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L'un des avantages de témoigner à une des dernières réunions de ce comité est de pouvoir lire les mémoires tant du personnel de RHDCC que ceux de mon secteur. Le personne de RHDCC a donné un survol détaillé de la situation en matière d'emploi des personnes handicapées et des programmes que le ministère offre dans le contexte actuel.
En parcourant les nombreux mémoires de représentants du gouvernement et de collègues du secteur, en particulier d’organismes de services aux personnes ayant une incapacité, je suis découragée par l’approche globale adoptée. Bon nombre de mémoires présentés au comité dans le cadre de la présente étude font ressortir le manque d’emplois ainsi que les difficultés auxquelles se butent différents groupes. Pour que la situation s’améliore vraiment, il faut se pencher sur ce que peuvent faire les personnes handicapées et amener le gouvernement du Canada à financer des programmes qui les aideront à décrocher un emploi rémunérateur.
Lorsqu’il s’agit d’emploi, il n’y a réellement que deux parties: l’employeur et la personne en quête d’un emploi. Tous les participants à la présente discussion sont appelés à intervenir parce qu’il existe un déséquilibre. Les personnes handicapées qui cherchent un emploi ne sont pas considérées autant aptes à l’emploi que les autres. Si c’était le cas, il n’y aurait pas de déséquilibre, et ces personnes n’auraient pas besoin de nous.
À titre de fournisseur de services de réadaptation professionnelle de longue date, La marche des dix sous aimerait présenter au comité permanent trois questions et solutions qui, selon nous, feront une différence tant pour les chercheurs d'emploi que les employeurs.
Nous devons améliorer la capacité des personnes handicapées motivées et leur adaptation au marché du travail en leur offrant des services et un soutien complets.
L'enjeu no 1 consiste à miser sur les capacités, améliorer les compétences et offrir une expérience professionnelle.
Pour bien des raisons, certaines personnes handicapées à la recherche d’un emploi n’ont pas l’expérience et les compétences recherchées sur le marché du travail actuel. Au premier regard, leur curriculum vitae ne se compare pas à celui des autres chercheurs d’emploi. Dans les domaines où il manque de main-d'oeuvre, les employeurs estiment que ces personnes ne répondent même pas aux exigences de travail minimales perçues. Le problème du manque de compétences et d’expérience ne se limite pas aux personnes handicapées. Il s’agit d’une réalité courante pour les diplômés de niveau postsecondaire, les immigrants et les Autochtones canadiens.
La solution serait de faire en sorte que les agences de placement s’adressant aux personnes handicapées offrent des services continus et complets de soutien en matière d’emploi. En procédant à une exploration des carrières et à une évaluation complète des compétences transférables, ces agences pourront établir les aptitudes des chercheurs d’emploi par rapport au marché actuel, et les évaluations spécialisées les aideront à déterminer si la personne a la capacité d’apprendre et s’il serait bon d’investir dans sa formation professionnelle. L’expérience de travail axée sur les aptitudes des clients et les besoins de l’employeur assurera une formation en cours d’emploi dans le vrai monde. Il s’agira également d’une occasion peu risquée pour l’employeur d’apprendre à connaître une personne ayant une incapacité et de modifier son jugement.
L'enjeu no 2 porte sur les barrières systémiques liées à l’aide sociale.
Pendant leur recherche d’emploi, les personnes handicapées en quête de travail reçoivent un soutien du revenu par l’entremise des régimes provinciaux d’assistance sociale. Les clients nous disent souvent qu’ils redoutent de perdre ce soutien s’ils trouvent un emploi. Ils craignent entre autres de ne plus avoir accès à l’aide sociale ou aux prestations de soins de santé. De nos jours, les emplois sont parfois à court terme ou de durée limitée. Même dans les cas où des filets de sécurité sont en place, ces régimes ne tiennent pas pleinement compte de l’évolution du marché du travail. Réelles ou non, ces craintes sont un facteur de dissuasion. Notre organisation connaît un taux d’attrition de 30 p. 100 entre le moment où un client est admis et celui où il est placé. Cette réduction s’explique par bien des raisons, la perte des avantages sociaux n’étant pas la moindre.
La solution est que tous les ordres de gouvernement éliminent les désincitations au travail réelles ou appréhendées. Ils doivent s’assurer que le filet de sécurité est bien en place et réévaluer constamment la situation en fonction de l’évolution du marché. Pour une personne handicapée, la décision de travailler doit reposer sur sa capacité et sa motivation à le faire et ne doit pas être entravée par des obstacles systémiques.
L'enjeu no 3 porte sur les services de soutien adaptés
Au besoin, les chercheurs d’emploi doivent recevoir une aide en fonction de leur incapacité et de son importance. Ils ont surtout besoin de soutien pour trouver ou conserver un emploi. Ils requièrent le soutien de l’agence de placement pour acquérir des compétences en cours d’emploi. Pour leur part, les employeurs doivent considérer l’agence de placement comme un spécialiste ou un consultant en matière d’incapacité qui sait comment obtenir les résultats recherchés en utilisant parfois des approches, des techniques ou des dispositifs différents.
La solution est de bien jumeler chercheurs et employeurs. Pour ce faire, il est important que les deux parties aient accès à une aide après le placement, laquelle peut prendre diverses formes. Ces services devraient être offerts par l’agence de placement ayant fourni des services avant emploi pour assurer la continuité.
Je vais maintenant parler des efforts que nous déployons pour appuyer les employeurs.
Le premier problème a trait au fait que les employeurs doivent comprendre les avantages. Les employeurs ne sont pas toujours au courant des avantages liés à l’emploi de personnes handicapées. Un grand nombre d’entre eux soulèvent des préoccupations qui sont rarement fondées. Parmi ces mythes, on retrouve le coût élevé et la complexité des mesures d’adaptation du lieu de travail, les congés de maladie fréquents, les problèmes de sécurité et le faible rendement au travail. Le fait que les employeurs détestent courir des risques, qu’ils ressassent les mythes et ne reconnaissent pas les avantages réduit grandement les perspectives d’emploi pour les personnes atteintes d’une incapacité.
Pour résoudre ce problème, on peut, entre autres, faire valoir les avantages d’embaucher une personne handicapée par l’entremise d’organisations représentant des entreprises et des industries ou dans le cadre de discussion entre pairs, et solliciter le soutien de chefs d’entreprise d’expérience qui peuvent confirmer ce que dit la recherche.
Le deuxième problème tient essentiellement au fait que le placement doit se faire en fonction des exigences du poste et des besoins de l’employeur. Souvent, les employeurs exigent des compétences, des études et une expérience nettement supérieures à ce que doit posséder le titulaire du poste. Les chercheurs d’emploi peuvent se décourager à l’idée de ne pas satisfaire aux exigences voulues, même s’ils sont pleinement en mesure de faire le travail.
Certes, le recrutement et l’embauche comportent des risques. En tant que gestionnaires recruteurs, nous avons tous rencontré des candidats qui avaient un excellent curriculum vitae et qui répondaient même bien aux questions d’entrevue, mais qui n’étaient plus là six mois plus tard. L’entreprise est coûteuse et risquée. Quelle est la solution au problème?
Les agences de placement doivent adopter une approche fondée sur les besoins en matière de placement et bien comprendre les besoins opérationnels de l’employeur avec lequel elles travaillent. Elles doivent tenir des discussions sur les besoins afin d’examiner les compétences générales et spécialisées essentielles pour occuper ce poste. Les employeurs doivent cesser d’afficher des postes en fonction du candidat idéal et mettre l’accent sur les besoins immédiats et à long terme. Ils doivent comprendre les compétences requises au départ et celles qui peuvent être acquises avec le temps, en suivant des cours de formation.
Les agences de placement pour personnes handicapées doivent présenter des candidats compétents qui possèdent les aptitudes essentielles et les aider à se perfectionner. Les employeurs n’ont qu’à consulter leurs meilleurs éléments à l’interne, qui n’avaient probablement pas toutes les compétences et l’expérience requises au début de leur carrière, mais qui les ont acquises avec les années.
Le troisième problème tient au fait que les employeurs doivent tirer parti des ressources offertes au sein de leur collectivité. Pour que les affaires roulent, les postes vacants, en raison de départs ou d’un accroissement des effectifs, doivent être remplis le plus rapidement possible. Les entreprises ne connaissent pas les fournisseurs de services d’emploi ou répugnent à leur demander de leur présenter des candidats répondant à leurs besoins. Les processus de recrutement ralentissent les activités de l’entreprise, nuisent à son efficacité et limitent la capacité des employeurs d’accéder à des groupes négligés de la population active, notamment les personnes handicapées.
La Marche des Dix Sous communique avec quelque 3 000 employeurs par semaine. En Ontario, par exemple, notre répertoire d’employeurs compte plus de 250 000 noms. Au cours des trois dernières années, nous avons travaillé avec seulement 1 500 d’entre eux, soit moins de 1 p. 100 des employeurs contactés. Ces données montrent à quel point les employeurs hésitent à se prévaloir de nos services.
Je vais maintenant parler de la solution. Le fait que les employeurs ne sachent pas comment tirer parti des ressources qui sont mises à leur disposition gratuitement ou qu’ils ne soient pas disposés à le faire est préoccupant. Les fournisseurs de services d’emploi, les institutions postsecondaires et les organismes qui nous financent doivent unir leurs efforts pour mettre en valeur nos services et les chercheurs d’emploi que nous représentons. Nous devons adopter entre nous une approche professionnelle à valeur ajoutée pour satisfaire aux besoins des employeurs mieux qu’ils ne le font eux-mêmes.
En résumé, la Marche des Dix Sous recommande au gouvernement du Canada de prendre les mesures suivantes: veiller à ce que les fonds accordés pour l’emploi par les gouvernements fédéral et provinciaux et les programmes connexes permettent d’assortir les perspectives d’emploi aux compétences des chercheurs de travail motivés; offrir une expérience professionnelle pour aider les personnes handicapées à acquérir des compétences concrètes; investir dans les personnes qui peuvent acquérir les compétences recherchées sur le marché; éliminer les mesures systémiques tendant à décourager l’emploi; veiller à ce que les fonds accordés pour l’emploi par les gouvernement fédéral et provinciaux et les programmes connexes prévoient des services de soutien après placement, lesquels devraient être offerts par l’organisme ayant évalué le client; donner suite aux recommandations formulées par le Groupe de travail spécial sur les possibilités d’emploi des personnes handicapées, concernant la mise en place d’une stratégie destinée à aider les employeurs à comprendre les avantages liés à l’embauche de personnes handicapées; continuer à appuyer le Projet sur les compétences essentielles de Ressources humaines et Développement des compétences Canada, pour aider les employeurs à définir des exigences de travail pertinentes et réalistes; et promouvoir auprès des entreprises le savoir-faire et les ressources mis à leur disposition par l’entremise des agences de placement et des institutions postsecondaires, qui offrent des services financés par le gouvernement fédéral.
Selon nous, ces recommandations, si elles sont appliquées, rétabliront l’équilibre entre les chercheurs d’emploi et les employeurs et amélioreront les possibilités d’emploi pour les personnes handicapées de la population active en misant sur les aptitudes et le potentiel de ces dernières.
Merci.
Premièrement, je tiens à mentionner que c'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui. C'est aussi très troublant. Par conséquent, veuillez faire preuve de patience à mon égard.
Le Programme de cuisine communautaire de Calgary est à l'origine du programme intitulé « Moving Forward ». Lorsque le gouvernement fédéral nous a accordé des fonds pour construire un immeuble qui abriterait différents organismes, dont le nôtre, à savoir le Programme de cuisine communautaire, nous avons fait le serment d'utiliser l'immeuble en entier pour changer des vies au sein de la ville de Calgary et pour avoir un effet bénéfique.
Essentiellement, nous luttons contre l'itinérance, la faible rémunération, la pauvreté et la faim. Voilà nos domaines de compétence.
Le Programme de cuisine communautaire dispose de deux entrepôts, un de 18 000 pieds carrés situé d'un côté de l'immeuble et un autre de 21 000 pieds carrés situé de l'autre côté de l'immeuble. Des travailleurs sont nécessaires pour s'occuper de ces entrepôts. J'étais assise et je me demandais comment un organisme sans but lucratif pouvait se payer des travailleurs. Puis, une idée a surgi dans ma tête. Nous allions lutter contre la pauvreté et l'itinérance, et changer des vies. C'est à ce moment-là que j'ai décidé que la meilleure solution consistait à avoir recours à des sans-abri issus des logements de transition de la ville de Calgary, à qui nous allions offrir de vrais logements. Toutefois, il fallait que nous leur offrions des services de soutien et des cours de recyclage, et que nous leur rendions l'espoir. C'est ce que le programme Moving Forward accomplit.
Tous nos clients sont d’anciens itinérants ou des gens qui risquent de sombrer dans l'itinérance. Ils vivent tous sous le seuil de la pauvreté et souffrent tous d'une maladie mentale, d’un genre ou d'un autre. Une personne qui vit dans la rue ne peut pas échapper à la maladie mentale; cela fait simplement partie intégrante de ce mode de vie. D’abord, on se retrouve dans la rue, on consomme de la drogue, puis une chose en entraîne une autre.
Nous avons fait équipe avec divers organismes, et nous nous sommes collectivement dit que nous devrions fonder un programme qui nous permettrait de donner à ces gens l’espoir d’échapper à l’itinérance. Notre énoncé de mission indique que nous cherchons à prévenir l’itinérance en soutenant les membres les plus vulnérables de notre collectivité. En offrant aux personnes atteintes de troubles mentaux un programme de formation fondée sur les aptitudes et d’acquisition d’expérience de travail, nous leur donnons le pouvoir — et, mesdames et messieurs, le mot clé ici est « pouvoir » —, de surmonter les obstacles qui les empêchent de trouver un emploi, de réussir et de mener une vie normale, indépendante et fructueuse.
Voilà vraiment ce que nous comptons accomplir; nous comptons voir la vie de ces gens changer.
Nous nous soucions surtout de former ces gens pour les préparer à travailler dans des entrepôts et de leur offrir des cours leur permettant d’acquérir neuf compétences indispensables pour le travail et la vie quotidienne, selon Service Canada. Le programme offre à des personnes handicapées socialement et professionnellement par leur maladie mentale, qui ont du mal à garder un emploi ou à réintégrer le marché du travail, la possibilité de travailler. Bon nombre de gens touchés par l’itinérance qui retournent au travail ne gardent pas leur emploi plus d’une ou deux semaines. Vous savez ce qui se produit ensuite: ils régressent parce qu’ils n’ont pas développé les aptitudes de base nécessaires pour vivre de manière autonome ou parce qu’ils n’ont pas apporté à leur vie les changements qui s’imposaient.
Nous travaillons en partenariat avec de nombreux organismes. Aucun organisme ne peut accomplir ce travail seul; c’est absolument impossible. En ce qui concerne les procédures de recrutement, nous faisons équipe avec des organismes. Où trouvons-nous ces femmes et ces hommes? Nous les trouvons dans des refuges, dans des logements de transition de deuxième étape, comme Alpha House, qui offre des traitements aux alcooliques et aux toxicomanes. Nous les trouvons aussi dans le centre de détention provisoire, lorsqu’ils viennent de sortir de prison. Nous travaillons maintenant dans les prisons afin d’aider les détenus à transformer leur vie. À leur sortie de prison, nous les aidons à réintégrer la société.
Nous travaillons avec de nombreux organismes que je vais vous énumérer pour vous prouver qu’aucun organisme n’a réponse à tout. Nous collaborons avec Alpha House, un centre de désintoxication; Keys to Recovery; la Société de schizophrénie; la Self-Help Association; l’Association canadienne pour la santé mentale; les Alberta Health Services; Momentum, qui enseigne aux gens comment établir des budgets et gérer leurs finances; la Alpha House Society; la Commission des accidents du travail; les services d’aide aux jeunes et aux familles, le NeighbourLink; et la Société John Howard. Nous travaillons également avec l’Armée du salut, le Calgary Drop-In and Rehab Centre, la Mustard Seed, et le Dream Centre.
Ces services sont tous offerts là-bas. Leurs clients cessent maintenant de les fréquenter et réintègrent la société. C’est là que nous devons entrer en jeu pour les aider à faire la transition.
Nos clients sont atteints de maladie mentale et de toxicomanie. De plus, ils risquent énormément de sombrer dans l’itinérance. Ils ont plusieurs déficiences sur le plan social et professionnel, et plusieurs obstacles les empêchent de trouver des emplois durables. La plupart d’entre eux ont eu des démêlés avec la loi auparavant, et certains d’entre eux ont été incarcérés ou itinérants. Lorsque les employeurs en prennent conscience, la plupart d’entre eux reculent et disent: « Non, merci. Nous allons chercher ailleurs ».
Vous savez quoi? Pour changer, il est nécessaire d’avoir accès à des outils, et c’est ce que nous leur fournissons. Nous devons donner des directives à ces jeunes hommes et ces jeunes femmes.
Le gouvernement du Canada a distingué neuf compétences qui sont nécessaires pour pouvoir travailler au XXIe siècle. Nous intégrons ces éléments dans notre formation, à savoir la lecture, l’utilisation de documents, le calcul, l’écriture, la capacité de communiquer — bon nombre d’entre eux ne savent pas comment s’exprimer correctement — et le travail en collaboration. La plupart d’entre eux sont solitaires et ne s’entendent pas très bien avec les autres. Ils ont été emprisonnés pour des voies de fait et toutes sortes d’autres infractions de ce genre. Ils ne sont simplement pas très sociables. Nos programmes de formation portent également sur l’utilisation d’ordinateurs et l’éducation permanente.
Nous enseignons à nos clients des compétences de vie de base, dont on ne peut se passer pour affronter la vie quotidienne. Nous avons commencé à cuisiner avec eux, et c’est formidable. La plupart d’entre eux n’ont jamais cuisiné; ils n’ont jamais vécu dans un appartement où ils étaient en mesure de préparer leurs propres repas. Nous avons commencé à leur donner une formation, et ils apprennent très aisément.
Les sans-abris n’ont aucune notion de gestion du temps. Ce concept leur est complètement étranger. C’est pourquoi nous leur enseignons comment gérer leur temps. Ils doivent se présenter à l’heure prévue et respecter certaines pauses. Leur emploi du temps pendant leurs fins de semaine et leurs journées de congé est géré efficacement.
Ils n’établissent pas non plus de limites raisonnables. On doit donc leur apprendre à se fixer des objectifs, car c’est une tâche que les itinérants n’entreprennent jamais. Cet apprentissage représente un véritable défi. Il nous est très difficile de les remettre sur le droit chemin en leur expliquant qu’ils ne feront jamais grand-chose s’ils ne se fixent pas des objectifs. Comme le vieux dicton l’indique, les gens périssent sans vision de l’avenir.
Nous les aidons à trouver des carrières, à rédiger leur curriculum vitae et à gérer leur argent. Nous leur apprenons les convenances. Vous pensez peut-être que cette idée est ridicule, mais la plupart d’entre eux n’ont aucun savoir-vivre. Il est même parfois nécessaire de surveiller et de restreindre leur langage.
Ils apprennent aussi sur le tas à reconnaître les relations saines et à prendre soin de leur santé et de leur bien-être. Pour ce qui est de cuisiner, nous leur apprenons comment lire des recettes, comment peler, couper et faire cuire des aliments, et comment s’acquitter d’autres tâches de ce genre. Nous, les femmes, savons vraiment ce dont il s’agit, n’est-ce pas?
En ce qui concerne les emplois dans l’entrepôt, leurs titulaires apprennent comment balayer, apporter une aide sur un véhicule motorisé, ramasser, emballer, charger des palettes et conduire un chariot élévateur à fourche. Ils passent des heures à acquérir ces compétences. Ils apprennent également le secourisme d’urgence, la réanimation cardiopulmonaire, l’application du SIMDUT et la manipulation des aliments. Après 160 heures de leçons pratiques offertes dans le cadre du cours, ils obtiennent leur permis de conducteur de chariot élévateur à fourche de catégorie II, III et IV.
Ce programme est offert depuis quatre ans, et nous avons accueilli jusqu’à maintenant, sept groupes comprenant de 8 à 18 étudiants. Notre taux d’obtention d’emploi s’élève à 72 p. 100, ce dont nous sommes très fiers. Nous organisons une remise des diplômes dans le cadre de laquelle les étudiants invitent des membres de leur famille ou des proches. Très souvent, nous rencontrons des parents qui avaient renoncé à aider ces jeunes. Lors de la cérémonie, ils manifestent une telle fierté à l’égard de leur fils ou de leur fille, qui a finalement réussi à obtenir un certificat. La plupart d’entre eux n’ont même pas terminé leurs études secondaires. Il leur semble donc incroyable de détenir un certificat indiquant qu’ils sont qualifiés pour un travail.
Lorsque nous rejetons quelque chose dont nous ignorons tout, nous nous livrons à la plus haute forme d’ignorance. Veuillez prendre le temps de tenir compte du fait que nous sommes tous responsables de notre santé mentale et des gens qui nous entourent. Nous pouvons tous développer des troubles mentaux, peu importe qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons, et les effets de ces problèmes peuvent changer notre vie. Voilà ce en quoi consiste le programme Moving Forward.
J’aurais souhaité pouvoir vous présenter la vidéo que je possède d’un jeune homme ayant obtenu son certificat. Il était âgé de 24 ans à l’époque et avait vécu dans la rue depuis l’âge de 13 ans. Il souffrait d’alcoolisme et de toxicomanie, et n’avait pas dormi dans un vrai lit depuis l’âge de 14 ans. Cela faisait plus d’un an qu’il passait d’un canapé à l’autre. Bon nombre de ses amis l’avaient abandonné et, par conséquent, il vivait complètement dans la rue. Ce n’est qu’à l’âge de 21 ans qu’un agent de police l’a conduit à l’Alpha House, afin qu’il subisse une cure de désintoxication. Là-bas, il s’est rendu compte qu’il était tombé tellement bas qu’il lui était impossible de sombrer plus profondément.
C’est à ce moment-là que Jason a décidé qu’il avait besoin d’aide et, grâce à l’intervention d’Alpha House, un organisme avec lequel nous travaillons en partenariat, quelqu’un a communiqué avec nous et nous a demandé si nous l’accepterions dans notre programme. Il avait commis de nombreuses infractions, avait séjourné en prison à plusieurs reprises et avait perdu espoir. Son regard était éteint. Il est venu dans mon bureau et m’a demandé si nous lui donnerions une chance. Il a ajouté qu’il avait simplement besoin que quelqu’un se préoccupe de lui. Nous lui avons dit que nous le ferions. Aujourd’hui, il est titulaire d’un certificat et travaille à temps plein, cinq jours semaine, soit du lundi au vendredi. Il ne consomme plus d’alcool ou de drogue. Il fréquente de nouveau sa famille qui l’avait jeté à la porte lorsqu’il avait 13 ans.
La vie de cet homme a complètement changé. C’est vraiment un honneur de pouvoir dire que, grâce aux fonds que le gouvernement nous accorde, nous avons été en mesure de changer la vie d’une personne. Je vous pose la question suivante: quelle est la valeur d’une vie, selon vous? À mon avis, elle a une grande valeur dans la société d’aujourd’hui. À l’heure actuelle, nous changeons la vie de 18 personnes.
Je tiens à vous remercier de m’avoir donné l’occasion de comparaître devant vous. C’est une fabuleuse expérience. Merci beaucoup.
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Premièrement, j’aimerais aborder la question des employeurs. C’est un sujet très complexe. Tous nos clients ont un certain casier judiciaire, parce qu’ils sortent de l’itinérance et qu’ils ont aussi des troubles de santé mentale. J’aimerais vous donner un exemple, parce que je pense que nous n’avons pas une bonne idée de la situation si nous n’en avons pas.
Il y a un jeune homme dans notre groupe qui s’appelle Daniel. Lorsqu’il avait 23 ans, il se promenait dehors après une tempête de neige. Il a ramassé de la neige pour en faire une boule de neige, puis a visé une pancarte. Il l’a ratée et a atteint quelqu’un derrière la tête. Cette personne s’est retournée, et je vous le donne en mille: c’était un policier. Daniel a purgé une peine de prison pour voies de fait contre un policier.
Personne n’a tenu compte de ses troubles de santé mentale; il a tout simplement été reconnu coupable. Il a été condamné à huit mois de prison pour voies de fait contre un policier. Lorsqu’il est sorti, il avait un casier judiciaire. Il a participé à notre programme. Chaque fois qu’il se cherchait un emploi, on le lui refusait, en raison de son casier judiciaire. Il n’a pas braqué une banque. Il n’a tué personne. Il n’a rien fait de tout cela. Il était tout simplement un jeune homme qui s’amusait dans la neige.
Pourrions-nous trouver un moyen de sensibiliser les employeurs? Je ne sais pas comment nous pourrions nous y prendre. Je ne sais pas ce que cela nécessiterait. L’élimination de tels délits mineurs en vue d’avoir un casier judiciaire sans tâche l’aiderait déjà beaucoup.
Sans argent, comment arriver à payer pour faire effacer son casier? C’est très cher. D’après moi, c’est un aspect que le gouvernement pourrait examiner, soit les manières d’aider les gens qui ont des troubles de santé mentale, en particulier dans le cas de délits mineurs, comme celui d’avoir lancé une boule de neige et d’avoir atteint accidentellement un policier. Ce n’était pas intentionnel; il ne le voulait pas. Je crois que nous pourrions aborder cet aspect.
À mon avis, il faut aussi sensibiliser les gens aux personnes qui ont des troubles de santé mentale. Il y avait un grand comité au pays au sujet des problèmes de santé mentale, mais les gens n’en savent pas assez à ce sujet. Beaucoup de gens en ont peur. Une campagne publicitaire, par exemple, aiderait vraiment les gens ayant des troubles de santé mentale.
Merci.
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Je m'appelle Alex Masek et j'ai 22 ans. Je suis né à Ottawa et j'ai grandi dans les quartiers d'Overbrook et de Vanier. Je suis né avec un bras, amputé à partir du coude.
Je travaille au Club des garçons et filles d'Ottawa depuis quatre ans. J'y travaille auprès des jeunes. Je suis également à la tête d'un conseil de jeunes. Je parle au nom du Club des garçons et filles.
J'ai également travaillé pour le cinéma Rideau, un établissement du centre-ville. Je m'occupais des billets des gens, servait de la nourriture, et ouvrais et fermais le cinéma.
J'ai également travaillé comme caissier chez Food Basics. Dans le cadre de mes fonctions, en raison de mon handicap, j'avais de la difficulté à rester debout au même endroit à cause du poids sur chacun de mes bras. C'est très inconfortable de travailler debout pendant neuf heures. J'en ai touché un mot à mes employeurs et je leur ai demandé si je pouvais faire quelque chose différemment pour être plus confortable afin de mieux accomplir mon travail pour que tout le monde en bénéficie. Ils m'ont essentiellement répondu d'endurer et de faire le travail, et j'ai démissionné. Je suis allé au Club des garçons et filles, où je suis devenu le modèle que je voulais être afin de montrer aux jeunes qui ils sont, comment exploiter leurs compétences pour être exactement ce qu'ils souhaitent être et de les aider à devenir ce qu'ils veulent être.
Ce que j'adore dans mon travail, c'est que je peux leur montrer que j'ai peut-être un handicap, mais que je peux faire ce que je veux. Ils prennent vraiment exemple sur moi. La moitié du temps, les gens ne sont pas conscients de mon handicap parce que c'est naturel pour moi. Je crois qu'il faut adopter ce genre d'attitude, particulièrement quand on travaille avec les jeunes. Ces derniers aiment voir qu'on ne se laisse pas arrêter par un handicap.
Selon moi, chaque organisation, qu'elle travaille avec les jeunes ou d'autres personnes, devrait compter dans ses rangs quelqu'un qui représente les personnes handicapées afin de disposer des connaissances et de l'expériences qu'il faut pour constater que le fait qu'une personne ait un handicap n'a pas d'importance, puisqu'elle peut quand même accomplir le travail ou le faire d'une manière quelconque.
Je compte aller à l'école en septembre pour faire des études sur les enfants et les jeunes et, par la suite, faire profiter les foyers de groupe de mes compétences pour travailler avec les enfants qui ont des problèmes de comportement et peut-être des handicaps afin de les informer et de les aider à devenir ce qu'ils veulent devenir.
On peut devenir ce que l'on veut, sans égard au handicap.
C'est essentiellement ce que je voulais dire. Merci de m'avoir écouté.
Je m'appelle Meenu Sikand et je possède 25 ans d'expérience de travail, ayant notamment occupé des emplois rémunérés dans les secteurs privés, publics, sans but lucratif et universitaires. Je suis actuellement présidente de l'Independent Living Centre de Toronto et je travaille dans la région de Peel.
Mes propos d'aujourd'hui s'appuient sur mon vécu et mon travail de bénévole au sein du mouvement de vie indépendante du Canada. La présente consultation est également un indice que les personnes handicapées et leurs taux de chômage élevés au Canada gagnent en visibilité dans les programmes politiques et stratégiques du pays. Par l'entremise du président, j'applaudis cette initiative — qui ne s'est que trop fait attendre — et remercie le comité de m'avoir donné l'occasion de lui faire part de mes points de vue pragmatiques sur la manière dont on peut améliorer la situation d'emploi des Canadiens ayant un handicap.
Selon mon expérience, je considère que toute entente de travail est le fruit d'un contrat mutuellement convenu entre un employeur et un employé. Je crois fermement que les employeurs ont une responsabilité; ils doivent créer un milieu de travail dénué d'obstacle et de discrimination pour que les personnes handicapées puissent y travailler. Je suis également convaincue qu'aucun employeur ne peut se permettre d'embaucher un employé qui ne peut lui garantir qu'il arrivera chaque jour au travail à l'heure, habillé convenablement, et qu'il peut partir plus tard ou arriver plus tôt en cas de besoin. C'est la réalité des entreprises d'aujourd'hui; l'employé a donc la responsabilité de se présenter au travail, et je peux vous affirmer que la plupart des Canadiens ayant un handicap ne peuvent garantir de s'acquitter de cette responsabilité simple et élémentaire pour obtenir un emploi.
Si on ne peut permettre aux Canadiens ayant un handicap de bénéficier d'une plus grande liberté au chapitre de la mobilité dans les transports, leurs taux de chômage resteront élevés. Les employeurs canadiens aux prises avec des pénuries de main-d'oeuvre ne pourront recourir à ce bassin inexploité composé de personnes ayant la capacité et la volonté de travailler.
Des 800 000 Canadiens ayant un handicap qui cherchent un emploi et qui ont participé à une enquête menée récemment, 340 000 ont un diplôme d'études postsecondaires. Ils possèdent de l'instruction et des qualifications. Malheureusement, nombre d'entre eux sont encore sans emploi, ce qui est symptomatique d'un problème.
Vous avez entendu de nombreux témoins; je ne vous parlerai donc pas des problèmes.
Parlant à titre de présidente du CILT, une organisation dirigée par et pour des personnes handicapées, j'aimerais formuler aujourd'hui trois recommandations pour que vous les étudiez. La mise en oeuvre de ces recommandations aidera tous les adultes qui vieillissent avec un handicap et qui deviennent handicapées à mesure qu'elles vieillissent. C'est là un autre problème qui se pose sur le plan de la main-d'oeuvre auquel il faut porter attention et qu'il faut résoudre si on veut que l'économie canadienne garde son erre d'aller.
L'incapacité des Canadiens à avoir accès aux services de soutien aux personnes handicapées dont elles ont besoin constitue un obstacle majeur.
Vient ensuite le manque de moyens de transport accessibles dont les personnes handicapées ont besoin pour se rendre au travail. Je fais ici référence à un réseau de transport fiable, souple, abordable et disponible quand on en a besoin, puisque, comme je l'ai souligné, les employeurs ont besoin d'une main-d'oeuvre souple. Il faut modifier le réseau de transport.
L'accès adéquat au soutien dont les personnes handicapées ont besoin assure l'égalité des chances pour les chercheurs d'emploi ayant un handicap. C'est essentiel pour travailler de nos jours; ces personnes peuvent ainsi conclure un contrat de travail avec l'employeur qu'ils cherchent.
Ma première recommandation consiste à permettre aux chercheurs d'emploi ayant un handicap d'avoir accès aux occasions d'emploi des quatre coins du pays en leur fournissant directement des fonds pour qu'ils puissent engager leurs propres accompagnateurs ou obtenir les autres services dont ils ont besoin, et en leur permettant de gérer eux-mêmes ces services dans la collectivité canadienne de leur choix. Je vous donnerai quelques exemples qui vous montreront que ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Par exemple, si une personne a besoin de services auxiliaires et de services de transports accessibles, elle est confinée en grande partie à la collectivité locale où elle habite, car les transports accessibles sont offerts sur un territoire donné. Elle ne peut donc pas avoir un emploi à l'extérieur de la zone. Le territoire en question est très, très petit. Il peut s'agir d'un petit comté, ou comme là où j'habite, il est possible de se déplacer dans Peel, ou dans Toronto ou York, alors les possibilités d'emploi sont très, très limitées. De plus, les services offerts aux personnes handicapées sont rattachés à leur lieu de résidence ou à la province où elles habitent.
J'ai la très grande chance de participer à un programme de financement direct, qui est offert en Ontario. Je peux donc embaucher des gens qui vont m'aider à me lever le matin, qui vont m'accompagner au travail et qui vont me raccompagner tard au besoin. C'est un programme très populaire, mais encore une fois, il n'est offert qu'en Ontario. Et même s'il est populaire, il n'y a que 700 personnes qui peuvent y participer. Cela vous donne une idée de la portée limitée des programmes même lorsqu'ils sont populaires. Les gens ont donc plus de contrôle sur leurs services auxiliaires, qui sont souples et transférables.
Je recommande donc premièrement qu'on examine la possibilité d'en faire un programme fédéral ou offert dans toutes les provinces, afin que les gens comme moi puissent avoir accès aux emplois offerts partout au Canada, et pas seulement ceux offerts à Peel, ou pire, seulement à Toronto. Nous savons que la situation économique change constamment d'une province à l'autre. L'Alberta cherche des employés. Les Ontariens cherchent du travail, mais nous ne pouvons pas déménager. Ma famille ne peut pas déménager non plus parce que j'ai besoin de services auxiliaires qui ne sont financés qu'en Ontario. Il y a deux ans, mon mari a été licencié, et toute la famille a dû rester en Ontario. Il ne pouvait pas aller travailler en Saskatchewan, en Alberta, ou dans d'autres provinces où l'économie est florissante. Il y a donc beaucoup de freins et d'obstacles à surmonter.
Deuxièmement, je recommande qu'on élimine les inégalités ou les obstacles financiers pour les personnes handicapées qui souhaitent travailler en leur offrant un crédit d'impôt qui couvre la totalité des coûts liés à l'adaptation de leur véhicule ou, pour celles qui ne conduisent pas, à l'utilisation d'un véhicule accessible.
L'absence de transports accessibles représente un désavantage important pour les personnes handicapées qui se cherchent un emploi dans un marché du travail concurrentiel. Pour y remédier et pouvoir conserver un emploi, les personnes handicapées vont parfois s'acheter un véhicule personnel et le rendre accessible; cela coûte très cher, toutefois. Pour apporter les modifications de base à une fourgonnette pour accommoder un conducteur en fauteuil roulant, cela peut coûter entre 10 000 et 45 000 $, sans compter le coût d'achat du véhicule.
Le gouvernement n'offre aucune subvention aux personnes handicapées qui travaillent et qui peuvent conduire un véhicule accessible, ou en utiliser un, même lorsqu'elles n'ont pas les moyens de le faire. Pour nombre d'entre elles, leur revenu net après impôt et de telles dépenses crée vraiment des inégalités et n'est pas un incitatif à l'emploi.
Encore une fois, il faut tenir compte de la réalité. Les employeurs ne sont pas tous situés au centre-ville. Les possibilités d'emploi se trouvent dans différentes régions, dans différentes localités. Si une personne handicapée ne peut pas se rendre à pied au travail, qu'elle ne peut pas se rendre au travail ou aux réunions, comment peut-on s'attendre à ce qu'elles trouvent un emploi? Nul employeur ne peut être forcé de les employer, alors cela représente un frein à l'emploi.
De plus, les personnes handicapées qui ont un véhicule accessible et peuvent se déplacer de manière indépendante sont doublement pénalisées. Si j'ai le temps, je vous expliquerai pourquoi un peu plus tard.
Je vous demande également de créer une catégorie séparée pour l'embauche de soignants formés expressément pour aider les adultes ayant un handicap, des soignants formés à l'étranger, car, encore une fois, il est très difficile de nos jours de trouver des soignants qui peuvent comprendre les directives d'une personne handicapée.
En terminant, je demanderais au gouvernement fédéral de coordonner les programmes de financement direct offerts aux personnes handicapées et de permettre que les fonds puissent être utilisés peu importe l'endroit où elles vont travailler au pays.
Merci.
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Je tiens tout d'abord à vous remercier de nous permettre de prendre la parole aujourd'hui pour discuter de cet important sujet. J'espère avoir le temps d'aborder trois questions.
Premièrement, je vais faire un bref historique de la Coalition for Persons with Disabilities et de ce que nous faisons pour aider les personnes handicapées à se trouver des emplois intéressants. Je vais vous parler ensuite des programmes utiles pour notre clientèle, et enfin, des lacunes que nous constatons dans les services offerts et de ce qui fonctionne moins bien.
La coalition a été créée en 1985, et depuis 1990, elle gère le programme Accès-emploi, un service à l'emploi multi-services pour les personnes handicapées. Pendant les 16 premières années, nous avons reçu des fonds dans le cadre de plusieurs programmes offerts par Service Canada, soit jusqu'à ce que les services d'emploi soient transférés aux provinces en vertu des ententes sur le marché du travail, et je vous donnerai mon opinion à ce sujet. À ce moment, nous sommes devenus un service en attente, ce que nous sommes toujours. À ce titre, nous n'avons pas accès aux subventions salariales ciblées ou aux fonds d'aide à la clientèle, à moins de passer par les services réguliers et de les prier de nous aider.
Nous travaillons avec des personnes plurihandicapées et des clients qui auraient grandement besoin de cette aide. Au début, je pense que le gouvernement provincial voulait intégrer les personnes handicapées avec le reste de la population, mais il se rend compte maintenant qu'il est difficile de le faire en raison du manque d'expertise sur les handicaps et les aménagements au sein des services réguliers.
Pendant la transformation à Emploi Ontario, j'ai assisté à une conférence des gestionnaires et une fonctionnaire provinciale m'a dit, en me précisant bien que c'était sous le sceau de la confidentialité, « que l'aide devait être accordée à ceux qui en avaient le plus besoin, mais aussi qui avaient le plus de chances de réussir ». J'ai tenté de savoir qui décide qui a le plus de chances de réussir, car nos clients ne seront jamais considérés comme en faisant partie dans un marché du travail concurrentiel. Toutefois, avec le bon soutien et les bonnes mesures d'adaptation, ils peuvent très bien réussir. Plus de 50 p. 100 de nos clients trouvent un emploi et beaucoup d'autres qui ne travaillent pas à temps plein retournent aux études ou font du bénévolat dans leur collectivité.
Au cours des années, nous avons utilisé de nombreux programmes offerts par Service Canada pour tenter de combler les lacunes pour nos clients. Nous nous occupons des demandes de financement liées aux compétences dans le cadre du Fonds d'intégration pour nos clients qui ne sont pas admissibles au programme Deuxième carrière, ainsi que des demandes de subventions salariales pour nos clients qui sont admissibles au financement du Fonds d'intégration, et nous nous sommes occupés avec succès du contrat Connexions compétences et de plusieurs initiatives de coordonnateurs communautaires. Nous venons de terminer deux activités d'appréciation des employeurs — une est toujours en cours — grâce à des fonds de Service Canada.
Je constate qu'il y a des différences importantes dans les fonds offerts à nos clients handicapés dans le cadre du Fonds d'intégration et ceux offerts dans le cadre du programme provincial Deuxième carrière. Le plafond est de 7 000 $ dans le premier cas, et de 28 000 $ dans le second, ce qui limite le type d'études secondaires que nombre de nos clients handicapés peuvent poursuivre.
En ce qui a trait aux programmes jeunesse, les programmes Connexions compétences sont conçus pour les jeunes et, de ce fait, ils donnent d'assez bons résultats, sauf pour les jeunes qui ont de multiples obstacles à surmonter. La plupart des jeunes qui viennent nous voir se sont vu refuser l'accès à un service régulier parce qu'ils avaient peu de chances de réussir et étaient trop difficiles à servir.
Dans un groupe de 15 jeunes, on retrouvait les handicaps suivants: albinisme et basse vision; déficience visuelle; capacités limitées en littératie et numératie; autisme; syndrome d'Asperger; syndrome de la Tourette; troubles d'apprentissage; troubles de la parole; personne non verbale; trouble déficitaire de l'attention et THADA; schizophrénie; trouble schizo-affectif; bipolarité; et dépression. Certains clients étaient monoparentaux ou avaient des démêlées avec la justice.
Parmi ces 15 participants, 14 ont terminé le programme et un a dû quitter en raison d'un problème urgent de santé mentale. Sept ont commencé à travailler sur-le-champ, et d'autres un peu plus tard. Six ont trouvé des emplois à temps plein et trois sont retournés aux études. Notre équipe offre encore des services aux autres. Tous les clients qui ont participé au programme ont acquis des compétences et de l'expérience très utiles et sont maintenant beaucoup plus aptes à se trouver un emploi.
Les responsables de Service Canada nous ont dit que pour améliorer nos résultats, nous devions être plus sélectifs — encore une fois cette expression — en choisissant seulement ceux qui, selon nous, ont des chances de réussir.
C'est ce que maints services font pour atteindre leurs objectifs, et ce faisant, les clients qui ont plus d'obstacles à surmonter sont simplement laissés pour compte. Toute personne qui veut travailler a droit à des services. Nous ne faisons pas de tri en fonction de la gravité de leurs problèmes. Nous avons beaucoup de clients qui sont victimes de discrimination simplement parce qu'ils ne peuvent pas parler ou être compris. Bien souvent, ce sont les processus d'embauche qui les empêchent d'atteindre leurs objectifs.
Les demandes d'emploi en ligne, même pour des emplois au salaire minimum, sont longues et difficiles à remplir, et de nombreux clients sont dépassés par la situation. Les entrevues téléphoniques sont souvent compliquées pour un grand nombre de nos clients qui ont de la difficulté à parler. Il faut investir davantage dans des programmes pour sensibiliser les employeurs aux mesures d'adaptation et aux normes d'accessibilité à l'emploi. Il faut aussi accroître les ressources et le temps consacrés à l'amélioration des compétences générales des personnes handicapées pour leur donner plus de chances de réussir.
Je vais maintenant vous parler un peu des lacunes dans les services.
Il y a un groupe entre autres qui reçoit très peu de services, et ce sont les jeunes autistes qui finissent leurs études secondaires. Nous venons tout juste de terminer un essai de deux ans dans les écoles secondaires en agissant comme ressources auprès des conseillers en orientation dans 26 écoles, si je me souviens bien, de même qu'auprès des enseignants coop, des parents et des élèves pour préparer des stratégies pour les élèves handicapés.
La réponse consiste sans doute — et c'est ce que nous avons constaté en essayant d'amener les entreprises vers les coops — à avoir plus d'entreprises sociales qui peuvent offrir un environnement sécuritaire et inclusif et renforcer les capacités pour répondre aux exigences d'un marché de l'emploi concurrentiel. Les entreprises et le financement peuvent ensemble combler le vide et offrir des ressources aux parents qui craignent pour l'avenir de leur enfant lorsqu'il aura terminé l'école.
Parmi les autres ressources utiles, mentionnons les entreprises d'entraînement, un service offert à l'origine par le gouvernement de l'Ontario. Nous avons géré la seule entièrement consacrée aux personnes handicapées. Il existe plus de 6 000 entreprises d'entraînement dans le monde, et en dépit du fait que d'autres provinces continuent de financer ce service très utile, l'Ontario a fermé toutes les siennes.
Les entreprises d'entraînement fournissaient à nos clients qui n'avaient jamais travaillé des expériences de travail pratique et leur permettaient d'acquérir les compétences et la confiance nécessaires pour réussir. Ils pouvaient ainsi apprendre à mieux connaître l'univers du numérique, de même que l'équipement de bureau et les programmes d'ordinateur, et développer des compétences recherchées par les employeurs. La décision de ne plus financer ces programmes a créé un autre vide pour nos clients.
Comme un grand nombre de personnes handicapées n'ont jamais travaillé ou n'ont pas travaillé depuis longtemps, les subventions salariales sont un outil qui nous aide à promouvoir leur embauche et à leur ouvrir des portes, mais si nous ne leur permettons pas d'acquérir les compétences de base, elles ne pourront pas continuer à travailler.
Ce qui est difficile pour nos jeunes, ce n'est pas seulement de trouver un emploi, mais aussi de trouver une carrière intéressante. Une carrière au sein d'une entreprise sociale qui se spécialise dans l'énergie verte, dans l'installation de panneaux solaires ou dans la technologie serait très emballante et gratifiante pour un grand nombre de nos jeunes qui méritent mieux que de penser ne pouvoir obtenir que des emplois au salaire minimum.
Me reste-t-il du temps?
Alex et Meenu, je tiens à vous remercier tout d'abord de nous avoir fait part de votre expérience personnelle. Vos expériences et celles d'autres témoins qui sont venus nous rencontrer ont certainement contribué à enrichir notre étude et à la rendre plus concrète.
Linda, je suis très heureuse que vous nous ayez fait part de votre point de vue, en particulier votre dernier commentaire — j'aimerais beaucoup approfondir la question — au sujet des problèmes liés à la durée des contrats et à leur prolongation et aux coûts administratifs que cela engendre. Je vais commencer par aborder une autre question, toutefois.
Nous avons entendu dire à quelques reprises que les subventions salariales sont utiles au départ pour permettre aux personnes handicapées d'entrer sur le marché du travail. Je pense honnêtement qu'il y a de nombreux autres obstacles au recrutement également, notamment la façon d'annoncer, la diffusion de l'information, les mesures d'adaptation en place.
Mais laissons le recrutement de côté un instant pour parler plutôt du maintien en poste, parce que ce que vous nous avez dit, Alex, c'est que vous n'avez pas eu de difficulté à trouver un emploi. Vous aviez un emploi à Food Basics. Le problème a été — si j'ai bien compris ce que vous avez dit — que l'employeur ne voulait absolument pas mettre en place des mesures d'adaptation pour garder un employé qui faisait évidemment son travail. On ne vous a pas mis à la porte; vous êtes parti de votre plein gré.
Linda, vous avez parlé de l'importance du développement des compétences, de la formation continue, afin qu'après avoir trouvé un emploi, vous puissiez vous perfectionner et viser une carrière et pas seulement un emploi.
J'aimerais que tous les trois vous nous en disiez un peu plus à ce sujet. Nous avons souvent entendu dire que les subventions aux employeurs se transforment en portes tournantes pour les employés. Les programmes prennent fin, les gens perdent leur emploi, et rien de concret n'a vraiment été fait pour accroître la participation des personnes handicapées sur le marché du travail.
Je ne sais pas qui aimerait commencer.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue à vous trois. Je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
Meenu, je vais commencer par vous. J'ai quelques questions à vous poser, car vous avez fait quelques recommandations bien précises. J'aimerais avoir une meilleure idée de ce que vous suggérez.
Je sais que, dans la région de Peel, nous avons un service appelé TransHelp, principalement utilisé par des personnes ayant une déficience physique pour se rendre au travail ou en revenir. C'est très rigide et structuré, et ce service n'est pas toujours des plus pratiques.
Vous et moi, nous nous sommes rencontrés. Je sais que vous avez votre propre véhicule, mais que vous avez consacré beaucoup d'argent à le faire modifier pour pouvoir le conduire avec vos mains.
Je sais que les gouvernements consacrent beaucoup d'argent à des services subventionnés comme TransHelp. Vous avez parlé d'un crédit d'impôt ou de quelque chose de cette nature, qui vous aiderait à payer la modification du véhicule personnel que vous utilisez jour après jour pour vous rendre au travail et en revenir. Avez-vous regardé les chiffres? Avez-vous une idée de ce que les gouvernements subventionnent en ce moment pour l'usager qui prend l'autobus TransHelp tous les jours pour se rendre au travail et en revenir, dans la région de Peel?
Savez-vous ce qu'il en coûterait, pour une année, par rapport à ce que vous proposez, si le comité recommandait que le gouvernement se penche sur un genre de crédit qui couvrirait une partie des coûts de modification d'un véhicule personnel? Avez-vous fait une comparaison? Avez-vous une idée des chiffres dont il est question?
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Je vous remercie de votre question. Oui, je l'ai fait.
Les chiffres de Peel sont assez semblables à ceux des autres services de transport à l'échelle du Canada. À Peel, ce qu'on m'a dit, c'est que 90 p. 100 du coût du passage est subventionné par le gouvernement. L'usager ne paie que 10 p. 100 du coût. Si le coût moyen du passage dans un autobus de transport adapté est de 35 $, et s'il utilise le service deux fois par jour, ce qui est très modéré, cela signifie que la subvention de cet usager est de l'ordre de 450 $ par semaine. Sur 52 semaines, ça équivaut à une subvention de 23 660 $. Si un véhicule a une durée de cinq ou six ans — disons cinq ans —, et que pendant ces cinq années, vous subventionnez une personne parce qu'elle n'utilise pas un tel véhicule, la subvention au transport adapté de cette personne est de 118 000 $.
Je vous demande simplement de vous pencher là-dessus. Grâce à un crédit d'impôt, le remboursement du coût pour un an à une personne qui, pour pouvoir travailler et garder son emploi, est prête à acheter un véhicule et à le conduire, vous économiserez quand même près de 90 000 $, même si le véhicule dure cinq ans. J'arrive à faire durer mon véhicule sept ou huit ans, autant que possible, et je l'entretiens. C'est une économie considérable. Vous faites aussi disparaître un désavantage, ou un facteur de dissuasion, car les gens, quand ils regardent leur revenu net, si faible par rapport à d'autres personnes qui n'ont pas besoin de tels services, sont nombreux à se demander pourquoi ils ne bénéficieraient pas plutôt des prestations du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées, ce qui leur éviterait de subir une telle inégalité de revenu.
Vous faites ainsi disparaître le facteur de dissuasion, mais je pense qu'à long terme, avec le vieillissement de la population, vous verrez de plus en plus de gens incapables de conduire, et il vous faudra répondre à leurs besoins au moyen du transport adapté. Quand une personne peut conduire elle-même ou engager quelqu'un pour conduire un véhicule personnel, au bout du compte, vous économisez de l'argent pour les personnes qui vieillissent et qui ont besoin du transport adapté.
Je ne dis pas que tout le monde pourra profiter de ce crédit d'impôt, mais pour les personnes qui le peuvent, cela représentera une économie pour le gouvernement, en plus de rendre ces personnes plus employables. De plus, ces personnes pourront gérer elles-mêmes leur mode de vie et celui de leur famille.
Je prends soin de ma mère qui a 78 ans. Je dois l'emmener en voiture. Je dois emmener mon fils de 12 ans aux matches de soccer et ailleurs. Vous faites donc de moi une adulte productive qui joue des rôles variés dans la société.
Est-ce que cela répond à votre question?