Bienvenue à la 42e réunion du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes.
Nous poursuivons notre étude des conditions dans lesquelles se trouvent les demandeurs d'asile.
Pour commencer, je veux m'assurer que les témoins ont effectué les tests techniques requis avant la réunion.
Le premier groupe de témoins sera formé de hauts fonctionnaires du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada, IRCC. Souhaitons la bienvenue à Mme Christiane Fox, la sous-ministre; à M. Scott Harris, le sous-ministre délégué; à M. Jason Hollmann, le directeur général par intérim, Politique en matière d'asile, ainsi qu'à Mme Michèle Kingsley, la sous-ministre adjointe, Opérations. Les témoins disposeront de cinq minutes pour leurs déclarations préliminaires.
Madame Fox, je vous cède la parole. Vous disposez de cinq minutes pour nous présenter votre déclaration préliminaire, puis nous passerons aux questions.
:
C'est parfait. Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Je veux commencer par reconnaître que je me trouve sur les territoires traditionnels et non cédés des peuples algonquins Anishinaabeg.
[Français]
Je suis Christiane Fox, sous-ministre d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Je tiens à remercier le Comité de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui. Comme mentionné, je suis accompagnée de Scott Harris, de Michèle Kingsley et de Jason Hollmann.
Le Canada est une destination de choix pour les personnes provenant des quatre coins du monde à la recherche d'une meilleure vie. Nos communautés sont accueillantes, inclusives et diversifiées, notre économie offre de nombreuses possibilités de travail et nous offrons une qualité de vie exceptionnelle.
[Traduction]
Nous avons constaté une forte demande pour venir au Canada, l'année 2021 ayant été une année record pour l'immigration permanente avec plus de 405 000 nouveaux résidents permanents. On s'attend à ce que les admissions de 2022 dépassent celles de 2021 dans la plupart des programmes d'immigration, y compris la résidence permanente, les visas d'étudiants, les réfugiés admis et les regroupements familiaux.
[Français]
Lorsque le Canada a levé ses mesures frontalières liées à la pandémie plus tôt cet automne, il y a eu une nouvelle vague d'arrivées, en particulier au chemin Roxham.
[Traduction]
Il est important de noter que le système d'asile du Canada et le programme de réinstallation des réfugiés sont distincts. Le système d'asile s'adresse aux personnes qui demandent l'asile au Canada.
[Français]
Trois organisations se partagent le mandat du système d'asile: la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, soit la CISR, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, ainsi que l'Agence des services frontaliers du Canada, c'est-à-dire l'ASFC. De plus, la GRC joue un rôle actif dans la surveillance de la frontière entre les points d'entrée.
[Traduction]
Un demandeur d'asile qui entre à un point d'entrée sera accueilli par un agent de l'ASFC. Pour les arrivées irrégulières, un agent de la Gendarmerie royale du Canada, la GRC est le premier point de contact lors de la traversée au Canada, avant d'être transféré à l'ASFC, qui traitera la demande.
[Français]
IRCC traite les demandes d'asile présentées par des personnes qui se trouvent déjà au Canada de manière temporaire, par exemple en tant qu'étudiants ou visiteurs, et qui décident ensuite de demander l'asile.
[Traduction]
Les demandeurs d'asile peuvent présenter leur demande à un point d'entrée à leur arrivée, ou en ligne s'ils sont déjà au Canada. Si IRCC ou l'ASFC détermine qu'une personne peut présenter une demande d'asile, la demande est transmise à la CISR, qui évalue si le demandeur a besoin de la protection du Canada.
[Français]
Les personnes dont la demande d'asile est jugée fondée par la CISR reçoivent le statut de personne protégée au Canada et peuvent ensuite demander la résidence permanente.
[Traduction]
Si la demande d'asile d'une personne est jugée non fondée, l'ASFC supervise le processus de renvoi. Les personnes sont libérées à condition de se présenter à une future procédure de renvoi qui est gérée par l'ASFC.
[Français]
Le système d'asile du Canada a été mis à rude épreuve en raison d'un nombre élevé et soutenu de demandeurs d'asile cherchant la protection de notre pays. Cette année, le Canada a déjà reçu plus de 62 000 demandes d'asile.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada continue d'exhorter les personnes à demander l'asile dans le premier pays sûr où elles entrent après avoir fui la persécution, conformément à l'Entente sur les tiers pays sûrs, et à ne pas recourir aux passages irréguliers. Les routes irrégulières peuvent être dangereuses et les personnes peuvent être sujettes à l'exploitation.
[Français]
Cependant, nous reconnaissons qu'un grand nombre de personnes ont continué à entrer au Canada de façon irrégulière par le chemin Roxham.
[Traduction]
En réponse, le gouvernement a mis en place des capacités pour traiter les arrivées, effectuer des vérifications de sécurité et s'assurer que les migrants sont évalués pour l'admissibilité de leurs demandes.
IRCC s'est efforcé d'aider l'ASFC à résorber l'arriéré pour déterminer l'admissibilité et la recevabilité des demandes au Canada.
[Français]
Le budget de 2022 a fourni aux partenaires 1,3 milliard de dollars sur cinq ans et 331,2 millions de dollars en permanence pour soutenir la stabilité et l'intégrité à long terme du système d'asile du Canada. Ce financement permettra de renforcer le système dans les années à venir.
[Traduction]
Conscient que le processus de détermination peut prendre du temps et que l'augmentation du nombre de demandes entraînait des retards, le Canada offre aux demandeurs d'asile un soutien tout au long du processus.
[Français]
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement fédéral fournit un abri temporaire aux demandeurs d'asile au Québec et en Ontario dans des hôtels loués par IRCC.
[Traduction]
Ces installations ont été établies à l'origine pour répondre aux besoins en matière de santé publique en offrant aux demandeurs asymptomatiques nouvellement arrivés un endroit approprié pour satisfaire aux exigences de quarantaine et de dépistage.
[Français]
Pour soutenir la province de Québec et, surtout, la ville de Toronto, où les réseaux de refuges ont été surchargés par l'augmentation des volumes après novembre 2021, le gouvernement a permis aux demandeurs de rester dans les hôtels loués par IRCC jusqu'à ce qu'une place se libère dans un refuge ou jusqu'à ce qu'ils trouvent leur propre logement.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral a également fourni un soutien aux provinces et aux municipalités par le biais du programme temporaire d'aide au logement provisoire afin de rembourser une partie des coûts d'hébergement des demandeurs d'asile…
:
Ce soutien est primordial pour assurer l'accès à l'éducation, aux soins de santé et aux services sociaux comme les refuges et l'aide juridique.
Le gouvernement travaille en très étroite collaboration avec les provinces et les territoires, qui administrent certains programmes de soutien social, tout comme certaines municipalités et certains organismes sans but lucratif. Nous collaborons avec eux. Pour ce qui est du gouvernement fédéral en particulier, nous offrons notamment des prestations provisoires de santé aux demandeurs d'asile, de même qu'une aide provisoire au logement. Là encore, nous gérons ces programmes en étroite collaboration avec les provinces, y compris le Québec, qui comme on le sait a subi beaucoup de pression.
C'est le genre de mesures de soutien que nous offrons. Et bien entendu, les enfants des demandeurs d'asile ont accès à l'éducation sans avoir à demander un permis.
Ce sont quelques exemples des mesures de soutien que nous offrons.
Je tiens à ajouter que le soutien pour les soins de santé comprend de l'aide en santé mentale.
:
Merci, madame la présidente.
Par votre entremise, madame la présidente, je vais m'adresser aux fonctionnaires. J'ai eu l'occasion de visiter récemment le chemin Roxham dans le cadre des travaux du comité de l'éthique. Le chemin Roxham lui-même se trouve en fait à plusieurs kilomètres du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.
Sachant que les volumes ont considérablement augmenté en 2022 et sont même supérieurs aux chiffres prépandémiques, pensez-vous que la fermeture du chemin Roxham serait une solution responsable pour les milliers de demandeurs d'asile, y compris les enfants, qui cherchent la sécurité au Canada, même s'ils connaissent les dangers lorsqu'ils traversent au chemin Roxham, malgré le fait qu'ils marcheront par temps froid sur une route où il n'y a peut-être que quatre ou cinq maisons à proximité? Sachant les dangers d'emprunter ce passage, ils le font quand même, sachant qu'ils sont à une certaine distance du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.
Pensez-vous que nous devrions le fermer?
:
D'accord, je vous remercie pour cette réponse.
Certains de mes collègues ont parlé de volumes. Gardons les choses en perspective. Lorsque j'examine les chiffres pour le Québec seulement, si nous prenons 2022, qui ne couvre que la période de janvier à septembre, par rapport même à 2019 avant la pandémie, nous en sommes presque à 27 000 personnes passant par le Québec, par rapport à 16 000 en 2019, soit une augmentation de près de 11 000 personnes sur une période relativement courte. Plus particulièrement pour le chemin Roxham, j'ai entendu des chiffres allant de 400 ou 500 personnes par jour qui passent la frontière aux heures de pointe, et moins à d'autres moments, évidemment.
Comme le nombre de demandeurs d'asile traversant la frontière au chemin Roxham a augmenté au fil des ans, comment pouvons-nous améliorer les ressources du système d'immigration de manière à ce que les demandeurs d'asile soient réinstallés et intégrés de façon efficace dans le pays et puissent contribuer à nos collectivités? Vous avez fait allusion à certaines mesures en ce qui concerne les visas et ainsi de suite, mais à la frontière même, certaines mesures ont été mises en place.
:
Nous reprenons nos travaux.
J'aimerais souhaiter la bienvenue au ministre.
Merci, monsieur le ministre, de comparaître devant nous.
Nous accueillons dans ce groupe l'honorable Sean Fraser, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
Monsieur le ministre, vous disposez de cinq minutes pour vos remarques préliminaires, puis nous passerons à une série de questions.
Allez-y, je vous en prie.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour à tous. C'est un plaisir d'être des vôtres aujourd'hui.
[Traduction]
Je me joins à vous de ma province, la Nouvelle-Écosse, sur les territoires traditionnels et non cédés des peuples micmacs. Ce territoire est couvert par les traités de paix et d'amitié.
Pour en revenir au sujet qui nous occupe, la persécution, les conflits, la violence et les violations des droits de la personne qui se produisent partout dans le monde entraînent le déplacement forcé d'un nombre record de personnes. Il en résulte des taux de migration mondiale sans précédent.
Comme beaucoup d'autres pays, le Canada a observé une augmentation du nombre de personnes qui viennent demander l'asile dans le but de trouver un avenir plus sûr pour elles-mêmes et pour leurs proches. Lorsqu'une personne cherchant cette sécurité arrive au Canada, nous avons le devoir de respecter nos obligations en droit international et national et d'offrir une protection aux personnes qui fuient la persécution.
[Français]
Premièrement, il est important de garder en tête que le système d'asile du Canada est distinct du Programme de réinstallation des réfugiés du Canada. Le système d'asile du Canada s'adresse aux personnes qui demandent l'asile au Canada, tandis que le Programme de réinstallation des réfugiés s'adresse aux personnes qui ne sont pas encore arrivées au Canada.
[Traduction]
Pour les demandes d'asile présentées ici au Canada, un accusé de réception de la demande est remis à la personne, ce qui l'aide à obtenir l'accès à certains services au Canada. À ce stade, les demandes recevables sont transmises à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié où des décideurs objectifs et indépendants examinent la demande. Les personnes peuvent s'attendre à une évaluation équitable du bien-fondé de leur demande et de la nécessité d'une protection. Les demandeurs qui reçoivent une décision positive concernant leur demande d'asile obtiennent le statut de personne protégée, ce qui les rend ensuite admissibles à une demande de résidence permanente au Canada.
[Français]
Si les demandeurs reçoivent une décision négative concernant leur demande d'asile, ils sont informés qu'ils feront l'objet d'une mesure de renvoi et qu'on leur demandera de se présenter à la prochaine étape de la procédure d'expulsion.
[Traduction]
La CISR et l'Agence des services frontaliers du Canada ont aussi un rôle à jouer dans ce système. Ces ministères collaborent pour garantir que les dossiers sont traités le plus rapidement et le plus efficacement possible. En plus de cette collaboration, le gouvernement investit de nouvelles ressources dans le système d'asile afin d'accroître la capacité et la rapidité de traitement.
Je tiens à souligner un point qui n'est pas toujours évident au premier abord. Le fait est que personne ne choisit d'être déplacé. Dans mes fonctions et même avant, j'ai eu l'occasion de rencontrer de nombreuses personnes déplacées. Pas une seule personne ayant une belle vie dans son pays ne se lève un bon matin et ne décide de tout risquer pour traverser la frontière à la recherche d'un avenir plus sûr. On ne déracine pas sa vie et tout ce que l'on connaît — sa famille, ses liens culturels et linguistiques, ses compétences professionnelles et, en réalité, le sentiment de sa propre identité — pour vivre dans les limbes d'un avenir incertain. Les personnes que j'ai rencontrées décident de le faire parce qu'elles n'ont pas d'autre choix pour survivre ou pour assurer le bien-être de leur famille.
[Français]
Tout comme nous travaillons avec l'ASFC, nous travaillons également avec nos homologues américains, puisque le Canada et les États‑Unis partagent la plus longue frontière internationale du monde. Nos discussions portent entre autres sur la modernisation de l'Entente sur les tiers pays sûrs conclue entre le Canada et les États‑Unis.
Depuis sa mise en œuvre, l'Entente sur les tiers pays sûrs a été un outil important de collaboration avec les États‑Unis afin d’assurer un traitement ordonné des demandes d’asile à notre frontière commune.
[Traduction]
L'entente s'applique à tous les points d'entrée. Elle stipule que les demandeurs d'asile doivent demander l'asile dans le premier pays sûr où ils arrivent, à moins qu'ils ne soient admissibles à une exception à l'entente. Les exceptions tiennent compte de l'importance de l'unité familiale, de l'intérêt supérieur des enfants et de l'intérêt public.
Mes homologues provinciaux ont exprimé leur empathie pour les problèmes auxquels sont confrontés les demandeurs d'asile et ils veulent être en mesure de faire leur part pour les aider eux aussi.
Cela dit, l'aide aux demandeurs d'asile est une responsabilité partagée et le gouvernement fédéral aide les provinces à leur fournir des services. L'un de ces moyens consiste à fournir aux partenaires provinciaux et municipaux une aide en matière de logement temporaire. Depuis 2017, l'aide passe principalement par le programme d'aide au logement provisoire. Ce programme offre une compensation aux provinces et aux municipalités pour les coûts extraordinaires du logement provisoire fourni aux demandeurs d'asile, sur la base d'un partage des coûts.
Le gouvernement du Canada continuera de soutenir ces partenaires provinciaux et municipaux pour aider à élaborer des solutions communes.
Madame la présidente, je sais que vous avez dit que je disposais de cinq minutes. J'ai préparé des remarques un peu plus longues et je pense que mon temps de parole est presque écoulé, alors je vais peut-être en rester là et parler du reste pendant la période réservée aux questions.
Je tiens à remercier chaleureusement les membres du Comité.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui.
:
Je vous remercie de cette question.
Je ne veux pas utiliser le système d'asile du Canada comme stratégie de croissance économique. Je veux utiliser notre système de migration économique comme stratégie de croissance économique et continuer à ouvrir des voies pour que les gens puissent venir par les voies de migration régulières afin d'aider à combler les principales lacunes dans la main-d'oeuvre.
Cela dit, il y a une réalité avec laquelle nous vivons: des gens traversent la frontière et font des demandes d'asile, et nous devons composer avec ces situations difficiles d'une façon responsable et compatissante. Je ne pense pas qu'il soit judicieux de refuser à une personne la possibilité de travailler lorsqu'elle n'a aucun autre moyen de subvenir à ses besoins, alors qu'elle est en cours d'audition de sa demande pour savoir si elle vulnérable au point d'avoir besoin de la protection du Canada. Nous avons récemment modifié la politique pour faire en sorte que les personnes puissent obtenir un permis de travail avant que la décision sur la recevabilité de leur demande d'asile ne soit rendue, ce qui réduira la période pendant laquelle les personnes seront privées de la possibilité de travailler et de subvenir à leurs besoins.
Nous devons le faire pour rester compatissants avec les personnes qui fuient des situations de vulnérabilité, mais pas nécessairement comme stratégie pour poursuivre la croissance économique. Nous savons que nos voies de migration régulières pour les migrants économiques sont un moyen plus efficace de favoriser la croissance économique. Nous pouvons faire ce que vous avez recommandé pour des raisons de compassion, mais pas nécessairement pour la même raison, car nous avons d'autres moyens de réaliser ces objectifs économiques.
:
Merci à mon collègue pour cette question.
Je pense que vous avez soulevé un point important. À mon avis, une simple suspension de l'entente sur les tiers pays sûrs entraînerait un nombre potentiellement considérable de personnes qui présenteraient des demandes d'une manière différente et peut-être moins organisée, ce qui exacerberait certains défis, lesquels sont très réels, liés au traitement d'un grand nombre de personnes qui cherchent à franchir nos frontières.
Malgré l'ampleur de nos défis, je dois aussi souligner que nous oublions parfois que nous sommes bénis par la géographie par rapport à de nombreux pays du monde. Nous sommes entourés de trois océans et des États-Unis à notre frontière sud, ce qui limite le nombre de personnes qui cherchent à entrer de manière irrégulière, contrairement à d'autres pays.
Cela dit, comme nous voulons maintenir cette frontière non militarisée avec notre plus grand et plus important partenaire géopolitique, nous devons collaborer pour faire en sorte que le système fonctionne plus efficacement.
Vous me pardonnerez si je n'entre pas dans les détails de ce à quoi ressemblerait une entente modernisée, car bien sûr, nous avons des discussions en temps réel avec les États-Unis. Ce serait trahir la confiance qu'ils nous témoignent. Comme ces discussions sont en cours, je n'entrerai pas dans les détails en séance publique alors que nous avons promis la confidentialité aux États-Unis.
Cependant, nous allons chercher à nous assurer de continuer à promouvoir la migration régulière, à décourager les gens de faire des voyages périlleux et à garantir que, des deux côtés de la frontière, les gens sont traités avec compassion et ont une chance équitable de voir leur demande d'asile entendue, s'ils arrivent dans un pays ou l'autre et choisissent de faire une demande d'asile pour trouver un refuge.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie le ministre, qui nous accorde de son temps avec générosité. Il comparaît souvent devant le Comité, je tiens à le souligner.
Monsieur le ministre, dans l'heure précédente, votre sous-ministre a dit que, selon les prévisions du ministère, le nombre de personnes entrant au Canada par voie irrégulière serait de 50 000 pour l'année 2022 au complet. Or, je viens de voir les chiffres qui viennent tout juste de sortir en octobre, et on est rendu à 31 000 entrées irrégulières au chemin Roxham.
Comment le ministère peut-il prévoir qu'il y aura 20 000 entrées irrégulières de plus en deux mois, soit novembre et décembre? Je ne suis pas certain que le ministère ait les bons chiffres.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie le ministre de comparaître devant nous.
Il vient de dire dans ses commentaires qu'à l'échelle mondiale, il y a une crise liée aux personnes forcées de se déplacer dans leur pays d'origine. La géographie du Canada est telle que nous sommes en fait assez à l'abri des répercussions d'une telle situation. La seule exception, bien sûr, serait la frontière américaine, d'où l'entente sur les tiers pays sûrs.
Compte tenu des chiffres relatifs au reste du monde face à cette crise, le Canada n'est pas aussi touché que certains autres pays par les millions de personnes qui traversent la frontière pour se mettre à l'abri, et pourtant le Canada a choisi de mettre en place une entente sur les tiers pays sûrs, même si le ministre a reconnu que les gens essaient de trouver la sécurité non pas pour le plaisir, mais parce qu'ils en ont vraiment besoin. Ils entreprennent ce voyage périlleux pour se mettre en sécurité.
L'entente sur les tiers pays sûrs les place dans cette situation dangereuse. Elle les expose à l'exploitation, aux passeurs et à d'autres dangers au cours de leur périple, des dangers qui peuvent être liés au climat ou à d'autres facteurs. Pourquoi ne pas supprimer l'entente sur les tiers pays sûrs pour que les gens ne soient pas exposés à ce genre de situation, et leur permettre ensuite de présenter leur demande dans le cadre d'une entrée régulière?
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour, monsieur le ministre.
Je m'implique depuis le début dans le dossier du chemin Roxham, avec ma collègue Mme Rempel Garner. C'est en 2017, au moment où M. Trudeau a publié son fameux gazouillis, que la situation de la migration illégale a commencé de façon intense.
Il y a deux volets dans tout cela.
J'ai écouté attentivement votre discours, monsieur le ministre. Nous entendons ce que vous dites lorsque vous vous exprimez en tant que ministre: votre position est claire concernant l'Entente sur les tiers pays sûrs et votre intention de contrôler ce qui se passe. Vous avez dit que l'Entente servait à assurer un traitement ordonné de l'immigration au Canada. Je suis d'accord avec vous.
Par contre, les questions des collègues libéraux, autour de cette table, vont dans l'autre sens. C'est comme si le chemin Roxham était une façon normalisée d'immigrer au Canada et qu'on l'encourageait.
D'un côté, on dit qu'il ne faut pas entrer au Canada de façon illégale ou irrégulière, mais, d'un autre côté, on dit que c'est une bonne façon de procéder. On parle même d'accorder la résidence permanente et d'accélérer les processus.
Où se situe-t-on, en réalité?
Ce que demandent le NPD et le Bloc québécois n'a pas de sens. Pour ma part, je suis favorable à l'Entente sur les tiers pays sûrs et je suis d'accord sur le fait que nous devons régler les problèmes auxquels nous faisons face. Par contre, je me demande ce que vous, comme ministre, considérez comme la bonne façon de faire: est-ce bien ce que vous avez décrit dans votre discours, ou est-ce plutôt ce qui ressort des questions de vos collègues libéraux, et même de la position prise par les fonctionnaires qui ont comparu avant vous? À les entendre, c'est quasiment comme si les gens étaient les bienvenus au Canada et que c'était de cette manière qu'on immigrait chez nous.
Quelle est réellement la position?
:
Je suis désolé, madame la présidente. Merci.
Je comprends le processus, monsieur le ministre. Parlons-en, justement.
Un article de Jules Richer paru dans le Journal de Montréal au début de l'année nous apprenait que 25 804 personnes ayant traversé la frontière de façon irrégulière et dont la demande d'asile avait été refusée avaient disparu complètement. Elles sont au Canada, mais on ne sait pas où, et elles n'ont aucun statut.
Pouvez-vous nous dire combien de ces personnes sont recherchées par les services frontaliers, à ce jour? Je parle des personnes qui ont tout simplement disparu, mais qui se trouvent quelque part au pays.
Si vous ne le savez pas, Mme Fox ou quelqu'un d'autre de votre équipe pourrait répondre à la question.
:
Je vous remercie de la question, cher collègue.
Il est très important de comprendre que le gouvernement fédéral a fait des contributions pour améliorer la qualité de vie des personnes qui arrivent dans notre pays.
[Traduction]
C'est vraiment important, et j'essaie de trouver les chiffres précis dans ce que j'ai devant moi pour m'assurer que j'ai le même chiffre que vous.
Ce que nous faisons, c'est essentiellement viser à comprendre la capacité dont disposent les différents gouvernements. Nous le faisons notamment avec le Québec, en raison de l'afflux de demandeurs d'asile clandestins, pour nous assurer que cette province peut couvrir une grande partie des coûts associés au logement et que nous couvrons la majeure partie des coûts associés aux soins de santé.
En ce qui concerne le type de ressources dont nous parlons entre, je pense que vous avez dit 2017 et 2020 — j'ai sous les yeux entre 2017 et 2022 — seulement pour ce qui est du chemin Roxham, il y a eu des contributions de l'ordre de 269 millions de dollars pour les coûts de logement, de sécurité, de santé et de transport.
Nous allons continuer à gérer le défi que représente le grand nombre de personnes, jusqu'à ce que nous puissions trouver une solution permanente qui nous permettra de respecter nos obligations juridiques à l'échelle nationale et internationale et de continuer à traiter les gens avec équité et compassion.
La migration irrégulière pose des problèmes difficiles, mais nous savons tous que les problèmes difficiles font partie intégrante de la profession que nous avons choisie en inscrivant notre nom sur le bulletin de vote, et nous continuerons à travailler avec d'autres qui ont fait de même à l'échelle provinciale et à l'échelle municipale pour bien servir les collectivités.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur le ministre, d'être ici.
Vous avez dit que les migrants ne viennent pas au Canada à cause de nos procédures administratives ou du moment où la frontière est ouverte, et je comprends cela.
Ce n'est pas nécessairement qu'il y a des activités illégales en cours, mais des entrepreneurs très futés ont compris qu'ils peuvent faire de l'argent ici en aidant ces migrants à venir au Canada. Nous avons également entendu des témoignages selon lesquels il y a toute une industrie qui se construit sur l'acheminement de personnes à la frontière par le passage du chemin Roxham.
La question que je vous pose est la suivante: que faites-vous, vous et votre gouvernement, pour décourager certaines de ces activités et pour empêcher toute cette industrie de s'installer et de profiter essentiellement de la situation d'une manière tout à fait légale?
:
Je considère que c'est très dangereux. Parfois, sur le terrain, dans ces cercles sociaux, il peut s'agir en fait de passage de clandestins. Je pense que nous devons reconnaître le danger qui fait partie de cela.
Lorsque nous avons affaire à un comportement et à une conduite qui ont lieu à l'intérieur des frontières d'un autre pays, nous devons travailler avec le gouvernement de ce pays. Je ne pense pas que ce soit la meilleure utilisation de mon temps que d'infiltrer personnellement les cercles sociaux d'organisations ou d'entrepreneurs — pour reprendre votre terme — afin d'interrompre ce mouvement de personnes tentant de faire des demandes d'asile qui peuvent, dans certains cas, ne pas être justifiées.
Nous devons nous assurer que les règles sont claires et que nous les diffusons par le truchement des gouvernements locaux. Si nous pouvons trouver des organisations d'intervenants, par le truchement de partenaires avec ces organisations, qui nous permettent de faire passer ce message avec plus de force, alors nous le ferons.
Je sens que nous allons manquer de temps, madame la présidente. Je ne veux pas faire perdre de temps à mon collègue ici présent. Reste-t-il du temps?