:
Merci, monsieur le président. Je vous remercie de votre invitation à comparaître devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
Nous sommes très heureux d'être ici et nous vous félicitons d'avoir entrepris cette étude.
L'étude en question comporte deux volets. Premièrement, il s'agit de combler les lacunes en matière de compétences. Le deuxième volet semble porter sur les pénuries de main-d'oeuvre dans les emplois peu spécialisés. Notre mandat consiste à permettre aux personnes qui n'ont pas de compétences de se spécialiser. Voilà pourquoi je vais m'attarder au premier volet de votre étude plutôt qu'au second.
Nous sommes la voix des collèges, des cégeps et des écoles polytechniques publiquement financés du Canada. Nous avons certains membres en commun avec Polytechnics Canada, dont des représentants sont ici aujourd'hui. Nous représentons 150 établissements qui comptent le nombre remarquable de 1 000 campus un peu partout au pays.
Le Canada est confronté à deux réalités qui justifient la présente étude. Premièrement, dans notre économie du savoir, les milieux de travail sont de plus en plus imprégnés de technologies. Comme j'aime à le répéter, ce BlackBerry comprend davantage de technologie informatique que la navette Apollo 13. Cela me renverse, mais je sais que c'est exact.
Dans pratiquement tous les secteurs, les postes de premier échelon nécessitent une connaissance approfondie de systèmes complexes: 70 p. 100 des nouveaux emplois de nos jours exigent un diplôme postsecondaire. Nous croyons que ce chiffre va passer à 80 p. 100. Notre taux de diplomation postsecondaire étant de 60 p. 100, il y a manifestement un écart à combler.
La deuxième réalité, c'est que le Canada est confronté à un déficit démographique débilitant. Notre population vieillit rapidement. Mon expérience personnelle le confirme. On constate un exode du marché du travail de proportion endémique, car des millions de baby-boomers partent à la retraite. En 2011, le premier baby-boomer a eu 65 ans.
Nous croyons que l'immigration est une solution à notre problème, mais en fait, ce n'est qu'une toute petite partie de la solution. Même en tenant compte de l'immigration, le taux de participation au marché du travail canadien passera d'un peu plus de 60 p. 100 à un taux de 40 p. 100. Je ne veux pas entrer dans les détails, mais il s'agit d'un recul gigantesque du taux de participation au marché du travail. Cette statistique entraîne des conséquences étendues.
Dans une certaine mesure, la faible reprise depuis la récession de 2008 a masqué la pénurie actuelle de travailleurs très qualifiés. Néanmoins, les chefs d'industrie ont exprimé de grandes préoccupations au sujet des pénuries de compétences et de travailleurs.
Récemment, le Globe and Mail a signalé que deux tiers des cadres d'entreprises canadiens ayant participé à un sondage ont déclaré avoir de la difficulté à trouver des employés qualifiés. Selon le tiers d'entre eux, la pénurie de main-d'oeuvre est si grave qu'elle empêche leurs entreprises de prendre de l'expansion au rythme souhaité.
Il y a à peine deux semaines, la Chambre de commerce du Canada a annoncé les 10 principaux obstacles à la compétitivité. La crise du capital humain vient au premier rang. C'est la priorité absolue pour 2012.
Je peux vous donner certaines statistiques, même si vous en avez probablement déjà entendu de nombreuses. Le secteur de la construction s'attend à avoir besoin de 325 000 travailleurs qualifiés d'ici 2019. Le secteur des technologies de l'information et des communications prévoit qu'il faudra 106 000 analystes, techniciens et consultants d'ici 2017. L'industrie minière aura besoin de 65 000 opérateurs et gestionnaires d'industries primaires.
Nous pesons nos mots lorsque nous affirmons qu'à moins d'un changement, d'ici 10 ans, les employeurs n'arriveront pas à trouver de candidats qualifiés pour les 1,5 million de postes vacants, tous secteurs confondus. Peut-être que ce sera un peu plus ou un peu moins, mais cette statistique est pertinente et valable.
En ce moment, 2,2 millions de Canadiens de 25 à 64 ans n'ont pas de diplôme d'études secondaires, et 40 p. 100 des adultes ont des problèmes d'alphabétisation. La solution réside surtout dans les collèges qui offrent des programmes de mise à niveau permettant aux adultes d'obtenir un diplôme d'études secondaires et de faire des études postsecondaires.
Les collèges, instituts, écoles polytechniques et cégeps excellent à offrir une éducation accessible et rentable au niveau postsecondaire ainsi qu'un apprentissage continu, ce qui est d'une importance capitale. Ces établissements ont la capacité unique d'encadrer les personnes marginalisées pour qu'elles se rendent jusqu'à la diplomation et à l'emploi.
Malgré l'économie léthargique, plus de 90 p. 100 des étudiants au collégial se trouvent un emploi six mois après avoir terminé leurs études. Nous avons un très bon taux de placement de nos diplômés, qui se trouvent des emplois stables.
Nous nous efforçons beaucoup d'offrir une mise à niveau pour que les apprenants adultes marginalisés acquièrent les compétences essentielles. Nous avons des partenariats solides avec les employeurs pour que nos programmes soient adaptés aux compétences exigées sur le marché du travail.
Nous avons consulté les délibérations de vos réunions précédentes, prêtant attention aux données sur le marché du travail. Nous estimons qu'il y a un besoin à l'échelle nationale. Nous travaillons à entretenir des relations très étroites avec les employeurs locaux en vue d'anticiper les besoins et de répondre à la demande actuelle.
L'acquisition de compétences essentielles, dont il a été question lors de votre dernière séance, constitue une dimension très importante de l'employabilité. C'est particulièrement efficace pour les personnes marginalisées. Les étudiants comprennent les applications réelles des éléments appris. Des investissements modestes dans la mise à niveau des compétences essentielles, comme la compréhension de documents, la pensée critique et la résolution des problèmes, peuvent stimuler considérablement la productivité.
Le budget de 2012 a souligné l'importance d'établir un lien entre la mise à niveau des compétences et l'offre d'une forme d'aide aux étudiants des Premières nations dans les réserves. Ce modèle pourrait avoir une application élargie.
Pour vous expliquer plus en détail notre collaboration avec le secteur privé, je dois indiquer que les comités consultatifs des programmes collégiaux, qui sont composés d'employeurs locaux, établissent et actualisent le programme de cours pour s'assurer que les diplômés collégiaux disposent de connaissances de pointe et de compétences pratiques dont les employeurs ont besoin. Un partenariat solide avec les employeurs permet également aux collèges d'offrir des occasions de placement et de stage, une approche clé pour s'assurer que les diplômés sont prêts pour le marché du travail. Comme je l'ai dit, nous avons un taux de placement supérieur.
Nous effectuons beaucoup de recherche appliquée. Notre économie repose surtout sur les PME. En fait, 98 p. 100 des entreprises canadiennes sont des PME, et les collèges collaborent étroitement avec celles-ci pour répondre aux besoins en matière de recherche appliquée. Je crois que la contribution des collèges est importante, car le gouvernement du Canada a commencé à l'appuyer.
L'immigration accrue constituera une partie de la solution aux problèmes de pénurie de compétences. Nous assumons un rôle en appuyant l'intégration des immigrants au marché du travail. En fait, notre association collabore étroitement avec Citoyenneté et Immigration Canada pour aider les travailleurs qualifiés acceptés par le gouvernement fédéral à respecter les exigences en matière de titres de compétences étrangers, grâce à une orientation offerte avant le départ et à des services de référence fournis par le truchement du Programme canadien d'intégration des immigrants. Jusqu'à présent, nous avons servi 22 000 clients. Les candidats sélectionnés dans la catégorie des travailleurs qualifiés ont les titres de compétences requis pour venir au Canada. Avant qu'ils n'arrivent, nous offrons des programmes pour les aider à trouver un emploi rapidement.
Je vous ai fait un survol des stratégies d'atténuation, de la contribution de nos établissements d'enseignement et des immenses défis auxquels nous sommes confrontés. Pour s'attaquer à ces grands problèmes, le Canada devrait donner la chance aux segments de la population qui traditionnellement ont été marginalisés, par exemple les Autochtones, les personnes handicapées, les immigrants pauvres, les jeunes hommes isolés, qui constituent une très grande catégorie, et les familles qui dépendent de l'aide sociale depuis longtemps, afin de permettre à ces Canadiens de se tailler une place dans notre économie grâce à l'éducation.
Une main-d'oeuvre très qualifiée et la réalisation du potentiel de chaque Canadien constituent notre seule solution pour garantir des emplois et une économie viable. Autrement dit, ceux qui devraient être le moteur de notre économie vivent déjà ici. Nous devons nous assurer qu'ils disposent des outils nécessaires pour participer pleinement à cette économie. Or, ces outils ne peuvent leur être donnés que par l'éducation.
Alors, comment arriverons-nous à hausser de façon considérable le taux de participation aux études postsecondaires? Si j'avais toutes les réponses, je serais Salomon. Mais je ne suis pas Salomon.
Je ne connais pas toutes les pistes de solution, mais je sais que le problème est si grave qu'il faudrait que tous les ordres de gouvernement et tous les secteurs, y compris le secteur privé ainsi que la société civile, s'attaquent au problème. Nous devons y accorder une attention nationale, faute de quoi le revenu per capita chutera rapidement. Le gouvernement fédéral doit absolument être l'un des principaux intervenants.
Des stratégies d'atténuation ont été adoptées. On a apporté des changements à l'immigration, à la façon de faire à RHDCC, mais ce n'est pas suffisant. Il faut adopter une démarche nationale, comme nous l'avons fait pour la construction du chemin de fer transcanadien jusqu'au Pacifique. C'est comme se lancer en guerre, car tous les actifs de la société doivent être mis à profit dans l'intention d'atteindre un objectif commun. Voilà l'ampleur de notre problème. Au cours des 10 dernières années, 1,5 million d'emplois sont demeurés vacants, faute de travailleurs qualifiés.
Je vous souhaite de bien réussir votre étude et votre audition de témoins. Je vous souhaite également de voir grand, car la tâche est énorme.
Avant de terminer, j'aimerais prendre quelques instants pour proposer en quelques mots une solution probable. Cette petite idée va à contre-courant et peut s'avérer politiquement inacceptable. La part dévolue à l'éducation postsecondaire dans le cadre du Transfert canadien en matière de programmes sociaux est d'un peu moins de 4 milliards de dollars. Si la pénurie de compétences devient si grave que la croissance économique en est entravée — honnêtement, je crois que c'est déjà le cas —, le gouvernement du Canada pourrait vouloir assujettir le transfert à des résultats attendus, tout comme il l'a fait pour les temps d'attente en matière de santé. Votre gouvernement pourrait indiquer aux provinces qu'il attend certains résultats en regard des contributions qu'il fait à l'éducation postsecondaire.
Je peux vous affirmer que, dans certaines provinces, malgré la pénurie de travailleurs spécialisés, les gouvernements respectifs réduisent leurs investissements en éducation postsecondaire. C'est la dernière chose qu'on souhaite, compte tenu de notre dépendance aux technologies et aux connaissances techniques en milieu de travail ainsi que de notre déficit démographique énorme.
Je serai ravi de discuter de ces questions avec vous. Pour engager le dialogue, nous avons deux projets. Premièrement, nous serons les hôtes du congrès mondial de la Fédération mondiale des collèges et des écoles polytechniques qui aura lieu à Halifax au mois de mai. En 2013, nous planifions de lancer un dialogue national à l'occasion d'un grand événement qui sera tenu à Ottawa pour discuter de ces questions.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de m'écouter, monsieur le président.
Pour reprendre là où Jim a terminé, je souligne que nous sommes tous au courant du fait que le Canada est en première place parmi les pays de l'OCDE en ce qui trait au taux de réussite postsecondaire. Or, on reconnaît rarement le fait que cette position est attribuable au taux de diplomation du secteur collégial. S'il n'en tenait qu'aux universités, le Canada occuperait la 11e place au sein de l'OCDE. Voilà pourquoi Jim et moi souhaitons souligner la contribution capitale du secteur collégial.
Je vous remercie chaleureusement de m'avoir invitée aujourd'hui. Je suis accompagnée de Kent Doyle, directeur de Politiques chez Polytechnics Canada. Ken consacre de plus en plus de temps à essayer de comprendre les problèmes structurels auxquels sont confrontés les apprentis, soit les personnes de métier.
Vos deux études sur les professions à forte demande et les obstacles qui empêchent de pourvoir les emplois peu spécialisés tombent à point nommé. Les audiences tenues jusqu'ici ont permis de vous faire connaître la mauvaise nouvelle: les nouveaux diplômés canadiens connaîtront un marché du travail de plus en plus difficile pendant plusieurs années.
Vous avez posé à répétition des questions aux témoins au sujet du paradoxe terrible que crée cette mauvaise nouvelle: la pénurie de compétences se constate au moment même où les employeurs et des secteurs industriels clés déplorent une pénurie de travailleurs qualifiés. En fait, deux types d'apprenants sont pris au piège dans ce paradoxe: le jeune à risque traditionnel qui ne suit aucune formation ou programme d'études et l'entrant mal intégré au marché du travail, susceptible d'être sous-employé et incapable d'avoir des ambitions professionnelles, mais tout de même surqualifié pour les petits boulots précaires typiques.
Aujourd'hui, mon propos portera sur les préoccupations précises concernant la façon d'améliorer les données relatives au marché du travail et la façon d'accroître la mobilité de la main-d'oeuvre. Je vous signale que mon exposé mettra l'accent sur certaines solutions à ces questions, à savoir le besoin de mobiliser la réserve de talents, de demander des données auprès des intervenants, de réexaminer notre modèle d'apprentissage car il comporte des vices structurels dans sa logique et de comprendre que l'éducation de premier cycle n'est pas simplement l'affaire du secteur universitaire. En simplifiant les transferts et la transition entre les établissements d'éducation supérieure, on accroîtrait l'offre de professionnels qualifiés dans les domaines à forte demande.
Nos recommandations formulés aujourd'hui proviennent de l'expérience tirée par neuf collèges ou instituts technologiques et polytechniques financés publiquement et membres de Polytechnics Canada. Comme Jim l'a noté, certains de nos membres font également partie de son association, mais ce n'est pas le cas pour tous.
Essentiellement, à titre de sous-groupe du milieu collégial bien connu ou du secteur non universitaire, nos membres sont situés dans des régions économiques clés du Canada, soit là où nous avons constaté la plus grande proportion de pénuries de main-d'oeuvre. Notre modèle d'éducation est essentiellement un apprentissage pratique. Nous offrons une éducation pratique avancée dans divers domaines: techniques, affaires, santé et métiers. Ces domaines comportent un grand volet de compétences numériques ainsi que l'apprentissage en STIM, c'est-à-dire les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques.
À l'instar des neuf grands instituts technologiques, les compétences numériques imprègnent tous nos programmes, qu'il s'agisse de l'informatique, d'administration des affaires et même d'éducation de la petite enfance. Ces compétences sont enseignées dans une optique pratique et sont toujours fonction des besoins de l'industrie, tous programmes confondus. Jim a parlé de la nature réaliste de ce type d'apprentissage. Ce modèle est conçu en partenariat avec les employeurs, et comprend les étapes de la conception du programme de cours jusqu'au stage co-op, aux stages pratiques et aux placements en milieu de travail.
Tous nos membres offrent un éventail de diplômes, de l'apprentissage au baccalauréat de quatre ans en passant par des certificats de premier et de deuxième cycles. J'aimerais vous parler de récentes données vérifiées qui expliquent la taille et l'ampleur de l'éducation polytechnique au Canada, un fait méconnu.
Nos neuf membres à eux seuls accueillent 182 000 étudiants à temps plein et 53 000 étudiants à temps partiel; ils offrent 86 programmes de baccalauréat indépendants de quatre ans qui produisent plus de 2 000 diplômés sur le marché du travail chaque année. Plus de 32 000 apprentis et 84 p. 100 de nos diplômés trouvent un emploi dans les six mois suivant la diplomation, quel que soit le domaine d'études.
J'aimerais mettre l'accent sur une nouvelle tendance décelable à partir des données: 45 p. 100 de nos étudiants ont déjà une formation postsecondaire. En fait, 13 p. 100 sont des diplômés de l'université qui viennent chercher un certificat d'un an dans un domaine spécialisé en vue de décrocher un emploi.
Nous devons reconnaître qu'il existe une différence entre la formation universitaire et la formation collégiale en général: les diplômés universitaires espèrent obtenir des emplois; les étudiants des collèges s'attendent à avoir un emploi. À titre de fournisseurs importants de formation technique, nous voulons que le comité reconnaisse que les apprentis canadiens s'efforcent de suivre une carrière dans un métier spécialisé, pas juste un emploi.
Le système des collèges voit un nombre croissant d'apprentis inscrits qui sont déjà titulaires d'un baccalauréat ou d'un autre diplôme postsecondaire. Le fait de suivre un apprentissage enregistré est, dans le domaine des métiers spécialisés, l'équivalent des études supérieures, ce que devrait appuyer le gouvernement fédéral.
Ce modèle d'apprentissage exige que 80 p. 100 de la formation soit dispensée en milieu de travail et 20 p. 100 en classe. Il est important de préciser que nos institutions considèrent ces apprentis comme des étudiants, tout comme les autres étudiants postsecondaires. Cela a favorisé la croissance de programmes hybrides qui donnent accès à de la formation en classe mais aussi à d'autres titres comme un diplôme ou un certificat lié à l'administration des affaires.
Étant donné que tous les apprentis sont, sur le plan fiscal, traités comme des employés plutôt que comme des étudiants, peu d'aide financière leur est disponible pendant leur formation. Ce fardeau a des répercussions considérables sur les apprentis de plus de 25 ans, qui sont confrontés à des obligations financières constantes, comme un loyer à payer, des versements pour leurs véhicules ou le remboursement de prêts existants, ce qui ne les incite pas à quitter un emploi pour revenir en classe, et ce qui les forcent souvent à arrêter leurs études avant d'obtenir un diplôme.
Voici notre première recommandation: que toutes les parties prenantes mettent en commun leurs données sur l'offre et la demande. Je m'explique: comme vous avez pu l'entendre dans l'exposé de RHDCC, les données sur le marché du travail canadien sont tout à fait inadéquates, périmées et erronées d'un point de vue méthodologique. Tous les collèges canadiens, à titre d'entités financées publiquement, font le suivi de leurs inscriptions, des parcours, des diplômes obtenus et des résultats atteints, entre autres indicateurs.
Les gouvernements devraient permettre aux collèges de mettre leurs données à la disposition du public et de toutes les parties prenantes, qu'il s'agisse d'employeurs, d'enseignants du secondaire, d'orienteurs ou de parents. Des systèmes nationaux et locaux efficaces fournissant des données sur le marché du travail permettront d'améliorer le rendement des orienteurs du secondaire, qui seront ainsi mieux en mesure d'aider les étudiants à faire des choix en matière d'éducation et de carrière. Ceux-ci pourront ainsi suivre les cours de mathématiques et de sciences leur permettant de réussir leurs études postsecondaires. Le comité aurait tout avantage à examiner les nombreuses recommandations du Comité consultatif fédéral sur l'information sur le marché du travail de mai 2009.
Deuxièmement, les employeurs, eux aussi, ont des responsabilités. La demande de talents de la part des employeurs n'est pas adéquatement rassemblée et partagée à l'échelon national ou local. Davantage d'employeurs doivent comprendre la dynamique des collèges par rapport à leurs besoins. En outre, les employeurs doivent éviter de favoriser l'inflation des diplômes: pourquoi demander un diplôme de premier cycle alors qu'un diplôme spécialisé de trois ans fait l'affaire?
Troisièmement, les étudiants dans le domaine des métiers spécialisés devraient faire partie intégrante de l'économie du savoir du Canada et des besoins de l'industrie canadienne en matière de talents. Nous incitons le gouvernement à traiter les apprentis comme des apprenants — et non comme des employés — et de mettre à leur disposition l'aide financière à laquelle les autres étudiants postsecondaires ont accès. Cela serait un premier pas vers une nouvelle approche de la formation professionnelle et technique, comme l'ont fait les Européens. Il faut abandonner la distinction erronée entre « formation professionnelle » et « travailleur de l'économie du savoir »; on peut très bien être un « travailleur de l'économie du savoir » et avoir reçu une formation professionnelle.
Quatrièmement, il faut traiter tous les étudiants de premier cycle de façon équitable en ce qui a trait aux programmes de stages industriels financés par des organismes subventionnaires fédéraux. Vous avez entendu des témoignages d'Industrie Canada et du CRSNG sur les mesures d'aide destinées à tous les étudiants universitaires pour ces programme de stages. À ce jour, les étudiants collégiaux de premier cycle sont exclus de ce programme. Il faudrait au moins que les organismes subventionnaires ouvrent ces programmes de stages et d'emplois d'été destinés aux étudiants de premier cycle aux étudiants des collèges et aux étudiants diplômés afin de leur permettre d'avoir les mêmes chances et d'accroître le bassin de talents pour l'industrie.
Enfin, en l'absence d'organismes ou de mécanismes officiels de reconnaissance des crédits, on permet à des obstacles artificiels de demeurer en place, ce qui force les étudiants à suivre de nouveau une formation qu'ils ont déjà acquise ailleurs, ce qui représente un coût considérable pour eux, pour les contribuables et pour l'économie canadienne. Il faut que le secteur des études postsecondaires rende des comptes en matière de reconnaissance des crédits afin de favoriser la mobilité étudiante. Il s'agit là d'une responsabilité partagée et d'un défi national.
J'ai bien hâte de discuter de cela plus en profondeur avec vous.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Herb O'Heron. Je suis le directeur de la Division de recherche et d'analyse des politiques à l'Association des universités et collèges du Canada. Je suis accompagné de M. Greg Fergus. Il est directeur des affaires publiques à l'AUCC.
J'aimerais vous remercier de nous avoir donné la possibilité de nous exprimer devant vous aujourd'hui. J'éviterai certains points qui reprennent un peu ce que mes collègues ont abordé. Il est très important que nous vous fassions part de renseignements sur les tendances en matière d'emploi et d'inscription dans l'ensemble de nos établissements. Depuis de nombreuses années, l'AUCC — et cela fait partie de mon rôle au sein de l'AUCC — produit ce type de renseignements et l'affiche sur des sites Web au profit des orienteurs.
J'ai déposé une série de brochures sur la table au fond de la salle. Il y a aussi une agrafe de données qui contient tous ces renseignements: l'information que nous produisons tous les trois ans, les tendances et des renseignements détaillés sur le marché du travail et l'inscription dans les universités. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les étudiants, les parents et l'ensemble des Canadiens aient accès à des renseignements fiables sur les tendances en matière d'inscription dans l'ensemble du Canada, les tendances du marché du travail et l'employabilité de nos diplômés.
Il est aussi très important, comme Nobina l'a fait remarquer, de reconnaître que nous détenons déjà le taux de participation le plus élevé au monde. En fait, le système des collèges communautaires au Canada est le plus grand système postsecondaire du monde — bien plus grand que ceux de nombreux pays. Proportionnellement, le système canadien est bien plus grand que celui des États-Unis. C'est le secteur universitaire qui est bien plus petit, ce qui contredit peut-être l'idée que l'on entend selon laquelle tout le monde devrait aller à l'université.
En fait, lorsque l'on examine les tendances qui se dégagent des données sur le nombre de diplômés universitaires et collégiaux, environ 30 p. 100 de la population âgée de 25 à 34 ans est titulaire d'un diplôme universitaire, environ 37 p. 100 détient un diplôme d'études collégiales ou professionnelles, environ 25 p. 100 n'ont qu'un diplôme d'études secondaires et 7 p. 100 n'ont pas terminé l'école secondaire. Il y a donc beaucoup de place à amélioration.
Nous avons déjà un grand nombre de diplômés. Jim a assisté à une réunion la semaine dernière à Vancouver, où il a pu participer à une discussion entre présidents d'universités et de collèges sur la manière dont on peut améliorer, faciliter, rendre plus flexibles et harmoniser les parcours des diplômés et des étudiants des universités et des collèges pour favoriser la mobilité interétablissements afin de mieux répondre aux besoins de l'économie.
Quelles sont les raisons de la croissance que nous avons pu observer dans les tendances en matière d'inscription aux universités ou aux collèges? En fait, il y a un plus grand nombre d'apprentis au Canada maintenant. Leur nombre a doublé au cours de la dernière décennie. Le nombre d'étudiants dans les collèges n'a jamais été aussi élevé, et il y a eu une croissance de 50 p. 100 du nombre de demandes d'inscription.
Ces tendances sont imputables aux signaux envoyés par nos employeurs. Il y a une très forte croissance des inscriptions au Canada, et les choses changent considérablement. On assiste donc à une diminution du nombre de gens qui n'ont fait que des études secondaires ou qui sont moins employés dans notre économie. On observe aussi une certaine croissance du nombre de gens qui ont des certificats professionnels — environ 31 p. 100. Le nombre de travailleurs qui détiennent un diplôme universitaire ou collégial a doublé depuis 1990.
Il s'agit là des signaux qui sont envoyés aux étudiants et à leurs familles pour qu'ils sachent où se trouvent les emplois, quels sont les secteurs porteurs et vers quoi eux et leurs enfants devraient se tourner lorsqu'ils se demandent quels types d'éducation sont en demande dans notre économie.
La diapositive suivante indique véritablement les types d'emplois offerts. Il s'agit ici des emplois professionnels et de gestion. On y voit le type de croissance qui s'opère dans ce domaine pour les diplômés d'universités et de collèges depuis les 20 dernières années. Dans le secteur professionnel et de la gestion, 1,4 million d'emplois ont été créés pour les diplômés universitaires. Six cent mille autres emplois de soutien administratif et technique ont été créés pour les diplômés universitaires.
Lorsque l'on examine les variations de la croissance de l'emploi pour les diplômés collégiaux, on voit que le nombre d'emplois de toutes sortes a doublé dans les domaines du soutien technique et administratif, des métiers et de la fabrication. Il y a une très forte croissance.
Ce que nous constatons, c'est une baisse spectaculaire de la proportion des emplois qui ne demandent qu'un diplôme d'études universitaires voire moins. Les gens qui occupent ces emplois quittent le marché du travail parce qu'ils prennent de l'âge et sont remplacés par des diplômés d'universités et de collèges très bien formés et qualifiés.
Nous savons qu'il s'agit de bons emplois, parce que le revenu des diplômés continue à grimper. Si on regarde les niveaux de revenu de...
:
Je vous prie d'excuser ce petit contretemps.
On sait que le niveau de revenu augmente proportionnellement aux études, à l'âge et à l'expérience sur le marché du travail. Le tableau montre que les niveaux de revenu des diplômés collégiaux ou des détenteurs de certificat professionnel sont bien supérieurs à ceux des gens de tous âges qui n'ont qu'un diplôme d'études secondaires. Les revenus des diplômés universitaires sont également plus élevés et continuent à augmenter avec le temps. La courbe suit celle de la croissance du marché du travail.
Le nombre de diplômés universitaires ou collégiaux a grimpé en flèche. Le fait que l'écart de revenu entre eux et les autres travailleurs continue à augmenter montre, comme l'a mentionné Nobina, qu'ils ne vont pas travailler chez McDonald.
L'équilibre se maintient depuis 20 ans parce que l'offre de main-d'oeuvre a suivi la demande du marché du travail. L'avantage financier lié aux études continue à se maintenir ou à augmenter.
Toutefois, comme le disait Jim, les tendances actuelles laissent croire que l'avenir sera fort différent. Ainsi, la population âgée de 65 ans et plus va doubler alors que la population des 25 à 64 ans va augmenter d'environ 8 p. 100 au cours des prochaines années puis plafonner. Quelles seront les répercussions de cette évolution sur la croissance potentielle du marché du travail? Que faut-il faire? Nous n'avons pas assez de gens dans le segment des 25 à 64 ans. Nous devons faciliter le plus possible l'accès aux études postsecondaires pour cette catégorie de la population. Les taux d'emploi de même que les niveaux de revenu augmentent parallèlement aux niveaux d'études.
Que faut-il faire? Le plus important à mon avis, c'est non seulement de faciliter l'accès aux études postsecondaires, mais aussi de veiller à ce que leur qualité soit la meilleure possible. Ainsi, nos nouveaux diplômés pourront contribuer à la croissance économique qui sera nécessaire pour répondre aux besoins que le vieillissement de la population entraînera pour notre économie et notre société.
Où seront les emplois au cours des 20 prochaines années? Tout comme les autres témoins qui ont comparu devant votre comité, je ne peux pas le prévoir avec exactitude, je ne sais pas dans quelle profession il y aura du travail. Beaucoup de ces professions n'existent même pas encore.
Je peux cependant vous dire que les universités offrent à leurs étudiants une formation personnelle et professionnelle qui leur permettra de s'adapter à l'évolution des exigences du marché du travail. Il est étonnant de voir ce qui s'est passé pour les programmeurs d'ordinateur. Environ 40 p. 100 d'entre eux ont un baccalauréat en informatique. Environ 23 p. 100 ont un diplôme de génie dans diverses disciplines. Enfin, 10 p. 100 possèdent un diplôme en gestion. Les autres sont diplômés dans une foule d'autres domaines, dont l'anglais et la géographie.
Pourquoi? Parce qu'ils peuvent s'adapter et apprendre sur le tas. Ils peuvent fréquenter l'établissement de Nobina et des universités, obtenir un certificat en informatique et dans d'autres domaines parce qu'ils savent s'adapter, qu'ils sont en mesure de continuer à apprendre pendant toute leur vie. Voilà le genre de diplômés dont nous avons besoin pour répondre à l'évolution du marché du travail et pour occuper dans 20 ans des emplois que nous ne pouvons même pas encore imaginer.
S'il est possible de déterminer les profils de compétences dont le marché du travail aura besoin, il est beaucoup plus difficile de le faire pour une profession particulière. Voilà pourquoi les universités mettent tout en oeuvre pour rehausser la qualité des études de premier cycle. Une excellente expérience d'apprentissage produit des étudiants plus engagés et productifs qui, une fois diplômés, deviendront la prochaine génération d'avocats, de médecins, de gestionnaires, de scientifiques, de travailleurs sociaux, de leaders et d'innovateurs. Voilà le genre de diplômés dont nous aurons besoin dans l'avenir.
Nos membres ont trouvé des moyens d'intégrer leurs programmes d'études aux réalités locales et aux besoins du secteur privé. Plus de la moitié de nos établissements d'enseignement ont établi des liens avec le secteur privé qui les aide à mettre leurs programmes à jour, à fixer des cibles d'inscription et à mettre au point des programmes qui répondront aux besoins de leurs étudiants au cours des prochaines décennies.
Les universités collaborent également avec le secteur privé afin de multiplier les occasions de stages. Grâce à l'expérience qu'ils auront acquise dans le secteur privé, le milieu communautaire, les organisations bénévoles, à l'occasion de stages, de programmes d'alternance travail-études et de placement sur le terrain, les étudiants pourront établir des liens avec le secteur privé et des employeurs locaux pendant leurs études.
Il est très important que les universités mettent au point de telles formules. À l'heure actuelle, environ 40 p. 100 des étudiants en bénéficient au cours de leur formation. Avec les employeurs, nous cherchons à accroître le nombre de telles activités.
Que pouvons-nous faire d'autre pour progresser? Outre les enjeux que j'ai déjà décrits, à quelles autres questions devrait réfléchir votre comité?
Il n'y a pas assez de formation en cours d'emploi au Canada. Nos employeurs offrent moins de formation que ceux d'autres pays; ils donnent beaucoup moins d'heures de formation en cours d'emploi à leurs employés.
Nous pourrions tabler sur ce qui se fait ailleurs. Les établissements postsecondaires du Canada collaboreraient volontiers avec les employeurs pour multiplier les possibilités de formation en cours d'emploi et de stages pour leurs étudiants, de manière à ce que les études postsecondaires répondent davantage aux besoins du marché du travail.
Il faut accroître la participation des groupes sous-représentés, tout particulièrement des Autochtones. À l'heure actuelle, 460 000 d'entre eux ont moins de 20 ans. Ils forment un excellent bassin de main-d'oeuvre. Or, ils sont deux fois moins susceptibles d'obtenir leur diplôme d'études secondaires que les autres Canadiens, et trois fois moins susceptibles d'obtenir un diplôme universitaire. Il y a beaucoup de moyens d'améliorer le taux de participation au marché du travail et de diplomation universitaire des Autochtones, ce qui leur permettrait eux aussi de contribuer à l'économie et d'occuper les emplois de l'avenir.
Par ailleurs, il faut offrir plus de formation pratique à nos étudiants. Tous les établissements de formation postsecondaire essaient de mettre leurs étudiants en rapport avec des entreprises locales. Comme je disais, quelque 98 p. 100 de nos entreprises sont des PME qui ont besoin de ce genre de soutien. Ils gagneraient à compter un diplômé universitaire ou collégial parmi leurs employés.
Enfin, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la diffusion d'information sur le marché du travail. Il y a toutes sortes d'informations à ce sujet, mais nous devons nous assurer qu'elles sont fiables. Il faut prendre les moyens pour exploiter les données qui existent et pour les faire connaître.
J'ai une foule d'informations sur le marché du travail que je n'aurai pas le temps de vous communiquer. Je pourrais vous donner le profil professionnel des diplômés dans chaque domaine, par exemple des diplômés en sciences sociales et vous indiquer les emplois qu'ils occupent. Il faut diffuser ce genre d'information pour que les employeurs et les étudiants sachent quelles carrières sont possibles dans un vaste éventail de disciplines collégiales ou universitaires, quelles études les conduiraient à une bonne carrière plus tard.
Je m'arrête là. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier personnellement tous les témoins de s'être déplacés.
La réunion est très enrichissante. J'ai déjà rencontré certains d'entre vous dans le cadre du caucus conservateur pour l'éducation postsecondaire lors de nos déplacements partout au pays. Nous avons parcouru tout le pays et avons visité environ 30 établissements postsecondaires, y compris de nombreux collèges, écoles polytechniques et universités.
Lors de notre dernier périple, nous avons mis le cap sur l'Alberta, où nous nous sommes d'abord rendus au Olds College. Puis, nous sommes allés au Red Deer College et nous avons visité l'Université de l'Alberta. Ce qui est unique et ce que j'aimerais que vous commentiez tous, c'est ce dont M. Knight a parlé et ce à quoi, sauf erreur, M. O'Heron a fait référence: la nécessité que tous les partenaires du secteur postsecondaire travaillent ensemble pour créer les débouchés et les possibilités de carrière qui n'existaient pas par le passé.
Confrontons-nous à la réalité. Les établissements ont travaillé en vase clos à divers égards, et je crois que l'ouverture constitue l'un des changements les plus encourageants. Chaque fois que nous avons fait ces visites d'un jour dans les différentes régions du pays, nous sommes toujours rentrés chez nous très optimistes et très enthousiastes à l'idée que des changements s'opéraient. Je félicite chacun d'entre vous d'avoir travaillé ensemble pour réaliser ces changements.
Monsieur Knight, vous avez dit que nous détenons les ressources nécessaires dans notre pays et que nous devons tendre la main aux laissés-pour-compte. Je crois que les établissements partenaires disposent de moyens créatifs pour réaliser cet objectif grâce à la réaffectation des ressources qu'ils ont utilisées à d'autres fins. Selon moi, on n'a pas nécessairement besoin de nouveaux fonds pour résoudre ces problèmes et créer une nouvelle génération d'établissements qui accueilleront les laissés-pour-compte et leur diront: « Venez vous instruire et devenez tout ce que l'éducation peut vous aider à devenir. »
J'aimerais me concentrer sur le Olds College. Bien que la population de Olds en Alberta ne s'élève qu'à environ 8 000 personnes, la ville est unique puisqu'elle préconise l'éducation postsecondaire aussitôt que les élèves commencent la maternelle. L'école secondaire est maintenant sur le campus du collège. Quand le besoin de construire une nouvelle école secondaire s'est fait sentir, on l'a bâtie sur le campus de Olds College.
En ce qui a trait aux obstacles à l'obtention de deniers publics, le collège a créé un théâtre financé par la collectivité. Vous connaissez probablement ce collège. Après ma visite, je me suis dit que, en effet, ce genre de projet fonctionne dans une collectivité de 8 000 personnes.
Comment pouvons-nous tirer des leçons de ce projet et les appliquer pour mettre fin aux obstacles? Quand je me rends à Red Deer, je remarque de nombreuses réalités dont vous avez parlé, comme les partenariats avec le secteur privé et les initiatives pour mener des recherches pour le secteur privé que les PME ne peuvent pas se payer. Il y a de nombreuses belles réussites partout au pays. Nous vivons des moments fébriles, et je suis certain que vous le remarquez.
Dans l'état actuel des choses, comment pensez-vous que nous pourrons réaliser nos objectifs? Admettons-le: la difficulté sera d'obtenir des fonds des gouvernements provinciaux et fédéral. Comment pouvons-nous composer avec les ressources existantes, les réaffecter, aplanir les obstacles et permettre aux élèves de 9e année de comprendre l'importance de poursuivre leurs études après la 12e année? Dans ma province, il y avait une 13e année, qu'on a abolie il y a quelques années. C'est une excellente source de motivation pour les élèves de la collectivité et pour le collège communautaire qui travaillent avec les jeunes.
Comment pouvons-nous réaliser ces objectifs? Je crois que les éducateurs, les présidents d'établissements postsecondaires et leurs équipes de gestion — la totalité des équipes — travaillent à ces objectifs. Nous abattons les barrières.
Je vous ai fait part de mes idées et je vous demanderais maintenant de me donner vos opinions quant aux façons dont nous pouvons poursuivre sur notre élan.
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Je connais le Olds College et je connais très bien son président. Ce collège a fait preuve d'un excellent leadership et de beaucoup d'imagination.
Je pourrais dire la même chose du Collège Red Deer dont vous avez parlé.
Voici un autre exemple: on y offre un programme pour les professionnels de soins aux aînés, et la résidence pour personnes âgées se trouve sur le campus. Je trouve que c'est génial.
Il existe toutes sortes d'idées novatrices formidables. J'ai le plus grand respect pour ces établissements et pour leurs dirigeants.
Je dirais que l'Alberta est un des véritables leaders. Le secteur est très bien financé et compte beaucoup de ressources. Les autres provinces ont plus de difficultés parce que leurs ressources et leurs financements ne sont pas aussi disponibles.
J'aimerais parler d'un autre exemple. J'ai été témoin de l'idée novatrice la plus survoltante dont je peux me rappeler lors de ma première visite au Collège Red River au Manitoba. Je me trouvais avec le président, et il y avait de nombreuses semi-remorques dans le stationnement. Quand je lui ai dit que j'avais remarqué qu'ils offraient un programme en camionnage, il m'a répondu que ce programme n'existe pas et ajouté: « Jim, ces semi-remorques sont des salles de classe mobiles. Nous les acheminons dans le Nord du Canada, dans les réserves autochtones pour nous servir de salles de classe. » Ces installations étaient donc ouvertes aux jeunes Autochtones intéressés par les divers secteurs des ressources naturelles importantes dans le Nord du Manitoba, notamment l'hydroélectricité, la forêt et les mines. On leur dispensait des cours chez eux.
Croyez-moi, je suis très enthousiaste par rapport à plusieurs de ces innovations. Nous nous réunissons, nous échangeons nos idées et nous visitons des établissements. Des présidents d'autres établissements viennent nous voir. Nous réunissons les doyens de facultés et nous leur offrons le programme de formation. Nous échangeons nos idées.
Cependant, nos problèmes démographiques et l'omniprésence de la technologie m'inquiètent toujours. Nous devons faire ce que nous faisons à plus grande échelle. C'est le message fondamental que je veux vous transmettre. Nous avons de formidables idées à communiquer au Canada.
Soit dit en passant, plus que jamais auparavant nous cherchons à travailler avec les universités pour trouver des débouchés, mais nous devons nous atteler à la tâche parce que les obstacles sont énormes.
Voici le message à retenir: c'est un domaine extrêmement important, nos problèmes démographiques sont débilitants et désastreux, et nous devons mieux les gérer.
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D'accord. Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup à tous de votre présence ici aujourd'hui.
Selon moi, il existe deux défis en la matière. Le premier est de savoir comment amener les diplômés du secondaire à suivre la formation et à effectuer des études postsecondaires voulues pour les emplois qui, nous le savons, seront particulièrement répandus dans l'économie de l'avenir. M. Knight a évoqué cette question plus tôt. Ne parlons donc pas de métiers; inventons un terme nouveau, excitant, n'importe quoi pour pousser les gens dans cette direction, parce que nous savons que ce sont des emplois d'avenir.
Nous avons donc un groupe de personnes: les nouveaux diplômés du secondaire que nous tâchons d'attirer dans cette voie. Il existe selon moi un second groupe — à vous de me dire si c'est différent ou si on peut traiter tout le monde de la même façon —, celui des personnes qui se présentent de temps à autre dans mon bureau, qui ont eu une carrière, ont travaillé quelque part pendant une dizaine d'années, qui ne peuvent plus travailler dans ce domaine, parce que l'entreprise a fermé ses portes ou l'économie a changé. Ce sont des personnes qui ont pu être hautement qualifiées dans un domaine, mais qui n'ont pas nécessairement envie de plier bagage et d'embarquer toute la famille pour aller en Alberta, des personnes qui souhaitent continuer à travailler à Mississauga, la ville dont je suis originaire, mais qui ne peuvent plus le faire dans le domaine en question. Comment les recycle-t-on? Comment les ramène-t-on dans un programme qui leur permettrait d'utiliser certaines des compétences qu'elles ont déjà ou encore de les augmenter ou de les améliorer, afin de pouvoir occuper un emploi dans une autre société de Mississauga qui a désespérément besoin de travailleurs hautement qualifiés? Et je rencontre ces employeurs aussi.
Selon vous, faudrait-il approcher différemment les diplômés du secondaire et les personnes plus âgées, ayant déjà l'expérience du travail, recherchant des occasions de recyclage pour s'orienter dans une nouvelle carrière? Le gouvernement fédéral devrait-il jouer un rôle plus important qu'à l'heure actuelle, dans ces domaines, tout en respectant, bien sûr, nos amis des provinces?
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