Bienvenue à la 12e réunion du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes.
Compte tenu de la situation pandémique actuelle, et suivant les recommandations des autorités responsables de la santé ainsi que la directive du Bureau de régie interne du jeudi 25 novembre 2021, pour rester en bonne santé et en sécurité, toutes les personnes qui assistent à la réunion en personne doivent maintenir une distance physique de deux mètres et porter un masque non médical lorsqu'elles circulent dans la salle. Il est fortement recommandé de porter le masque tout le temps, y compris lorsqu'on est assis. Vous devez maintenir une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant pour les mains fourni dans la salle. Veuillez vous abstenir de venir dans la salle si vous êtes symptomatique.
En tant que présidente, j'appliquerai ces mesures pendant toute la durée de la réunion et je remercie d'avance les membres de leur coopération.
Pour ceux qui participent virtuellement, j'aimerais préciser quelques règles à suivre.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont offerts pendant la réunion. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Si l'interprétation est interrompue, veuillez me le signaler immédiatement, et nous veillerons à ce qu'elle soit rétablie avant de poursuivre les délibérations. La fonction « Lever la main » au bas de l'écran peut servir à tout moment si vous souhaitez intervenir ou attirer l'attention de la présidente ou de la greffière.
Lorsque vous êtes prêt à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Toutes les remarques doivent être adressées par l'intermédiaire de la présidence. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
En ce qui concerne l'ordre des prises de parole, la greffière du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour ne dresser qu'une seule liste des participants en virtuel et en présentiel.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 1er février 2022, le Comité reprend son étude des résultats différentiels dans les décisions d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui l'honorable Sean Fraser, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, devant le Comité.
Merci, monsieur le ministre, de comparaître à nouveau aujourd'hui.
Il est accompagné également des représentantes du ministère, Caroline Xavier, sous-ministre déléguée; Pemi Gill, directrice générale, Réseau international; et Farah Boisclair, directrice, Groupe de travail sur la lutte contre le racisme.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue au ministre, qui entamera nos discussions par cinq minutes de remarques préliminaires, suivies d'une série de questions.
Monsieur le ministre, vous disposez de cinq minutes pour vos remarques préliminaires. Allez‑y, je vous en prie.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je me joins à vous aujourd'hui à partir de Terre-Neuve. Je suis ravi d'être de retour et de me présenter régulièrement devant le Comité.
[Français]
Permettez-moi de commencer en disant qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, a une tolérance zéro en matière de racisme, de discrimination ou de harcèlement de toutes sortes. Cependant, nous savons que ces problèmes existent dans l'ensemble de la fonction publique et dans notre ministère.
Si l'on veut réellement changer les choses de façon durable, il faut d'abord reconnaître cette réalité. C'est pourquoi la création d'espaces sécuritaires et d'un milieu de travail inclusif et sain est une priorité pour moi, pour les sous-ministres d'IRCC et pour l'ensemble du ministère.
[Traduction]
Nous avons l'obligation d'écouter et d'agir. Notre diversité au Canada est une grande force, et nous en profitons tous, à mon avis, lorsque nous reflétons cette diversité dans notre fonction publique. Cela est vrai pour tous les organismes fédéraux, et particulièrement pour IRCC, compte tenu de son mandat d'accueillir les nouveaux Canadiens.
Le ministère s'est engagé envers la diversité et l'inclusion, non seulement en ce qui concerne ses employés, mais aussi dans le travail que nous faisons, y compris le traitement équitable et non discriminatoire des demandes que nous recevons de personnes d'origines très diverses.
J'aimerais vous présenter quelques-unes des mesures que nous prenons pour respecter cet engagement permanent.
La première étape importante de cet engagement a été la création, en 2020, de notre groupe de travail sur la lutte contre le racisme. Ce groupe de travail oriente la stratégie du ministère pour éliminer le racisme et applique une lentille antiraciste à l'ensemble du travail, des politiques et des programmes dont nous sommes responsables.
Dans l'ensemble, IRCC a revu activement ses systèmes de ressources humaines afin que les Autochtones, les Noirs, les personnes racialisées et les personnes handicapées soient mieux représentés à tous les niveaux d'IRCC.
[Français]
À cette fin, nous avons pris 12 engagements ministériels pour faire d'IRCC un lieu de travail plus équitable et plus diversifié, pour que le ministère rende compte de ses progrès à cet égard et pour modifier la composition de notre effectif d'ici 2024.
Nous avons également pris six engagements sur la prestation de services axés sur la lutte contre le racisme, afin de mesurer, d'analyser et d'évaluer l'incidence des préjugés sur la prestation des services, notamment en effectuant un examen des services que nous offrons à nos clients africains.
Ces engagements sont importants, car ce n'est qu'en mesurant ces paramètres que nous pourrons apporter des changements.
[Traduction]
De plus, pour tenir nos engagements, nous avons mis en place un grand nombre d'initiatives et de programmes de formation pour soutenir les décideurs dans nos différents secteurs d'activité. En voici quelques exemples.
Nous avons mis en place un groupe de travail sur la lutte contre le racisme dans la prestation des services, qui a mandaté une formation pour aider les décideurs à comprendre l'équité procédurale et l'impartialité dans le processus décisionnel.
Le programme d'assurance qualité du ministère à l'étranger a été élargi pour inclure un examen annuel des refus de demande.
Nous recensons les données disponibles sur les clients liées à la race afin d'identifier les éventuels préjugés, le racisme systémique et d'autres obstacles.
Nous examinons les politiques et les programmes pour repérer le racisme systémique ou les obstacles dans la prestation des programmes et des services.
Au fur et à mesure que nous nous modernisons et adoptons de nouvelles technologies, nous élaborons également des orientations et mettons en oeuvre des mesures visant à atténuer les préjugés et les conséquences négatives involontaires.
[Français]
Je tiens à souligner que nous sommes attachés à l'application équitable des lois sur l'immigration. Ainsi, toutes les demandes d'immigration reçues par IRCC sont évaluées individuellement, en fonction des documents fournis par les clients.
[Traduction]
IRCC a également pris un certain nombre de mesures visant à apporter des changements réels et durables au sein du ministère afin de veiller à ce que nos actions soutiennent nos engagements.
Nous avons établi la stratégie triennale de lutte contre le racisme, qui comprend dans ses plans: des programmes obligatoires de formation sur les préjugés, de mentorat et de parrainage; des objectifs de travail et de formation en matière de lutte contre le racisme inclus dans les ententes de rendement; des programmes de direction pour les groupes sous-représentés; des séances d'encadrement lié au traumatisme pour les employés et les gestionnaires noirs afin de leur permettre de reconnaître les conséquences du racisme sur la santé mentale; des cercles de confiance pour les employés; des outils d'évaluation des effets du racisme pour l'élaboration des politiques, ainsi que d'autres initiatives visant à soutenir le changement culturel dans le milieu de travail.
Nous nous concentrons également sur des processus de recrutement ciblés afin d'atteindre des niveaux de représentation plus élevés. Nous mettons en oeuvre des engagements de lutte contre le racisme dans les ententes de rendement de nos dirigeants. À cette fin, IRCC lance une nouvelle stratégie triennale de recrutement et de maintien en poste afin d'établir la diversité de notre main-d'oeuvre.
[Français]
Nous préparons également une banque de gestion des talents, où les employés peuvent s'inscrire afin d'être pris en considération pour des possibilités d'emploi au sein d'IRCC. Grâce à de telles initiatives, nous commençons à voir des tendances encourageantes sur le plan de l'équité en matière d'emploi, en particulier dans les premiers échelons.
Cependant, nous devons faire plus de progrès en ce qui a trait aux cadres intermédiaires et supérieurs afin que notre effectif soit plus représentatif de la population canadienne.
[Traduction]
Nous devons créer une main-d'œuvre diversifiée afin que les personnes racialisées puissent contribuer à notre ministère, en particulier en tant que dirigeants, et puissent inspirer d'autres personnes à poursuivre des rôles de direction.
Madame la présidente, est‑ce la fin de mon temps de parole, ou est‑ce un signal qu'il reste un peu de temps?
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Votre commentaire était généreux, madame Kayabaga, pour souligner le moment où certains de ces problèmes se posent. Je suis d'avis qu'ils ne sont pas nécessairement de ma faute, mais qu'ils relèvent de ma responsabilité et, franchement, de ma possibilité de les régler.
En ce qui concerne votre question sur la façon dont nous pouvons utiliser les personnes qui sont ici maintenant — ou, je dirais même, au sein d'IRCC — pour aider à résoudre ce problème, il y a une chose qui me frappe. Lorsque je viens à Ottawa chaque semaine et que j'ai des conversations avec des gens qui ont un vécu différent du mien, qui viennent d'un pays d'origine différent ou d'un milieu ethnique ou racial différent, la conversation change. Je parle des choses différemment avec des personnes différentes. Nous avons des discussions plus éclairées, et j'aime à penser que nous prenons de meilleures décisions.
J'ai eu une conversation dans un centre pour nouveaux arrivants en Alberta lors d'une visite la semaine dernière, et j'ai soulevé le fait qu'il y a un incroyable esprit d'entrepreneuriat chez certains des réfugiés qui sont venus dans ma collectivité. L'une des employées m'a arrêté net lorsqu'elle a dit que c'était formidable qu'il y ait un esprit d'entreprise, mais que je ne me rendais peut-être pas compte, compte tenu de mon expérience de vie, que cela était dû au fait qu'à l'époque, beaucoup de nouveaux arrivants ou de personnes de sa communauté ne pouvaient pas trouver d'emploi dans les scénarios d'emploi traditionnels parce qu'elles étaient victimes de racisme. Le fait que l'on m'ait ouvert les yeux sur quelque chose d'aussi évident rétrospectivement me prouve que si nous faisons participer des personnes d'horizons différents aux conversations, nous aurons des discussions plus saines et prendrons de meilleures décisions.
Pour répondre à votre question, je pense qu'une bonne chose que nous pouvons faire est d'adopter des exercices de formation et de promotion au sein du ministère afin de faire en sorte que les cadres supérieurs et intermédiaires d'un ministère ne soient pas homogènes. Je pense que l'une des principales choses que nous pouvons faire est d'avoir des personnes qui comprennent la situation de vie des personnes qui demandent à venir au Canada en provenance de différents pays, qui ont des antécédents religieux ou culturels différents.
Je ne veux pas absorber tout le temps. J'ai beaucoup à dire à ce sujet, mais je le laisse pour votre prochaine question.
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Je vous remercie de votre réponse, et cela m'amène à ma prochaine question.
Pour pouvoir nous attaquer à la discrimination à IRCC et au racisme systémique, nous devons nous battre pour certaines politiques. Je me souviens avoir fait partie du groupe de personnes qui demandaient que la Décennie des Nations unies pour les personnes d'ascendance africaine soit mise en œuvre en tant que politique. Heureusement, nous l'avons fait.
Seriez-vous d'accord pour prolonger cela, car ce groupe de travail a été mis en place en 2020, et cela ne nous donne pas assez de temps pour aborder les problèmes d'IRCC?
Avant que vous ne répondiez, je vais ajouter une autre question à cela.
J'ai eu l'occasion d'aller à Dakar et de parler aux membres d'IRCC là‑bas, qui desservent actuellement 16 à 26 autres pays dans la région. Ils ne sont pas en mesure d'être physiquement dans les autres pays qu'ils servent. Je me demande quel effet ont les décisions qu'ils prennent — qui ne sont pas éclairées et qui ne tiennent pas compte des pays qu'ils desservent — sur la discrimination ou les taux de refus élevés que nous avons constatés dans les pays africains.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je veux remercier le ministre de s'être rendu disponible, ce qui est franchement tout à son honneur. Il a comparu à plusieurs reprises devant le Comité et cela mérite d'être souligné.
Cela fera bientôt quatre semaines que le ministre et moi travaillons en collaboration, notamment sur la question des réfugiés ukrainiens et de la passerelle aérienne. Pour faire changement, je vais lui parler d'un autre sujet qui est tout aussi important et qui cause un peu de difficultés à IRCC.
Avant-hier, M. Gideon Christian a parlé du racisme à IRCC au cours de son témoignage devant le Comité. Il nous a dit qu'il fallait regarder les choses en face, même si cela était dérangeant. Bien entendu, tous les membres du Comité sont mal à l'aise quand il s'agit de racisme, mais nous pouvons nommer le problème.
Ma question est assez simple et j'aimerais obtenir une réponse par oui ou par non.
Monsieur le ministre, y a-t-il du racisme à IRCC?
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J'ai besoin d'apprendre, de voir d'abord quel sera l'impact d'une telle approche. Cependant, il y a une raison pour laquelle nous avons conçu ce programme particulier en ce qui concerne la situation en Ukraine.
Si je veux la comparer à l'Afghanistan, il y a vraiment deux différences majeures. La première est la facilité avec laquelle les Ukrainiens ont un passage sûr en dehors de l'Ukraine vers l'ouest et peuvent trouver une voie par laquelle ils peuvent être traités en toute sécurité et passer aussi par notre processus de contrôle biométrique. Il y a d'énormes défis à relever sur le terrain, mais comparativement, en Afghanistan, nous avons affaire à des personnes précises pour lesquelles nous avons pris un engagement, qui se trouvent sur un territoire où les talibans ne les laissent pas quitter le pays et où elles ne peuvent pas transiter en toute sécurité à travers ou en dehors de l'Afghanistan.
Le deuxième élément est que, d'après nos conversations avec nos homologues européens et la communauté canado-ukrainienne, nous pensons que la grande majorité des personnes qui viennent d'Ukraine au Canada le font pour une période temporaire et souhaitent rentrer chez elles.
En ce qui concerne l'Afghanistan, j'aimerais que les circonstances soient les mêmes. Je n'ai pas le même espoir que les personnes que nous accueillons de façon permanente en tant que réfugiés puissent un jour rentrer chez elles en toute sécurité, malgré un désir éventuel de le faire. C'est ce qui nous a permis de créer nos différentes réponses pour les circonstances uniques.
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Merci, monsieur le ministre. Je vous en suis très reconnaissant.
Je sais qu'une semaine est un délai relativement court pour traiter la correspondance, et je ne suis pas toujours aussi efficace moi-même, mais étant donné la nature du cas et son urgence, je tenais à le souligner. Je vous remercie de vous être engagé à examiner le dossier et à assurer le suivi de ces questions.
J'ai trouvé intéressant que, en réponse à la question de mon collègue M. Brunelle-Duceppe sur le racisme à l'IRCC, vous ayez qualifié le racisme de « maladie ». Je serais plus enclin à décrire le racisme comme un mal moral, par opposition à une maladie. Je suppose que la différence réside dans le fait que l'un suppose que c'est quelque chose qui se produit tout simplement, tandis que l'autre entend que des personnes précises sont responsables des choses qu'elles font et devraient en être tenues responsables.
Je pensais à cette description dans le contexte de la remarque de mon collègue M. Hallan selon laquelle il n'y a pas eu de conséquences pour les personnes qui ont un comportement raciste. J'aimerais savoir si vous êtes d'accord avec ma description du racisme comme un mal moral par opposition à une maladie — peut-être que c'est les deux —, et si vous pensez que les personnes qui ont adopté un comportement raciste devraient être tenues responsables et devraient être réaffectées ou renvoyées. Qu'est‑ce qui est approprié en ce qui concerne l'identification des acteurs et des conséquences?
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Les problèmes de traitement ne sont pas particuliers à un secteur d'activité ou à un autre, mais certains rencontrent plus de problèmes que d'autres.
Nous prenons trois catégories de mesures, si je puis dire, pour améliorer la situation. La première concerne les ressources, la deuxième, la technologie et la troisième, le nombre de places.
Pour ce qui est des ressources, je vous ai déjà appris que nous avons embauché plus de 500 employés qui sont maintenant entièrement formés, qui travaillent et qui produisent. De plus, les fonds annoncés dans la mise à jour économique et financière, principalement dans l'aspect temporaire de l'activité, aideront nettement.
Vous avez vu l'annonce que nous avons faite fin janvier au sujet de certaines caractéristiques technologiques que nous mettons en ligne. Il me semble que cela a déjà fait l'objet de témoignages devant le Comité. Je ne redonnerai donc pas tous les détails. Je me contenterai de dire que l'outil de suivi des demandes de résidence permanente de la catégorie du regroupement familial est maintenant en ligne et que les personnes peuvent suivre l'état de leur dossier en temps réel. Je peux vous parler de plusieurs autres mesures, si vous le souhaitez.
Enfin, en ce qui concerne le nombre de places, en l'augmentant dans l'ensemble, nous serons plus à même de faire un certain rattrapage, mais je dirai que depuis janvier, nous avons traité plus de 143 000 demandes de résidence permanente. Fin février, c'est‑à‑dire dans les deux premiers mois de l'année, nous en avons approuvé plus de 100 000. En fait, nous avançons bien plus vite dans le traitement qu'avant la fin de l'année dernière, et il est encourageant de voir certains de ces investissements porter leurs fruits et permettre d'augmenter nettement la vitesse à laquelle nous avons pu traiter les demandes dans les premiers mois de l'année.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Monsieur le ministre, à l'instar de ma collègue Mme Kayabaga, j'aimerais souligner le fait que vous êtes en poste depuis peu de temps et qu'il y a beaucoup de problèmes qui existaient avant votre arrivée. Cependant, c'est votre formation politique qui forme le gouvernement depuis 2015, et dans les sept dernières années, je n'ai pas vu beaucoup de changements positifs à IRCC.
Je vous crois sincère dans votre volonté de changer les choses. Justement, à plusieurs reprises, dont mardi dernier à ce comité, on nous a dit que la mise en place d'un poste d'ombudsman à l'immigration pourrait faire en sorte que les gens soient mieux protégés contre les décisions injustes qu'ils doivent subir dans le traitement de leurs demandes d'immigration.
Je vous ai déjà posé la question à deux reprises, mais vous sembliez ambivalent à ce sujet. Aujourd'hui, je vais vous poser la question plus directement, puisque vous dites vouloir changer les choses.
Êtes-vous en faveur de la création d'un poste d'ombudsman à l'immigration?
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Afin que ce soit consigné pour l'information du ministre, le NPD demande depuis des années maintenant dans son programme électoral la nomination d'un ombudsman de l'immigration. Nous y sommes assurément favorables et c'est, à mon avis, une absolue nécessité. J'espère que le ministre prendra la question au sérieux et qu'il mettra quelque chose de cet ordre en place.
En ce qui concerne la différence de traitement, elle ne commence pas à un endroit. Elle existe, en fait, dans tout le système. Le Comité a appris que les organisations de femmes racialisées sont traitées différemment. On leur demande une ventilation détaillée de leurs frais administratifs, alors que d'autres secteurs n'ont pas à la présenter.
Les agents d'établissement doivent fournir des renseignements supplémentaires pour justifier leurs décisions, et cela vaut aussi pour les clients. En Inde, les dossiers sont examinés à la loupe pour débusquer les mariages frauduleux. On pose aux clientes musulmanes des questions de nature sexuelle sur leur relation avec leur époux, comme preuve de mariage. Dans le cas de la Chine, des analyses génétiques sont souvent exigées pour les demandes de parrainage d'enfant. Quant à l'Afrique, les relations parent-enfant authentiques sont souvent mises en doute.
Le ministre va‑t‑il garantir qu'il y aura un examen indépendant de ces problèmes dans le cadre d'un examen indépendant plus général du racisme systémique à IRCC et que les résultats en seront rendus publics?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je parlerai de ce qui me semble être une évidence dont personne ne parle. Nous avions le conflit en Afghanistan l'an dernier, et il continue. En août, le gouvernement a déclaré qu'il voulait accueillir 40 000 Afghans. Pour l'instant, il en est arrivé environ 8 500 en huit mois, soit un peu plus de 1 000 par mois. Il s'agit, évidemment, d'une communauté racialisée en Afghanistan.
Nous avons maintenant le conflit en Ukraine. Vous avez déclaré que nous avons accueilli 10 000 Ukrainiens blancs au cours des trois derniers mois. C'est, proportionnellement, trois fois plus que d'Afghans. Les Ukrainiens méritent certainement de venir au Canada — ils ont besoin d'aide —, mais les autres aussi.
On dirait que vous avez instauré, sous votre gouvernement, un système racialisé, un système à deux vitesses où les Européens blancs viennent plus vite que les Afghans. Comment l'expliquez-vous?
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Il est très important que les Canadiens comprennent que ce n'est en aucune façon la motivation.
En ce qui concerne les chiffres, environ 9 400 Afghans ont maintenant obtenu le droit d'établissement au Canada. J'ai eu l'occasion de rencontrer, lors d'un récent séjour, plusieurs de nos nouveaux voisins qui vivent en Alberta.
La situation en Ukraine permet et exige une réponse différente. Pour ce qui est de l'Afghanistan, il s'agit, pour reprendre vos termes, de personnes que nous accueillons et qui bénéficient de toute la série de mesures d'aide à l'établissement. Nous utilisons un processus classique de réinstallation des réfugiés.
Dans le cas de l'Ukraine, nous facilitons la venue de personnes. Nous voyons quels soutiens seraient appropriés. Nous cherchons des solutions pour faciliter l'entrée des personnes au Canada. Les 10 000 Ukrainiens qui sont arrivés le sont depuis le début de l'année et par leurs propres moyens pour l'essentiel. La question est plus celle de leur capacité de quitter l'Ukraine, par rapport aux personnes qui ne peuvent pas quitter l'Afghanistan, que d'une décision du gouvernement fédéral qui se montrerait plus bienveillant envers un groupe de personnes qu'envers un autre.
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L'essentiel pour moi dans l'utilisation de l'analytique avancée, c'est de nous assurer que nous pouvons traiter les cas aussi efficacement que possible sans compromettre l'intégrité du processus. Nous voulons que tous les demandeurs aient la même chance de présenter leur demande et la faire examiner.
L'analytique avancée nous permet de repérer les cas simples qui ne présentent aucune difficulté. Prenons quelqu'un qui est revenu au Canada de nombreuses fois et qui a toujours respecté les règles. L'analytique avancée permet de repérer sa demande et de faire en sorte qu'elle soit traitée par quelqu'un au ministère qui est en mesure de la traiter assez rapidement.
Dans les situations compliquées — par exemple, si un problème de sécurité est signalé dans un dossier ou si des facteurs indiquent que le demandeur doit être examiné de plus près —, les demandes seront soumises au processus de traitement ordinaire et un agent examinera tous les renseignements qui y sont fournis.
Il s'agit, au fond, d'un mécanisme de tri qui a permis, pour les cas simples, d'améliorer l'efficacité de 87 %.
Si nous avons affaire aux cas simples, qui sont nettement plus susceptibles d'être approuvés sans qu'il faille une analyse plus approfondie, il me semble logique de procéder ainsi, car les personnes soumises à cette évaluation ne sont pas lésées. Leur demande est traitée plus rapidement.
Dans la mesure où le cas de certaines personnes est plus complexe, tous les dossiers sont quand même examinés et approuvés par une personne qui travaille pour IRCC, pas par un système informatisé. Le système ne fait pas de recommandations. Il n'approuve pas plus qu'il ne rejette de demandes, mais il nous permet de traiter plus rapidement les cas simples.
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Je vous remercie de la question.
Comme le ministre le disait, nous prenons la stratégie de lutte contre le racisme très au sérieux. Nous ne voulons pas qu'il y ait du harcèlement ni de la discrimination au ministère.
L'une des choses qui sont primordiales au ministère — j'en suis témoin, surtout depuis que je suis en poste —, c'est que quiconque voit quoi que ce soit de répréhensible doit le signaler. Il peut le dire à son supérieur immédiat ou à l'agent supérieur chargé de la divulgation interne d'actes répréhensibles. Il peut le dire à notre Bureau de règlement des conflits ou, encore, à notre groupe de travail antiracisme.
Il y a donc plusieurs façons dont les employés peuvent signaler un problème. Nous reconnaissons que, parfois, certains peuvent ne pas avoir confiance en la personne à qui ils peuvent s'adresser. C'est pour cela que nous nous assurons que les employés sont à l'aise à l'idée d'aborder ces sujets au ministère.
À mon avis, la situation s'est améliorée au cours des deux dernières années. Nous rendons le processus plus ouvert et moins stigmatisant. Il est plus facile de parler de discrimination et de harcèlement. Nous sommes aussi conscients qu'il existe des lacunes et que des améliorations sont possibles dans notre ministère.
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Je vous remercie de la question.
Comme je vous l'ai dit auparavant, il existe plusieurs façons de dénoncer un acte répréhensible. L'employé peut en parler avec son supérieur immédiat, ou encore porter le cas à l'attention de l'agent supérieur chargé des divulgations internes, par exemple, qui est un organe indépendant du ministère. Il peut aussi le signaler au Bureau de résolution des conflits, un autre organe indépendant du ministère.
De plus, l'employé peut aller chercher de l'aide auprès de son syndicat, selon le niveau du poste occupé, car nous essayons de travailler en partenariat avec le syndicat. Ce dernier a aussi un rôle indépendant.
L'employé peut également s'adresser à quelqu'un occupant un poste à un autre échelon hiérarchique, que ce soit le directeur général ou le ministre adjoint, et non simplement [difficultés techniques].