Bon après-midi. Je m'appelle Tracey Leesti et je suis directrice de la Division de la statistique du travail. Je suis accompagnée de Josée Bégin, directrice du Centre de la statistique de l'éducation; de Marc Lachance, directeur adjoint de la Division de la statistique du travail; et de Kathryn McMullen, chef, Questions d'éducation et analyses intégrées à Statistique Canada.
Nous tenons à remercier les membres du comité de nous donner l'occasion de vous parler aujourd'hui de sujets pertinents pour vos études sur la rareté de la main-d'oeuvre dans les professions à forte demande et sur la compréhension des pénuries de main-d'oeuvre.
À Statistique Canada, nous ne calculons pas en général les pénuries actuelles ou futures de main-d'oeuvre, cette tâche étant habituellement réservée aux analystes externes, y compris les gouvernements provinciaux et fédéral, mais nous sommes le principal fournisseur d'importantes sources de données sur le marché du travail canadien, et ces données peuvent servir à évaluer les conditions du marché du travail et à observer certains aspects de l'offre et de la demande.
Les données sur l'emploi, le chômage, les salaires et les postes vacants peuvent être examinées pour qu'on puisse déterminer l'existence ou la possibilité d'une pénurie et corroborer les rapports anecdotiques concernant les difficultés éprouvées par les employeurs au moment de pourvoir les postes. Les données sur les inscriptions et l'obtention de diplômes peuvent également permettre de trouver une source possible pour répondre à la demande non comblée.
Voici certaines sources de données offertes par Statistique Canada: l'Enquête sur la population active — menée chaque mois — fournit des renseignements à jour sur l'emploi, le chômage, l'activité sur le marché du travail et les salaires ainsi que des renseignements démographiques; l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail — également effectuée chaque mois — fournit des renseignements détaillés sur l'industrie et sur les revenus des employés salariés; il y a aussi les nouvelles données sur les postes vacants; et, enfin, les données sur les inscriptions et l'obtention de diplômes.
Un portrait du marché du travail au fil du temps permet d'évaluer l'évolution de la demande et de l'offre pour une profession donnée. Dans le premier graphique, on peut constater que, par rapport à l'emploi total au Canada, l'emploi dans les services professionnels, scientifiques et techniques et dans les soins de santé et les services sociaux a affiché une croissance constante à long terme, même pendant la récession, ce qui indique une hausse probable de la demande pour les professions dans ces domaines.
En outre, dans les secteurs de l'extraction minière, de l'exploitation des carrières ainsi que de l'extraction de pétrole et de gaz, on observe que, après un repli de la demande de main-d'oeuvre pendant le dernier ralentissement, l'industrie a recommencé à gagner du terrain, et l'emploi est retourné au niveau d'avant la récession. Cette croissance récente de l'emploi reflète encore une fois la hausse de la demande de main-d'oeuvre dans ces secteurs.
La diapositive suivante donne un aperçu des postes vacants. Le nombre de postes vacants est une autre mesure possible des besoins insatisfaits en matière de main-d'oeuvre. Cette mesure...
Pardon?
Une voix: Il y a une question.
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Ce type de données fournit également des renseignements importants sur la corrélation entre le nombre de postes à pourvoir et le chômage. Par exemple, une hausse du nombre de postes vacants qui coïncide avec une augmentation du taux de chômage — ou même si le taux de chômage se maintient — pourrait indiquer une disparité attribuable à des facteurs structurels.
La diapositive suivante montre le taux de postes vacants, c'est-à-dire les besoins en main-d'oeuvre insatisfaits, par province et territoire. Comme vous pouvez le voir, l'Alberta et la Saskatchewan — toutes deux à 2,6 p. 100 — affichaient les taux de postes vacants les plus élevés, tandis que les provinces de l'Est enregistraient les plus bas pour la période qui a pris fin en septembre 2011.
Maintenant que nous avons examiné la demande, passons à la diapositive suivante et jetons un coup d'oeil à l'offre. Un faible taux de chômage pour une profession en particulier peut indiquer une offre de main-d'oeuvre restreinte. Ce graphique présente le taux de chômage par groupes professionnels à l'échelle nationale. Nous pouvons voir que les professions dans le secteur de la santé affichent les taux de chômage les plus bas — des taux de 0,9 p. 100 et de 1,9 p. 100 pour les deux premières catégories en rouge. Ces pourcentages se situent bien en deçà de la moyenne nationale de 7,4 p. 100, ce qui pourrait indiquer une pénurie de main-d'oeuvre dans ces professions.
La situation des professions en sciences naturelles et appliquées et des professions apparentées, de même que celles des professions du transport et de la conduite d'équipement lourd, pourrait également être intéressante. Ces deux catégories sont aussi en rouge, et vous pouvez voir que les taux de chômage pour ces professions se situent en dessous de la moyenne nationale.
À l'autre extrême, les travailleurs peu qualifiés et les aides de soutien des métiers présentent les taux de chômage les plus élevés, soit environ 12 p. 100 dans les deux cas. Il ne faut toutefois pas oublier que ce ne sont pas tous les travailleurs d'un groupe professionnel qui pourraient occuper tous les postes du groupe. Par exemple, les postes vacants d'infirmières ne peuvent pas être occupés par d'autres travailleurs du secteur de la santé. Une autre raison pouvant expliquer un taux de chômage élevé est l'emplacement de l'offre et de la demande.
La diapositive suivante montre les taux de chômage pour certains groupes professionnels, selon la province. Dans ce graphique, nous pouvons constater que, parmi les groupes professionnels auxquels s'intéresse le comité, le taux de chômage était plus faible pour les professions très spécialisées en sciences naturelles et appliquées ainsi que pour les professions du secteur de la santé, toutes provinces confondues. Le taux était bas et relativement semblable dans toutes les provinces.
Par ailleurs, tandis que le taux de chômage était bas pour les professions du secteur primaire et du secteur de la transformation, de la fabrication et des services publics dans les provinces des Prairies et en Alberta, il était plus élevé dans toutes les autres provinces, ce qui indique qu'il pourrait y avoir une offre possible dans les autres régions du pays. Les données de l'EPA sont ventilées selon la région économique, de sorte que nous pourrions aussi mettre au jour les différences régionales dans chaque province.
Maintenant que nous avons examiné certains aspects de l'offre et de la demande de main-d'oeuvre, nous nous pencherons sur certaines caractéristiques de l'offre possible de main-d'oeuvre, à savoir les diplômés universitaires et les immigrants.
Je vais céder la parole à Josée.
Le graphique qui se trouve au transparent no 7 montre le nombre total de diplômés universitaires au Canada par domaine d'études en 1992 et en 2008. Les domaines d'études sont classés en fonction du nombre total de diplômes en 2008. Les deux domaines d'études les plus répandus en 1992 et en 2008 étaient le commerce, la gestion et l'administration publique ainsi que les sciences sociales et de comportement et le droit.
Vers le bas, ou tout au bas de l'échelle en ce qui concerne le nombre de diplômés pour les deux années, on trouvait les mathématiques, l'informatique et les sciences de l'information ainsi que les sciences physiques et de la vie. Les études dans le domaine de la santé et, dans une moindre mesure, en architecture et en génie ont enregistré des hausses relativement importantes du nombre de diplômés de 1992 à 2008.
Cela dit, les données de 2000, non indiquées dans le graphique, révèlent que dans le cas des mathématiques, de l'informatique et des sciences de l'information, le nombre de diplômés s'établissait à 6 000, un nombre bien plus élevé qu'en 1992 et en 2008. Ces résultats étaient attribuables à la très forte demande de travailleurs dans le secteur de la technologie de pointe au début des années 2000. Le nombre de diplômés dans ce secteur a ensuite nettement diminué en 2008, après l'éclatement de la bulle de la haute technologie au début des années 2000, ce qui a probablement eu une incidence sur les choix de domaine d'études des étudiants admis dans les universités en 2003 et 2004.
Les femmes représentaient 56 p. 100 des diplômés des universités en 1992. En 2008, la proportion des femmes était passée à plus de 60 p. 100. La proportion de femmes parmi les diplômés a également augmenté dans le domaine des sciences physiques et de la vie et des technologies, et dans le domaine de l'agriculture, des ressources naturelles et de conservation, pour passer de moins de 50 p. 100, en 1992, à plus de 50 p. 100, en 2008.
Enfin, les femmes ont été de plus en plus nombreuses à obtenir un diplôme universitaire, de telle sorte qu'en 2007, elles représentaient plus de la moitié des diplômés dans tous les domaines d'études sauf trois: l'architecture et le génie, les mathématiques et les sciences de l'information, et les services personnels de protection et de transport.
Passons maintenant au transparent no 8. Le graphique suivant présente la proportion de diplômés universitaires occupant une profession peu à moyennement spécialisée. Par professions peu ou moyennement spécialisées, on entend celles requérant un diplôme d'études secondaires et/ou une formation spécifique à la profession, ainsi que celles où de la formation en cours d'emploi est donnée.
Ce graphique indique que la proportion de diplômés universitaires ayant un emploi faiblement ou moyennement spécialisé — ici, je vais utiliser le terme « sous-utilisation » — a augmenté au cours des deux dernières décennies.
Cela dit, il est important de souligner que le taux de sous-utilisation des diplômés nés au Canada demeure essentiellement inchangé. L'augmentation de la sous-utilisation est presque entièrement propre aux immigrants. Cela correspond à une disparité des revenus grandissante entre les diplômés nés au Canada et les diplômés immigrants. Le graphique n'indique pas qu'il y a également une disparité de la sous-utilisation chez les femmes, mais elle est faible comparativement à celle des immigrants, et elle ne montre pas de tendance nette.
Voilà.
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Je vous remercie beaucoup de me donner l'occasion de m'adresser à vous. J'ai pensé qu'il me serait utile de vous faire quelques commentaires au sujet des lacunes en matière de compétences. Je pourrais mettre en lumière certaines choses pour ceux d'entre vous qui sont en train de préparer ce qui semble être deux documents très intéressants.
Certains imaginent le marché du travail comme un haltère — deux poids aux extrémités d'une longue tige. L'une des extrémités représente les services manuels, l'espace entre les deux correspond en quelque sorte aux compétences moyennes de base, et l'autre extrémité représente les compétences spécialisés abstraites. Si le marché du travail ressemble à cette image, et certains diraient qu'elle est assez proche de la réalité, alors vous pouvez commencer à explorer ces notions — les services manuels, les compétences de base et les compétences abstraites — et à vous préoccuper de ce qui doit être là et de ce que supposent réellement les différents types de compétences. Certes, il faut moins d'années d'études pour accomplir des services manuels. Il en faut plus pour acquérir les compétences de base, et les études sont presque une nécessité pour occuper des emplois très spécialisés exigeant des compétences abstraites.
Les gens qui travaillent dans les domaines des STIM — les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques — font partie de la catégorie des compétences abstraites. Bien sûr, cette image n'est pas statique. Les gens se déplacent. Les gens passent des services manuels aux compétences de base, puis des compétences de base aux compétences abstraites. En effet, comme le montre l'un des beaux graphiques de Statistique Canada, les gens peuvent passer de ce qui peut être considéré comme la catégorie des compétences spécialisées abstraites à la catégorie des compétences moyennes, et ils sont alors sous-utilisés.
Nous pouvons aussi envisager les choses de manière un peu plus complexe. On dit que chaque emploi ou profession est composé de deux caractéristiques: le travail intellectuel et le travail lié aux services. Quelles sont les combinaisons possibles? Par exemple, on pourrait dire qu'un travailleur dans la restauration rapide est surtout appelé à offrir des services. Le degré de travail intellectuel et de spécialisation peut être relativement faible. Pour sa part, un travailleur de la production dans une usine peut avoir une connaissance moyenne ou assez bonne de ce qu'il fait, mais l'aspect service — les interactions avec les collègues, les clients — est moins sollicité.
Lorsqu'on se tourne vers les travailleurs du savoir, on remarque que certains d'entre eux ne sont également pas appelés à offrir beaucoup de services. Il s'agit de travailleurs comme les ingénieurs du secteur de la R et D et des chercheurs scientifiques. Il y a un autre groupe qui présente, d'une certain façon, cette combinaison de savoir et de services. L'entreprise Nerds on Site qu'on voit un peu partout dans la ville en est un bon exemple. Ses employés réparent régulièrement les ordinateurs des gens, de sorte qu'ils exercent un travail réunissant un volet services et un savoir fondé sur la haute technologie. Il y a une foule d'emplois de haute technologie qui combinent ces deux éléments, comme les experts-conseils, les ingénieurs commerciaux et les techniciens en soutien logiciel. Toutes les personnes qui exercent ces types d'emplois doivent être capables d'interagir avec les clients et posséder les connaissances de base essentielles à leur travail.
Parlons très brièvement des emplois dans le secteur des services. Certains sont peu rémunérés. Ils exigent très peu d'années d'études, et les travailleurs suivent une courte période de formation sur place. Il y a beaucoup d'interaction entre les travailleurs et les clients, et il est important que les travailleurs de ce secteur sachent lire et écrire pour suivre la formation nécessaire et être capables de bien communiquer. Gardez cela en tête, car j'y reviendrai dans un instant.
Dans le cas des emplois peu spécialisés, on devrait mettre l'accent sur une politique qui encourage l'obtention du diplôme d'études secondaires et un niveau de littératie d'au moins trois. On pourrait envisager d'augmenter le salaire minimum afin que les travailleurs peu spécialisés aient le temps et les ressources nécessaires pour participer à la formation continue. On pourrait aussi inciter les employeurs à offrir de la formation durant les heures de travail.
Dans le cas des travailleurs du savoir, la situation est un peu différente. Ils ont besoin de faire plus d'études. Ils doivent être capables de bien communiquer avec les clients et les autres employés. Toutefois, pour les travailleurs de ce groupe, on devrait mettre en place une politique axée sur le système d'enseignement postsecondaire — y compris les établissements d'enseignement supérieur, dans un premier temps —, sur la formation durant les heures de travail et sur la réduction de l'arriéré dans le traitement des demandes d'immigration de travailleurs dans des professions à forte demande, s'il y a des pénuries de travailleurs qu'on veut pallier dans ces professions.
Si on prend un peu de recul et qu'on s'interroge sur ce qu'on veut faire, je crois que toutes les parties et tous les Canadiens s'entendraient pour dire que nous voulons constituer une main-d'oeuvre très bien rémunérée. Dans un sens, nous voulons que l'ensemble des travailleurs touchent une rémunération qui est aussi élevée que possible, compte tenu de leurs diverses compétences. On peut y parvenir si on atteint le plein emploi.
On devrait encourager les augmentations de salaire plutôt que les décourager. Nous devrions essayer de renforcer le pouvoir de certaines des institutions qui soutiennent les rouages du marché du travail, particulièrement le système de salaire minimum. Nous devrions opter pour l'indexation du salaire minimum vital. Nous devrions encourager la formation de syndicats qui participeront à l'établissement des salaires, de la formation et d'autres conditions de travail. C'est ce genre d'approches qui nous permettra de constituer une main-d'oeuvre à salaires élevés.
Je voudrais faire deux ou trois petits commentaires sur le milieu de travail. Je sais qu'il me reste peu de temps. Dans le cas de la formation en milieu de travail, on devrait examiner la possibilité de recourir à un système de subventions par prélèvements pour financer la formation des employés. Les cours pourraient être donnés sur place ou par des fournisseurs externes. La formation aurait lieu durant les heures de travail. Cette proposition est venue du groupe consultatif sur le temps de travail et la distribution du travail, qui a constaté que cette caractéristique était essentielle, surtout pour les femmes, mais également pour les hommes, qui ont des obligations à l'extérieur du travail et qui veulent être en mesure de suivre la formation durant les heures normales de travail. L'idée d'étudier le soir pour se perfectionner peut sembler fantastique, à moins d'être les parents de cinq enfants à mettre au lit le soir.
On peut encourager et accroître la participation à des programmes d'apprentissage — un type de formation en milieu de travail plus officiel — dans nombre de professions. Nous accusons un retard à ce chapitre par rapport à d'autres pays, à l'exception des États-Unis, qui fait assez mauvaise figure dans ce domaine. Les programmes coopératifs sont utiles aux étudiants universitaires, car ils leur permettent d'étudier tout en travaillant dans leur domaine de prédilection.
Alors, que devrait faire le gouvernement? Eh bien, il peut certainement aider les personnes à s'installer de façon permanente ou temporaire dans une région où la main-d'oeuvre se fait rare. Que devrait faire le gouvernement pour pallier les supposées pénuries de main-d'oeuvre? Il peut aider les personnes à délaisser les domaines où il y a un surplus de travailleurs. Il peut attester les compétences des travailleurs de façon à ce que les employeurs puissent recruter ceux qui ont les compétences nécessaires. Il est également toujours utile d'avoir accès à des renseignements sur le marché du travail. Il faut disposer de l'infrastructure permettant d'obtenir ce genre de renseignements, des systèmes qui font le suivi des possibilités d'emploi.
Il faut parfois se demander ce que le gouvernement ne devrait pas faire. Essentiellement, nous ne voulons pas qu'il s'abstienne de prendre des mesures globales. Si les salaires augmentaient, si les gens commençaient à se déplacer et qu'on décidait de ralentir tout cela par l'adoption d'une politique fiscale et monétaire restrictive, ce serait une grave erreur.
Les employeurs ont un vrai rôle à jouer. Ce sont eux qui embauchent les travailleurs. Ce sont eux qui se plaignent des pénuries de main-d'oeuvre. Ce sont eux qui soutiennent que le gouvernement devrait fournir des employés aptes à l'emploi. Eh bien, premièrement, il faut remettre cette idée en question. On ne peut pas affirmer avec certitude que cette tâche revient au système d'éducation ou aux gouvernements.
De leur propre chef, les employeurs pourraient augmenter les salaires s'ils font face à des pénuries. Ils pourraient recruter plus de travailleurs, offrir des horaires plus souples, améliorer les compétences de leurs employés actuels, améliorer la productivité et rétablir les possibilités d'avancement professionnel qui ont en grande partie disparu dans la plupart des entreprises. Les travailleurs et les syndicats peuvent aussi mettre la main à la pâte. Ils encouragent évidemment l'attestation des compétences, la mobilité — lorsqu'elle est nécessaire — et la participation à la formation en milieu de travail. On devrait également chercher à améliorer les compétences en lecture et en écriture chaque fois que l'occasion se présente.
Le dernier message que je voudrais vous transmettre est le suivant: ne paniquez pas au sujet des pénuries de main-d'oeuvre. Certains marchés du travail locaux sont serrés. Vous avez pu voir de nouvelles données intéressantes tirées de l'enquête sur les postes vacants. Nous estimons qu'un marché du travail est serré lorsque le taux de postes vacants représente de 4 à 7 p. 100 du nombre total d'employés. Il ne s'agit pas d'un problème terrible. Si nous comparons le nombre de postes vacants et le nombre de chômeurs, nous pouvons observer que, dans toutes les industries et dans toutes les régions, il y a beaucoup plus de chômeurs que de postes vacants.
La mobilité des travailleurs, le report des projets — et nous avons dit que la hausse des salaires, la formation et l'augmentation de la productivité sont tous des éléments qui peuvent aider.
On doit aussi tenir compte du fait que la population source au Canada — c'est-à-dire les personnes de 15 ans et plus — continuera de s'agrandir. Le bassin de travailleurs continuera de prendre de l'expansion, car les nouveaux venus sur le marché du travail sont plus nombreux que les travailleurs qui prennent leur retraite, quittent le pays ou décèdent. Le taux de participation, selon la façon dont on le mesure, de l'ensemble de la population active ira en déclinant. Si on regarde uniquement le groupe des 15 à 64 ans, le taux de participation continuera de grimper. En effet, si on examine chaque groupe d'âge-sexe, le taux de participation augmente continuellement jusqu'en 2025, en 2030 et en 2035.
Ce qui se produit, toutefois, c'est qu'il y a une question de pondération où les aînés prennent leur retraite en grand nombre, ce qui fait chuter le taux de participation global, même si, actuellement, le taux de participation des aînés augmente par rapport à des niveaux — jusqu'à tout récemment — très bas.
Je voudrais donc conclure en disant simplement que je crois qu'il est important de mettre l'accent sur les compétences plutôt que sur les professions. Je crois que vous devez adopter une vision à long terme. Par exemple, des signes de ralentissement dans le domaine de l'informatique ont incité certaines personnes — lorsqu'elles ont fait leur choix de carrière il y a quatre, cinq ou six ans — à ne pas se diriger vers ce domaine, et, maintenant, quatre ou cinq ans plus tard, on manque de travailleurs en informatique. Il y a donc des décalages, et ce n'est pas le genre de choses qu'on corrige avant la prochaine élection. Eh bien, peut-être que nous pourrions régler le problème en partie après la prochaine élection, mais on ne pourra pas le régler d'ici le prochain mois.
Par conséquent, prenez le temps de penser à ce que vous voulez faire et à la société dans laquelle vous voulez vivre.
Merci.
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Oui. Je crois que, si on regarde la situation à l'échelle nationale, le taux de participation correspond à la proportion de personnes âgées de plus de 15 ans qui veulent travailler, qui cherchent du travail ou qui travaillent. Le taux de participation est en hausse pour le groupe des 15 à 64 ans.
Même dans le cas des personnes âgées de 15 ans et plus, bien que le taux de participation total soit quelque peu en déclin, la population active totale continue de s'accroître. Il y a de nouveaux venus —autrement dit, des entrants nets — sur le marché du travail. Cela est en partie possible grâce à l'immigration. C'est en quelque sorte le niveau de base que nous avons à l'heure actuelle, mais nous n'en sommes pas rendus à prendre des mesures exceptionnelles parce que nous sommes à court de main-d'oeuvre et que nous devons embaucher des travailleurs temporaires.
Toutefois, dans certaines régions, on doit composer avec la mobilité des travailleurs, avec les départs. Dans certaines régions du pays, la population diminue. Si ces régions ont du mal à trouver des travailleurs qualifiés, elles peuvent être obligées d'en recruter à partir d'un plus petit bassin. Malheureusement, bien entendu, lorsque les gens quittent la région, ils partent souvent avec leur emploi ou sont en chômage. Par conséquent, dans un sens, on ne perd rien.
Il y a des localités où le taux de chômage est très bas au Canada, mais cela tient au fait qu'un grand nombre de travailleurs sont partis et que l'emploi a diminué. On peut dire en quelque sorte que le fait d'examiner le taux de chômage qui prévaut dans ces localités n'est pas très instructif.
Je ferais toutefois preuve d'optimisme pour ce qui est des mesures que nous pouvons prendre. N'oubliez pas que, chaque année, des milliers de personnes quittent une région du Canada pour s'installer dans une autre. Il y a plus de migrants — comme nous les appellerions — qui déménagent d'une province à une autre que le nombre total net d'immigrants qui arrivent de l'étranger. Si une région en particulier cherche à équilibrer son marché du travail, alors elle devrait regarder la situation générale.
Par exemple, actuellement, la Nouvelle-Écosse essaie d'augmenter le nombre d'immigrants qu'elle accueille. Un ministère s'est vu confier cette mission. J'ai déjà dit un jour — ce qui était plutôt cynique — qu'il y avait plus d'employés au ministère que d'immigrants dans la province. Il y a beaucoup de gens venant d'ailleurs au Canada qui s'installent dans cette province — certains retournent à la maison, d'autres choisissent d'y passer leur retraite et d'autres encore y ont trouvé un emploi exigeant des compétences précises. On assistera à une hausse marquée du nombre de personnes qui iront travailler en Nouvelle-Écosse sur les nouveaux chantiers navals.
Dites-vous qu'il s'agit simplement d'un mouvement fluide et constant. Il est très facile de tomber dans le piège et de croire que tout cela est cloisonné. Il faut plutôt voir tout cela comme un immense bassin. On verse de l'eau colorée à un endroit, puis on verse de l'eau d'une autre couleur ici, et on observe ce qui se passe: les couleurs commencent à se mélanger et, finalement, l'eau devient complètement grise.
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Bien sûr. Le but des prévisions est de voir ce qui s'en vient et de prévoir ce qu'on peut faire.
Le secret consiste à admettre tout d'abord qu'on ne peut pas prédire l'avenir. Aucun d'entre nous ne sait à quoi ressemblera la demande dans 10 ou 20 ans. On peut toutefois poser des hypothèses et étudier ce qu'on appelle des scénarios possibles.
Par exemple, nous avons aidé l'un des conseils consultatifs de l'industrie de la construction qui fournissent des avis à RHDCC. Le conseil nous avait demandé de produire quatre scénarios de l'évolution possible de l'industrie de la construction au cours de la prochaine décennie. Nous avons fait cela il y a environ cinq ans. Le conseil s'est servi des scénarios comme toile de fond au moment de déterminer les politiques que l'industrie de la construction pourrait mettre en place pour améliorer le marché du travail dans ce domaine.
Lorsqu'il trouvait une idée, disons l'expansion du programme d'apprentissage, il cherchait à voir à quel point cette idée serait efficace dans les quatre scénarios. Nous lui avons demandé s'il pouvait prendre des mesures que nous qualifions de robustes et qui fonctionnent dans presque tous les scénarios imaginables ou s'il y avait des choses très particulières et très caractéristiques, et s'il pouvait distinguer les deux. Nous lui avons demandé s'il pouvait, au fil du temps, choisir le scénario qui reflétait, selon lui, la façon dont la situation allait réellement évoluer dans l'industrie.
Je crois qu'il est possible d'en faire beaucoup. Bien sûr, des statistiques de base sont nécessaires pour mettre au point ces modèles. Heureusement, Statistique Canada est là pour ça. Cependant, dans un cas semblable, ce qui est peut-être le plus compliqué de tout, c'est qu'il faut une interaction entre les employeurs, les économistes, les planificateurs gouvernementaux et le système d'éducation, et chacun de ces intervenants a ses propres façons d'envisager et de définir les choses. Cela représente donc un réel défi pour vous.
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J'ai donc deux minutes pour répondre à tout cela?
Je suis moi aussi un immigrant au Canada. Je crois que l'immigration devrait contribuer — et elle y contribue déjà — à l'essor du Canada, pas tant pour combler les lacunes dans les compétences que pour diversifier la société canadienne. Les immigrants jouent un rôle dans nos relations commerciales avec différentes régions du monde, et ils peuvent participer à la vie active comme employés, qu'ils aient ou non des titres de compétence.
Si on a en place une politique sur l'immigration — comme c'est le cas au Canada — qui vise avant tout à attirer la crème des travailleurs étrangers ici, alors mieux vaut savoir qui on attire, et cela a beaucoup à voir avec l'attestation des compétences. Si on applique une politique sur l'immigration qui est fondée sur le niveau de scolarité des immigrants, alors on devrait désigner un organisme, habituellement un organisme auquel on fait confiance, à l'étranger ou au Canada, qui se chargera d'attester la validité des diplômes.
La question des compétences est un peu plus délicate, car les compétences correspondent, entre autres, à la capacité de travailler avec les gens, de travailler dans une équipe, et ce genre de choses est plus difficile à mesurer, quelle que soit la personne, qu'il s'agisse d'un Canadien, jeune ou âgé, ou d'un immigrant. De plus, ce genre de caractéristiques pourrait très bien être déterminé par la culture de la personne, alors il s'agit d'un autre facteur à prendre en considération.
Quant au nombre d'emplois, si on accueille environ 250 000 immigrants par année et que la moitié d'entre eux entrent sur le marché du travail, on obtient une hausse annuelle du nombre de travailleurs de l'ordre de 125 000 à 130 000, tant et aussi longtemps que le taux d'immigrants est stable. Obtiendront-ils tous un emploi? C'est une question un peu plus compliquée. Cela dépendra si on peut atteindre le plein emploi, où chaque nouveau venu sur le marché du travail est assuré d'un emploi.
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D'accord. Vos projections sont loin de refléter ce que nous voyons sur le terrain à Terre-Neuve-et-Labrador en ce qui a trait au chômage. Il est impossible que le taux de chômage s'élève à plus de 27 p. 100 à Terre-Neuve-et-Labrador. En fait, nous avons actuellement besoin de travailleurs spécialisés. La semaine dernière, j'ai reçu deux appels concernant des permis de travail pour des travailleurs étrangers temporaires à Terre-Neuve-et-Labrador. Il y a donc quelque chose qui cloche ici.
Lorsque je regarde la diapositive 5, où vous indiquez que, pour les métiers de la construction, le taux de chômage au Canada avoisine les 12 p. 100, cela ne concorde aucunement avec ce que j'entends sur le terrain dans ma province.
Vale Inco investit actuellement 2,8 milliards de dollars dans l'aménagement d'une fonderie à Terre-Neuve-et-Labrador, et cette entreprise doit en fait composer avec une pénurie de main-d'oeuvre là-bas. Je voudrais simplement vous citer quelque chose. J'ai justement été informé aujourd'hui des derniers développements du projet de cette entreprise à Long Harbour. Dan Donnelly, qui est le directeur des travaux de construction, a déclaré ce qui suit:
La disponibilité de la main-d'oeuvre est l'une de nos préoccupations les plus pressantes à l'heure actuelle. Cela pourrait retarder la réalisation du projet, ce qui, en retour, nous amènerait à dépasser notre budget. Par conséquent, nous travaillons d'arrache-pied pour régler ce problème. Cela dit, la pénurie de main-d'oeuvre ne touche pas seulement notre projet. D'autres entreprises en voie de réaliser de grands projets s'attendent à faire face aux mêmes problèmes. Quoi qu'il en soit, le moment n'a jamais été mieux choisi pour être un travailleur spécialisé dans cette province et dans le pays.
Lorsque j'ai rencontré des représentants de Vale il y a quelque temps, j'ai appris que l'entreprise avait demandé des permis de travail pour des travailleurs étrangers temporaires afin de compléter l'offre de travailleurs canadiens.
Par conséquent, je trouve que vos statistiques sont quelque peu déroutantes, en ce sens qu'elles ne correspondent pas du tout à ce que nous voyons sur le terrain à Terre-Neuve-et-Labrador et à la demande de gens de métier dans la province et dans le pays. On dit que certains travailleurs de la construction sont disponibles dans les provinces atlantiques, mais, encore une fois, on a besoin de travailleurs étrangers temporaires pour compléter l'offre de travailleurs canadiens.
J'ai donc du mal à voir en quoi ces statistiques reflètent la réalité. J'ignore si vous voulez faire des commentaires à ce sujet.
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Je vous remercie beaucoup. Je suis ravie d'avoir reçu votre invitation à témoigner devant le comité.
Comme vous l'avez mentionné, je m'appelle Marie Carter. En fait, cette semaine, je remplis également les fonctions de chef de la direction par intérim, alors je porte deux chapeaux en ce moment.
Ingénieurs Canada est l'organisme national qui représente les 12 ordres réglementant la profession d'ingénieur au Canada. Nous représentons plus de 250 000 ingénieurs agréés dans le pays.
À Ingénieurs Canada, nous sommes très conscients des pénuries de main-d'oeuvre actuelles et à venir dans le domaine du génie. En 2009, nous avons produit un rapport sur la situation du marché du travail, que nous mettons à jour chaque année, et ce rapport indique que, actuellement, dans nombre de régions, le marché du travail des ingénieurs est caractérisé par un excédent de diplômés de fraîche date ayant peu d'expérience, voire aucune, et par une pénurie d'ingénieurs ayant de 5 à 10 années d'expérience. En ce moment, au Canada, les ingénieurs spécialisés qui possèdent une expérience pratique sont une denrée très rare.
Un rapport publié en 2008 par le Conseil des technologies de l'information et des communications révélait que, entre 2008 et 2015, les employeurs canadiens chercheraient à recruter de 126 000 à 180 000 travailleurs dans les domaines du génie et des technologies.
Nous parlons d'une moyenne de quelque 16 000 à un peu plus de 22 000 travailleurs par année, sachant que l'offre de diplômés nationaux ne répond qu'à la moitié ou qu'aux deux tiers de cette demande, selon la discipline qui nous intéresse. Nous savons que les nouveaux diplômés ne peuvent remplacer des ingénieurs expérimentés dotés de compétences techniques spécialisées.
Dans le cas des marchés du travail en génie civil, mécanique, électrique et pétrolier, le rapport indique qu'on prévoit une faible offre excédentaire jusqu'en 2018 et probablement dans les années suivantes. Si on tient également compte des départs à la retraite, on constate qu'il sera difficile de recruter des ingénieurs expérimentés dans nombre de ces disciplines au cours des années à venir.
En ce qui concerne le marché du travail des ingénieurs industriels et en fabrication, le rapport souligne qu'on prévoit des pénuries chroniques de main-d'oeuvre jusqu'en 2018, vu les niveaux actuels d'immigration et d'inscriptions à des programmes d'études postsecondaires.
Nous publions notre propre rapport annuel, qui est intitulé Inscriptions en génie et diplômes décernés — Tendances. Le plus récent a été produit en 2010, année où un total de 11 450 diplômes de premier cycle en génie ont été délivrés. Cette année-là, c'est en génie mécanique qu'on a décerné le plus de diplômes de premier cycle, suivi des programmes de génie électrique, de génie civil et de génie chimique. On peut donc constater que ce sont encore les bons vieux programmes classiques de génie qui attirent la majorité des étudiants.
Pour tenter de remédier à la pénurie de travailleurs qui est évidente à l'heure actuelle et qui se fera indéniablement sentir dans l'avenir, la profession a décidé d'entreprendre différentes actions. D'abord, nous nous tournons vers les groupes sous-représentés dans le domaine du génie, à savoir les femmes et les Autochtones — pour diversifier la profession et combler les lacunes dans les compétences.
Selon le recensement de 2006, même si les femmes représentaient 47 p. 100 de la population active totale, elles ne comptaient que pour 13 p. 100 des ingénieurs. De fait, selon les données les plus récentes que nous avons sur le nombre réel d'ingénieurs agréés, les femmes comptaient pour environ 10 p. 100 des ingénieurs agréés du pays.
Le fait que le nombre de femmes ingénieures atteigne un plateau contraste avec la hausse du nombre de femmes exerçant d'autres professions auparavant dominées par les hommes, comme le droit et la médecine. Par exemple, de 1986 à 2006, la proportion de femmes avocates et médecins a augmenté de presque 17 p. 100 et d'environ 13,5 p. 100, respectivement, alors qu'il n'y a eu qu'une hausse de 6 p. 100 du nombre de femmes ingénieures.
Les femmes constituent donc une bonne source inexploitée, et nous savons que nous avons beaucoup de place pour accueillir les Autochtones dans la profession d'ingénieur.
Nous avons fixé des objectifs. Nous nous appliquons à faciliter l'accès aux programmes de formation en génie et à accroître la souplesse du mode de prestation du programme d'enseignement en génie.
Ensuite, nous sommes en train d'établir des partenariats avec des organismes autochtones nationaux et provinciaux — notre association en Alberta mène actuellement là-bas une campagne très énergique dans ce but — afin de mettre au point des outils pour promouvoir la profession d'ingénieur auprès des étudiants autochtones, à l'aide de programmes de sensibilisation et de soutien qui seraient offerts dès la maternelle et jusqu'à l'université, car, à l'évidence, il faut être sur la bonne voie pour obtenir les crédits d'études secondaires nécessaires pour se diriger vers le domaine du génie et pour susciter de l'intérêt.
Nous travaillons à accroître le soutien financier de l'industrie et du gouvernement pour les programmes visant à aider les étudiants autochtones qui étudient dans les disciplines du génie. L'Université du Manitoba offre un programme de transition adéquat à l'intention des Autochtones, mais ce genre de programme doit vraiment être mis en place un peu partout dans le pays.
Enfin, au cours des 10 dernières années, Ingénieurs Canada et ses associations membres ont entrepris un certain nombre de projets pour assurer l'intégration rapide des diplômés internationaux en génie dans notre profession et sur le marché du travail. Brièvement, à titre d'exemple, l'une de nos initiatives en cours est la feuille de route à l'intention des diplômés étrangers en génie; il s'agira, essentiellement, d'un guichet unique fournissant des renseignements complets. Cette ressource facilitera le cheminement du diplômé étranger en génie tout au long du processus menant à l'agrément au Canada.
Avec l'aide de RHDCC, nous avons lancé un gros projet appelé « De la considération à l'intégration ». Parmi les préoccupations qui ont été soulevées, il y avait la nécessité de comprendre le fonctionnement de notre système au Canada du point de vue de l'immigrant, alors ce projet devrait vraiment rendre le processus beaucoup plus clair.
Nous avons mené un grand nombre de nos projets en partenariat avec le gouvernement fédéral — non seulement avec RHDCC, mais aussi avec Citoyenneté et Immigration Canada —, et nous nous réjouissons à l'idée de poursuivre cette relation de travail très fructueuse.
Nous encourageons fortement les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux à continuer de soutenir l'enseignement des sciences, de la technologie, du génie et des mathématiques à tous les niveaux — surtout auprès des groupes sous-représentés — ainsi qu'à collaborer avec diverses professions pour améliorer le processus d'évaluation et de reconnaissance des titres de compétence acquis à l'étranger.
D'après ce que nous disent les représentants d'autres professions réglementées, nous avons probablement une bonne longueur d'avance pour ce qui est d'un grand nombre de nos initiatives, car nous avons parcouru beaucoup de chemin pour reconnaître les titres de compétence acquis à l'étranger et pour faire en sorte que les personnes formées à l'étranger puissent facilement postuler de l'étranger, entamer le processus et comprendre ce qu'elles doivent faire pour aller de l'avant.
Nous sommes très fiers du travail que nous accomplissons pour combler les pénuries de main-d'oeuvre actuelles et futures dans notre profession.
Je vous remercie beaucoup. Je répondrai à vos questions avec plaisir.
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Tout à fait, oui. Les 6 p. 100 que j'ai mentionnés représentent la hausse du nombre de femmes ingénieures. Pour ce qui est des femmes, qui constituent 50 p. 100 de notre population, il s'agit vraiment d'une source inexploitée. En ce qui a trait à toute la question des Autochtones, nous avons conclu une entente avec l'Assemblée des Premières Nations pour essayer de travailler ensemble sur cette question.
Nous avons commencé à nous intéresser à cette question il y a environ huit ou neuf ans. Nous avons communiqué avec l'Assemblée des Premières Nations, et nous avons fait appel à un certain nombre de personnes qui ont une expertise dans le domaine des systèmes d'éducation. Au début, la tâche semblait vraiment impossible, car chaque petite collectivité a sa propre façon de faire les choses et a ses propres idées et valeurs. Alors, nous voulions essayer d'arriver à un point où nous pourrions travailler à améliorer la base — les éléments de base de l'éducation — sans aliéner le groupe même que nous essayions d'aider, en tentant simplement d'aller de l'avant.
Alors nous avons fait un certain nombre de choses. Nous avons appuyé un grand nombre d'ateliers et de programmes d'été qui sont organisés dans les différentes collectivités des Premières nations et autochtones partout au pays. Nous avons élaboré un programme très actif pour soutenir ces ateliers afin que les jeunes puissent voir à quel point les sciences et les mathématiques peuvent être amusantes et, ensuite, que le génie peut aussi être amusant.
L'association de l'Alberta est justement en train de créer des liens. Elle travaille avec l'industrie. Elle s'est employée à faire participer l'industrie gazière et pétrolière, qui est prédominante dans le Nord de l'Alberta, afin d'aider les collectivités à avoir accès à une éducation de base, de façon à ce que les jeunes puissent avoir la possibilité de poursuivre leurs études.
Le programme permanent dont j'ai parlé et que nous essayons de mettre en place un peu partout dans les universités du Canada est appelé le NAEP. Il s'agit d'un programme de transition qui tient compte du fait que les personnes venant des collectivités autochtones environnantes n'ont peut-être pas acquis les connaissances mathématiques et scientifiques nécessaires dans leur école secondaire. Il s'agit d'un programme pour travailler avec les jeunes Autochtones — et il y a un soutien financier — qui font la première année de génie en deux ou trois ans, de sorte qu'ils ont le temps de mettre à niveau leurs compétences, puis ensuite, ils entrent dans le programme régulier avec le reste des futurs ingénieurs. Les universités ont beaucoup de succès avec ce programme.