:
Je vous remercie du privilège que vous m'accordez aujourd'hui de vous présenter certaines perspectives du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada.
[Traduction]
Je concentrerai mes observations sur les 67 spécialités qui existent en dehors de la médecine familiale. Je crois que le Collège des médecins de famille du Canada doit comparaître à un autre moment.
Nous savons tous que la formation d'un médecin est particulièrement longue. Si nous avions une meilleure compréhension des besoins des patients, nous serions probablement mieux en mesure de moduler la formation du personnel médical pour l'adapter aux besoins réels de la population. La planification fondée sur les besoins n'est pas très perfectionnée au Canada, des approches très différentes étant appliquées dans les différentes régions du pays. Avons-nous vraiment une pénurie de médecins ou bien sont-ils tout simplement mal répartis? D'après certaines de nos recherches, nous aurions déjà à l'heure actuelle un nombre suffisant de praticiens dans quelques spécialités.
Au-delà des besoins des patients, il y a aussi des besoins systémiques. Les hôpitaux d'enseignement s'adjoignent des médecins résidents à titre de fournisseurs de services. Ces futurs médecins sont-ils engagés pour répondre aux besoins de soins de santé de la collectivité ou pour satisfaire les besoins institutionnels immédiats de l'hôpital?
Cela entraîne des situations comme celle que nous avons en Colombie-Britannique, par exemple, où la proportion d'anesthésiologistes est la plus élevée du pays, mais où ces spécialistes se plaignent de la fréquence des appels qu'ils reçoivent et craignent de ne pas exercer leur profession d'une façon optimale, ce qui pourrait menacer la santé de leurs patients.
Dans l'Île-du-Prince-Édouard, à l'autre bout du pays, des médecins sont retirés des cliniques pour être affectés aux hôpitaux, ce qui réduit l'accès des patients aux soins là où ils vont d'habitude et les oblige à aller dans les hôpitaux, dont les services sont plus coûteux. Encore une fois, des conditions de travail et une répartition moins qu'optimales, qu'elles soient ou non attribuables à des pénuries réelles, entravent l'accès des patients aux soins.
Si nous pouvions mieux comprendre les besoins de nos patients, dont les problèmes sont plus complexes, pour des raisons de comorbidité, etc., et qui ont des attentes de plus en plus grandes… Où pouvons-nous tirer la ligne entre la satisfaction des attentes des patients et l'ensemble des services médicaux vraiment nécessaires? C'est une question très vaste que nous n'avons pas réussi à régler dans notre examen des besoins réels des populations.
Sur le plan de l'offre de services, nous sommes actuellement en présence d'une nouvelle génération de médecins qui, d'après toutes les recherches que nous avons faites, font passer en premier l'équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie familiale. Ce n'est pas une mauvaise chose: ils s'occupent davantage de leurs enfants, sont moins fatigués et donnent des soins plus efficaces et plus sûrs. Nous avons davantage de femmes médecins, et tant que vous autres, messieurs, ne commencerez pas à donner naissance à des bébés, ce sont les femmes qui s'occupent d'élever les enfants. Les femmes médecins travaillent en moyenne sept heures de moins par semaine pendant la période où elles doivent élever leurs enfants. Nous devons en tenir compte dans nos modèles des soins de santé.
Avec toutes les merveilleuses données dont nous disposons, nous devons analyser toutes sortes d'éléments épars pour déterminer l'incidence de différentes choses… Par exemple, quelles répercussions aura l'arrivée de nouveaux auxiliaires médicaux sur les besoins futurs de personnel médical, compte tenu du fait qu'il faut des années pour former un médecin?
Nous avons été enchantés de voir le comité du Sénat recommander de pousser plus loin la notion d'un observatoire des ressources humaines de la santé. J'espère que l'idée bénéficiera d'un appui général et que le gouvernement y verra un moyen utile de progresser. En effet, tant que chaque province fera la planification de ses propres ressources, nous continuerons à avoir toutes sortes de politiques différentes en matière de main-d'oeuvre médicale.
Nous n'arrivons pas à intégrer les médecins étrangers et nous ne nous soucions pas suffisamment de certains facteurs vraiment inquiétants. Par suite de la nouvelle réforme des services de santé américains, les États-Unis s'attendent maintenant à une pénurie de plus de 90 000 médecins d'ici 2020. Si vous pensez au temps qu'il faut pour former un médecin, cette date ne vous paraîtra pas très éloignée.
Les Américains ne tarissent pas d'éloges sur la qualité de la formation que le Canada donne à ses professionnels de la santé. Il n'y a pas si longtemps, nous perdions chaque année, au profit des États-Unis, l'équivalent du nombre de diplômés d'un grand établissement d'enseignement. Nous ne serons pas en mesure de former suffisamment de médecins. Nous alternons constamment entre l'abondance et la pénurie. Je m'attends à ce que cela continue.
Pour ce qui est du déséquilibre de la répartition, nous pourrions mieux faire la correspondance entre les personnes et les emplois si un organisme responsable de la main-d'oeuvre en santé pouvait nous aider. Nous recevons des renseignements selon lesquels des chirurgiens cardiologues sont sans emploi ou sous- employés tandis que différents centres sont à la recherche de spécialiste de la chirurgie cardiaque. Quatre sur dix médecins en formation ne reçoivent absolument aucune orientation professionnelle. Ils ne savent pas où aller, et la recherche d'un emploi dans un système aussi complexe est un travail à plein temps qui nécessite des compétences particulières.
En ce qui concerne l'intégration des médecins formés à l'étranger, les deux collèges nationaux de certification travaillent de concert avec le Collège des médecins du Québec. Nous examinons l'évaluation au travail et différentes autres formes d'évaluation pour nous assurer que les médecins formés à l'étranger ont les connaissances, les compétences et les attitudes voulues pour exercer au Canada. Nous faisons tout ce travail en utilisant nos propres ressources, reconnaissant que les autres provinces ont leurs propres systèmes.
Avec l'Accord sur le commerce intérieur et les perspectives qu'il ouvre aux cliniciens, nous finirons par avoir dans nos villes des médecins de formation étrangère qui auront des niveaux de compétence différents. Je ne pense pas que la population sera mieux servie ainsi. Par conséquent, des efforts concertés dans ce domaine profiteraient aussi bien au système qu'aux patients.
Merci beaucoup.
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Bonjour, monsieur le président et membres du comité. Je m'appelle Robert Sutherland. Je suis le président de l'Association dentaire canadienne. Je suis parodontiste à Toronto. Je suis accompagné du Dr Euan Swan, chef des programmes dentaires de l'ADC.
Nous vous remercions de nous avoir invités à venir vous parler aujourd'hui des pénuries de main-d'oeuvre.
Je voudrais tout d'abord souligner qu'il n'y a pas de pénurie de dentistes au Canada. Par rapport à la population, le nombre de dentistes est comparable à celui des autres pays de l'OCDE. Ce fait est appuyé par un rapport récent de Santé Canada qui indique qu'en grande majorité, les Canadiens ont accès à un dentiste et recourent à ses services.
En 2010, Santé Canada a publié un bulletin de santé bucco-dentaire fondé sur les résultats de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé de Statistique Canada. Cette étude montre que 75 p. 100 des Canadiens consultent un dentiste au moins une fois par an et que 86 p. 100 l'ont fait dans les deux dernières années, ce qui classe le Canada au 5e rang des 16 pays membres de l'OCDE où ont eu lieu des enquêtes récentes. D'après le même rapport de Santé Canada, 84 p. 100 des Canadiens ont déclaré que leur santé bucco-dentaire est bonne ou excellente. Par rapport à d'autres pays, le Canada a une proportion élevée de dentistes. En 2007, il comptait 58 dentistes par 100 000 habitants, ce qui se compare très favorablement à la moyenne de 61 de l'OCDE.
L'impression que le Canada connaît une pénurie de dentistes pourrait découler du fait qu'une faible minorité de Canadiens n'a pas accès à des soins dentaires réguliers. Dans cette minorité, les principaux groupes touchés sont les aînés, les personnes à faible revenu, les personnes ayant des besoins spéciaux, les enfants et les Autochtones.
Ce problème d'accès est lié aux caractéristiques géographiques particulières du Canada et aux distances à franchir qui accentuent les problèmes qui se posent par suite de la répartition de la population et de la main-d'oeuvre. Les recherches de l'Institut canadien d'information sur la santé ont confirmé ce problème de répartition. Selon l'Institut, 21 p. 100 des Canadiens vivent en milieu rural, par rapport à seulement 11 p. 100 des dentistes.
Pour ces groupes, le simple fait d'accroître le nombre de dentistes ne réglera pas les difficultés d'accès aux soins. Il faudra pour cela faire preuve de créativité.
Quelques exemples de pensée créative ont déjà été mis en application. Les associations dentaires provinciales et l'ADC, en partenariat avec tous les niveaux de gouvernement, étudient des modèles et systèmes de prestation de soins qui permettraient de régler le problème d'accès aux soins de certains groupes particuliers.
Parmi les programmes qui ont connu du succès un peu partout dans le pays, il y a lieu de mentionner la clinique dentaire motorisée de l'Association et Collège dentaire de l'Alberta, qui sillonne la province pour donner des soins, le programme des régions isolées de l'Association dentaire de l'Ontario, dans le cadre duquel des dentistes suppléants offrent des soins aux collectivités des Premières Nations du nord-ouest de l'Ontario, et le régime d'assurance dentaire fondé sur le revenu pour les personnes âgées de Terre-Neuve-et-Labrador.
En ce qui a trait à l'accès aux dentistes en milieu rural, il importe de noter que, dans certains cas, le modèle traditionnel des cabinets privés n'est pas rentable parce que beaucoup de collectivités rurales et éloignées n'ont pas une population suffisante. Dans ces cas, l'augmentation du nombre de dentistes ne réglera pas le problème de la répartition inadéquate. Il faut plutôt adopter des modes de pratique non traditionnels comme ceux que j'ai mentionnés précédemment, établir des cliniques satellites à temps partiel et recourir aux cliniques de santé publique.
Le dernier point que je voudrais mettre en évidence, c'est que le processus à suivre pour être autorisé à exercer la médecine dentaire au Canada est entièrement basé sur les compétences. Afin d'assurer que les dentistes respectent les normes élevées auxquelles s'attendent les Canadiens, la profession a établi un processus équitable, transparent et fondé sur les compétences qui est géré non par l'ADC, mais par les organismes de réglementation provinciaux et le Bureau national d'examen dentaire du Canada, qui est indépendant. Le processus d'admission aux écoles de médecine dentaire n'est pas non plus défini par l'ADC. Relevant essentiellement des provinces, ce processus garantit que les dentistes canadiens autorisés ont les connaissances, la formation et les compétences nécessaires pour donner des soins dentaires efficaces et sûrs.
Bref, le Canada ne souffre pas d'une pénurie de dentistes. Il y a cependant un problème de répartition des dentistes dans le pays, problème qu'il est possible de régler, à notre avis, en usant de créativité et de nouvelles approches.
Merci.
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Merci beaucoup pour vos exposés.
Je sais que, de ce côté-ci, nous avons tous beaucoup de questions à poser. J'en poserai une pour amorcer la discussion. Je voudrais en particulier demander à Mme Fréchette de bien vouloir me donner quelques précisions.
À Hamilton, nous disons souvent que le meilleur endroit pour accoucher, c'est la banquette arrière d'un taxi parce que nous avons un très grand nombre de médecins formés à l'étranger qui n'ont malheureusement trouvé qu'un emploi de chauffeur de taxi dans notre ville. Lorsque nous abordons cette question avec des membres de notre communauté d'immigrants, ils nous disent souvent que le gouvernement fédéral fait, dans une certaine mesure, de la fausse publicité à l'étranger. Les candidats à l'immigration reçoivent plus de points s'ils ont fait beaucoup d'études et ont acquis d'importants titres de compétence. Il leur est donc plus facile de venir au Canada. Toutefois, une fois arrivés dans le pays, beaucoup de gens ont de la difficulté à exercer leur profession, et notamment la médecine.
Je voudrais vous demander de nous dire où se situent les goulets d'étranglement. Les provinces affirment que le gouvernement fédéral en est la cause. Ottawa soutient que ce sont les collèges et, de votre côté, vous direz probablement que les deux niveaux de gouvernement sont responsables. Pouvez-vous donc nous dire, dans l'intérêt de ceux que nous essayons de guider à travers les méandres du système, où exactement se situent les obstacles?
Si nous pouvions adapter la politique d'immigration aux besoins, les candidats à l'immigration auraient une meilleure idée de ce qui les attend et des réalités de l'exercice de la profession au Canada.
L'intégration dans la profession est une affaire vraiment complexe. Ce ne sont pas seulement les compétences techniques qui entrent en jeu. Il y a aussi l'adaptation sociale. Si un clinicien me dit que je respire mal parce que je suis probablement trop stressée — et cela m'est effectivement arrivé —, je ne prends pas cela très bien.
Le problème réside donc dans les placements dans la collectivité, dans l'observation, la pratique, etc. Toutes ces considérations prennent énormément de temps et surchargent des cliniciens qui sont déjà très occupés.
Je crois que nous faisons de grands progrès dans nos tentatives d'intégrer les professionnels de la santé formés à l'étranger, mais nous devons être réalistes. Beaucoup d'entre eux ne feront jamais l'affaire parce qu'ils ne sont pas assez bons.
L'expérience du Québec… Lorsque j'ai visité les différentes écoles de médecine du Québec, on m'a dit que beaucoup de médecins formés dans les pays de la Francophonie ne sont pas aptes à exercer. Ils doivent vraiment tout reprendre à zéro, à partir de l'école de médecine. Sommes-nous prêts à faire l'investissement nécessaire pour former ces personnes?
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Je voudrais vous remercier tous de votre présence au comité aujourd'hui. Nous l'apprécions beaucoup.
Je suis membre du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Je voudrais donc vous remercier d'être venue, madame Fréchette.
Il y a une chose que je voudrais dire avant de vous poser une question afin de définir très clairement les champs de compétences en ce qui concerne les médecins. Soyons parfaitement clairs: ce sont les provinces qui trouvent des lieux de formation pour les résidents, qu'ils aient été formés au Canada ou à l'étranger. Le gouvernement fédéral n'a absolument aucune qualité pour intervenir dans ce domaine, qui relève strictement de la compétence provinciale.
Je voudrais maintenant poser une question à tous les témoins pour avoir une idée de leur point de vue sur les pénuries de main-d'oeuvre auxquelles nous pouvons nous attendre dans l'ensemble du secteur de la santé. J'admets volontiers que je n'ai aucune difficulté à trouver un dentiste, mais vous prévoyez peut-être des problèmes à l'avenir. Vous voudrez peut-être aborder quelques-uns des secteurs à problèmes que vous avez évoqués: enfants, Autochtones, personnes à faible revenu.
Quels sont pour vous les trois plus grands obstacles qui nous empêchent d'avoir un nombre suffisant de médecins, de dentistes, ou encore des techniciens auxquels vos professionnels de la santé ont recours tous les jours ou sur une base régulière pour faire leur travail? Je sais que j'ai besoin des services d'une hygiéniste dentaire chaque fois que je vais chez mon dentiste. Les professionnels de la santé doivent pouvoir compter sur l'assistance d'un personnel de soutien assez nombreux.
Quels sont donc pour vous les grands obstacles qui contribuent à ces pénuries ou au manque de professionnels de la santé au Canada?
J'ai une autre question concernant la formation. Nous devons évidemment prévoir des moyens pour avoir des gens dans les régions rurales et isolées. À votre avis, qu'est-ce que le gouvernement fédéral peut faire pour faciliter la mise en place de ces moyens?
Je suis un produit de votre système. Je sais que mes collègues qui ont reçu leur formation dans le nord du Canada ont eu tendance à rentrer chez eux, dans le Nord, à la fin de leurs études.
Avez-vous des recommandations ou des idées qui nous permettraient d'agir dans le champ de compétence fédéral? Nous avons déjà proposé de radier les prêts d'études canadiens des étudiants en médecine et des infirmières praticiennes pour les encourager à aller s'établir dans des régions rurales et isolées.
Pensez-vous à d'autres moyens d'encourager ces gens à aller dans ces régions du pays, dans le contexte du système d'éducation, pour les amener à s'établir là où nous souhaitons qu'ils aillent?
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Nous aurions probablement la clé de la paix mondiale si nous pouvions répondre à cette question.
La radiation des prêts pourrait constituer un petit encouragement, mais elle n'inspire pas vraiment aux futurs médecins le désir de travailler dans ces collectivités. Nous savons par ailleurs que le fait de connaître ces lieux peut jouer un rôle très positif, comme l'a prouvé le succès de l'École de médecine du nord de l'Ontario. Cette expérience a fait l'objet d'études à l'échelle internationale, comme moyen de former les médecins de l'avenir.
Nous sommes le pays des études pilotes, mais il n'y a rien de mal à essayer quelques-unes de ces merveilleuses idées et à donner aux écoles de médecine et aux organisations telles que le Collège royal la possibilité d'examiner de nouveaux moyens intéressants.
Nous avons actuellement de nouveaux moyens d'entreprendre des projets pilotes. Toute faculté de médecine qui souhaite essayer un nouveau programme ou un nouveau moyen de former des médecins peut le faire, si elle est disposée à puiser dans son propre budget.
Vous avez dit que la formation dans le domaine de la santé relève strictement des provinces, mais cela nous empêche d'avoir un tableau d'ensemble. Je sais que je me répète, mais la gestion des ressources humaines du secteur de la santé est une science. Nous avons besoin d'imbriquer les différentes pièces les unes dans les autres. Nous avons tant d'exemples de réussite partout dans le pays. Je viens tout juste de citer l'École de médecine du nord de l'Ontario, mais il y a d'autres centres d'excellence.
Notre organisation approuve plus de 700 programmes de formation dans nos 67 disciplines. Nous avons l'occasion de voir des choses merveilleuses, mais il n'y a pas d'endroit central pour mettre en évidence ces grands exemples de réussite qui peuvent inspirer les autres.
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Merci. C'est là de l'information importante.
Madame Fréchette, je veux revenir à ce qui semble être le problème de base pour vous, ainsi que pour M. Sutherland. Il n'y a pas un manque criant de ressources, mais la répartition des ressources n'est pas adéquate. Par exemple, il y a peut-être trop de cardiologues à Winnipeg et pas assez à Québec. Comment peut-on arriver à avoir la souplesse nécessaire à toutes les étapes? Quand on réfère des gens à des écoles spécialisées, y a-t-il cette souplesse permettant de décider rapidement de former moins de gens dans une discipline et davantage dans une autre? Au Canada, y a-t-il des outils statistiques permettant à votre regroupement de s'ajuster rapidement?
Pouvez-vous consulter vos membres rapidement et leur dire, par exemple, qu'il y aura bientôt un manque de cardiologues à Québec, mais pas à Winnipeg? Devrait-il y avoir une amélioration à cet égard? Entre les provinces, y a-t-il suffisamment de souplesse pour que les gens puissent se déplacer, s'ils le désirent, de façon à en arriver à un meilleur équilibre entre les besoins régionaux sur le terrain et les ressources existantes? On a compris que c'est là que réside le problème, mais comment arrive-t-on à avoir cette souplesse?
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L'une des études que nous menons actuellement est très intéressante. Nous examinons l'employabilité des médecins. Nous avions appris qu'un certain nombre de praticiens étaient sans emploi ou sous-employés. En examinant la nouvelle combinaison de compétences et la valorisation de différentes professions de la santé, nous avons conclu qu'elles auraient des effets sur la façon de former les médecins de l'avenir et sur les nombres dont nous aurons réellement besoin.
Dans un modèle très intégré de l'orthopédie, par exemple, où un ergothérapeute, des physiothérapeutes et d'autres travailleraient ensemble, nous aurions besoin d'un nombre moindre de chirurgiens orthopédistes. Nous examinons en outre des moyens extrêmement intéressants de trier les patients. Les registres de remplacement de la hanche et du genou commencent maintenant à donner des résultats. Les patients vont voir le premier clinicien disponible. Ce sont donc d'excellentes idées.
Mais comment tenons-nous compte de toutes ces nouvelles innovations et des exemples de réussite pour aligner les besoins et la production de l'avenir?
Certaines disciplines connaissent une vraie pénurie. Avec le vieillissement de la population, la gériatrie pose des problèmes. Les omnipraticiens consacrent une part de leurs efforts aux aînés, mais cela devient difficile à mesure que les problèmes des patients deviennent plus complexes. Il y a également une forte demande d'internistes.
Les membres des disciplines qui ne nécessitent pas beaucoup d'infrastructure ont moins de difficultés que les autres à trouver du travail. Au Collège royal, nous examinons ce qui deviendra probablement un modèle très différent de formation, dans lequel l'éducation sera beaucoup plus intégrée. Nous avons un programme de maintien de la certification, qui consiste en un processus d'apprentissage continu, mais nous voulons créer un certain nombre de points d'entrée de base, de façon à pouvoir rayonner plus facilement selon l'évolution des besoins dans le pays.
Tout en respectant les compétences provinciales et territoriales en matière de planification de la main-d'œuvre, l'observatoire serait un centre de recherche où nous pourrions, par exemple, déposer les résultats de nos études. Ce serait l'endroit où les différentes provinces, par l'entremise du Comité consultatif sur la prestation des soins de santé et les ressources humaines, iraient pour obtenir des données complètes. L'observatoire serait doté de scientifiques à temps plein dont le rôle consisterait à faire le lien entre les différents éléments.
J'ai consacré beaucoup de temps à l'examen des recherches sur les ressources humaines menées dans le pays. Nous faisons des choses vraiment intéressantes, mais nous n'avons rien pour les regrouper et en faire la synthèse. L'observatoire serait donc une ressource nationale pour les différentes administrations qui essaient de mettre un peu d'ordre dans tout ce fatras. Il permettrait sans doute de mieux définir les besoins et de rationaliser la formation non seulement des médecins, mais aussi des nouvelles professions de la santé qui se développent.
Les champs d'activité comptent parmi les prochaines choses que j'ai l'intention d'examiner. Dans nos spécialités… Par exemple, nous avons des orthopédistes qui travaillent sur la colonne vertébrale, de même que les neurochirurgiens, mais quels sont les besoins du pays en matière de chirurgie spinale? Mon organisation devrait-elle modifier ses exigences de formation?
Je crois qu'un investissement stratégique dans le personnel de santé autochtone nous aiderait beaucoup. La sensibilisation culturelle nécessite un énorme travail. Par conséquent, le fait de permettre aux Autochtones de s'occuper eux-mêmes des soins à donner dans leurs collectivités constitue la meilleure solution possible. Il s'agit d'investir dans des programmes de mentorat, et de fournir de l'aide financière et des ressources supplémentaires dans notre infrastructure d'enseignement afin de les intégrer vraiment, car ils ne bénéficient pas des mêmes avantages qu'une personne comme moi.
En fait, le Collège royal est en train de mettre en place un programme à l'intention des populations insuffisamment desservies. Si nous pouvions trouver quelques approches convenant aux peuples autochtones, nous pourrions probablement les appliquer aussi à d'autres populations. Nous espérons nous orienter sur cette voie.
C'est un exemple des efforts déployés par la profession médicale pour mieux réagir aux besoins de la société dans les limites de ses ressources. Je crois qu'un partenariat avec une organisation nationale permettrait au programme de progresser beaucoup plus rapidement. Nous pourrions ensuite utiliser certaines de ces stratégies pour intégrer les médecins formés à l'étranger.
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Merci, monsieur le président. Je remercie également les témoins de leur présence au comité cet après-midi.
Je voudrais remercier ma collègue d'en face, Mme Charlton, d'avoir repris l'histoire du médecin chauffeur de taxi, que nous racontons depuis des années et des années. Je ne suis pas moi-même médecin, mais j'ai vécu le problème de la reconnaissance des titres de compétence étrangers. C'est une question qui me tient beaucoup à cœur et qui a joué un grand rôle dans ma décision d'entrer en politique.
Au cours de l'étude, j'ai découvert que le système de points d'appréciation des travailleurs qualifiés se fonde sur les années d'études. Il ne tient pas du tout compte de la nature des études ou du fait qu'on soit médecin ou ingénieur. En fait, il ne garantit pas au candidat à l'immigration qu'il pourra exercer la même profession à son arrivée au Canada. C'est une chose que j'ai découverte après avoir procédé à certaines recherches.
Lorsque nous avons étudié la reconnaissance des titres de compétence étrangers — madame Fréchette, je dis cela pour vous —, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada a admis qu'il y avait une pénurie de médecins dans toutes les provinces et tous les territoires. Il n'y a pas de doute à ce sujet. Le collège a également dit que la reconnaissance ou la formation des médecins qui ont fait leurs études à l'étranger alourdirait la tâche des organismes provinciaux et territoriaux de réglementation de la profession médicale, qui auraient à les enregistrer et à les agréer.
Nous savons tous qu'il y a pénurie et que personne ne souhaite que nous baissions nos normes. Que faut-il faire alors? Vous avez parlé d'adapter la politique d'immigration aux besoins. Comment pouvons-nous faciliter la reconnaissance des titres de compétence étrangers sans baisser nos normes? Quel est le principal obstacle à l'intégration des professionnels de la santé formés à l'étranger?
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J'ai juste un commentaire à présenter sur la même question, du point de vue de l'Association dentaire.
La profession a pris différentes mesures pour améliorer et rationaliser le processus de reconnaissance des dentistes formés à l'étranger.
Nous avons un programme à trois volets qu'il est possible de suivre en un an et au terme duquel les candidats peuvent se présenter au même examen que les diplômés des écoles de médecine dentaire du Canada. S'ils réussissent, ils peuvent exercer leur profession dans n'importe quelle province du Canada. Ils sont libres d'aller où bon leur semble dans le pays.
Si, pour une raison ou une autre, ils ne réussissent pas à l'examen, ils peuvent suivre les cours de rattrapage et de perfectionnement offerts dans la quasi-totalité des universités du Canada.
La profession dentaire est très fière de ses réalisations dans ce domaine.
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Bonjour. Je m'appelle Pat Vanderkooy. Je représente le service des affaires publiques des Diététistes du Canada. Je suis accompagnée de ma collègue Marlene Wyatt, qui travaille pour le service des affaires professionnelles de notre organisation.
Vous avez devant vous un aperçu de notre exposé. Nous avons également l'intention de vous faire parvenir un mémoire.
Les Diététistes du Canada constituent la seule association professionnelle nationale des diététistes. Nous avons déjà lancé un appel public en faveur de la collaboration sectorielle, du leadership national et d'une action concertée face aux principaux problèmes que nous devons affronter.
Je parlerai aujourd'hui de l'accès aux services de diététique dans tous les secteurs grâce à un personnel suffisant de diététistes. Au Canada, ceux-ci sont les seuls professionnels réglementés de la santé qui doivent suivre un programme d'études agréé en alimentation et en nutrition humaine. Pour devenir diététiste agréé, il faut suivre une formation postsecondaire de cinq ans comprenant un programme universitaire approuvé de quatre ans et un stage d'un an.
La plupart des 9 500 diététistes du Canada travaillent pour le système de santé financé par les fonds publics. Il y a aussi des diététistes dans les universités et dans l'industrie alimentaire, ainsi qu'un certain nombre qui travaillent à leur propre compte comme consultants et conseillers.
Par suite de l'intérêt croissant porté à une vie saine et à l'urgent besoin de prévenir et de traiter efficacement les maladies chroniques et l'obésité, il y a actuellement une forte demande de diététistes. Ceux-ci participent aux services de santé conjoints à titre de membres d'équipes de santé pluridisciplinaires. Toutefois, l'accès aux diététistes est limité au Canada par la pénurie de personnel. Je compte aborder aujourd'hui trois aspects de cette pénurie.
Premièrement, il y a la pénurie de main-d'œuvre et les obstacles qui entravent la formation pratique. L'année dernière, notre organisation a produit un aperçu ponctuel du personnel canadien de diététique. Nous avons constaté d'abord que toutes les provinces et tous les territoires ont des vacances qu'il est difficile de combler, surtout dans les collectivités rurales, isolées et nordiques, et que près de la moitié des diététistes ont l'intention de partir à la retraite dans les 10 prochaines années. Les postes vacants ont déjà des effets sur la qualité des services de santé. Pour répondre à la demande, certains employeurs ont engagé des éducateurs non professionnels ou des professionnels de la santé d'autres disciplines. Nous ne disposons, dans nos systèmes de soins de santé, que d'un financement limité des stages pratiques. Il y a aussi des lacunes dans les possibilités de formation dans les petites collectivités et parmi les populations autochtones. Sur la base de nos projections, il existe actuellement un urgent besoin d'accroître la capacité de formation pratique des candidats diététistes du Canada.
Deuxièmement, comme dans les autres professions, nous avons un nombre croissant de collègues formés à l'étranger qui souhaitent exercer au Canada. Nous exigeons de ces personnes de suivre des programmes de préparation pour être autorisées à exercer. Nous croyons qu'il n'est que juste et équitable de permettre à ces diététistes formés à l'étranger de trouver un emploi dans leur profession au Canada. À l'heure actuelle, nous n'avons qu'un seul programme de préparation bénéficiant d'un soutien public. Dans les cinq dernières années, ce programme offert par l'Université Ryerson de Toronto a décerné des diplômes à plus d'une centaine de diététistes formés à l'étranger. Avant l'établissement de ce programme, très peu de ces diététistes avaient réussi à obtenir un permis d'exercer en Ontario. Aujourd'hui, la quasi-totalité des diplômés de ce programme ont réussi à l'examen national de certification et travaillent comme diététistes agréés. Le programme reçoit de nombreuses demandes d'admission venant de candidats de toutes les régions du Canada.
Troisièmement, comme vous le savez peut-être, l'Institut canadien d'information sur la santé recueille des données sur la main-d'œuvre de six autres professions de la santé. Les diététistes n'en font pas partie. Nous ne disposons pas de données exactes, actuelles et continues sur les tendances de nos effectifs et les besoins prévus du Canada. Nous appuyons le maintien des activités du Réseau pancanadien sur les ressources humaines en santé. Nous avons vraiment besoin d'accéder à l'information sur l'innovation en développement, formation, réglementation, recrutement et maintien en fonction.
De quoi avons-nous besoin? Nous avons besoin d'une stratégie globale de gestion des ressources humaines en santé pour que les Canadiens aient accès aux soins nécessaires au bon moment.
Les Diététistes du Canada recommandent d'améliorer et d'accroître les capacités de formation dans les universités agréées et les programmes de stages. Notre profession a besoin d'un plus grand nombre de places de stage pour être en mesure d'augmenter le nombre de diététistes prêts à exercer. Nous avons besoin d'aide pour coordonner les stages et des systèmes efficaces permettant de répondre aux nouvelles normes de compétence que nous avons élaborées.
Nous avons également besoin d'une plus grande mobilité de la main-d'œuvre. Nous demandons en particulier un soutien suffisant des programmes de préparation des diététistes formés à l'étranger. Il faudrait à cette fin prévoir un financement gouvernemental soutenu du seul programme de préparation actuellement offert au Canada. Il serait évidemment merveilleux de pouvoir compter sur une aide financière pour établir d'autres programmes de préparation de diététistes ailleurs au Canada.
Enfin, nous avons besoin d'une meilleure information sur le marché du travail. La profession devrait pouvoir compter sur l'aide du réseau de recherche. Nous aimerions obtenir l'assistance de l'Institut canadien d'information sur la santé et de Statistique Canada pour commencer à recueillir des données sur les diététistes ainsi qu'un certain soutien relativement aux modèles provinciaux et territoriaux de réaction aux fluctuations de l'offre et de la demande.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de vous parler des problèmes de ressources humaines de notre profession. Nous sommes prêtes à répondre à vos questions et attendons avec intérêt votre rapport et vos recommandations dans un proche avenir.
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Bonjour. Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de vous présenter notre point de vue. Je m'appelle Noura Hassan. Je suis la présidente de la Fédération des étudiants et des étudiantes en médecine du Canada. Je suis accompagnée de Chloé Ward, qui est notre vice-présidente chargée de la promotion des droits.
[Français]
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions en anglais ou en français.
[Traduction]
La Fédération des étudiants et des étudiantes en médecine du Canada représente plus de 7 800 étudiants inscrits aux 14 écoles de médecine du Canada. Nous vous remercions de cette occasion de vous faire part de notre point de vue sur la question des pénuries de main-d'œuvre au Canada.
Nous voulons aborder aujourd'hui trois grandes questions liées aux ressources humaines en santé. Premièrement, nous souhaitons attirer votre attention sur le fait que nous aurons bientôt un surplus de médecins. Vous venez d'entendre le témoignage de représentants du Collège royal. Nous allons nous baser sur ce témoignage pour vous présenter le point de vue des étudiants.
Deuxièmement, nous voulons parler de certaines pénuries de main-d'œuvre que connaissent d'importantes disciplines médicales. Enfin, nous aborderons la question du déséquilibre de la répartition géographique des ressources humaines en santé au Canada.
Comme vous le savez tous, le Canada a connu en 1990 — il y a plus de 20 ans — un important manque de médecins. Des mesures avaient alors été prises par un certain nombre d'intervenants du domaine médical, dont l'Association médicale canadienne et le Forum médical canadien, ce qui a entraîné une augmentation des admissions dans les écoles de médecine du pays. À l'heure actuelle, nous formons plus de médecins que nous ne l'avons jamais fait auparavant. C'est en soi une bonne nouvelle parce que cette situation réduit la probabilité d'une pénurie de médecins dans le pays. Toutefois, comme vous le savez aussi, la formation des médecins prêts à exercer au Canada prend entre 6 et 11 ans. Pour cette raison, il est clair que les changements de politique touchant les admissions dans les écoles de médecine ne produisent des effets sensibles que 5 à 10 ans plus tard. Les résultats ne sont pas immédiats.
Nous commençons en ce moment à constater un changement de paradigme. Dans un avenir pas trop lointain, certains diplômés de médecine ne trouveront pas d'emploi au terme de leur formation spécialisée. Quand je parle de « formation spécialisée », il ne s'agit pas seulement des disciplines du Collège royal. J'y inclus aussi la médecine familiale. D'après des renseignements que nous tenons de l'Institut canadien d'information sur la santé, nous avons eu en 2010 un apport net de 1 600 médecins. Il est important d'en prendre note parce que ces chiffres ne représentent pas le plus grand nombre de diplômés de médecine que nous ayons eu. Des cohortes plus importantes doivent encore passer par les différentes étapes du système. Nous allons donc continuer à avoir d'importants apports nets de médecins dans les années à venir.
Dans la situation actuelle, nous avons besoin d'un mécanisme pour nous aider à faire correspondre les places de formation en résidence aux besoins canadiens en soins de santé d'un bout à l'autre du Canada. Il nous faut donc essentiellement un mécanisme conjoint. Dans l'idéal, il s'agirait d'un effort fédéral-provincial visant à éviter de former trop de médecins dans le pays.
Nous devons mettre fin à la tendance réactive en dents de scie que nous connaissons au Canada dans le domaine de la formation des ressources humaines en santé. Nous devons nous montrer proactifs dans l'intérêt des étudiants, des écoles de médecine et des contribuables.
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L'un des problèmes les plus pressants que nous avons constaté, c'est que beaucoup de spécialistes ne trouvent pas du travail dans leur discipline. Comme Noura vient de le dire, nous atteindrons bientôt le point où nous aurons suffisamment de médecins. Toutefois, leur formation ne correspondra pas aux disciplines dont le pays a besoin.
Les places de formation dans les différentes spécialités ne sont tout simplement pas adaptées aux besoins des Canadiens. Les étudiants peuvent choisir parmi une soixantaine de spécialités, mais les analyses actuellement faites ne permettent vraiment pas de déterminer les pénuries actuelles et futures par discipline et par région.
Ainsi, de nombreux chirurgiens cardiologues, radio-oncologues et chirurgiens orthopédistes ont de la difficulté à trouver du travail dans leur domaine. Comme ces spécialistes reçoivent une formation très poussée, ils sont souvent obligés de quitter le pays s'ils ne peuvent pas trouver un emploi.
L'absence de coopération à l'échelle nationale constitue un important obstacle. Par exemple, l'Ontario prévoit que des pénuries de main-d'œuvre se produiront dans la province avant 2017 dans la quasi-totalité des spécialités médicales. En même temps, le Québec s'attend à un surplus de médecins d'ici 2016.
Des tendances semblables se manifestent partout dans le pays. Lorsque les étudiants en médecine cherchent des places de formation spécialisée, ils passent par le portail CaRMS, qui joue le rôle d'organisation nationale de placement des étudiants partout dans le pays, pas nécessairement dans leur province d'origine.
À l'heure actuelle, il n'existe aucune base de données nationale sur les ressources humaines en santé qui permette de suivre ce genre de renseignements. Le projet concernant l'avenir de l'éducation médicale postdoctorale au Canada, qui est financé par Santé Canada, préconise de faire une planification nationale des ressources humaines en santé, avec la participation des gouvernements intéressés.
Nous disposons de données démographiques sur notre population et sur la prévalence des maladies. Nous connaissons la charge de notre système de soins de santé. Il ne reste plus qu'à établir une base de données nationale pour collationner et diffuser ces renseignements afin que nous puissions nous en servir pour faire des projections et aligner les places de résidence et de formation dans les différentes disciplines sur les besoins des Canadiens.
D'après la Société de la médecine rurale du Canada, 21 p. 100 des Canadiens vivent en milieu rural, mais ne peuvent compter que sur 9 p. 100 des médecins canadiens. L'une des grandes raisons pour lesquelles nous avons des régions rurales et isolées qui sont mal desservies — je ne fais que reprendre le message que vous ont transmis d'autres témoins aujourd'hui — est que nous ne formons que peu d'étudiants venant de ces régions.
On estime que plus de 90 p. 100 des étudiants en médecine viennent d'agglomérations urbaines riches, c'est-à-dire de régions qui ne connaissent aucune pénurie de médecins. Nous savons en même temps que les étudiants en médecine venant de collectivités rurales et isolées sont beaucoup plus susceptibles que les autres d'y revenir pour exercer leur profession à la fin de leurs études.
Comme vous le savez, le budget fédéral 2011 prévoyait des fonds pour la radiation des prêts étudiants des médecins et des fournisseurs de soins de santé qui commencent à travailler dans des collectivités rurales et éloignées mal desservies du Canada. Ce programme vise à améliorer l'accès de ces régions aux soins de santé primaires. Nous nous félicitons de cette initiative, mais nous devons constater que, dans sa forme actuelle, elle comporte des défauts inhérents.
En effet, la radiation des prêts ne commence qu'après la résidence, ce qui signifie que les résidents doivent continuer à rembourser la partie fédérale de leur prêt d'études canadien pendant leur période de résidence. Cela réduit considérablement le caractère incitatif de cette mesure et sa capacité d'attirer des médecins dans les régions rurales et éloignées mal desservies. Pour que le programme soit efficace, il faudrait reporter les intérêts et le versement de la partie fédérale des prêts dans les années de résidence.
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Nous tenons à vous dire, en conclusion, qu'à titre de médecins de demain et de représentants de la Fédération canadienne des étudiants et des étudiantes en médecine, nous voulons nous assurer de former le nombre voulu de médecins dans les disciplines voulues afin de répondre aux besoins des contribuables canadiens en soins de santé.
Qu'est-ce que cela signifie? Nous devons réussir à attirer et à garder les médecins dans les régions rurales et éloignées du Canada qui ont besoin de soins de santé adéquats. À l'heure actuelle, nous n'avons pas nécessairement à former davantage de médecins. Nous devons simplement veiller à mieux les répartir entre les régions du pays.
Comme nous l'avons dit plus tôt, nous avons un problème de répartition des médecins par région et par spécialité, auquel nous devons remédier. Pour nous attaquer à ce problème à l'échelle nationale, il nous faut une base de données nationale sur les ressources humaines en santé pour nous aider à dispenser des soins adéquats à tous les Canadiens.
Enfin, comme Chloé l'a signalé, il conviendrait de réexaminer le calendrier de remboursement des prêts d'études canadiens pour que les résidents disposés à exercer dans les régions rurales et éloignées puissent profiter de ces importantes ressources.
Nous sommes maintenant prêtes à répondre à vos questions. Nous vous remercions de votre attention.
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Merci de m'avoir invitée à nouveau.
Je voudrais remercier le comité d'avoir invité la Société canadienne de science de laboratoire médical à comparaître une fois de plus aujourd'hui. Je m'appelle Christine Nielsen. Je suis la directrice exécutive de la SCSLM, qui a son siège à Hamilton, en Ontario.
La SCSLM est une organisation nationale de certification et une association professionnelle regroupant plus de 14 000 professionnels de laboratoires médicaux du Canada. Les technologues de laboratoire médical, ou TLM, font des analyses complexes de sang, de liquides organiques et de tissus et en interprètent les résultats. Ces analyses permettent d'obtenir des renseignements essentiels sur la santé.
En fonction de son effectif, notre groupe se classe quatrième parmi les plus importantes professions de la santé au Canada. Cela est presque incroyable parce que nous savons que relativement peu de Canadiens sont conscients de l'existence des professionnels de laboratoire médical ou de l'importance de leur travail.
Les TLM jouent un rôle essentiel dans le système canadien des soins de santé en produisant chaque année plus de 440 millions de résultats d'analyses.
Les médecins comptent sur ces résultats pour faire un diagnostic exact, traiter les patients et surveiller leur état de santé. Le Canada connaît actuellement une pénurie de TLM à l'échelle nationale. Le nombre actuel de nouveaux diplômés ne suffira pas pour y remédier. De plus, notre organisation prédit avec inquiétude que près de la moitié des TLM canadiens seront admissibles à la retraite dans les dix prochaines années. Il n'y a pas de doute que cette pénurie se répercutera directement sur la sécurité des patients.
Pendant plus d'une décennie, nous avons averti les décideurs du fait que le nombre de places dans les programmes de TLM était insuffisant et ne permettrait pas de produire assez de diplômés pour remplacer les départs. L'offre intérieure est simplement trop faible.
Depuis 2000, les gouvernements successifs ont pris des mesures pour affronter la pénurie en créant de nouveaux programmes de formation et en augmentant la capacité de certains autres. C'est un développement positif, mais les départs à la retraite seront plus nombreux que les nouveaux diplômés. De plus, les programmes ne sont financés que pour la partie des études qui se fait en classe, abstraction faite des stages cliniques.
Comme dans le cas de tous les autres professionnels de la santé, la formation clinique est un élément essentiel de l'éducation en sciences de laboratoire. L'achèvement d'un stage clinique est exigé par l'organisme d'agrément. Nos étudiants ne peuvent pas obtenir leur diplôme s'ils n'ont pas fait un stage clinique complet.
Cela m'amène à la question des TLM formés à l'étranger. À mesure que la pénurie de technologues augmente, le Canada accueille chaque année des centaines d'immigrants qui déclarent qu'ils ont fait des études de TLM dans leur pays d'origine. Près de 200 d'entre eux demandent à la SCSLM d'évaluer leurs compétences.
Comme la pratique varie sensiblement d'un pays à l'autre, il est obligatoire pour tous les praticiens du Canada de satisfaire aux exigences rigoureuses régissant l'exercice de la profession, de façon à toujours faire passer en premier la sécurité des patients. Il est impératif d'avoir un système accessible, abordable et fiable permettant de suivre une formation complémentaire ou de faire des stages dans le contexte canadien. Nous félicitons le gouvernement fédéral pour les efforts continus qu'il déploie afin d'accélérer et d'étendre l'évaluation des professionnels de la santé formés à l'étranger. Nous espérons que ces efforts se maintiendront.
Nous sommes extrêmement intéressés par les changements envisagés du système d'immigration, qui pourraient imposer une évaluation des titres de compétence avant l'arrivée au Canada. Une telle mesure permettrait aux nouveaux venus de mieux comprendre le processus et nous donnerait la possibilité de vérifier avant leur arrivée si leurs compétences correspondent aux besoins du pays. Nous avons été très heureux de la récente annonce concernant le lancement du projet pilote de prêts pour la reconnaissance des titres de compétence étrangers. Nous espérons que les professionnels des laboratoires médicaux pourront profiter de cette initiative.
Nous avons récemment publié les principales conclusions de nos recherches sur les obstacles qui empêchent les professionnels de la santé formés à l'étranger de satisfaire aux normes d'exercice de la profession au Canada. Ce projet financé par le programme de reconnaissance des titres de compétence étrangers du gouvernement du Canada intéressait quatre autres professions. La recherche a établi d'une manière concluante que l'intégration des professionnels de la santé formés à l'étranger a profité de l'attention récente et des investissements des dernières années, mais il est également clair que ces professionnels bénéficieront d'autres initiatives visant à atténuer les répercussions futures des problèmes liés aux ressources humaines en santé.
À part de meilleures possibilités de stages cliniques, les praticiens formés à l'étranger ont déclaré que certaines mesures de soutien peuvent sûrement accélérer le processus d'intégration. La plupart des répondants de l'enquête n'ont pas pu participer à des programmes officiels de préparation ou de mentorat et ont dû trouver eux-mêmes des moyens de surmonter les difficultés des quelques premières années de leur carrière au Canada.
Un autre rapport que nous avons publié a abouti à la conclusion que les programmes de préparation raccourcissaient les délais de certification des TLM formés à l'étranger, atténuaient leurs difficultés financières, accroissaient leurs contributions fiscales et accéléraient leur intégration dans le marché du travail canadien.
Des investissements ciblés durables et à long terme sont nécessaires pour maintenir les programmes de préparation. Le taux de succès à l'examen national est clairement supérieur dans le cas des personnes qui ont suivi un programme de préparation.
À l'heure actuelle, il n'existe au Canada qu'un seul programme de préparation, qui permet chaque année d'envoyer 11 étudiants faire des stages cliniques. Ce programme est offert à Hamilton. Grâce à des investissements ciblés, les professionnels compétents peuvent accéder au marché du travail plus rapidement pour offrir aux Canadiens des services d'analyse en laboratoire.
Je voudrais, en conclusion, présenter des recommandations portant sur trois grandes catégories de mesures. Premièrement, il faudrait mettre en place des moyens supplémentaires de formation et de soutien correspondant aux besoins des professionnels de la santé formés à l'étranger avant et après la délivrance de l'autorisation d'exercer. Deuxièmement, il faudrait étudier les moyens d'améliorer l'accès global aux stages cliniques. Troisièmement, il conviendrait de faire des recherches sur les raisons pour lesquelles un certain nombre de candidats ne vont pas jusqu'au bout du processus d'évaluation et ne parviennent donc ni à obtenir une autorisation d'exercer ni à travailler dans leur domaine.
D'importants investissements faits aujourd'hui permettront d'atténuer les répercussions futures de la pénurie prévue de technologues de laboratoire médical.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président. Merci, mesdames.
Je crois que, quand ils choisissent les sciences de la santé, la plupart des jeunes pensent à devenir médecins, infirmiers ou infirmières. C'est plus populaire. On ne pense pas vraiment à devenir diététicien ou à aller travailler dans un laboratoire.
Selon ce que vous nous avez dit, on risque à l'avenir d'avoir un surplus de médecins, mais aussi de manquer de gens dans d'autres groupes qui sont moins reconnus. Quelle sorte de méthodes le gouvernement fédéral pourrait-il utiliser pour valoriser certaines de ces professions afin de les faire connaître par les jeunes qui choisissent le domaine de la santé? C'est une question importante que je pose à tout le monde. Je vais y ajouter d'autres points.
On parle d'exonération du remboursement des prêts. Pourrait-on inclure des choses semblables pour inciter les jeunes à se diriger vers certaines carrières plutôt que d'autres?
Il en va de même, sur le plan local, en ce qui a trait aux Premières nations. Pourrait-on promouvoir certains métiers plutôt que d'autres, que l'on peut apprendre en moins de temps, étant donné que vous disiez qu'il fallait de cinq à dix ans avant de voir les conséquences?
J'aimerais entendre vos réponses à cet égard.
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J'aimerais ajouter une chose à cet égard.
Le mentorat est très important et il commence dès les débuts du cheminement des étudiants. On sait que, bien souvent, les gens qui étudient en médecine ont des mentors qui proviennent de cette profession. On ne se le cachera pas, c'est la raison pour laquelle il s'agit souvent de gens qui proviennent de milieux favorisés ou d'enfants de médecins.
Il est donc important qu'on ait des mécanismes pour attirer des jeunes de milieux défavorisés ou des jeunes provenant de milieux ruraux qui ne sont pas nécessairement défavorisés. En fait, on sait que des gens qui proviennent de régions rurales éloignées ont tendance à pratiquer davantage dans ces milieux que ceux qui proviennent de milieux urbains. Il faut donc adopter une telle stratégie.
En ce qui a trait au fédéral, il s'agirait de financer les organismes qui font déjà cela. D'autre part, on sait que certaines facultés de médecine ont investi beaucoup d'argent dans des programmes de mentorat. Elles font du recrutement auprès des jeunes des régions rurales éloignées et des jeunes du secondaire pour les sensibiliser à la médecine. Ces mécanismes existent déjà, mais ils ne sont pas bien financés. Il s'agirait d'encourager le développement et la promotion de ces programmes.
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Oui. Je suis parfaitement d'accord avec les deux autres témoins. Elles ont souligné la nécessité de regrouper l'information qui existe, mais que nous n'avons jamais examinée de près. Quels sont les besoins réels des Canadiens? Quelles spécialités faut-il choisir? Tout comme les médecins, les diététistes sont spécialisés. Avons-nous besoin de diététistes en santé publique? Avons-nous besoin d'un plus grand nombre en pédiatrie? Dans les services de soins palliatifs? Nous ne le savons pas.
Nous connaissons aussi les questions qui se posent en matière de mentorat et de répartition géographique. Comme diététistes — je crois d'ailleurs que les technologues de laboratoire médical sont dans la même situation —, nous n'avons pas vraiment besoin de recruter davantage dans nos programmes de formation. Beaucoup d'étudiants veulent accéder aux programmes universitaires accrédités en diététique et en nutrition. Le problème est que parmi ces étudiants qui se sont battus pour s'inscrire à ces programmes compétitifs, à qui il a fallu des notes élevées pour être admis et qui ont fait quatre ans d'études, un seul sur deux arrive à suivre un stage.
Par conséquent, beaucoup de gens aspirent à devenir diététistes, mais, après avoir passé quatre ans à l'université, un grand nombre d'entre eux sont malheureusement déçus parce qu'ils ne peuvent pas accéder à la profession. Cela est d'ailleurs étrange compte tenu du nombre de vacances, qui augmentera considérablement dans une dizaine d'années.
Que faut-il donc faire? Il n'y a pas de financement. Une diététicienne qui est très occupée par ses patients et à qui on demande de faire de la formation constatera qu'il n'y a ni coordination ni budget supplémentaire pour les gens en formation. Si elle consacre du temps aux étudiants, ses statistiques de productivité dégringolent, mais on s'attend quand même à ce qu'elle donne de la formation.
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Je m'occupe un peu du programme de Ryerson. Pendant les cinq dernières années, il a été financé par le ministère ontarien de la Citoyenneté et de l'Immigration et a décerné des diplômes à une vingtaine d'étudiants par an, ce qui donne au total une centaine sur cinq ans.
Comme Pat l'a mentionné, le taux de succès à l'examen national de certification est presque le même que celui des diplômés de nos programmes accrédités. Pour le programme de préparation, nous présentons tous les deux ans une demande de reconduction du financement. À cause de leur nature, les programmes de préparation sont extrêmement coûteux parce qu'il faut déterminer le niveau de compétence des candidats, faire l'équivalence avec le système canadien, puis les aider à acquérir des compétences autres que celles qu'ils avaient acquises dans leur pays d'origine. Il y a aussi le stage, qui nous impose de leur trouver des places de formation clinique.
En moyenne, le programme de préparation dure environ 16 mois, mais les diplômés trouvent des emplois à temps plein. Une fois qu'ils ont réussi à l'examen, ils trouvent un bon emploi. Dans le passé, comme Christine l'a mentionné, presque personne n'arrivait à le faire. Les professionnels formés à l'étranger étaient donc limités à des emplois mal rémunérés dans des bars ou des restaurants. Ceux qui terminent le programme de préparation peuvent maintenant compter sur de bons salaires canadiens.
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Absolument. Ces programmes donnent de très bons résultats dans la phase pilote de financement. Le plus coûteux est d'élaborer les programmes d'études.
Plusieurs programmes pilotes ont été lancés, mais n'ont pas survécu. La Colombie-Britannique en avait un, de même que l'Institut de technologie du nord de l'Alberta. L'Institut Michener de Toronto a également eu un programme, mais, à la fin de la période pilote de financement, il a végété pendant quelques années. Il dispose maintenant de quelques fonds de démarrage.
La plus grande difficulté est d'obtenir un financement durable. Une initiative telle que le projet pilote de prêts pour la reconnaissance des titres de compétences étrangers pourrait aider un étudiant à acquitter les frais de scolarité, qui s'élèvent à 14 000 $ à 20 000 $, montant qu'il peut rembourser dès la première année s'il passe d'un emploi dans le secteur de la restauration à environ 25 000 $ par an à un poste de technologue de laboratoire qui rapporte 50 000 $ la première année. Les diplômés peuvent donc rembourser presque la totalité du prêt en un an.
Nous croyons que ce projet pilote de prêts constitue une excellente occasion d'obtenir un financement durable pour les programmes de préparation.
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Oui, nous avons un problème de répartition. Je crois que nous l'avons évoqué très brièvement lorsque nous avons parlé des collectivités rurales, éloignées, nordiques et autochtones. Ces régions sont celles qui souffrent le plus de la pénurie.
Nous avons essayé de mettre en oeuvre quelques programmes ciblés dans ces régions, surtout au niveau des placements cliniques. Les résultats sont positifs, mais les placements cliniques en milieu rural et dans les endroits isolés occasionnent des difficultés au chapitre des déplacements, etc. C'est un peu une arme à double tranchant.
C'est là où nous en sommes pour ce qui est de la pénurie de diététistes. Cela est ressorti dans les résultats de notre enquête sur l'effectif.
D'après les représentants du secteur médical, si nous connaissions mieux la situation — ils ont cité quelques statistiques à ce sujet —, nous pourrions nous attaquer au problème d'une manière plus efficace. Nous avons fait une enquête ponctuelle, qui nous a donné les seules données dont nous disposons pour évaluer la situation.
Je ne sais pas d'où vous venez, mais, à Terre-Neuve par exemple, où j'ai travaillé récemment, il y a beaucoup de régions rurales et éloignées, tandis que nous donnons notre formation à un seul endroit. Nous essayons de répartir les ressources de formation, mais, encore une fois, les étudiants ne peuvent pas consacrer beaucoup d'argent aux déplacements.
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Merci. Nous pourrons peut-être y revenir dans quelques instants.
Je voudrais passer à Mme Hassan.
Je crois que l'idée d'une base de données, dont vous avez parlé toutes les deux, est vraiment intéressante. Plus on a de données, mieux ça vaut. Si les données sont normalisées, elles peuvent faciliter les placements et réduire les dents de scie.
Je me demande si vous avez fait une enquête auprès des étudiants. Vous avez parlé en particulier d'un surplus d'étudiants. Je m'inquiète du fait que certains ont l'intention de quitter le Canada de toute façon, indépendamment des encouragements offerts. Avez-vous interrogé les étudiants pour connaître leurs intentions? Je suppose que certains se sentent obligés de partir tandis que d'autres souhaitent eux-mêmes partir. J'aimerais savoir si vous avez recueilli des renseignements à ce sujet.
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Dans le domaine des sciences de laboratoire, près de 80 p. 100 des étudiants commencent par aller à l'université. Ils obtiennent un baccalauréat en sciences, pensent qu'ils peuvent accéder à une école de médecine, puis découvrent qu'ils n'y réussiront pas. Il y a bien peu d'emplois à décrocher si on n'a pas un permis ou une certification professionnelle, à moins de s'orienter vers une maîtrise. Aujourd'hui, les étudiants en sciences de laboratoire obtiennent leur diplôme entre 25 et 27 ans après avoir accumulé des prêts étudiants pendant 6 à 8 ans. Même si ma profession n'est pas censée bénéficier du programme de radiation des prêts, je crois que c'est un encouragement à s'établir dans des collectivités rurales et isolées.
Contrairement à un emploi dans une grande agglomération urbaine, qui est souvent temporaire ou occasionnel, un emploi dans ces collectivités a l'avantage d'être permanent et à temps plein. Nous croyons qu'un tel emploi, s'ajoutant à un programme de radiation des prêts qui débarrasse les gens des dettes contractées pendant des années, peut vraiment être utile. D'autres programmes peuvent comprendre des bonis de réinstallation, mais nous constatons qu'il arrive parfois que des employeurs rachètent le contrat ou l'entente de retour au service.
Je ne sais pas trop quelle peut être la solution parfaite, mais j'aimerais bien que ma profession puisse, si possible, participer au projet pilote.
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Je voudrais ajouter quelque chose.
Nous avons des données, mais elles ne sont pas suffisantes. Les représentants du Collège royal ont abordé cette question. La planification des ressources humaines en santé est complexe. Il ne suffit pas d'examiner de temps à autre une étude ponctuelle pour conclure qu'il y a un surplus ou que l'apport de 1 600 médecins de cette année a été positif. Ce n'est pas suffisant. Nous devons nous faire une meilleure idée globale de ce qui se passe. Nous devons savoir qui va terminer ses études, combien d'heures chacun compte travailler, où chacun veut aller et de quelles infrastructures tous ces gens auront besoin. Nous devons disposer de beaucoup plus de renseignements que les nombres nets que nous avons actuellement. De multiples facteurs entrent en jeu.
Il ne serait pas facile de concevoir une base de données de ce genre, mais de nombreux intervenants sont intéressés et seraient disposés à contribuer aux connaissances nécessaires. Je crois que Santé Canada serait un bon partenaire.
Nous convenons donc qu'il y a de l'information, mais nous ne disposons pas de tous les éléments.