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Merci, monsieur Redekopp.
Monsieur Obokata, vous allez disposer de cinq minutes pour votre déclaration liminaire. Nous passerons ensuite aux questions.
D'abord et avant tout, j'aimerais souhaiter la bienvenue à la greffière qui est avec nous aujourd'hui, Mme Audrée Dallaire.
Je suis toujours encouragé de voir de nouveaux stagiaires qui accompagnent les députés. Aujourd'hui, c'est Christian qui est avec M. Redekopp. Bienvenue à vous également.
Sur ce, je vous donne la parole, monsieur Redekopp, après quoi nous entendrons le rapporteur spécial.
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Merci. Ce ne sera pas très long.
Je tiens à souligner que nous avons six demandes pour que le comparaisse devant le Comité et que nous disposerons de très peu de temps de séance au cours des prochaines semaines.
Je vous rappelle rapidement qu'il y a une motion de Mme Kwan sur le rapport d'octobre de la vérificatrice générale, au sujet duquel nous devons faire comparaître le . J'ai ici une autre convocation pour parler des niveaux d'immigration. Je dois ajouter que, tout récemment à la Chambre, le Bloc a profité d'une journée de l'opposition pour demander — et cela a été adopté — que l'on revoie les cibles d'immigration. Ce sont deux éléments qui vont de pair et au titre desquels nous devons obtenir du ministre des informations très précises. Nous avons également une motion de mon collègue, M. McLean, sur le Fonds de prévoyance obligatoire pour les Hongkongais, qui demande au ministre — ainsi qu'aux ministres des Finances et des Affaires étrangères — de comparaître devant le Comité. Nous avons ensuite la motion de Mme Kwan sur le groupe de travail et le plafond pour les permis d'études internationaux, qui est assortie d'une autre demande pour que le ministre comparaisse. La présence du ministre devant le Comité est aussi requise par la motion de Mme Kwan sur les conflits en cours au Soudan et à Gaza.
Enfin, nous avons la motion que j'ai présentée au sujet du Budget supplémentaire des dépenses (C). Comme vous le savez, nous devons recevoir le avant la fin de la période des crédits, soit d'ici la fin mars. Cela signifie qu'il doit comparaître cette semaine‑ci ou pendant la semaine où nous siégerons en mars. Je remarque également que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié ne figure pas dans le Budget supplémentaire des dépenses (C). Nous n'aurons pas besoin de les entendre à ce sujet, mais nous devons entendre le ministre.
Ce sont des demandes très importantes que le Comité a adressées au . Je serais curieux de savoir où nous en sommes à cet égard. Si nous ne recevons pas le ministre, et s'il a peur de comparaître devant le Comité, comme il nous en donne parfois l'impression... Il s'est montré prêt à se présenter devant nous, et c'est bien, mais nous avons beaucoup de questions pour lesquelles nous devons obtenir des réponses. J'espère qu'il sera disposé à nous donner ces réponses.
Je serais curieux de savoir où nous en sommes à cet égard.
Merci.
J'aimerais d'abord remercier le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de m'avoir invité aujourd'hui.
Je m'appelle Tomoya Obokata, je suis du Japon, et j'occupe actuellement le poste de rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d'esclavage.
Comme les membres du Comité le savent très bien, j'ai fait une visite officielle dans votre pays du 23 août au 6 septembre dernier afin d'enquêter sur la façon dont le Canada traite les formes contemporaines d'esclavage. J'ai commencé ma mission à Ottawa avant de me rendre dans d'autres villes, comme Moncton, Vancouver, Toronto et Montréal. J'ai ainsi pu rencontrer plus de 200 intéressés. En ce qui concerne le traitement des travailleurs migrants, j'ai exprimé de graves préoccupations au sujet des volets du Programme des travailleurs étrangers temporaires qui touchent les postes à bas salaire et les emplois dans l'agriculture.
Un large éventail d'intéressés, y compris près de 100 travailleurs migrants, que j'ai rencontrés dans les différentes régions du Canada m'ont communiqué directement de l'information au sujet de conditions de travail épouvantables, notamment des heures de travail excessives, des tâches physiquement dangereuses, des salaires peu élevés et l'absence de rémunération des heures supplémentaires, sans compter les cas de harcèlement sexuel, d'intimidation et de violence de la part de l'employeur. Bon nombre des travailleurs qui essaient de négocier de meilleures conditions de travail seraient menacés ou même congédiés sur‑le‑champ.
À mon avis, le principal facteur contribuant à rendre les travailleurs migrants plus vulnérables à l'exploitation au Canada est le principe du permis fermé qui lie les travailleurs à des employeurs précis. On crée ainsi une relation de dépendance qui permet souvent aux employeurs d'exercer un contrôle strict sur les travailleurs, ce qui augmente considérablement les risques d'exploitation et d'abus.
Je sais qu'il existe un programme de permis ouverts pour les travailleurs vulnérables, mais il s'agit d'une solution temporaire ne s'appliquant que pour un maximum de 12 mois. En outre, il y aurait tellement de formalités administratives à remplir et d'éléments de preuve à fournir que de nombreux travailleurs hésitent à emprunter cette voie. Je crois comprendre que les travailleurs sans-papiers sont également exclus de ce régime.
À la lumière de ces constats, je recommande que le gouvernement fédéral renonce au principe du permis fermé de telle sorte que les travailleurs migrants puissent changer d'employeur comme bon leur semble. Une telle approche a déjà été adoptée par certains pays et est envisagée par d'autres.
Le Canada peut déjà compter sur le Programme de mobilité internationale qui offre notamment un accès illimité au marché du travail, et le gouvernement pourrait considérer la possibilité d'étendre cet avantage à tous les travailleurs migrants.
Il est également possible d'améliorer les inspections menées pour s'assurer que les employeurs se conforment aux règles en place. Selon les informations que j'ai pu obtenir lors de ma visite, ces inspections ne seraient pas faites de façon régulière. Lorsqu'on le fait, on peut effectuer l'inspection à distance, par téléphone ou par vidéo. Dans de nombreux cas où l'inspection se fait sur place, l'employeur en est informé à l'avance, si bien qu'il peut se préparer en conséquence.
De plus, il devrait être plus facile pour ces travailleurs d'avoir accès au système judiciaire et aux différents recours à leur disposition. Je sais qu'il existe des mécanismes établis pour les plaintes, mais de nombreux travailleurs m'ont dit qu'ils ne signalent pas les cas d'abus et d'exploitation par crainte de représailles de la part de leur employeur qui pourrait notamment inscrire leur nom sur sa liste noire ou carrément les congédier. Le manque d'accès à l'information et les barrières linguistiques semblent aussi faire obstacle à l'accès à la justice et aux divers recours pour de nombreux travailleurs.
Enfin, je tiens à souligner que les travailleurs migrants apportent une contribution vitale à l'économie nationale du Canada, mais que les voies d'accès à la résidence permanente ou à un séjour de longue durée sont extrêmement étroites pour la plupart des travailleurs en agriculture et dans d'autres secteurs à bas salaire. Je considère que c'est discriminatoire, et j'aimerais recommander que tous les travailleurs migrants aient des chances égales d'obtenir la résidence permanente ou un permis de séjour de longue durée.
Je vous remercie beaucoup de votre attention et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie notre témoin de s'être joint à nous aujourd'hui.
Monsieur Obokata, nous avons eu l'occasion d'entendre un grand nombre d'intervenants depuis le début de notre étude. Nous avons ainsi eu droit au point de vue des agriculteurs, des avocats, des syndicats et des travailleurs migrants eux-mêmes. Tous ces gens ont pu exprimer une gamme variée d'opinions et de prises de position sur la question des permis de travail fermés. Plusieurs nous ont parlé des conséquences qu'aurait pour leur exploitation agricole la délivrance de permis de travail ouverts à tous les travailleurs étrangers temporaires.
De nombreux témoins ont fait valoir que les employeurs qui manquent de main-d’œuvre craignent de perdre les travailleurs étrangers temporaires possédant des compétences recherchées qu'ils ont recrutés et dont ils ont désespérément besoin si l'on abandonne le principe du permis de travail lié à un employeur.
Lorsque le a comparu devant le Comité, il a déclaré qu'il était ouvert à l'idée d'avoir des permis de travail liés à une région ou à une industrie.
Que pensez-vous de ce genre de permis de travail, monsieur Obokata?
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Obokata, d'être parmi nous, aujourd’hui, pour cette importante étude.
Je vais essayer de remettre les choses en contexte et de rassurer des gens, dont certains de mes collègues.
Vous avez soulevé le fait que le système des permis de travail fermé pouvait être un terreau fertile pour l'esclavage moderne au Canada. J'en ai compris que vous ne vous attaquiez pas aux employeurs, aux entreprises ou aux producteurs agricoles, mais plutôt que vous remettiez en question le système qui permet certains abus. Vous ne visiez pas des employeurs, mais bien le système de permis fermés.
Pouvez-vous expliquer cette différence au Comité, s'il vous plaît?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier le rapporteur spécial de comparaître devant le Comité aujourd'hui. Je le remercie également d'être venu au Canada et d'avoir examiné cette question.
Comme de nombreux témoins nous l'ont dit, le problème du système d'immigration, tel qu'il est conçu, c'est‑à‑dire avec l'approche des permis de travail fermés, c'est qu'il expose ces travailleurs à l'exploitation. Dans cette perspective… Il ne s'agit pas de dire, comme le laissent entendre les conservateurs, que vous prétendez que tous les employeurs exploitent les travailleurs. Je ne crois pas que vous ayez dit cela à quelque moment que ce soit. Je pense plutôt que le problème concerne le système d'immigration du Canada.
Au lieu d'avoir cette situation de permis de travail fermés, quelle serait, selon vous, la solution pour remédier à l'exploitation qu'ont directement subie de nombreux travailleurs migrants avec lesquels vous vous êtes entretenus?
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Je voulais en parler, monsieur le président.
Le président: Bien sûr, c'est d'accord. Allez‑y, s'il vous plaît.
M. Tom Kmiec: La raison pour laquelle je propose la motion est que nous avons eu une réunion le 7 février où le a comparu, ainsi que M. Anson, de l'Agence des services frontaliers du Canada, et le surintendant principal Burchill, de la GRC. Voici ce que les témoins ont répondu à certaines questions lors de leur témoignage. C'était M. Brunelle-Duceppe qui avait la parole. M. Anson a répondu à une interrogation portant précisément sur les cartels, le crime organisé et l'utilisation abusive des visas au Canada. Voici la réponse que M. Brunelle-Duceppe a reçue:
Malheureusement, je ne peux pas répondre par oui ou par non. Je dirais, en ce qui concerne l'exploitation par le crime organisé de l'exemption de visa, que c'est quelque chose qui fait rarement surface dans les preuves liées aux poursuites judiciaires ou dans le cadre d'enquêtes relatives à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. En théorie, c'est quelque chose qui, nous le savons, existe. L'exemption de visa est exploitée en toutes circonstances, et il y a toujours des criminels, des membres du crime organisé et des groupes du crime organisé qui sont impliqués ou qui sont associés à ces déplacements illicites.
Ensuite, M. Brunelle-Duceppe a poursuivi en s'adressant au surintendant principal de la GRC. Celui‑ci a confirmé qu'« aucune information interne n'indiquait qu'ils exploitaient une situation en particulier », puis il a dit être essentiellement d'accord avec le représentant de l'ASFC.
Il s'agit de la réunion au cours de laquelle le a refusé de dire quand le visa obligatoire serait rétabli pour le Mexique.
Deux choses se sont produites depuis cette réunion.
Marie Woolf, une journaliste du Globe and Mail, a écrit un article disant qu'il semble y avoir eu récemment des opérations du crime organisé visant à faire entrer des Mexicains et d'autres personnes aux États-Unis, selon le chef du renseignement de l'Agence des services frontaliers du Canada. Comment M. Anson a‑t‑il pu affirmer qu'il n'y avait ni documentation ni preuve, et que ce n'était qu'une théorie, alors qu'il y avait évidemment une opération en cours ayant donné lieu à cet article? L'article s'intitulait « Canada investigating cartel members smuggling Mexicans over border to America ». Le sous-titre indique que « les décideurs canadiens et la GRC enquêtent sur la migration clandestine de Mexicains qui se rendent au Canada par avion, puis entrent aux États-Unis en traversant la frontière sud du Canada. »
Comment est‑il possible que le représentant de la GRC affirme être d'accord avec l'ASFC devant le Comité, et qu'il n'y ait pas de documents semblables — c'est une théorie — alors qu'il y a maintenant des opérations en cours d'après cet article? En fait, le représentant de l'ASFC qui est cité est M. Anson. Ce sont ses propos. Tout est arrivé pendant l'heure que nous avons passée avec le , lorsqu'il nous a dit qu'il n'allait pas rétablir le visa et qu'il ne voulait pas confirmer quand il le ferait. Il a essayé de détourner l'attention chaque fois que je lui ai posé la question.
L'article se poursuit ainsi: « Il a dit qu'à sa connaissance, aucun cartel mexicain donné ne dirigeait les opérations de migration clandestine. Or, il a été confirmé que des membres du crime organisé y étaient mêlés. » Cependant, ces gens viennent de nous dire, lors de la réunion du 7 février, que ce n'était qu'une théorie.
L'article se poursuit en disant que le « a affirmé la semaine dernière que le crime organisé joue un rôle dans l'entrée de demandeurs d'asile mexicains au Canada. » S'il n'y a pas de documents là‑dessus dans ces deux ministères, comment le premier ministre pourrait‑il le savoir? Comment en serait‑il avisé? Pourquoi le n'était‑il pas mieux informé? Pourquoi ne pouvait‑il pas répondre à nos questions?
L'article va même plus loin et cite en fait le . On y lit qu'il « examine la possibilité d'imposer une exigence de visa aux visiteurs mexicains après une forte augmentation du nombre de demandes d'asile provenant de Mexicains, dont la plupart ont été rejetées. »
On cite ensuite M. Anson qui aurait dit: « Nous avons remarqué qu'il y a des tendances et des gens qui tenteront d'exploiter une façon légale d'entrer au Canada pour ensuite aller vers le sud. » Maintenant, s'il y a des tendances de personnes qui essaient d'exploiter la capacité légale d'entrer au Canada au moyen de l'autorisation de voyage électronique, ou AVE, il devrait y avoir de la documentation, mais on nous a dit avec insistance que de tels documents ne seront pas fournis au Comité.
Statistique Canada a publié un rapport le 23 février — le même vendredi — qui montre ceci en 2023: « [r]eprésentant 36,8 % des résidents d'outre-mer arrivant au Canada en décembre 2023 » — c'était donc au dernier mois de l'année passée — les résidents du Mexique se chiffraient à 69 300.
Si vous consultez le site Web de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, ou CISR, qui contient les données à jour de l'ASFC, vous verrez que plus de 17 000 demandes sont présentées par des ressortissants qui ont des documents du Mexique. Cela signifie qu'entre près du quart et 33 % d'entre eux ont présenté une demande à une frontière aérienne après être arrivés au Canada. Je pense qu'il devrait y avoir de la documentation quelque part et que le aurait pu fournir une réponse beaucoup plus complète au Comité pour s'expliquer.
Pour que les analystes l'aient en leur possession, il s'agit de la publication « Voyages entre le Canada et les autres pays, décembre 2023 », qui a été diffusée à 8 h 30, heure de l'Est dans Le Quotidien de Statistique Canada, le 23 février 2024. On ne fait que décrire l'identité des voyageurs en provenance de différents pays.
Je tiens simplement à reconnaître le mérite de Marie Woolf. Dans son article, elle cite indirectement M. Anson: « Il a dit qu'une division spécialisée dans l'identification des faux documents aide à repérer les personnes ayant des liens avec le crime organisé qui tentent d'entrer au Canada dans les aéroports, les ports et les postes frontaliers. »
Pour revenir à ce que je disais, M. Anson a comparu devant le Comité et a prétendu qu'il n'y avait pas de tels documents. Ensuite, le surintendant de la GRC a dit: « Je me ferai l'écho des commentaires de mon collègue de l'ASFC selon lesquels le crime organisé... », puis il a été interrompu, par vous d'ailleurs, monsieur le président. Il a poursuivi un peu en ajoutant: « Je voudrais simplement souligner le fait que le crime organisé trouvera des personnes vulnérables et les exploitera, quelles que soient les circonstances. » C'est probablement la déclaration la plus exacte qu'il ait faite de toute la réunion, parce qu'avant cela, il semblait être d'accord avec le témoin de l'ASFC lorsqu'il a dit que de tels documents n'existent pas.
Le n'a vraiment pas voulu nous dire quand il allait rétablir le visa obligatoire, mais si les représentants de son ministère... Ses hauts fonctionnaires ont également été cités abondamment, et auraient dit à quel point ils travaillent en étroite collaboration avec le Mexique et subissent des pressions du gouvernement mexicain pour ne rien changer. Il doit y avoir des documents.
L'article se poursuit encore et encore. Je crains donc que les témoignages du 7 février que les représentants de l'ASFC, de la GRC et d'IRCC nous ont donnés ne soient pas tout à fait justes. J'irais même jusqu'à dire que certains éléments nous ont possiblement induits en erreur — peut-être involontairement. Il doit toutefois y avoir des documents parce qu'autrement, il serait impossible pour des médias comme le Globe and Mail de rapporter que les agents frontaliers du Canada ont réussi à mettre un terme à des opérations récentes du crime organisé pour faire entrer des Mexicains et d'autres personnes aux États-Unis, selon le chef du renseignement de l'Agence des services frontaliers du Canada.
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Merci, monsieur le président.
C'était une interruption inutile.
Comme je le disais, j'ai regardé de plus près les témoignages de cette réunion du Comité. Je vous ai cité les propos de M. Anson, et je ne peux m'empêcher de comprendre que soit il y a eu une tentative de brouiller les cartes, soit il était très mal informé ce 7 février. C'est le 23 février que le Globe and Mail a publié son article sur les opérations majeures qui se déroulaient au Canada.
Ma motion est fort simple. Le doit revenir comparaître, car c'est surtout lui qui décide des personnes qui peuvent se prévaloir du système d'AVE ou non.
Nous avons maintenant des données de Statistique Canada prouvant qu'entre 25 et 33 % des ressortissants possédant des documents de voyage mexicains qui arrivent au Canada présentent une demande à la CISR. Ils peuvent seulement le faire parce qu'ils ont obtenu une AVE pour voyager au Canada. L'article se poursuit en disant que certaines personnes exploitent cette « capacité légitime » de voyager au Canada au nom du crime organisé.
Il faut que les fonctionnaires d'IRCC reviennent, et que ceux de l'Agence des services frontaliers du Canada témoignent devant le Comité. M. Anson doit revenir et nous expliquer, à moi et à M. Brunelle-Duceppe, pourquoi son témoignage ne correspond pas à la réalité.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je veux simplement appuyer la motion. Nous nous sommes déjà attaqués à la question de la migration clandestine dans le cadre de notre étude sur les demandeurs d'asile au chemin Roxham. À cette occasion, les députés conservateurs avaient formulé des recommandations robustes dans le but de renforcer nos lois interdisant la traite des personnes. Cette motion va également au cœur de cet enjeu, parce que nous avons au pays des problèmes de traite de personnes et de passage de clandestins. Nous savons bien sûr que lorsque des victimes de la traite sont amenées ici, elles finissent souvent par faire des choses illégales, comme la prostitution.
Ce sont des pratiques qui favorisent l'exploitation des gens. Les trafiquants peuvent exploiter les gens ainsi. C'est préjudiciable pour tout le monde. C'est mauvais pour notre pays, et certainement pour les personnes touchées, souvent sans leur consentement. Ce n'est pas une chose qu'elles ont souhaité faire. C'est une situation dans laquelle elles se sont retrouvées parce qu'elles sont exploitées par les cartels, le crime organisé et ce genre de choses. C'est exactement ce dont il est question dans cet article.
Nous admettons tous que la criminalité a considérablement augmenté au pays. Le problème est aussi en partie attribuable à l'assouplissement des lois par les libéraux, comme la détention à domicile et le relâchement des peines d'emprisonnement pour certains crimes très graves, comme les crimes commis avec une arme à feu et perpétrés par des gangs. Souvent, de nos jours, ces criminels sont libérés sous caution au lieu d'être emprisonnés. Il peut arriver à maintes reprises qu'un criminel commette un crime, se fasse arrêter et, après avoir rempli les documents au poste de police, soit simplement remis en liberté.
Malheureusement, un nombre croissant de ces criminels récidivent. Ils reviennent. Ils sont arrêtés de nouveau pour le crime suivant. C'est le même processus. Ils remplissent leurs formulaires et s'en vont. Nous avons cette porte tournante de la criminalité. Dans le pire des cas, il y a parfois une assignation à résidence. Eh bien, ce n'est pas vraiment une peine non plus.
Ce qui se passe maintenant dans notre culture, en raison des changements apportés par le gouvernement libéral en ce qui concerne les peines pour les crimes, c'est qu'il y a moins d'effet dissuasif, de sorte qu'une personne qui regarde...
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Merci, monsieur le président.
Je sais qu'il est parfois difficile pour certains députés de voir la pertinence et de comprendre pourquoi nous voudrions mettre des criminels en prison, et en quoi ne pas le faire pourrait favoriser l'exploitation des femmes, en particulier. Nous, les conservateurs, voulons vraiment nous assurer de bien faire les choses au pays afin de réduire la criminalité qui nous frappe — comme les vols de voitures et les invasions de domicile. Il se passe tellement de choses en ce moment qui ne devraient pas se produire.
Comme je le disais, les criminels n'ont pas à se soucier d'aller en prison, car soit ils sont simplement remis en liberté dans la population générale, soit, dans le pire des cas, ils sont peut-être assignés à résidence. Ce qui se passe maintenant — et c'est là que nous devons faire très attention aux cartels et aux gangs —, c'est que les gangs le savent. Ils peuvent aller voir un jeune vulnérable et lui dire: « Nous voulons que tu nous aides à commettre ces crimes, mais ne t'inquiète pas; rien ne peut t'arriver. Tu pourrais avoir un casier judiciaire, mais c'est tout. Tu n'iras jamais en prison. Il n'y a aucune conséquence à tes actes. »
Parallèlement à cela, notre pays traverse une crise liée au coût de la vie, de sorte que ce même jeune pourrait avoir de la difficulté à trouver un endroit où vivre, ou encore, il pourrait habiter avec 10 autres personnes dans un logement d'une chambre. Ce jeune a donc probablement de la difficulté à faire l'épicerie, et donc...
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Merci beaucoup, monsieur Brunelle-Duceppe.
J'ai toute une liste d'intervenants. Après M. Redekopp, ce sera au tour de Mme Kwan, Mme Kayabaga, M. Chiang, M. Maguire et M. Brunelle-Duceppe. S'il y a d'autres députés, je dois leur donner la parole. La liste semble longue, mais il revient aux membres du Comité de décider s'ils veulent poursuivre le débat sur cette motion, qui est tout à fait recevable, et laisser partir le rapporteur spécial.
C'est à vous de décider. En tant que président, je suis ici pour vous aider.
Je vous écoute, madame Kwan.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je veux simplement poursuivre sur ma lancée. En raison de ce qui se passe dans notre pays — et je parle de choses qui ne sont pas nouvelles comme le coût de la vie, l'inflation terrible que l'on connaît et la difficulté qu'ont les gens à se trouver un logement —, nous avons des jeunes qui n'ont pas beaucoup d'options parfois pour se nourrir, et ils sont vulnérables. Par ailleurs, nous avons des lois qui ont été adoucies, ce qui les rend moins contraignantes. Il est donc plus facile de commettre des crimes sans craindre de conséquences. Ce sont là les résultats de mesures adoptées par le gouvernement actuel.
Les cartels et les gangs y voient donc des brèches. Dans le cas mentionné, on prétend que des Mexicains arrivent au Canada pour être ensuite amenés illégalement aux États‑Unis. Les cartels ne pensent qu'à l'argent; c'est leur but premier. Peu importe les moyens utilisés et les gens qu'ils blessent. Cela ne les regarde pas. Ce qu'ils voient ici, c'est l'absence de règles ou un assouplissement de nos règles. Le présent gouvernement a ouvert des brèches dans nos règles et donc créé des points faibles au pays. Les cartels font preuve de beaucoup d'imagination pour trouver le meilleur moyen de faire de l'argent, alors ils voient ces brèches. Ils voient un relâchement dans les lois et ils en profitent pour exploiter les gens.
Il faut se rappeler que les cartels sont sans pitié. Ce qui est terrible, la tragédie, ce sont les gens qui se font prendre dans leurs filets sans le vouloir, les jeunes et d'autres qui tombent dans la criminalité.
Souvent, comme je l'ai déjà dit, ce sont les femmes et les filles qui sont victimes de traite et de toutes sortes de formes d'esclavagisme et de prostitution. Elles ne cherchaient pas cela. Elles n'ont jamais voulu cela, mais elles se sont retrouvées dans cette situation parce que nous permettons aux cartels et aux gangs d'avoir ce pouvoir. Nous avons négligé de mettre en place des lois efficaces et d'instaurer des peines suffisantes pour ceux qui les enfreignent.
C'est ce que nous dit cet article, et c'est pourquoi nous pensons qu'il est important d'entendre le à ce sujet pour avoir son point de vue. Comme mon collègue l'a souligné, il y a des incohérences troublantes entre ce qu'a dit le gouvernement, ce qu'a dit le lorsqu'il était ici avec ses collaborateurs, et ce qu'on lit dans cet article. Nous avons des questions à poser. Il se peut, comme l'a mentionné mon collègue, que ce soit des erreurs ou des choses dites par erreur. Je ne suis pas certain, mais il faut le savoir. Y a‑t‑il eu des rapports? Est‑ce bien documenté?
L'article ne nomme pas un cartel en particulier, mais on dit que des membres de groupes criminels organisés ont été identifiés comme prenant part à ces activités. C'est donc très grave. Je pense que le Comité doit se pencher sur cela rapidement. Il n'est pas nécessaire d'y consacrer beaucoup de temps, comme c'est mentionné dans la motion.
On parle toujours de convoquer le , mais il faut aussi convoquer les fonctionnaires, car nous devons aller au fond des choses pour comprendre la situation et faire toute la lumière sur cette affaire. L'élément le plus important ici, c'est que ce qui a été dit au Comité et ce qu'on lit dans l'article ne concordent pas. Je pense que, en tant que membres du Comité, nous devrions trouver cela très inquiétant.
Monsieur le président, cela devrait vous inquiéter aussi, car nous voulons protéger l'intégrité du Comité, en ce sens que nous voulons obtenir de l'information qui nous permet de comprendre la situation et de prendre de bonnes décisions. Quand cela est remis en question, tout le monde y perd. Ce n'est pas simplement mauvais pour notre comité, c'est mauvais pour tous les comités. Nous devons veiller à ce que l'information qu'on nous fournit soit exacte.
C'est pourquoi je pense qu'il s'agit d'une motion importante, et que nous pouvons mener cette petite étude importante rapidement, et j'appuie mon collègue à cet égard.
Sur ce, j'ai terminé.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je dois dire à quel point je suis déçue que le Comité se trouve dans cette situation. Nous avons un témoin spécial, le rapporteur spécial, que nous avons tenté de faire venir au Comité depuis un certain temps déjà. Nous avons dû annuler la dernière fois en raison de problèmes techniques, et nous l'avons enfin avec nous dans le cadre de notre étude très importante sur l'exploitation, un sujet qui n'est pas très éloigné de celui de la traite des personnes. Quand des gens sont exploités dans leur environnement de travail, c'est une question que nous devons prendre au sérieux. Si le système d'immigration facilite cela, nous devrions entendre des témoins sur ce problème et sur les façons d'y remédier. Nous avons avec nous un rapporteur spécial qui est venu au Canada pour étudier cette question et qui est prêt à faire part au Comité de son expertise et de ce qu'il a appris, afin que nous puissions mieux remédier à ces problèmes.
Les conservateurs présentent une motion au beau milieu du témoignage de notre témoin et de nos discussions avec lui. Je pense que ce n'est pas respectueux, et c'est le moins qu'on puisse dire, en particulier parce qu'après la première heure, nous aurons le temps de le faire. Je manque de mots pour vous dire à quel point je suis déçue, et dégoûtée, honnêtement, par cette tactique et cette façon de faire.
Cela ne veut pas dire que l'objet de la motion n'est pas important. Je serais même prête à l'examiner, mais pas maintenant. Nous devons accorder ce temps au rapporteur pour pouvoir terminer notre travail. Il doit nous faire part de son expertise pour que nous puissions le terminer, pour ensuite rédiger le rapport et présenter les recommandations nécessaires au gouvernement.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je veux seulement faire écho aux commentaires de ma collègue. Je ne vais pas intervenir sur ce que propose notre collègue, même si c'est aussi une étude très importante à réaliser, mais comme ma collègue l'a mentionné, nous attendons depuis des semaines et des mois que le rapporteur spécial vienne témoigner au Comité. Nous perdons actuellement du temps — qui pourrait servir à discuter avec lui — sur une motion dont nous pourrions discuter plus tard. Nous aurions de bien meilleures discussions si nous en parlions plus tard. Pour l'instant, je pense que nous devrions terminer cette rencontre.
Un peu plus tôt, mon collègue, M. Redekopp, parlait du fait que nous avons tellement de travaux en cours que nous n'arrivons pas à accomplir quoi que ce soit. C'est un bon exemple de situation qui fait en sorte que nous n'arrivons pas à avancer.
Monsieur le président, je propose que nous ajournions le débat sur cette motion. Nous pourrons y revenir plus tard, lorsque nous aurons terminé notre rencontre avec le rapporteur spécial. Nous l'avons invité à deux reprises, et il a pris le temps de venir nous rencontrer. Je pense que c'est important.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je comprends la motion du député d'en face. Toutefois, compte tenu de l'importance d'avoir avec nous le rapporteur spécial des Nations unies, du sujet des permis de travail fermés, des problèmes concernant les travailleurs saisonniers et du rapport qui a été publié à ce sujet, nous nous trouvons dans une situation où nous devrions et devons discuter des conclusions du rapport du rapporteur spécial, afin d'avoir une meilleure idée de ce que l'on doit faire au sujet des permis de travail fermés.
Je trouve qu'il est important que nos travailleurs soient traités équitablement. Je pense que nous traitons bien nos travailleurs étrangers temporaires, nos travailleurs saisonniers et nos travailleurs agricoles au Canada. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de pommes pourries, mais elles sont en petit nombre. Nous devrions examiner la situation de nos travailleurs étrangers temporaires, respecter le travail qu'ils font, et bien les accueillir, car sans eux, nous ne pourrons pas nourrir nos familles. Ils sont un élément très important dans notre système.
Je dirais que présenter cette motion au moment où nous avons un témoin si important — que nous avons travaillé très fort pour accueillir au Comité — ne nous sert pas. Cela témoigne d'un manque de respect à l'égard du rapporteur spécial, de son horaire chargé et de son temps. Nous discutons d'un sujet important. Nous devrions l'écouter et nous montrer respectueux à son égard.
Pourquoi ne voterions-nous pas sur cette question, monsieur le président?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Les règles sont les règles, bien sûr. Je vous remercie, encore une fois.
Je veux simplement terminer les questions que j'avais pour vous, monsieur Obokata.
La situation n'est pas facile pour les agriculteurs canadiens, et je sais que nous discutons du processus que nous avons ici, du système de permis fermés, et qu'il y a des raisons pour cela. Je l'ai mentionné plus tôt.
Je trouve cela préoccupant que la pratique normale — je pense que c'était la réponse de M. Obokata — soit de faire une déclaration préliminaire plutôt que de publier votre évaluation et vos recommandations dans un rapport complet.
J'ai tenté de faire valoir à quel point il était important de rencontrer des agriculteurs, et je veux vous poser une autre petite question.
Vous avez mentionné dans l'une de vos réponses que vous avez rencontré également des représentants de l'industrie des mollusques et des crustacés. Avez-vous rencontré des pêcheurs?
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Vous n'avez passé que 14 jours ici. Je comprends cela.
Pouvez-vous mettre un nombre sur cette affirmation? Vous avez dit... Nous avons examiné cela, mais je crois que vous ne pouviez pas dire combien vous en aviez rencontré.
J'aimerais revenir aux employeurs au Canada et aux raisons de l'importance de rencontrer des pêcheurs et des agriculteurs. Vous avez mentionné estimer qu'il y avait d'autres industries qui pratiquaient cette forme d'esclavage ici au Canada.
Au Canada, les employeurs qui embauchent des travailleurs étrangers temporaires doivent procéder à une étude d'impact sur le marché du travail. Ils doivent aussi, dans bien des cas, payer les frais de transport aller-retour de ces travailleurs, et ils doivent leur fournir un logement adéquat. Tout cela a un coût financier et en temps important pour les employeurs.
Si nous optons pour la suggestion que vous faites au sujet des contrats ouverts, pourquoi les employeurs choisiraient-ils d'emprunter cette voie compte tenu des investissements qu'ils font? Nous avons déjà des situations où, si l'employé n'est pas content, il peut se tourner vers un autre employeur.
Pouvez-vous me dire combien d'agriculteurs vous avez interrogés personnellement dans le cadre de votre enquête à ce sujet?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier le rapporteur spécial d'avoir saisi l'occasion de répondre aux questions sur cette étude très importante que nous menons.
Je tiens également à reconnaître la gravité des plaintes des migrants qui ont été victimes d'abus, ainsi que le fait qu'il y a un grand nombre d'agriculteurs éthiques dans notre pays qui font de leur mieux pour prendre soin de leurs employés.
À la lumière du rapport que vous avez rédigé, l'un des plus gros problèmes est que les travailleurs étrangers temporaires ne connaissent pas les mesures et les programmes à leur disposition s'ils sont dans une situation d'abus. L'un des programmes auxquels je pense est le permis de travail ouvert pour les travailleurs vulnérables, plus particulièrement, mais il y en a beaucoup d'autres.
Auriez-vous des recommandations à formuler sur la façon dont le gouvernement peut accroître la sensibilisation à ces programmes? Par exemple, le Centre canadien pour mettre fin à la traite de personnes, l'organisme Convenant House Vancouver et le Centre de réfugiés des FCJ ont recommandé que les employés participent à des ateliers rémunérés organisés par des organisations indépendantes. C'est pour veiller à ce que les ambassades et consulats canadiens fournissent des renseignements sur les droits du travail avant leur arrivée au Canada.
Y a‑t‑il d'autres recommandations que vous pouvez formuler à ce sujet?