:
Madame la présidente, bonjour.
Mesdames les membres du comité, bonjour.
Je vous remercie de nous avoir permis, à Monique et à moi, de nous présenter aujourd'hui devant vous et de participer à votre étude sur le harcèlement sexuel dans les milieux de travail fédéraux.
J'aimerais commencer par une citation, si vous le permettez:
CBC/Radio-Canada considère toutes les formes de discrimination, notamment le harcèlement discriminatoire ou sexuel, comme un acte inacceptable, qu'elle ne saurait tolérer, et elle déploie tous les efforts raisonnables pour protéger ses employés à cet égard.
Cet engagement est inscrit dans notre politique institutionnelle sur la non-discrimination et le harcèlement, qui est affichée sur notre site Web. Vous en avez une copie devant vous.
[Français]
Cette politique définit la discrimination et le harcèlement discriminatoire, en donne des exemples, explique les mécanismes de recours, y compris les mesures disciplinaires et les représailles, établit les dispositions concernant la confidentialité et explique aux employés comment ils ou elles peuvent agir en cas de plaintes ou de préoccupations.
Avec notre politique sur la prévention de la violence en milieu de travail et notre politique sur les mesures disciplinaires, que vous avez également devant vous, notre société s'efforce de faire en sorte que tous les employés de CBC/Radio-Canada soient traités avec dignité et respect. Lorsque ce n'est pas le cas, nous agissons le plus rapidement possible.
CBC/Radio-Canada compte actuellement 8 599 employés partout au Canada, dont 4 597 hommes et 4 002 femmes. Au cours des trois dernières années, pour l'ensemble des 48 villes canadiennes et des territoires où nous sommes présents, la société a reçu au total trois plaintes de harcèlement sexuel. Dans un cas, l'employé a reçu une réprimande écrite. Dans le deuxième cas, l'employé a reçu une réprimande écrite et a reçu l'ordre de suivre une formation de sensibilisation. Dans le troisième cas, l'employé a été suspendu pour deux jours et a également reçu l'ordre de suivre une formation de sensibilisation.
En ce qui me concerne, une seule plainte est évidemment une plainte de trop. Nous essayons constamment d'améliorer notre dossier.
Depuis 2007, tous les employés de l'organisation ainsi que leurs gestionnaires ont dû suivre une formation sur le respect en milieu de travail. Ça incluait le PDG également. Cette formation était un programme conjoint, conçu et offert tant par les syndicats que par la société. À l'heure actuelle, nous offrons en ligne une séance de formation sur la violence en milieu de travail, qui doit être suivie par tous nos employés, incluant, encore une fois, le PDG.
[Traduction]
Aujourd'hui, dans l'ensemble de la Société, nous n'avons aucune plainte active de harcèlement sexuel. Je suis fier des efforts que nous faisons constamment pour nous assurer que les personnes qui travaillent à CBC/Radio-Canada peuvent réussir dans un environnement libre de toute forme de harcèlement.
Étant donné notre dossier, vous vous demandez peut-être pourquoi vous avez vu dans les journaux de Québecor, le Sun et le Journal de Montréal, ainsi que sur son réseau de télévision SunTV, des reportages qui suggèrent que CBC/Radio-Canada est un milieu propice au harcèlement sexuel. Le reportage de Québecor Média tire sa source d'une demande d'accès à l'information pour obtenir, et je cite:
Des copies de tous les documents, y compris les courriels, plaintes, notes de service, rapports internes, etc., relatifs aux cas de harcèlement ou de comportement inapproprié impliquant les employés de CBC à Toronto et à Ottawa depuis le 1er janvier 2010.
Nous avons transmis cette information. J'en ai une copie ici, devant moi. Il y a 1 454 pages, dans lesquelles on trouve surtout des courriels échangés entre des employés des ressources humaines occupés à régler des enjeux de ressources humaines. La plupart des détails à propos des cas ont été masqués parce qu'il s'agit de renseignements personnels. C'est la loi. Brian Lilley, de Québecor, s'en est servi comme excuse pour spéculer et faire des insinuations; je cite ici des propos tenus dans un article de QMI dans le Journal de Montréal , le 31 janvier dernier.
[Français]
On dit que « Radio-Canada/CBC a remis une pile de documents faisant état de 1 454 dossiers traités entre le 1er janvier 2010 jusqu'à la moitié de 2012 et ce, uniquement aux bureaux de Toronto et Ottawa ».
[Traduction]
De plus, Lilley a fait un lien entre le harcèlement sexuel à la CBC et celui à la GRC, et entre la Société et les récentes révélations sur les abus sexuels à la BBC, soit l'histoire maintenant célèbre de Jimmy Savile.
Il maintient qu'il ne fait que son travail en nous demandant des comptes.
Eh bien, si c'était vrai, il nous aurait peut-être posé au moins une question à ce sujet avant de se lancer dans cette attaque.
S'il l'avait fait, nous aurions pu lui communiquer les faits: pour les deux établissements qui faisaient l'objet de sa demande, soit Toronto et Ottawa, pour la période demandée, depuis le 1er janvier 2010, nous avons eu une seule plainte de harcèlement sexuel et nous nous en sommes occupés.
Le harcèlement sexuel dans les milieux de travail fédéraux constitue un problème sérieux qui mérite d'être traité comme tel.
L'automne dernier, le collège John Abbott de Montréal a invité l'animateur de l'émission The Nature of Things à CBC, David Suzuki, à prendre la parole devant les étudiants. Par la suite, nous avons reçu une autre demande d'accès à l'information pour tous les documents concernant cette visite.
Puis, il y a quelques semaines, Québecor a remis la question sur le tapis. Ezra Levant, de SunTV, a utilisé ces documents pour alléguer de façon scandaleuse que David Suzuki — et je cite: « ...s'assurait les services de filles qui lui servaient d'escortes ».
Vous avez des copies de ses reportages et des transcriptions de son émission devant vous.
Encore une fois, c'est tout à fait faux. Encore une fois, l'employé de Québecor n'a pas vérifié auprès du collège, auprès de David Suzuki ni de personne d'autre; on lui aurait dit que ses allégations étaient fausses.
Le collège John Abbott a envoyé une réponse à la suite du premier reportage. Vous en avez une copie devant vous. J'aimerais vous en lire un extrait.
Il n'y avait pas d'annexe au contrat de M. Suzuki stipulant le sexe ou le code vestimentaire des personnes qui devaient l'assister tout au long de la journée. Les commentaires négatifs et les insinuations entendus sont dévalorisants pour ces étudiants et pour le collège... Le collège est déterminé à offrir à ses étudiants une vision large de la société, pour les aider à progresser dans le développement de leur esprit critique. Il est malheureux qu'au long du parcours, nos étudiants soient aussi témoins d'une falsification d'information considérée comme une pratique acceptable par des professionnels de l'information.
[Français]
Je ne m'attends pas à ce que Sun Media change de stratégie, mais je crois qu'il est important de corriger les faits, surtout lorsque, de façon délibérée, ces gens induisent les Canadiens en erreur et utilisent comme arme pour servir leurs propres intérêts un enjeu aussi sérieux que le harcèlement sexuel. Je suis certain, cependant, de ne pas être le premier à se sentir traité de façon injuste ou incorrecte par un journaliste. Certaines personnes, peut-être même dans cette salle aujourd'hui, n'ont probablement pas apprécié le traitement que leur a réservé CBC/Radio-Canada. Ils doivent se dire: « Lacroix, bienvenue à bord. » C'est de bonne guerre.
Il y a tout de même certaines différences importantes entre CBC/Radio-Canada et Québecor Médias. À CBC/Radio-Canada, nous avons des normes journalistiques qui nous servent de guide. Nos normes et pratiques journalistiques expliquent comment nos journalistes doivent faire leur travail. En fait, ce guide sert de modèle à d'autres organes de presse dans le monde. Nous avons également deux ombudsmans qui enquêtent sur les plaintes concernant la couverture injuste d'un sujet et qui produisent un rapport accessible au public.
Devrait-il y avoir un débat sur la radiodiffusion publique? Certainement. Il devrait y avoir un débat sur CBC/Radio-Canada, sur les services que nous offrons, sur la façon dont nous réagissons aux incidents liés au harcèlement ou à la violence en milieu de travail. Mais pour être utile, le débat doit s'appuyer sur autre chose que des attaques non fondées, lancées par un concurrent médiatique.
Je vous remercie de m'avoir écouté. L'étude que vous faites est importante. Monique et moi nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.