Nous tenons cette réunion en public.
Bienvenue à la réunion no 93 du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes.
Aujourd'hui, nous recevons l'honorable Marc Miller, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, qui nous présentera une séance d'information sur les récents changements apportés à la politique publique relative aux étudiants étrangers et les mesures envisagées pour l'avenir. Le ministre est accompagné de ses collaborateurs.
D'abord, j'aimerais souhaiter la bienvenue, au nom des membres du Comité, à M. Harpreet S. Kochhar, sous-ministre adjoint. M. Kochhar a auparavant assumé les fonctions de sous-ministre adjoint au ministère. Il a par la suite accepté des postes dans d'autres ministères avant de revenir à IRCC.
Bienvenue, monsieur Kochhar.
Nous avons également Mme May, qui est une habituée du Comité. C'est un plaisir de vous recevoir encore une fois.
Nous accueillons aussi Mme Zafar, qui participe par vidéoconférence. Bienvenue au Comité, Mme Zafar.
J'aimerais souligner la présence de deux députés qui se joignent à nous pour la réunion.
Nous avons M. Morrice. Bienvenue au Comité.
M. Berthold est ici également. Bienvenue à la réunion.
Sur ce, nous allons passer directement au ministre. Vous avez cinq minutes pour votre déclaration liminaire. La parole est à vous.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux moi aussi souhaiter la bienvenue à mon équipe, particulièrement à M. Kochhar, qui est le nouveau sous-ministre d'IRCC. Il m'accompagne pour la première fois devant le Comité.
Je tiens tout d'abord à souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel et non cédé du peuple algonquin anishinabe.
[Français]
Je suis heureux de me présenter de nouveau devant le Comité — c'est la deuxième fois ce mois-ci — afin de discuter des réformes du Programme des étudiants étrangers , des fraudes liées aux étudiants étrangers et d'une mise à jour concernant le groupe de travail. Plusieurs d'entre vous m'ont déjà posé des questions sur ces sujets.
[Traduction]
Au cours des dernières années, nous avons constaté des hausses énormes du nombre d'étudiants étrangers qui viennent au pays idéalement pour y étudier.
Certains établissements ont considérablement augmenté le nombre d'étudiants étrangers qu'ils accueillent afin d'accroître leurs revenus, et ce, sans offrir aux étudiants les ressources et le soutien dont ils ont besoin.
[Français]
Cette situation a rendu les étudiants étrangers vulnérables à l'exploitation et à la maltraitance. Nous devons mettre en place des mesures pour protéger les nouveaux arrivants, tout en maintenant l'intégrité du système. C'est la raison pour laquelle nous avons réformé le Programme afin d'améliorer l'intégrité du système, de soutenir les étudiants étrangers au Canada et de protéger ces derniers contre l'exploitation.
[Traduction]
En décembre 2023, nous avons mis en place un système amélioré et obligatoire de vérification des lettres d'acceptation pour tous les établissements d'enseignement postsecondaire, afin de protéger les étudiants et les établissements contre la fraude. Nous avons également mis sur pied un groupe de travail chargé de recenser les étudiants étrangers venus vraiment pour étudier, qui sont victimes de stratagèmes que nous avons observés concernant de fausses lettres d'acceptation.
En janvier, nous avons augmenté les exigences financières pour les étudiants étrangers à 20 635 $. Cette mesure permettra de s'assurer que les étudiants possèdent les ressources financières nécessaires pour vivre au Canada et qu'ils sont par le fait même moins vulnérables à l'exploitation et aux mauvais traitements.
[Français]
Bien qu'il s'agisse d'une mesure nécessaire pour que les étudiants étrangers puissent subvenir à leurs besoins, nous comprenons que l'augmentation des exigences financières peut avoir un effet disproportionné sur les étudiants provenant de pays à faible revenu, et, à cet égard, notamment de pays francophones. Nous travaillons à deux projets pilotes pour atténuer cet impact.
[Traduction]
En outre, les étudiants étrangers inscrits dans des établissements privés ayant conclu des accords de licence de programme avec des établissements publics ne seront plus admissibles à l'obtention d'un permis de travail à la fin de leurs études. Comme les partenariats public-privé sont connus pour leur manque de supervision, les établissements privés n'offrent pas l'expérience étudiante de qualité pour laquelle le Canada est réputé et qu'il devrait l'être.
[Français]
Non seulement plusieurs de ces établissements laissent tomber les étudiants étrangers, mais ils compromettent aussi la réputation du Canada et de ses établissements d'enseignement désignés en tant que chefs de file mondiaux dans le domaine de l'éducation.
Ces mesures protégeront les étudiants étrangers, renforceront l'intégrité des programmes et maintiendront l'avantage concurrentiel du Canada en matière de recrutement des plus talentueux.
[Traduction]
Les étudiants étrangers, tout comme leur famille, font d'importants investissements financiers et personnels pour venir au Canada, et plusieurs d'entre eux ont l'intention de rester au pays en tant que résidents permanents en vue d'obtenir la citoyenneté. Cet accès n'est pas toujours garanti, et ne constitue pas non plus un objectif du programme.
[Français]
C'est là le cœur du programme: nous voulons et avons besoin que ces étudiants restent au Canada. Ils comblent parfois des déficits de main-d'œuvre. Cependant, la croissance effrénée a donné lieu à un nombre sans précédent d'étudiants étrangers au Canada. Cette situation met en péril la voie vers la citoyenneté à laquelle ils s'attendent.
[Traduction]
C'est pourquoi, en plus de ces réformes, nous avons mis en place un plafond de deux ans pour les nouveaux permis d'études. Les provinces et les territoires demeurent responsables de l'enseignement postsecondaire et répartissent les places dans les établissements d'enseignement désignés, qu'ils ont le pouvoir et le devoir de réglementer.
[Français]
Les étudiants qui viennent ici pour obtenir un diplôme d'études supérieures ou un doctorat, ainsi que les élèves du primaire et du secondaire, sont exemptés de cette mesure.
[Traduction]
Pour que l'objectif de ces réformes ne se limite pas au plafond, nous travaillons depuis un certain temps avec des partenaires à l'élaboration d'un Cadre des établissements reconnus, qui a été lancé par mon prédécesseur et que nous adopterons dans les mois à venir.
En plus de favoriser une croissance non durable, de nombreux établissements ont également accepté des étudiants sans être en mesure de leur fournir un soutien adéquat, notamment en matière de logement, et en recourant parfois à des pratiques de recrutement contraires à l'éthique. En pénalisant les mauvais acteurs et en récompensant les bons, ce cadre permettra une transition en douceur vers l'élimination du plafond si nous choisissons de l'abandonner.
Le plafond et les autres réformes dont j'ai parlé ne constituent pas une fin en soi pour les étudiants étrangers. Au contraire, ces mesures contribueront à maintenir les voies d'accès à la résidence permanente et à la citoyenneté, à attirer et à retenir les meilleurs talents, et à faire en sorte que les étudiants qui s'installent au Canada aient accès à des ressources et à des soutiens essentiels.
Je tiens à souligner que les étudiants étrangers ne sont pas responsables des difficultés que connaissent actuellement les communautés en matière de logement, de soins de santé et d'autres services. Ce sont des services essentiels auxquels tous les Canadiens, y compris les étudiants que nous accueillons, doivent avoir accès.
Dans la mesure où nous accueillons des étudiants brillants de partout dans le monde, nous avons le devoir de soutenir ces étudiants tout au long de leur parcours pour les aider à s'adapter à la vie au Canada et pour favoriser leur réussite.
Merci, monsieur le président.
Je suis prêt à répondre à vos questions.
:
C'est une excellente question.
De manière générale, madame Kayabaga, nous avons eu de nombreuses occasions d'en discuter à la fois en privé et en public avec les gens des provinces, y compris de l'Ontario, qui a connu le plus grand afflux d'étudiants étrangers au cours des dernières années. Nous avons travaillé directement avec les établissements au modèle des établissements agréés avant mon arrivée en poste.
Mon collègue a dit à maintes reprises à ses homologues provinciaux, avant même mon entrée en poste, qu'ils devaient mettre de l'ordre dans leurs affaires, faute de quoi nous agirions.
Il y a beaucoup de suppositions qui sont faites sur qui a décidé quoi, quand et comment en ce qui concerne ce plafond. M. Fraser, le ministre précédent à ce poste, qui est désormais ministre du Logement, fait partie de ceux qui m'ont aidé et qui m'ont convaincu d'aller de l'avant. Il estimait, à juste titre, selon moi, qu'il était important d'assumer la responsabilité fédérale dans ce dossier, qui se situe au moment de l'admission, grâce à un mécanisme plus robuste pour lutter contre la fraude, à des lettres de vérification afin que les gens ne se retrouvent pas ici sur la base de faux espoirs et à des exigences accrues de solvabilité financière. C'est essentiel, parce qu'il coûte cher de vivre au Canada, de sorte que nous avons relevé l'exigence de 10 000 $ à 20 000 $, conformément aux normes internationales, afin de demander un seuil comparable à ceux qui s'appliquent dans les pays avec lesquels nous sommes en concurrence. Ensuite, il y a eu ce plafond, qui est le résultat, franchement, de l'intransigeance de l'Ontario en particulier, mais des provinces en général pour mettre de l'ordre dans leurs propres affaires.
Dans tous ses rapports, la vérificatrice générale a clairement indiqué que les provinces devaient prendre certaines mesures. Elles n'en ont pas tenu compte, mais ont pourtant eu amplement le temps d'en discuter.
Compte tenu de la courbe exponentielle de croissance que nous avons observée et de la croissance potentielle du nombre d'étudiants étrangers susceptibles d'obtenir un visa de trois ans, un nombre qui est déjà passé d'environ un million aujourd'hui à 1,4 million l'an prochain, et même plus, nous avons constaté que nous étions en train de créer une crise nationale de l'asile au Canada en désignant avec négligence un trop grand nombre d'établissements d'enseignement mal réglementés.
Nous avons eu beaucoup de discussions à ce sujet, et nos partenaires ont eu de nombreuses occasions d'y participer, de s'opposer ou de faire quoi que ce soit d'autre.
:
Les réponses doivent venir de l'autorité qui les réglemente, c'est‑à‑dire de la province. Cela peut sembler sec comme réponse de la part d'un ministre fédéral, mais je ne réglemente pas le Collège Fanshawe.
Je comprends que les collèges, les universités et les établissements postsecondaires sont globalement sous-financés depuis longtemps par les provinces, et je compatis. L'Ontario se démarque. Ses établissements ont été astucieux et ont su s'adapter en trouvant des façons lucratives d'augmenter leurs revenus et de regarnir leurs coffres, mais cela ne peut pas se faire de façon débridée. Il est impensable que le système d'enseignement postsecondaire au Canada soit presque entièrement financé par les étudiants étrangers, parfois dans des proportions plus élevées que le financement des provinces elles-mêmes. Ce n'est pas un signe de santé.
On parle de demandeurs d'asile; plus de 10 000 demandeurs d'asile provenaient du système d'éducation de l'Ontario ces trois dernières années. C'est un énorme signal d'avertissement dont ces collèges doivent prendre acte. Quand ils recrutent de nouveaux étudiants, ils doivent raffiner leur façon de les accueillir à leur arrivée ici. Ils doivent également veiller à ce que ces étudiants aient la capacité de vivre et de s'épanouir au Canada s'ils choisissent de rester ici.
Nous sommes prêts à travailler avec le Collège Fanshawe s'il est prêt à travailler avec nous pour intégrer le modèle des établissements agréés, qui récompensera les établissements qui ont de bonnes pratiques et de bonnes expériences avec leurs étudiants, afin de ne pas répéter l'expérience vécue jusqu'à maintenant, qui équivaut à de l'exploitation des étudiants étrangers.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre. Je vous remercie de votre présence.
Lors de votre annonce sur le plafonnement du nombre d'étudiants étrangers, une mesure est passée sous le radar. Or, je pense qu'il faut l'examiner avec intérêt.
Vous avez annoncé, lors de cette conférence de presse, que seuls les conjoints des étudiants internationaux inscrits dans des programmes d'études supérieures, de maîtrise ou de doctorat auront droit à un permis de travail ouvert. Les conjoints des étudiants en médecine et en droit auront eux aussi le droit de travailler au Canada.
Vous avez ajouté ceci: « Ce sont les personnes brillantes que nous voulons retenir ».
Monsieur le ministre, êtes-vous en train de dire qu'un Américain qui étudie en droit à McGill est plus brillant qu'une Camerounaise qui étudie au Cégep de Saint‑Félicien pour devenir infirmière au Québec?
Est-ce bien ce que vous nous dites dans cette citation?
:
Vous avez dit « plus brillants ». Nous allons regarder la vidéo ensemble, ce sera intéressant.
Ce que je vous demande, c'est de retarder l'application de cette mesure, parce que des gens s'inquiètent dans nos cégeps.
Il faut comprendre que le système d'éducation du Québec est différent de celui du reste du Canada.
Je comprends que cette mesure visait à s'attaquer à ce qui se passe en Ontario. C'est très compréhensible et cela me va. Toutefois, le système d'éducation du Québec, qui comprend la formation professionnelle et les cégeps, est complètement différent de celui du reste du Canada.
Le Québec est une société distincte, comme vous le savez. Nous sommes une nation. Vous avez probablement voté pour cela vous aussi.
J'aimerais que vous vous engagiez aujourd'hui à repousser l'application de cette mesure, au moins pour le Québec, afin de pouvoir examiner précisément ce qu'elle aura comme incidence.
À mon avis, cela veut dire qu'il y aura 11 infirmières de moins dans le système de santé de ma région, le Lac‑Saint‑Jean.
Imaginez-vous l'incidence que cela aura?
Des infirmières francophones quittent le Cameroun pour venir ici et vous êtes en train de leur couper l'herbe sous le pied.
J'aimerais que vous me disiez aujourd'hui que vous allez revoir cette mesure.
:
D'accord. Puisqu'on parle de bonnes relations, parlons de l'accueil des demandeurs d'asile.
Au cours de l'année 2017‑2018, le Québec a déboursé 294 millions de dollars, et le gouvernement fédéral lui a remboursé 250 millions de dollars. En 2019, le Québec a déboursé 120 millions de dollars, et le fédéral lui a remboursé 94 millions de dollars. En 2020, le Québec a déboursé 38 millions de dollars — il y avait moins de gens en raison de la pandémie —, et le fédéral lui a remboursé 30 millions de dollars. En 2021, après l'élection, 135 millions de dollars ont été déboursés par Québec, et seulement 17 millions de dollars lui ont été remboursés par le gouvernement du Canada. En 2022, 334 millions de dollars ont été déboursés par Québec, et seulement 49 millions de dollars lui ont été remboursés par le fédéral. En 2023, 576 millions de dollars ont été déboursés par Québec, et le fédéral lui a remboursé seulement 150 millions de dollars.
Pourquoi remboursiez-vous plus de frais au Québec en 2017 qu'aujourd’hui? Comment pouvez-vous dire que vous avez une bonne relation, devant ce genre de chiffres?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Je remercie le ministre et les hauts fonctionnaires d'être de retour au Comité.
Je dois d'abord dire que même si je suis reconnaissante de la présence du ministre — je le suis vraiment, puisqu'il s'agit de la motion que j'ai proposée —, je suis déçue. Je dois le dire aux fins du compte rendu: la motion qui demandait à ce que le ministre vienne nous parler de Gaza et du Soudan était peut‑être la plus urgente. J'espérais que le ministre nous parle de cet enjeu en premier, mais ce n'est pas le cas. Je comprends que le ministre reviendra nous en parler en mars. La question qui nous occupe aujourd'hui est celle des étudiants internationaux. Cependant, en raison de l'urgence de la situation à Gaza, j'aurais aimé poser quelques questions au ministre et aux hauts fonctionnaires là‑dessus.
Je dois aussi dire quelque chose sur les étudiants internationaux. Monsieur le ministre, je pense que dans un contexte où les médias et d'autres ont dit que les nouveaux arrivants étaient à blâmer pour la crise du logement, vous avez desservi la cause des étudiants internationaux de par la façon que vous avez annoncé un plafond. Je ne pense pas que c'était le bon message à envoyer. J'espère que ce n'était pas votre intention, mais cela donne la perception que d'une certaine manière, les nouveaux arrivants — dans le cas présent, les étudiants internationaux — sont à blâmer pour la crise du logement.
Je pourrais parler toute la journée de ce qui a causé la crise du logement. C'est bien sûr à cause de 30 ans de gouvernements libéraux et conservateurs successifs qui se sont fiés au secteur privé pour répondre aux besoins en logement des Canadiens selon ce qu'ils peuvent se permettre, mais nous tiendrons cette conversation un autre jour.
Je veux parler des étudiants internationaux et en particulier, des conséquences imprévues de tout cela.
Lorsque le plafond a été annoncé — une limite que je désapprouve —, il a été dit que les demandeurs devaient démontrer qu'ils disposent de 20 000 $ par année. La donne a changé et cela a des conséquences imprévues, parce qu'il y a des étudiants qui viennent ici grâce à une bourse d'études. Selon les calculs, ces étudiants pourraient ne pas répondre à la nouvelle exigence. Bon nombre d'entre eux pourraient bien avoir des contraintes financières. Ces bourses d'études leur permettent de venir ici, d'améliorer leur niveau de scolarité et d'avoir accès à toutes sortes de débouchés.
En fait, mon collègue a envoyé une lettre au ministre concernant le collège Pearson et les bourses d'études. Il n'a toujours pas reçu de réponse à cette lettre qui date du 17 janvier 2024. Il demandait si les fonctionnaires d'IRCC pourraient tenir compte de la valeur totale de la bourse, de la chambre et des repas fournis par le collège Pearson pour respecter l'exigence des 25 000 $.
:
Je vais répondre à cette question et parler de façon plus générale, madame Kwan.
Nous sommes prêts à examiner cette proposition. Je n'ai pas lu cette lettre, personnellement. Vous pourrez l'envoyer à mon adresse courriel P9, et je pourrai en parler aux fonctionnaires du ministère.
Tout compte fait, cette augmentation est plutôt modeste. Nous demandions aux étudiants la moitié de ce qu'exigent nos concurrents pour prouver leur solvabilité. Nous avons vu des exemples manifestes d'étudiants qui n'avaient pas les moyens de subvenir à leurs besoins. Je pense que nous avons fait un choix très important pour réduire l'exploitation des étudiants, pour nous assurer qu'ils soient mieux en mesure de subvenir à leurs besoins et, je l'espère, de prospérer au Canada.
Je comprends votre commentaire sur le Soudan et Gaza. Si je comparaissais pour vous parler de Gaza aujourd'hui, je n'aurais pas de bonnes nouvelles à vous annoncer. J'espère que cela aura changé d'ici à notre comparution dans trois semaines, mais il n'y a pas de garantie. Je le dis en aparté, puisque ce n'est pas le sujet à l'ordre du jour, mais nous ne cherchons pas à nous défiler. Je pense que ces enjeux sont très importants de manière générale, et nous devons prendre le temps d'en parler. Évidemment, certains sujets requièrent parfois ma présence.
Je ne cherche pas à stigmatiser les étudiants internationaux. En fait, sur le plan économique, une vaste cohorte de jeunes étudiants brillants et motivés avec une bonne capacité financière se trouve au Canada, où notre courbe démographique pointait dans la mauvaise direction. Les dirigeants de la Banque du Canada ont souligné notre habileté singulière à rajeunir un peu la courbe de la main‑d'oeuvre. Nous pourrons peut‑être mettre à profit ces étudiants une fois formés et intégrés, en raison de leur talent et de leur éthique de travail.
Sur le plan conceptuel, c'est une bonne idée, mais à cause des défis bien réels que posent les volumes qui montent en flèche, c'était essentiel pour le Canada de freiner la cadence.
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Je ne veux pas revenir en arrière. C'est clair que c'est un programme et que Québec a été responsable à cet égard. Le Québec a été responsable en ce qui a trait aux étudiants internationaux.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problèmes au Québec. Il y en a beaucoup. Regardez le taux d'acceptation, regardez le nombre de demandeurs d'asile qui sortent du circuit universitaire au Québec. C'est assez important, merci.
Le Québec a quand même été responsable. Il reste que, à plusieurs égards, des étudiants font face à des difficultés au moment de renouveler leur visa. Ce sont des défis auxquels nous essayons de remédier. Somme toute, si on prend un peu de recul, on constate que le programme de visas pour étudiants est bien géré sur le plan des délais.
Beaucoup d'exceptions sont largement attribuables au flux, mais, si vous souhaitiez trouver le programme du Canada où l'immigration a des problèmes de délais et d'attente, ce ne serait pas dans celui-ci.
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Il importe de mettre un peu les choses en contexte dans l'examen de ce plafond et de tenir compte de mes pouvoirs législatifs. Je peux seulement limiter le nombre de demandes et non le nombre de visas délivrés. Notre méthode consiste à présumer du nombre de demandes acceptées et du nombre de demandes rejetées pour déterminer le nombre de visas à délivrer.
Notre première mesure consistait à plafonner le nombre de demandes, puis à les distribuer selon la population au Canada. Par conséquent, certaines provinces comme l'Alberta et le Québec peuvent possiblement accepter 10 % plus d'étudiants. Nous ne voulons pas d'une croissance effrénée, donc nous avons imposé des limites. Certaines provinces devront donc réduire les nombres dans certaines catégories, surtout pour les diplômes en administration des affaires, qui ont des degrés de légitimité variables, et les diplômes de premier cycle, de l'ordre de 10 %, de 20 %, de 30 % et même parfois de 35 % à 40 %; cela dépend. Nous sommes toujours en discussion avec les gouvernements provinciaux, mais l'accès repose sur un esprit d'équité et est réparti par province. C'est crucial, car certaines provinces faisaient mieux que d'autres, et certaines provinces avaient simplement besoin d'aligner leurs flûtes.
La deuxième mesure visait à éliminer la capacité pour les établissements privés et publics d'obtenir des permis d'études supérieures. Ceux‑ci sont parmi les moins réglementés, et c'est d'eux qu'on abuse le plus. Nous espérons que cette mesure va sonner le glas pour ces établissements.
La troisième mesure consistait à limiter l'accès aux permis pour les conjoints d'étudiants à la maîtrise ou au doctorat. Nous voulions ainsi régler les problèmes de volumes et d'intégrité dans un volet où il y avait de l'abus et où les demandes n'étaient pas forcément légitimes.
C'est dans cet esprit que nous avons agi. Ces mesures s'ajoutent à celles que j'ai prises à l'automne pour augmenter les exigences de solvabilité pour les gens qui désirent venir au Canada.
Ce n'est pas une fin en soi, car il y a beaucoup à faire. Ces mesures sont avant tout quantitatives, et les provinces doivent prendre des mesures qualitatives dans leurs champs de compétences pour s'assurer que le programme ait le résultat escompté au départ: attirer l'excellence et non de grands volumes. Nous ne cherchons pas à attirer plus d'étudiants au Canada ni à permettre à certains établissements de tripler ou de quadrupler leurs frais, simplement parce qu'ils sont sous‑financés par leur province.
:
C'est un très bon point, madame Zahid. Il ne fait aucun doute que le nombre accru d'étudiants a eu un impact, dans l'ensemble, sur le coût du logement, en particulier dans certaines régions.
Lorsqu'on regarde le taux d'occupation dans ma ville natale, on constate qu'il est plutôt stable. Le problème que nous avons, c'est de trouver le lien de causalité lorsqu'on tient compte de tous ces facteurs corrélatifs, comme le nombre d'étudiants, le volume d'étudiants et autres. Je pense que c'est une activité importante, pratique, économique et intellectuelle.
D'affirmer que les immigrants ont causé la crise du logement n'est pas seulement dangereux, mais faux. Quand on voit que le prix du logement explose même dans les régions avec un très faible taux d'immigration, on en conclut qu'on ne peut pas mettre l'odieux sur les étudiants.
Les étudiants ne sont pas responsables de l'augmentation des taux d'intérêt ces dernières années. Dans une large mesure — et cela me concerne aussi — nous avons réussi à obtenir un taux d'intérêt quasi nul sur la dette associée au parc immobilier pour lequel nous avons des hypothèques.
La situation est attribuable à divers facteurs. Ce que nous avons vu, par exemple, c'est que des acteurs comme Airbnb devraient être tenus responsables, car ils font grimper les coûts. Voilà autre chose que nous pourrions analyser lorsque nous nous attaquons aux problèmes d'abordabilité au Canada.
Les établissements qui se font beaucoup d'argent sur le dos de ces étudiants se doivent à eux-mêmes et doivent à leurs institutions, à leurs anciens étudiants, et à ce qu'ils représentent pour la société, peu importe ce que c'est, de s'assurer que lorsqu'ils attirent des gens qui paient quatre ou cinq fois les frais que mes propres enfants paient pour aller à l'université, ils leur offrent un logement et une bonne expérience éducative. Il y a toutes sortes d'obligations qui viennent avec ça. On ne peut pas encaisser le chèque et s'en aller.
Je pense que c'est la grande leçon à retenir. En effet, le gouvernement fédéral a bel et bien la responsabilité de prendre des démarches rigoureuses pour contrôler le volume, mais les responsabilités qualitatives incombent en grande partie aux provinces.
:
Je veux d'abord remercier mon ami M. Brunelle‑Duceppe.
[Traduction]
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, comme vous le savez, j'ai beaucoup apprécié de pouvoir travailler avec votre bureau sur mon cas. Un des trois établissements d'enseignement postsecondaire dans ma collectivité a approuvé plus de 30 000 demandes de permis d'études en 2023, soit une augmentation de plus de 1 600 % depuis 2014. Notre communauté n'a tout simplement pas les infrastructures nécessaires pour accommoder cette hausse exponentielle.
J'ai l'impression que vous avez déjà entendu parler de certaines des mesures que j'ai proposées dans une motion présentée à l'automne pour régler ce problème, dont le doublement de l'exigence financière minimale pour les étudiants qui arrivent.
Ma question concerne une des mesures qui n'a pas encore été mise en oeuvre, soit de demander à IRCC d'envisager de limiter le nombre de visas et de permis accordés à un établissement si plus de 15 % des étudiants internationaux qu'il accepte ne s'inscrivent à aucun cours, quittent les études ou changent d'établissement. C'est une mesure qui a déjà été mise en oeuvre par d'autres signataires d'une entente mondiale sur la pratique éthique du recrutement d'étudiants internationaux. Il s'agit de la déclaration de Londres.
Pourriez-vous nous en dire davantage sur votre disposition à prendre une telle mesure dans le cadre de votre plan pour en faire davantage dans le dossier du cadre des établissements reconnus?
:
C'est une très bonne question.
Merci d'avoir travaillé avec mon bureau sur ces mesures. Comme je le disais à vos collègues, beaucoup de ces mesures sont extrêmement importantes. Certaines le sont tout particulièrement, comme les mesures que le gouvernement a prises pour s'attaquer au problème de l'abordabilité, mais ça ne finit pas là.
Je dois toujours me rappeler qu'un de mes rôles en tant que ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté est de m'assurer que les provinces et les établissements assument leurs responsabilités. Il y a tout un champ à occuper, mais s'il n'est pas occupé, nous sommes disposés à prendre des mesures supplémentaires, notamment à l'aide de facteurs et d'équations. Nous avons vu toutes sortes de mesures différentes qui nous permettraient de déterminer si un établissement peut être considéré comme étant reconnu, dans quel cas il se verrait accorder un traitement de faveur en matière de visas s'il peut démontrer que les étudiants ont l'expérience requise.
Nous sommes disposés à envisager des mesures supplémentaires, et si vous avez d'autres suggestions à faire, je vous encourage à y travailler avec mon équipe.
:
Sur la question du logement étudiant, je pense absolument qu'il est essentiel que les établissements et les provinces fassent leur part et je pense que le gouvernement fédéral devrait faire preuve de leadership et peut-être lancer un programme dans le cadre duquel le fédéral, les établissements et les provinces et les territoires assurent chacun un tiers du financement pour la création de logements étudiants, autant internationaux que canadiens. Vous pourriez ainsi avoir un plan solide pour répondre aux besoins des étudiants en logement.
Je vais brièvement mettre cette question de côté et passer à celle des étudiants qui ont été victimes de fraude. Nous avons une situation où des étudiants ont été exonérés, le groupe de travail ayant déterminé que ce sont des étudiants authentiques, mais ils n'ont pas encore récupéré leur passeport. J'ignore pourquoi ça traîne, et je me demandais si le ministre avait quelque chose à dire là‑dessus.
Deuxièmement, il y a des étudiants qui attendent encore d'être évalués par le groupe de travail, et le groupe de travail ne peut aller de l'avant car il attend que la CISR fixe une date pour évaluer la question et déterminer si leur permis est authentique ou s'il y a eu de fausses déclarations. Ils sont constamment dans une situation où on tourne en rond et on est incapable de rejoindre le groupe de travail.
Là‑dessus, le ministre serait‑il d'accord pour dire qu'au lieu d'obliger les gens à passer par le processus de la CISR, que l'évaluation du groupe de travail devrait avoir priorité afin qu'on puisse déterminer s'il s'agit d'un étudiant authentique ou non?