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Très bien. La séance est ouverte.
Je tiens à rappeler aux membres du comité que nous consacrerons les 15 dernières minutes de la séance aux travaux du comité. Ce sera donc vers 17 h 15.
Nous entendrons les témoins et nous pourrons ensuite, bien sûr, leur poser des questions. Nous ferons une pause autour de 16 h 30, puis nous poursuivrons.
Nous accueillons aujourd'hui M. Arthur Sweetman, qui nous présentera un exposé. Nous avons également M. Jean-Marie Berthelot, vice-président, Programmes, et directeur exécutif régional du Québec pour l'Institut canadien d'information sur la santé, ainsi que l'Association des infirmières et infirmiers du Canada.
Sur ce, nous allons commencer par M. Sweetman.
La parole est à vous.
Puisque la majeure partie de ce que vous examinez porte sur le secteur privé, j'ai pensé qu'il serait bon de commencer par parler des besoins en matière de ressources humaines en santé; les besoins sont très différents dans le secteur de la santé. Le régime d'assurance-maladie à payeur unique du Canada est la principale source de divergence entre les secteurs public et privé. Même si les services de nombreuses professions du secteur de la santé ne sont pas couverts par l'assurance-santé, son influence reste importante. Par conséquent, les marchés du travail touchés ne sont pas concurrentiels, et ce que nous considérons normalement comme l'offre et la demande ne fonctionne pas.
Je vais vous donner un exemple extrême, celui des médecins. Dans chaque province, il n'y a qu'un employeur, et les honoraires sont négociés collectivement. Sur le plan de l'offre, les provinces, après consultation, ont fixé le nombre de demandeurs nationaux admis dans les écoles de médecine, ainsi que le nombre de diplômés étrangers en médecine autorisés à exercer. Les gouvernements provinciaux légifèrent également sur les organismes de réglementation professionnelle qui assurent le contrôle de la qualité et la surveillance.
Lorsqu'elles déterminent le nombre de places disponibles pour les nouveaux médecins, les provinces doivent établir un juste équilibre et tenir compte des besoins de leur population en matière de soins de santé. De plus, elles doivent prendre en considération les recettes fiscales ou le financement par emprunt requis pour financer ces postes. C'est extrêmement difficile. Dans ce contexte, beaucoup de données, d'information et de planification sont nécessaires.
Ce processus a entraîné une pénurie perçue que l'on réduit progressivement. En fait, dans la dernière décennie, bien des gouvernements provinciaux ont pris des mesures draconiennes afin d'augmenter le nombre de médecins par habitant.
En Ontario, par exemple, la Loi sur les professions de la santé réglementées a toujours visé 24 professions, en plus des médecins et, actuellement, deux ou trois autres professions sont en train d'être ajoutées à la loi. De plus, les travailleurs de la santé dont la profession n'est pas réglementée travaillent principalement pour les hôpitaux financés par des fonds provinciaux ou d'autres établissements. Pour ces professions, les choses ne fonctionnent pas comme ce qui se fait habituellement sur le marché du travail.
Quel est le rôle du fédéral? J'aimerais aborder deux questions que vous pourrez examiner. D'abord, à mon avis, même s'il y a beaucoup de bons établissements en place, ils ne sont pas toujours aussi actifs qu'ils le pourraient ou le devraient. Je crois que la communication et la coordination entre les provinces et le gouvernement fédéral ne sont pas encore suffisantes et qu'il est nécessaire d'améliorer l'échange d'information. Santé Canada et l'ICIS jouent un rôle très important, tout comme Statistique Canada. Étant donné que RHDCC a une capacité importante à ce chapitre, il joue également un rôle, mais ce rôle pourrait être plus grand.
Je dois préciser que ce dont je parle ici est courant. Cela passe inaperçu.
L'un des exemples que je pourrais vous donner de structure facilitante, c'est le comité consultatif sur la prestation des soins de santé et les ressources humaines. Il s'agit d'un comité permanent fédéral-provincial-territorial de la Conférence des sous-ministres de la santé. Idéalement, une version améliorée de ce groupe permettrait, en coordination avec l'ICIS, un échange important d'information sur les ressources humaines en santé et d'expérience pratique entre les gouvernements et les autres intervenants concernés, comme l'Association des infirmières et infirmiers du Canada et l'Association médicale canadienne.
Le deuxième point porte sur l'immigration, qui joue un rôle très important dans ces domaines. Je crois que la sélection des immigrants pour les personnes qui exercent une profession du secteur de la santé, pour laquelle les gouvernements provinciaux sont les principaux payeurs, devrait se faire maintenant dans le cadre du Programme des candidats des provinces et non plus dans le cadre du Programme fédéral des travailleurs qualifiés.
Le système de points actuel est très mal adapté aux professions de la santé réglementées, compte tenu de notre régime à payeur unique. Le fait que la sélection des immigrants se fasse au niveau fédéral alors que l'emploi et la planification se font presque exclusivement au niveau provincial entraîne un problème de coordination. C'est tout à fait différent des marchés du secteur privé. Je pense que l'approche la plus utile serait de transférer cette responsabilité aux provinces, puisqu'elles ont les outils nécessaires pour vérifier les titres de compétences dans le secteur de la santé et pour assurer la planification des ressources humaines en santé.
Merci beaucoup.
Bonjour. Au nom de l'Institut canadien d'information sur la santé, je vous remercie de nous avoir invités à participer à votre étude sur la rareté de la main-d'oeuvre.
Je suis accompagné de Carole Brulé, l'une de nos gestionnaires des bases de données que nous compilons à l'ICIS.
[Français]
L'ICIS est un organisme autonome sans but lucratif qui fournit de l'information essentielle sur le système de santé du Canada et sur la santé des Canadiens. Fondé en 1994, l'ICIS est financé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Nous relevons d'un conseil d'administration indépendant qui représente les ministères de la Santé, les régies régionales de la santé, les hôpitaux et les dirigeants du secteur de la santé de tout le pays.
L'ICIS travaille en collaboration avec les intervenants du secteur pour élaborer et tenir à jour une vaste gamme de bases de données, de mesures et de normes en matière d'information sur la santé. Nous produisons des rapports sur les services de santé, la santé de la population, les dépenses de santé et les ressources humaines de la santé.
[Traduction]
Depuis sa fondation, l'ICIS recueille des données détaillées sur les médecins et les infirmières. Plus récemment, nous avons créé de nouvelles bases de données qui fournissent de l'information détaillée sur les caractéristiques démographiques et la main-d'oeuvre des pharmaciens, des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, des technologues de laboratoire médical et des technologues en radiation médicale. L'ICIS recueille en outre des données agrégées sur 17 autres groupes de professionnels de la santé, dont les dentistes, les sages-femmes et les psychologues.
En tout, le secteur de la santé emploie plus d'un million de personnes au Canada, soit 6 p. 100 de l'ensemble de la main-d'oeuvre du pays. En 2010, environ 70 000 de ces professionnels de la santé étaient des médecins actifs.
Depuis cinq ans, l'augmentation du nombre de médecins surpasse invariablement celle de la population en général. On dénombrait en effet 203 médecins actifs par tranche de 100 000 Canadiens en 2010, soit une proportion encore jamais atteinte au pays. La croissance de la main-d'oeuvre chez les médecins est essentiellement attribuable à l'augmentation du nombre de diplômés en médecine issus de facultés de médecine canadiennes. Depuis 2003, ce nombre a augmenté de près de 60 p. 100 et a atteint 2 400 en 2010.
Vu l'augmentation continue du nombre total de places pour la formation en médecine, il est à prévoir que cette tendance à la hausse du nombre de médecins se maintiendra dans l'avenir.
[Français]
Le nombre d'infirmières réglementées, qui constituent le plus grand groupe de professionnels de la santé réglementé au Canada, augmente également. En 2010, elles étaient près de 350 000 infirmières, infirmières auxiliaires et infirmières psychiatriques autorisées à dispenser des soins infirmiers au Canada, ce qui représente une croissance de près de 9 p. 100 depuis 2006, soit le double du taux de croissance de la population canadienne pour la même période.
La représentante des infirmières discutera sans aucun doute en profondeur des soins infirmiers, mais il est tout de même intéressant de souligner que le nombre de nouveaux diplômés s'élevait à plus de 14 000 en 2006 et à plus de 16 000 en 2010, ce qui représente une croissance de 17 p. 100. On peut donc s'attendre à ce que les effectifs continuent de croître.
[Traduction]
Il y a également une augmentation du nombre d'autres professionnels de la santé. Par exemple, le nombre de pharmaciens par habitant au Canada a augmenté de façon constante, passant de 82 par tranche de 100 000 habitants en 2006 à 91 en 2010. Dans l'ensemble, le nombre s'est accru de 16 p. 100 pour cette période, atteignant un total d'environ 32 000 en 2010.
Les données de l'ICIS indiquent que le nombre de professionnels de la santé réglementés, autres que les médecins, les infirmières et les pharmaciens, a également augmenté de 16 p. 100 entre 2006 et 2010. Au total, on comptait environ 160 000 professionnels dans les 18 autres professions pour lesquelles l'ICIS recueille des données.
Les données sur les tendances relatives aux effectifs pour ces professions sont présentées dans une série de rapports intitulée Les dispensateurs de soins de santé au Canada. Ces publications contiennent une foule de données supplémentaires sur la main-d'oeuvre et les diplômés de la santé afin de soutenir la gestion des services de santé et la recherche.
Nous avons également des analyses distinctes et détaillées portant sur les médecins, les infirmières, les pharmaciens, les ergothérapeutes, les physiothérapeutes, les technologues en radiation médicale et les technologues de laboratoire médical. Tous nos rapports figurent sur notre site Web.
[Français]
Les mémoires que nous présentons au comité contiennent par ailleurs des renseignements supplémentaires, notamment d'intéressantes variations provinciales, des précisions sur la main-d'oeuvre en soins infirmiers et une liste des groupes au sujet desquels nous recueillons des données.
Nous savons que le Canada n'a jamais disposé d'un aussi grand nombre de médecins et de pharmaciens et que le nombre d'infirmières devrait augmenter pour atteindre ce qu'il était avant les années 1990. Par contre, nous savons également que les chiffres à eux seuls ne disent pas tout.
[Traduction]
La demande de services de tous les professionnels de la santé dépend de plusieurs facteurs, notamment des besoins de la population en matière de soins de santé, des heures consacrées par les professionnels aux soins aux patients, du champ d'activités de chaque professionnel, des changements démographiques au sein des effectifs médicaux et de la santé, et de l'organisation des soins.
La question de la main-d'oeuvre chez les médecins et les professionnels de la santé est particulièrement complexe. Nous espérons que nos données sur les ressources humaines en santé contribueront à orienter les discussions sur le sujet.
Nous serons heureux de répondre à vos questions, et ce, dans la langue officielle de votre choix.
Merci beaucoup.
Au nom des quelque 250 000 infirmières autorisées du Canada, je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui des questions liées à la main-d'oeuvre dans le secteur de la santé.
Nous savons depuis longtemps qu'il existe une pénurie de personnel infirmier au Canada, notamment à cause des temps d'attente contrariants dans les cliniques et les hôpitaux et des résultats médiocres pour les patients. Les Canadiens sont confrontés jour après jour aux effets négatifs de la pénurie d'infirmières autorisées et d'autres professionnels de la santé.
Les recherches actuelles indiquent que le Canada connaît une pénurie d'environ 11 000 infirmières autorisées (équivalents temps plein). Si rien n'est fait, ce chiffre pourrait atteindre 60 000 en 2022, une réalité qui risque de nuire aux résultats futurs pour la santé. Le fait que leur nombre augmente, comme l'a dit mon collègue, est une bonne chose. Toutefois, il y a d'autres problèmes qui doivent être réglés.
Une pénurie de main-d'oeuvre signifie un déséquilibre tant dans l'offre que dans la demande. Une réflexion d'ensemble au sujet de l'offre d'infirmières autorisées nous permettra de mieux répondre aux besoins des Canadiens en matière de santé. Nous ne devons pas penser strictement aux chiffres, mais penser à la participation des infirmières à la main-d'oeuvre en fonction du niveau d'activités — c'est-à-dire temps plein ou temps partiel —, des taux d'absentéisme et de la productivité de la main-d'oeuvre. Le nombre de services que peuvent offrir les infirmières autorisées en une journée dépend du modèle de prestation des soins en place, de la composition des équipes de santé et de l'efficacité de leur collaboration. Cela dépend également de la présence d'obstacles empêchant les professionnels de la santé d'offrir une gamme complète de soins pour lesquels ils sont qualifiés — c'est-à-dire d'utiliser l'ensemble de leur champ d'activités.
Des gains de productivité peuvent être réalisés grâce à la conception des installations, à l'utilisation de la technologie et aux innovations liées à la distribution des soins. Nous constatons des gains de productivité chez les infirmières praticiennes de Terre-Neuve-et-Labrador, qui sont appuyées par des équipes et la technologie de télésanté lorsqu'elles prodiguent des soins dans les collectivités rurales et éloignées. En faisant les choses différemment, nous pouvons mieux profiter du nombre actuel d'infirmières qui travaillent déjà dans le réseau, tout en offrant des soins plus axés sur les patients. Comme vous pouvez le voir dans notre mémoire, la mise en place de mesure permettant d'augmenter la productivité des infirmières autorisées de 1 p. 100 par année aurait une incidence considérable et immédiate sur la pénurie.
Nous pouvons aussi améliorer notre utilisation de l'information sur le marché du travail que fournit l'Institut canadien d'information sur la santé. Un identifiant national unique devrait être utilisé pour que nous ayons de l'information exacte sur les lieux de travail des infirmières autorisées. Il s'agirait essentiellement d'un numéro attribué à chaque étudiant inscrit à un programme de sciences infirmières; ce numéro nous permettrait de savoir quand et où ces personnes entrent sur le marché du travail et de connaître les tendances de leur pratique. L'utilisation de cet identifiant améliorerait de façon importante notre capacité à surveiller la mobilité de notre main-d'oeuvre en soins infirmiers, tant au pays, entre les provinces et les territoires, qu'à l'étranger, comme lorsque les infirmières quittent le Canada pour aller travailler aux États-Unis ou dans d'autres pays.
Afin de mieux comprendre la capacité de l'effectif infirmier, on devrait mener à nouveau une étude nationale sur le travail et la santé du personnel infirmier. Cette étude, menée par l'ICIS en 2006, a révélé que le taux d'absentéisme et de maladie des infirmières autorisées était deux fois plus élevé que la moyenne canadienne, qui est de sept jours. Les résultats de l'enquête de 2006 ont donné lieu à des innovations en matière de création de milieux de travail sains. En répétant l'enquête maintenant, nous aurions des données actuelles et précises et nous pourrions évaluer l'efficacité de ces innovations.
Une troisième recommandation porte sur la planification des ressources humaines de la santé à l'échelle pancanadienne et reprend l'une des principales recommandations formulées récemment par le Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie, dans son examen de l'Accord de 2004 sur la santé. Le gouvernement fédéral devrait réaliser une étude de faisabilité afin d'évaluer l'avantage de créer un observatoire pancanadien en matière de ressources humaines en santé.
De tels observatoires ont été mis en oeuvre dans certains pays d'Europe et d'Amérique du Sud afin d'analyser les tendances et les besoins relatifs aux ressources humaines en santé et pour trouver des façons d'adopter des pratiques exemplaires, qui mèneraient à la longue à des effets positifs et à de meilleurs soins dans notre système de santé.
Il est possible d'intégrer cette innovation au sein des organismes fédéraux actuels afin que les planificateurs en ressources humaines en santé aient les ressources coordonnées et la meilleure information à leur disposition pour mieux relever les défis de planification dans le système de soins de santé pluri-gouvernemental du Canada.
Bien qu'il soit important que nous cherchions de nouvelles façons d'augmenter le nombre d'infirmières, il est aussi essentiel pour nous de saisir les occasions de réduire la demande de services de santé, grâce à la prévention des maladies, à la promotion de la santé et surtout, à la prévention des maladies chroniques comme les maladies du coeur, le diabète et le cancer.
Les Canadiens bénéficient de programmes fédéraux qui prônent l'abandon du tabac ou un mode de vie plus sain. L'AIIC s'inquiète des coupes dans ces programmes; leurs résultats sont aussi menaçants pour le barème d'offres que la pénurie d'infirmières en chirurgie ou d'urgentologues.
L'offre stable et suffisante et le déploiement des professionnels de la santé au Canada reste l'un de nos plus grands défis en matière de soins de santé. L'examen de ces recommandations, de concert avec une volonté de réduire la demande grâce à la promotion de la santé et à la prévention des maladies, nous permettra de prendre des mesures afin de remédier à la pénurie de personnel infirmier et d'améliorer la santé des Canadiens.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous les trois de vos excellents exposés.
Chacun de nous posera des questions, alors je vais adresser les miennes surtout à Mme Bard et aborder en particulier la question de la pénurie d’infirmières et d'infirmiers.
Je sais que les deux principaux défis sont le maintien en poste et la nécessité d’attirer de nouveaux membres dans la profession, et je tiens à approfondir un peu ces sujets. Hier, un témoin a déclaré que nous devions changer les arguments que nous utilisons pour attirer les gens, et je pense que cette idée est aussi grandement valable dans le domaine de la santé.
Nous avons observé un léger accroissement des compétences requises, si l’on veut, en ce sens que les infirmières et infirmiers doivent avoir un niveau d’instruction de plus en plus élevé pour travailler dans le domaine. Et pourtant, en raison de la façon dont les salaires sont négociés dans ce secteur, ceux-ci ne progressent pas au même rythme que le coût de cette instruction. Il est difficile d’attirer les jeunes dans un champ d’études où les frais de scolarité sont incroyablement élevés.
Je me demande si vous pourriez nous dire si, selon vous, il serait logique d’envisager des façons de réduire les obstacles à l’éducation dans ce domaine, que ce soit au moyen de programmes d’encouragement ou peut-être de programmes d’exonération du remboursement des prêts — si les infirmières et les infirmiers acceptaient d’exercer leur métier dans des régions où ils font gravement défaut.
Si cela vous convient, je vais vous poser une foule de questions et vous céder la parole afin que vous répondiez à chacune d’entre elles.
Si nous décidons de changer nos arguments en faveur de la profession d’infirmière et d'infirmier, je sais que c’est l’une des professions qui a le plus haut taux d’accident du travail et qu’il est incroyablement difficile de maintenir les infirmières et infirmiers en poste dans un milieu où le nombre de congés de maladie que le personnel prend est souvent plus élevé que la moyenne nationale. Vous avez abordé en grande partie ces sujets.
Nous faisons maintenant face à une politique gouvernementale qui pourrait faire passer l’âge d’admissibilité aux prestations de la Sécurité de la vieillesse de 65 à 67 ans. La profession d’infirmière et d'infirmier est incroyablement exigeante sur le plan physique. Je me demande si vous pourriez nous dire si, à votre avis, les infirmières et infirmiers seraient en mesure de travailler jusqu’à 67 ans et de s’acquitter des tâches qu’ils accomplissent aujourd’hui. J’aborde encore une fois la question du maintien en poste, mais peut-être sous un angle un peu différent.
Enfin, je viens de l’Ontario, et je me souviens des années où Mike Harris était au pouvoir. Le premier ministre, je crois, a bien à tort comparé les infirmières et les infirmiers à des hula-hoops, en ajoutant que leur temps était révolu. À l’époque, ils immigraient en grand nombre de l’Ontario aux États-Unis en particulier — en Floride et en Arizona —, ce qui a créé une pénurie au pays dont, selon moi, nous ne nous sommes jamais remis.
Si nous envisageons de maintenir les infirmières et les infirmiers en poste, il y a également des problèmes de moral à régler dans les milieux de travail. Je me demande si vous pourriez en parler et nous donner quelques conseils quant aux mesures que nous, les législateurs fédéraux, pouvons prendre pour améliorer les milieux de travail à ces trois égards.
Merci.
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Je vous remercie beaucoup de votre question.
Je vais vous renvoyer à notre rapport intitulé Solutions éprouvées à la pénurie d’infirmières et d’infirmiers autorisés au Canada, parce qu’il répond à certaines de vos questions.
Commençons par la persévérance scolaire. Nous savons qu’un pourcentage élevé d’étudiants quittent le programme pendant leur première année d’apprentissage, et il est clair que nous avons besoin d’élaborer des programmes qui contribueront à retenir les étudiants. Nous savons que, si nous arrivons à réduire même de 10 p. 100 le nombre d’étudiants qui abandonnent le programme d’études, cela aura une incidence sur le nombre d’infirmières et d'infirmiers qui obtiendront leur diplôme et qui intégreront la population active.
Donc, nous devons offrir un certain soutien. Certains de nos étudiants entreprennent une deuxième ou une troisième carrière. Ils ont une famille à nourrir et, par conséquent, ils ont besoin d’avoir accès à certains programmes sociaux qui les aideront assurément à subvenir à leurs besoins, sur le plan financier, ou même à s’adapter à leur programme d’études, etc.
Je crois donc que ce besoin a été signalé. Nous considérons qu’il s’agit là d’une orientation politique à rectifier.
En ce qui concerne l’absentéisme de la main-d’oeuvre et assurément la qualité de vie au travail des infirmières et des infirmiers, je pense encore une fois que notre rapport signale le taux élevé enregistré dans ce domaine. S’il est possible de modifier certaines politiques afin de maintenir en poste nos infirmières et infirmiers, d’améliorer leurs conditions de travail et leur qualité de vie au travail, de supprimer des obstacles afin qu’ils puissent développer pleinement leur champ d’activités et de leur apporter le soutien dont ils ont besoin, cela aura une incidence sur leur maintien en poste, et cela leur assurera un milieu de travail sain. Par conséquent, il est assurément nécessaire de régler certaines de ces questions.
De plus, en collaboration avec l’Association des infirmières et des infirmiers autorisés de l’Ontario qui exerce ses activités dans l’une de nos provinces, l’AIIC a produit un rapport portant sur la fatigue des infirmières et infirmiers. Le rapport signale des faits auxquels nous devons prêter attention. Pour créer un milieu de travail sain et supprimer certains des obstacles liés à celui-ci, il faut que les employeurs, les infirmières et infirmiers, les organismes professionnels, comme notre association, et le gouvernement collaborent et adoptent une approche commune. Il est nécessaire de déployer des efforts collectifs. Il ne suffit plus qu’un seul camp intervienne; il faut que le gouvernement fédéral s’en mêle, de même que les gouvernements provinciaux.
Le maintien en poste des infirmières et infirmiers âgés de plus de 60 ans est une autre orientation politique décrite dans notre rapport sur les solutions éprouvées, dans lequel on retrouve des modèles pour atteindre cet objectif. Nous pouvons maintenir des infirmières et infirmiers dans leur poste après qu’ils ont atteint l’âge de 60 ans ou même de 65 ans, à condition de créer une ambiance qui leur permettra de concilier leur travail et leur vie personnelle. À l’heure actuelle, il existe des modèles qui ont été mis à l’épreuve et qui préconisent une formule 80-20. Ainsi, les infirmières et infirmiers qui sont plus âgés et qui ont plus d’ancienneté et d’expérience peuvent encadrer la jeune génération et offrir d’autres genres de services, au lieu de fournir constamment des soins directs. Encore une fois, on s’efforce de les conserver aussi longtemps que possible mais, pour réussir, il faut rajuster leurs conditions de travail.
Je vous remercie tous de votre présence aujourd’hui. Je vous suis reconnaissante d’avoir pris le temps et d’avoir fait l’effort de comparaître devant nous. J’ai deux séries de questions à poser, et j’espère que nous pourrons demeurer brefs.
La première série concerne les données. Je voulais vous demander si vous avez des recommandations à formuler pour améliorer le Système de projection des professions au Canada. Si j’examine simplement nos notes, je trouve le fait que les médecins, les vétérinaires et les dentistes soient tous classés dans la même catégorie intéressant. C’est bon de savoir qu’une pénurie sévit dans cette catégorie, mais manquons-nous d’effectifs dans trois, deux ou une seule de ces professions?
De plus, pouvez-vous désigner d’autres problèmes à surmonter dans le secteur médical qui ne sont pas représentés adéquatement dans les ensembles de données que vous utilisez — soit vous, soit M. Sweetman, en sa qualité de professeur, soit l’ICIS — ou dans d’autres ensembles de données auxquels vous pouvez avoir accès pour fournir des renseignements?
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Permettez-moi de répondre, dans un certain sens, à votre question et de revenir brièvement sur la première question que vous avez posée.
Dans votre première question en particulier, vous sembliez supposer que le marché du travail pour les infirmières et infirmiers ressemble à un marché du travail du secteur privé. Je soutiens que ce n’est pas une façon pratique de l’envisager. Je pense que cette remarque s’applique également à la question que vous posez maintenant.
Un modèle fondé sur le SPPC ne fonctionne pas très bien pour les médecins et les infirmières et infirmiers, parce que 99 p. 100 d’entre eux dépendent d’un seul employeur, à savoir les gouvernements provinciaux, et parce que la demande pour ces professionnels peut changer en un clin d’oeil, en fonction d’un budget provincial ou d’une série de budgets provinciaux. Lorsqu’une province est déficitaire, le nombre d’infirmières et d'infirmiers qu’elle engage diminue radicalement, et il en va de même pour les médecins. Étant donné que les gouvernements provinciaux exercent un contrôle considérable sur le nombre d’étudiants qui sont admis dans les écoles de médecine, par exemple, ils sont en mesure de réduire énormément l’offre.
Même si, à l’heure actuelle, le public pense qu’il manque d’infirmières et d'infirmiers, un nombre important d’entre eux sont en fait au chômage.
Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas d’un secteur privé où l’offre et la demande s’équilibrent, mais d’une situation où, dans chaque province, un syndicat négocie les salaires ou un ensemble d’honoraires pour les médecins avec le gouvernement provincial. Il ne s’agit pas d’un marché du secteur privé tel que vous pourriez le concevoir ou tel que votre première question le présentait. Les choses ne fonctionnent pas ainsi.
Je pense que c’est une situation où, à quelques exceptions près, les gouvernements provinciaux planifient et engagent la main-d’oeuvre. Ils sont à peu près les seuls employeurs qui embauchent. On pense qu’il y a des pénuries parce que les soins dispensés par les médecins et les infirmières et infirmiers sont, dans la plupart des cas, gratuits au Canada. Toutefois, le public pense également que les impôts qu’il verse sont trop élevés. Donc, nous ne voulons pas payer pour les soins prodigués par les médecins et les infirmières et infirmiers, lesquels sont trop peu nombreux, selon nous.
Fondamentalement, notre régime d’assurance-maladie prête un caractère politique à ce problème, en ce sens que tout un chacun souhaite bénéficier de soins de santé gratuits, mais ne veut pas verser les impôts nécessaires pour financer la gratuité de notre régime d’assurance-maladie.
Je ne pense pas qu’il y ait de moyen facile de résoudre ce problème, et je ne crois pas que les modèles du secteur privé conviennent. Je pense qu’avant tout, il faut que la planification provinciale soit excellente. Après tout, cette responsabilité relève des gouvernements provinciaux. Toutefois, le gouvernement fédéral peut faciliter le processus en les aidant à planifier leurs ressources et en leur fournissant des renseignements, des données et des choses de ce genre.
Bien que l’ICIS dispose d’excellentes données dans certains domaines, elle n’en a pas encore dans tous les domaines, et ces données ne sont pas aussi détaillées que celles dont les provinces ont besoin pour leur planification.
Je pense que ce type d’information serait très utile aux provinces et appuierait le genre de capacité dont RHDCC dispose pour planifier. Si on les aidait à conduire ce genre de planification détaillée, bon nombre de provinces pourraient en bénéficier.
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En ce qui concerne les projections des professions, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je citerai Yogi Berra, qui a déclaré ce qui suit: « Il est difficile de faire des prédictions, surtout quand il s'agit de l'avenir ».
Le problème qui nous occupe en ce moment correspond exactement à ce que vous avez mentionné. On exerce un contrôle sur le nombre d’étudiants admis dans les facultés de médecine, sur le nombre d’emplois offerts et, à certains égards, sur l’immigration.
Il est possible de prévoir combien de médecins le Canada aura dans cinq ans, mais il est très difficile de faire des prévisions à long terme.
Il en va de même pour les infirmières et infirmiers. Cela dépend du nombre d’étudiants qui seront admis dans ce programme. À mon avis, les gens qui demandent à être admis dans des programmes de soins infirmiers et de médecine ne manquent pas. Cependant, le nombre de places disponibles dans ces programmes est problématique.
En ce qui concerne les données, l’ICIS dispose de données relatives à l’offre. Les provinces s’emploient… et chacune d’elles possède son propre modèle pour planifier ses ressources humaines en santé. Elles s’efforcent de mettre l’accent sur les besoins, mais c’est une tâche très difficile à accomplir. Il est nécessaire de planifier ces ressources, car leur champ d’activités peut varier en fonction des besoins de la population.
La migration interprovinciale joue également un rôle dans ce processus. Au cours des 30 dernières années, nous avons remarqué que les endroits au Canada qui connaissent une croissance économique rapide voient effectivement leur population et le nombre de leurs professionnels de la santé augmenter, même s’ils n’ont pas formé plus d’étudiants que par le passé.
En ce qui a trait à l’information, je pense que l’ICIS pourrait probablement faire quelque chose à propos des projections des ressources humaines en santé, mais il faut tenir compte du fait que nous ne pouvons réaliser que des projections à court terme, si l’on souhaite qu’elles soient relativement fiables, parce qu’elles dépendent davantage des politiques que du marché ou d’un phénomène naturel.
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Oui, c'est exactement ce que je dis. Je pense que particulièrement dans le cas de la LIPR, le système de points actuel est particulièrement mal adapté pour les professions médicales, où les provinces constituent les principaux payeurs. Pour des choses relevant du secteur privé, la LIPR fonctionne très bien. À de nombreux égards, elle est supérieure à ce qui l'a précédée, mais pour les professions médicales réglementées, je dirais qu'elle est pire que la législation précédente.
En vertu du système de points qui prévalait auparavant, il y avait des points pour la profession. Il était virtuellement impossible pour les médecins d'immigrer dans la catégorie de l'immigration économique. Ils pouvaient venir dans la catégorie du regroupement familial, ou à titre de réfugiés, à titre de conjoints, mais c'était très, très difficile. C'était à l'époque où nous pensions avoir un surplus. Il y avait un soi-disant surplus perçu de médecins.
En vertu de la LIPR, du moins avant les plus récentes instructions ministérielles, il n'y avait pas de catégories professionnelles. Alors, les médecins sont devenus des candidats idéaux pour le système de points et un très grand nombre d'entre eux sont arrivés au Canada et les provinces ne voulaient pas les embaucher. Il y avait un énorme surplus de diplômés des écoles de médecine à l'échelle internationale et un grand nombre de personnes se plaignaient de ne pas pouvoir trouver de travail. Ils avaient été admis en vertu du système de points, mais ce dernier n'était pas du tout coordonné avec les besoins des provinces.
Le point que je veux défendre, c'est de retirer les professionnels de la santé réglementés, qui sont payés principalement par les gouvernements provinciaux, du système de points fédéral — parce que le problème de coordination entre les provinces et le gouvernement fédéral est très, très difficile à régler — pour les placer plutôt dans le Programme des candidats des provinces.
Je ne dis pas de le retirer complètement du système. Nous avons un volet qui fonctionne très efficacement. Bien qu'il y ait certaines difficultés touchant le Programme des candidats des provinces, il fonctionne assez bien. Mais il faudrait placer les professionnels de la santé réglementés, qui sont payés principalement par les provinces, dans ce volet.
Les provinces réglementent les organismes de réglementation professionnelle qui sont chargés de la reconnaissance des titres de compétences. Ce sont elles qui font la planification des ressources humaines en santé. Elles connaissent leurs besoins. Elles connaissent les titres de compétences. Laissons-les gérer cette question. Elles sont proches du terrain; elles peuvent faire un meilleur travail.
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Merci, monsieur le président. Et merci aux témoins de leur présence ici aujourd'hui.
Une de mes préoccupations à long terme, que l'on a également observée dans le secteur de l'éducation, est la suivante. Nous avons embauché un grand nombre d'enseignants, construit un grand nombre d'écoles neuves et, tout à coup, il y a eu moins d'enfants. Les gens ont moins d'enfants. Alors, nous fermons maintenant des écoles et tous ces enseignants cherchent un autre emploi. Ce que nous vivons maintenant, c'est une vague liée aux baby-boomers. Une fois que cette vague de baby-boomers sera passée, nous pourrions nous retrouver avec un grand nombre de chambres d'hôpital vides et d'infirmières qui n'ont pas de travail parce qu'elles sont trop nombreuses.
Monsieur Sweetman, ou l'un ou l'autre d'entre vous, messieurs, avez-vous examiné des projections dans votre étude en ce qui a trait à ce que nous allons faire dans 20 ou 25 ans? Pensez-vous que nous allons voir cette vague passer et que certains des besoins actuels deviendront redondants? Ou est-ce que nous constatons que le besoin augmentera continuellement?
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Les baby-boomers sont encore en assez bonne santé. En fait, c'est maintenant l'âge d'or. Si vous regardez les baby-boomers, ils sont encore assez vieux pour payer des impôts. Les plus vieux baby-boomers sont âgés de 65 ans. Les coûts médicaux importants ne commenceront pas à se faire sentir avant 5 ou 10 ans.
Alors, en fait, la population vieillissante n'a pas encore commencé à exercer une pression sur le régime public d'assurance-maladie. Lorsque cet effet débutera, la plupart des estimations prévoient que nous allons parler d'une augmentation du nombre de médecins et des services de médecins de l'ordre d'environ 0,6 p. 100, ce qui n'est pas énorme.
Oui, il sera nécessaire, à un moment donné dans l'avenir, de réduire le nombre de médecins. On parle d'une période de temps qui dépasse la durée de la carrière des diplômés typiques d'aujourd'hui.
Il y a un problème plus important encore. À certains égards, vous vous inquiétez des pénuries, mais dans la plupart des ministères provinciaux, qui sont plus près du terrain, la préoccupation, ce sont les surplus et non les pénuries.
Selon que vous êtes omnipraticien ou spécialiste, il y a une période de formation variant de 6 à 10 ans pour les médecins. Si vous remontez à il y a exactement 10 ans, il y a eu une augmentation de 73 p. 100 des inscriptions dans les écoles de médecine, ce qui est de loin beaucoup plus élevé que la croissance de la population, qui s'élevait aux environs de 11 p. 100 au cours de la même période. Nous allons devoir réduire les inscriptions dans les écoles de médecine dans un avenir rapproché, sinon nous allons nous retrouver avec un surplus gigantesque.
La question du vieillissement n'est pas, en fait, une question de nombre de médecins; c'est une question de composition des spécialités. Nous n'avons pas encore vraiment commencé à faire face à cette question en tant que société. Ce sont les mauvaises spécialités qui sortent des écoles de médecine. Lorsque vous pensez que quelqu'un pratiquera pendant 30 ans, vous devez réfléchir aux spécialités dont nous aurons besoin au cours des 30 prochaines années. Nous produisons beaucoup de pédiatres et moins de gériatres. Nous devons réfléchir à ces questions.
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J'aime votre approche holistique, concernant le mode de vie sain et le fait de nous prendre en main pour faire face à la situation. Nous avons dit que ce n'était pas nécessairement au sujet du nombre d'infirmières. Vous avez parlé d'un plus grande productivité et d'une meilleure gestion des ressources.
Nous venons tout juste de construire un nouvel hôpital dans ma circonscription, à Vernon. Il possède un équipement dernier cri. Les infirmières n'ont plus à forcer pour soulever une personne lourde dans un lit ou autre choses du genre. Tout cela est maintenant automatisé.
J'ai remarqué dans certaines des notes ici que 40 p. 100 des infirmières sont âgées de plus de 50 ans. Je ne veux pas dire que 50 ans, c'est vieux, mais il y a certains défis, en ce sens qu'il y a un stress physique. Dans un hôpital de plus petite taille de ma région, il en coûte 500 000 $ par année pour payer les congés liés au stress des infirmières. Ces coûts nuisent à la prestation des services.
Pensez-vous que plus de technologie, dans les domaines de l'aide aux soins et d'une meilleure gestion des ressources, aidera à soulager la situation, qu'il ne s'agit pas uniquement d'une pénurie de main-d'oeuvre, mais également d'une meilleure organisation et d'une meilleure utilisation des installations?
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Il y a une foule de questions qui entrent en jeu. De façon générale, le nombre d'immigrants ayant des titres de compétence dans la plupart des professions de la santé dépasse le nombre de postes disponibles dans les professions financées à l'échelle provinciale. Dans le cas de professions comme la dentisterie, où les emplois se trouvent surtout dans le secteur privé, la question est légèrement différente.
La reconnaissance des titres de compétence est un enjeu. C'est un problème qui peut se gérer à long terme, mais la situation est nettement plus compliquée que cela. N'oublions pas que dans presque chaque profession de la santé — les soins infirmiers étant une exception notable —, le pourcentage d'immigrants qui travaillent est supérieur au pourcentage d'immigrants dans la population adulte.
Au Canada, environ 23 ou 24 p. 100 des immigrants font partie du groupe d'âge le plus actif, soit les 25 à 64 ans; par ailleurs, 33 p. 100 des médecins et 29 p. 100 des pharmaciens sont des immigrants. Je me trompe peut-être de, plus ou moins, 1 p. 100. On observe une situation semblable du côté des optométristes. Cela s'applique à tous les groupes, sauf le personnel infirmier, qui compte un pourcentage d'immigrants près de la moyenne nationale. Bref, dans presque chaque profession de la santé réglementée, le pourcentage d'immigrants dépasse de loin la moyenne nationale.
La reconnaissance des titres de compétence pose problème pour certaines personnes, mais cela n'a pas empêché un très grand nombre d'immigrants d'accéder à des professions de la santé réglementées.
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Merci pour vos observations.
Quand je parlais de la reconnaissance des titres de compétences acquis à l'étranger, je ne faisais pas seulement allusion aux immigrants, mais aussi à tous ceux qui sont diplômés à l'étranger, qu'il s'agisse de Canadiens ou de nouveaux immigrants.
Madame Bard, j'ai une question pour vous. Vous avez dit qu'il y a une pénurie de 11 000 infirmières, équivalents temps plein, et que ce chiffre pourrait atteindre 60 000 en 2022.
Je lisais le rapport concernant l'impact des six politiques destinées à réduire les pénuries actuelles et prévues. Pourriez-vous nous dire quelles mesures seront les plus efficaces, d'après vous, pour régler la question des pénuries dans l'immédiat ou dans l'avenir.
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Si vous me permettez, j'aimerais revenir sur la question des Autochtones, qui représenteront une demande massive dans l'avenir. Je pense à des exemples à l'échelle locale, comme l'Institut de technologie des Premières nations. Voilà le type de partenariat que les écoles traditionnelles de médecine et de soins infirmiers doivent utiliser pour attirer des gens. On parle d'établissements d'enseignement des Premières nations qui s'associent avec des établissements d'enseignement ordinaires.
Pourtant, il y a à peine trois ans, le gouvernement fédéral a réduit le financement accordé à tous ces établissements. En Ontario, le gouvernement provincial est intervenu pour remplacer une partie de ces fonds. Mais voici le vrai problème: si nous tenons à ce que les Premières nations exercent ce genre de professions, nous devrons financer leur éducation. En fait, nous faisons marche arrière depuis quelques années. Alors, je pense que c'est un problème réel dont il faut s'occuper.
À mon avis, cette question est d'une importance cruciale. Par exemple, à la faculté de médecine de l'Université Queen's, quatre places sont réservées pour les étudiants des Premières nations; or, elles ne sont presque jamais occupées. Elles sont presque toujours vides. Alors, le problème n'est pas l'absence de places; il faut des gens qui sont préparés et qui possèdent les connaissances nécessaires pour accéder à ces postes.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur Sweetman, je ne sais pas si votre français est bon, mais je vais vous le dire en français.
[Français]
En tant que personne élue au Québec, on marche toujours un peu sur des oeufs lorsqu'il s'agit de questions relatives aux soins de santé parce que, au Québec, c'est clairement une compétence totalement provinciale.
Je voudrais quand même profiter de votre expérience, car vous êtes des témoins fort intéressants. J'aimerais me servir de vos compétences pour savoir si certaines solutions administratives ou certaines façons de faire pourraient nous aider. On parle du manque de ressources humaines. Parfois, la solution, c'est d'en avoir plus, mais il peut aussi s'agir de faire les choses plus efficacement. J'aimerais donc faire appel à votre expérience pancanadienne à ce sujet.
Je suis issu d'une région rurale où il n'y a aucun grand centre et aucune ville de plus de 30 000 habitants. Il y a beaucoup de petits villages de 500 ou 600 habitants et il y a un besoin crucial de médecins qui veulent rester en région. Je pense que le même problème existe à Saint-Pamphile et à Moose Jaw. Je ne pense pas que ce soit spécifique à l'Est du Québec.
Une des solutions que l'on a récemment vue consistait à donner des incitatifs pour que des médecins formés aillent vivre en région. Je sais qu'en Australie le problème a été abordé de façon inverse. C'est-à-dire que les Australiens choisissent des étudiants performants dans les régions et les incitent à devenir médecin. Ainsi, le jour où ils sont médecins, le fait retourner vivre à la montagne, près du fleuve ou de l'océan dans une petite communauté correspond à un désir de leur part. On n'a pas à leur offrir des primes pour retrouver un mode de vie qui leur fait plaisir. Les Australiens ont obtenu d'excellents résultats avec cette mesure.
Cette solution serait-elle plausible au Canada pour aider les régions à enfin avoir des médecins? Qu'en pensez-vous, monsieur Berthelot?
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Merci. C’est une très bonne question.
Je suis en fait d’accord. Le Québec est probablement la meilleure des provinces canadiennes à cet égard. Donc, même si la situation vous semble sombre, c’est pire dans les autres provinces. De plus, c’est certainement une compétence provinciale et aucunement une compétence fédérale.
Je crois qu’une grande partie des propositions stratégiques, du moins quelques-unes, pourraient être mises de l’avant, mais il faudrait du cran pour les mener à bien. On pourrait prendre ce que le Québec fait et pousser la donne encore plus loin. Je crois que les autorités provinciales devraient laisser les autorités régionales de la santé s’occuper de l’embauche des médecins et des praticiens de premier recours, et ce, non seulement en médecine, mais aussi en général dans les autres secteurs. Bref, s’il y a des besoins dans un certain domaine, les autorités engagent des gens. S’il n’y a aucun besoin sur l’île de Montréal, les autorités n’engagent personne. Cette pratique permettrait la distribution des ressources humaines.
On pourrait également modifier le recrutement dans les écoles de médecine. C’est exactement ce que vous dites. Par contre, on pourrait lui donner plus de mordant. Dans le processus d’admission, les candidats pourraient s’engager à pratiquer dans une région précise, et les comités d’admission pourraient en tenir compte dans leur décision. Si les comités d’admission ont deux candidats semblables, dont l’un veut pratiquer dans le Nord québécois et l’autre, à Montréal, comment le comité en arrive-t-il à une décision si les deux candidats sont autrement comparables?
Selon moi, il y a de nombreuses politiques que nous pourrions mettre de l’avant.
J’aimerais revenir un peu sur les lacunes de compétences. Je sais que nous avons dit que l’âge moyen de la retraite pour une infirmière est de 57 ans, mais je crois que l’âge moyen des infirmières dans la population active est plus élevé. L’âge moyen d’un médecin, du moins en Ontario, est de 53 ans.
Il y a des défis considérables. Avec le vieillissement des professionnels de la santé au pays, je me demande comment vous nous proposez d’augmenter le taux de participation des groupes qui n’occupent traditionnellement pas de tels emplois. Je pense aux femmes autochtones — et M. Sweetman a parlé de postes vacants pour eux à l’Université Queen’s — et aux personnes handicapées. Dans le cas de ce dernier groupe, il y a peut-être des choses que nous devrions faire pour leur permettre d’occuper ces emplois, même s’il s’agit de postes assez physiques. Il se peut aussi que des travailleurs plus âgés souhaitent changer de voix et devenir des professionnels de la santé.
Selon vous, comment pouvons-nous combler les lacunes de compétences en mettant l’accent sur ces trois groupes, soit les Autochtones canadiens, les personnes handicapées et les travailleurs plus âgés qui changent de voix pour combler cette lacune?