:
Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Je remercie les membres du Comité de m'avoir invitée à discuter de l’enveloppe budgétaire de Condition féminine Canada inscrite au Budget principal des dépenses et au Budget supplémentaire des dépenses (C). Je tiens tout d'abord à vous remercier tous pour l'excellent travail que vous faites au nom des femmes et au sein du comité.
M'accompagnent aujourd'hui Suzanne Clement, la coordonnatrice et chef d'organisme de Condition féminine Canada, et Johanne Tremblay, notre dirigeante principale des finances.
[Français]
Notre gouvernement est déterminé à améliorer la vie des femmes et des filles dans leurs communautés, partout au Canada.
[Traduction]
J'ai le plaisir d'annoncer au comité que, depuis 2007, le gouvernement a financé plus de 600 nouveaux projets pour aider — par le biais du Programme de promotion de la femme de Condition féminine Canada — les femmes et les filles d'un bout à l’autre du pays. Je sais qu'il est important que vous sachiez que près de la moitié des fonds ont été consacrés à des projets luttant contre de la violence faite aux femmes et aux filles.
Nous avons aussi porté le financement du Programme de promotion de la femme à un niveau plus élevé que jamais. Et, comme vous l’avez vu dans le Budget principal des dépenses, nous maintenons ce niveau de financement.
J'ai aussi le plaisir d'informer le comité qu'au cours du prochain exercice, Condition féminine Canada continuera de concentrer ses efforts sur trois domaines prioritaires, à savoir: éliminer la violence faite aux femmes et filles; accroître la sécurité et la prospérité économiques des femmes; encourager les femmes à occuper des postes de responsabilité et à participer à la vie démocratique.
Nous sommes résolus à éliminer la violence faite aux femmes et aux filles. Nous agissons afin de protéger les femmes les plus vulnérables de notre société, notamment les immigrantes, les femmes qui vivent dans la pauvreté, de même que les femmes et les filles autochtones.
Au cours de la dernière année, Condition féminine a lancé un certain nombre d'appels de propositions qui visent à remédier au grave problème de la violence faite aux femmes. Ces appels de propositions ciblés ont également donné à Condition féminine Canada la possibilité d'agir sur de nouveaux enjeux prioritaires, d'élargir son champ d'action au pays, de nouer des liens avec de nouveaux organismes et d'avoir pu quelquefois adopter une approche nationale à l'égard de ces enjeux. Par exemple, à l’heure actuelle le gouvernement finance 21 projets qui visent à mettre fin à la violence envers les étudiantes sur les campus d'un bout à l’autre du pays. Ces projets s'attaquent à diverses formes de violence, y compris les agressions sexuelles et le harcèlement et sont novateurs en cela qu'ils sont gérés par les étudiants eux-mêmes.
Je voudrais aussi informer le comité de nos plus récents appels de propositions invitant les collectivités à unir leurs efforts dans quatre axes distincts pour résoudre le problème de la violence faite aux femmes et aux filles, soit: prévenir et réduire la violence faite aux femmes et aux filles dans les quartiers à risque; prévenir et réduire la violence faite aux femmes et aux filles au nom d'un soi-disant « honneur »; prévenir et réduire la traite des femmes et des filles grâce à la planification locale pour appuyer le plan d'action national visant à lutter contre la traite des personnes — 16 ministères participent au plan, notamment Condition féminine; et finalement, engager les hommes et les garçons à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles.
Ce n'est pas un hasard si, en 2013, le Canada a retenu le thème « Travaillons ensemble: engager les hommes dans l’élimination de la violence faite aux femmes » pour ses célébrations de la Semaine internationale de la femme. Un thème qui rejoint l'un de ces quatre axes d'intervention. Le gouvernement croit que la violence faite aux femmes est un problème qui a des répercussions sur l’ensemble de la population canadienne — femmes, hommes, filles et garçons. Par conséquent, nous devons tous contribuer à la solution.
Cette optique novatrice a non seulement conduit à un appel de propositions, mais a aussi déjà engendré des projets très excitants et très intéressants. Nous avons soutenu le travail mené à l’échelle nationale par la Campagne du ruban blanc, qui cherche à mobiliser les hommes et les garçons et, de façon plus générale, à sensibiliser la population pour éliminer la violence faite aux femmes et aux filles. Nous avons également uni nos efforts à ceux d'une association britanno-colombienne de lutte contre la violence faite aux femmes, Ending Violence Association of British Columbia, EVA BC, qui s'est lancée dans une campagne originale « Be More than a Bystander » faisant appel à des sportifs bien connus pour enseigner aux garçons que la violence faite aux femmes et aux filles est inacceptable.
En outre, le gouvernement a lancé récemment le site Web Fin à la violence faite aux femmes et aux filles, à l’adresse femmes.gc.ca/violence. On y trouve des informations sur ce sujet particulier. Je vous invite à le visiter et à le faire connaître au plus grand nombre de gens possible.
Nous avons à coeur d'éliminer la violence faite aux femmes, chez nous comme à l’étranger. Il y a deux semaines, j'ai dirigé la délégation canadienne à la session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies. Les discussions de cette session, à laquelle ont assisté beaucoup d'autres pays, ont porté sur l’élimination de la violence faite aux femmes et aux filles. J'étais l’hôte, avec les États-Unis et des organismes non gouvernementaux canadiens, de tables rondes sur la violence commise au nom d'un soi-disant « honneur » et sur l’engagement des hommes et des garçons dans la prévention de la violence.
Au sein du groupe visant l’engagement des hommes et des garçons dans la prévention de la violence, j'ai eu le plaisir d'avoir pour collègues la ministre responsable de la Situation de la femme au gouvernement du Manitoba et de nombreux ministres des provinces. Au cours de ces discussions, nous avons souligné les efforts du gouvernement du Manitoba et la campagne « Be more than a Bystander » des Winnipeg Blue Bombers. Le gouvernement manitobain et les Blue Bombers ont repris à leur compte le modèle innovateur d'EVA BC, que j'ai mentionné, pour engager les hommes et les garçons à prévenir la violence faite aux femmes et aux filles.
Le deuxième panel sur la violence commise au nom d'un soi-disant « honneur » a également été très productif et a enregistré un taux de participation élevé. Étaient présents des experts internationaux de Grande-Bretagne, des États-Unis et Aruna Papp du Canada, que beaucoup d'entre vous connaissent et qui était membre de la délégation canadienne.
Bien évidemment, le gouvernement a clairement établi sa position sur la question de la violence commise au nom d'un soi-disant « honneur ». En effet, notre nouveau Guide de la citoyenneté condamne cette violence de manière non équivoque. Nous sommes d'ailleurs les premiers à financer de manière expresse les groupes d'immigrantes au pays afin de leur permettre de trouver une solution à ce problème extrêmement complexe
Le gouvernement a aussi appuyé l’initiative ENGAGEONS-NOUS, mise de l’avant par ONU Femmes. Cette initiative demande aux États du monde entier de prendre part aux efforts déployés à l’échelle internationale pour mettre un terme à la violence faite aux femmes et aux filles.
[Français]
Notre gouvernement reconnaît que la sécurité des femmes va de pair avec la prospérité économique.
[Traduction]
Car l’insécurité économique empêche les femmes de mettre fin à des relations violentes et de quitter des quartiers dangereux et des logements insalubres. Elle empêche aussi les femmes et les filles de développer leurs compétences, de parfaire leur éducation et d'obtenir de l’avancement professionnel. C'est pourquoi Condition féminine Canada aide les femmes à accéder à des postes de responsabilité dans tous les secteurs de notre société et à renforcer leur sécurité économique. L'an dernier, nous avons justement lancé des appels de propositions en vue de projets conçus pour promouvoir l’accès des filles à des postes de responsabilité et pour améliorer la prospérité économique des femmes dans les collectivités rurales et éloignées.
De plus, conformément au Plan d'action économique de 2012, nous avons entrepris de mettre sur pied un conseil consultatif, composé de dirigeants des secteurs public et privé, afin de promouvoir la participation des femmes aux conseils d'administration d'entreprises. McKinsey and Company, le Crédit Suisse, Catalyst et d'autres l’ont clairement indiqué: en général, plus les entreprises comptent de femmes dans leur conseil d'administration, meilleurs sont leur rentabilité et leur rendement. Le conseil consultatif nous aidera à accroître le nombre de femmes cadres hautement qualifiées. De cette façon, nous mettrons en relief l’excellence et l’influence des Canadiennes en affaires.
Ces dirigeantes pourront aussi servir de modèles et de mentores, encourageant les jeunes femmes à acquérir la formation et les compétences dont elles auront besoin pour réussir et prospérer. De toute évidence, faire plus de place aux femmes dans les conseils d'administration est une bonne affaire autant pour les Canadiennes que pour l’économie du pays.
Donc, en ce qui concerne l’avenir, madame la présidente, le gouvernement demeure déterminé à éliminer la violence faite aux femmes, à accroître leur prospérité et à favoriser leur accession aux postes de responsabilité.
Cette année, vous l'avez sans doute remarqué, le Budget principal des dépenses attribue 29,6 millions de dollars à Condition féminine Canada. La majeure partie de cette somme sera consacrée aux subventions et contributions accordées dans le cadre du Programme de promotion de la femme. Le Budget supplémentaire des dépenses (C) montre un transfert de 83 333 $ provenant du ministère de la Justice. Ce transfert a pour objet de faciliter le financement d'un projet réalisé par le Centre d'expertise en agression sexuelle Marie-Vincent pour les victimes de cette forme de violence. Ce financement nous permettra d'allonger encore notre liste d'initiatives prometteuses qui contribuent à améliorer de façon concrète la situation des femmes et des filles dans toutes les régions du pays
[Français]
Merci, madame la présidente. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
[Traduction]
Merci beaucoup de votre attention et de m'avoir donnée l'occasion de vous faire part d'une partie du travail remarquable réalisé par Condition féminine Canada.
:
Bien sûr, si je le pouvais, j'accorderais la priorité à l'engagement des hommes et des garçons, car c'est l'une des questions sur laquelle nous nous sommes penchés plus particulièrement quand nous étions à l'ONU.
La première fois que nous sommes allés à l'ONU pour participer à une table ronde sur cette question, il y a eu un intérêt, mais honnêtement, pas très fort. Un an plus tard, Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l'ONU, a créé un comité spécial de dirigeants de sexe masculin du monde entier afin de mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles. Je pense que non seulement l'engagement des hommes et des garçons arrive à point nommé mais qu'il est essentiel. Par conséquent, j'étais vraiment ravie de constater les efforts qui ont été faits non seulement ici au Canada mais, bien sûr, dans le monde entier.
Nous avons l'intime conviction — et je crois que c'est également vrai pour tous les députés du comité et de la Chambre — que cette question nous concerne tous. En réalité, ce sont les hommes qui commettent les actes de violence contre les femmes et les filles, mais la majorité d'entre eux ne sont pas mauvais et ils veulent aider. Je pense que beaucoup d'hommes ne savent pas très bien comment participer à la lutte contre cette violence. Il est vraiment important de trouver les moyens de les faire participer au débat parce que ce sont des mentors, des pères, des époux, des frères. Ils ont de l'influence. Ils représentent la moitié de la population. Pour régler ce problème, nous avons besoin du plus grand nombre possible d'alliés.
Le mouvement des femmes a été à la pointe de ce combat depuis des décennies, et cela continuera, mais il faut que les hommes jouent un rôle plus actif. Il faut qu'ils prennent l'initiative et parlent de ces questions. S'ils sont les témoins d'un incident ou s'ils savent quelque chose, il faudrait qu'ils ne craignent pas d'en parler. Je pense que cela correspond très bien au travail entrepris par l'ONU et au vu des projets qui se présentent à Condition féminine, c'est quelque chose de vraiment important.
Je tiens aussi à souligner qu'il est important que dans ce genre de projets, les associations de femmes continuent d'avoir leur place. Nous ne voudrions pas perdre tout le travail remarquable qu'ont accompli les associations de femmes dans ce domaine. Elles en ont été les championnes et ont fait d'excellentes recherches. Ce sont elles aussi qui fournissent les services de première ligne.
Nous avons donc structuré l'appel de propositions de façon à ce que les groupes d'hommes, s'il y en a, ou des organisations comme l'UCJG, par exemple, qui pourraient vouloir travailler sur des projets le fassent en collaboration avec des organisations de femmes. Je pense que c'est important pour établir le dialogue que nous voulons voir s'établir.
Je dirais qu'il y a beaucoup de projets en cours. J'ai mentionné EVA en Colombie-Britannique. Le projet vedette entrepris par AVE BC en collaboration avec les BC Lions s'appelle « Be More Than a Bystander ». Dans le cadre de ce projet, des modèles de rôle du football ou des athlètes se rendent dans des écoles pour parler aux filles et aux garçons, mais surtout aux garçons dans le but de mettre fin à la violence faite aux femmes. L'idée est nouvelle. Il s'agit d'hommes que les garçons admirent et écoutent quand ils viennent dans leur salle de classe.
Ce projet a inspiré un autre programme au Manitoba réalisé par le gouvernement de cette province et les Blue Bombers.
L'objectif est d'établir le dialogue et de présenter des idées novatrices.
À Brantford, en Ontario, le foyer pour femmes battues Nova Vita a un projet dirigé par un homme dont le but est d'engager des étudiants des deux sexes à mener une campagne de sensibilisation de la violence au foyer contre les femmes et les filles.
Il y a aussi à London, en Ontario, l'initiative « Changing Ways » que nous soutenons et qui engage les jeunes de 12 à 15 ans et leurs parents à mettre fin à la violence sexiste et à l'intimidation.
Il y en a aussi une excellente au Nouveau-Brunswick sur laquelle l'UCJG travaille avec des jeunes filles et des garçons.
L'objectif est de discuter de relations saines et d'adopter une approche plus globale afin que les garçons sachent dès leur plus jeune âge qu'ils ont aussi une responsabilité et une obligation. Je pense que le dialogue visant à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles constitue un élément critique et très important.
:
Merci, madame la présidente.
Madame Ambrose, je vous souhaite la bienvenue à ce comité. Nous espérons vous revoir dans un bref délai et le plus souvent possible devant notre comité.
Madame la ministre, en ce qui concerne l'ONU, hier soir, lors d'une réunion du caucus des femmes du NPD, nous avions avec nous la présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, Mme Michèle Audette. Elle n'abondait pas dans votre sens, c'est-à-dire qu'elle disait qu'avant d'impliquer les hommes et les garçons, il fallait combler des services de base essentiels, dont un manque de 10 000 logements dans les communautés autochtones.
Je vais maintenant vous poser mes questions.
Le Budget principal des dépenses de 2013-2014 montre un transfert du portefeuille du ministère de la Justice à celui de Condition féminine Canada. Cela servira à renforcer la base de connaissances des fournisseurs autochtones de services et de ressources afin qu'ils puissent mieux traiter des problèmes d'agression sexuelle chez les femmes de ces communautés. Le financement de projets visant à améliorer la vie des filles et des femmes autochtones est très important.
Considérant la gravité du problème d'agression sexuelle chez les femmes autochtones, est-ce que Condition féminine Canada recommande la nécessité d'une enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées?
:
Bien sûr, avec plaisir.
Nous travaillons avec différents ministères. Si, par exemple, un projet ne cadre pas avec notre mandat, nous travaillons avec ce groupe pour tenter d'obtenir un financement auprès d'un autre ministère. Nous collaborons, en particulier, très étroitement avec Affaires autochtones sur des projets concernant les femmes et les filles autochtones, et avec le ministère de Justice Canada sur des questions liées à la violence faite aux femmes et aux filles tout en bénéficiant de son Fonds d'aide aux victimes.
Ainsi, dans ce projet par exemple, ils nous ont transféré de l'argent. Ils estimaient qu'il était plus logique que nous administrions le projet, ils nous ont donc transféré des fonds. C'est une mesure qui s'aligne sur l'objectif du gouvernement du Canada par le biais du Groupe d'experts pour simplifier la façon dont nous gérons efficacement notre programme. Il était plus logique que Condition féminine réalise ce projet. Le projet est... vous savez probablement de quoi il s'agit, le Centre d'expertise Marie-Vincent. Le projet a été approuvé au mois de mars dernier pour une durée de 36 mois essentiellement pour développer les connaissances des fournisseurs de services aux Autochtones en ce qui concerne les filles victimes d'agression sexuelle. Le projet vise à perfectionner le savoir-faire des professionnels de la prestation de services dans les communautés autochtones au Québec pour qu'ils offrent de meilleurs services aux filles autochtones victimes d'abus sexuels.
La contribution de Condition féminine à ce projet s'élève à 380 000 $, mais celle de Justice Canada est de 250 000 $, soit 83 333 $ annuellement et c'est ce qui constitue le transfert. Le montant total du projet sur les trois ans est légèrement supérieur à 630 000 $, mais nous savons que cette organisation est excellente et que le projet est excellent, nous sommes donc très heureux de le financer et que Justice Canada contribue aussi au projet.
Le Programme de promotion de la femme est un programme de subventions et de contributions. Il est régi par la politique du Conseil du Trésor sur les paiements de transfert et, par conséquent, ses conditions doivent être évaluées régulièrement. En 2011-2012, Condition féminine Canada a entrepris d’évaluer notre programme en examinant les conditions pour déterminer si certains problèmes devaient être réglés avant d’apporter des modifications à celles-ci.
Dans l’ensemble, l’évaluation était très positive. On a examiné les activités de programme des cinq dernières années et, plus précisément, celles des deux dernières. L’évaluation a révélé que l’orientation du programme vers l’égalité entre les sexes était toujours pertinente et que la conception des programmes et les mécanismes utilisés pour les exécuter étaient adéquats pour atteindre la population et les objectifs visés. Elle nous a permis de constater que nous stimulions les bons partenaires, et elle a signalé en particulier que les projets-modèles constituaient une approche constructive et novatrice. Elle nous a permis de déterminer que les activités étaient exercées de manière efficace.
L’évaluation indiquait également qu’il fallait que nous élargissions la portée potentielle de nos projets ainsi que leur incidence afin que cette dernière dure plus longtemps.
Dans cet esprit, la révision des conditions a accru leur portée potentielle en permettant à de nouvelles organisations ou de nouvelles catégories d’organisations de présenter des demandes. Les coopératives font partie de ces nouvelles catégories d’organisations. Dans le passé, elles n’étaient pas autorisées à présenter des demandes, mais nous avons constaté que bon nombre des activités qu’elles exercent à l’échelle communautaire les prédisposent à exécuter très efficacement des projets.
Nous avons également cherché à élargir la portée de nos projets pour pouvoir faire équipe avec des organisations autochtones. Les conditions de la plupart des programmes ne permettent pas à des organisations gouvernementales de présenter des demandes de financement au gouvernement fédéral, mais nous avons découvert que, dans certaines régions et, en particulier, dans les réserves, il était difficile de trouver des ONG capables d’entreprendre des projets. En l’absence d’ONG, nous sommes en mesure de négocier des ententes avec des organisations gouvernementales.
De plus, nous pouvons également conclure des ententes avec des gouvernements provinciaux ou territoriaux lorsque le nombre d’ONG est insuffisant pour mettre en oeuvre des projets.
Nous avons également élargi les types d’activités que nous sommes en mesure de financer. Par exemple, si nous souhaitions nouer avec des hommes et des garçons un dialogue au sujet de la violence, les anciennes conditions de notre programme exigeaient que des femmes participent à tous les aspects des projets, ce qui signifiait que nous n’étions pas, par exemple, en mesure de travailler avec un groupe d’hommes qui désiraient collaborer avec des femmes. Nous avons donc modifié les conditions de manière à ce qu’elles stipulent que des femmes doivent participer à de nombreux aspects du projet. Je pense que cela a grandement contribué à nous permettre d’établir des partenariats qui comptent si l’on souhaite que des groupes d’hommes entament des dialogues avec des groupes de femmes au sein des collectivités.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Madame la ministre, c’est formidable de vous avoir parmi nous. Je vous remercie sincèrement de l’excellent travail que vous accomplissez. Je peux souhaiter que vous en fassiez davantage et que vous preniez de nombreuses mesures différentes, mais je vous remercie tout de même des projets que vous réalisez.
J’ai quelques questions à vous poser. Je vais tenter d’être brève, parce que l’on nous accorde une seule intervention ici. J’aimerais que vous me répondiez de manière succincte, mais je vais probablement vous poser une question compliquée et vous demander une réponse concise que, selon toute probabilité, vous ne serez pas en mesure de me donner.
J’ai fait inscrire une question au Feuilleton concernant l’argent que le gouvernement dépense pour surveiller les médias, et on m’a répondu récemment que, dans l’ensemble, le gouvernement dépensait plus de 30 millions de dollars à surveiller les réactions aux mesures du gouvernement. Vous savez ce que j’entends par « surveiller les médias ». C’est une activité à laquelle nous nous adonnons tous, étant donné que nous voulons savoir ce que les gens et les médias disent à propos des actions du gouvernement actuel.
Pour être franche, je trouve que 30 millions de dollars consacrés à la seule surveillance des médias représentent une énorme somme d’argent. Vous avez approuvé plus de 10,6 de ces 30 millions de dollars non seulement à titre de ministre de la Condition féminine, mais aussi dans le cadre de votre rôle de ministre responsable de deux portefeuilles. Pouvez-vous me dire quel pourcentage de cette somme était lié précisément à la condition féminine? Pouvez-vous également me dire ce que, selon vous, vous avez retiré de cette surveillance ou peut-être des sondages? Une voie différente dans laquelle s’engager, ou un projet différent dans lequel investir certains fonds?
:
Merci, madame la présidente.
Merci, madame la ministre, et merci aux fonctionnaires, d'être des nôtres aujourd'hui.
Je sais qu'à la première série de questions, madame la ministre, vous avez longuement parlé de l'engagement à mobiliser les hommes et les garçons dans la lutte contre la violence contre les femmes. Vos propos m'ont fait penser à une déclaration que la députée provinciale Donna Kennedy-Glans, de la circonscription de Calgary-Varsity, a faite à l'Assemblée législative de l'Alberta le 14 mars dernier. Elle était membre de la Commission sur la condition de la femme des Nations Unies et a parlé de l'importance que les hommes et les garçons fassent preuve de leadership, position que vous avez prise, madame la ministre, dans cet enjeu particulier.
J'ai apporté la déclaration avec moi. J'aimerais la lire car bon nombre des points qu'elle soulève sont très importants, à mon avis. Je vais simplement la lire. Je répète que ce ne sont pas mes propos. Je cite les déclarations d'une autre personne.
La semaine dernière, j'ai assisté à la 57e session de la Commission de la condition de la femme de l'ONU avec ma collègue de Barrhead—Morinville—Westlock. Notre délégation canadienne était adroitement dirigée par la ministre fédérale Rona Ambrose. Cette session avait pour but de trouver des moyens d'éradiquer et de prévenir la violence contre les femmes et les filles.
En tant que mère de trois fils, j'ai trouvé particulièrement rassurant de constater que la grande majorité des participants à cette session de l'ONU reconnaissaient la nécessité de faire participer les hommes et les garçons à la prévention de la violence contre les femmes et les filles. En fait, cet impératif stratégique a été mis de l'avant par la délégation canadienne.
Il est réconfortant... de savoir que cette approche est déjà appliquée en Alberta. [En voici quelques exemples.]
Le YWCA de Calgary organise la campagne Un mille en talons hauts, qui invite les hommes à marcher en talons hauts pour sensibiliser la population aux rôles des hommes dans la lutte contre la violence à l'endroit des femmes. L'Alberta Council of Women's Shelters organise des Déjeuners avec les gars pour réunir des dirigeants de sexe masculin pour les inspirer à prendre des mesures afin de contribuer à la lutte contre la violence familiale.
Je suis [très] emballée à propos d'une initiative qui a été lancée par l'équipe de football des Lions de la Colombie-Britannique qui, j'espère... sera adoptée par les Stampeders de Calgary et les Eskimos d'Edmonton. Le football côtoie le féminisme lorsque des athlètes connus...
— j'ai entendu quelqu'un ricaner —
se montrent solidaires des femmes et deviennent leurs alliés.
Je pense que c'est tout à fait vrai cependant.
Wally Buono, ancien entraîneur des Stampeders de Calgary et le [nouvel] entraîneur des Lions de la Colombie-Britannique, interviennent même pour parler de la violence familiale qu'ils ont vécue dans leur enfance.
Cela ne fait pas partie de la déclaration, mais je veux vraiment insister sur les deux prochains points car ils font vraiment ressortir la nécessité de faire participer les hommes et les garçons.
Ces initiatives ont le potentiel de changer la donne. Nous favorisons trop souvent l'égalité entre les sexes dans le cadre d'un mouvement féministe, qui dépend du soutien et de l'encouragement des hommes. Ce n'est pourtant pas suffisant pour que mon père, mon époux et maintenant mes fils soient derrière moi et m'encouragent. Ils doivent faire leur part et participer.
Je trouvais que cette déclaration était à propos, et je voulais la lire aux fins du compte rendu. Je pense que les deux derniers points que cette personne a soulevés étaient très justes quant aux raisons pour lesquelles nous devons maintenant faire intervenir les hommes et les garçons. Je vous remercie donc du bon travail que nous accomplissons en ce sens.
Je voulais aborder très brièvement un autre sujet. Vous avez mentionné que le projet de loi est l'une des premières questions. Vous n'avez pas nommé le projet de loi, mais vous parliez des droits aux biens matrimoniaux dans les réserves. Je me demande seulement si vous pourriez prendre quelques instants pour expliquer à quel point le projet de loi est important, pourquoi nous avons actuellement un vide juridique au Canada qui ne protège pas les femmes dans les réserves et comment, en ce qui a trait aux séparations, le fait qu'il y ait tant d'inégalités à l'heure actuelle joue un grand rôle dans la violence familiale dans ces régions en particulier. Je me demande si vous pourriez nous en dire un peu plus sur ce sujet précis.
:
Eh bien, j'ai déjà fait connaître mon opinion aux whips de chaque parti, qui s'occupent de ce comité spécial. À mon avis, c'est une bonne occasion pour tous les partis et les organisations de femmes qui travaillent à ce dossier de mettre de l'avant un exercice et un processus significatifs, ce que j'appuie sans réserve.
J'ai hâte que le comité spécial soit mis sur pied. Je collaborerai le plus possible avec mes collègues. Je sais que l'initiative est menée par Justice Canada. Il est question de l'enquête en particulier, des techniques d'enquête ou des allégations au sujet des difficultés dans le système de justice auxquelles les femmes et les filles autochtones sont confrontées ainsi que les collectivités. Nous serons là pour appuyer le comité de toutes les façons possibles.
Je ne sais pas qui siégera au comité, mais j'espère que vous tous, députés de toutes les allégeances, ferez valoir l'argument selon lequel il est particulièrement important de disposer de l'expertise de ce comité. Vous avez déjà réalisé une étude sur cet enjeu il n'y a pas si longtemps, sur la violence contre les femmes et les filles autochtones. J'espère que toute cette information sera mise à la disposition du comité parlementaire spécial et qu'on demandera à certains des membres de notre comité de siéger au comité spécial ou de participer à ses travaux. C'est très important.
Beaucoup de travail a été accompli. La somme de 25 millions de dollars a été allouée à la stratégie concernant les femmes autochtones disparues et assassinées. La GRC a créé un nouveau centre pour les personnes disparues et on a mis au point une nouvelle base de données nationale accessible à tous les corps de police, que ce soit des organisations policières municipales, provinciales ou fédérales. Il y a même un site Web pour les renseignements provenant du public. Si vous connaissez une personne qui est portée disparue, vous pouvez faire la description d'un bijou qu'elle portait, ce qui pourrait peut-être aider à l'identifier.
Un si grand nombre d'initiatives sont menées partout au pays pour régler ce problème. Il y a l'enquête en Colombie-Britannique dirigée par M. Oppal. Nous avons transmis l'information aux Nations Unies, qui examinent le problème. Il y a une grande collaboration entre les provinces et le gouvernement fédéral. Il y a tellement de travail qui est accompli et plein de bonne volonté, mais il y a toujours l'occasion...
:
Nous enregistrons une hausse de l'incidence des agressions sexuelles sur les campus des universités, des collèges et des cégeps partout au pays. Un grand nombre d'organisations de femmes sont actives sur les campus, mais ce n'est pas suffisant pour une raison quelconque. Les mesures qu'elles prennent semblent être inefficaces. Nous avons donc pensé à nous adresser aux organisations étudiantes et à demander aux jeunes ce qui, d'après eux, pourrait fonctionner. Voilà ce qui est différent à propos de cet appel de propositions. Nous voulions faire participer les organisations étudiantes.
Bien entendu, elles n'ont pas les capacités voulues, alors elles se sont associées... Par exemple, à Edmonton, elles se sont associées au centre pour les victimes d'agression sexuelle d'Edmonton. Elles peuvent aussi s'être associées au YMCA à certains endroits, mais le problème, c'est que ces organisations n'ont peut-être pas les capacités voulues pour offrir le service, mais elles avaient d'excellences idées. Des initiatives fort intéressantes sont ressorties de ces partenariats.
Nous avons financé en tout 21 organisations différentes. Une approche nationale a été adoptée pour mener à bien ces projets, qui se sont attaqués à un vaste éventail de problèmes. Il y a des problèmes de harcèlement, mais plus souvent qu'autrement, ce sont les cas d'agression sexuelle et les plans de sécurité sur les campus qui posent problème, notamment. Il y a encore des endroits qui n'offrent pas de programme d'accompagnement, où les jeunes femmes rentrent à pied tard le soir après leur cours, et comme il n'y a pas de service de transport, elles doivent marcher seules sur une longue distance pour prendre l'autobus. Des plans de sécurité communautaire sur les campus pour créer un programme d'accompagnement s'imposent. D'autres universités et campus semblent être plus avancés. Ils adoptent des approches plus sophistiquées pour faire passer le message concernant les ressources qui sont disponibles.
À Port Alberni, en Colombie-Britannique, l'Alberni Community and Women's Services Society travaille avec le North Island College à un projet formidable qui a une incidence sur les femmes dans la région. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, le centre pour les victimes d'agression sexuelle à Edmonton fait participer les étudiants de sexe masculin dans quelques établissements à la lutte contre la violence à l'égard des femmes sur les campus universitaires.
Ici à Ottawa, nous collaborons avec la Coalition d'Ottawa contre la violence faite aux femmes pour faire participer les étudiants à l'Université d'Ottawa, à l'Université Carleton, à la Cité collégiale et au Collège Algonquin pour mettre fin à la violence contre les femmes.
À Montréal, au Québec, nous finançons un projet du YWCA qui fait participer les étudiants francophones de trois cégeps différents à la lutte contre la violence faite aux femmes sur leurs campus.
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Nous sommes très fiers du site Web, et j'encourage tout le monde à le consulter. Il a été créé pour encourager tous les Canadiens, hommes et femmes, filles et garçons, à reconnaître et à intervenir dans le dossier de la violence contre les femmes et les filles. Nous savons que la sensibilisation est un outil très puissant. Plus les Canadiens auront accès à des renseignements, plus ils seront sensibilisés.
Le site Web sert de centre d'information et comprend diverses sections. Il contient de l'information sur les types de violence, les répercussions économiques de la violence, et les personnes les plus à risque d'en être victimes. Il offre aussi des renseignements sur la façon d'intervenir en situation violente. Il donne des conseils aux parents, aux éducateurs, aux jeunes et à d'autres. Il regorge d'information sur les services offerts. Par exemple, un parent qui cherche des renseignements concernant un domaine en particulier peut consulter la rubrique qui se rapporte à sa province et voir tous les services provinciaux ou territoriaux qui lui sont offerts dans sa région. Nous présentons un certain nombre d'initiatives sur le site, comme EVA BC, le projet que la ministre a mentionné tout à l'heure. Nous avons des renseignements concernant le programme ÉduRespect, offert dans les écoles, qui enseigne comment former des relations non violentes. Il y est aussi question de l'initiative Stoppez la prostitution juvénile du gouvernement du Manitoba, par exemple. Il y a aussi un certain nombre d'initiatives d'ONG, de gouvernements, etc.
Elle donne aussi une image cohésive des initiatives que le gouvernement du Canada a entreprises dans les ministères pour répondre à la question de la violence.
Lorsque nous avons créé le site Web, dont la conception s'est faite entièrement à l'interne, nous avons travaillé en étroite collaboration avec Justice, Sécurité publique, AINC et un certain nombre d'autres ministères, et surtout avec des collègues provinciaux et territoriaux qui nous ont fourni tous les liens auxquels le site renvoie. Pour attirer des personnes sur le site — parce que nous savons qu'il y a énormément de renseignements sur Internet — nous avons été en mesure d'obtenir du financement du fonds fédéral centralisé pour la publicité. Nous avons reçu 250 000 $ au cours du présent exercice, par le truchement du Budget supplémentaire (A), pour élaborer, créer et acheter des bannières Web et des annonces dans Google pour attirer des visiteurs sur le site. Lorsque vous êtes dans LinkedIn ou d'autres sites de nouvelles, une bannière vous en informera. Si une personne est intéressée ou touchée par la violence ou l'abus, elle pourra consulter notre site. Il a été très populaire depuis son lancement le 23 février. Nous avons eu entre 1 000 et 2 000 visites par jour, et 83% sont attribuables aux bannières. Les gens en ont entendu parler grâce aux bannières et ont ensuite visité le site.
:
Non, je ne verrais aucun inconvénient à me prononcer là-dessus.
L'hon. Judy Sgro: Alors je vous pris, faites-le.
Mme Suzanne Clément: Je crois que l'une des choses que vous avez peut-être remarquées à Condition féminine est que nous avons plus d'hommes qu'avant.
L'hon. Judy Sgro: Oui.
Mme Suzanne Clément: Nous croyons que l'égalité des sexes n'est pas une affaire de femmes, mais une question de société, et tout le monde fait partie de la solution.
Dans le cadre de nos analyses sexo-spécifiques, nous avons réalisé des choses extraordinaires au cours des dernières années au sein de la famille fédérale. L'an dernier, nous avons mis au point, à l'interne encore une fois, une formation d'ACS en ligne, que tous les évaluateurs de la recherche sur les politiques au gouvernement doivent suivre. Près de 450 l'ont suivie depuis qu'elle a été lancée tout récemment.
Nous avons maintenant une Semaine de sensibilisation à l’analyse comparative entre les sexes au fédéral. Tous les ministères y participent pendant une semaine entière. Nous faisons des activités et échangeons nos connaissances avec nos collègues. Nous renforçons vraiment la prise en compte des questions d'égalité des sexes dans toutes les sphères de l'activité ministérielle.
Le comité joue certainement un rôle clé, mais je pense que les ministères, et les comités qui supervisent leurs travaux, ont aussi besoin d'être actifs dans ce secteur. Je pense que nous voyons de plus en plus d'hommes participer aux questions d'égalité des sexes au sein des ministères, comme c'est le cas à Condition féminine, et nous accomplissons certainement plus de travail de cette façon.