Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à venir vous parler de la question des lacunes sur le plan des compétences.
Je m'appelle Ken Georgetti et je suis le président du Congrès du travail du Canada. Je suis également monteur de tuyaux de vapeur — ou tuyauteur — de formation.
Avant de parler de la question des lacunes dans les compétences, toutefois, je pense qu'il nous faut définir ce que nous entendons par cela. Les données les plus récentes de l'enquête sur la population active et l'enquête sur les postes vacants nous indiquent qu'il y a actuellement plus de cinq chômeurs pour chaque emploi disponible au pays. À la lumière de cette information, nous comprenons clairement que le chômage demeure notre principal problème relativement au marché de l'emploi.
Même si dans certaines régions géographiques, des employeurs de certains secteurs peuvent avoir de la difficulté à combler des postes vacants dans des professions particulières, Ressources humaines et Développement des compétences Canada a indiqué, dans ses prévisions relatives au marché du travail jusqu'en 2015, que nous ne connaîtrions pas de pénuries persistantes et généralisées de main-d'oeuvre. Étant donné qu'il y a cinq chômeurs pour chaque emploi disponible, notre principal problème reste le chômage — c'est aussi simple que cela.
Il faut toutefois se garder de conclure qu'un écart entre les emplois disponibles et les travailleurs qui sont qualifiés pour ces emplois est acceptable. Ce n'est pas le cas.
Mais je tiens à vous assurer que si les chômeurs avaient la possibilité de déterminer où se trouvent les emplois et qu'ils avaient accès à la formation requise pour les occuper, ils sauteraient sur l'occasion. C'est simple, si nous constatons une pénurie de travailleurs ayant les compétences requises pour occuper un emploi précis, la solution est de former ces travailleurs. Nous avons peut-être une lacune au niveau des occasions plutôt qu'au niveau des compétences.
Si les travailleurs n'ont pas un accès abordable et opportun à une formation pour des emplois disponibles, c'est une occasion manquée pour eux, pour l'employeur et pour la santé de l'économie. Dans un rapport préparé pour le G20 il y a tout juste deux ans, en 2010, on estimait qu'une augmentation de 1 p. 100 des jours de formation se traduit par une hausse de 3 p. 100 de la productivité. De plus, la part de la croissance de la productivité attribuable à la formation est d'environ 16 p. 100.
Malheureusement, selon l'OCDE, la participation des travailleurs à la formation liée au travail au Canada est maintenant inférieure à celle des travailleurs de nombreux pays industrialisés. En fait, nous présentons l'un des pires résultats parmi les pays du G20. Alors que les entreprises canadiennes n'atteignent pas les niveaux de formation de la main-d'oeuvre de leurs compétiteurs et de nos partenaires commerciaux, le gouverneur de la Banque du Canada confirme ce que nous affirmons depuis longtemps, soit que les entreprises engrangent les profits et laissent dormir dans leurs coffres plus d'un demi-billion de dollars. Il est clair que la façon dont cet argent est mis à contribution et dépensé n'est qu'une question de priorités.
Étant donné les niveaux actuels de chômage, les taux de chômage beaucoup trop élevés chez les jeunes et la persistance des faibles taux de participation au marché du travail chez les femmes, les Autochtones et les personnes handicapées, entre autres, nous recommandons que les efforts visant à combler des lacunes précises et potentielles dans les compétences commencent par la formation de nos travailleurs pour les emplois disponibles aujourd'hui.
Tout d'abord, il faudra notamment détecter rapidement les nouvelles pénuries de main-d'oeuvre qualifiée au moyen de données élaborées et à jour sur le marché du travail. Les employeurs auront besoin d'information sur les besoins actuels et futurs en matière de compétences. Les travailleurs auront besoin d'information facilement accessible sur les tendances relatives à l'emploi. Pour intervenir rapidement sur le plan des pénuries de travailleurs qualifiés qui s'annoncent dans des régions précises, il faudrait notamment déterminer les besoins en formation, puis mobiliser les ressources afin de répondre à ces besoins.
En outre, il nous faut déterminer où se donne la formation et créer un environnement propice à l'amélioration de cette formation. En général, nous pouvons dire que le système scolaire public, les collègues communautaires, les autres établissements postsecondaires et le lieu de travail comme tel sont les principaux emplacements pour offrir cette formation.
Plus précisément, afin de nous assurer d'un marché du travail efficace dans lequel les employeurs peuvent trouver de nouveaux employés et former leur employés actuels, et dans lequel les travailleurs ont accès à la formation requise pour répondre à leurs besoins et à leurs aspirations sur le plan professionnel, nous recommandons notamment de maintenir et d'augmenter le financement lié aux dispositions concernant la formation bilatérale contenues dans les ententes actuelles relatives au marché du travail et les ententes sur le développement du marché du travail entre le gouvernement fédéral et les provinces et territoires, puis de s'assurer de la participation des intervenants clés, des employeurs et des travailleurs à l'élaboration des politiques et des programmes relatifs au marché de l'emploi par la mise en place de forums de partenaires du marché du travail. On peut trouver actuellement des modèles de ces forums à Terre-Neuve-et-Labrador, dans l'initiative de partenariat stratégique, ainsi qu'au Québec, à la Commission des partenaires du marché du travail.
Selon nous, des mesures incitatives visant à encourager les employeurs à offrir de la formation en milieu de travail, y compris un crédit d'impôt pour les employeurs qui forment leurs employés, seraient très utiles. Nous recommandons un soutien accru pour la formation dans le programme d'assurance-emploi, dont le travail partagé, le prolongement des prestations pour les travailleurs en formation, et un soutien continu et renouvelé aux organisations qui appuient et encouragent la mise sur pied et l'expansion de la formation en milieu de travail, comme le Forum canadien sur l'apprentissage.
C'est très décourageant pour nous d'apprendre que seulement 14 p. 100 des jeunes disent avoir été encouragés par les conseillers en orientation à choisir d'exercer un métier spécialisé, alors que notre gouvernement réduit le financement du principal organisme national qui soutient et encourage les métiers spécialisés par un système d'apprentissage sain.
Enfin, je ne soulignerai jamais assez l'importance d'une stratégie nationale, à notre époque, sur l'alphabétisation et les compétences de base, ainsi que l'intégration de l'alphabétisation dans tout apprentissage en milieu de travail. Nous avons honte lorsque nous pensons aux pertes que nous continuons à subir quand nous nuisons aux aspirations des travailleurs et que nous ne tenons pas compte de leur potentiel simplement à cause du manque d'accès aux programmes portant sur l'alphabétisation et les compétences essentielles. C'est toujours, selon moi, la principale mesure à prendre pour améliorer la productivité dans un milieu de travail évolué au Canada.
Je le répète, la solution à notre lacune au niveau des compétences réside dans notre population active actuelle, et nous devrons développer pleinement le potentiel de cette ressource humaine avant d'envisager d'autres mesures.
Merci beaucoup.
Harold McBride est le directeur général de l'Operating Engineers Training Institute of Ontario, et il est aussi directeur du Canadian Operating Engineers Joint Apprenticeship and Training Council, notre organisation nationale des écoles de formation.
Nous sommes un syndicat progressif et diversifié comptant plus de 45 000 membres au Canada, principalement dans le secteur de la construction.
Nos membres opèrent des grues distributrices à tour et mobiles; ils conduisent des bouteurs, des niveleuses, des pelles rétrocaveuses, et s'occupent de l'équipement de tuyauterie qui permet de créer l'infrastructure et les horizons du Canada.
Nous fournissons à l'industrie de la construction des ouvriers de métier hautement qualifiés et spécialisés. Pour devenir compagnon d'apprentissage, dans notre secteur, on doit avoir des milliers d'heures de formation théorique et pratique, en classe comme en cours d'emploi. En raison de la nature de notre travail, de notre formation et de nos compétences, nous occupons certains des postes les mieux payés et les plus recherchés du secteur de la construction.
Le développement de ces compétences commence à l'un de nos huit centres de formation au Canada, où nous offrons des formations rigoureuses et de pointe. Nos écoles sont enregistrées dans leur province respective et auprès de Développement des ressources humaines Canada.
Comme l'on indiqué d'autres témoins, on estime que d'ici 2018, le secteur de la construction aura besoin de 200 000 nouveaux travailleurs qualifiés. Cependant, le besoin urgent d'ouvriers qualifiés dans ce secteur se fait sentir dès maintenant.
Je vais vous donner quelques exemples.
D'ici janvier 2013, notre section locale en Alberta aura besoin de 1 000 opérateurs-ingénieurs dans le secteur des pipelines. En Ontario, une étude récente révèle qu'il nous faut former entre 200 et 300 apprentis chaque année pour remplacer les travailleurs partis à la retraite. Nous tentons de concrétiser ces chiffres, mais nous sommes encore aux prises avec une importante pénurie d'opérateurs de grue distributrice à tour. Il y a des centaines de ces grues au centre-ville de Toronto, mais beaucoup ne sont pas utilisées durant des jours parce que nous manquons d'opérateurs. La pénurie se manifeste dès maintenant.
Nous avons quelques suggestions qui pourraient nous aider à gérer les problèmes auxquels nous sommes confrontés à cause de la pénurie.
D'abord, nos centres de formation ne peuvent suffire à la demande pour ce qui est des conducteurs d'équipement lourd et de grue au Canada. Si nos centres de formation pouvaient bénéficier d'un soutien additionnel, grâce à une aide gouvernementale fédérale ou provinciale, cela nous permettrait d'agrandir nos installations et de former plus de Canadiens. Dans le passé, notre école en Ontario a eu accès à des fonds provenant du Programme d'infrastructure du savoir, mais c'est la seule qui en a reçu. Il y avait aussi ce qu'on appelait le Fonds d'infrastructure des centres de formation, qui permettait aux centres de formation d'acquérir de l'équipement grâce à un fonds de contrepartie avec le gouvernement fédéral, ce qui était également très avantageux.
De plus, comme on l'a mentionné, tous les intervenants doivent s'efforcer de mieux promouvoir les métiers, en particulier dans les écoles secondaires, où les jeunes sont peu informés ou mal informés. Quand nous nous rendons dans les salons de formation dans les métiers spécialisés, les gens nous disent que ce sont des emplois inférieurs, peu rémunérés et destinés aux gens sans éducation. Voilà qui est bien loin de la vérité.
Il nous faut aussi travailler avec les employeurs et le gouvernement à retenir et à encourager les apprentis. Il doit y avoir de meilleurs incitatifs pour les entrepreneurs qui embauchent et maintiennent en poste les apprentis, car ils sont habituellement les premiers à être mis à pied sur un chantier, et bon nombre d'entre eux ne reviennent pas en raison des longues heures qu'ils doivent consacrer au programme. S'ils sont au chômage, ils doivent se trouver un emploi ailleurs et ne reviennent pas. C'est un gros problème.
Il est nécessaire de changer la façon dont fonctionnent les centres de Service Canada. Par exemple, les programmes gouvernementaux de recyclage, comme Deuxième carrière Ontario, ont mis en place des politiques qui encouragent leurs clients à suivre leur formation localement dans des écoles privées, même si bien souvent, la formation ne mènera pas à un emploi en raison du nombre limité d'heures de classe offertes. Les directives dissuadent les personnes de chercher la meilleure formation, celle qui leur assurera un emploi dans le métier de leur choix. Ces écoles privées annoncent une formation pour quatre ou cinq machines, et cela peut coûter jusqu'à 10 000 $. Seules ces écoles bénéficient de ce type de formation, car les participants utilisent leurs prestations d'assurance-emploi et ne sont pas suffisamment qualifiés ni spécialisés pour travailler dans le secteur de la construction.
Selon nous, le programme d'assurance-emploi doit également être remanié afin de permettre aux travailleurs mis à pied de se recycler. Plus il faut de temps à une personne pour avoir accès à une formation, plus sa situation est difficile sur le plan financier. En raison du modèle d'évaluation de l'admissibilité et de la pertinence utilisé en Ontario, par exemple, une personne peut ne pas avoir droit à un programme de recyclage si elle n'est pas au chômage depuis 26 semaines. Lorsque quelqu'un veut suivre une formation pour un métier en demande, il doit y avoir un processus qui lui permettra d'y avoir accès plus rapidement. Il faut accorder plus de poids à la demande dans la profession qu'à la durée de la période sans emploi.
Les travailleurs étrangers temporaires ne sont pas la solution. C'est un palliatif. Le programme pose bien des problèmes relativement au secteur de la construction, dont celui des titres de compétences des gens qui viennent s'établir au Canada.
Nous sommes en faveur d'une politique à long terme en matière d'immigration, mais nous devons aussi comprendre que le Canada est en concurrence avec les autres pays pour les mêmes travailleurs. Prenons l'exemple de l'Australie. En Australie-Occidentale, on est confronté à des booms et à des pénuries de main-d'oeuvre qualifiée similaires. Il y a là-bas un programme qui permet aux travailleurs d'entrer au pays, d'y rester pour une période de quatre ans et de travailler pour de nombreux employeurs. Ce programme connaît un véritable succès, selon ce qu'on nous a dit.
Finalement, et le plus important, nous devons chercher à trouver des solutions canadiennes en puisant dans la main-d'oeuvre féminine et les jeunes des Premières nations, les Métis et les collectivités inuites d'un bout à l'autre du Canada. La population active de demain est déjà ici, au Canada. Nous devons mieux encourager leur participation. La plupart de nos centres de formation ont été très dynamiques pour essayer de recruter des femmes dans l'industrie. Malgré nos efforts, la participation féminine demeure très faible et il y a encore beaucoup à faire.
De plus, nos centres de formation tendent la main aux collectivités des Premières nations, mais c'est une approche fragmentaire. Nous avons davantage besoin d'une approche nationale. Nous avons en fait pressenti l'Assemblée des Premières Nations pour créer un partenariat au niveau national, mais c'est très embryonnaire. À un moment donné, nous aimerions revenir pour faire le point sur les progrès.
En tant que syndicat, nous aimerions pouvoir faire davantage, mais malgré le fait que nous soyons les formateurs de choix, nous sommes confrontés à la possibilité d'exclusion de tous les programmes gouvernementaux parce que nous n'employons pas les gens de métier. Nous avons les installations et le savoir pour aider à perfectionner et maintenir la population active au Canada de sorte que nous avons besoin d'une coopération et d'un soutien pour nous permettre d'atteindre notre potentiel en tant que formateurs, et nous sommes plus que disposés à travailler avec le gouvernement pour trouver des façons d'y parvenir.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leurs présentations.C'est toujours avec plaisir qu'on les écoute.
Vous avez bien souligné dès le départ que les défis en formation étaient immenses. Par contre, il manque d'emplois au Canada et au Québec. Même si on formait tout le monde pour les emplois disponibles, il resterait encore 80 % des chômeurs actuels. Je pense que c'est important de le dire.
Pourriez-vous me dire à qui incombe la responsabilité de la formation professionnelle au Canada? Cela relève-t-il des travailleurs, de leurs organisations démocratiques, des syndicats, de l'État ou des employeurs? Dans quel cadre devons-nous travailler pour relever ce défi?
Je vous donne un exemple qui n'est pas relatif à vos membres. Néanmoins, je pense que c'est important, car c'est révélateur. Au Canada, les pilotes d'avions de type Airbus ou Boeing doivent obtenir une nouvelle licence et recevoir une autre formation chaque fois qu'ils doivent piloter un appareil différent. Avec les années, on se rend compte que les compagnies canadiennes préfèrent de plus en plus faire venir des pilotes étrangers — souvent européens — au lieu d'investir dans la formation de leurs pilotes. On le voit peut-être dans d'autres secteurs avec les travailleurs migrants temporaires.
Comment bâtir un système dans lequel on encourage l'investissement dans la formation pour faire travailler les Canadiens et les Canadiennes au lieu de faire venir ici des travailleurs étrangers?
D'après moi, la réponse facile quant à savoir à qui incombe la responsabilité, je dirais que c'est à tout le monde. Une partie du problème vient du fait que nous avons maintenant un énorme problème d'une main-d'oeuvre qui a besoin d'être beaucoup plus adaptable et mobile, mais malheureusement, il y a longtemps, avant que personne d'entre vous ne soit député, le gouvernement fédéral a donné la responsabilité de la formation aux provinces, ce qui a énormément compliqué la question des normes nationales. Ce qu'il nous faut absolument, c'est une population active beaucoup plus mobile et adaptable, et nous avons besoin de titres de compétences dans beaucoup plus que seulement les corps de métier.
Ce n'est pas un fait très connu, mais les plus importants formateurs des compagnons et compagnes d'apprentissage au Canada sont les syndicats de la construction, qui le font de leur propre initiative, qui forment leurs propres membres à effectuer le travail qu'ils doivent faire. Les gouvernements sous toutes leurs formes comptent parmi les pires formateurs des apprentis, et je parle ici du gouvernement fédéral, des provinces et des municipalités, dont les employés et les effectifs comptent très peu d'apprentis.
Je siège à une table ronde pour une main-d'oeuvre qualifiée avec Manufacturiers et Exportateurs du Canada, et nous travaillons très fort pour essayer de trouver des façons de pouvoir adapter le système pour donner une formation qui répond aux besoins du jour et pouvoir le faire. Notre réseau de collèges communautaires, qui forment les apprentis, est à sa capacité maximale en ce moment. Si on a besoin d'apprentis, nous allons devoir commencer à nous adapter pour former ces apprentis d'une façon beaucoup plus exclusive.
Effectivement, je suis d'accord avec vous, il y a certains employeurs, dont les sociétés aériennes, qui se serviront du fait qu'ils ne donnent pas de formation et qu'ils ne perfectionnent pas leurs travailleurs pour trouver d'autres travailleurs qui viendraient au Canada et travailleraient pour moins cher.
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Oui, nous pourrions absolument mieux dépenser notre argent.
Je suis très au courant du programme Hammer Heads. Nous participons à ce programme et il a été une très belle réussite pour nous. Vous avez raison quand vous dites que nous finançons ce programme totalement avec nos propres fonds et l'aide des autres corps de métier de la construction.
Encore une fois, cela revient à dépenser de l'argent. C'est tout à fait logique lorsque vous occupez un poste en faible demande et que vous travaillez seulement six ou sept mois par année: vous voulez changer de poste. La façon de mieux dépenser l'argent dont vous parlez serait de donner à cette personne, homme ou femme, l'occasion d'accéder immédiatement à des fonds pour sa formation.
J'ai ici un document qui indique que vous êtes pénalisés si vous n'avez pas été en chômage pendant 26 semaines. Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que quelqu'un qui occupe un métier en faible demande ou qui est dans un milieu de travail en faible demande devrait être en chômage ou percevoir 26 semaines de prestations avant d'être admissible à une formation pour une deuxième carrière, surtout quand cette personne pourrait venir d'une famille où il y a trois enfants? Non, monsieur, ou non, madame, vous devez rester en chômage pendant 26 semaines avant de pouvoir obtenir l'argent pour les deuxièmes carrières.
Si nous pouvions former ces personnes plus rapidement avec les fonds dont elles ont immédiatement besoin, nous pourrions les intégrer à un corps de métier en forte demande, un métier pour lequel nous interviewons des travailleurs étrangers en ce moment. Donc, oui, nous pourrions dépenser notre argent beaucoup plus judicieusement.
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Merci monsieur le président et bienvenue au comité, messieurs.
Mes antécédents… J’ai passé la majeure partie de ma vie dans le secteur minier et, il y a de nombreuses années, j’étais membre de l’Union of Operating Engineers.
Il a été dit que pour cinq personnes au chômage un seul emploi est offert au pays et que le besoin de main-d’oeuvre est exagéré, cela me laisse un peu perplexe. Je ne suis pas d’accord.
L’Association minière du Canada a indiqué que 500 milliards de dollars seront dépensés au cours des 10 prochaines années et qu'à lui seul le secteur minier aura besoin de 125 000 travailleurs. Même pour la fonction publique du Canada, les prévisions pour la même période sont de 125 000 personnes. Il ne s’agit pas de retombées de ces emplois. Sinon ces chiffres seraient deux fois plus élevés.
Le problème est, me semble-t-il, que les perspectives existent, mais que les gens ne sont pas formés dans les secteurs où ils devraient l'être.
Monsieur Georgetti, vous avez dit qu’il faut plus de conseillers. Je dois dire que les conseillers, les éducateurs et même les syndicats et le gouvernement ont failli à leur tâche parce qu’ils n’ont pas anticipé ce qui va se passer à l’avenir et voilà que nous nous trouvons dans une situation difficile.
J’aimerais dire que nous devrions reconnaître un certain mérite au gouvernement et au comité d’essayer d’aborder cette question maintenant et de chercher des solutions. Je pense que la question posée par M. Boulerice visant à savoir qui devrait défendre cette cause est une bonne question. Le gouvernement ne peut pas tout faire. En fait, nous ne faisons pas tout très bien. Nous avons besoin de partenaires. Il y a d’excellents partenariats établis avec les Autochtones. Nous constatons que les secteurs miniers de la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest comptent parmi leurs effectifs 40 à 50 p. 100 d’Autochtones qui ont suivi des programmes de formation offerts par le gouvernement.
La main-d'oeuvre compte des femmes… Certains de mes collègues ont visité les sables bitumineux où des femmes conduisaient des camions de 400 tonnes. Elles sont de meilleures conductrices que les hommes pour la simple raison qu’elles s'occupent mieux de l’équipement.
Une voix: Oh, oh!
M. Colin Mayes: C'est un fait.
Je pense que nous accomplissons de bonnes choses, mais le problème est que nous devrions réfléchir à nouveau afin de déterminer quelles régions offriront des emplois et quelles compétences seront requises. En Colombie-Britannique, d’où je suis originaire, beaucoup trop de jeunes ont suivi des formations pour devenir enseignants et spécialistes de l’environnement et pas suffisamment pour devenir charpentiers, opérateurs-ingénieurs et ce genre de métiers.
La question qui se pose alors est la suivante: Comment orienter ces gens, peut-être à l’aide de meilleurs conseillers? Qui devrait conseiller? Utiliser des éducateurs pour orienter les étudiants vers des carrières professionnelles me pose problème parce que les éducateurs ont un intérêt précis. J’estime que cette responsabilité devrait être donnée à d’autres personnes que les éducateurs.
J’aimerais que vous me disiez ce que vous en pensez.
Tout d'abord, messieurs, je vous remercie d'être ici.
J'ai trop de choses à dire pour pouvoir toutes les soulever durant les cinq minutes de mon temps de parole. Je vais donc poser rapidement quelques questions auxquelles vous pourrez peut-être répondre. Voici les principaux points des notes que j'ai prises.
M. Georgetti a dit que la littératie vient en tête des besoins. M. Schumann dit qu'il nous faut des travailleurs maintenant. Il y a beaucoup de discussions sur la façon de répondre à ces besoins et je pense que c'est sur cela que nous devons nous pencher.
J'adore ce qu'a dit M. Georgetti, soit que c'est la responsabilité de tout le monde. Je suis entièrement d'accord. En tant qu'ancien employé qui a recruté dans ma compagnie plusieurs charpentiers par le biais du programme d'apprentissage, je sais qu'il incombe aux compagnies d'inscrire des gens dans des programmes d'apprentissage. Si elles ne le font pas, elles n'auront pas alors les travailleurs qui favoriseront leur expansion.
Donc, il en va de la responsabilité de tout le monde. En ce qui me concerne, ayant dirigé l'association Ontario Home Builder's Association au milieu des années 1990, je crois que les petits et grands constructeurs de résidences ont un énorme programme du fait qu'ils donnent une formation en apprentissage à leurs employés, et ce, pour la bonne raison que ça leur fait gagner de l'argent. Donc, cela se fait du côté de l'employeur.
Voilà qui me mène à ma dernière question. Je veux juste souligner quelque chose. Je représente une communauté autochtone appelée Six Nations à Brant. Elle compte 12 000 membres. Depuis trois ans et demi, depuis que je suis député, nous leur avons donné plus de 6 millions de dollars, pour 12 000 personnes, en programmes de recyclage professionnel et de formation.
Je vais parler du programme appelé Pipe Dreams qui est offert en partenariat avec le syndicat de la région de Niagara. Les gens vont à Brantford, dans un établissement de formation, où on leur enseigne la soudure. Il n'y a que des Autochtones; pour l'instant, personne d'autre ne peut suivre cette formation.
Des projets se réalisent sur le terrain. Les partenariats doivent se rendre sur le terrain et comprendre ce qui s'y passe. Au lieu de ne parler que de théories, soyons concrets.
Je veux vous demander ce que vous, particulièrement le syndicat de construction, faites pour promouvoir, établir des partenariats et bâtir des collectivités avec des collèges communautaires qui ont des formateurs? Que faites-vous? Faites-vous de la publicité, annoncez-vous que des emplois sont disponibles et que vous pouvez aider les gens à obtenir un emploi? Préparez-vous des programmes d'études en collaboration avec des collèges communautaires?
Éliminez-vous les obstacles provinciaux? Les obstacles provinciaux sont énormes. Savez-vous qu'un électricien d'Ottawa ne peut pas travailler de l'autre côté de la frontière avec le Québec, mais qu'un électricien québécois peut venir en Ontario et travailler? Parce que le syndicat les empêche de passer de l'Ontario au Québec.
Donc, je veux savoir ce que vous faites pour régler les problèmes sur le terrain, chaque jour.
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Voilà de bonnes questions, surtout pour les Premières nations, les Métis et les Inuits.
Que font les opérateurs-ingénieurs? Il y a six ans, la commission scolaire du gouvernement du Nunavut nous a approchés spécialement pour composer avec le boom minier au Nunavut. À ce jour, nous avons formé... Nous avons formé 700 Inuits en six ans. Nous avons un taux d'emploi de plus de 90 p. 100. Il s'agit de la section locale 793, en collaboration avec la commission scolaire du gouvernement du Nunavut et Operating Engineers Training Institute of Ontario.
Pour ce qui est de votre question concernant les Six Nations, oui, je connais très bien le programme qui leur est offert. Brandi Jonathan dirige ce programme. Nous avons travaillé avec Brandi durant les 10 dernières années et surtout durant les deux dernières années pour accompagner en autobus 15 étudiants autochtones des Six Nations. Nous les avons inscrits dans un programme et les avons mis en apprentissage. Ils font partie aujourd'hui de la population active, Nous sommes en train de négocier pour refaire la même chose pour la troisième année.
Nous sommes actuellement en partenariat — pour répondre à votre question sur les partenariats — avec AECON et nous sommes très actifs. J'espère que tout le monde connaît AECON. Nous travaillons avec les Six Nations et Brandi Jonathan, le Cercle de feu, au nord-ouest de l'Ontario. Le Cercle de feu est composé de neuf bandes autochtones. Nous créons maintenant un partenariat avec eux pour accéder aux ressources des Autochtones des Six Nations, le Cercle de feu, qui n'ont pas nécessairement l'expertise pour le faire. Nous sommes en train de mettre au point une proposition visant à former des Autochtones pour travailler dans le nord-ouest de l'Ontario qui est en pleine expansion économique — dans la construction, la voie ferrée, les routes qui seront construites dans le cadre de projets valant des milliards de dollars.
Donc, oui, nous sommes très actifs. Et avouons-le, les Premières nations, les Métis et les Inuits représentent la main-d'oeuvre la plus disponible au Canada. Nous le reconnaissons. Je le répète, il est essentiel d'avoir du financement et le soutien du gouvernement pour que tout cela se produise. La plupart de ces programmes ont reçu des dons en nature de la part de notre syndicat, en particulier, le transport par autobus, l'aide aux étudiants et les quelques petits cours offerts aux étudiants pour les mettre en apprentissage et les intéresser à nos programmes d'apprentissage.
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Merci beaucoup, et merci de m’avoir invité à venir témoigner devant votre comité. Je vous remercie de prendre le temps de discuter des enjeux et des préoccupations du secteur des services du pétrole et du gaz en vue d’aborder les présentes pénuries de main-d’oeuvre.
Je m’appelle Mark Salkeld. Comme vous l’avez dit, je suis président et premier dirigeant de la Pretroleum Services Association of Canada, qui est l’association commerciale nationale qui représente les secteurs des services, de l’approvisionnement et de la fabrication de l’industrie pétrolière en amont. La Pretroleum Services Association of Canada représente 260 diverses entreprises membres, qui emploient plus de 65 000 personnes et qui passent des contrats presque exclusivement avec des entreprises d’exploration et d’exploitation de gisements miniers et gaziers.
Le secteur des services de l’énergie joue un rôle important dans l’industrie, qu’il soit question de services de première ligne sur le terrain ou d’emplois en haute technologie, comme les emplois dans les bureaux relatifs au forage dirigé en temps réel ou en ligne. Notre secteur est de plus en plus important, en raison du développement technologique et de l’innovation dans notre industrie. Le secteur des services et les exploitants collaborent relativement à la recherche et développement qui produit des technologies qui changent la donne et qui améliorent continuellement nos rendements opérationnels et environnementaux.
Selon le récent rapport du Comité sénatorial permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles, le présent calcul des activités de recherche et développement ne tient pas entièrement compte d’environ un milliard de dollars investis annuellement par les entreprises du secteur de l’énergie dans les laboratoires et dans le cadre d’expériences sur le terrain. Les puits de pétrole et de gaz naturel deviennent très souvent la formation en milieu de travail des laboratoires.
Notre industrie connaît une croissance. Par contre, cet essor apporte son lot de contraintes, et la pénurie de travailleurs qualifiés est notre plus important problème. Le secteur des services de l’industrie pétrolière en amont est déjà aux prises avec une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée; nous prévoyons que cette pénurie s’aggravera davantage au cours de la prochaine décennie. Il nous faudra recruter, dans notre secteur seulement, plus de 5 000 nouveaux employés d’ici 2015.
Il y a certains défis clés qui contribuent à la pénurie de main-d’oeuvre. Premièrement, il y a des changements dans le bassin de main-d’oeuvre d’où devraient provenir bon nombre des employés qui entrent dans le secteur des services de l’énergie. Dans le passé, par exemple, le secteur des services dépendait quelque peu de l’industrie agricole, particulièrement des agriculteurs qui sont généralement bons en mécanique et possèdent des compétences facilement transférables et adaptées au secteur des services de l’énergie. Leur basse saison pendant l’hiver est notre saison haute. Il s’agissait donc d’une transition naturelle qui a duré des années. Ce bassin de travailleurs a diminué, en raison de l’évolution démographique et de la nature changeante du travail accompli par le secteur des services, de l’approvisionnement et de la fabrication.
Cela mène à un deuxième défi important: la nature du travail. Le travail effectué sur le terrain par bon nombre de nos entreprises membres est physiquement éreintant et se fait dans des régions éloignées sur une longue période dans des conditions météorologiques extrêmes. De plus, les travailleurs peuvent être séparés de leur famille pendant des semaines. Le bassin de travailleurs qui sont prêts à accepter de telles conditions est de plus en plus restreint.
Troisièmement, d’un côté, la volonté n’est pas au rendez-vous; de l’autre, la concurrence relativement à la main-d’oeuvre est de plus en plus féroce au sein de notre industrie et d'autres industries canadiennes, parce qu’elles sont également aux prises avec une pénurie croissante de main-d’oeuvre. Sur le territoire canadien, la concurrence entre les pays s’intensifie.
Sur le territoire canadien, la concurrence entre les pays s’intensifie avec l’arrivée de grands projets, dont des chantiers navals sur les côtes Est et Ouest, l’ouverture de mines, et d’autres mégaprojets comme les trains et les pipelines pour le transport de GNL.
Les opportunités sur la scène internationale continuent de siphonner notre main-d’oeuvre qualifiée; les employés cherchent des occasions à l’étranger ou sont recrutés pour des emplois temporaires ou à long terme. Tous les employés du secteur canadien des services de l’énergie, des gens sur le terrain aux ingénieurs, sont réputés être parmi les travailleurs les mieux formés, les plus sécuritaires et dans l'ensemble les meilleurs de leur catégorie dans le monde. Les autres pays viennent donc régulièrement recruter des gens au Canada.
Le dernier défi concerne l’image du secteur des services de l’énergie. À bien des égards, le secteur des services du pétrole et du gaz est caché de la main-d’oeuvre potentielle. Les emplois dans ce secteur ne jouissent pas de la même réputation ou ne sont pas aussi visibles que les emplois au sein des entreprises productrices, par exemple. Dans bien des cas, les gens ne sont même pas au courant de l’existence du secteur des services de l’énergie et ne connaissent pas la vaste gamme d’emplois, dont des emplois en haute technologie, offerts dans le secteur.
Les emplois dans le secteur des services du pétrole sont vus à tort par les travailleurs potentiels comme des emplois précaires, cycliques, saisonniers, non sécuritaires et peu techniques. En réalité, les membres du secteur des services du pétrole et du gaz se sont forgé une réputation bien méritée et respectée en tant que chefs de file sur le plan de la recherche et développement et de l’innovation. Les entreprises offrent des produits et des services qui sont de plus en plus hautement techniques, mais elles sont toujours aux prises avec la perception qu’elles engagent majoritairement des employés non spécialisés.
Pour surmonter ce défi, la Petroleum Services Association of Canada s’applique à sensibiliser davantage les gens aux secteurs des services, de l’approvisionnement et de la fabrication de l’industrie pétrolière et aux possibilités offertes.
La Petroleum Services Association of Canada a récemment commandé une étude pour déterminer les employés les plus recherchés et les bassins de main-d’oeuvre potentiels au Canada où se trouvent des compétences transférables pour accomplir ces emplois. Les employés les plus recherchés selon nos entreprises membres sont les conducteurs d’équipement lourd, les mécaniciens d’équipement lourd, les soudeurs, les chauffeurs de camion, les exploitants du secteur des services de l’industrie pétrolière, les travailleurs semi-qualifiés du secteur des services de l’industrie pétrolière, y compris les ouvriers, les aides, les travailleurs ayant de l’expérience en forage, les ingénieurs chimistes, les ingénieurs mécaniciens et les ingénieurs pétroliers.
Parmi les quelque 5 000 nouveaux emplois à pourvoir dans les services à l’industrie pétrolière, les sept catégories les plus recherchées que je viens de mentionner représenteront 25 p. 100 des besoins. De plus, l’embauche pour combler les départs à la retraite se poursuivra au-delà de 2015; c'est principalement ce qui explique pourquoi l’industrie aura à remplacer 9 500 employés actuels au cours des prochaines années.
La Petroleum Services Association of Canada se fait un devoir de toujours privilégier le recrutement de Canadiens en premier. Bon nombre d’emplois dans le secteur exigent normalement certaines compétences de base et une formation particulière en cours d’emploi. De nombreuses compétences pour les emplois hautement recherchés ne sont pas acquises par l’entremise de formations postsecondaires, et ce sont nos entreprises membres qui offrent des programmes de formation en milieu de travail en vue de préparer les travailleurs à leur emploi et à leur poste de responsabilité en constante évolution. Même si les travailleurs canadiens possèdent peut-être les compétences de base nécessaires pour accomplir les emplois, les défis que j’ai mentionnés influent sur leur volonté à accepter les postes offerts. Il s’agit d’un élément important qui explique pourquoi nos entreprises membres cherchent à courtiser des travailleurs étrangers.
La Petroleum Services Association of Canada applaudit les mesures prises au cours des derniers mois par les divers ordres de gouvernement en vue d’aborder la pénurie de main-d’oeuvre spécialisée, mais nous avouons qu’il reste encore du travail à faire. Le gouvernement peut continuer d’apporter son soutien, notamment, en maintenant les crédits d’impôt actuels ou en créant de nouveaux crédits ou d’autres programmes incitatifs pour stimuler le recrutement de travailleurs de partout au pays; en diminuant ou en simplifiant les contraintes réglementaires des employeurs lorsqu’ils essayent de trouver et d’engager de la main-d’oeuvre qualifiée à l’extérieur du Canada; et en encourageant les consultations avec l’industrie pour trouver des mécanismes en vue d’aider les entreprises qui ont des activités aux États-Unis ou ailleurs dans le monde à faire venir des employés expérimentés au Canada de manière temporaire lorsque la situation l’exige.
La Petroleum Services Association of Canada voit d’un bon oeil le dialogue à cet égard avec tous les ordres de gouvernement, et j’encourage les membres du comité et tous les députés fédéraux à continuer de consulter l’industrie et les associations commerciales dans le but de trouver ensemble des solutions qui aideront à développer l’important capital humain nécessaire en vue de soutenir la croissance économique générale du Canada cette année et pour des années à venir.
Merci beaucoup.
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Merci de me donner la chance de témoigner devant votre comité pour discuter du présent marché du travail au Canada et de ses effets sur notre entreprise.
All Weather Windows est le plus important fabricant privé de portes et fenêtres au Canada. L’entreprise a été fondée en 1978. Elle a débuté avec une usine de fabrication de 10 000 pieds carrés à Edmonton, en Alberta. Elle grandit depuis; elle compte maintenant 1 200 employés situés dans 10 villes canadiennes. All Weather Windows possède deux principales usines de production à Edmonton et à Mississauga qui ont une superficie combinée de près de 400 000 pieds carrés. L’entreprise produit des portes et fenêtres prisées pour les marchands, les entrepreneurs, les constructeurs et les particuliers.
Nous avons également une division commerciale qui offre et installe des murs-rideaux, des murs vitrés et des systèmes de devantures commerciales; ces produits ont permis à notre entreprise de diversifier ses activités et de percer l’industrie du verre commercial.
Basée à Edmonton, en Alberta, l’entreprise a été nommée parmi les 50 entreprises les mieux gérées au Canada au cours des quatre dernières années et parmi les 50 entreprises les plus engagées au Canada au cours des deux dernières années. Nous aussi avons obtenu le prix du fabricant ENERGY STAR de l’année pour les portes et fenêtres en 2010 et 2011.
La présente pénurie de main-d’oeuvre au Canada, et plus particulièrement dans les provinces de l’Ouest canadien, a influé sur notre capacité de pourvoir à des postes clés. Nous avons eu des problèmes à pourvoir à bon nombre de postes semi-spécialisés et spécialisés au sein de notre entreprise. Par exemple, nous avons eu de la difficulté à trouver des professionnels qualifiés du secteur du verre pour des postes dans notre division commerciale. En fait, nous avons été incapables de pourvoir à plusieurs postes de vitriers dans notre usine de Winnipeg, au Manitoba, et ce, pendant plus de six mois. Dans cette situation, certaines difficultés sont inhérentes à notre incapacité de convaincre les gens de déménager à Winnipeg, parce que les salaires y sont inférieurs comparativement à d’autres régions au Canada, à savoir l’Alberta, la Colombie-Britannique et l’Ontario.
De plus, nous éprouvons des difficultés à pourvoir à d’autres postes, dont les gestionnaires de projet commercial, les techniciens d’entretien et les spécialistes en recherche et développement. Notre problème est le manque de candidats ayant les qualifications et l’expérience exigées pour accomplir les tâches requises.
En ce qui a trait à l’embauche pour nos chaînes de production, nous nous sommes butés à un autre problème. En raison d’une diminution du bassin de main-d’oeuvre, particulièrement en Alberta, nous avons dû engager des gens qui ne parlent pas un traître mot d’anglais. Il ne s’agit pas simplement de lacunes en anglais; ils ne parlent tout simplement pas la langue. Cette situation crée des problèmes de production, de formation et de sécurité. Nous avons jumelé ces gens à d’autres employés qui pouvaient leur servir d’interprètes, mais il s’agit d’une solution qui est loin d’être idéale et qui est une conséquence directe de la pénurie de main-d’oeuvre.
Les exemples mentionnés freinent notre capacité d’aller de l’avant avec nos projets et nos initiatives.
Pour surmonter ces défis, nous avons adopté diverses stratégies pour essayer de pourvoir à ces postes; nous avons eu plus ou moins de succès. Nous avons, notamment, eu recours aux forums d’emploi et aux journaux. Nous avons obtenu des résultats mitigés en utilisant ces méthodes traditionnelles. Nous avons utilisé les sites Web nationaux, comme Workopolis et Monster, les associations de l’industrie, les sites Web spécialisés, comme Kijiji et craigslist, et les agrégateurs d’offres d’emploi, comme Indeed et Simply Hired. Notre utilisation des journaux pour l’embauche a beaucoup diminué au cours des deux dernières années, en raison des coûts élevés et du faible taux de succès à pourvoir aux postes vacants.
Les recommandations d’employés et le bouche à oreille ont tendance à être nos moyens les plus efficaces et les plus fiables de pourvoir aux postes relatifs à la production. Ces méthodes ont également permis d’engager de nombreux professionnels. En fait, environ 65 p. 100 des employés à la production ont ainsi été embauchés.
Nous avons engagé des gens cette année en faisant appel aux services d’agences, même si cette méthode de recrutement a tendance à être la plus dispendieuse. Les frais représentent normalement de 20 à 25 p. 100 du salaire de base du nouvel employé. Les agences de recrutement semblent également avoir plus de difficultés à trouver des candidats qualifiés à nous proposer.
Nous avons réussi à recruter des gens par l’entremise de sites de réseautage professionnel, comme Linkedln. Cette avenue semble être plus appropriée en vue de pourvoir à des postes de niveau supérieur au sein de notre entreprise.
Nous avons tissé des relations dans la collectivité qui nous ont aidés à recruter de nouveaux Canadiens. Je pense par exemple à l’Edmonton Mennonite Center for Newcomers.
Nous avons établi des partenariats avec des établissements postsecondaires. Nous collaborons avec ces établissements pour nous assurer que les diplômés possèdent les compétences nécessaires pour entrer immédiatement sur le marché du travail. Nous aidons des collèges techniques, notamment l’Institut de technologie du Nord de l’Alberta, et des universités, dont l’Université de l’Alberta, par l’entremise de programmes de bourses et de stages.
De plus, en raison de la diversité des employés que nous recrutons, nous collaborons aussi avec le Collège NorQuest pour donner des cours d’anglais langue seconde à certains de nos employés à la production.
En ce qui concerne le recrutement d’employés étrangers, nos deux précédentes tentatives ont échoué pour obtenir des avis relatifs au marché du travail en vue d’engager de la main-d’oeuvre qualifiée. Nous avons échoué chaque fois, parce que le traitement offert pour le poste ne concordait pas au salaire courant établi par RHDCC. Nous essayons de nouveau d’obtenir des avis relatifs au marché du travail pour de recruter des vitriers à l’étranger.
Pour ce qui est des salons de l’emploi, nous participerons à l’Expo vacances-travail en compagnie d’autres employeurs de l’Alberta et du Manitoba des milieux de la fabrication et de la construction. Ce salon se tiendra le 6 et le 7 octobre à Dublin, en Irlande. Nous espérons y recruter de la main-d’oeuvre spécialisée dans le verre commercial pour notre division commerciale.
All Weather Windows applaudit les récents changements annoncés par le gouvernement, y compris les changements apportés au Programme des travailleurs étrangers temporaires et l’accélération des avis relatifs au marché du travail pour certains employeurs. Cela étant dit, nous croyons que le gouvernement pourrait en faire plus en vue de créer un cadre moderne et utile pour aider à pourvoir à nos besoins en matière de main-d’oeuvre semi-spécialisée et spécialisée. Voici quelques suggestions.
On pourrait élargir les chemins qui mènent à la résidence permanente en étendant la catégorie de l’expérience canadienne pour donner aux travailleurs étrangers temporaires le droit de faire une demande de résidence permanente après avoir cumulé trois ans d’expérience de travail au sein de la même entreprise. On devrait tenir compte des recommandations des employeurs, des vérifications des antécédents satisfaisantes, de l’expérience pertinente dans le pays d’origine, et des exigences minimales en matière de compétences linguistiques.
Il faudrait créer un processus pour informer les employeurs de tout changement aux procédés ou aux renseignements utilisés relativement au calcul et au dépôt d’une demande initiale d’avis relatifs au marché du travail. Cela donnerait la chance aux employeurs de mettre à jour leurs demandes et d’éviter des retards coûteux, particulièrement en ce qui concerne les taux de salaire courants.
Le gouvernement devrait mettre en place un processus d’appel opportun et adapté, avec un rapport détaillé, pour les employeurs et les travailleurs étrangers temporaires dont les demandes sont rejetées, tout en demeurant à l’écoute des pénuries de main-d’œuvre propres à l’industrie.
Il faut modifier les critères de diffusion pour les avis relatifs au marché du travail en vue de permettre aux entreprises d’un même secteur de le faire conjointement, au lieu de devoir le faire séparément.
On pourrait tenir compte des sources générales d’information pour déterminer le salaire ou le traitement approprié, y compris les sondages du secteur de l’industrie qui peuvent souvent être fournis par les employeurs ou les associations d’employeurs.
Les travailleurs étrangers temporaires devraient pouvoir entrer au Canada dans les plus brefs délais en fournissant les documents de base. De plus, les entreprises dignes de confiance qui sont préqualifiées devraient pouvoir être exemptées des processus bureaucratiques qui retardent actuellement l’entrée au pays.
Le système d’immigration doit déterminer plus efficacement la main-d’oeuvre qualifiée dont l’industrie a besoin et lui simplifier son processus d’immigration.
Ces modifications apportées aux politiques aideront à créer un bassin de main-d’oeuvre plus flexible et adapté aux travailleurs formés au Canada ou à l’étranger, ce qui permettra non seulement à notre entreprise, mais aussi à d’autres de tirer pleinement profit des possibilités économiques qui s’offrent à nous.
Merci. Il me tarde de discuter avec vous.
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Merci, monsieur le président.
Et merci aux témoins d'être venus.
Monsieur Salkeld, j'ai pris en note un extrait de votre exposé. Vous avez dit que vos membres chercheraient à recruter des travailleurs à l'étranger.
Monsieur Taylor, vous avez dit il y a quelques minutes que les travailleurs étrangers temporaires devraient être autorisés à entrer au Canada en remplissant un minimum de formalités.
Vous admettez donc tous les deux que nous avons besoin de travailleurs étrangers temporaires.
Avant de vous poser ma question, je vais vous lire une brève citation qui ne tient qu'en quelques lignes.
Nous avons été en mesure de documenter littéralement des centaines de cas de travailleurs étrangers temporaires dont les droits ont été mis de côté et sapés. Cela va des salaires non payés, ou payés à un taux inférieur que celui qui avait été promis, jusqu'aux centaines de cas de travailleurs à qui l'on demande de payer des redevances exorbitantes à des courtiers pour le privilège d'obtenir un emploi à bas salaire. Dans certains cas, des travailleurs engagés dans le secteur des services ont payé 6 000 $ de courtage. Ces redevances sont illégales, mais elles sont quand même facturées.
Cette déclaration a été faite par un monsieur que vous connaissez probablement. C'est le président de la fédération des travailleurs de l'Alberta, Gil McGowan.
Selon les statistiques que nous avons recueillies, le nombre de travailleurs étrangers temporaires s'est accru de façon spectaculaire, passant de 20 000 il y a cinq ans… au chiffre record de 65 000 en 2009. Ainsi, lorsque ce M. McGowan parle des travailleurs étrangers et de leur expérience albertaine, il sait probablement très bien de quoi il parle.
Je vous pose donc à tous les deux les questions suivantes. D'après cette déclaration, nous comprenons que le recrutement de travailleurs étrangers temporaires a suscité bien des problèmes. Quelles solutions proposez-vous à ces problèmes? Comment y pallier?
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Merci, monsieur le président.
Et merci aux témoins d'être venus.
Avant de passer aux questions, je dois faire un commentaire.
Dans une certaine mesure, j'admets que ces travailleurs étrangers ont été maltraités. C'est pourquoi notre gouvernement a pris des mesures. Nous avons mis en place un processus destiné à documenter les mauvais traitements. Les employeurs qui maltraitent les travailleurs étrangers figurent sur une liste noire et ne sont plus autorisés à demander des avis relatifs au marché du travail, etc.
Mais pour en revenir à ma question, nous étudions les pénuries de travailleurs, qu'ils occupent des emplois spécialisés ou peu spécialisés. C'est un fait. Je tiens à vous remercier tous les deux, ainsi que votre industrie, pour tous les emplois que vous créez. J'ai d'ailleurs remarqué que les deux compagnies diffusent des offres d'emploi sur leur site Web.
Est-ce que cette pénurie perdure, ou en prévoyez-vous la fin, étant donné les circonstances et la disponibilité des employés?
Mais avant cela et avant de poser une question à M. Taylor, si j'ai bien compris, monsieur Salkeld, vous avez indiqué à la fin de votre exposé que les compétences nécessaires sont là, mais que l'on est pas prêt à accepter certains emplois.
Ai-je raison? Pouvez-vous élaborer sur les raisons de ce manque de volonté?
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Je le peux certainement.
Je dois dire qu'au Canada nous avons un problème social, plutôt qu'un problème de main-d'oeuvre, qualifiée ou non. Si je puis me permettre, je prendrai l'exemple de mon propre fils. Il a ses priorités, il veut avoir ses fins de semaine et ses soirées pour fréquenter ses amis, etc. Il s'est essayé au forage pendant six semaines et en est venu à la conclusion que cela nuisait à ses matchs de basket-ball et à ses jeux vidéo. Il travaille maintenant à l'extérieur, à l'installation de gouttières, mais selon l'horaire qu'il veut. Cela vous donne une idée de l'attitude générale.
Comme je l'ai mentionné, ce n'est plus la même génération. Aujourd'hui, on ne s'intéresse plus à… Je suis moi-même mécanicien de machinerie lourde agréé aux termes du programme Sceau rouge, de même que mécanicien d'automobiles. J'ai travaillé dans le monde entier, dans toutes sortes de conditions, sur terre, sur mer. J'acceptais simplement le travail que l'on m'offrait et je l'aimais. Je ne veux pas généraliser, mais il y a aujourd'hui des jeunes que rien n'intéresse. Comme je l'ai dit, mon fils est l'un d'eux.
Dans une certaine mesure, il faut donc s'occuper de la situation sociale.
Moi aussi, je suis d'accord. Je siège au conseil de la Resource Training Organization de la Colombie-Britannique. Nous surveillons 17 corps de métiers. Je représente ceux de l'industrie du pétrole et du gaz, mais nous avons aussi les métiers de la construction navale, les métallurgistes, les électriciens… Nous avons une bonne représentation de l'ensemble de l'industrie. Ce qui est unique en l'occurrence, c'est que le groupe que nous surveillons entretient divers partenariats avec l'industrie, et c'est essentiellement ce que ce groupe est censé faire. Il est censé consulter l'industrie et lui servir d'interface directe, comprendre les besoins de l'industrie par rapport aux métiers et à la formation, et collaborer avec, dans le cas qui nous occupe, le gouvernement de la Colombie-Britannique ou l'ITA, soit l'Industry Training Authority, pour recenser les besoins de l'industrie.
En Alberta, je m'occupe du Petroleum Competency Program dans le cadre duquel nous recensons les séries de compétences qui ne correspondent pas nécessairement à un métier donné, dans les domaines de la protection cathodique des pipelines et des puits de forage, par exemple. Nous nous sommes fait un créneau, nous avons défini les compétences nécessaires et la formation, et en avons confié la surveillance à l'Alberta Industry Training Group. Voilà un autre exemple de partenariat avec l'industrie.
Nous avons certainement besoin d'un financement de la part d'une agence de surveillance fédérale, mais j'encouragerais le gouvernement et l'industrie à travailler ensemble pour développer les métiers. L'industrie connaît ses besoins. Et le gouvernement peut contribuer à l'élaboration de normes générales. Si je puis me permettre, je vous donnerai l'exemple de l'Australie, que vous connaissez d'ailleurs certainement. L'Australie a un programme d'apprentissage national grâce auquel une norme est fixée pour tous les États et territoires du pays. Le groupe britanno-colombien pour lequel je travaille a d'ailleurs noué un partenariat avec cette instance australienne qui lui donne de bonnes idées sur les moyens d'encourager les métiers, l'intégration des femmes, les apprentis orphelins, bref toutes sortes de bonnes idées.
Le gouvernement a certainement un rôle à jouer. Je ne suis pas partisan d'un financement incessant. Un certain appui et une certaine surveillance sont vraiment utiles, mais laissons l'industrie s'occuper d'elle-même.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, merci d'être avec nous aujourd'hui.
Vous avez tous les deux mis l'accent sur l'emploi de Canadiens avant d'aller chercher des travailleurs étrangers. Depuis le début de notre étude, on parle beaucoup de groupes qui sont sous-employés, par exemple les femmes, les groupes autochtones, les jeunes et les gens vivant avec un handicap physique. On sait que le taux de chômage chez les jeunes est très élevé, soit de 17 %. On a aussi entendu dire, surtout jeudi dernier, qu'il y avait un besoin de formation de base chez les jeunes et les groupes autochtones. Les jeunes manquent de formation de base. Il leur manque souvent une formation de base pour travailler en équipe, respecter les horaires. Il leur manque une formation en matière d'alphabétisation, etc.
Ressources humaines et Développement des compétences Canada offre un programme qui s'appelle Connexion compétences. Ce programme alloue des fonds à de tels groupes. Dans ma circonscription, par exemple, les Ateliers bon débarras forment des jeunes de 16 ou 17 ans qui ne sont ni à l'école ni en emploi. Cela leur donne vraiment la formation de base nécessaire. Un autre groupe, qui s'appelle Wapikoni, a fait l'objet de coupes récemment. Ce groupe donnait de la formation de base à des groupes autochtones.
Dans vos industries respectives, avez-vous remarqué ce besoin de formation de base chez les jeunes ou peut-être même chez les Autochtones? Pourriez-vous me répondre succinctement, s'il vous plaît? J'aimerais ensuite céder le reste de mon temps de parole à M. Lapointe.
Merci.