Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 17e réunion du Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le Comité poursuit son étude visant à favoriser une transformation juste et équitable du secteur de l'énergie du Canada.
Il s'agit aujourd'hui de notre deuxième rencontre avec des témoins dans le cadre de cette étude. Sachez que nous nous réunirons en public jusqu'à 16 h 30 aujourd'hui pour entendre nos témoins.
La réunion se déroule selon une formule hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 novembre 2021. Des députés sont présents dans la salle et d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais profiter de l'occasion pour rappeler à tous les participants qu'il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de votre écran pendant que nous siégeons. Les délibérations d'aujourd'hui seront télévisées et diffusées sur le site Web de la Chambre des communes.
Si vous assistez à la réunion en personne, nous vous encourageons à porter un masque lorsque vous vous éloignez de la table, et nous encourageons tous ceux qui se trouvent autour de la salle à faire de même.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais vous faire part de quelques règles à suivre. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, vous devez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et n'oubliez pas de l'éteindre lorsque vous n'avez plus la parole.
Des services d'interprétation sont à votre disposition. Les personnes qui utilisent Zoom ont le choix, au bas de leur écran, entre la transmission du parquet, l'anglais ou le français. Ceux qui sont dans la salle peuvent utiliser l'écouteur qui leur est fourni pour sélectionner le canal de leur choix.
Je vous rappelle que vous devez, en tout temps, vous adresser à la présidence.
Si c'est la première fois que vous témoignez devant le Comité, sachez que vous devrez parler à un rythme normal afin que nos interprètes puissent suivre la conversation.
Si quelqu'un dans la salle souhaite prendre la parole, il suffit de lever la main. Ceux qui sont sur Zoom devront utiliser la fonction « Lever la main ».
La greffière et moi-même ferons de notre mieux pour gérer l'ordre des interventions, et nous vous prions d'être patients pendant que nous composons avec les aléas du format hybride.
Conformément à nos motions de régie interne, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion nécessaires avant la réunion.
Sur ce, nous allons passer aux déclarations préliminaires.
J'aimerais d'abord souhaiter la bienvenue à M. Morrice, ici présent. M. Shipley, je crois, est en ligne ou va se joindre à nous. À part cela, nous avons ici les membres habituels du Comité.
Accueillons maintenant nos témoins dans le cadre de l'étude visant à favoriser une transformation juste et équitable du secteur de l'énergie du Canada. C'est un grand jour, car nous recevons des témoins en personne. Je crois que c'est une première pour la législature en cours.
Nous avons parmi nous Christopher Keefer, président de Canadians for Nuclear Energy.
Nous recevons également Chad Richards, directeur du programme de nouveaux partenariats sur l'énergie nucléaire et la carboneutralité au sein du Nuclear Innovation Institute.
Nous accueillons également des témoins en ligne. Il y a d'abord Mark Kirby, président et chef de la direction de l'Association canadienne de l'hydrogène et des piles à combustible.
Il y a aussi Daniel Breton, président-directeur général de Mobilité électrique Canada.
Nous allons peut-être commencer par donner la parole à nos invités en ligne pour leurs déclarations préliminaires de cinq minutes, après quoi nous passerons à nos invités en personne. Nous avions l'habitude de procéder ainsi au cas où il y aurait des problèmes techniques. Nous nous sommes améliorés au cours de la présente législature, mais il est toujours bon de ne pas perdre de vue nos invités en ligne.
Monsieur Breton, voulez-vous commencer?
À titre d'information, j'utilise un système de cartons. Quand je vous montre le carton jaune, cela veut dire qu'il vous reste 30 secondes. Le carton rouge signifie que le temps est écoulé. Vous n'avez pas besoin de vous arrêter au milieu d'une phrase, mais vous devez conclure rapidement pour que nous puissions passer à la personne suivante. Cela s'applique également à la période des questions et réponses.
Monsieur Breton, la parole est à vous. Je vous donne cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour, nous tenons à remercier les membres du Comité permanent des ressources naturelles de prendre le temps d'étudier nos réflexions en ce qui a trait à une transformation juste et équitable du secteur de l'énergie du Canada.
Je m'appelle Daniel Breton, et je suis le président‑directeur général de Mobilité électrique Canada.
Fondée en 2006, Mobilité électrique Canada est une des toutes premières organisations au monde en électrification des transports. Nous comptons parmi nos membres des fabricants de véhicules légers, moyens, lourds et hors route, des fournisseurs d'électricité et d'infrastructures de recharge, des compagnies minières, des entreprises technologiques, des centres de recherche, des villes, des universités, des gestionnaires de flottes, des syndicats et des ONG environnementales. Bref, Mobilité électrique Canada est la voix nationale de l'électrification des transports.
[Traduction]
Il y a quelques semaines, le Fonds monétaire international a publié un rapport sur la transformation économique verte qui s'impose pour atteindre la carboneutralité. Un des chapitres était consacré aux répercussions sur le marché du travail. L'analyse démontre que des politiques environnementales plus strictes contribuent à des emplois plus verts et moins polluants. Ce n'est pas seulement bon pour la sécurité de l'emploi des travailleurs; c'est aussi plus bénéfique pour leur santé.
La promotion des infrastructures vertes et l'instauration progressive de taxes sur le carbone devraient être soutenues par des programmes de formation destinés aux travailleurs peu spécialisés et par un crédit d'impôt sur le revenu gagné afin de favoriser une offre de main-d'œuvre motivée. Les régions qui dépendent davantage d'une production à forte intensité d'émissions auront besoin d'une réaffectation plus importante et connaîtront une transition plus difficile. Ces politiques permettraient d'atténuer l'incidence inégale de la transition sur les travailleurs peu spécialisés et de réduire l'inégalité des revenus.
L'année dernière, notre organisation a lancé son plan d'action pour 2030 concernant les véhicules électriques. Celui‑ci comprend six piliers pour une transition réussie vers un écosystème de mobilité électrique qui permettrait non seulement de lutter contre les changements climatiques et la pollution atmosphérique, mais aussi de créer des emplois durables et de haute qualité dans tout le pays. C'est pourquoi nous recommandons de soutenir la transition vers des emplois propres grâce à des programmes ambitieux de formation et de recyclage, afin que les travailleurs puissent trouver des emplois bien rémunérés et plus stables dans le secteur de la mobilité électrique. La croissance de l'emploi y est exponentielle, et la demande continuera de croître pendant des années.
Comme il est écrit dans notre plan d'action pour 2030 concernant les véhicules électriques:
Une stratégie canadienne de développement économique et d'attraction des investissements dans les VÉ, des efforts ciblés en matière de R&D et des mesures visant à protéger l'industrie et les travailleurs canadiens contre les règles étrangères d'achat au pays contribueront à assurer une transition prospère vers une économie de la mobilité électrique au Canada.
Nous recommandons, premièrement, que le gouvernement fédéral s'efforce d'attirer davantage d'investissements pour accélérer la fabrication de véhicules électriques et les industries connexes au Canada — notamment l'assemblage, les pièces, les machines, l'équipement de recharge, l'extraction et le traitement de matières premières pour la fabrication de batteries — grâce à une stratégie canadienne de développement économique et d'attraction des investissements pour les véhicules électriques. L'édification de ces industries permettra de créer de bons emplois durables et de rehausser le profil des véhicules électriques afin de favoriser leur adoption au Canada.
Deuxièmement, il faut accélérer les technologies, la recherche, le développement et la fabrication visant à réduire le coût des batteries pour véhicules et, par conséquent, le coût des véhicules par unité de charge. La réalisation d'économies d'échelle dans la production de véhicules, de batteries et d'infrastructures de recharge contribuera également à réduire les coûts pour les consommateurs et les parcs de véhicules.
Troisièmement, il faut collaborer avec les provinces pour réorganiser le programme de formation des mécaniciens afin d'accorder la priorité aux véhicules électriques en accélérant la formation des mécaniciens de véhicules électriques et en leur offrant davantage de possibilités d'apprentissage.
Quatrièmement, il faut constituer une main-d'œuvre dotée des compétences voulues dans une gamme de domaines, allant de l'ingénierie et de la recherche à l'électricité et à la mécanique, en passant par l'installation et l'entretien des infrastructures de recharge et la gestion du parc automobile. Ces compétences seront essentielles à la transition réussie du Canada vers une économie sans émission de carbone. Le gouvernement doit également envisager d'aider les employeurs — que ce soit dans l'industrie traditionnelle ou uniquement dans l'industrie des véhicules électriques — à former les nouveaux employés qui n'ont jamais travaillé dans l'industrie des véhicules électriques. De plus, il sera essentiel de maintenir les engagements actuels en matière de financement pour la formation et le recyclage.
[Français]
Nous devons encourager le développement de notre propre chaîne d'approvisionnement de véhicules carboneutres, de l'exploitation minière à la mobilité, pour nous assurer que le Canada n'est pas laissé-pour-compte dans la révolution des véhicules électriques qui se produit actuellement. Pour des raisons environnementales, mais aussi pour l'avenir des travailleurs et des travailleuses du Canada, nous devons tirer le maximum de cette possibilité qui n'apparaîtra qu'une fois par génération.
Merci.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Mark Kirby, et je suis le président et chef de la direction de l'Association canadienne de l'hydrogène et des piles à combustible. Nos bureaux se trouvent à Vancouver, le territoire traditionnel et non cédé du peuple salish du littoral, mais je me joins à vous aujourd'hui depuis Halifax, situé à Mi'kma'ki, les terres ancestrales et traditionnelles des Micmacs.
Depuis plus de 30 ans, notre association est le porte-parole du secteur canadien de l'hydrogène et des piles à combustible, un secteur de premier plan à l'échelle mondiale. Nous sommes déterminés à aider le Canada à réaliser ses ambitions en matière de carboneutralité et à assurer la croissance de notre secteur. Au cours des trois dernières années, notre secteur a connu un engouement et une croissance sans précédent, et pour cause. Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous parler de l'hydrogène. Je suis sûr que votre comité comprend le besoin impérieux d'atteindre nos objectifs de carboneutralité d'ici 2050 et le fait que les technologies propres représentent la plus grande occasion de création de richesse du 21e siècle.
Vous n'êtes pas sans savoir que l'hydrogène est un dossier chaud. J'espère que vous aurez eu l'occasion de lire la Stratégie canadienne pour l'hydrogène, de Ressources naturelles Canada. Il s'agit d'un excellent document. On y décrit comment, d'ici 2050, l'hydrogène constituera une industrie de 50 milliards de dollars par année pour le Canada, grâce à des investissements et à des débouchés économiques, sans compter la création de 350 000 emplois et la réduction de 190 millions de tonnes d'équivalent CO2. Ce sont là d'énormes avantages, mais ils sont aussi absolument essentiels si nous voulons avoir la moindre chance d'atteindre nos objectifs de carboneutralité d'ici 2050.
Il nous faudra beaucoup plus de projets d'énergie propre, de projets de biocarburants, de projets de captage et de séquestration du carbone. Le Canada doit également investir dans la production, la distribution, les stations de ravitaillement et les applications en matière d'hydrogène.
Aujourd'hui, j'aimerais insister sur trois grands points. Nous recommandons que le Canada mette en œuvre les recommandations de la stratégie pour l'hydrogène et consacre, au minimum, 800 millions de dollars à l'hydrogène dans le cadre des programmes, subventions et contributions pour l'énergie propre. De cette somme, au moins 100 millions de dollars devraient servir à appuyer la création de centres d'hydrogène.
Parlons plus précisément des camionneurs. La pandémie a montré à quel point ils sont essentiels. C'est un secteur vital et en pleine croissance, mais malheureusement, ses émissions de gaz à effet de serre sont considérables et en hausse. Il faut le décarboniser, et ce, sans tarder.
L'électrification des camions ne peut se faire que par une combinaison de véhicules électriques à batterie et de véhicules électriques à pile à hydrogène. Ensemble, ils peuvent réduire les coûts pour les conducteurs de camions, grâce à la diminution du prix des véhicules, à l'amélioration de leur rendement et de leur fiabilité, à des gains d'efficacité sur le plan des parcs de véhicules, des capacités de conduite et de la charge utile, à l'installation d'une infrastructure économiquement viable et à des coûts de carburant inférieurs à ceux du diesel. La seule façon d'y arriver, c'est de mettre en place des mécanismes de soutien appropriés, notamment une norme sur les carburants propres qui offre des crédits importants pour les achats liés à l'hydrogène et à l'électricité. Si l'on fait les choses comme il faut, les camionneurs auront l'occasion d'électrifier leurs véhicules grâce à l'hydrogène et, du même coup, d'atteindre la carboneutralité. Rien que 10 000 camions sur les 200 000 qui circulent sur les routes de l'Ontario auraient besoin de 2 milliards de dollars par année pour le ravitaillement en hydrogène, tout en faisant économiser de l'argent à ces camionneurs.
Des économies similaires s'appliquent aux véhicules légers, aux véhicules hors route, à l'exploitation minière, aux moyens de transport ferroviaire, maritime et aérien, ainsi qu'aux procédés industriels comme la production d'acier et de produits chimiques, le chauffage des bâtiments et le chauffage industriel. Dans chaque cas, la décarbonisation sera plus rapide, plus rentable et plus efficace grâce à l'hydrogène.
C'est pourquoi l'hydrogène suscite tant d'intérêt, et les investisseurs sont impatients de construire des usines, des pipelines et des stations de ravitaillement en hydrogène. S'ils ne le font pas, le Canada sera désavantagé par rapport à ses concurrents étrangers. Le Canada est un chef de file dans le domaine des technologies de l'hydrogène, mais nous risquons de rater les possibilités économiques qu'offre cette industrie et de manquer à nos engagements en matière de carboneutralité.
En faisons-nous assez? Nous disposons de politiques importantes, et le récent budget a consacré des sommes non négligeables aux carburants propres, mais il y a deux domaines essentiels où le Canada doit faire davantage.
Premièrement, il faut clairement prévoir des fonds pour l'hydrogène. Contrairement à nos homologues internationaux, le gouvernement fédéral n'envoie toujours pas de message clair aux Canadiens et à la communauté internationale pour leur faire comprendre que nous sommes fermement engagés dans la course à l'hydrogène. Nous avons besoin de fonds dédiés à l'hydrogène afin d'envoyer un message clair et sans ambiguïté aux investisseurs internationaux, à savoir que le Canada est une destination de choix pour l'hydrogène le moins cher et le plus propre au monde et que le Canada est l'endroit tout désigné pour déployer des véhicules, des procédés et des applications à l'hydrogène. Grâce à l'attribution de fonds destinés à l'hydrogène, pour un total de 800 millions de dollars, nous nous placerons sur un pied d'égalité avec les États-Unis, et nos investissements par habitant se situeront dans la tranche inférieure de ceux de nos homologues européens et asiatiques.
Deuxièmement, et cela rejoint le premier point, il faut créer des centres d'hydrogène. Il existe une gamme vertigineuse de sources de financement qui pourraient s'appliquer à l'hydrogène. Elles visent chacune un aspect bien restreint, d'où leur manque de coordination et d'uniformité. Il est donc très difficile et très risqué, pour les promoteurs, d'entreprendre des projets liés à l'hydrogène. On court aussi le risque d'investir dans des projets déconnectés qui n'ont pas d'assises financières solides. Pour remédier à cette situation, nous avons besoin d'une aide financière ciblée d'au moins 100 millions de dollars destinés uniquement à la création de centres d'hydrogène. Les provinces ont pris de l'avance dans ce domaine; en effet, l'Alberta, la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Québec fournissent tous un soutien à cet égard.
Les centres regroupent de multiples applications, qui ont accès à un approvisionnement unique, commun et peu coûteux en hydrogène propre. Ils génèrent des emplois et des investissements, assurent l'échelle de production nécessaire, débouchent sur de nouvelles technologies, permettent une formation axée sur les compétences et donnent tous les résultats escomptés. D'ailleurs, ils constituent un élément clé de la Stratégie canadienne pour l'hydrogène.
Voilà donc les trois grands points: mettre en œuvre les recommandations de la Stratégie canadienne pour l'hydrogène, consacrer 800 millions de dollars à l'hydrogène et soutenir la création de centres d'hydrogène.
Merci beaucoup.
:
Bonjour à tous. Je suis enchanté d'être ici, en personne, avec vous.
Je m'appelle Chris Keefer. Je suis médecin urgentologue et j'occupe aussi les fonctions de président de Canadians for Nuclear Energy. Il s'agit d'un organisme sans but lucratif composé de scientifiques, de médecins, d'ingénieurs, d'environnementalistes et de gens de métier qui sont convaincus que l'énergie nucléaire est la technologie primordiale dans notre lutte contre les changements climatiques et le modèle de référence pour une transition juste.
Le nucléaire est une voie fondée sur des données probantes, une voie que nous avons déjà empruntée ici même, en Ontario, pour produire 90 % de l'électricité nécessaire en vue de fermer pour de bon l'énorme parc de centrales au charbon de la province. Les travailleurs du secteur des combustibles fossiles sont donc passés d'emplois bien rémunérés et spécialisés dans le secteur du charbon à des emplois encore meilleurs dans le secteur nucléaire.
Nous savons que, pour atteindre la carboneutralité, nous devons remplacer la production d'électricité à partir de combustibles fossiles par l'électricité sans émission de carbone, au moins dans une proportion de un pour un. Il s'agit d'un concept simple, mais dont les ramifications sont profondes.
Nous utilisons actuellement des combustibles fossiles pour répondre à 74 % de nos besoins énergétiques, et nous devons construire l'équivalent de 113 barrages de la taille du site C ou de 96 grands réacteurs CANDU pour doubler notre réseau afin de tout électrifier.
Les véhicules électriques à batterie et l'hydrogène sont un élément essentiel de cette solution, mais les véhicules électriques ne se rechargent pas tout seuls, et l'hydrogène n'est pas une manne tombée du ciel. Nous avons besoin d'une énergie fiable pour en produire. Il s'agira d'une dépense de plusieurs centaines de milliards de dollars et, compte tenu des délais serrés et des ressources limitées, nous ne pouvons pas nous permettre de nous tromper.
Quelles sont nos options pour cette production d'énergie à faibles émissions de carbone? À l'échelle nationale, l'hydroélectricité a été la pierre angulaire de notre réseau à faibles émissions de carbone, mais cette ressource est largement épuisée et vulnérable aux effets des changements climatiques. Quant à l'énergie géothermique, elle est limitée sur le plan géographique. Il ne nous reste que d'éventuelles options adaptables, c'est‑à‑dire l'éolien, le solaire et le nucléaire. Je soutiens que la transition juste dépend de la technologie et que, malgré d'excellentes campagnes de relations publiques et une bonne image de marque, l'éolien et le solaire n'offrent malheureusement pas une transition juste aux travailleurs canadiens.
Je vais m'expliquer en examinant les chaînes d'approvisionnement respectives, les types d'emplois et les positions de négociation des travailleurs dans ces secteurs respectifs. La chaîne d'approvisionnement du nucléaire est fabriquée à 96 % au Canada. Cela comprend les mines, la fabrication du combustible, l'industrie lourde, la construction, l'exploitation, l'entretien et la manutention du combustible usé. Pour produire de l'énergie nucléaire, il faut de l'uranium bon marché et une main-d'œuvre hautement qualifiée, qui est majoritairement syndiquée. Aucune autre source d'énergie ne parvient à égaler son effet multiplicateur sur le plan économique. Chaque dollar investi dans le nucléaire au Canada engendre un rendement de 1,30 $ au titre du PIB. Tous ces investissements — qui, je le répète, s'élèvent à plusieurs centaines de milliards de dollars — sont réinjectés dans l'économie canadienne, et une bonne partie de l'argent se retrouve dans les poches des travailleurs canadiens.
L'éolien et le solaire ne présentent malheureusement pas le même... La chaîne d'approvisionnement se trouve presque exclusivement à l'étranger. Quarante pour cent du polysilicium à l'échelle mondiale est fabriqué dans la province chinoise du Xinjiang, où les Ouïghours sont soumis au travail forcé, selon des allégations crédibles. D'ailleurs, l'année dernière, le Parlement canadien a voté, par 266 voix contre 0, en faveur d'une motion reconnaissant le génocide dont sont victimes les Ouïghours. Sept des dix plus grands fabricants de turbines éoliennes sont des entreprises chinoises, et les promoteurs européens de projets éoliens ne tardent pas à délocaliser leur production en Chine afin de profiter du faible coût des matières premières et de la main-d'œuvre.
Quelles sont les répercussions d'une transition juste lorsqu'on choisit de dépenser des centaines de milliards de dollars ici, au Canada, dans le nucléaire — le multiplicateur économique par excellence —, au lieu de générer un énorme déficit commercial en envoyant cet argent à une chaîne d'approvisionnement étrangère dans un pays autoritaire et en devenant un pays où l'on compte sur une main-d'œuvre peu qualifiée pour installer des panneaux solaires et des turbines éoliennes fabriqués à l'étranger?
Parlons maintenant d'emplois.
Imaginez que vous vous trouvez dans le parc de stationnement d'une centrale nucléaire. C'est un grand terrain de stationnement qui compte peut-être 2 000 places. Qui voyez-vous sortir des voitures? Il s'agit des travailleurs de la centrale nucléaire: ouvriers qualifiés, chaudronniers, tuyauteurs, électriciens, soudeurs, scientifiques, technologues, ingénieurs, mathématiciens, titulaires de doctorat. Ces travailleurs ont un emploi permanent, sûr, intergénérationnel, ancré dans leur collectivité, et ils sont presque tous syndiqués. Ils gagnent, pour la plupart, des salaires à six chiffres et dépensent leur argent dans leurs collectivités florissantes, stimulant ainsi leurs économies locales.
L'éolien et le solaire, en revanche, n'offrent pas ce même type d'emplois. La majorité des emplois sont liés à l'installation et à la construction. Selon Jim Harrison, directeur de l'énergie renouvelable pour le syndicat Utility Workers Union of America, il y a beaucoup de travail transitoire, marginal, précaire et très difficile à organiser. Deux tiers des emplois sont peu spécialisés, et la plupart ne sont pas syndiqués. Une fois construites, ces installations fonctionnent pratiquement sans aucun travailleur.
Je voudrais terminer en parlant un peu de l'évolution du mouvement syndical et de la manière dont les travailleurs ont obtenu les conditions de travail justes dont ils jouissent à l'heure actuelle. Comme l'a dit Frederick Douglass, « le pouvoir ne concède rien sans revendications ». Les travailleurs n'ont pas toujours bénéficié de salaires élevés et de conditions de travail sûres; ils se sont battus pour les obtenir. Ce sont les travailleurs hautement qualifiés — ceux que l'on peut difficilement remplacer par des briseurs de grève, ceux qui ont le droit de grève — qui obtiennent des concessions. Le nucléaire offre précisément ce genre d'avantages. Par contre, une chaîne d'approvisionnement à l'étranger, des installations éoliennes et solaires sans travailleurs et des emplois temporaires peu spécialisés n'offrent pas une telle possibilité.
Au bout du compte, les travailleurs canadiens seront les héros de leur transition juste, mais seulement si les décideurs font les bons choix technologiques et établissent la bonne politique industrielle, une politique centrée sur l'énergie nucléaire canadienne.
Notre organisme aimerait que le nucléaire soit inclus dans les obligations vertes. Les obligations ont permis de construire les infrastructures de notre pays, et nous en profitons actuellement. Vous avez entendu le nombre effarant de centrales électriques que nous devrons construire. J'aimerais également proposer la création d'un mécanisme fédéral permettant de faciliter les investissements dans cette structure, de simplifier la délivrance de permis, etc.
Enfin, il existe un besoin criant de formation dans les disciplines des sciences, de la technologie, du génie et des mathématiques, ainsi que dans des métiers spécialisés afin que nous puissions pourvoir les postes de cette renaissance nucléaire qui, nous en sommes convaincus, aura lieu au Canada.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président. Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui.
[Traduction]
Le Nuclear Innovation Institute sert de plateforme pour accélérer le rythme de l'innovation dans le secteur nucléaire, tout en jouant un rôle de liaison entre des idées et des personnes pour relever les défis auxquels nous faisons face aujourd'hui. Ces défis sont nombreux et importants.
Il nous reste 27 ans et 250 jours avant le 1er janvier 2050. Nous sommes tous au courant des engagements et des promesses pour ce qui est d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050, mais quelle est l'ampleur de ce défi? De nombreux rapports prévoient que le Canada devra tripler sa production d'électricité, passant de 500 à 1 500 térawattheures.
À quoi ressemble l'ajout de cette nouvelle production, concrètement parlant? C'est l'équivalent de 115 nouveaux grands réservoirs hydroélectriques comme le site C en Colombie-Britannique, ou de plus de 19 nouveaux sites nucléaires, comme l'a mentionné le Dr Keefer. Si l'on utilise uniquement de petits réacteurs modulaires, ou PRM, cela signifie qu'il faudra ajouter 380 PRM à notre réseau. Dans le secteur de l'éolienne, cela signifie l'ajout de dizaines de milliers de nouvelles turbines. Si l'on compte uniquement sur l'énergie solaire, il faudra installer des panneaux solaires dans une zone géographique correspondant à environ 2,5 fois la superficie de l'Île‑du‑Prince-Édouard.
Tout cela signifie que nous devons utiliser tous les outils de réduction des émissions de carbone et de décarbonisation dont nous disposons dans notre arsenal, et nous devons commencer dès maintenant. C'est bien simple: l'équation de la carboneutralité ne s'équilibrera jamais tant que le nucléaire ne sera pas une variable fixe. Pour favoriser une transformation juste et équitable du secteur de l'énergie dans le cadre de ces efforts, le secteur nucléaire canadien présente de nombreux avantages évidents.
Les actifs nucléaires du Canada créent déjà le genre de possibilités économiques qui doivent être monnaie courante dans un avenir carboneutre. L'élimination progressive du charbon en Ontario, grâce à l'utilisation du nucléaire, est un parfait exemple de transition juste, et cela fonctionne. Il suffit de regarder la région d'énergie propre que forment les comtés de Bruce, de Grey et de Huron en Ontario — une économie rurale qui doit sa croissance phénoménale à la présence de la centrale nucléaire de Bruce Power. Le projet de remplacement des composants majeurs de Bruce Power, qui prolongera jusqu'en 2064 la durée de vie de cette puissante installation de production d'électricité propre, permet d'injecter d'énormes investissements et de créer d'immenses possibilités dans la région grâce à de nouvelles entreprises et à des milliers d'emplois et de nouveaux débouchés.
Ces possibilités ont également appuyé les communautés autochtones, tant en matière d'emplois qu'en matière de nouvelles entreprises. Des entreprises autochtones, comme Makwa-Tron et Makwa-Cahill, ont vu le jour grâce aux investissements du projet de remplacement des composants majeurs, et un partenariat a été conclu entre la nation Saugeen Ojibway et Bruce Power pour la commercialisation d'isotopes médicaux. Voilà le genre d'occasions auxquelles nous pensons tous lorsque nous envisageons une transformation juste et équitable du secteur de l'énergie au Canada.
À mesure que les travaux de remplacement des composants majeurs de Bruce Power avancent, nous trouvons également de nouvelles possibilités d'accroître la contribution du site à la lutte contre les changements climatiques. Dans le cadre du Projet 2030, l'installation de Bruce Power augmentera, dans un premier temps, sa production d'électricité afin que cet actif énergétique propre puisse alimenter un quart de million de foyers de plus. D'ici 2030, la centrale prévoit d'augmenter cette production jusqu'à 7 000 mégawatts. Il sera essentiel de maintenir et d'optimiser nos actifs servant à la production d'énergie propre afin d'atteindre l'objectif de carboneutralité d'ici 2050.
Ces débouchés soutiennent des chaînes d'approvisionnement situées en Ontario et ailleurs au Canada. Plus de 90 % des dépenses totales de Bruce Power sont effectuées en Ontario, et 98 % de ces dépenses restent au Canada. Ces dépenses appuient des emplois canadiens dans des entreprises basées au Canada. De l'extraction d'uranium en Saskatchewan à l'exploitation de centrales en Ontario et au Nouveau-Brunswick, le nucléaire est un véritable modèle de réussite canadien. Les récents événements survenus à l'échelle mondiale, de la pandémie à la guerre en Ukraine, nous ont montré la valeur inestimable des chaînes d'approvisionnement nationales.
Enfin, lorsqu'il s'agit de créer une économie de l'hydrogène, le nucléaire jouera un rôle central. En s'appuyant sur les objectifs de la Stratégie canadienne pour l'hydrogène, notre institut a calculé la production d'électricité nécessaire pour atteindre ces objectifs. Il n'est pas surprenant de constater que nous aurons besoin d'une quantité incroyable de nouvelle production d'électricité — l'équivalent de 9 nouveaux sites nucléaires, de 196 PRM ou de 5 500 centrales solaires d'ordre commercial. Le nucléaire doit être un élément clé de la création de cette économie, et les exploitants d'installations nucléaires comme Bruce Power fournissent leur part d'efforts. Les travaux de faisabilité annoncés dans le cadre de la stratégie ontarienne relative à l'hydrogène sont déjà en cours pour examiner la production et les utilisations finales de l'hydrogène.
Les gouvernements peuvent en faire davantage au chapitre de la planification de la main-d'œuvre pour une économie de l'hydrogène. Nous aurons besoin d'une foule de nouvelles compétences et de certifications dans tout le pays pour permettre aux gens de travailler dans une économie de l'hydrogène. Il faut envisager dès maintenant des postes comme ceux d'installateurs de piles à combustible et de gestionnaires de stations de ravitaillement. Les travailleurs de la construction de pipelines et les inspecteurs de la sécurité des systèmes auront besoin de nouvelles certifications et compétences pour travailler dans une économie de l'hydrogène sûre et efficace.
Tout cela est mis en évidence dans notre rapport de 2021, et je serai heureux d'en remettre une copie à la greffière pour que le Comité l'examine dans le cadre de cette étude.
Sur ce, j'aimerais remercier le Comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Dans le même ordre d'idées, il y a le Plan d'action pour les petits réacteurs modulaires, ce qui est excellent. Vu l'ampleur de ce qui s'impose, vu le nombre tout à fait renversant de centrales qu'il faut construire, nous ne pouvons vraiment pas abandonner notre technologie CANDU, qui, pour reprendre les mots de , est un réacteur de « référence » dans le monde entier.
Tout d'abord, nous procédons à des remises à neuf, ce qui est formidable. Cela place le Canada en très bonne position. De nombreux autres pays occidentaux ont eu des problèmes en ce qui a trait aux nouveaux réacteurs construits ces 20 dernières années, en raison de leur main-d'œuvre affaiblie et de leur propension à mettre à l'essai de nouvelles conceptions. Nous disposons d'une conception que nous connaissons très bien, grâce aux travaux de remise à neuf et à la présence d'une excellente main-d'œuvre bien adaptée et prête à intervenir.
Pour ce qui est de savoir comment le gouvernement fédéral peut soutenir les provinces — la production d'électricité étant une compétence provinciale —, je crois vraiment que cette question doit faire l'objet d'une sorte d'enquête parlementaire, car il s'agit d'un défi colossal.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, je crois que nous avions créé 17 sociétés d'État et construit plus de véhicules blindés que les alliés de l'Axe réunis. On parle ici de la nécessité d'une mobilisation semblable à celle de la Seconde Guerre mondiale. Les gouvernements fédéraux sont déjà intervenus dans le domaine de l'énergie. Nous avons, malheureusement, renfloué des choses comme des barrages hydroélectriques. Le gouvernement fédéral a acheté l'oléoduc TMX. Nous détenons un pourcentage des champs pétrolifères Hibernia. Il est temps de faire des investissements de ce genre dans le nucléaire. C'est vraiment le seul secteur qui peut assurer à la fois une décarbonisation en profondeur et en toute efficacité, comme nous l'avons prouvé ici en Ontario, et une transition juste, comme nous l'avons démontré, du moins je l'espère.
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Oui. Parler en mal des technologies éoliennes et solaires est un grand tabou. Il ne s'agit pas de dénigrer ces technologies. Les dépenses mondiales en électricité s'élèvent à environ 800 milliards de dollars. L'éolien et le solaire accaparent environ 300 milliards de dollars de cet investissement. C'est donc une question cruciale.
Je ne suis pas payé par l'industrie. Je suis médecin, et j'ai dû renoncer à une journée de travail pour pouvoir venir témoigner à Ottawa. Je le fais par sens du devoir civique. Je suis père d'un enfant de trois ans et demi. Je crois qu'il existe une véritable divergence quant à l'avenir de notre pays. Nous devons à tout prix rapatrier l'industrie et, pour ce faire, nous avons besoin d'une énergie fiable.
Si vous regardez ce qui se passe actuellement avec l'agression russe en Ukraine, l'Union européenne a les mains complètement liées quant à sa capacité d'y mettre fin. Elle finance cette agression à hauteur de 700 millions d'euros chaque jour, parce qu'elle a créé une transition énergétique dominée par l'éolien et le solaire et soutenue par le gaz naturel. Voilà le problème, comme vous le disiez, en raison de ce manque de fiabilité et de cette intermittence. Il y a beaucoup de contes de fées sur les batteries à l'échelle du réseau et d'autres solutions, mais le pays industrialisé le plus riche d'Europe, qui s'est le plus engagé dans ce processus et y a consacré 550 milliards de dollars, s'est appuyé sur le charbon comme source dominante d'électricité en 2021 et, maintenant, sur le gaz russe.
Le Canada pourrait se retrouver dans la même situation en ce qui concerne les chaînes d'approvisionnement dont je parlais. Que se passe‑t‑il si la Chine s'empare de Taïwan? Comment pouvons-nous réagir efficacement à une telle éventualité? Nous ne pouvons pas nous permettre d'en arriver là si nous tenons à assurer, je le répète, une décarbonisation en profondeur et en toute efficacité, une reprise et une transition justes, ainsi que la sécurité nationale et la sécurité énergétique, qui sont d'importance vitale. Le nucléaire doit absolument être au centre des priorités du gouvernement.
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J'apprends les règles d'étiquette qui s'appliquent ici. Monsieur le président, la députée a raison de dire que l'uranium est un minéral essentiel.
J'ai fait quelques calculs à ce sujet. L'uranium compense le tiers des émissions annuelles nationales du Canada. Nous en produisons 730 mégatonnes. L'uranium que nous fournissons au pays et à l'étranger dans le parc mondial de réacteurs, qui crée le... C'est maintenant sans équivoque. Dans l'analyse du cycle de vie des émissions de CO2, le nucléaire est tout en bas: cinq grammes de CO2 par kilowattheure. Cet uranium remplace le un vingt-cinquième de toutes les émissions mondiales de l'humanité, et, je le répète, le tiers des émissions nationales du Canada.
L'uranium est une chose dont nous devrions être très fiers. L'extraction de l'uranium a beaucoup évolué. C'est une des industries les plus réglementées au monde, et nous nous en sortons maintenant avec brio.
Pour ce qui est des déchets, je pense que c'est une question très importante et je suis heureux qu'on l'ait soulevée. Vous avez dit que vous avez une très bonne géologie pour un éventuel dépôt. Mes échanges avec un certain nombre de géologues m'ont vraiment rassuré. Vous dites que la roche est excellente, n'est‑ce pas? C'est la barrière. Pour que des déchets sortent d'un dépôt et s'accumulent suffisamment pour être dangereux pour quelqu'un, l'eau doit passer par toutes les barrières artificielles, elle doit dissoudre une céramique, ce qui ne se produit pas très facilement, et ensuite porter les radio-isotopes dans une solution à travers la roche.
Dans la roche que nous examinons à South Bruce, il faut un million d'années pour que l'eau progresse d'un mètre. Après environ mille ans, la seule façon pour des déchets nucléaires de nous faire du mal consiste à les manger, à les pulvériser et les manger. Je le dis en tant que médecin qui a étudié la question en détail. Je n'essaie pas d'écarter ainsi des préoccupations, mais nous avons grandement exagéré le problème des déchets. L'ensemble des déchets produits au Canada en l'espace de 70 ans, si on les empile jusqu'à la hauteur d'un poteau de téléphone, tiendrait dans une patinoire. Pour vous donner une idée du volume, c'est comme cette pièce, peut-être, avec un plafond deux fois plus haut.
L'uranium est extrêmement dense en énergie. C'est le secret, la raison pour laquelle c'est un moyen de produire de l'énergie hautement écologique. L'extraction est minimale. Il faut un minimum de matière. Une centrale nucléaire peut paraître grande et inquiétante, mais celle à Pickering a la taille d'un Costco et répond à tous les besoins énergétiques de base de la région du Grand Toronto. C'est renversant.
C'est la raison pour laquelle je suis devenu passionné par la question. Je n'ai aucun lien avec l'industrie. J'ai examiné les données et pris connaissance de la gravité des changements climatiques, et c'est là que j'en suis arrivé après avoir évalué les solutions possibles.
Je m'excuse si je prends trop de temps. Fermez le micro.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Breton.
Monsieur Breton, dans votre présentation, vous avez parlé des initiatives du gouvernement fédéral qui pourraient être révisées afin de favoriser l'électrification des transports.
Je vais faire référence à une étude de Oil Change International. Cette étude démontre clairement que le gouvernement fédéral est le champion des investissements dans le secteur gazier et pétrolier, mais qu'il est un cancre lorsqu'il est question des investissements dans le secteur des énergies renouvelables.
Je peux voir aisément tous les programmes de soutien offerts à l'industrie gazière et pétrolière. On n'a qu'à penser au dernier budget, dans lequel des investissements de 2,5 milliards de dollars vont permettre de développer des stratégies de captation du carbone. Cependant, je vois très rarement, à l'exception du crédit d'impôt pour les véhicules électriques, des initiatives fédérales visant à soutenir l'électrification des transports.
J'aimerais savoir, monsieur Breton, si vous connaissez certains programmes fédéraux qui viennent soutenir l'électrification des transports, outre le crédit d'impôt que tout le monde connaît.
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Je vous remercie de cette question qui est intéressante.
Je dois dire que je suis étonné que nous parlions autant de produire davantage d'énergie, qu'elle soit renouvelable ou nucléaire, mais si peu d'efficacité énergétique et d'économie d'énergie, dont nous devrions parler davantage.
Le Canada se classe au premier rang des pays du G20 pour ce qui est de la consommation d'énergie par habitant, des émissions de gaz à effet de serre par habitant, ainsi que des émissions de gaz à effet de serre de sa flotte de véhicules légers. Cela signifie donc que nous sommes de très grands gaspilleurs d'énergie. Avant de nous lancer dans la production de nouvelles énergies, quelles qu'elles soient, nous devrions nous appliquer à gaspiller moins d'énergie et à l'utiliser plus efficacement. Je ne veux pas dire par là que nous n'avons pas besoin de nouvelles sources d'énergie propre, mais une chose est certaine, il faut arrêter de penser que nous devons toujours produire plus. Je crois qu'il faut avant tout gaspiller moins.
Pour répondre plus précisément à votre question, je trouve extrêmement important de rappeler que le gouvernement s'est engagé à cesser de subventionner les énergies fossiles. Nous espérons que cela se fera rapidement, parce qu'on en parle depuis de nombreuses années.
Pour ce qui est des programmes d'électrification des transports, outre le rabais à l'achat de véhicules électriques, le gouvernement a annoncé qu'il mettrait en place une loi carboneutre sur les émissions de gaz à effet de serre pour forcer l'achat de véhicules électriques légers, moyens et lourds. Ces véhicules incluent les véhicules à batterie et à l'hydrogène.
J'ai commencé à parler d'électrification des transports au gouvernement fédéral en 2006. Or les projets dans ce domaine semblent se concrétiser depuis deux ans seulement. Au cours des deux dernières années et des derniers mois en particulier, le gouvernement fédéral a annoncé plusieurs projets de fabrication de véhicules électriques ainsi que d'usines de batteries, de cathodes et d'anodes. Il reste donc encore beaucoup de travail à faire.
Si nous voulons réaliser une transition juste, le problème ne sera pas tant de créer une industrie de l'électrification des transports, car il en existe déjà une. Elle est d'ailleurs est en pleine croissance, en croissance exponentielle, même. Le problème sera de trouver des travailleurs.
Pour nous, le problème est de nous assurer de pouvoir aider les travailleurs actuels ainsi que les gens qui étudient présentement dans les écoles secondaires, les cégeps et les universités de partout au Canada à se trouver des emplois payants. Présentement, nous observons une sorte de déconnexion. Des travailleurs perdent leur emploi dans certains secteurs et n'arrivent pas à faire la transition vers d'autres secteurs.
Nous discutons du travail d'accompagnement qui doit s'effectuer auprès des travailleurs avec des gens du syndicat Unifor, qui est chez Mobilité électrique Canada.
Nous l'avons dit, si nous voulons que le secteur de la mobilité électrique existe toujours au Canada dans 10, 15 ou 20 ans, nous devons annoncer la création de nouveaux emplois, mais nous devons aussi former des travailleurs.
Dans l'annonce faite à Bécancour il y a quelques semaines à peine, on dit avoir besoin de travailleurs qualifiés. Or nous ne pouvons former ces travailleurs en criant « ciseaux ». Il faut une planification avec les universités, les cégeps et les écoles secondaires.
Dans le plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre annoncé par le gouvernement fédéral, un élément n'a pas été pris en compte dans le plan de réduction des émissions, et c'est la formation des travailleurs. Il s'agit d'un élément extrêmement important sur lequel il faut beaucoup insister, sinon, il sera difficile de combler les emplois avec les travailleurs actuels.
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Comme je l'ai dit, c'est une question à laquelle nous devons sans aucun doute nous attaquer.
Nous stockons des déchets nucléaires civils depuis maintenant 70 ans. Depuis que nous stockons ces déchets, il n'y a eu aucun décès associé à cela dans le monde. Nous savons très bien comment sceller le rayonnement.
Nous avons besoin d'une solution permanente. La Finlande construit actuellement un dépôt géologique en profondeur. Il ouvrira bientôt. Comme je l'ai mentionné avant, la géologie est ce qui retient les déchets. Nous parlons d'une lourde responsabilité. Il est question de la capacité de survie d'une civilisation. Il est raisonnable de dire: « Oh, mon Dieu, 10 000 ans. » Aucune civilisation n'a duré 10 000 ans. Nous parlons d'une roche qui a des centaines de millions d'années et qui est totalement stable, et nous en connaissons les caractéristiques.
S'il faut à l'eau un million d'années pour parcourir un mètre dans cette roche, en portant quelque chose qui pourrait franchir toutes les barrières artificielles, ce n'est alors plus sans danger. Nous devons nous préoccuper des déchets enfouis éternellement, des métaux lourds et, plus particulièrement, des combustibles fossiles qui sont constamment déversés dans notre atmosphère et qui entraînent les changements climatiques.
Je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps. Je serais heureux d'en parler davantage, mais je pense que cette question a vraiment pris des proportions exagérées à cause d'environnementalistes qui s'opposent au nucléaire et qui s'en servent comme moyen d'empêcher le recours à ce qui constitue selon moi notre solution la plus efficace pour lutter contre les changements climatiques.
Je compare avec Muskrat Falls — et j'ai ici quelques collègues de Terre-Neuve — qui est à 26,5 ¢ par kilowattheure pour l'électricité fournie par la plus récente option hydroélectrique au Canada. Je vous remercie de ces chiffres.
Je vais passer à mon grand favori, M. Breton. Monsieur Breton, je vous remercie d'être revenu. Vous avez déjà comparu devant moi en comité à quelques reprises, et vous me promettez sans cesse de me fournir de meilleures données à la fin de la réunion. Il s'agit d'un comité du Parlement, et je ne vous ai pas encore vu me fournir les données qui me manquent, et dont vous semblez être mieux armé que moi. Mes chiffres et vos chiffres diffèrent considérablement.
J'ai les transcriptions des deux dernières fois où vous avez comparu devant moi lors de réunions de comités. Permettez-moi d'en parcourir quelques passages, où vous avez parlé de l'éolien et du solaire comme étant des options pour passer à un réseau durable et éliminer les hydrocarbures, en ce qui concerne notre parc de moteurs à combustion interne.
Voulez-vous que je vous renvoie à notre réunion du Comité des ressources naturelles de la dernière législature?
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Aucun pays ne peut être complètement autonome en ce qui a trait à la fabrication de véhicules électriques. Par conséquent, des collaborations doivent se faire, et elles se font présentement avec les États‑Unis, l'Europe et d'autres pays afin de développer une chaîne d'approvisionnement pour les véhicules électriques. Non, aucun pays ne peut être complètement autonome et le Canada n'est pas une île déserte qui n'a aucun lien avec le reste du monde.
Cela dit, des occasions se présentent, et on l'a constaté récemment lorsque le gouvernement fédéral a fait des annonces pour la fabrication de véhicules légers et de véhicules lourds. On parle d'autobus, de camions, de voitures et de camions légers. On parle aussi d'infrastructures de recharge, de batteries, d'usines d'anodes et de cathodes.
Plusieurs annonces extrêmement intéressantes ont été faites. À mon avis, il y avait un risque que le Canada devienne un acteur mineur dans le secteur automobile. Toutefois, avec les annonces qui ont été faites récemment, on voit que le gouvernement canadien actuel a la volonté politique de faire du Canada un acteur majeur. À cet égard, je salue l'initiative du , qui a travaillé très fort pour attirer des acteurs de la scène internationale vers le Canada, le Québec et l'Ontario.
La semaine dernière, au Salon du véhicule électrique de Montréal, j'ai discuté avec le ministre Champagne, qui a mentionné qu'il travaillait à d'autres annonces. Croyez-le ou non, mais, lorsque j'étais jeune, j'ai travaillé dans une raffinerie à Montréal‑Est. À l'époque, il y avait huit raffineries à Montréal‑Est et, aujourd'hui, il n'en reste qu'une.
Nous assistons à une transition énergétique qui n'a pas commencé il y a deux ou trois ans, mais bien avant cela. Cette transition, si on la veut juste, il faut s'assurer de pouvoir former des gens. Pour le moment, un des défis que nous devons relever est la nécessité de bien former les gens pour qu'ils puissent occuper ces emplois de qualité, aussi bien dans le secteur minier que dans les secteurs de la recherche, de l'assemblage ou encore de la vente, du marketing, de l'entretien ou de la mécanique.
Tous ces secteurs représentent des emplois, non seulement au Québec ou en Ontario, mais partout au pays.
C'est malheureusement la fin du temps dont nous disposions aujourd'hui.
Je tiens à remercier chacun de nos témoins. Nous sommes revenus en forme et nous avons eu de bons échanges aujourd'hui. Je remercie tous les témoins qui se sont joints à nous.
S'il y a un élément de la discussion sur lequel vous aimeriez fournir des renseignements supplémentaires, nous vous invitons à soumettre des mémoires d'un maximum de 10 pages. Vous pouvez les transmettre à notre greffière. Libre à vous de le faire, si vous souhaitez fournir de l'information supplémentaire.
Avant de passer à huis clos pour poursuivre notre examen du rapport, nous devons adopter une révision de notre budget pour l'étude, maintenant que nous pouvons faire venir les gens en personne. Il y a une révision qui a été distribuée au Comité. Nous avions initialement prévu un budget de 11 925 $. Nous demandons 8 750 $ de plus pour pouvoir faire venir des témoins en personne pour l'étude. Si tout le monde est d'accord, est‑ce que quelqu'un peut proposer la motion?
Monsieur Bragdon? D'accord. Nous avons besoin de quelqu'un pour l'appuyer. D'accord, madame Jones.
Est‑ce que quelqu'un veut ajouter quelque chose?
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci.
Sur ce, nous allons suspendre la séance.
Nous allons laisser nos témoins partir. Je pense que nos analystes doivent se reconnecter, de même que M. Chahal.
Nous allons vous demander de vous connecter à la séance à huis clos. Nous allons nous pencher sur le rapport sur le Fonds de réduction des émissions dans quelques minutes.
Merci.
[La séance se poursuit à huis clos.]