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Je suis ravi de faire un exposé sur le sujet à l'étude devant les membres du comité.
Comme on vous l'a déjà dit, je m'appelle Gary Merasty, et je suis le vice-président de la responsabilité sociale d'entreprise chez Cameco Corporation, une mine d'uranium du Nord de la Saskatchewan. Nous sommes l'un des plus importants producteurs d'uranium au monde; notre production représente 16 p. 100 de l'offre mondiale. Le Nord de la Saskatchewan est le centre névralgique de Cameco, qui est niché au milieu des collectivités des Premières nations et des Métis.
Mon exposé sera assez bref, et je vous en tracerai les grandes lignes; nous passerons ensuite aux questions. Je vais vous donner quelques statistiques sur l'industrie minière en Saskatchewan et la situation de l'emploi pour les Premières nations et les Métis qui y vivent. Par la suite, je parlerai de l'expérience de Cameco.
En Saskatchewan, il faudra pouvoir environ 18 000 nouveaux emplois liés à l'industrie minière. D'ici à 2028, nous nous attendons à des investissements de 43 milliards de dollars; ce montant a été révisé à près de 50 milliards de dollars récemment. Il y a une forte demande dans un certain nombre d'emplois liés à l'industrie minière, dont la majeure partie sont des métiers. Bien entendu, il y en aura aussi pour les services administratifs et professionnels. Comme je l'ai dit, ce n'est qu'un bref aperçu de quelques-uns des éléments; je sais qu'en tant que membres du comité, vous êtes très bien informés à ce sujet.
En ce qui concerne les Premières nations et les Métis de la Saskatchewan, on prévoit que la proportion d'Autochtones dans la vingtaine doublera. C'est ce qu'on a dit il y a quelques années — on dit maintenant qu'elle passera de 17 à environ 30 p. 100 d'ici à 2017. En examinant certains des indicateurs, nous pouvons constater que c'est en voie de se concrétiser — et même que la proportion fera plus que doubler — au cours des prochaines années.
Les provinces dont la proportion d'Autochtones est la plus forte, soit le Manitoba et la Saskatchewan, sont également celles dont le taux de chômage chez les Autochtones est le plus élevé: respectivement de 18 et de 22 p. 100 environ. Comme ces taux sont environ quatre fois plus élevés que le taux de chômage dans ces provinces, il y a d'énormes différences et de grands écarts entre les taux de chômage. Plus près de chez moi, dans le Nord de la Saskatchewan, le taux de chômage est encore plus élevé, car comme vous le savez, pour être chômeur, il faut s'inscrire. Selon le recensement de 2006, le Nord de la Saskatchewan compte environ 9 000 personnes employées et 2 300 chômeurs, mais 11 000 ne font pas partie de la population active — il s'agit de la population en âge de travailler et donc, le nombre de sans-emplois est beaucoup plus élevé.
Si l'on regarde la situation des gens au Nord, 86 p. 100 sont des membres des collectivités des Premières nations et des Métis, 53 p. 100 ont moins de 25 ans — mais je pense qu'en fait, 50 p. 100 ont moins de 18 ans —, et entre 50 et 60 p. 100 n'ont pas terminé leurs études secondaires. Plus la population est éloignée, moins il y a de diplômés du secondaire. Ce que je trouve intéressant, puisque j'ai déjà été enseignant, c'est le très grand nombre d'élèves qui se réinscrivent en 10e année après avoir déjà échoué et qui reviennent pour secouer le système, mais qui finissent par échouer encore. C'est une occasion en or de lancer une initiative. Il manque des cours de math et de science au secondaire dans le Nord.
Ce que je tente de dire dans cette première partie de mon exposé, c'est que les ressources augmentent en Saskatchewan, et d'ailleurs dans les régions rurales et éloignées du Canada, les besoins sont criants dans les collectivités des Premières nations et des Métis, et de belles possibilités se présentent pour les gouvernements — provinciaux et fédéral — pour améliorer la situation socioéconomique. Pour des sociétés minières comme la nôtre, la population des Premières nations et des Métis constitue un avantage concurrentiel: une main-d'oeuvre fidèle qui reste sur place. Les trois parties ont de grands intérêts communs. L'amélioration des résultats scolaires est vraiment essentielle pour l'embauche dans nos entreprises. Bien sûr, en améliorant les résultats scolaires, on améliore le taux d'emploi. En améliorant le taux d'emploi, on aide les familles et les collectivités et on bâtit des économies locales, ce qui permet le développement des entreprises. Dans l'ensemble, la qualité de vie des collectivités s'améliore.
Je vais maintenant vous parler un peu de Cameco. Comme je l'ai dit, le centre névralgique de Cameco est le Nord de la Saskatchewan. Cette partie de la province est plus grande que l'Allemagne, mais elle ne compte que 40 000 habitants dans environ 40 collectivités.
Cameco est l'employeur industriel qui embauche le plus grand nombre d'Autochtones au Canada. En date du mois d'octobre 2011, 763 employés autochtones avaient un emploi chez nous directement, ce qui constitue près de 70 millions de dollars en salaires. Sur nos sites miniers, les Autochtones représentent 50 p. 100 de notre main-d'oeuvre. Depuis 2004, nous avons vu l'emploi autochtone augmenter de 65 p. 100, et de 2004 à 2011, et les salaires sont passés de 60 à 70 millions de dollars, comme je le disais il y a un moment. Environ 25 p. 100 de nos travailleurs de métier sont des Autochtones du Nord.
Un autre volet qui caractérise notre entreprise et nos relations avec les gens du Nord, c'est le northern preferred supplier program que nous avons créé pour le nord de la Saskatchewan. Nous nous attendons à ce que la plupart des fournisseurs de notre site minier soient des entreprises appartenant à des Autochtones à au moins 50 p. 100, et qu'il y ait des cadres supérieurs Autochtones. Ils suivent nos aspirations en matière d'emploi également.
En fait, 2011 sera une année record: nous aurons payé 320 millions de dollars pour les services d'entreprises appartenant à des Autochtones, et c'est jusqu'à la fin d'octobre. Depuis 2004, nous avons obtenu pour plus 1,6 milliard de dollars de services de la part de ces entreprises. De leur côté, elles emploient 850 personnes de plus. Donc, entre nous et nos fournisseurs de services, il y a environ 1 600 employés.
De quelle façon Cameco en est-elle arrivée là? Eh bien, notre entreprise est établie dans le nord de la Saskatchewan depuis plus de 20 ans. Nous avons mis en place un grand nombre de différents programmes que nous avons créés, pratiquement de A à Z, conjointement avec les collectivités du Nord. Nous collaborons avec les collectivités. Notre idée de départ, c'est que le verre est à moitié plein. Nous collaborons avec elles, misons sur leurs forces et cernons leurs buts, leurs rêves et leurs aspirations. Nous mettons en oeuvre beaucoup de projets, comme des visites dans des salons des carrières — le type d'initiatives courantes —, mais aussi une école secondaire virtuelle Credenda pour permettre aux élèves des collectivités éloignées d'apprendre les mathématiques et les sciences.
Nous avons un plan de formation faisant intervenir différents acteurs qui fonctionne très bien. Il s'agit d'un partenariat entre les gouvernements provinciaux, les établissements d'enseignement du Nord, et l'industrie — nous, en particulier — dans le cadre duquel nous concevons des cours spécifiquement pour notre industrie. Nous menons bien d'autres projets. Le programme d'apprentissage tient une place plutôt importante dans notre entreprise.
Ce ne sont qu’une partie des projets, et par souci de concision, je ne veux pas en dire davantage à ce sujet. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons élaboré des projets conjointement avec nos partenaires du Nord pour l’école secondaire, le collège technique et l’université. Nous avons pris des initiatives pour chaque niveau.
Je veux parler de notre Partenariat pour les compétences et l’emploi des Autochtones: le Northern Career Quest Partenership. Grâce à des contributions de 33 millions de dollars, il s'agit du programme le plus important au Canada. Il vise les programmes d’emploi et de formation pour les Premières nations et les Métis du nord de la Saskatchewan. Je préside cette organisation. Selon la proposition originale, nous devions évaluer les objectifs de carrière et les aspirations de 3 000 membres des Premières nations et de Métis, et nous devions offrir de la formation à 1 500 d’entre eux et garantir 750 emplois.
Notre programme se terminera en mars 2012, et aura duré quatre ans. Puisque nous aurons évalué près de 5 000 personnes et en aurons formé près de 1 700, nous dépasserons nos objectifs. Pour ce qui est de l’emploi, nous en sommes à 1 300, ce qui correspond à presque le double des objectifs que nous nous étions fixés en matière d’emploi.
Il s’agit d’un excellent partenariat entre les collectivités et nous. Les collectivités sont venues nous dire « collaborons ensemble là-dessus ». Je ne peux que saluer le programme en raison de tous les avantages qu’il apporte. Ce qui explique son succès en partie, c’est qu’il y a un lien entre la formation et l’embauche: on peut voir un lien direct entre la formation et l’emploi. Cela motive les gens à continuer de suivre leur formation et donc à décrocher un emploi.
Les ressources augmentent, et le nord de la Saskatchewan a peut-être une longueur d’avance en quelque sorte. Comme il y a de l’exploitation minière dans le nord de la Saskatchewan depuis 60 ans, certaines des collectivités qui y vivent ont acquis de l’expérience en milieu industriel.
Pour terminer, des leçons ont été tirées. Nous aimerions que le PCEA se poursuive d’une façon ou d’une autre. C’est absolument indispensable.
Notre grande difficulté présentement, puisque nous avons pourvu tous les postes de premier échelon en embauchant des membres des Premières nations et des Métis, c’est d’accroître le nombre de finissants au secondaire. Nous exhortons les gouvernements et les collectivités locales à régler la situation scolaire. Il faut le faire maintenant. Il y a eu beaucoup de bruit à ce sujet, et essentiellement, nous pouvons toujours dire que le temps n’est pas venu. Nous remettons cela sans cesse à plus tard, mais il est temps d’agir, puisque des éléments clés s’alignent parfaitement pour permettre aux Autochtones d’avancer. Le retour sur l’investissement est énorme. Nous arrivons à maintenir nos employés en poste, ce qui nous donne un avantage concurrentiel très important.
Merci.
Bonjour.
Je travaille pour la bande de la Première nation Moose Cree en tant que coordonnatrice de l’emploi et de la formation pour le projet Lower Mattagami River. Le projet hydro redevelopment est un partenariat entre l’Ontario Power Generation et la bande de la Première nation Moose Cree. Je suis également ici grâce au succès de notre Partenariat pour les compétences et l'emploi des Autochtones.
Après seulement 16 mois, notre système de base de données compte présentement 441 employés. Je crois que nos réussites concordent vraiment avec un certain nombre de constatations justifiant l'investissement dans les collectivités éloignées du Canada, surtout le besoin de programmes de formation souples et diversifiés. Une bonne partie de nos réussites ont été possibles grâce aux leçons que nous avons tirées de pratiques exemplaires à l’échelle régionale et partout au pays, et la clé du succès de notre programme, c’est probablement la participation de la collectivité au projet.
SIBI Employment and Training a reçu des fonds du Partenariat pour les compétences et l'emploi des Autochtones en juin 2010; cela ne fait donc pas longtemps. C'est une partie importante du financement pour les compétences et l'emploi. Notre organisme a commencé à renforcer les capacités en 2007, lorsque la bande de la Première nation Moose Cree et Ontario Power Generation ont mis au point une enquête sur les ressources humaines pour notre collectivité, et nous avons cerné les compétences actuelles dans la collectivité.
La base de données continue de s'enrichir: elle compte plus de 1 000 clients. Elle nous a permis de cerner quatre groupes qui voulaient participer aux projets — il y a tout d'abord les gens qui ont de l'expérience et une reconnaissance professionnelle, les personnes qualifiées. Dans ces cas, c'est facile. Ce sont nos compagnons d'apprentissage, et nous en comptons très peu. Nous avons, disons, cinq charpentiers, un plombier et deux électriciens. Je peux les compter. Ils peuvent directement devenir membres du syndicat. En fait, dans le cadre de notre projet Lower Mattagami River, la bande de la Première nation Moose Cree a eu le premier compagnon charpentier sur place, ce qui a été très positif pour notre collectivité.
Le deuxième groupe, qui compte le plus grand nombre de travailleurs, est constitué de gens qui ont de l'expérience sans avoir de reconnaissance professionnelle. Ils n'ont pas de certificat, et il serait probablement trop long pour eux de l'obtenir maintenant. Ils auraient trop d'obstacles à franchir et n'y arriveraient pas. Ce que nous avons fait à cet égard pour notre projet, c'est de collaborer avec les syndicats pour faire des entrevues et faire passer des tests d'aptitude pour permettre à ces gens de se qualifier pour un emploi lié au projet, mais sans pouvoir être membres du syndicat à long terme, ni devenir compagnons d'apprentissage.
Il y avait également des gens qui avaient participé à des programmes de formation dans le passé et qui avaient été formés, mais avaient peu d'expérience. Nous avons créé des programmes de placement professionnel pour eux. De plus, il y avait un important groupe constitué de nouveaux travailleurs ou de gens qui faisaient un retour sur le marché du travail. Nous avons créé un cours de base de sept semaines sur la connaissance de soi et de la collectivité, que nous avons appelé « employabilité ». Le programme a débuté en novembre 2009, et a été offert à 180 personnes, dans 11 contingents depuis ce temps.
De plus, en répertoriant la formation qui avait été offerte dans la région dans le passé, nous avons constaté que dans le cadre d'un projet, 250 conducteurs d'équipement lourd étaient formés; toutefois, ils n'avaient pas trouvé d'emploi. Nous avons envoyé ces gens dans des écoles de formation reconnues par le syndicat pour qu'ils obtiennent une reconnaissance professionnelle. Ils ont tous participé au projet Lower Mattagami River à un moment donné, ou y participent présentement. Bon nombre d'entre eux sont maintenant passés à Detour.
Nous avons utilisé nos renseignements sur le marché du travail pour ce qui est de l'offre et la demande, et nous avons fait les liens.
Lorsque le projet a commencé, avec l'entrepreneur, nous avons élaboré un plan de formation menant à l'emploi, et nous avons réussi dans certains domaines, comme les essais sur le ciment pour l'assurance de la qualité, l'installation de barres d'armature, la charpenterie, le forage et le sautage, la conduite de camion bétonnier, l'entreposage, la santé et la sécurité, les services de sécurité, la cuisine et le grutage — des possibilités d'emploi très variées.
Ce qui explique notre réussite, c'est la collaboration sur les agents de mise en oeuvre, et le programme d'enseignement et les choix de formation entre les trois intervenants: la collectivité, l'industrie et les syndicats. Je pense que le gouvernement pourrait également y participer, bien qu'il ne l'a pas vraiment fait sauf pour le rôle qu'a joué RHDCC dans notre projet.
Une autre de nos pratiques exemplaires dont nous avons reconnu la valeur pendant la formation consiste à donner aux stagiaires l’occasion de visiter les sites de travail. Ainsi, ils peuvent déterminer si ce type de travail leur convient. En mêlant dès le début l’entrepreneur à la formation des stagiaires, on facilite les choses lorsque des retards se produisent dans le calendrier des travaux ou dans le programme de formation vers l’emploi, parce que les stagiaires se sentent alors concernés. Nous savons qu’il est difficile de tenter de travailler avec l’industrie, en particulier dans le cadre d’un projet de construction, de respecter le calendrier et les échéanciers et d’intégrer les stagiaires dans cette initiative. Mais, si l’entrepreneur — et dans mon cas, le syndicat — entretient des rapports directs avec les stagiaires, ceux-ci cessent d’être frustrés, car ils constatent que, tôt ou tard, ils obtiendront un emploi.
Pour obtenir une population active qui réussit à long terme, je pense qu’il est nécessaire de mettre en oeuvre un programme de formation à grande échelle qui ne met pas trop l’accent sur un domaine en particulier. C’est vraiment essentiel si l’on veut que le programme soit axé sur les besoins de la communauté.
Étant donné que les initiatives de formation antérieures étaient vraiment axées sur des modèles fondés sur le préapprentissage, SIBI accorde également la priorité aux inscriptions à des apprentissages et à leur réussite. Dans le cadre de ce projet, je me suis efforcée d’analyser les réalisations des anciens modèles, et j’ai constaté que les modèles fondés sur le préapprentissage engendraient très peu d’inscriptions à des apprentissages.
Grâce à des inscriptions auprès des syndicats ou directement auprès des employeurs, le projet hydroélectrique de la partie inférieure de la rivière Mattagami compte deux apprentis conducteurs de grue mobile, deux apprentis électriciens, un apprenti plombier et un apprenti mécanicien de matériel lourd, soit six apprentis inscrits. En ce moment, des gens s’inscrivent également à des apprentissages à notre site situé près de la partie inférieure de la rivière Mattagami.
Je lisais dans le rapport que l’une des difficultés rencontrées communément — et que j’ai moi-même vécue très fréquemment — consiste à traiter avec le ministère de la Formation et des Collèges et Universités de l’Ontario et avec ses divers représentants à propos des apprentissages. Il est difficile et frustrant d’avoir à composer avec divers analystes provenant de divers bureaux et émettant diverses idées, même si l’on a affaire au même gouvernement. Notre principal objectif est de créer un groupe de jeunes travailleurs agréés qui ne quitteront pas la communauté et qui seront en mesure de léguer leurs connaissances aux générations futures.
Cette question est liée à l’éducation. Je ne vais pas passer en revue tous les obstacles à l’éducation que les peuples des Premières nations doivent surmonter. Je pense qu’au cours des deux ou trois derniers jours, nous avons vraiment été bombardés de renseignements qui, selon moi, sont vraiment des solutions de fortune — comme celles concernant Attawapiskat —, mais l’éducation met en lumière toutes ces questions, n’est-ce pas? L’une des lacunes qui a été signalée et dont Gary a déjà parlé est le manque d’orientation professionnelle et de connaissance des débouchés qui entraîne le problème que j’ai mentionné auparavant, à savoir que bon nombre de membres de la communauté souhaitent devenir des conducteurs de matériel lourd parce qu’ils ne connaissent rien d’autre, en raison de la dichotomie provinciale et fédérale.
Je crois que c’est vraiment par l’intermédiaire des entreprises locales… Notre budget de formation est également axé sur l’établissement de partenariats en matière de salaire, et cela vise vraiment à inciter nos entreprises locales à développer leur capacité. Nous avons également organisé un programme d’alphabétisation en milieu de travail, en collaboration avec les entreprises locales. Voilà, à mon avis, un autre domaine qui a besoin d’être développé et dont les travailleurs et les entreprises peuvent bénéficier. C’est grâce à la réussite des entreprises locales que notre communauté connaîtra une croissance économique à long terme. Pour que le projet réussisse, il est essentiel que la communauté y prenne part, et c’est ce qu’a accompli l’entente Amisk-oo-skow des Premières nations qui, comme j’ai entendu le chef Hardisty de la Première nation de Moose Creek le déclarer, est issue des traités. L’entente repose sur un partenariat, sur les excuses présentées concernant les griefs du passé et sur une relation respectueuse de longue durée qui englobe une sensibilisation aux différences interculturelles fondée sur la reconnaissance du savoir écologique traditionnel dans le cadre du projet, sur l’intégration d’un groupe de travail consultatif constitué d’aînés et sur des débouchés commerciaux, des perspectives d’emploi et des possibilités de formation pour la Première nation de Moose Creek.
L’intégration de notre bureau dans le processus d’embauche est liée aux résultats positifs obtenus en matière d’emploi.
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de vous joindre à nous aujourd'hui. Nous sommes reconnaissants de vos commentaires.
Habituellement, puisque je suis la dernière à poser des questions, je me fais des rencontres. Je vais vous poser de questions, et si vous ne pouvez pas y répondre, vous pourriez nous faire parvenir une réponse. Je vous en serais très reconnaissante.
J'ai grandi dans une collectivité nordique, à Fort McMurray, pour être précise. Je suis parfaitement au courant des occasions qui existent, en particulier par rapport à l'intégration des collectivités des Premières nations dans les grandes opérations minières industrielles.
Premièrement, à votre avis, dans quelles pratiques exemplaires précises ou dans quels programmes de formation votre entreprise peut-elle investir ou investit-elle déjà? Connaissez-vous d'autres entreprises dont nous pourrions examiner les pratiques exemplaires? C'est une question à titre informatif.
Deuxièmement, par rapport à la formation et au développement dans les collectivités rurales éloignées, pouvez-vous nous parler des succès remportés par le secteur privé? Que font ces entreprises pour attirer des gens d'autres parties de la province ou du pays? Je pense que nous savons tous que 1 000 personnes, ce ne sera probablement pas suffisant pour combler tous les emplois en Saskatchewan. Ce ne l'est même pas pour combler les besoins du nord de la Saskatchewan. Il nous faudra trouver ces gens ailleurs, et c'est à souhaiter que ce soit dans notre propre pays. Que font vos entreprises — et les autres entreprises qui ont des pratiques exemplaires — pour attirer des gens d'autres régions du pays afin de retenir les services du plus grand nombre de Canadiens possible et s'assurer que tous les Canadiens ont un emploi?
Je suis ravie d'être ici.
Je m'appelle Margaret Eaton et préside l'organisation ABC Life Literacy Canada.
Nous sommes une organisation nationale vouée à l'alphabétisation et dans notre vision, chaque Canadien a les capacités de lecture et d'écriture nécessaires pour mener pleinement sa vie chez lui, au travail et dans sa collectivité. Nous sommes ravis de parler de ce sujet aujourd'hui.
Comme vous le savez, selon le rapport de la Chambre de commerce du Canada intitulé Argumentation économique en faveur de l'investissement dans les collectivités éloignées du Canada, l'amélioration des compétences et la formation des Canadiens sont absolument essentielles. Nous ne pouvons qu'être d'accord.
Les faibles niveaux d'alphabétisation et en compétences essentielles sont une réalité dans tout le Canada. Selon des évaluations internationales, 42 p. 100 des Canadiens ont un faible niveau d'alphabétisation; autrement dit, leurs compétences sont inférieures à celles que l'on demande en 12e année.
Nous constatons par ailleurs des changements spectaculaires sur le marché du travail, les compétences réelles ne correspondant plus aux compétences nécessaires à la réussite. Dans son rapport intitulé Menial No More, qui veut dire « Finies les tâches insignifiantes », la Coalition de l'alphabétisation de l'Ontario explique que les compétences exigées au niveau d'entrée ou pour des emplois peu spécialisés ont augmenté. Ce changement s'explique essentiellement par la technologie, par les pressions de la productivité et par les changements législatifs apportés aux normes de santé et de sécurité. Pour presque tous les emplois, il faut davantage de compétences techniques et en technologie numérique.
On a tous vu les employés de salle d'hôpital portant désormais sur eux des assistants numériques. Et c'est aussi vrai des préposés au nettoyage dans les chaînes d'hôtel. Même l'employé de Starbucks qui prépare le café doit maintenant pouvoir réparer le système Wi-Fi lorsqu'il tombe en panne.
Nous entrons par ailleurs dans une période de pénurie de main-d'oeuvre. On estime, par exemple, que le projet exploité dans le Cercle de feu des basses terres de la baie James, dans le nord de l'Ontario, exigera 90 000 nouveaux travailleurs, desquels on exigera des niveaux de compétence supérieurs à ceux de bien des Canadiens. Selon RHDCC, d'ici 2031, 77 p. 100 de tous les emplois exigeront des études ou une formation postsecondaire.
Comment donc satisfaire ces nouveaux besoins, surtout dans les collectivités éloignées? La Chambre de commerce propose d'aligner plus étroitement les besoins de formation aux besoins particuliers des collectivités. Cette adaptation de la formation aux débouchés économiques et commerciaux fait intervenir l'entreprise. La meilleure solution au problème est d'établir des partenariats entre le gouvernement, l'entreprise et les syndicats pour l'alphabétisation en milieu de travail et la formation en compétences essentielles. On nous a d'ailleurs déjà fait part aujourd'hui des succès de ce modèle.
Cela se fait dans les mines de diamant des Territoires du Nord-Ouest. Les deux mines de Diavik et Ekati ont mis sur pied de fructueux programmes d'alphabétisation et d'acquisition de compétences essentielles en milieu de travail, qui s'adressent essentiellement à leur main-d'oeuvre autochtone. Les employés peuvent aussi obtenir un diplôme de formation générale et suivre une formation spécialisée sur l'équipement et les systèmes qu'ils utilisent au travail. Le programme est désormais un modèle du genre. En fait, le directeur des ressources humaines à la mine de Diavik m'a dit que des recruteurs venaient de Fort MacMurray jusqu'à Yellowknife pour leur marauder leurs employés. C'est vous dire si le programme est fructueux.
Le programme est financé en partie par le gouvernement territorial et en partie par l'employeur, mais de leur côté, les employés y consacrent du temps personnel. Nous pensons que ce type de partenariat qui fait appel à la contribution de chacun permet de mettre sur pied un modèle réussi et durable pour des programmes de formation à long terme. L'employé acquiert les compétences particulières dont il a besoin pour l'emploi qu'il occupe, mais il reçoit aussi des fondements en alphabétisation et en compétences essentielles qui lui serviront dans n'importe quel emploi.
Ces programmes sont par ailleurs tout bénéfice pour l'employeur. Selon notre recherche en effet, les employeurs qui investissent dans l'alphabétisation et l'acquisition des compétences essentielles en milieu de travail en retirent de nombreux avantages, notamment moins d'absentéisme, un taux de conservation des effectifs plus élevé, de meilleures communications entre employés, une plus grande productivité, de moindres coûts, des taux d'erreurs moins élevés et de meilleures normes de santé et de sécurité.
Dans les collectivités éloignées, surtout celles qui dépendent d'un seul grand employeur, ce dernier peut vraiment offrir une excellente formation en compétences. Le milieu de travail est un endroit idéal pour la formation, puisque les gens s'y trouvent déjà. On évite ainsi de nombreux obstacles: on n'a pas à rentrer chez soi, à se faire à manger et à trouver une gardienne pour pouvoir repartir à la formation. Ce qu'on apprend est immédiatement applicable aux tâches que l'on exécute, ce qui bonifie l'expérience d'apprentissage.
Même pour les petites et moyennes entreprises, nous avons vu des modèles dans le cadre desquels les compagnies se regroupent pour offrir de la formation à leurs employés et en partagent les coûts. Étant donné les pénuries de main-d'oeuvre, surtout dans les collectivités éloignées et du Nord, les employeurs auront de plus en plus à s'occuper de la formation des effectifs dont ils disposent. Ils vont devoir travailler avec les gens qui sont là, comme nous l'avons vu dans le nord de la Saskatchewan.
Dans une étude menée en 2009 par Ipsos Reid, ABC Life Literacy Canada a posé la question suivante: « Qui est responsable de l'alphabétisation et de l'amélioration des compétences essentielles des Canadiens? » En réponse à cette question, la plupart des Canadiens pensent qu'il incombe à chacun d'améliorer ses compétences, mais il semble qu'ils ne s'attendent pas à ce qu'on le fasse de sa propre initiative. Quatre Canadiens sur dix estiment en effet que le lieu de travail a un rôle à jouer en la matière; et sept sur dix sont d'avis que le gouvernement doit contribuer à l'alphabétisation des adultes.
Quel rôle le gouvernement fédéral peut-il donc jouer? Nous pensons qu'il peut jouer un très grand rôle de leader en encourageant les employeurs à investir dans l'alphabétisation et les compétences essentielles en milieu de travail. Nous savons que les employeurs canadiens n'ont pas un bilan très reluisant en la matière. Au titre des investissements dans la formation, l'OCDE classe le Canada au 13e rang parmi les nations occidentales, loin derrière les États-Unis et le Royaume-Uni. Et nous savons que les investissements qui sont faits concernent davantage la direction que les travailleurs de première ligne. Dans les régions où le gouvernement offre des programmes d'encouragement, les employeurs seront beaucoup plus susceptibles de donner une formation aux travailleurs de première ligne. En témoignent les programmes extrêmement fructueux appliqués au Manitoba, en Nouvelle-Écosse et au Québec.
Dans le cadre d'une tribune regroupant les ministres du Travail du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires, les gouvernements peuvent encourager les employeurs à s'associer à la solution. Ces encouragements pourraient prendre la forme d'un crédit d'impôt à la formation, ou de mesures par lesquelles les provinces engageraient employeurs et entreprises à adopter leurs modèles de formation en compétences essentielles. Dans certaines provinces, les ententes sur le marché du travail servent à aider les employeurs à offrir une formation en alphabétisation et en compétences essentielles.
Des partenariats novateurs associant gouvernement, employeurs et employés peuvent équiper les Canadiens des compétences nécessaires à l'emploi qu'ils occupent ou qu'ils pourraient occuper. Par son leadership, le gouvernement fédéral peut faire en sorte que notre main-d'oeuvre ait les compétences qui permettront à nos entreprises d'exceller dans l'économie mondiale. À cet égard, le renforcement des compétences a des retombées économiques de très grande portée pour toutes les collectivités du pays et pour l'ensemble de la nation.
Merci beaucoup.
[Français]
Merci, monsieur le président et membres du comité.
[Traduction]
Je m'appelle Michèle Clarke et dirige le service des Relations gouvernementales et des Recherches stratégiques à l'Association des collèges communautaires du Canada. Nous vous savons gré de l'occasion que vous nous donnez de contribuer à l'étude du comité sur le développement des compétences dans les collectivités rurales éloignées. Je suis accompagnée aujourd'hui de ma collègue Suzanne Taschereau, qui est responsable des initiatives relatives aux compétences essentielles.
L'Association est la voix nationale et internationale de 150 collèges, instituts, collèges universitaires, écoles polytechniques et cégeps du Canada. Avec ses 1 000 campus répartis dans des collectivités urbaines, rurales et éloignées, ces établissements attirent des étudiants de toutes les couches socio-économiques de la population.
Notre exposé d'aujourd'hui porte sur les rôles que jouent les collèges pour améliorer le développement des compétences dans les collectivités rurales éloignées. Nous recenserons certains des obstacles à ce développement et vous communiquerons les approches et pratiques novatrices qu'adoptent les collèges en étroite collaboration avec les entreprises, l'industrie et les employeurs pour répondre à leurs besoins d'éducation et de formation dans le but de favoriser l'innovation commerciale et de renforcer l'accès à la formation et aux études postsecondaires.
Les collèges et instituts ont de larges ramifications dans les collectivités rurales éloignées. Ils sont souvent le seul établissement d'enseignement postsecondaire de la région et s'avèrent être une ressource précieuse pour permettre à ces populations d'accéder aux études postsecondaires et à la formation en compétences. Nos trois collèges implantés dans les territoires ont des campus principaux et de larges réseaux de centres d'apprentissage desservant les petites collectivités. Ces collèges servent de pivot de l'activité communautaire et du bien-être socio-économique local. Ils offrent des programmes et des modes de prestation de services novateurs pour faciliter l'accès à l'éducation postsecondaire, pour appuyer l'innovation et pour améliorer la productivité des petites et moyennes entreprises qui y sont implantées.
Comme le fait remarquer la Chambre de commerce du Canada dans son rapport intitulé Argumentation économique en faveur de l'investissement dans les collectivités éloignées du Canada, les modèles de financement actuels de l'enseignement désavantagent les collectivités rurales. La complexité et la multiplicité des mécanismes d'aide financière pour l'éducation postsecondaire découragent les candidatures. Les collèges doivent souvent regrouper des sources de financement liées à des critères d'admissibilité différents selon les candidats. Dans bien des cas, le financement ne permet pas de surmonter d'autres problèmes, tels que les besoins de transport dus à l'éloignement, l'accès aux garderies et les services d'appui à l'apprentissage. Il est donc critique d'offrir une vaste gamme de services d'appui complets pour que les apprenants puissent réussir la transition vers le marché du travail. Toutefois, la prestation de services efficaces d'appui aux étudiants dans les régions rurales est plus complexe et coûteuse.
Dans les collectivités rurales et éloignées, une proportion importante de la population adulte n'a pas eu la préparation scolaire nécessaire pour participer à des programmes d'études postsecondaires et de formation en compétences. Dans les petites villes et les régions rurales, les taux de décrochage dans les écoles secondaires sont deux fois plus élevés que dans les régions métropolitaines. De plus, la tendance marquée vers une économie fondée sur le savoir exigera des compétences poussées et essentielles relatives à l'employabilité, dont la compréhension de documents, la pensée critique et la résolution de problèmes. C'est pourquoi nous saluons l'initiative annoncée dans le Budget de 2011 d'élargir les programmes collégiaux de littératie et de numératie dans les territoires. L'expérience des collèges dans les programmes de mise à niveau pour adultes et le développement des compétences essentielles est un élément clé de la solution pour offrir des compétences transférables aux gens des collectivités rurales éloignées.
L'association oeuvre de concert avec RHDCC afin d'améliorer l'employabilité des peuples autochtones, des nouveaux arrivants, des travailleurs non qualifiés et des chômeurs actuellement exclus du marché du travail. On créera un cadre national pour appuyer le développement de leurs compétences essentielles, y compris un processus intégré pour ce développement et un répertoire national des ressources en la matière.
Des investissements relativement modestes dans la mise à niveau des compétences essentielles, comme ceux que nous venons de mentionner, peuvent susciter d'importants gains de productivité. Il est également essentiel d'offrir de l'information actuelle et pertinente sur le développement professionnel et les débouchés connexes en perfectionnement des compétences. En partenariat avec Affaires indiennes et du Nord Canada, des unités mobiles de l'Institut indien de technologie de la Saskatchewan offrent des conseils de carrière aux premières nations de la province. Deux véhicules récréatifs ont été rénovés et équipés de l'Internet, d'ordinateurs portatifs et de bureaux pour permettre au personnel et aux participants de dialoguer confortablement sur les possibilités de carrière.
L'éducation à distance est particulièrement efficace dans les régions rurales éloignées. Le Collège de l'Arctique du Nunavut s'est prévalu du financement offert dans le cadre du programme d'infrastructure du savoir pour mettre au point un système cybernétique qui permettra d'élargir les programmes offerts à distance et en ligne, et notamment d'offrir des programmes provenant d'établissements postsecondaires du Sud.
Alberta-North possède 87 points d'accès communautaires offrant des programmes d'éducation à distance provenant de cinq collèges du nord de l'Alberta, et Contact North est un réseau de 94 centres d'accès dans le nord de l'Ontario, reliant les étudiants aux collèges et aux universités au moyen de la visualisation par ordinateur et permettant l'interaction entre les membres du corps professoral et les étudiants. Ces services sont coûteux.
L'éducation et la formation dans les réserves des Premières nations sont également déterminantes. Plus de 80 collèges offrent des programmes dans les collectivités autochtones en partenariat avec les bandes des Premières nations ou avec des instituts dirigés par les Autochtones. Le Northern Alberta Institute of Technology, le Red River College du Manitoba, le Saskatchewan Institute of Applied Science and Technology et le Saskatchewan Indian Institute of Technologies offrent des laboratoires mobiles pour des programmes de formation de techniciens à l'entretien et à la réparation d'automobiles, de charpentiers, d'électriciens, de plombiers et de soudeurs, pour n'en nommer que quelques-uns.
L'ACCC travaille en partenariat avec Noront Mines, le Conseil des ressources humaines autochtones et un consortium de collèges pour explorer un modèle potentiel pour le développement des entreprises et de l'emploi autochtones dans le cercle de feu. Le modèle se caractérisera par des programmes axés sur le rendement en deux volets, un pour l'emploi dans les métiers de la construction et des mines et l'autre, pour le développement des entreprises.
Non seulement les collèges adaptent-ils leurs programmes d'éducation et de formation aux besoins des employeurs par l'intermédiaire de comités consultatifs des programmes, mais ils leur fournissent également du soutien en R. et D. appliquée.
La recherche appliquée collégiale est axée sur la solution de problèmes pour les entreprises locales et les aide à survivre et à prospérer par l'adoption de nouvelles technologies et par le lancement de produits et de procédés nouveaux et améliorés. Les instituts de recherches collégiaux, comme le Yukon Research Centre et le Aurora Research Institute, travaillent sur des outils commercialisables adaptés au grand froid, sur la technologie de production des hydrates de gaz et sur la connectivité Internet dans l'Arctique. Les activités de recherche appliquée collégiale forment des diplômés hautement qualifiés capables de relever des défis dans le monde réel, ayant une formation appliquée sur des technologies de pointe, ayant des contacts avec l'industrie et ayant une formation axée sur des compétences avancées dans tous les secteurs de l'économie.
Le rapport de la Chambre de commerce du Canada a souligné la nécessité d'une stratégie fédérale fondée sur une recherche approfondie portant sur le potentiel économique qui existe dans les collectivités éloignées du Canada.
Un projet de recherche de l'ACCC sur les grappes du savoir reliées aux communautés rurales, financé par le Secrétaire rural et le Secrétariat aux coopératives, a confirmé que les collèges sont des acteurs clés des équipements des systèmes ruraux ainsi que des facilitateurs pour les industries de l'innovation et de la créativité. L'ACCC continue d'explorer les occasions avec le Secrétaire rural et le Secrétariat aux coopératives pour entreprendre des projets de recherche destinés à examiner le rôle des collèges et des instituts comme catalyseurs d'une économie rurale créative.
Nous invitons le comité à prendre note de notre mémoire, qui sera présenté le 13 décembre. Nous remercions le comité de nous avoir donné cette occasion; ma collègue, Suzanne, et moi serons heureuses de répondre à vos questions.
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Sauf erreur, vous parlez en particulier de pouvoir encourager les jeunes à poursuivre des études, par exemple dans les métiers.
En effet, c'est sûr et certain qu'il y a des défis à relever dans toutes les provinces au Canada pour encourager les gens à poursuivre des études relatives aux métiers.
Il y a des lacunes dans tous les secteurs des métiers et beaucoup de demandes partout au Canada, plus dans certains métiers que dans d'autres. Ça dépend du métier. En Colombie-Britannique, les métallurgistes sont beaucoup en demande. En Ontario, c'est autre chose. Dans le domaine de la construction, de gros défis devront être relevés dans les années à venir: à peu près 300 000 personnes chercheront à occuper les postes des gens qui se seront retirés du marché du travail. Ce sont donc de gros défis que ces secteurs devront relever.
Pour ce qui est des collèges, c'est sûr qu'ils font la promotion de tous les programmes qu'ils offrent et qu'ils travaillent de très près avec le Forum canadien sur l'apprentissage, par exemple, qui fait une grande promotion des programmes offerts dans le domaine des métiers.
Cependant, il y a une perception au Canada, comme vous le dites, qui est très vraie et selon laquelle les métiers, ce n'est peut-être pas ce que veulent exercer les jeunes. Souvent aussi, ils ont vu leurs parents occuper ces emplois et ils ne veulent pas suivre les mêmes carrières. Par contre, les salaires sont très élevés dans certains domaines.
C'est pourquoi nous, les collèges, travaillons de très près avec le Forum canadien sur l'apprentissage pour essayer de faire cette promotion. De plus, je sais que le forum lui-même travaille de très près avec les employeurs pour encourager l'apprentissage. Les jeunes peuvent entreprendre un métier sans vraiment être des apprentis. Toutefois, s'ils entreprennent la formation d'apprentis, ils auront des avantages plus tard parce qu'ils pourront atteindre d'autres niveaux de compétence. Leur formation sera reconnue au Canada grâce à la certification Sceau rouge et, ainsi, ils seront encore mieux payés que s'ils ne détenaient pas cette certification.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence ici cet après-midi et de nous avoir donné un bref exposé sur leur expertise, ce qui aidera le comité à terminer son étude et à présenter des recommandations positives dans ce domaine.
Comme vous le savez, le gouvernement fédéral s'est engagé à travailler en partenariat avec tous les paliers — les provinces, les territoires, les municipalités et d'autres — pour se concentrer sur un plan d'infrastructure à long terme pour les régions rurales et éloignées. En fait, la semaine dernière, le ministre Lebel a lancé un processus en ce sens, ce qui aidera.
La semaine dernière, je lisais dans le rapport de la Chambre de commerce du Canada intitulé Argumentation économique en faveur de l’investissement dans les collectivités éloignées du Canada, que vous avez mentionné au début de votre exposé, et j'ai été frappé par cette observation que l'on pouvait lire dans le résumé:
Malgré les nombreuses sources de soutien gouvernemental et les dépenses fédérales considérables affectées aux régions rurales et éloignées du Canada, il n’est pas facile de réaliser des progrès constants dans la mise en place de collectivités vigoureuses et autosuffisantes au sein de nos régions éloignées.
Ensuite, plus loin, j'ai noté qu'il y avait un accent en partie sur le fait d'attirer des investissements du secteur privé dans ces régions.
Alors, j'aimerais savoir et, en fait, le comité aimerait savoir comment vous pensez que notre gouvernement pourrait améliorer les efforts de développement dans les collectivités rurales et éloignées. Et, plus précisément, si vous aviez à établir des priorités, disons, un ensemble de changements non monétaires — évidemment, nous comprenons tous que nous sommes en période de compressions budgétaires — pour encourager la participation de nombreux secteurs dans le développement des collectivités rurales et éloignées, quelles seraient-elles?
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Ce que nous avons vu et qui fonctionne, surtout lorsqu'on regarde les compétences fondamentales, c'est de les intégrer dans un très petit investissement — entre 20 et 60 heures centrées sur ce qui est nécessaire pour l'emploi en ce moment, plutôt que sur les mathématiques et l'alphabétisation à long terme de la maternelle à la 12
e année.
Nous constatons, premièrement, que les apprenants qui ont décroché au niveau du secondaire ne sont pas vraiment intéressés. Il est très difficile de les convaincre, à l'âge adulte, de retourner faire leurs 10e, 11e et 12e années. Mais vous pouvez travailler avec les entreprises, les collèges et les fournisseurs de services communautaires locaux, pour fournir cette formation juste à temps, « de quoi avez-vous besoin pour pouvoir faire le travail », qui est très très ciblée.
Nos collèges ont mis au point certains outils pour déterminer les compétences essentielles en milieu de travail qui sont fondés sur les échelles internationales d'alphabétisation des adultes. Ils faut une ou deux heures, trois au maximum, selon les besoins d'apprentissage, pour évaluer quels sont les besoins, pour travailler avec l'entreprise afin de connaître quelles compétences techniques sont nécessaires et ensuite, vous combinez ces éléments dans des interventions très ciblées. Ce type d'approche a tendance à mieux fonctionner
Si le financement le permet, il s'agit d'une approche beaucoup plus ciblée sur les besoins immédiats, dont les personnes peuvent voir le côté pratique et l'entreprise, voir l'avantage immédiat en termes d'acquisition de compétences et de productivité sur le lieu de travail. Vous avez alors le début d'une formule gagnante. Ensuite, vous pouvez utiliser ces petits succès comme levier et ensuite, la personne en redemande.
Certains des modèles qui connaissent le plus de succès sont ceux où l'employeur n'est pas financé directement. Comme nous le disions, les employeurs ne sont pas intéressés à suivre ce très long processus. Dans les provinces où les choses fonctionnent très bien, comme le Manitoba, cela se fait par l'intermédiaire d'un service du marché du travail qui envoie des évaluateurs et des formateurs dans votre lieu de travail, qui déterminent quels sont les compétences essentielles et les défis en matière d'alphabétisation et ensuite, qui conçoivent un programme juste à temps pour les travailleurs.
De la même manière, en Ontario, nous avons établi un partenariat avec la Coalition de l'alphabétisation de l'Ontario pour un projet d'alphabétisation en milieu de travail qui a été appliqué dans 14 lieux de travail différents dans la province. Le financement a été accordé à la Coalition de l'alphabétisation de l'Ontario qui a, par la suite, adjugé des contrats aux fournisseurs locaux pour s'assurer que l'on répond aux besoins de formation des lieux de travail particuliers.
Je pense qu'il s'agit d'un excellent modèle, où l'employeur n'a pas à faire de demande de financement. Parfois, cela peut être un embêtement. S'il peut y avoir un intermédiaire, une sorte de tierce partie intelligente, cela les aide vraiment. Une autre chose que les employeurs nous disent, c'est qu'ils ont bien besoin qu'on les tiennent par la main. Ils ont besoin d'aide avec l'évaluation, avec la formation. En fait, beaucoup de PME n'ont pas des spécialistes des RH qui sont des maîtres en matière de formation; alors, ils sont vraiment à la recherche d'un autre expert, un collège, un conseil scolaire, un organisme d'alphabétisation, qui pourrait faire ce travail à leur place.