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Bonjour, monsieur le président et membres distingués du comité.
Au nom de RHDCC, j'aimerais vous remercier de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui. Je m'appelle Jean-François LaRue et je suis le directeur général de l'Intégration au marché du travail de la Direction générale des compétences et de l'emploi. En remplacement de Catherine Scott, la directrice de la Division des métiers et de l'apprentissage, je suis accompagné de la directrice adjointe de cette division, Micheline Racette, et de Monika Bertrand, directrice du service consacré à la jeunesse et au marché du travail pour personnes handicapées.
Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de l'importance de l'apprentissage pour l'économie canadienne, de quelques défis connexes et du soutien fédéral pour l'apprentissage et les gens de métier.
[Français]
Comme l'ont indiqué mes collègues qui ont comparu devant vous dans le cadre de votre récente étude intitulée « Combler les lacunes de compétences », l'économie canadienne est de plus en plus marquée par des pénuries de main-d'oeuvre qualifiée. La demande est particulièrement prononcée au sein des professions hautement qualifiées parmi lesquelles les métiers spécialisés sont bien en évidence.
En fait, en 2010, environ 2,9 millions de Canadiens et de Canadiennes, soit 17 % de la population active, travaillaient dans des métiers spécialisés.
[Traduction]
L'apprentissage dans des métiers spécialisés offre des possibilités de carrières prometteuses pour les jeunes. L'augmentation de l'offre et de la mobilité des gens de métier qualifiés continue d'être un élément important, non seulement pour doter les postes vacants de métier, mais aussi pour assurer la croissance économique continue du Canada et sa prospérité.
[Français]
Comme beaucoup d'entre vous le savent, l'apprentissage est une méthode de formation axée sur le marché du travail combinant la formation en milieu de travail et la formation technique en classe qui mènent à la certification dans un métier spécialisé. La durée de la formation d'apprentissage varie de deux à cinq ans. Près de 80 à 90 % de cette formation a lieu dans le milieu de travail et le reste se déroule dans un établissement de formation.
[Traduction]
Je ne saurais trop insister sur le rôle critique joué par les employeurs lorsqu'ils prennent la décision d'embaucher et d'inscrire des apprentis et fournissent de la formation en milieu de travail. Je reviendrai là-dessus un peu plus tard.
Le soutien fédéral pour le programme du Sceau rouge est également important. Les provinces et les territoires réglementent et gèrent les programmes d'apprentissage et agréent les gens de métier. Cela fait en sorte qu'il existe 13 systèmes d'apprentissage distincts dans l'ensemble du Canada. Tout en reconnaissant l'autorité des provinces et des territoires dans ce domaine, le gouvernement fédéral s'est engagé il y a longtemps à accroître l'attrait de l'apprentissage dans les métiers spécialisés et à lier les jeunes aux possibilités d'emploi dans ce domaine. Il accomplit cela à l'aide du Programme des normes interprovinciales Sceau rouge. Ce programme représente un partenariat fédéral, provincial et territorial exemplaire d'un demi siècle en matière d'élaboration de normes professionnelles communes et d'examen pour les métiers du Sceau rouge en étroite collaboration avec l'industrie.
En travaillant avec les provinces et les territoires par l'intermédiaire du Conseil canadien des directeurs de l'apprentissage, le CCDA, RHDCC contribue à exécuter et à gérer le programme du Sceau rouge, qui comprend actuellement 53 métiers. En date de 2010, environ 80 p. 100 des apprentis inscrits au Canada travaillaient dans des métiers du Sceau rouge. À titre de programme axé sur l'industrie, le programme du Sceau rouge est la norme d'excellence pour les métiers spécialisés au Canada. Cela assure la reconnaissance des qualifications des gens de métier accrédités à travers le Canada. Plus de 26 000 mentions Sceau rouge sont délivrées chaque année.
Le programme du Sceau rouge favorise l'harmonisation des systèmes d'apprentissage dans l'ensemble du Canada. Par exemple, les guides des programmes interprovinciaux ont été élaborés afin que les provinces et les territoires s'en servent pour guider la partie des programmes d'apprentissage qui touche à la formation technique à l'école. De plus, par l'intermédiaire du programme du Sceau rouge, un certain nombre d'outils et de ressources ont été créés dans le but d'aider les apprentis à perfectionner leurs compétences essentielles.
Le chapitre 7 de l'Accord sur le commerce intérieur est conçu pour faciliter la mobilité de la main-d'oeuvre au Canada, notamment la mobilité des gens de métier. En raison d'une modification apportée en 2009, tous les travailleurs accrédités pour exercer une profession ou un métier réglementé dans une province ou un territoire peuvent, s'ils en font la demande, être également reconnus comme étant accrédités pour ce métier ou cette profession partout au Canada, sans autre exigence de formation, d'expérience ou d'évaluation considérable supplémentaire. Cela comprend les travailleurs qui détiennent des certificats de métiers spécialisés, avec ou sans mention Sceau rouge.
L'Accord sur le commerce intérieur réaffirme l'engagement des gouvernements à l'égard du programme du Sceau rouge en tant que moyen bien établi de fixer des normes communes pour les métiers ou d'harmoniser ces normes.
À l'avenir, l'une des priorités du Conseil canadien des directeurs de l'apprentissage pour 2013-2016 consistera à promouvoir une plus grande uniformité des exigences relatives à la formation, la certification et les normes pour les métiers spécialisés dans l'ensemble des administrations. Le Conseil canadien des directeurs de l'apprentissage a également entrepris des travaux visant à rationaliser les processus utilisés par les provinces et les territoires pour évaluer l'admissibilité des travailleurs formés à l'étranger à être accrédités dans des métiers du Sceau rouge.
Malgré les pénuries de main-d'oeuvre qui sont prévues dans les métiers spécialisés, de nombreux facteurs peuvent dissuader les Canadiens et les Canadiennes d'accéder à un métier spécialisé et de terminer leur formation. Il s'agit là d'une difficulté de longue date à laquelle il n'y a pas de réponse simple.
[Français]
Les groupes sous-représentés dans les métiers, tels que les peuples autochtones et les travailleurs formés à l'étranger, doivent aussi surmonter des obstacles uniques quant aux compétences essentielles, aux réseaux sociaux et familiaux limités et aux difficultés relatives à la reconnaissance des titres de compétence, entre autres.
[Traduction]
Les jeunes, en particulier, ne sont pas attirés vers les métiers spécialisés après avoir terminé leurs études secondaires. En effet, l'âge moyen d'inscription à l'apprentissage est de 25 ans. Plusieurs sondages ont révélé que les jeunes considèrent à tort les métiers spécialisés comme des emplois dangereux et peu rémunérés qui présentent un faible potentiel d'avancement.
En fait, de telles idées fausses véhiculées par les parents, les enseignants et les conseillers d'orientation peuvent faire en sorte que les jeunes fréquentant l'école secondaire s'éloignent des métiers spécialisés au profit des études universitaires. L'Enquête nationale auprès des apprentis de 2007 a démontré que seulement la moitié des apprentis inscrits connaissaient les programmes d'apprentissage lorsqu'ils fréquentaient l'école secondaire et que le tiers seulement avaient pris part à des programmes professionnels ou techniques à l'école secondaire.
En outre, la croyance selon laquelle une carrière dans les métiers n'offre pas d'avenir financier viable aux jeunes est inexacte. Sur le plan des salaires, les données tirées de l'Enquête sur la population active indiquent que la moyenne des gains hebdomadaires des travailleurs des métiers spécialisés a été systématiquement supérieure à celle de tous les métiers au cours des 10 dernières années.
Malgré ces idées fausses, l'inscription aux apprentissages a augmenté au cours des deux dernières décennies. En fait, l'inscription aux programmes d'apprentissage a augmenté de 120 p. 100 depuis 1995, ce qui témoigne de la demande soutenue sur le marché du travail.
Toutefois, près de 50 p. 100 des apprentis ne terminent pas leur programme d'apprentissage. Il existe de nombreuses explications possibles de ce fait.
Selon l'Enquête nationale auprès des apprentis de 2007 et la recherche menée par le Forum canadien sur l'apprentissage, une personne peut mettre fin à son apprentissage en raison d'une insuffisance de travail ou de revenus, d'un surplus de travail qui l'empêche de prendre part aux périodes de formation technique ou d'un manque de compétences essentielles.
Parfois, la difficulté à trouver un employeur qui peut offrir une formation sur toute l'étendue du métier pourrait faire en sorte qu'un apprenti mette fin au programme. Lorsqu'il y a un resserrement du marché du travail, les offres d'emploi attrayantes pourraient contribuer à faire en sorte que des apprentis obtiennent un emploi bien rémunéré et quittent leur programme de formation. Par exemple, cela pourrait se produire dans le cas de métiers où l'accréditation est habituellement volontaire, tels que ceux de machiniste et de couvreur.
[Français]
Une récente étude de Statistique Canada démontre que les personnes qui terminent leur programme et obtiennent leur certificat de qualification professionnelle ont un salaire horaire qui est 25 % plus élevé que celui des personnes qui abandonnent leur programme. De plus, les personnes qui complètent leur programme ont une meilleure possibilité de gains, une plus grande satisfaction dans leur travail et sont plus aptes au travail.
[Traduction]
Compte tenu de l'importance de la formation en milieu de travail, la participation des employeurs à l'apprentissage est indispensable. Les employeurs s'assurent que les apprentis reçoivent une formation supervisée dans toute l'étendue du métier.
Bien qu'environ un employeur sur cinq investisse dans l'apprentissage, la rétention de l'apprenti jusqu'à la fin du programme peut parfois poser problème. Certains employeurs peuvent craindre que la personne quitte l'entreprise après avoir obtenu son certificat de qualification professionnelle. D'autres encore peuvent hésiter à payer l'apprenti la rémunération complète de compagnon. Dans le cas des petites entreprises, il peut être difficile d'investir dans la formation, et bon nombre d'entre elles peuvent ne pas disposer, dans leur effectif, d'un compagnon pour offrir un mentorat à l'apprenti. Toutes ces difficultés peuvent présenter des défis pour les apprentis qui cherchent à obtenir l'appui à long terme d'un employeur.
Le soutien fédéral, de même que les mesures lancées par les provinces et les territoires, contribuent à relever certains des défis associés à l'accès aux apprentissages et à leur achèvement. Les programmes fédéraux clés comprennent les subventions aux apprentis, qui englobent la Subvention incitative aux apprentis et la Subvention à l'achèvement de la formation d'apprenti. Mises ensemble, ces subventions offrent jusqu'à 4 000 $ visant à soutenir les apprentis dans un métier désigné Sceau rouge.
Plus de 355 000 subventions aux apprentis ont été versées depuis que le programme a été créé en 2007, ce qui représente un investissement total de près d'un-demi milliard de dollars. Jusqu'à présent, RHDCC a reçu une rétroaction positive sur les subventions de la part des apprentis, des autorités provinciales et territoriales en matière d'apprentissage et des employeurs. Selon les premières données probantes, les subventions aident les apprentis à couvrir les coûts liés à l'apprentissage et favorisent l'avancement et l'achèvement de l'apprentissage.
En plus des subventions aux apprentis, des mesures ont été mises en place afin d'encourager les employeurs à embaucher de nouveaux apprentis dans les métiers désignés Sceau rouge. Le crédit d'impôt pour la création d'emplois d'apprentis offre à l'employeur un crédit maximal de 2 000 $ applicable aux salaires à verser aux apprentis au cours des deux premières années de leur programme de formation. La déduction pour les outils des gens de métier consiste en une déduction fiscale de 500 $ pour les coûts des outils supérieurs à 1 000 $. En dernier lieu, les frais d'examen de métier engagés par les apprentis sont admissibles au crédit d'impôt pour frais de scolarité.
Le gouvernement fédéral encourage les Canadiens et les Canadiennes, y compris les jeunes, à accéder aux métiers spécialisés par l'intermédiaire de beaucoup d'autres initiatives. Par exemple, les apprentis admissibles peuvent recevoir des prestations de revenus à l'aide du régime d'assurance-emploi au cours de leurs périodes de formation en salle de classe. En 2010-2011, 38 000 demandes de prestations d'apprentis ont été établies, portant à 170 millions de dollars la valeur totale des prestations versées aux apprentis.
[Français]
Dans le cadre d'ententes sur le développement du marché du travail et d'ententes relatives au marché du travail, les provinces et les territoires se servent aussi de transferts fédéraux pour soutenir leurs systèmes d'apprentissage. Ils mettent en oeuvre des programmes visant à surmonter les obstacles relatifs à l'inscription à l'apprentissage chez les groupes sous-représentés tels que les femmes, les immigrants ainsi que les Canadiens et Canadiennes d'origine autochtone.
[Traduction]
Dans le cadre du Fonds pour les compétences et les partenariats, le gouvernement fédéral investit la somme de 2,4 millions de dollars dans les programmes d'apprentissage pour les Autochtones offerts par l'Institut Gabriel Dumont pour la formation et l'emploi, en Saskatchewan. Une somme supplémentaire de 8 millions de dollars sur 3 ans a été versée par l'Institut, le gouvernement provincial, la Commission de certification de l'apprentissage et des métiers de la Saskatchewan et des employeurs du secteur privé.
La Stratégie emploi jeunesse nationale, ou SEJ, est aussi conçue pour aider les jeunes Canadiens et Canadiennes à acquérir les compétences et l'expérience dont ils ont besoin pour accéder à la population active. En 2010-2011, RHDCC, dans le cadre de la SEJ, a aidé près de 57 000 jeunes à obtenir les compétences d'emploi et l'expérience de travail dont ils avaient besoin pour accéder avec succès au marché du travail, y compris dans les métiers.
Dans le budget de 2012, le gouvernement a annoncé une initiative de 50 millions de dollars en financement liée à la SEJ, visant à contribuer à jumeler les jeunes Canadiens et Canadiennes avec les emplois à forte demande, tels que les métiers spécialisés, et à aider les jeunes à acquérir les compétences et l'expérience dont les employeurs ont besoin.
[Français]
Compétences Canada, à l'aide de fonds fédéraux, fait également la promotion des carrières dans les métiers spécialisés et la technologie auprès des jeunes, en particulier par l'intermédiaire des Olympiades annuelles des métiers et des technologies.
[Traduction]
Le site Web Travailler au Canada est une autre façon dont notre ministère jumelle les jeunes avec les emplois à forte demande, y compris dans les métiers spécialisés. Pour ce faire, le ministère fournit aux chercheurs d'emploi, aux travailleurs et aux entreprises, des renseignements sur le marché du travail axés sur les métiers et les emplacements. Cela comprend des renseignements sur les professions et les carrières, tels que les exigences scolaires, les fonctions principales, les taux de traitement et les salaires, les tendances de l'emploi actuelles et les perspectives. En outre, il s'agit d'un outil qui peut être utilisé à l'échelle mondiale.
Ce site Web a enregistré environ 7 millions de visites par mois. Ce chiffre inclut le nombre de consultations de la banque d'emplois.
Monsieur le président, en conclusion, je tiens aussi à mentionner un partenariat novateur auquel prennent part RHDCC, le Conseil canadien des directeurs de l'apprentissage et le ministère de la Défense nationale. Ce partenariat a conduit à la création d'outils qui permettent aux provinces et aux territoires de reconnaître la formation des gens de métier du domaine militaire qui peuvent souhaiter être accrédités dans certains métiers du Sceau rouge. À l'heure actuelle, les études de corrélation indiquent qu'il existe neuf métiers militaires dont les compétences s'agencent bien avec les 13 métiers du Sceau rouge. La plupart de ces métiers à volume élevé et à forte demande tels que ceux de technicien à l'entretien et à la réparation automobiles, d'électricien en construction, de plombier, de charpentier et de cuisinier.
Ce partenariat facilite la transition des gens de métier qui prennent leur retraite des Forces canadiennes vers une carrière civile dans les métiers spécialisés. De plus, ce projet complète bien l'initiative Du régiment au bâtiment, qui a été lancée avec succès à la suite du budget de 2012. L'initiative Du régiment au bâtiment vise à jumeler des membres des Forces canadiennes à l'approche de la retraite et des anciens combattants avec des possibilités de carrière dans l'industrie de la construction en rassemblant les ressources des syndicats et des secteurs privé et public.
[Français]
Monsieur le président, je suis certain que nous pourrons tous convenir aujourd'hui qu'une augmentation de la participation aux programmes d'apprentissage et de leur achèvement est un scénario gagnant-gagnant sur toute la ligne pour toutes les personnes concernées. Pour les Canadiens et Canadiennes, y compris les jeunes, les apprentissages procurent les compétences et l'expérience nécessaires pour être admissibles aux emplois à forte demande. Les employeurs ont un meilleur accès à un plus grand répertoire de travailleurs qui sont munis des compétences et de l'expérience dont les employeurs ont besoin, ce qui contribue à la croissance économique continue et à la prospérité à long terme du Canada.
[Traduction]
Bien que d'importants progrès aient été réalisés, le gouvernement du Canada s'engage à continuer sa collaboration avec les provinces, les territoires et l'industrie en vue d'appuyer l'apprentissage et les métiers spécialisés. Bien qu'un ensemble de programmes performants ait été mis en place, le gouvernement fédéral continuera d'évaluer l'efficacité de ces instruments et, en particulier, d'étudier des façons de mobiliser les employeurs et de rendre les programmes d'apprentissage plus attrayants aux yeux des jeunes du Canada.
Pour maintenir l'élan acquis, tous les intervenants, y compris les gouvernements, les employeurs, l'industrie dans son ensemble ainsi que les parents et les éducateurs, doivent s'engager à établir une collaboration continue dans le but de miser sur les réussites et les leçons apprises.
Nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de participer à cette étude et nous attendons avec intérêt les recommandations du comité.
Mes collègues et moi répondrons volontiers à toutes vos questions.