Bonjour à tous. Nous allons commencer.
J'ai quelques observations générales à faire, et le sous-ministre nous parlera ensuite des questions à l'étude.
Vous aurez des écouteurs pour entendre la traduction de la séance. Bien entendu, nous savons tous que la protection des renseignements personnels est une question très importante pour tous les Canadiens, en particulier ceux dont les données ont disparu.
Notre comité se réunit pour se pencher sur la motion de M. Cleary, dans sa version modifiée par d'autres députés. Voici essentiellement de quoi il s'agit.
La motion porte sur une atteinte à la vie privée, ce qui suscite évidemment de graves inquiétudes pour tous les Canadiens, en particulier ceux qui en sont victimes. Nous sommes ici pour que vous nous expliquiez comment l'atteinte a eu lieu et pour que vous nous parliez des mesures prises pour assurer la protection des renseignements personnels dans l'ensemble du ministère et des solutions à long terme mises en place pour protéger l'identité des Canadiens touchés.
Il s'agit des principaux sujets. Vous devez donc vous attendre à ce que chaque parti vous pose des questions qui s'y rapportent après votre exposé.
Je ne fais évidemment pas abstraction du fait que la commissaire à la protection de la vie privée enquête sur les incidents. Le dossier a été confié à la GRC, et il est possible qu'il y ait des recours collectifs. Il y en a peut-être même déjà un de déposé. Il s'agit là d'éléments dont je tiens également compte.
J'ai l'intention d'accorder à chaque parti sept minutes plutôt que cinq pour les questions et réponses. Je demanderais à mes collègues de généralement respecter le temps qui leur est imparti pour que nous puissions faire deux tours. Je sais que nous avons un autre point à l'ordre du jour prévu à la fin de la séance, mais, dans la mesure du possible, j'espère pouvoir compléter les deux tours. Si nous manquons de temps, je proposerai au comité de reporter ce point; autrement, nous pourrons nous en occuper aujourd'hui.
Voilà qui termine ma déclaration préliminaire.
Vous avez la parole, monsieur Shugart.
:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, je m'appelle Ian Shugart. Je suis sous-ministre de RHDCC. Je suis accompagné du sous-ministre délégué de la Direction générale de l'apprentissage, M. Ron Parker; du directeur de nos services juridiques, M. Al Sutherland, qui est ici pour discuter des enjeux liés aux lois régissant notre travail; et du dirigeant principal de l'information du ministère, M. Charles Nixon.
Je tiens à dire que compte tenu de la gravité des incidents et de la question examinée par votre comité aujourd'hui et par le ministère au cours des dernières semaines, j'ai demandé à M. Parker, en sa qualité de sous-ministre délégué, de s'occuper personnellement des mesures correctrices ainsi que du suivi et de la surveillance de tout ce qui touche à ces incidents. Pendant de nombreuses journées au cours des derniers mois, ce dossier l'a occupé pratiquement à temps plein.
Mesdames et messieurs les membres du comité, comme le président l'a mentionné, nous comparaissons devant vous relativement à deux incidents touchant la sécurité qui se sont produits au sein de notre ministère et qui concernent la disparition d'appareils de stockage électroniques contenant des renseignements personnels.
Comme la ministre l'a dit, et je le répète au nom des gestionnaires du ministère, de tels incidents sont inacceptables. Des renseignements personnels de nature délicate ont été stockés sans être chiffrés sur des appareils portatifs, et ils n'ont pas été adéquatement protégés. Cela n'aurait pas dû se produire.
La ministre a aussi annoncé les mesures que nous sommes en train de prendre pour empêcher que des incidents de ce genre ne se reproduisent.
Au nom de Ressources humaines et Développement des compétences Canada, je voudrais m'excuser devant votre comité de ce qui s'est passé.
[Français]
J'aimerais profiter de l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui pour présenter au comité un compte rendu détaillé de ce qui s'est passé dans les deux cas, pour décrire les mesures que nous avons prises en réaction à ce qui s'est produit, et pour expliquer les mesures que nous avons mises en oeuvre depuis pour atténuer les répercussions de ces incidents et empêcher que des incidents de ce genre ne se produisent de nouveau.
[Traduction]
Permettez-moi d'abord de faire la chronologie des deux événements. Dans les deux cas, les activités qui ont été menées avaient trait à la confirmation des incidents, à I'enquête sur ceux-ci, au renforcement des pratiques, ainsi qu'à l'information des Canadiens.
J'aimerais d'abord vous parler du disque dur manquant. Le 5 novembre 2012, un employé de l'administration centrale de RHDCC à Gatineau a découvert qu'un disque dur externe avait disparu et en a parlé à son gestionnaire, qui était la seule autre personne sachant exactement où se trouvait l'appareil. Le gestionnaire a déclaré qu'il n'avait pas pris le disque dur. On a demandé à d'autres employés de l'étage s'ils avaient vu ou emprunté un disque dur. Ils ont répondu que non.
Le disque dur externe se trouvait dans un immeuble d'accès restreint, dans un secteur également d'accès restreint, et il était dans une armoire avec cadenas.
L'équipe a déployé de multiples efforts sur de nombreux jours pour essayer de retrouver le disque dur manquant: on a parlé avec tous les membres de l'équipe ainsi que procédé à plusieurs fouilles du bureau de l'employé, de l'étage de l'employé et d'autres étages de l'édifice.
Le 22 novembre, la disparition du disque dur a été portée à l'attention du directeur, qui a demandé à tous les gestionnaires et les employés de la division de procéder à de nouvelles fouilles. Encore une fois, des efforts ont été déployés pour retrouver le bien manquant.
[Français]
D'anciens employés ainsi qu'un ancien gestionnaire du même groupe que les employés en question ont aussi été interrogés. On a également communiqué avec les commissionnaires et le technicien chargé du réseau local pour leur demander si un disque dur leur avait été remis ou si quelqu'un en avait trouvé un. Aucun n'avait été retrouvé.
Le 26 novembre, le directeur général a été avisé du fait que le disque dur disparu était utilisé pour faire des copies de sauvegarde des fichiers d'un lecteur réseau dans le cadre du processus de transmission des fichiers d'un secteur à l'autre du serveur. Des renseignements personnels concernant les clients et les employés étaient stockés sur le lecteur réseau, et la disparition du disque dur a donc été signalée immédiatement à la haute direction des programmes.
[Traduction]
Les employés de la direction générale ont continué de chercher, et l'agent de sécurité ministériel a été avisé le 28 novembre de la disparition du disque. De plus, les services de sécurité ministériels ont alors lancé plusieurs activités de recherche, dont des fouilles complètes des locaux et des entrevues avec les employés actuels et passés du secteur d'où provenait le disque dur manquant. Ils n'ont trouvé aucune preuve de méfait et ont jugé fort probable que le disque dur se trouvait quelque part dans les locaux de l'immeuble.
À ce moment-là, la haute direction a demandé une analyse de tous les fichiers stockés sur le disque dur, afin de déterminer quels renseignements avaient été perdus. L'analyse a été terminée Ie 6 décembre, et elle a permis de constater que Ie disque dur externe contenait des renseignements personnels sur environ 583 000 emprunteurs du Programme canadien de prêts aux étudiants, dont leur nom, leur date de naissance, leur numéro d'assurance sociale, leur numéro de téléphone, leur adresse et Ie solde de leur prêt. Le disque dur contenait également les coordonnées de 250 employés du ministère. II n'était pas protégé par mot de passe, et les fichiers qu'il contenait n'étaient pas chiffrés.
Les recherches approfondies dans l'immeuble où Ie disque dur aurait dû se trouver se sont poursuivies du 8 au 14 décembre, et il y a eu notamment d'autres fouilles complètes du rez-de-chaussée de l'immeuble effectuées par le bureau de sécurité régional ainsi qu'une analyse du contenu de tous Ies disques durs de la Direction générale de l'apprentissage. Toutes ces recherches ont été vaines et, le 14 décembre, Ie ministère a informé Ie Commissariat à la protection de la vie privée qu'un disque dur externe contenant des renseignements personnels avait disparu.
Au cours de la deuxième moitié du mois de décembre, la direction a procédé à de nouvelles entrevues avec les employés et la direction de l'immeuble, et d'autres disques durs similaires ont été recueillis à des fins d'analyse.
[Français]
Au cours de la première semaine de janvier, une enquête interne officielle a été lancée. Simultanément, des mesures correctives ont été mises au point, et les Canadiens ont été informés de la disparition du disque dur le 11 janvier.
Jusqu'à maintenant, il n'y a toujours pas de preuve qu'un méfait a été commis ou que les renseignements personnels que contenait le disque dur ont été consultés ou utilisés à des fins frauduleuses.
Un autre incident, sans lien avec le premier, s'est produit: une clé USB contenant des renseignements personnels a elle aussi disparu.
Le 14 novembre 2012, de l'information personnelle a été transférée sur la clé USB et livrée à un employé situé à un étage sécurisé à RHDCC.
[Traduction]
La clé USB a été utilisée Ie 15 novembre, mais Ie 16 novembre l'employé ne la retrouvait pas et en a avisé la direction. Le même jour, les agents de sécurité ministériels ont été avisés de sa disparition. À partir du 16 novembre, des agents de sécurité ministériels et des commissionnaires ont procédé à des fouilles complètes du bureau de l'employé et de l'étage sur lequel il est situé. L'employé a cherché la clé USB chez lui, et on a communiqué avec le chauffeur de taxi qui l'avait reconduit chez lui le 15 novembre; le taxi a été fouillé. Une équipe d'employés a également fait des recherches partout dans les dossiers, les classeurs, les salles de bain, les meubles et les bureaux de l'étage où la clé USB avait disparu. Les employés des services de nettoyage qui travaillaient sur cet étage ont été interrogés.
La clé USB contenait des renseignements sur 5 045 personnes, elle n'était pas protégée par mot de passe et les données qu'elle contenait n'étaient pas chiffrées. Elle contenait le type de renseignements suivants sur chacune des personnes en question: le numéro d'assurance sociale, le nom de famille, des codes d'affection génériques provenant de la Classification internationale des maladies, la date de naissance, les autres payeurs, par exemple la commission des accidents de travail, le degré de scolarité, la profession et le centre de traitement de Service Canada.
Le 22 novembre, le ministère a informé le Commissariat à la protection de la vie privée de la disparition de la clé USB contenant des renseignements personnels et des recherches qui avaient été menées pour la retrouver.
[Français]
Les recherches se sont poursuivies depuis cet incident, et une fouille approfondie du bureau de l'employé a de nouveau eu lieu le 7 décembre, menée par un cadre et une équipe d'employés.
Des lettres d'avis ont été envoyées aux 5 000 personnes touchées ou à leur tuteur légal le 19 décembre.
J'aimerais maintenant souligner toutes les mesures que nous prenons depuis ces deux incidents, et les mesures que nous mettons en vigueur pour empêcher que des incidents de ce genre ne se produisent de nouveau.
[Traduction]
Le ministère a renforcé ses politiques sur la protection et l'entreposage des renseignements personnels. Les mesures prises portent principalement sur le matériel, sur l'aspect logiciel et sur la culture que nous avons relativement au traitement des renseignements personnels.
Pour ce qui est du matériel, nous avons de nouveaux protocoles qui sont plus rigoureux. Les disques durs portables sont désormais proscrits. Les clés USB non approuvées ne peuvent être branchées au réseau.
De plus, tous les dispositifs de sécurité portables utilisés dans les locaux du ministère ont été évalués en fonction des risques afin d'assurer que des mesures de précaution appropriées soient mises en place. Ces évaluations se poursuivront sur une base régulière.
En ce qui a trait à l'aspect logiciel, nous procéderons à la mise en oeuvre d'une nouvelle technologie pour prévenir la perte de données, technologie qui pourra être programmée pour contrôler le transfert des renseignements névralgiques ou en empêcher la divulgation. Quant à la culture présidant au traitement de l'information, nous veillerons à renforcer l'importance primordiale de manipuler correctement les renseignements personnels de nature délicate grâce à une formation annuelle obligatoire qui sera offerte à tous les employés.
Nous travaillons à conscientiser notre effectif. Des événements de communication seront organisés à l'intention du personnel, et des mesures disciplinaires seront mises en oeuvre — lesquelles pourraient aller jusqu'à la cessation d'emploi — au cas où les codes stricts encadrant la protection des renseignements personnels et la sécurité n'étaient pas respectés. Nous avons aussi pris des mesures pour atténuer les répercussions pour les Canadiens touchés.
[Français]
Nous avons alerté les clients touchés pour qu'ils puissent prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs renseignements personnels. Nous l'avons fait en diffusant des annonces publiques, en fournissant de l'information spéciale sur nos pages Web portant sur le sujet, en envoyant des lettres aux personnes touchées et en créant une ligne d'information sans frais pour répondre aux questions concernant les deux incidents, à savoir la clé USB et le disque dur manquants.
[Traduction]
Les dossiers des numéros d'assurance sociale touchés ont été annotés dans le registre de l'assurance sociale pour indiquer qu'ils ont été impliqués dans un incident et pour assurer que toute demande de modification soit soumise à un processus d'identification amélioré. Le ministère avertira aussi les personnes dont nous avons des coordonnées à jour s'il constate que leur dossier de numéro d'assurance sociale fait l'objet d'activités suspectes, quelles qu'elles soient. Comme précaution supplémentaire, le ministère a acheté d'Equifax Canada une trousse adaptée à ses besoins, qui est une solution unique en son genre faite sur mesure pour cet incident et qui sera disponible à toute personne qui aurait pu être touchée. Cette protection du crédit est une stratégie fiable et appropriée qui aidera à prévenir l'utilisation inappropriée des renseignements personnels et de l'information sur le crédit.
[Français]
Grâce à l'entente conclue avec Equifax, le ministère est en mesure d'offrir gratuitement la trousse personnalisée aux personnes touchées qui consentent à recevoir le service.
La note demeurera au dossier de crédit pendant six ans, à moins que la personne touchée ne décide de la faire enlever. Elle indiquera aux organismes de crédit que les données peuvent avoir été faussées, et les prêteurs prendront des mesures supplémentaires pour vérifier l'identité de la personne avant de lui faire crédit ou de lui ouvrir un compte ou lui permettre de l'utiliser.
[Traduction]
Monsieur le président, la protection et la sécurité des renseignements personnels sont des pierres angulaires de la mission du ministère. Nous sommes sûrs d'avoir pris les mesures adaptées à la situation, et nous veillons à faire en sorte que ces mesures soient observées afin d'assurer la sécurité des renseignements personnels qui nous sont confiés.
Merci.