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Merci beaucoup et je présente toutes mes excuses à notre témoin. Je n'en aurai que pour deux ou trois minutes et nous pourrons peut-être vous remettre ce temps à la fin, puisque nous avons réservé une heure pour la deuxième partie de la séance.
J'invoque le Règlement au sujet d'une motion que j'ai soumise au comité lors de notre dernière réunion. C'était la confusion la plus totale après que la secrétaire parlementaire a proposé de lever la séance, et j'estime qu'il convient de préciser ce qu'il en est.
Je remercie nos témoins, mais c'est une affaire qui, selon moi, est de la plus haute importance, puisqu'elle porte atteinte à l'impartialité et au sérieux de cette étude et, par voie de conséquence, à nos responsabilités et devoirs constitutionnels de députées. En qualité de membre de ce comité et de porte-parole de mon parti en matière de condition féminine, j'ai déposé une motion qui vise simplement à inviter la sergente d'état-major de la GRC, Caroline O'Farrell, à venir témoigner devant le comité dans le cadre de notre étude sur le harcèlement sexuel dans les milieux de travail fédéraux.
À l'intention de ceux qui ne sont peut-être pas au courant, sachez que la sergente d'état-major Caroline O'Farrell a été l'une des premières femmes à devenir membre du Carrousel. Malheureusement, à 100 reprises au moins après avoir intégré cette formation, la sergente d'état-major O'Farrell a été sujette à du harcèlement, à des agressions et à de l'intimidation en milieu de travail. Beaucoup de ces événements ont été constatés de visu, documentés et même enregistrés par ses camarades gendarmes et par des gradés de la GRC.
Cela est en partie consigné dans le document que j'ai remis à la greffière aux fins de circulation aujourd'hui et lors de notre dernière réunion. Le commissaire de la GRC a déclaré que, malheureusement, cette affaire date. Je trouve très décevant, pour ne pas dire choquant, que le grand patron de notre police nationale fasse une telle déclaration au sujet d'une affaire caractérisée par une multitude de violations. Cela en dit malheureusement long sur le triste état de ce qui fut jadis une icône de la culture et des valeurs canadiennes.
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Quand j'ai soulevé cette question, la secrétaire parlementaire a immédiatement déposé une motion de suspension des débats qui a eu pour effet de reléguer la mienne au second plan. J'ai dit cependant que j'allais la resoumettre. Je juge particulièrement important de le faire aujourd'hui étant donné que la séance du Sous-comité sur le programme et la procédure qui devait avoir lieu aujourd'hui vient d'être annulée. Je n'aurai donc pas la possibilité de parler de cette affaire au sous-comité et je me dois de déposer ma motion en comité plénier.
Avant de le faire, je voulais donner plus de renseignements aux membres du comité afin d'amener la secrétaire parlementaire et les membres du côté gouvernemental à se rendre compte à quel point cette affaire est grave. Cela étant, j'aimerais déposer des photocopies du hansard, que j'ai remises à la greffière, pour les journées des 14 et 27 juillet. Ce sont les dates auxquelles le a réclamé une première enquête indépendante dans l'affaire de la sergente d'état-major O'Farrell. Comme je m'attends que mes collègues du côté gouvernemental souhaitent en traiter à huis clos, je dois dire que ce n'est pas simplement une question qui concerne les affaires du comité et qu'il n'y a pas lieu d'en traiter derrière des portes closes. C'est pour cela que je fais ce rappel au Règlement.
J'exhorte les membres du comité à réfléchir à cela et à se comporter en conséquence. Cette affaire traîne depuis 25 ans, mais nous avons aujourd'hui la chance de nous y attaquer. Ce n'est pas ce qui se dit devant le tribunal civil qui nous intéresse, c'est l'activité criminelle qui a eu lieu à l'époque et qui, malheureusement, se poursuit. J'estime impératif que les membres du comité de la condition féminine et les députées que nous sommes aient la possibilité d'entendre ce que pourrait nous dire la sergente d'état-major O'Farrell, dans le cadre de notre étude. Il est important que nous puissions nous prévaloir de cette possibilité. Comment pourrions-nous mener une étude d'une telle importance sans avoir la chance d'entendre le récit d'une personne qui, il y a 25 ans, a cherché, en vain, à obtenir justice, parce que contrairement à ce qu'elle a demandé, aucun gouvernement ne l'a aidée en ce sens. Ce n'est pas une question d'argent, ce n'est pas une affaire au civil. Il s'agit d'une activité criminelle qui remonte à cette époque et qui n'a jamais été jugée devant une cour pénale, ce qui aurait sans doute dû être le cas.
Je demande que nous traitions de cette affaire maintenant, puisque nous avons le temps, et que nous redonnions à nos témoins actuels, à la fin de la séance, le temps que nous allons leur retirer maintenant, étant donné que nous avons réservé une heure complète pour la deuxième partie.
Nous retournons donc à notre ordre jour. Nous recevons aujourd'hui cinq témoins.
Mesdames, merci de prendre part à notre séance d'aujourd'hui.
Nous recevons tout d'abord, du Fonds d'action et d'éducation juridiques pour les femmes, Mme Kim Stanton, directrice juridique, Mme Ainslie Benedict, associée chez Nelligan O'Brien Payne s.r.l., et Mme Alison McEwen.
Je vous remercie d'être parmi nous.
Par ailleurs, nous entendrons par vidéoconférence deux représentantes du Barreau du Haut-Canada: Mme Josée Bouchard, conseillère principale, équité, ainsi que Mme Ekua Quansah, avocate adjointe, toutes deux du Service de l'équité.
Chaque groupe de témoins disposera donc d'un maximum de 10 minutes pour faire ses remarques d'ouverture. Quand les deux groupes auront terminé, nous passerons à la période des questions et réponses.
Nous commençons par les représentantes du Fonds d'action et d'éducation juridiques pour les femmes.
Mesdames, vous disposez d'un total de 10 minutes. La parole est à vous.
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Bonjour, madame la présidente, et bonjour aux membres du comité. Le Fonds d'action et d'éducation juridiques pour les femmes se réjouit d'avoir la possibilité de paraître devant votre comité ce matin.
Le FAEJ est un organisme national qui se consacre à la promotion de l'égalité réelle des femmes par des actions en justice, des recherches et des activités d'éducation populaire. Il est intervenu dans plus de 150 affaires portant sur l'égalité réelle depuis sa fondation en 1985, en tant que spécialiste reconnu des questions relatives à l'inégalité et à la discrimination subies par les femmes. Son engagement envers l'égalité réelle vise à aplanir les inégalités subies par les femmes qui font l'objet de discrimination pour de multiples motifs qui se recoupent, notamment la pauvreté, l'identité autochtone, l'invalidité, la race, l'orientation sexuelle et la religion.
Le FAEJ est intervenu dans la cause Janzen c. Platy Enterprises qui fait jurisprudence et dans laquelle le juge en chef Dickson cite un passage du mémoire du FAEJ où il est dit que le harcèlement sexuel est une forme de discrimination fondée sur le sexe, car il prive les femmes de l'égalité des chances en matière d'emploi en raison de leur sexe. Le FAEJ continue de défendre les intérêts des femmes victimes de harcèlement sexuel en milieu de travail.
Le harcèlement au travail est un grave problème pour les Canadiennes. Parmi les quelque 200 000 participants au Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux de 2011 — je sais que d'autres témoins ont aussi parlé de cette enquête — 33 000 répondants, soit 17 p. 100, ont indiqué avoir été victimes de harcèlement au travail une fois au cours des deux dernières années et 12 p. 100 disent l'avoir été plus de deux fois pendant la même période. Seulement 31 p. 100 croyaient fermement que leur ministère ou organisme mettait tout en oeuvre pour créer un milieu de travail exempt de harcèlement.
Malheureusement, le sondage n'offre aucune donnée distincte sur le harcèlement sexuel, mais le FAEJ soutient que le harcèlement en milieu de travail comporte souvent un élément de discrimination fondée sur le sexe.
Le harcèlement a des répercussions négatives directes sur les employés qui en sont victimes, mais aussi sur leurs employeurs. Les employés victimes de harcèlement peuvent souffrir de problèmes physiques et psychologiques, comme de maux de tête, de toutes sortes de problèmes dus au stress, d'anxiété, du syndrome de stress post-traumatique et d'autres encore, autant de maladies qui les obligent à s'absenter du travail fréquemment et éventuellement à démissionner. Cette situation est évidemment lourde de conséquences sur le plan financier pour les particuliers dont la vie professionnelle peut être bouleversée.
Pour l'employeur, les conséquences sont une baisse de moral de l'ensemble de l'effectif, un roulement de personnel élevé et des pertes de temps énormes quand les employés doivent témoigner dans le cadre d'enquêtes.
Les gens ont du mal à se retrouver dans les actuelles formules de dépôt de plainte parce qu'ils ne savent pas vraiment où s'adresser. Il y a bien la Loi canadienne sur les droits de la personne qui confère à tout employé le droit à un milieu de travail exempt de harcèlement. Les employeurs sont tenus, par le Code canadien du travail, de se doter de mesures de lutte contre le harcèlement et ils doivent offrir une formation à cet égard. Les nouvelles lignes directrices du Conseil du Trésor en matière de harcèlement ont pris effet en octobre 2012. Cela s'est fait en consultation avec tous les syndicats de la fonction publique. En théorie, la politique semble efficace. Malheureusement, elle finira par poser les mêmes problèmes que ceux qu'on a toujours constatés, et je vais vous en parler.
L'application de la politique est préoccupante. Aux termes de la nouvelle politique, il appartient encore aux victimes de harcèlement de déposer une plainte. Comme le comité l'a entendu, dans beaucoup de milieux de travail fédéraux, les choses sont encore difficiles, car il existe une culture organisationnelle qui décourage fortement les femmes de porter plainte. C'est cette même absence de désir ou de possibilité de porter plainte qu'on retrouve dans bien des lieux de travail et pas seulement les plus notoires.
Peu importe la qualité de rédaction des politiques, elles demeureront inefficaces tant que leur application reposera sur la présentation des plaintes à l'interne auprès d'un superviseur qui a peut-être contribué au climat de harcèlement — et qui a peut-être un lien, éventuellement d'amitié, avec le harceleur — et il sera toujours très délicat pour une plaignante de porter plainte pour harcèlement, surtout si elle s'attend à ce qu'elle ne soit pas traitée de façon équitable.
Même lorsqu'un processus interne de règlement de plaintes est enclenché, les plaignantes reçoivent rarement le soutien et l'information dont elles ont besoin, car on ne les informe pas des mesures prises ou des résultats de l'enquête.
Il n'existe pas de recours pour les plaignantes, pas de solution parfaite. Le meilleur scénario est celui où la plainte est retenue et où le harceleur se voit infliger des mesures disciplinaires. Selon le niveau de harcèlement, il arrive souvent que le harceleur reste dans le milieu de travail laissant la plaignante intimidée et vulnérable. Justice n'est pas faite et, en règle générale, la plainte n'améliore pas la situation.
Et l'on voit réapparaître le même schéma pour la plaignante — le harcèlement du passé et le harcèlement actuel donnent souvent lieu à des symptômes persistants qui forcent l'employée à démissionner, voire à mettre un terme à sa vie professionnelle. C'est donc dire que, même dans les milieux de travail considérés comme « toxiques », les processus existants ne garantissent pas qu'on cherche à enrayer le harcèlement. Ainsi se perpétuent les inégalités.
À l'heure actuelle, le seul processus faisant appel à un tiers, qui semble être une solution mais qui ne l'est pas, est celui du Tribunal canadien des droits de la personne. Malheureusement, les procédures sont lourdes et fastidieuses. Il s'agit d'une procédure en deux temps. D'abord, les plaignants doivent se présenter devant la commission qui manque cruellement de ressources. En 2011, elle n'était constituée que de deux commissaires à temps plein et de trois autres à temps partiel. Cette année-là, elle a été saisie de 1 914 plaintes potentielles dont 129 ont été renvoyées au tribunal. La commission fait donc office de filtre qui ne laisse passer qu'un très petit nombre d'affaires.
La commission étudie également les autres recours possibles pour le plaignant. S'il y en a, le plaignant n'a pas d'autre choix que de s'en prévaloir. La commission n'est donc pas une véritable solution de recours pour les employés fédéraux. Le tribunal n'est, pour l'instant, pas mieux loti. À l’heure actuelle, le tribunal est formé d’un président par intérim, d’un membre à temps plein et de sept autres à temps partiel. En 2012, le tribunal n'a rendu que 30 décisions.
Comment améliorer le système? Le plus grand problème tient au fait que la personne doit s'adresser à sa propre hiérarchie, même après des décennies de harcèlement. Il conviendrait de mettre en place un mécanisme qui permettrait aux femmes de parler de leurs griefs, de découvrir les correctifs possibles et même les recours s'offrant à elles, ainsi que les écueils, les délais à envisager et les répercussions éventuelles. Il faudrait aussi la rassurer que sa vie professionnelle ne prendra pas fin si elle porte plainte. Ce sont les vrais obstacles à l'heure actuelle.
Les plaignantes devraient pouvoir recourir à un tiers. Je crois savoir que les prochains témoins, ceux du Barreau du Haut-Canada, vous parleront d'un nouveau modèle, celui de l'accès direct, qui est appliqué dans le milieu juridique. Il ne sera pas forcément applicable dans ce cas de figure, mais il n'en est pas moins un concept intéressant. Il confère un degré de liberté qui n'existe actuellement pas, même après la refonte de la politique du Conseil du Trésor.
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Madame la présidente, membres du comité, je vous remercie de nous avoir invitées à participer à votre rencontre.
Je veux aussi remercier les représentantes du Fonds d'action et d'éducation juridiques pour les femmes d'avoir présenté de l'information importante sur les répercussions du harcèlement sexuel, surtout sur les femmes. Je ne répéterai pas leur présentation. Je veux ajouter, en fait, à ce qu'elles ont dit.
[Traduction]
Je vais passer à l'anglais, mais je me ferai un plaisir de répondre à vos questions en français ou en anglais.
Permettez-moi de vous parler un peu du Barreau du Haut-Canada, de ce que nous faisons et de ce que fait notre service d'équité. Je vous entretiendrai d'un guide que nous avons élaboré et qui traite de la prévention du harcèlement, de la discrimination et de la violence en milieu de travail, et plus important encore, je vous parlerai de notre modèle que les représentantes du Fonds d'action et d'éducation juridiques pour les femmes vous ont mentionné, c'est-à-dire notre Programme de conseil juridique en matière de discrimination et de harcèlement qui est plutôt innovant. Même s'il existe depuis 1999, il demeure très efficace.
Le Barreau du Haut-Canada est l'organisme qui réglemente les juristes de la province, c'est-à-dire les avocats et les parajuristes. Nous comptons 44 400 avocats en Ontario et environ 5 000 parajuristes. Notre Service d'équité a été créé en 1997, ou peu après, en vue de promouvoir l'équité et la diversité au sein de la profession juridique. Une partie de notre travail consiste à élaborer des politiques modèles à l'intention du personnel du milieu et de produire des documents de recherche pour nos membres afin qu'ils puissent, à leur tour, promouvoir l'équité et la diversité.
En janvier 2012, dans le cadre de notre mandat, nous avons publié un guide sur le thème de la prévention du harcèlement, de la discrimination et de la violence en milieu de travail. Ce guide fournit aux employeurs du milieu juridique des exemples de politiques pour la profession. Les cabinets peuvent se servir de ce guide et des politiques modèles pour élaborer leurs propres outils. Nous savons que c'est ce qu'ils ont fait. Le guide propose aussi des procédures à mettre en place dans les cabinets d'avocats pour traiter des problèmes de harcèlement et de discrimination.
Nous constatons maintenant que le Conseil du Trésor vient d'adopter une politique et des procédures en matière de harcèlement sexuel, ce qui constitue un excellent premier pas. Notre guide propose d'autres pratiques pouvant être mises en œuvre pour régler les problèmes de harcèlement en milieu de travail ou pour les éviter. Nous estimons que ces politiques devraient s'appliquer non seulement à l'ensemble des employés, mais aussi aux clients ou consommateurs dans leurs relations avec des employés. Comme les employeurs ont pour responsabilité de veiller à ce que le milieu de travail soit respectueux, il convient également de veiller au bon comportement des personnes extérieures.
Nous insistons, par ailleurs, sur le fait que tous les superviseurs ou toutes les personnes en situation d'autorité ont la responsabilité de régler les situations de harcèlement ou de harcèlement sexuel en milieu de travail, que ce soit de façon officieuse ou officielle. Nous estimons qu'il faut inclure des procédures permettant de traiter les plaintes, formelles et informelles, dans le cas de harcèlement sexuel. Les processus formels devraient prévoir la possibilité de nommer une partie neutre ou un médiateur.
Nous estimons aussi que les plaignants devraient être mis au courant des autres recours s'offrant à eux, y compris la possibilité de déposer une plainte auprès de la Commission canadienne des droits de la personne. Je sais que le FAEJ vous a parlé des difficultés concernant la commission et, même si nous ne contredisons pas ces deux témoins, nous croyons que les plaignants devraient pouvoir porter plainte de multiples façons. La responsabilité de l'employeur, qui est de se pencher sur les problèmes de harcèlement sexuel, n'est pas affaiblie si le plaignant suit une avenue de recours externe.
Il est de bonne pratique de communiquer les politiques à tous les employés, mais aussi de veiller à leur offrir des programmes de formation en matière de harcèlement et de discrimination.
Je veux vous parler maintenant de notre programme de conseil juridique en matière de discrimination et de harcèlement qui a été adopté en 1999, et qui s'avère extrêmement efficace pour la profession légale. Dans le cas des procédures concernant le harcèlement sexuel, le mieux est de veiller à ce que les plaignants disposent de plusieurs voies de recours. On peut nommer des conseillers internes chargés de prodiguer des conseils confidentiels aux employés.
Le Service de conseil juridique en matière de discrimination et de harcèlement est un programme indépendant, mis sur pied pour conseiller les membres du public, les avocats et les parajuristes qui ont été la cible de harcèlement et de discrimination de la part d'avocats ou de parajuristes.
En réalité, ce programme joue un rôle qui s'apparente à celui de protecteur du citoyen. Par conséquent, le CJDH, car c'est le sigle qui désigne le Service de conseil juridique en matière de discrimination et de harcèlement, aide confidentiellement quiconque a ressenti de la discrimination ou du harcèlement de la part d'un avocat ou d'un parajuriste. Et ce service est offert gratuitement à toute personne de l'Ontario qui peut avoir été victime de harcèlement ou de discrimination de la part d'un avocat ou d'un parajuriste.
Le programme est financé par le Barreau. Il coûte environ 150 000 $ par année et il fonctionne séparément et indépendamment du Barreau. C'est donc vraiment un programme sans lien de dépendance, car nous croyons que dans le cas contraire, il ne serait pas aussi efficace.
La conseillère actuelle est Cynthia Petersen, une avocate très chevronnée de l'Ontario, qui jouit d'une excellente réputation et qui possède une très grande expérience des questions d'égalité et de harcèlement sexuel. Par ailleurs, elle est bilingue et fournit ses services en français et en anglais. Nous avons également deux conseillers substituts, Lynn Bevan et David Bennett, qui assurent les services en l'absence de Cynthia. Ils travaillent à temps partiel. Ils travaillent à partir de leurs bureaux et facturent le Barreau mensuellement.
Que font-ils? Généralement, les conseillers en matière de discrimination et de harcèlement déterminent quel est le problème. Si quelqu'un vient les consulter, ils établissent la nature du problème. Ils clarifient les faits avec l'intéressé et proposent des solutions, que ce soit le dépôt d'une plainte auprès du Barreau pour manquement aux règles de déontologie ou le recours au Tribunal des droits de la personne, dans le cas de l'Ontario.
Le CJDH n'enquête pas sur les plaintes. Il est néanmoins mandaté pour mener une médiation ou résoudre les problèmes informellement. Nous constatons que c'est un des rôles dans lesquels il a le plus de succès. Il règle un certain nombre de problèmes de façon confidentielle et informelle. Le CJDH offre également des programmes éducatifs et aide les cabinets d'avocats à établir leurs propres procédures et politiques si nécessaire.
Pour conclure, je vais vous fournir quelques renseignements statistiques émanant de la conseillère en matière de discrimination et de harcèlement. Elle présente un rapport au Barreau tous les six mois. Ce rapport contient des données statistiques sur le nombre et la nature des cas qui lui ont été soumis. En 2012, elle a produit un rapport portant sur une période de neuf ans allant de janvier 2003 à décembre 2011. Au cours de cette période, elle a reçu environ 515 plaintes contre des avocats, trois plaintes contre des stagiaires en droit et depuis 2008 — l'année où le Barreau a commencé à réglementer les parajuristes —, elle a reçu environ six plaintes contre des parajuristes.
Ce qu'il y a d'intéressant à signaler au sujet de ces plaintes, c'est qu'à peu près la moitié, ou plus de la moitié, émanaient de femmes. Nous savons donc que ce service est particulièrement important pour les femmes. Environ la moitié des plaintes concernaient la discrimination sexuelle et la moitié de ces plaintes concernaient le harcèlement sexuel.
La discrimination sexuelle est, en fait, le sujet le plus fréquent des plaintes que reçoit le CJDH et environ 87 p. 100 des plaintes pour harcèlement sexuel ou discrimination sexuelle que reçoit la conseillère émanent de femmes. Un certain nombre de plaintes qui n'émanent pas de femmes…
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Merci, madame la présidente, et je remercie particulièrement nos témoins d'aujourd'hui.
Nous avons certainement accompli beaucoup de travail dans ce domaine et je suis convaincue que les gens doivent avoir l'assurance qu'ils peuvent aller travailler, chaque jour, en étant respectés et à l'abri de tout harcèlement sexuel.
Ma question s'adresse d'abord au FAEJ. Votre organisme intervient dans les causes portées devant les tribunaux, mais il donne également accès à des outils éducatifs et à des programmes de formation pour les adolescents dont certains portent sur le harcèlement sexuel en milieu de travail. Quand Postes Canada a comparu devant nous au début de notre étude, on nous a dit qu'après une grande campagne de sensibilisation, on avait constaté une augmentation du nombre de plaintes pour harcèlement au travail, mais pas du nombre d'incidents de harcèlement. Ce phénomène a été suivi d'une diminution graduelle et constante du nombre de plaintes.
Nous avons tiré deux enseignements de cet exemple. Premièrement, les campagnes de sensibilisation peuvent avoir un effet important sur la dénonciation du harcèlement sexuel au travail et, deuxièmement, il ne faut pas se fier entièrement aux chiffres, car des chiffres plus élevés peuvent révéler le désir de résoudre ces questions par les voies existantes.
Pourriez-vous parler des répercussions des campagnes de sensibilisation sur la déclaration des incidents de harcèlement en milieu de travail?
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C'est là que réside la difficulté. Comme vous l'aurez sans doute remarqué dans notre mémoire, et peut-être en entendant des témoins précédents, nous n'avons plus de chiffres sur lesquels nous pouvons nous fier quant à l'incidence du harcèlement sexuel dans les divers milieux de travail.
Nous avons l'étude de Corrections Canada, que nous avons citée, je crois, qui a demandé aux gens s'ils avaient été victimes de harcèlement sexuel et cela a fourni certains chiffres. Le Barreau… a pu établir le nombre de plaintes pour harcèlement sexuel. Néanmoins, en général, nous n'avons pas de données quantitatives sur le nombre d'incidents de harcèlement sexuel, au départ, et les changements qui se produisent dans les milieux de travail où une formation a été dispensée.
Je regrette de ne pas pouvoir vous fournir ces chiffres. Je peux vous dire, par contre, que nous invitons certainement les organisations à offrir une formation, car nous croyons que dans l'ensemble, elle contribue à réduire, avec le temps, la culture du harcèlement en milieu de travail.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Bienvenue à tous nos témoins.
C'est un grand plaisir de revoir les représentantes du FAEJ. J'appuie depuis longtemps le travail que vous avez accompli, au cours de mes nombreuses années en politique. J'ai entendu vos opinions sur différents sujets.
Je me suis intéressée de près aux préoccupations concernant le harcèlement sexuel et l'intimidation à la GRC qui, malheureusement, ternissent sans aucun doute la réputation d'une institution emblématique que tous les Canadiens admirent et respectent. Nous avons essayé de régler certains problèmes afin que des changements puissent être apportés et que les personnes qui choisissent ce genre de carrière — surtout les femmes — puissent le faire sans être intimidées et sans être considérées comme des fauteurs de troubles, etc.
La GRC a mis en place les meilleures politiques qui soient, en théorie, comme la majeure partie de la fonction publique fédérale, mais il ne semble pas que la plupart des plaintes soient portées devant les autorités compétentes. Ce n'est pas fait, parce que les victimes ne veulent pas être étiquetées ou mutées ailleurs. Pour ce qui est de s'adresser au Tribunal des droits de la personne, je ne pense pas que ce soit le bon endroit pour régler ce genre de questions, surtout dans le milieu de travail fédéral.
Dans votre mémoire, vous parlez d'un processus de plaintes faisant appel à des tiers, ce qui m'intéresse. Pourriez-vous nous expliquer comment cela pourrait fonctionner de façon positive? Quelles en seraient les conséquences négatives? Je peux seulement voir les effets positifs, mais je suis sûre que cela doit poser certains autres problèmes. Pourriez-vous nous en parler un peu plus?
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Le FAEJ ne propose évidemment pas un modèle particulier. Nous nous contentons de mettre en lumière les problèmes existants. Néanmoins, l'effet positif que cela pourrait avoir serait que dès que vous supprimez l'obstacle qui empêche la dénonciation et qui est le risque de voir sa carrière détruite… De nombreuses personnes portent plainte en toute connaissance de cause. Elles se disent: « Comme je n'en peux plus et que cela ruine ma santé, je vais tout divulguer ».
Par conséquent, si l'on a un mécanisme, un modèle neutre faisant appel à un tiers — peut-être pas un modèle d'arbitrage, même si cela se termine généralement par un arbitrage, en tout cas dans les procédures officielles — un mécanisme auquel on pourra avoir accès rapidement, avant que la santé et la carrière d'une personne ne soient trop dévastées, la situation s'améliorera. Si ce mécanisme existe, le public en général sera mieux sensibilisé. Il sera éduqué. Le climat changera et il doit changer. Bien entendu, la GRC est le meilleur exemple qui soit. Si vous êtes régulièrement en première page des journaux, le climat changera.
J'ai trouvé encourageant ce que le Barreau a dit, à propos des statistiques, si vous lisez son mémoire, au sujet des avocats du sexe masculin qui dénoncent l'inconduite d'autres avocats du sexe masculin. Cela correspond à ce que j'ai dit au sujet des exigences sur le plan de la santé et de la sécurité au travail selon lesquelles l'obligation d'avoir un milieu de travail sûr et exempt de harcèlement incombe à tous. Si les femmes sont libres de parler, de se plaindre du harcèlement et si leurs collègues du sexe masculin se plaignent du harcèlement auquel se livrent d'autres collègues du sexe masculin, tous ces éléments, auxquels s'ajoute une tierce partie indépendante à laquelle les femmes peuvent d'abord s'adresser pour parler de leurs problèmes, renforceront le message. On ne tolérera plus que ces milieux de travail restent toxiques année après année.
Pour revenir sur ce que la personne dont vous avez parlé a vécu pendant 25 ans, beaucoup de gens étaient au courant du problème, mais n'ont rien dit. Plus il sera possible d'en parler, plus tout le monde comprendra que c'est inacceptable, les choses pourront changer.
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Merci de m'inviter à contribuer à votre étude du harcèlement sexuel dans les milieux de travail fédéraux.
Je voudrais commencer mon témoignage en me faisant l'écho d'une déclaration d'un témoin précédent, M. David Langtry, de la Commission canadienne des droits de la personne: « On n'aura donc jamais un portrait complet du problème à partir du nombre de plaintes déposées. »
Il ressort des recherches sur la dénonciation du harcèlement sexuel que les cibles de ce harcèlement réagissent de diverses façons, notamment par l'évitement et le déni, par exemple en interprétant ce comportement comme une plaisanterie; par l'adaptation sociale, par exemple en discutant du comportement en question avec des amis; par la confrontation et la négociation, par exemple en demandant au harceleur d'arrêter et enfin, par la recherche d'une protection, par exemple en déposant une plainte officielle.
Les résultats de ces recherches indiquent que de nombreuses cibles ont une réaction d'évitement et que rares sont celles qui portent plainte. Ces stratégies d'adaptation passive peuvent sembler étranges étant donné les conséquences négatives que subissent les cibles du harcèlement, par exemple un viol physique, des torts psychologiques, un manque de satisfaction au travail et un manque d'engagement envers l'organisation ainsi que la dégradation des relations de travail.
La recherche laisse entendre qu'à la suite d'un incident de harcèlement, les cibles jonglent avec des objectifs concurrents, à savoir leur désir de mettre fin au harcèlement et celui d'éviter des représailles de la part du harceleur et de préserver leur réputation et leur statut au sein du groupe de travail. De plus, les employés qui croient que leur organisation est très tolérante à l'égard du harcèlement sexuel croient qu'il est risqué de dénoncer ce genre d'incidents, que les plaintes ne seront probablement pas prises au sérieux et que les coupables n'auront pas à craindre de lourdes conséquences si leur harcèlement est dénoncé.
Même si les cibles de harcèlement ont tendance à s'abstenir de porter plainte, certaines d'entre elles le font. Il ressort des recherches que divers facteurs influencent la décision des cibles de harcèlement de chercher ou non une protection, par exemple en déposant une plainte.
Pour ce qui est des facteurs personnels, les cibles qui ont un haut niveau d'instruction, une expérience antérieure du harcèlement sexuel et un statut professionnel peu élevé sont davantage portées à défendre leurs droits. Pour ce qui est du harcèlement sexuel comme tel, les cibles ont davantage tendance à le signaler lorsque le harceleur est un superviseur, lorsqu'il y a des harceleurs multiples ou lorsque le harcèlement est coercitif, autrement dit, lorsque les conditions d'emploi dépendent de l'acceptation des avances sexuelles.
Compte tenu de ce qui précède, les efforts visant à mettre fin au harcèlement sexuel qui misent principalement sur les plaintes portées par les cibles ont peu de chance de réussir, car la plupart des cibles ne déclarent pas les incidents. Par conséquent, nous devons chercher d'autres moyens ou méthodes pour mettre fin au harcèlement sexuel.
Une méthode que j'ai étudiée est l'intervention des observateurs. Les observateurs sont les personnes qui constatent le harcèlement, mais qui ne prennent pas directement part à l'incident. Lorsque l'atmosphère de travail devient toxique, il arrive souvent que les personnes qui sont témoins du harcèlement pourraient prendre des mesures pour le faire cesser ou prévenir de futurs incidents.
Au cours de mes recherches, mon coauteur et moi avons conceptualisé des façons dont les observateurs de harcèlement sexuel pourraient intervenir, sous la forme d'une typologie incluant deux dimensions. L'une d'elles est l'intervention immédiate. Les observateurs peuvent réagir, soit pendant que l'incident de harcèlement sexuel se déroule, soit ultérieurement. La deuxième est le niveau d'intervention. Les observateurs peuvent réagir en préservant leur anonymat ou publiquement. Le croisement de ces deux dimensions donne quatre catégories d'interventions. Pour gagner du temps, je vais seulement mentionner quelques exemples d'interventions possibles de la part d'un observateur.
Les réactions qui pourraient être utiles de la part des observateurs de harcèlement sexuel consistent notamment à dire au harceleur de cesser son comportement, à dénoncer le harceleur à la direction, à interrompre l'incident — par exemple, en soustrayant la cible au début de harcèlement — ou à simplement soutenir la cible du harcèlement après qu'il a eu lieu.
En plus d'établir une typologie des interventions des observateurs, nous avons également élaboré un modèle d'intervention des observateurs dans des incidents de harcèlement sexuel à partir de recherches antérieures sur l'intervention des spectateurs. Avant d'intervenir, les observateurs doivent d'abord prendre conscience que la situation exige une intervention, déterminer s'ils ont la responsabilité d'intervenir, déterminer s'ils doivent agir immédiatement ou plus tard et déterminer le niveau d'intervention requis en fonction du coût net de leur intervention, tel qu'ils le perçoivent.
J'ai été très satisfaite d'apprendre que votre ministère de la Défense nationale incite ses employés à intervenir. Selon un témoin qui a comparu devant votre comité, Mme Jacqueline Rigg, du ministère de la Défense nationale, la politique et les lignes directrices du ministère indiquent que c'est non seulement la responsabilité de la personne qui se sent victimisée, mais aussi celle de quiconque observe le comportement en question. Les employés ont également la responsabilité de déclarer l'incident, de parler à la victime et de l'inciter à rapporter l'incident.
Dans le cadre de ma recherche, j'ai constaté que les observateurs sont davantage portés à reconnaître qu'une conduite est du harcèlement sexuel et à exprimer leur intention d'intervenir lorsqu'ils perçoivent un consensus social quant au fait que la conduite en question est du harcèlement sexuel et croient que le harcèlement sexuel est un problème d'éthique. Cela laisse entendre que la culture de l'organisation joue un rôle important dans le phénomène du harcèlement sexuel. Dans les organisations qui sensibilisent tous les employés, et pas seulement les cadres, au problème du harcèlement sexuel, la probabilité d'un consensus social quant au genre d'actes qui constituent du harcèlement sexuel est plus importante et les employés ont davantage tendance à considérer le harcèlement sexuel comme un problème d'éthique plutôt qu'un problème social ou personnel. Des études laissent entendre que les politiques et les actes de l'organisation influencent la prise de conscience du harcèlement sexuel chez l'observateur. Par exemple, les observateurs — surtout les hommes — qui travaillent dans des organisations où l'on dispense un programme de sensibilisation et de formation à l'égard du harcèlement sexuel ont plus tendance à considérer un comportement à connotation sexuelle comme du harcèlement sexuel que ceux qui travaillent dans les organisations où cette formation n'est pas donnée.
Une autre personne qui a témoigné devant le comité, M. Ross MacLeod, du Secrétariat du Conseil du Trésor, a mentionné qu'à son avis, c'est avant tout une question de culture. Il a dit que le respect à l'égard d'autrui découle de la culture. Le harcèlement découle du manque de respect. Si vous modifiez la culture et si vous créez un environnement de travail respectueux, vous constaterez des changements. Tel est le thème que nous poursuivons auprès des ministères sur cette question.
Les recherches sur le harcèlement sexuel appuient ce témoignage. Une méta-analyse de 41 études révèle une relation très solide entre le climat de l'organisation et le harcèlement sexuel. Les résultats de deux études sur les femmes dans le système judiciaire des États-Unis montrent que le harcèlement sexuel et l'incivilité au travail vont de pair en ce sens que presque toutes les femmes qui ont été victimes de harcèlement sexuel ont également été la cible d'incivilités. Ces études soulignent que le harcèlement sexuel se produit dans un contexte plus large d'abus et de manque de respect. Ce contexte est en partie le harcèlement sexuel ambiant qui s'apparente au concept de fumée secondaire en ce sens que les membres du groupe dans lequel travaille une cible, qui sont exposés indirectement au harcèlement sexuel, subissent des conséquences psychologiques négatives reliées à leur emploi qui sont similaires à celles que subit la cible du harcèlement sexuel.
C'est tout ce que j'avais à dire. Encore une fois, je tiens à vous remercier de me permettre de témoigner devant le comité.
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Permettez-moi de vous remercier de votre brillant témoignage. Les informations que vous nous avez communiquées sont d'autant plus utiles que les témoins précédents nous ont laissés avec un grand nombre de points d'interrogation. Merci, donc, de nous avoir apporté un certain nombre de réponses.
Je crains que notre comité ne soit victime d'une certaine désinformation quant aux précédents. On entend beaucoup parler, ces jours-ci, d'incidents appartenant au passé et qui sont remis sur le devant de la scène. Ces histoires sont rapportées par le public, ou encore par différents ministères fédéraux — étant donné, bien sûr, que notre étude traite du harcèlement sexuel dans les lieux de travail relevant du fédéral. Certes, nous nous en réjouissons car nous sommes opposés au harcèlement sexuel dans les lieux de travail fédéraux; il est donc bon qu'on en parle; cependant, je voudrais rappeler que certaines de ces affaires sont vieilles de 10 ou 15 ans et que les choses ont beaucoup évolué depuis, notamment pour ce qui est des processus mis en place dans le contexte fédéral.
Je tenais à faire cette distinction car cela risque de créer une certaine confusion lorsque vous répondez à nos questions.
Je tenais à vous dire que j'ai la plus grande estime pour votre travail et pour les études que vous menez dans ce domaine, et j'enchaîne en vous demandant si vous pensez que le gouvernement fédéral est dans la bonne voie.
Depuis que nous sommes au gouvernement, nous nous sommes fixé pour objectif à atteindre de façon déterminée, celui de la tolérance zéro dans les lieux de travail fédéraux. Donc, nous ne voulons pas que quiconque se sente harcelé sur des lieux de travail ou doive être le témoin d'un harcèlement. Vous avez dit clairement, je crois, que ce genre de comportement crée un environnement toxique, qu'il est très décourageant et qu'il induit toutes sortes de phénomènes de stress et d'autres risques en milieu de travail.
En deuxième lieu, nous devons élaborer et mettre en œuvre des politiques et des normes, et c'est là, selon moi, qu'intervient la notion de tolérance zéro au niveau fédéral. En troisième lieu, nous devons nous fixer des objectifs précis, et certains de vos travaux ont à ce propos une grande pertinence, notamment en ce qui a trait à la sensibilisation obligatoire, que vous avez évoquée.
Je vais donc décrire brièvement certaines des mesures prises par notre gouvernement et vous demander si vous avez des suggestions de mesures complémentaires qui pourraient être prises, puisque tel est l'objet de notre examen. Nous sommes à l'écoute de toute proposition nouvelle que vous pourriez faire à notre comité, car nous prenons cette question tout à fait au sérieux.
Donc, nous avons pris plusieurs mesures: le Conseil du Trésor a élaboré une politique applicable à tous les ministères fédéraux et à toutes les sociétés d'État; en deuxième lieu, nous avons prescrit une formation en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et de comportement respectueux sur le lieu de travail, et je pense d'ailleurs que vous avez souligné l'importance de ce volet; en troisième lieu, nous avons instauré des actions impulsées par la direction des organismes afin d'en modifier la culture; à ce propos, nous avons reçu des échos de la part de très grands ministères fédéraux confirmant que, lorsque la direction s'implique, cela entraîne un changement effectif de la culture du lieu de travail, puisque les dirigeants se font les champions de l'évolution dans ce milieu; en quatrième lieu, différentes démarches sont proposées pour le signalement des incidents, dont certaines officielles et d'autres officieuses; ainsi, certains ministères ont désigné de façon spécifique des conseillers en harcèlement sexuel, voire constitué des unités chargées des plaintes et de leur traitement. Toutes sortes de régimes de soutien ont été mis en place afin d'aider les employés et de les orienter, sans parler évidemment de l'assistance dans le domaine juridique.
J'ajoute que j'ai beaucoup apprécié votre insistance pour que l'on dépersonnalise la question, car je pense que nous devons vraiment faire passer l'idée qu'il s'agit d'un problème d'ordre social, ou encore lié au lieu de travail. Il est hors de doute que les harceleurs sont des personnes qui ont des problèmes du côté des femmes ou du pouvoir, et peut-être pourrions-nous approfondir ces aspects. Je suis également très favorable à votre idée selon laquelle les témoins ont la responsabilité de signaler un incident.
Par ailleurs, nous avons imposé des sanctions pour les responsables de harcèlement sexuel. Ainsi, la chose peut être mentionnée dans le dossier personnel de l'employé; en outre, nous essayons d'obtenir que l'on aille jusqu'au licenciement, mais là, nous nous heurtons à la résistance des syndicats, qui appuient généralement le harceleur; ceci, selon moi, est source de tensions dans le milieu de travail.
Puis-je savoir quel est votre sentiment sur les questions que je viens d'évoquer?
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D'accord, mais cela fait beaucoup.
Je crois qu'il faut avant tout mettre en place un régime prévoyant des sanctions disciplinaires à l'encontre des harceleurs, comme vous l'avez dit, qu'il s'agisse d'un avertissement sous forme verbale ou d'un licenciement.
Une fois que la formation a été reçue, il n'y a plus la moindre excuse. S'ils n'ont pas bénéficié de la campagne de sensibilisation, ils peuvent toujours dire qu'ils n'étaient pas au courant, qu'ils n'avaient pas compris que cela pouvait faire du tort à autrui. Mais une fois la formation reçue, il n'y a plus d'échappatoire. Par conséquent, si vous étendez la campagne de sensibilisation à toutes les personnes qui pourraient un jour se livrer à du harcèlement, cela peut être une bonne chose car, lorsqu'on se contente de sensibiliser la catégorie des dirigeants, il se peut que les bienfaits ne filtrent pas jusqu'à la base. À mon avis, il faut dispenser la formation à toutes les catégories de personnel, car nous devons arriver à la tolérance zéro.
S'agissant des interventions officieuses et…
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Désolée, madame Mathyssen, ceci n'est pas un rappel au Règlement.
Merci beaucoup d'avoir comparu devant nous aujourd'hui, madame Bowes-Sperry. Nous allons à présent vous libérer.
Passons maintenant, si vous le voulez bien, à la dernière partie de notre ordre du jour, à savoir les affaires du comité. Je souhaitais expliquer la raison pour laquelle j'ai inscrit les affaires du comité sur notre liste.
[Français]
La semaine dernière, Mme Sgro a proposé une motion afin d'inviter Caroline O'Farrell à comparaître devant nous dans le contexte de l'étude que nous menons actuellement. Le gouvernement a alors proposé d'ajourner le débat sur cette motion, en disant qu'il était prêt à peut-être reprendre le débat le mardi suivant.
Puisque nous sommes aujourd'hui mardi, le comité peut reprendre le débat sur la motion, s'il le souhaite. Je cherche actuellement à savoir si on veut ou non reprendre le débat.
Y a-t-il consentement unanime pour reprendre le débat sur cette motion?