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La séance publique reprend.
Bonjour. Nous continuons notre étude sur les perspectives économiques des filles au Canada.
Aujourd'hui, nous entendrons en direct de Victoria, en Colombie-Britannique, par vidéoconférence, Mme Mary-Ellen Turpel-Lafond, de l'organisme Representative for Children and Youth, et Mme Jennifer Flanagan, directrice générale de l'organisme Actua.
Je vous souhaite la bienvenue à notre comité et vous remercie d'accepter de venir partager vos idées avec nous.
Nous allons commencer par Mme Turpel-Lafond, qui aura droit à 10 minutes. Ensuite, Mme Flanagan aura droit à 10 minutes également. Par la suite, nous allons passer à un tour de questions. Je ne parle pas plus longtemps, je vous laisse témoigner.
Madame Turpel-Lafond, vous disposez de 10 minutes.
Ma déclaration préliminaire portera sur la situation économique des filles et des femmes, particulièrement en ce qui concerne mon travail à titre de représentante de Children and Youth.
Dans le cadre de mes fonctions, je défends les intérêts des enfants et des jeunes jusqu'à l'âge de 19 ans, dans la province de la Colombie-Britannique, et je leur fournis du soutien. Je travaille surtout auprès des populations vulnérables de jeunes, comme les enfants et les jeunes sous responsabilité du gouvernement par souci de protection de l'enfance. J'interviens auprès de jeunes ayant des besoins spéciaux et liés au développement ainsi que des besoins complexes en matière de santé mentale.
Mon travail touche aussi de près les filles et les femmes autochtones. Je tiens à souligner ce fait, car ces jeunes filles et jeunes femmes présentent des vulnérabilités particulières; par exemple, certaines ne vivent plus dans la maison familiale et risquent grandement d'éprouver des difficultés financières parce qu'elles ont été élevées dans la pauvreté ou atteignent l'âge adulte dans la pauvreté.
Je veux parler de certains des facteurs de leur vie qui constituent des problèmes à long terme au chapitre de leur mobilité socioéconomique et de leur sécurité. Je vais aborder quelques points et répondrai ensuite à vos questions, si vous en avez.
J'ai en main quelques statistiques générales sur cette population. La Colombie-Britannique comptait 900 000 enfants et jeunes en 2011, ce qui représente environ 20 p. 100 de la population totale de la province. Parmi ceux-ci, de 13 000 à 15 000 enfants et jeunes ne vivent pas dans le domicile familial. Certains sont sous la responsabilité de l'État, tandis que d'autres vivent seuls avant même d'avoir atteint l'âge adulte. En Colombie-Britannique, plus de la moitié des enfants pris en charge sont autochtones, de sorte qu'ils sont surreprésentés, compte tenu de leur pourcentage de la population globale.
Pour ce qui est des enfants qui demeurent dans le système de protection de l'enfance jusqu'à leur majorité, les jeunes femmes en particulier, près de 4 000 enfants ont vu leur prise en charge terminée au cours des trois dernières années. Tous les mois en Colombie-Britannique, environ 57 jeunes ne sont plus pris en charge parce qu'ils atteignent l'âge de 19 ans. Bon nombre d'entre eux sont des jeunes femmes autochtones. Nous tenons beaucoup à leur réussite lorsque c'est l'État qui joue le rôle de parent et nous souhaitons qu'ils réussissent autant que s'ils avaient été élevés au sein d'une famille.
En ce qui concerne les vulnérabilités de ces jeunes femmes, un faible niveau de scolarité constitue un problème important et continu. D'après nos études détaillées des résultats scolaires d'enfants vulnérables, comme les enfants autochtones, les enfants pris en charge et les jeunes vivant à l'extérieur du domicile familial, ceux-ci n'ont pas le même taux de réussite dans le système scolaire public. Ils ne réussissent pas leur 4e et leur 7e année ou les études secondaires au même rythme que leurs pairs. À titre d'exemple, les élèves autochtones obtiennent généralement des résultats de 15 à 18 p. 100 plus faibles que les autres à l'évaluation normalisée des compétences de base, en Colombie-Britannique. La 4e année constitue le premier niveau. À la 7e année, leurs résultats diminuent. On observe ensuite une chute des résultats aux examens obligatoires de l'enseignement postsecondaire.
Même si la Colombie-Britannique fait meilleure figure que de nombreuses autres provinces sur le plan de la situation des Autochtones, seulement environ 42 p. 100 des filles autochtones prises en charge terminent leurs études. L'écart est très important par rapport à 83 p. 100 des filles qui ne sont pas prises en charge par l'État.
L'autre facteur important qui augmente la vulnérabilité de ces filles et jeunes femmes au chapitre de leur autonomie socioéconomique est le problème continu de la pauvreté. La Colombie-Britannique compte le taux de pauvreté infantile le plus élevé d'après toutes les mesures, que ce soit la Mesure du panier de consommation ou d'autres mesures de Statistique Canada.
En Colombie-Britannique, environ 100 000 enfants vivent dans des foyers à faible revenu. Encore une fois, je mets l'accent sur la population autochtone. D'après les données les plus récentes à ma disposition, dans la province, 58 p. 100 des familles monoparentales dont le chef est une femme autochtone ont un revenu annuel de moins de 20 000 $, et seulement 7 p. 100, de 50 000 $ ou plus. Nous observons les conséquences néfastes de la pauvreté des parents sur leurs enfants ainsi que le manque d'inclusion sociale, de soutien et d'évolution sur le plan de la réussite scolaire, et des problèmes de santé et de mieux-être connexes.
Je veux aborder aussi les problèmes liés à la violence, qui touchent l'autonomie socioéconomique des filles et des femmes.
Sur le plan de l'exposition des filles et des femmes à la violence familiale, je sais que, par le passé, votre comité a déjà élaboré un rapport très important sur la violence familiale chez les Autochtones dans lequel étaient soulevées certaines préoccupations. En tant que représentante de Children and Youth, je constate à coup sûr que les enfants qui sont témoins de violence familiale sont aussi blessés par cette expérience que s'ils l'avaient vécue eux-mêmes, et cette situation les met à risque. Cela ne signifie certainement pas qu'il existe un lien absolu entre la violence familiale, la pauvreté et une situation précaire, mais il est très important d'encourager activement leur résilience et leur mieux-être dans le cadre de notre système de services sociaux en vue de prévenir la violence et de soutenir les victimes de violence. Nous remarquons des lacunes importantes à cet égard, particulièrement dans le cas des filles et des femmes autochtones.
Qu'elles soient à l'intérieur ou à l'extérieur des réserves, le système de soutien n'est pas aussi solide, et le système de justice pénale n'intervient pas nécessairement aussi rapidement. Le soutien et les services sociaux offerts aux filles et aux femmes sont inadéquats, et cela peut les désavantager considérablement. En fait, l'ensemble des filles et des femmes exposées à la violence familiale éprouvent certains désavantages, mais je soulignerais que cela touche particulièrement les filles et les femmes autochtones.
En ce qui a trait aux autres formes de violence et d'exploitation, dans le cadre de mon travail de représentante, je connais très bien les conséquences de la violence sexuelle et de l'exploitation sexuelle des filles et des femmes. Dans mes fonctions, on me signale des cas d'enfants connus du ministère du Développement des enfants et de la famille de la Colombie-Britannique, qui auraient été victimes d'une agression sexuelle. Je traite évidemment cette information et mène une enquête, et il m'arrive parfois de rédiger un rapport d'enquête ou un résumé à ce sujet.
Laissez-moi vous donner un aperçu du dernier exercice: on m'a signalé 62 agressions sexuelles contre des jeunes. Environ 15 p. 100 des cas dont j'ai été saisie étaient des agressions sexuelles contre des filles. Au total, 90 p. 100 touchaient des personnes de sexe féminin — il y a quelques victimes de sexe masculin, mais 90 p. 100 des victimes étaient des filles ou des femmes, et 66 p. 100 d'entre elles étaient des filles autochtones. Les filles et les femmes autochtones sont au moins trois fois plus susceptibles d'être victimes de violence conjugale, et de violence sexuelle, en particulier.
Il reste encore à explorer plus profondément le lien fondamental entre le préjudice infligé et le bien-être ultérieur. Il est très important de comprendre les problèmes sociaux et économiques liés à la vulnérabilité d'une personne à la violence ainsi que de coordonner les interventions et le soutien en vue de renforcer la résilience des victimes.
Le dernier point sur lequel je veux attirer votre attention et qui touche la santé, le bien-être ainsi que la situation économique et la mobilité sociale des filles et des femmes est la difficulté d'accéder aux services de santé mentale, problème que j'observe régulièrement dans mon bureau. Dans le cas de filles et de femmes ayant vécu des traumatismes durant leur enfance — que ce soit la violence, la pauvreté extrême ou l'exclusion sociale — qui sont atteintes d'un trouble mental autre que les troubles liés aux traumatismes, la capacité d'obtenir et de recevoir rapidement des services de santé mentale et de santé générale adéquats constitue un facteur important.
Mes fonctions professionnelles m'amènent couramment à travailler auprès de filles et de femmes qui n'ont pas de médecin de famille, qui ne sont pas aiguillées vers les soutiens et les services de santé mentale et qui ne participent donc pas pleinement à leur collectivité ou qui ne se développent pas normalement.
Si nous voulons améliorer la situation économique des filles et des femmes canadiennes, même si les perspectives sont généralement très bonnes dans l'ensemble des sphères de la société, je crois que nous devons prêter une attention particulière à certains groupes extrêmement vulnérables de filles et de femmes. Nous devons utiliser l'information à notre disposition pour élaborer des approches de politique sociale et de développement communautaire plus efficaces et novatrices afin que nous puissions mobiliser les filles et les femmes et les soutenir adéquatement pour les aider à améliorer leur sort.
Je n'ai pas parlé beaucoup de cela, mais je serais ravie de répondre à vos questions à ce sujet.
Je tiens à mentionner ici qu'il existe la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes des NU. Les processus relatifs à cette convention ont permis de faire certaines constatations importantes sur les progrès du Canada au chapitre du soutien des populations vulnérables de femmes et de filles, dont les Autochtones.
Nous avons aussi la Convention relative aux droits de l'enfant des NU. Les mécanismes prévus dans cette convention ont eux aussi permis de souligner la capacité du Canada de planifier et de prendre des mesures en vue d'éliminer les profondes inégalités qui touchent les femmes et les filles.
C'est avec grand plaisir que je suis ici. Je suis très reconnaissante de l'occasion qui m'est donnée d'aborder un sujet si important avec le comité.
Je m'appelle Jennifer Flanagan, et je suis la présidente et directrice générale d'Actua. Actua est un organisme de bienfaisance national qui représente 33 organisations universitaires et collégiales de partout au Canada. Avec nos membres, nous touchons 225 000 jeunes âgés de 6 à 16 ans dans 500 collectivités de l'ensemble des provinces et des territoires. Nous les faisons participer à des activités interactives et pratiques liées aux sciences, à l'ingénierie et aux technologies, et c'est sur quoi mes commentaires porteront aussi. Nous organisons notamment des ateliers dans les écoles, des clubs permanents, des camps d'été et d'autres initiatives de mobilisation communautaires.
Au cours de 20 années passées à exécuter des programmes, nous avons élaboré et amélioré un modèle de prestation de programmes qui mobilise les enfants à un jeune âge, avant qu'ils commencent à faire des choix de carrière et à déterminer leur avenir et les possibilités qui s'offrent à eux. Compte tenu de nos recherches formelles, nous savons que nos programmes ont influé sur les attitudes et les comportements des jeunes et les ont motivés à envisager des études et une carrière dans le domaine des sciences, de l'ingénierie et de la technologie. De façon plus générale, il est important de souligner que nous jouons un rôle essentiel dans l'amélioration des connaissances des jeunes Canadiens en matière de sciences et de technologie, et nous savons que c'est ainsi que la prochaine génération de Canadiens sera présente dans tous les secteurs économiques.
Nous savons que les femmes sont encore très sous-représentées dans le domaine des sciences, de l'ingénierie et de la technologie. Même si des progrès ont été réalisés dans certains domaines scientifiques, comme la santé et la médecine, la présence des femmes est très faible dans de nombreux autres, comme l'ingénierie, les sciences informatiques, la physique et les mathématiques. Cette sous-représentation est particulièrement évidente dans les postes de direction de ces secteurs, qui sont traditionnellement plus rémunérateurs et, par le fait même, mieux placés pour améliorer la situation économique des filles et des femmes. Les femmes sont aussi largement sous-représentées dans les métiers.
Compte tenu du nombre important d'occasions d'emploi qu'il y aura dans ces domaines au cours des prochaines années, cette sous-représentation présente un problème important sur le plan de la prospérité économique future des filles. De plus, notre pays ne pourra tout simplement pas atteindre son plein potentiel en matière d'innovation si les femmes ne participent pas dans une mesure équivalente dans ces domaines. Afin d'améliorer la situation économique des filles, nous devons les mobiliser et leur montrer qu'il existe une place pour elles dans ces domaines critiques. Des stratégies sont maintenant requises pour combler l'écart entre les sexes dans ces secteurs. Cela assurera l'autonomie financière des femmes et permettra d'améliorer leur prospérité économique, mais en plus, de telles stratégies contribueront à la création d'une main-d'oeuvre plus importante et plus diversifiée.
Le programme national d'Actua pour les filles a été élaboré en 1999 pour répondre à une diminution notable de la participation des filles à nos camps partout au pays. Nous observions aussi des changements négatifs dans l'attitude, la confiance et l'intérêt manifestés par les filles lorsqu'elles passaient de nos programmes destinés aux écoles primaires, jusqu'à la 4e année, à nos programmes destinés aux écoles intermédiaires, jusqu'à la 6e et 7e année. Cela était particulièrement évident dans les interventions auprès des groupes de filles plus à risque.
Les commentaires des parents en provenance de tous les coins du Canada indiquaient également que ceux dont les filles optaient pour les domaines des sciences, de l'ingénierie et de la technologie se butaient toujours à des stéréotypes.
À partir de nos observations et de nos expériences ainsi que des recherches soutenues que nous avons effectuées sur la vie et les réalités des filles, nous avons mis au point un modèle de programmes destinés exclusivement aux filles qui permet de procurer à celles-ci un environnement sûr, exempt de jugements et divertissant où elles ont la possibilité d'explorer, de créer et d'entrer en interaction avec des personnes qui représentent, pour elles, des modèles positifs. Nos programmes, qui comptent des clubs et des camps pour filles seulement, sont conçus pour permettre aux filles d'acquérir des compétences essentielles dans leur vie personnelle et professionnelle, comme le travail d'équipe, la collaboration, la résolution de problèmes, la pensée critique, les connaissances financières et les aptitudes techniques. Je souligne aussi que nos programmes visent aussi les filles éprouvant des problèmes économiques et sociaux, particulièrement les filles autochtones. Nous nous penchons de façon importante sur la situation des jeunes autochtones d'un bout à l'autre du pays.
Notre programme national pour les filles vise d'abord et avant tout à accroître la confiance en soi et l'autonomie des filles, qui sont les plus importants facteurs de réussite. Il leur permet aussi de vivre une expérience positive dans un établissement d'enseignement universitaire ou collégial, ce qui est essentiel pour les encourager davantage à envisager des études postsecondaires.
Une des plus importantes constatations tirées de nos premières recherches est le fait que, même si les participantes à nos programmes améliorent leurs connaissances et compétences en matière de sciences et de technologie et s'y intéressent davantage, elles n'envisageaient pas davantage de faire des études dans ce domaine ou d'y faire carrière. En l'absence de modèles positifs féminins, même si les filles s'intéressaient aux sciences, elles ne se voyaient pas travailler dans ce domaine.
Nous avons lancé un programme national de mentorat pour les filles en réaction à cette recherche en 2003. Les participantes à nos programmes interagissent maintenant régulièrement avec des femmes qui sont pour elles des modèles et à qui elles peuvent s'identifier. Nous voulons que les filles qui terminent nos programmes sachent que leur avenir nous tient à coeur et qu'il y a une place pour elles dans les domaines de la science, de l'ingénierie et de la technologie.
Nous déployons aussi de grands efforts pour souligner aux parents et aux fournisseurs de soins l'importance d'encourager les filles à étudier les mathématiques et les sciences et de leur montrer que ces domaines peuvent les mener à de nombreuses carrières et expériences de vie excitantes, et non pas seulement aux sciences pures.
L'atteinte de ces objectifs prépare les jeunes filles à explorer pleinement leur potentiel dans les sphères scolaire et professionnelle et à devenir des leaders dans le cadre de leurs études et de leur carrière dans le domaines des sciences, de la technologie et de l'ingénierie. Cela constitue une importante contribution à l'autonomisation des filles, qui seront en mesure d'assurer leur autonomie financière.
La participation précoce est absolument essentielle. Beaucoup d'activités de promotion des études postsecondaires et des carrières visent les adolescents. La recherche révèle — et nous l'avons aussi observé personnellement — qu'il est déjà trop tard à ce moment-là pour la plupart des filles. En fait, la recherche montre que les filles déterminent très tôt ce que, d'après elles, elles seront capables ou ne seront pas capables de faire plus tard. C'est à l'école primaire ou avant qu'elles doivent vivre des expériences positives à cet égard pour changer de vision.
Compte tenu de notre expérience, de nos recherches et du fait que nous avons réussi à mobiliser des milliers de filles au cours des 20 dernières années, voici les principales recommandations que nous faisons au comité.
D'abord, nous devons investir dans les programmes de sensibilisation axés sur les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques conçus pour promouvoir les connaissances scientifiques et nous devons encourager, inspirer et inciter les filles à étudier dans ces importants domaines. Le soutien devrait viser particulièrement les programmes touchant les filles à un jeune âge, avant qu'elles ne prennent une décision définitive concernant leurs études et leur carrière. Ces programmes jouent un rôle important dans l'accroissement de la résilience des filles et des jeunes femmes et dans leur accession à l'autonomie financière. Cela constituera une importante contribution à la prospérité économique globale et à l'indispensable diversification de la main-d'oeuvre.
Ensuite, nous devons soutenir financièrement les programmes de mentorat conçus pour permettre aux jeunes filles de faire connaissance avec des femmes scientifiques et ingénieures, qui pourront partager leur vécu et contribuer à dissiper les stéréotypes persistants sur le rôle des femmes dans ces domaines au Canada.
Enfin, nous devons soutenir les personnes qui élèvent les filles — les parents, les fournisseurs de soins, les écoles, les organisations communautaires et le secteur privé — et leur souligner l'importance d'aider les filles au moyen de programmes de sensibilisation informels offerts à un jeune âge.
En guise de conclusion, j'espère que ma déclaration a bien souligné l'importance de donner aux filles l'occasion de vivre des expériences positives qui leur permettront de voir leur propre avenir d'un bon oeil. Les investissements liés à cette question permettront de combler l'écart entre les sexes, d'élargir la main-d'oeuvre et, fait le plus important, d'atteindre l'objectif global du comité consistant à améliorer les perspectives économiques des filles et des femmes.
Merci.
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Merci et merci beaucoup de m'avoir trouvé une place dans l'horaire. C'est très important.
Je vais lire ma déclaration pour ne pas dépasser les dix minutes.
Je tiens à féliciter le comité d'étudier l'importante question des perspectives économiques des filles canadiennes, et je remercie le comité de m'avoir invitée à présenter un exposé aujourd'hui.
J'ai eu l'occasion de lire au moins une partie de l'information déjà présentée. Pour prendre le moins de temps possible, je tenterai de ne pas répéter ce qui a déjà été mentionné. Cela dit, je veux souligner également que ce qui m'a le plus impressionnée dans ma lecture, ce sont les exposés sur les filles autochtones du Canada, concernant la pauvreté.
Je me présente devant vous aujourd'hui comme chercheure universitaire dans le domaine de la jeunesse féminine à titre de discipline universitaire. En 2008, j'ai fondé avec deux collègues un journal international avec comité de lecture intitulé Girlhood Studies, qui, autant que je le sache, est le seul journal universitaire axé sur les filles sans qu'elles soient une sous-catégorie des enfants, des jeunes ou des femmes.
Dans le cadre de notre mandat qui vise une intervention auprès des filles, pour les filles et à propos des filles, nous avons tenu des consultations internationales sur divers sujets socioéconomiques: la jeunesse féminine dans les pays nordiques et la nouvelle situation des filles selon l'évolution de l'État-providence; la jeunesse féminine en Russie et les nouvelles économies de marché; et une analyse comparative de la jeunesse féminine en Australie et au Canada. Nous soulignerons cette analyse comparative à McGill, dans le cadre d'une conférence tenue à l'université sur la jeunesse féminine entre le 10 et le 12 octobre, ce qui coïncidera avec la première Journée internationale des filles.
Je suis également ici devant vous à titre d'intervenante dans ce que l'on pourrait appeler le milieu global de la jeunesse féminine. J'ai travaillé pendant trois ans sur la campagne Because I am a Girl de Plan International et j'ai mené de nombreuses études sur l'éducation des filles en Afrique du Sud, en Gambie, en Éthiopie, en Zambie et au Swaziland, et j'ai récemment mené une évaluation pour l'Initiative des Nations Unies en faveur de l'éducation des filles.
Ce que j'aimerais faire maintenant, c'est vous présenter quatre aspects pour lesquels j'ai quelques recommandations fondées sur mon travail dans divers contextes.
Ma première recommandation à l'intention du comité touche le nouveau programme de recherche de Condition féminine et d'autres organismes du Canada ainsi que l'importance de la participation directe des filles et des jeunes femmes à la recherche. Le début des années 1990 a peut-être été l'âge d'or du soutien pour les filles au Canada. L'ACDI a grandement soutenu les programmes pour les filles, et le Canada était bien connu pour plusieurs études clés. La première était l'étude « A Capella » sur les adolescentes menée par la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, et l'autre, le sondage « J'ai des choses à dire... Écoutez-moi! », du Conseil consultatif sur la situation de la femme. Ce qui était excitant dans notre travail, c'était les mesures novatrices liées à la mobilisation des filles et ce qu'elles avaient à dire.
Mes propres recherches partout dans le monde laissent croire que nous devons plus que jamais consulter les filles de partout au pays et fournir du financement pour que de nouveaux chercheurs participent à ces travaux. J'irais jusqu'à suggérer que le comité — votre comité — envisage de formuler des recommandations au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada en vue d'établir l'ordre de priorité des travaux liés aux perspectives économiques pour les filles et les jeunes femmes.
Comme vous le savez peut-être, il a déjà plusieurs priorités. Il est notamment question de recherches sur la situation des Autochtones et l'économie numérique. Aucun de ces projets ne touche les filles et les jeunes femmes, mais si nous ne faisons pas une priorité de la jeunesse féminine, celle-ci passera à travers les mailles du filet. Ce que nous avons appris sur la scène internationale avec ONU Femmes, l'Initiative des NU en faveur de l'éducation des filles et d'autres organismes, c'est que les problèmes doivent être considérés comme des priorités si l'on veut qu'ils restent au programme, et c'est pourquoi j'en ai fait une première recommandation.
Ma deuxième recommandation touche la situation des études sur la jeunesse féminine dans le contexte des travaux sur les garçons et les jeunes hommes. C'est un domaine délicat dans les régions nordiques, où on estime que les filles surpassent habituellement les garçons dans de nombreux domaines scolaires et professionnels.
Cependant, comme un autre témoin l'a déjà mentionné, la situation des filles autochtones ne correspond pas aux résultats de cette analyse. Je crois que la Fondation Filles d'action a aussi souligné les nouvelles études sur les échecs scolaires au Québec et a laissé entendre que les travaux sont beaucoup plus complexes. Je souhaite recommander au comité de faire son possible pour ne pas mêler la situation des filles à celle des garçons au moment d'attribuer des fonds.
Beaucoup d'information révèle que les hommes et les femmes doivent s'allier avec les filles et les femmes dans le cadre de leur travail, en ce qui a trait particulièrement à la violence associée au sexe de la personne et que le Canada est en bonne position pour exercer son leadership dans l'avancement des études sexospécifiques, du point de vue des garçons, des filles et des relations. Nous devons soutenir les garçons et les filles et nous avons besoin de bourses d'études et de nouvelles lignes directrices stratégiques dans ce domaine. Cela a fait l'objet d'un débat féministe pendant un certain temps. La dernière campagne Because I am a Girl de Plan International mettait l'accent sur la place des garçons dans l'optique de la situation des filles. C'est sans précédent, mais il ne faut pas arrêter là. Cela veut dire non pas que nous cessons d'explorer la situation des filles, mais que nous avons besoin de modèles et de concepts distincts, mais inclusifs, si nous voulons comprendre la prospérité économique.
Ma troisième recommandation concerne les filles, la sexualité et le risque de contacter des ITS, particulièrement le VIH-sida. Il s'agit d'un domaine clé de mes propres recherches auprès des jeunes autochtones, garçons et filles, au Canada. Je sais que Jessica Danforth nous en parlera davantage. C'était très important dans le cadre de notre étude du leadership des jeunes autochtones, particulièrement dans le contexte de la colonisation. C'était aussi un élément important de mon travail en Afrique du Sud. Là-bas, le taux d'infection est très élevé, et les filles et les jeunes femmes sont jusqu'à trois fois plus susceptibles que les garçons et les jeunes hommes de devenir séropositives.
Mon travail est associé à la violence fondée sur le sexe, à la faible estime de soi dans le cadre des relations sexuelles dès le départ et à la capacité d'insister sur le port du condom. Je sais que, au Canada, de nombreuses initiatives s'attachent aux filles et au leadership, mais nous devons nous concentrer davantage sur la sexualité et son lien avec la prospérité économique, et son lien direct avec le leadership.
Enfin, je veux parler de l'énorme difficulté liée au fait de rassembler la recherche et les programmes concernant les filles au Canada et à l'échelle internationale. D'après la séance actuelle, il est évident que beaucoup de travaux sont réalisés dans le domaine de la jeunesse féminine, mais il y a très peu de coordination, et les résultats ne sont pas centralisés. Cette situation s'explique en partie par la grande portée des enjeux et le fait que l'étude de la vie des filles englobe de nombreux secteurs qui n'ont aucun lien entre eux — la santé, la technologie, l'éducation, les services sociaux, le travail, les études sur les Autochtones, sur l'immigration, etc. Je veux donc que nous prenions en considération le fait que, s'il existe un pays qui peut exercer un leadership en cette ère de l'information et coordonner les travaux relatifs à la jeunesse féminine, c'est bien le Canada.
À quoi ressemblerait un organisme axé sur les filles? Pourrait-il relever de Condition féminine? Comment pourrait-il concrétiser les rôles mobilisateurs dont j'ai parlé et comment pourrait-il permettre aux filles et aux jeunes femmes d'exercer une fonction consultative? Comment un tel organisme pourrait-il intégrer aussi la question des garçons? La complexité de l'étude des perspectives économiques pour les filles exige ce type de recherche, et il serait important qu'une organisation comme Condition féminine Canada établisse une direction qui se pencherait sur la situation des filles au Canada et qui serait aussi liée à d'autres initiatives canadiennes menées dans le monde par l'entremise de l'ACDI, du CRDI et d'autres organismes.
Ce sont là mes quatre recommandations. Je vous remercie de votre attention. Merci.
Merci à vous tous. Ce doit être bizarre de seulement m'entendre par téléconférence et de ne pas me voir; je suis désolée.
Je m'appelle Jessica Danforth, avant, Jessica Yee, et je suis la directrice exécutive du Native Youth Sexual Health Network. Je suis également la présidente du National Aboriginal Youth Council on HIV/AIDS au Canada, et coprésidente du Groupe mondial des jeunes autochtones pour la région de l'Amérique du Nord à l'Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies. Aujourd'hui, je vais principalement vous parler de mon travail au sein du Native Youth Sexual Health Network à titre de directrice exécutive.
Le Native Youth Sexual Health Network est un organisme géré par les jeunes autochtones, et qui s'adresse à eux. Il s'attache aux aspects de la santé, des droits et de la justice en matière de sexualité et de reproduction, aux États-Unis et au Canada. Je communique aujourd'hui avec vous de notre bureau américain situé dans la réserve d'Oneida, au Wisconsin. Notre organisation nationale axée sur les pairs est entièrement composée de jeunes Autochtones âgés de moins de 30 ans. Nous travaillons en collaboration avec les aînés et les collectivités ainsi que d'autres personnes issues de minorités visibles.
Notre organisation doit souvent répondre aux mêmes questions: comment pouvons-nous être composés de pairs, comment pouvons-nous être disséminés dans l'ensemble de l'Amérique du Nord et comment pouvons-nous être gérés par des jeunes âgés de moins de 30 ans et nous occuper uniquement d'eux? Au cours des cinq dernières années, nous avons appris au sein de notre organisation que, pour parler du travail exécuté par les pairs et pour mettre en pratique un leadership exercé par les pairs, ceux-ci doivent participer à toutes les sphères de l'organisation, et non pas y jouer un seul rôle ou rôle symbolique. Pour ce faire, il faut adopter une structure globale.
Nous sommes également fiers de nous présenter comme une organisation qui encourage fortement l'autodéclaration des femmes, qu'il s'agisse de femmes bispirituelles, lesbiennes, bisexuelles, transgenres, transexuelles, intersexuées, allosexuelles, en questionnement et les autres femmes marginales sur le plan de la sexualité. Je crois qu'il est très important de comprendre que le fait d'imposer ou de définir ce que constitue une femme, particulièrement dans le cadre de la présente étude, sans inclure les femmes que je viens de mentionner et sans tenir compte de leur expérience, fera en sorte qu'un groupe de femmes parmi ceux qui éprouvent le plus de difficultés financières au Canada sombrera dans l'oubli.
Pour nous, les préjugés liés à la classe sociale et la pauvreté font certainement partie des réalités auxquelles nous faisons face — par « nous », j'entends les réalités des Autochtones, mais aussi des groupes racialisés, des LGBT et des autres minorités visibles au Canada. Comme je l'ai remarqué dans les documents du comité, les chiffres et les statistiques ne sont que ça: des chiffres et des statistiques. Vous êtes peut-être au courant de la grave violence dont sont victimes les femmes autochtones ainsi que des dures réalités auxquelles elles font face au chapitre du suicide, de la pauvreté et de la monoparentalité. Ce qu'il faut comprendre, c'est que la situation découle d'une oppression systémique et structurelle des femmes, sur le plan économique et social, et que le gouvernement du Canada lui-même continue de renforcer cet important facteur fondamental, qui sous-tend ce que j'appelle l'injustice économique.
Pour moi, il est primordial que nous ne parlions pas seulement de chiffres et de statistiques, mais que nous cherchions à atteindre la justice économique. C'est un terme que j'ai appris dans le cadre de mon travail à temps partiel ici, aux États-Unis, et de nos voisins et alliés du Sud. Nous devons nous concentrer sur la justice économique lorsqu'il est question de la réussite des femmes et des filles canadiennes. La justice économique exige que nous remettions en question et modifions les systèmes qui suscitent la pauvreté et l'injustice économique au sein de nos collectivités. Je veux vous donner quelques exemples de mon travail au Native Youth Sexual Health Network pour illustrer le fonctionnement de l'injustice économique et de la justice économique. J'aimerais qu'ils figurent dans votre étude.
Si nous visons la justice économique, il faut la mettre en place sans crainte de pénalités économiques ou juridiques. Par exemple, si l'étude portera entre autres sur l'établissement ou la protection de droits juridiques des pauvres et des travailleurs, nous devons encourager et faciliter l'autonomie sociale. Nous devons exiger une modification radicale et humanitaire des systèmes dont il est question, dont le logement, le milieu de travail, les tribunaux, les établissements correctionnels, l'aide sociale et d'autres avantages sociaux, la citoyenneté et l'immigration, les soins de santé et d'autres services sociaux. Nous devons comprendre comment divers types d'oppression sont interreliés et perpétuent l'injustice économique et travailler sur de nombreux fronts à leur élimination. Nous devons aussi réaliser ces changements par l'intermédiaire de l'organisation de base, de la sensibilisation du public, de la défense des droits, de la recherche communautaire, d'interventions juridiques, de l'exercice du leadership et de l'établissement d'une coalition. Cela favorise particulièrement la justice économique, telle que nous la percevons.
Dans le cadre de notre travail, nous remarquons que ce déni de justice économique et de la réalité des femmes autochtones se traduit par une injustice sur le plan de l'environnement et de la reproduction.
Dans de nombreuses régions du Canada où l'on exploite des ressources — mines, extraction de gaz et de pétrole, forage —, particulièrement dans les régions rurales, éloignées et nordiques des provinces et des territoires, nous voyons des prétendues perspectives économiques et le développement qui s'ensuit imposer du même coup de nombreux changements radicaux qui touchent les femmes et les filles autochtones, à l'échelle de la collectivité. Bien que nous soyons au courant de l'exploitation des sables bitumineux et d'autres ressources minières, gazières et pétrolières dans le Nord de l'Alberta, par exemple, le taux élevé et croissant de violence sexuelle passe inaperçu — et c'est également le cas des infections transmises sexuellement, dont le VIH et la syphilis — ainsi que le suicide, divers problèmes de santé mentale, la dépression, etc.
Le développement économique côtoie ce que l'on peut appeler l'injustice économique. Ces deux réalités qui coexistent demeurent incomprises.
Je veux citer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, à laquelle le Canada a confirmé son appui très, très récemment; il y est question du « consentement préalable libre et informé ». S'il y avait une justice économique au Canada pour les femmes et les filles autodéclarées, cela devrait se concrétiser avec un consentement préalable libre et informé. On ne saurait y parvenir grâce à une simple consultation ou en affirmant simplement que des discussions ont été menées auprès de certains groupes de femmes, d'une personne symbolique ou de son représentant, et que nous avons la permission de leur faire justice ou de tenter d'éliminer leur oppression. Au sens de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, le consentement préalable libre et informé exige du Canada non pas seulement qu'il consulte, mais aussi qu'il obtienne un consentement préalable informé et éclairé — dans plusieurs langues, cultures et collectivités — pour pouvoir réaliser quelque chose et le faire différemment.
Pour conclure, je veux vous parler d'une pratique prometteuse que nous aimerions voir se poursuivre. Nous avons reçu un financement partiel de Condition féminine dans le cadre d'un projet national de partenariat avec la Fondation Filles d'action intitulé Jeunes femmes autochtones: Partager nos réalités, unir nos forces. Le nom du projet a été déterminé par notre groupe consultatif de pairs composé de dix jeunes femmes autochtones de partout au Canada, coordonné directement par le Native Youth Sexual Health Network.
Le groupe est entièrement géré par des jeunes femmes autochtones autodéclarées et tient entre autres un rassemblement national, le premier du genre, organisé exclusivement par et pour les jeunes femmes autochtones. Le groupe élabore des ressources, dont [note de la rédaction: inaudible] la création d'une trousse sur l'estime de soi. Nous espérons que ce projet continue, mais il est de plus en plus difficile de financer un projet entièrement géré par des pairs qui ne suppose aucune autre reddition de comptes par ailleurs.
En guise de conclusion, je veux souligner qu'il ne peut être question de nouvelles occasions de financement ni d'affectations de fonds pour divers problèmes qui continuent de cacher ou d'isoler les identités, les collectivités et les problèmes multiples associés à ces personnes.
Dans le contexte de l'injustice sur le plan de l'environnement et de la reproduction que j'ai mentionnée précédemment, lorsqu'il est question de développement économique entraînant de multiples types d'oppression prenant la forme d'injustices environnementales touchant les collectivités autochtones, particulièrement dans le cas d'exploitation de ressources, il est impossible d'aborder le sujet sans obtenir le consentement préalable libre et informé des collectivités. Il est évident que ce que l'on appelle le développement économique ne fait pas l'objet d'un consentement préalable libre et informé, qui constitue un droit international des femmes et des filles.
Merci.
Les services liés à la reproduction faisant partie intégrante de ce que nous appelons la justice en matière de reproduction ressemblent beaucoup aux éléments de la justice économique. Il est impossible d'améliorer les perspectives économiques des femmes et des filles canadiennes sans protéger leur santé reproductive, même dans les grandes villes, comme Toronto.
Le Toronto Teen Survey effectué en partenariat avec Planned Parenthood of Toronto a révélé que, seulement l'année dernière, près de 80 p. 100 des adolescents de Toronto ne consultaient pas les services de santé sexuelle. Parmi les principales raisons données, mentionnons que les services étaient inadéquats sur le plan culturel et non axés sur les pairs et qu'ils ne tenaient pas compte des réalités des adolescents, particulièrement des jeunes Autochtones et des jeunes de minorités visibles. Cela montre que, même dans une grande ville où on croirait qu'il y a beaucoup de services et de choix et que le développement économique y est important, les jeunes n'ont pas recours à ces services, et cela est attribuable à l'absence d'aide dispensée par les pairs et de mobilisation de ceux-ci.
Je peux aussi brosser le portrait de la réalité des régions rurales, éloignées et nordiques du Canada. À titre d'exemple, même si l'avortement est légal au Canada, cela ne le rend pas accessible partout. Bon nombre de femmes canadiennes n'y ont pas accès, même si elles le désirent; en région nordique, rurale ou éloignée, il faut passer par plusieurs instances pour avoir accès aux services auxquels on a droit, mais, en réalité, ce droit ne peut être respecté ni concrétisé au sein de sa propre collectivité.
Par exemple, dans certaines collectivités, disons, du Nord de l'Ontario ou de l'Alberta ou même à l'Île-du-Prince-Édouard n'ont aucune clinique d'avortement, même s'il s'agit d'un droit protégé par la loi. S'il faut demander une subvention aux résidents du Nord pour frais de transport vers le Sud, s'il faut engager soi-même une partie des fonds, si c'est une étudiante à l'extérieur de sa province qui se voit facturer des frais de soins de santé... Ce sont seulement quelques exemples de réalités auxquelles font face les femmes et les filles canadiennes en ce qui concerne le plein contrôle de leur santé reproductive et de l'accès aux services connexes.
J'ai également parlé de collectivités nordiques connaissant un prétendu développement économique grâce à l'exploitation minière, gazière et pétrolière, mais celles-ci sont également le théâtre de violence sexuelle et présentent un taux extrêmement élevé d'infections transmissibles sexuellement, et très peu de services y sont offerts.