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Merci, madame la présidente.
Mesdames et messieurs du comité, je vous remercie de cette occasion que vous me donnez de parler de la question de l'amélioration des perspectives économiques des filles au Canada. J'espère que mes observations seront utiles à votre étude sur cette importante question.
Sans être une experte dans ce domaine, en tant que femme et mère de trois filles et d'un garçon et en tant que chef d'entreprise, je crois avoir une certaine expérience. À titre de PDG de la deuxième caisse populaire du Canada, où les femmes représentent 72 p. 100 de notre effectif, je suis profondément convaincue que tous les niveaux de notre organisation doivent refléter la composition de notre population active et de notre collectivité.
L'an dernier, Catalyst a désigné Coast Capital comme la première organisation du Canada ayant le plus fort pourcentage de femmes dans des postes de direction au Canada, 70 p. 100 de nos dirigeants étant des femmes. Il y a lieu de noter également que les femmes représentent 40 p. 100 de notre conseil d'administration et 45 p. 100 de nos gestionnaires qui ne sont pas des cadres supérieurs. Ce résultat s'explique non seulement parce que c'est ce qu'il faut faire, mais aussi parce qu'il est bon pour l'entreprise d'avoir des équipes diversifiées.
Dans ce contexte, j'aimerais aborder quatre aspects que j'estime importants pour améliorer les perspectives des jeunes femmes au Canada, à savoir l'éducation, la littératie financière, les stages et le leadership entrepreneurial. Venant d'un organisme qui valorise tous les types de diversité, j'insiste sur le fait que mes suggestions s'appliquent non seulement aux jeunes femmes mais aussi aux jeunes hommes de la société canadienne.
Dans le domaine de l'éducation, en me fondant sur ma propre expérience et ayant vécu et fait des études dans trois pays, je peux dire que l'avancement des filles repose essentiellement sur de bonnes études. Même si notre système éducatif a beaucoup fait pour notre pays, je suis convaincue que nous devons faire davantage encore pour que nos jeunes filles réussissent en ce XXIe siècle.
On a beaucoup dit qu'il fallait accorder une plus grande place aux mathématiques et aux sciences à l'école, en particulier pour les filles au secondaire, ce à quoi je souscris pleinement. Cela dit, je crois également que nous ne préparons pas suffisamment nos jeunes à soutenir la concurrence dans ce qui sera un ordre économique mondial radicalement différent.
La montée de l'Asie de l'Est et du Sud et de l'Amérique latine en tant que grandes puissances économiques mondiales n'est plus une possibilité, mais une réalité. Le Canada, compte tenu de son riche héritage culturel et de ses liens historiques de plus en plus étroits avec l'Asie, possède un énorme potentiel de croissance dans ce nouvel ordre mondial. Or, notre système éducatif, d'après mon expérience, n'est pas suffisamment souple pour reconnaître ce virage et en tirer profit.
Ayant quatre enfants scolarisés, je crains que nos programmes scolaires, tout au moins en Colombie-Britannique, n'aient guère évolué depuis 30 ans. L'histoire et les langues continuent d'être axés sur notre héritage européen, alors que plus de 27 p. 100 des habitants de la Colombie-Britannique sont nés hors du Canada et plus de la moitié d'entre eux viennent d'Asie ou du Moyen-Orient.
Nous faisons concurrence à des pays comme l'Australie, où les enfants peuvent apprendre le cantonais, le mandarin, le coréen et le japonais à un âge beaucoup plus précoce que celui auquel les enfants canadiens commencent à apprendre une deuxième langue. Nos cours d'histoire traitent habituellement de l'Europe, et même si To Kill a Mockingbird est un livre magnifique, que la plupart d'entre vous avez probablement étudié en 10e année, pourquoi ne pas s'intéresser à la riche littérature culturelle et historique de pays comme la Chine, l'Inde et le Japon?
En bref, notre système éducatif, qui devrait optimiser les possibilités d'un apprentissage et d'une réflexion à l'échelle mondiale, ne voit pas assez loin. Si nous devons préparer les jeunes Canadiens à tirer parti des nouvelles réalités mondiales, il faudra modifier nos programmes pour en tenir compte. Nous devons encourager les jeunes à vivre et à apprendre à l'étranger et leur donner les possibilités de le faire, nous devons élargir nos programmes scolaires et enseigner plus tôt une deuxième langue, et nos enfants doivent mieux connaître l'histoire, la culture et les économies de ce nouveau monde. À mesure que la population du Canada évolue et devient plus diversifiée, ce type d'éducation sera utile à nos enfants ici et à l'étranger.
J'aimerais parler maintenant du deuxième aspect, qui concerne toujours l'éducation, mais plus précisément la littératie financière. J'ai été très heureuse de voir que le gouvernement fédéral voulait que les Canadiens soient plus compétents dans ce domaine. Compte tenu de l'endettement historique des Canadiens et des incertitudes mondiales, ce sujet est important et devrait préoccuper tous les Canadiens.
Aujourd'hui, les femmes et les hommes devraient acquérir beaucoup plus tôt une littératie financière et comprendre les possibilités et les dangers des finances. Ils devraient comprendre les avantages d'épargner de bonne heure, de budgétiser et de bien utiliser le crédit. Des institutions financières et d'autres organismes méritoires, comme Jeunes entreprises, apportent un certain soutien, mais compte tenu de l'endettement canadien et de notre préparation généralement insuffisante à la retraite, il me semble que nous n'enseignons pas la littératie financière suffisamment tôt.
Comme les femmes continuent d'apporter généralement un revenu d'appoint, il est essentiel de leur apprendre très tôt à gérer leurs finances et à être financièrement indépendantes.
Quant aux stages et à l'expérience en leadership, je crois que c'est également un moyen vital par lequel les entreprises et les gouvernements peuvent aider les jeunes filles à acquérir des compétences dans les domaines du leadership, du travail en équipe, du réseautage et des interventions en public, des compétences très importantes dans la carrière qu'elles choisiront, quelle qu'elle soit.
À Coast, notre stratégie en leadership communautaire consiste à créer un avenir plus riche pour les jeunes de nos collectivités, en particulier les jeunes entre 13 et 24 ans. Il ne s'agit pas seulement de donner de l'argent aux organismes sans but lucratif; nous croyons que nous avons l'obligation d'aider les jeunes à acquérir une expérience en leadership et en affaires.
Nous avons un très bon programme qui, je crois, est unique en son genre au Canada. Il offre à 25 à 30 élèves de 11e et 12e années une formation sur les services financiers et une expérience en leadership. Dans le cadre du programme de l'équipe des jeunes de Coast, ces élèves sont formés et travaillent dans nos succursales, mais contribuent également à organiser les événements communautaires de Coast et y participent. Ils acquièrent ainsi non seulement des compétences professionnelles très utiles, mais également une expérience précoce en intervention en public et leadership.
Plus de 300 élèves ont obtenu leur diplôme à la suite de ce programme. Plusieurs anciens sont maintenant des employés à temps plein de Coast dans divers postes, alors que d'autres occupent ailleurs des fonctions qui exigent de très bonnes compétences et connaissances dans le domaine financier. Nous avons également créé récemment un conseil consultatif des jeunes pour débattre des montants à donner à la collectivité et les allouer. Nous donnons 7 p. 100 de notre profit budgétisé avant impôt aux collectivités où nous sommes présents; plus de 22 millions de dollars ont été investis depuis cinq ans, ce qui représente un montant considérable.
Le conseil des jeunes doit analyser avec soin les propositions pour s'assurer qu'elles correspondent à nos objectifs de dons. Malgré la nouveauté de ce programme, il a suscité des réactions très positives. Les participants acquièrent des connaissances sur la philanthropie institutionnelle et le rôle important qu'elle joue pour le développement des collectivités. Ils apprennent également à réfléchir et à analyser.
D'autres compagnies et gouvernements peuvent aussi aider les filles et les garçons en commanditant des programmes pour les jeunes ou en créant leurs propres initiatives en faveur des jeunes.
Finalement, je vais parler de mon quatrième sujet, le leadership entrepreneurial. Il est important d'aider les filles à renforcer leur estime de soi, de les encourager à viser plus haut dans leur choix de carrière et à faire des études plus poussées, mais il nous faut également changer pour que les femmes puissent s'épanouir au travail. Si nous n'apportons pas de changements importants dès maintenant et si nous ne supprimons pas les obstacles auxquels sont confrontées de nombreuses femmes au travail, il y aura un écart entre leurs attentes et la réalité et elles seront rapidement découragées.
Aujourd'hui, comme nous le savons tous, les femmes ont encore beaucoup de difficulté à accéder aux postes les plus élevés. Elles ont fait des progrès, mais il reste du chemin à parcourir avant d'atteindre la parité avec les hommes. Selon une étude de Catalyst, les femmes ne dirigent que 6 p. 100 des 500 entreprises canadiennes classées par le Financial Post, et, encore plus étonnant, plus de 30 p. 100 des entreprises canadiennes n'avaient pas de femmes dans des postes de direction en 2010.
Cela peut s'expliquer en partie par la présence continue du plafond de verre, mais je crois de plus en plus que de nombreuses jeunes femmes compétentes abandonnent avant de réaliser tout leur potentiel professionnel car le lieu de travail ne répond pas à leurs attentes soit parce qu'il n'apporte pas un contexte stimulant ou un milieu de travail valorisant soit parce qu'il ne leur permet pas de concilier d'autres aspects importants de leur vie. Les chefs d'entreprise doivent changer cette situation.
Les caisses populaires étant un secteur qui possède un fort effectif de femmes, elles contribuent largement à leur développement. Alors que les grandes banques canadiennes n'ont pas encore de femmes à leur tête, trois des plus grandes caisses populaires du Canada ont une femmes PDG, et la PDG de la plus importante coopérative financière du Canada est également une femme très compétente.
Quelle est l'explication? Les caisses populaires ont été créées sur le principe voulant que les membres s'aident entre eux et sur la conviction profonde que le lieu de travail doit être inclusif et diversifié. C'est le cas à Coast. Nous sommes résolus à changer la façon dont les employés voient leur travail, tout comme nous voulons changer la façon dont les Canadiens voient le secteur bancaire. Nous voulons favoriser un milieu de travail innovant où chacun peut réussir, quels que soient le sexe, la culture ou l'âge.
Nous offrons également des programmes positifs qui permettent au personnel de concilier vie professionnelle et personnelle. Il s'agit notamment des programmes de bien-être, des horaires de travail flexibles et des calendriers de retour au travail pour ceux qui rentrent de congés parentaux ou personnels. Toutes ces initiatives sont nécessaires pour obtenir une main d'oeuvre diversifiée qui sera mobilisée et en mesure de faire de son mieux.
J'aimerais terminer par les observations suivantes: il est important que le gouvernement et les chefs d'entreprise créent un climat où les jeunes femmes peuvent acquérir les compétences nécessaires pour le XXIe siècle et réussir dans ce nouvel ordre économique. Nous pouvons faire davantage pour les aider par des stages créatifs et l'acquisition d'un expérience en gestion à un âge plus précoce pour qu'elles renforcent leur estime de soi et acquièrent des compétences. Finalement, nous devons trouver des moyens d'éliminer les obstacles qui empêchent les femmes de contribuer à tous les niveaux de la société.
J'aimerais remercier le Comité permanent de la condition féminine de m'avoir donné la possibilité de parler de la prospérité économique des jeunes femmes. J'attends avec impatience de lire le rapport final lorsqu'il sera terminé.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour. C'est un honneur de comparaître devant le Comité permanent de la condition féminine. Comme il est indiqué, je suis présidente du conseil et PDG de la Chubb Insurance Company of Canada. Au Canada, Chubb est une compagnie d'assurance biens et risques divers. Nous avons quatre bureaux au Canada et nous y employons 420 personnes.
Nous sommes généralement à la 350e place sur la liste des 500 entreprises classées par le Financial Post. Nous gérons environ 2,5 milliards de dollars, et notre encaisse était de 670 millions de dollars à la fin de l'an dernier, ce qui vous donne un idée de la taille de la compagnie.
Nous desservons les clients au moyen d'un réseau de courtiers dans trois spécialités: les biens personnels à forte valeur nette, la responsabilité des dirigeants, c'est-à-dire l'assurance des administrateurs et des cadres supérieurs, et la propriété commerciale et les risques divers. Nous faisons partie de la Chubb Corporation, une des plus grosses compagnies d'assurance biens et risques divers. Comme Mme Redies l'a dit, nous sommes également lauréats du prix Catalyst que nous avons reçu il y a quelques années pour notre travail visant à favoriser la promotion des femmes aux postes supérieurs au sein de notre organisation.
Pour vous donner une perspective sur mes observations et sur ce que j'espère apporter à votre étude, je suis actuellement résidente permanente au Canada. Je suis arrivée en 2004 pour assumer le poste de présidente et PDG; la présidence du conseil a été ajoutée deux ans plus tard. J'ai fait la demande de citoyenneté canadienne que j'ai bon espoir d'obtenir.
J'ai commencé à travailler pour Chubb quand j'étais encore à l'université. À l'époque, dans ma classe, il y avait environ 10 p. 100 d'étudiantes. Notre compagnie a une réputation d'équité, d'intégrité et d'inclusion, qui sont des attributs qui s'appliquent à un ensemble de groupes diversifiés aux niveaux du personnel, des clients et surtout du service à la collectivité. Mes observations vont donc concerner mes postes de direction au sein de ma compagnie et de ma collectivité.
Mes expériences en matière de développement des femmes sont variées et comprennent le fait d'être mère de deux jeunes femmes.
Je suis ancien membre de notre conseil de perfectionnement des femmes créé il y a 25 ans. Il a été établi pour que les femmes à Chubb aient de bonnes possibilités de perfectionnement afin de pouvoir accéder aux postes de responsabilité dans l'entreprise. Notre compagnie a adopté très tôt l'idée d'améliorer les résultats commerciaux en mobilisant tous les talents, c'est pourquoi nous avons estimé logique de retenir, former et promouvoir les meilleurs éléments de notre secteur en créant des programmes de perfectionnement destinés spécialement aux femmes pour qu'elles soient aussi nombreuses que leurs collègues hommes à accéder aux postes de direction.
La direction de Chubb encourage la promotion de la mission actuelle du conseil, qui existe toujours et dont je suis maintenant une conseillère. La mission consiste à rejoindre les femmes à tous les niveaux et de travailler avec elles au sein de la compagnie, de notre secteur et des collectivités que nous desservons pour soutenir les femmes.
Outre nos organisations internes, j'ai eu la possibilité, à divers titres, de travailler avec des groupes de femmes occupant des postes de direction au Canada et aux États-Unis. Notre compagnie se démarque en étant un participant actif dans les collectivités qu'elle dessert par la philanthropie et les dons de bienfaisance. J'ai eu le plaisir de participer personnellement et avec d'autres à des programmes de leadership dans des organisations canadiennes importantes. Certains sont propres au développement des jeunes dirigeantes. Il s'agit notamment de Jeunes entreprises, qui s'adresse aux élèves au niveau de l'école intermédiaire et de l'école secondaire, et j'ai participé au développement de dirigeantes dans d'autres organismes également.
Chaque organisation continue de s'inquiéter de l'insuffisance des progrès dans l'attribution à des femmes de postes plus importants dans leur spécialité. Les femmes ne sont toujours pas aussi nombreuses que les hommes à accéder à ces postes, ce qui nous laisse avec des directions moins diversifiées dans les secteurs universitaire, public et des affaires.
Des recherches montrent que les initiatives sont au point mort ou ont atteint un plateau, en particulier dans le secteur privé: les femmes terminent les programmes de commerce et le MBA à l'université dans les mêmes proportions, mais quand elles sont prêtes pour occuper des postes de direction dans leur domaine, il semble qu'elles soient supplantées.
Notre société au Canada et la société internationale, comme je l'ai dit, est très active depuis de nombreuses années auprès de Catalyst, le cabinet international de recherche. Je suis membre du conseil d'administration canadien de Catalyst, et comme Mme Redies l'a dit je crois, le 8 mars de cette année, le plus récent recensement sur la place des femmes dans les conseils d'administration et postes de direction a été publié. Il indique que peu de progrès a été réalisé pour améliorer la représentativité des femmes. Catalyst fait partie de plusieurs organismes, y compris des organismes gouvernementaux, qui étudie les moyens de produire de meilleurs résultats, c'est pourquoi je me réjouis que ce sujet soit à l'ordre du jour du comité de la condition féminine.
Mon travail au Women's Leadership Board de la John F. Kennedy School of Government à l'Université Harvard laisse à penser que des progrès sont réalisés dans les universités et le secteur public dans le monde, mais à un rythme étonnamment lent, si l'on songe que nous sommes en 2012. Chubb appuie également l'initiative de l'Université Carleton pour les femmes dans la politique publique et son programme de leadership pour améliorer les compétences pour la fonction publique. Le programme est non discriminatoire, mais il existe des initiatives spécifiques de plaidoyer et de développement pour les femmes dans la fonction publique.
Je préside actuellement le Forum international des femmes à Toronto. Il s'agit d'un réseau international de femmes, pratiques, pays et groupes démographiques confondus, qui se soutiennent mutuellement. Il comporte un programme annuel de bourses pour le perfectionnement des femmes cadres moyens en vue d'accéder à un poste plus important dans leur domaine, et le chapitre de Toronto pilote également un projet pour faciliter l'accès des femmes aux conseils d'administration.
Nous n'avons pas le même niveau prescriptif que celui présenté par Mme Redies, mais j'appuie les quatre éléments qu'elle a mentionnés. Je crois que nous devons continuer d'améliorer l'éducation dans nos écoles primaires et secondaires pour les filles et les garçons. La littératie financière est un aspect essentiel d'un des organismes dont je fais partie, Jeunes entreprises, qui apporte ce programme dans la salle de classe.
Je crois également que nous avons besoin de programmes pour les filles et les femmes au niveau de l'école secondaire et de l'université qui soient adaptés à leur situation particulière dans leur carrière lorsqu'elles doivent concilier leur vie familiale et d'autres choix qui sont propres à leur rôle de femme.
En résumé, même si les statistiques ne sont pas encore favorables dans les directions ou les conseils d'administration des entreprises, je pense qu'un certain nombre de secteurs en éducation et dans le secteur public continuent d'étudier cette question et que l'on peut se montrer optimiste.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer aujourd'hui; c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci. Est-ce que l'on m'entend bien?
Voyons. Je travaille dans les services financiers depuis 23 ans. Il est difficile de croire que cela fait si longtemps. J'ai dit à un des membres que ce ne sont pas les années, mais le parcours qui vous use.
J'ai évidemment travaillé dans un secteur très dominé par les hommes. J'ai travaillé pour la HSBC pendant 20 ans avant de rejoindre les caisses populaires. On me demande souvent quels obstacles j'ai rencontrés, mais en général, on m'a plutôt soutenue dans ma carrière. La HSBC m'a offert du mentorat en reconnaissant, je pense, très tôt mon énergie et mon désir de grimper les échelons dans l'organisation. J'ai eu de la chance à cet égard.
J'ai également été élevée dans une famille où l'on a dit à mon frères et à mes soeurs qu'ils pouvaient faire tout ce qu'ils voulaient tant que l'on travaillait fort, de sorte que je n'ai jamais pensé que je ne pourrais pas avancer.
Cela dit, je pense que les hommes et les femmes agissent différemment au travail. Je pense que l'un des problèmes de beaucoup de femmes — j'en ai fait l'expérience aussi dans mon apprentissage — c'est qu'elles ont tendance à croire que si elles font bien certaines choses, ce sera reconnu et elles pourront avancer. Mais en réalité, ce n'est pas toujours le cas.
Je pense que la plupart d'entre nous ont appris que le réseautage est un aspect très important de l'avancement dans une entreprise. Je ne sais pas comment enseigner ce genre de chose; on apprend avec le temps.
Ce qui m'a aidé également, c'est que je me suis occupée très rapidement d'initiatives très importantes à la banque — le comité de la diversité, etc. J'ai accepté des projets dont personne ne voulait, ce qui m'a sans doute aidée. Je pense que j'ai probablement travaillé plus fort; j'ai probablement dû faire plus de compromis à bien des égards.
Je pense que c'est un point important que l'on néglige. Pour qu'un homme ou une femme accède à un poste important, pour réussir professionnellement, il faut faire des compromis entre le temps passé au travail et la famille ou d'autres projets, etc. J'ai dit dans mon exposé — et je l'ai constaté au cours des trois dernières années à la caisse populaire — que le problème aujourd'hui tient en partie au fait que des femmes compétentes abandonnent avant d'avoir réalisé leur potentiel. Elles estiment qu'il ne vaut pas la peine de passer tant de temps et de faire ces compromis.
Finalement, il faut travailler fort et de longues heures dans n'importe quel domaine que l'on choisit. Il faut croire que ce que l'on fait est utile, que cela vous convient et que l'on fait partie de quelque chose de plus important, d'une finalité.
C'est une des raisons pour lesquelles Coast a décidé de changer la façon dont les Canadiens voient les services bancaires. C'était un objectif noble et ambitieux pour lequel tout le personnel pouvait s'engager et penser qu'il pouvait innover. Je pense que c'est en fait une des clés pour les organisations progressistes de l'avenir.
Coast n'a pas de programmes particuliers sur la diversité, mais nous avons un des effectifs les plus diversifiés pour ce qui est des femmes et des conseils d'administration au pays. Nous n'avons pas de programmes particuliers sur la diversité, mais nous voulons créer un contexte inclusif où chacun peut faire de son mieux et faire partie de quelque chose en quoi il croit. Je pense que c'est en ce sens que les organisations modernes devront réfléchir si elles veulent attirer davantage de femmes aux plus hautes fonctions.
Il me semble que les femmes doivent sacrifier davantage, que ce soit la famille ou autre. On s'attend davantage à ce qu'elles abandonnent ces aspects.
C'est une réponse un peu compliquée. J'ai fait des compromis dans ma vie que j'ai jugés nécessaires. J'ai eu d'abord deux filles — trois maintenant — et je tiens à ce qu'elles comprennent que l'on peut avoir une famille et une carrière en même temps. J'ai travaillé très fort dans ce but, mais je ne suis pas sûre que toutes les femmes peuvent le faire.
En fin de compte, si l'on veut continuer à attirer les femmes et à retenir les meilleures, il faut offrir un lieu de travail qui leur permette de contribuer tout en gérant leur famille et d'autres intérêts personnels.
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Bon après-midi à tous. Permettez-moi d'abord de vous remercier de nous avoir invitées à comparaître devant ce comité. Je me nomme Jocelyne Michelle Coulibaly et je suis une élève de 12
e année du Collège catholique Franco-Ouest d'Ottawa. Je termine présentement une majeure de haute spécialisation en justice en plus d'être membre élue du Conseil de représentation de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne, la FESFO. J'aimerais également vous présenter Geneviève Latour, qui est gestionnaire de l'équipe de programmation à la FESFO et chargée des programmes de justice sociale.
La FESFO a été créée en 1975 pour revendiquer une place et des ressources en français pour la jeunesse franco-ontarienne. La FESFO est l'organisme porte-parole des 25 000 jeunes francophones qui fréquentent une des 92 écoles secondaires de langue française de l'Ontario. Dirigée par un conseil provincial jeunesse élu par des élèves, la FESFO informe, sensibilise et mobilise des milliers de jeunes afin que leurs voix et leurs besoins soient entendus auprès des divers décideurs.
Annuellement, près de 11 000 jeunes leaders participent à des stages de formation variés ou à des journées d'animation culturelle dans les écoles organisées par la FESFO. Plusieurs activités de la FESFO visent à faire découvrir l'identité franco-ontarienne et à combattre l'assimilation tout en outillant les jeunes meneurs de tous les coins de l'Ontario.
La FESFO adopte une approche féministe, reconnue comme une pratique gagnante par l'ensemble des intervenants auprès des jeunes et des femmes. D'ailleurs, la FESFO a été approchée par l'ONU pour développer une série de guides dans le cadre du projet « Un monde de différence: la jeunesse en action! ». Ces guides traitent entre autres de la violence, du sexisme, du racisme, de la communication et de la résolution de conflit.
De plus, cette approche inclusive et accueillante fait en sorte que les filles membres de la FESFO se sentent interpellées, qu'elles participent en grand nombre aux activités culturelles et qu'elles profitent des possibilités politiques de la fédération. Ainsi, les filles représentent en moyenne 65 p. 100 des participants, qu'il s'agisse des activités et événements ou des postes de responsabilité au sein de la fédération.
La mission de la FESFO est de s'assurer que la jeunesse franco-ontarienne participe pleinement au développement de sa communauté. Pour ce faire, les jeunes doivent pouvoir se prévaloir des occasions qui leur permettent de découvrir leur personnalité; de réaliser la place que les filles ont à prendre dans leur milieu afin de mieux la définir, l'évaluer et l'améliorer; de vivre des expériences positivement marquantes en français avec d'autres jeunes afin d'être plus ouverts sur le monde; de réaliser leur rôle comme francophones dans leur communauté; de s'affirmer comme Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes et prendre position en posant des gestes d'affirmation en tant que francophones.
De plus, et en particulier quant à la question féminine, la FESFO croit qu'investir dans les filles, c'est investir dans le bien-être économique et social de la société. Dotées des compétences nécessaires, dans leur langue, elles sont aujourd'hui en mesure de se prendre en charge et de contribuer à des initiatives qui, développées par et pour elles, reflètent leurs réalités et leurs besoins.
Notamment, en 2004, la FESFO a créé un outil de positionnement et de prise en charge pour les filles à la suite d'une participation aux états généraux portant sur le développement des services en français en matière de violence faite aux femmes. La Charte des droits des élèves franco-ontariennes revendique, entre autres, l'égalité, le droit des filles d'être respectées et celui de recevoir des services en français. Elle énonce aussi, à titre d'exemple, le besoin d'avoir et d'être un modèle accessible, le besoin d'avoir accès à des ateliers d'affirmation de soi, et le besoin de savoir que les garçons font aussi partie de la solution.
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Afin d'assurer le bien-être de ses membres, la FESFO organise aussi, en français, plusieurs activités de connaissance de soi qui permettent la création d'un environnement sécuritaire à l'école et dans la communauté. Les ateliers tels qu'« Affirmation de soi » ou « Faut qu'on s'parle » encouragent un dialogue ouvert et honnête entre les élèves qui mène à une communauté saine et positive au sein de l'école.
L'énoncé de principe de la FESFO sur la violence faite aux femmes cite que les jeunes femmes font face à une variété de défis. Sans les outils appropriés pour les surmonter, elles peuvent se sentir seules ou inadéquates.
C'est dans cet état qu'elles peuvent se retrouver dans des relations dépendantes et malsaines, qui mènent trop souvent à la violence. Il faut travailler avec elles afin de créer des espaces de discussion relatifs aux questions de choix, de droits, de mécanismes décisionnels et de facteurs d'influence à ce moment précis de leur vie. Il est d'autant plus important que ces ressources leur soient offertes dans leur langue, soit en français, dans notre cas.
C'est en les appuyant dans leurs choix, en les informant quant à leurs droits et en les outillant avec un réseau d'amies ayant un vocabulaire commun leur permettant de nommer, de tenter et d'agir, qu'elles pourront avoir des relations positives et saines, et ce, avec tous ceux et celles qu'elles rencontrent.
Quoique l'expertise de la fédération réside dans le développement communautaire et identitaire de la jeunesse franco-ontarienne, la FESFO constate un lien direct entre le bien-être des filles, leurs relations avec leurs pairs, leur engagement et la prospérité économique.
Afin d'accompagner les filles dans leur développement identitaire et d'aider à leur prise en charge, la FESFO offre depuis plus de 20 ans des ateliers de sensibilisation en français tels qu'« Affirmation de soi », qui a été développé par et pour les filles franco-ontariennes et qui a pour objectif de créer un climat positif et de confiance favorisant les discussions portant sur les différentes réalités vécues par les adolescentes.
Ces ateliers permettent aux participantes de mieux déterminer et formuler leurs limites personnelles, en les outillant par diverses techniques d'affirmation, en plus de créer un réseau de jeunes femmes qui pourront sensibiliser leur entourage et favoriser l'implantation d'une culture de relation d'aide. Ces ateliers valorisent aussi les expériences uniques de chacune des participantes, en plus de les ressourcer pour apporter un changement concret à leur vie personnelle.
Les ateliers sont animés par des animatrices du réseau d'animation expérimentées et sensibilisées aux enjeux en matière de condition féminine, dont la violence faite aux femmes. Ces animatrices représentent d'ailleurs des modèles accessibles francophones pour les filles participant aux ateliers.
Les filles suivant les ateliers d'« Affirmation de soi » ont vite constaté le besoin de travailler avec les garçons afin de contrer la violence faite aux femmes et d'assurer une place équitable aux femmes dans la société. Pour répondre à ce besoin, la FESFO a développé les ateliers « Faut qu'on s'parle », qui ont pour objectif de permettre aux élèves de passer une journée en groupe mixte pour discuter de la violence faite aux femmes dans leur communauté et promouvoir les relations saines et égales entre hommes et femmes.
Les participantes et les participants arrivent à faire partie de la solution plutôt que du problème. Ils et elles travaillent en groupe à préparer une intervention pour les autres élèves de l'école afin de faire connaître le défi que présente la violence dans leur environnement et les pistes de solutions que le groupe a fait ressortir au courant de la journée. L'atelier permet aux garçons et aux filles de discuter de relations saines, et répond au besoin d'inclure les garçons dans la discussion sur la prise en charge des filles.
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Dans le cadre des activités énoncées par Geneviève, des consultations et de la programmation générale de la FESFO au cours des dernières années, certains messages ont retenti clairement. Voici cinq recommandations que la FESFO présente au comité aujourd'hui.
Premièrement, il est nécessaire d'assurer un espace pour se réunir entre filles. C'est dans ces moments qu'elles ont la chance de discuter en toute confiance des enjeux qui leur tiennent à coeur, de partager les défis qu'elles rencontrent dans leur vie de tous les jours et de développer des réseaux d'appui vers lesquels elles pourront se tourner par la suite.
Tout cela permet la prise en charge des filles, leur offrant l'occasion de réaliser la place qu'elles ont à prendre dans leur milieu ainsi qu'un appui afin de mieux la définir, l'évaluer et l'améliorer. Enfin, cela permet de s'assurer que les solutions et pistes futures imaginées sont réellement par et pour les filles.
Deuxièmement, il est important de présenter des modèles accessibles de femmes qui peuvent inspirer les filles à croire en elles-mêmes, à valoriser les divers aspects de leur personne et à vouloir participer de façon active au monde de leur entourage. En étant exposées à une variété de femmes actives dans divers domaines, démontrant une prise en charge et leur contribution au bien-être de la société, les filles peuvent prendre conscience de leur potentiel en étant chargées de leur bien-être personnel, mai aussi de leur rôle comme agentes de changement aujourd'hui.
Troisièmement, il faut reconnaître que les garçons font partie de l'équation et de la solution. Bien qu'il demeure essentiel d'avoir des espaces seulement pour les filles, ces mêmes filles reconnaissent le besoin de savoir que leurs collègues garçons font partie de la solution.
Dans l'esprit de la Charte des droits des élèves franco-ontariennes, des auteurs mentionnaient qu'il est nécessaire d'avoir des moments de sensibilisation, de discussion et d'action conjointe avec les garçons. D'ailleurs, dans les ateliers mixtes sur les relations saines, les filles apprécient beaucoup d'avoir l'occasion de parler de violence faite aux femmes avec les garçons afin de leur faire savoir comment elles se sentent et ce qu'elles considèrent comme de la violence, et de trouver des solutions ensemble. Il est important qu'elles parlent de solutions par et pour les jeunes.
Quatrièmement, lors des multiples consultations de la fédération, la jeunesse franco-ontarienne a réitéré la nécessité d'avoir des formations au sujet de la littératie financière en français. C'est important pour elles de se sentir outillées et d'avoir accès aux ressources leur permettant de continuer à contribuer à leur plein potentiel à l'extérieur des murs de l'école et une fois sorties du secondaire. Elles sont conscientes que l'aspect financier est crucial pour leur permettre d'arriver à une pleine participation démocratique, sociale et économique.
En dernier lieu, il est primordial d'élargir et de développer les programmes qui visent à réduire le harcèlement à caractère sexuel. La pleine participation des jeunes filles à la vie démocratique, sociale et économique est étroitement liée à la capacité de prise en charge et aux obstacles que pose la violence faite aux femmes.
Pour ce faire, il est important de reconnaître et...
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Merci, madame la présidente.
Merci en particulier à nos deux invitées. C'est avec grand plaisir que je vous ai écoutées.
Je vais revenir sur ce qu'on dit les deux témoins précédents et le relier à une question très précise pour vous deux.
Un des témoins précédents a dit que souvent, les femmes réussissent parce qu'elles sont résolues à réussir ou ont la volonté de réussir. Au cours de cette même discussion, les témoins ont également mentionné — j'ai la citation ici — que dans bien des cas, les femmes estiment que les efforts ou le sacrifice nécessaire pour réussir sont trop importants, et qu'elles abandonnent.
Je vais faire le lien avec mon exemple personnel. J'ai été candidate trois fois pour mon parti politique, le Parti conservateur, lors de trois élections. J'ai fait campagne pendant six années consécutives. J'ai fait d'énormes sacrifices. Au cours des 10 dernières années, j'ai renoncé à la plupart de mon temps et des vacances chez mon employeur précédent et les ai consacrés à la politique. On pourrait donc dire que je suis motivée dans ce cas particulier.
En vous regardant et en écoutant vos exposés aujourd'hui en tant que témoins devant ce comité, il est évident que vous êtes de jeunes femmes motivées. Je suis un peu plus âgée, mais je pense que nous avons la même volonté de réussir et de faire une réelle différence dans la vie des femmes canadiennes.
Ma question est la suivante. L'objectif de cette étude est la prospérité économique et l'habilitation des jeunes filles pour qu'elles assument des rôles de responsabilité. Pourquoi certaines femmes veulent-elles réussir tandis que d'autres abandonnent? Qu'est-ce qui les motive, selon vous? Quel message Condition féminine Canada peut-elle donner, dans le cadre de ses projets, etc., aux jeunes filles pour qu'elles soient plus nombreuses à vouloir réussir comme nous?