenariat. Tout comme on le voit aux États-Unis, nous devons tous faire front commun. Il faut vraiment miser sur la collaboration. Si la coopération devenait une pratique courante, les entreprises canadiennes émergentes — comme les entreprises appartenant à des femmes et celles appartenant à des groupes mal desservis — recevraient un coup de pouce pour réussir dans leur parcours de croissance et aussi pour s'inspirer de l'expérience et des connaissances d'entreprises canadiennes plus grandes et prospères.
Si j'en ai le temps, j'aimerais mentionner un exemple intéressant. Un de nos amis était gestionnaire pour l'Asie-Pacifique dans une ancienne entreprise d'Ottawa appelée Newbridge, et un de ses clients en Indonésie éprouvait des problèmes. Il a dit: « Écoutez, je connais la meilleure personne experte en génie du Canada. Je vais faire appel à cette personne pour résoudre ce problème. » Il a fait venir une femme ingénieure. Il a dit: « Écoutez, cette personne peut régler ce problème rapidement. » Il a compris que, en faisant venir la bonne personne — une femme, qui est aussi ingénieure —, elle réglerait le problème pour eux. Je pourrais donner un autre exemple en Équateur au sujet d'une autre entreprise, mais je vais en rester là.
Merci.
:
Merci beaucoup. Je pense que cela témoigne de grandes compétences et de grandes capacités. J'aimerais réitérer deux ou trois éléments de votre témoignage qui m'ont frappé, et ainsi pratiquer mon écoute active et, je l'espère, celle du Comité à l'égard des recommandations vraiment importantes que vous avez formulées.
Vous avez évoqué le besoin de mettre en place des systèmes pour les femmes. Bon nombre des systèmes... Vous avez donné un très bon exemple. J'ai déjà siégé au comité des anciens combattants. Je me souviens que des femmes ont témoigné devant nous et nous ont demandé: « Pourquoi portons-nous de l'équipement militaire masculin alors que notre sécurité est en jeu? » C'était une question importante, qui m'a vraiment marqué. Vous dites la même chose lorsqu'il s'agit d'équiper les femmes pour qu'elles puissent se lancer en affaires, de veiller à ce qu'elles disposent des outils dont elles ont besoin afin qu'elles n'aient pas à se contenter des outils qui ont été en grande partie développés par des hommes par l'entremise de systèmes qui sont en grande partie créés et encore menés par des hommes.
Vous avez parlé de la rapidité à titre de processus important pour assurer la réussite des femmes entrepreneures. Pour les femmes qui participent à ces systèmes, il pourrait y avoir moins... les mêmes règlements, mais des systèmes plus rapides. Je vous entends.
Il y a aussi le réseautage. Les femmes sont souvent privées de la possibilité d'accéder à de vastes réseaux professionnels qui existent souvent et qui sont probablement multinationaux également. Vous êtes vous-même une exception. J'ai lu votre biographie. Vous êtes un bon exemple et un modèle pour de nombreuses femmes partout au pays en raison de votre immense contribution à l'espace international.
Vous avez aussi parlé de la coopération par opposition à la concurrence. Je pense que cela touche une corde sensible chez de nombreux groupes marginalisés dans l'économie. Nous pouvons faire mieux lorsque nous travaillons ensemble. Le travail peut être multiplié, et les investissements aussi, mais encore mieux: le rendement pour les Canadiens peut être multiplié.
:
Merci, madame la présidente, et merci à tous les témoins d'être ici aujourd'hui.
Mes premières questions s'adressent à Nancy Wilson. J'ai écouté attentivement votre déclaration préliminaire. Je vous ai entendue parler des défis auxquels les femmes entrepreneures font face. Vous avez évoqué des frais plus élevés, des taux de change défavorables et des frais de carte de crédit plus élevés. Tous ces éléments augmentent les dépenses des petites entreprises.
Lorsque j'avais une entreprise, nous n'avions pas recours à un courtier en douane, parce que nous n'étions pas assez grands pour cela, de sorte que les entreprises de messagerie agissaient à titre de courtiers. Nous devions payer avec notre carte de crédit, ce qui représente des frais. Je me souviens aussi avoir été choquée de voir les frais de traitement des cartes de crédit que nous devions également payer parce que nous étions une petite entreprise.
Nous savons que le conseiller économique du Parti libéral du Canada auprès du premier ministre, Mark Carney, siège au conseil d'administration de Stripe. La société a dit qu'elle n'honorerait pas la réduction des frais de carte de crédit qui aura lieu ici au Canada.
Vous représentez des femmes d'affaires, dont beaucoup dirigent de petites entreprises. Croyez-vous que tous les fournisseurs de services de traitement des paiements devraient transférer les économies aux entreprises?
Je sais que, dans le cadre de la Stratégie pour l'Indo-Pacifique, nous avons les missions commerciales d'Équipe Canada que la a envoyées dans certaines des régions du monde qui connaissent la croissance la plus rapide. Parmi ces délégations, il y a des femmes propriétaires ou dirigeantes d'entreprises. Nous voulons nous assurer que les femmes ont également accès à ces nouveaux marchés en croissance grâce à nos services de délégués commerciaux, qui facilitent le commerce avec le reste du monde.
Pour ceux qui nous regardent à la maison, la emmènera quelques délégations de plus dans la région indo-pacifique. Si cela vous intéresse, vous pouvez lancer une recherche avec les mots « Service des délégués commerciaux » et soumettre votre candidature.
Ce que j'ai entendu sur le terrain, en parlant avec de nombreuses entreprises qui ont fait partie de ces délégations commerciales, c'est qu'elles leur permettent de percer de nouveaux marchés dont elles n'ont jamais fait partie. Elles ont ainsi pu acquérir de nouvelles entreprises dans ces marchés, et connaître de grandes réussites. C'est pourquoi nous voulons nous assurer de poursuivre ces missions commerciales d'Équipe Canada dans le cadre de notre Stratégie pour l'Indo-Pacifique.
J'aimerais adresser ma question à Mme Fortier, qui est en ligne.
Madame Fortier, j'ai le même genre de questions en ce qui concerne les priorités sur lesquelles, selon vous, le gouvernement devrait se concentrer. Y a‑t‑il certains programmes que nous devrions financer davantage, à votre avis?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie à nouveau tous les témoins d'être avec nous pour cette étude.
Il est important pour nous en tant que pays de trouver des façons de garantir l'augmentation du nombre de femmes en entrepreneuriat et une intégration poussée dans notre économie nationale, mais évidemment, il faut une importante augmentation de la participation des femmes aux systèmes de l'économie internationale.
Il ne fait aucun doute que bon nombre de ces systèmes fonctionnent, mais ils pourraient évidemment être améliorés. On peut tirer de nombreuses leçons des témoignages que vous avez livrés aujourd'hui.
Ma question s'adresse à Mme Fortier et porte sur son travail dans le domaine de l'agriculture.
L'Alberta compte de nombreux producteurs agricoles. Leurs défis sont évidemment uniques, puisque tout près de nous se trouvent... La Saskatchewan et certaines parties du centre de l'Alberta comptent d'immenses exploitations agricoles. Ces exploitations sont souvent léguées en héritage d'une génération à une autre, ce qui garantit la participation des familles et leur accès à ces types d'entreprises.
Toutefois, pour les nouveaux joueurs, les femmes qui souhaitent participer à l'agriculture, mais qui n'ont pas eu la chance comme vous, madame Fortier, d'être nées dans une famille d'agriculteurs...
J'ai été élevé dans une famille d'éleveurs de bovins, alors je connais les avantages de vivre sur un ranch, je comprends la saison des vêlages, etc. C'est quelque chose qui est en nous et qui ne nous quitte pas. Cela fait partie de nous, de notre ADN, en tant qu'agriculteurs. Toutefois, pour ceux qui souhaitent prendre part à cette industrie et mettre un pied dans la porte, si je puis dire... Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent s'engager dans cette voie, mais qui n'ont pas nécessairement votre bagage dans ce domaine?