La première heure de la réunion d'aujourd'hui servira à tenir une séance d'information sur les priorités et les objectifs du ministre pour Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Je suis heureux d'accueillir l'honorable Marc Miller, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Il est accompagné de deux fonctionnaires du ministère. Nous connaissons très bien la sous-ministre, Mme Fox. Nous accueillons également, Mme Baird, sous-ministre adjointe principale, Politique stratégique.
Je souhaite la bienvenue au ministre et aux fonctionnaires.
Monsieur le ministre, vous avez la parole pour cinq minutes. Je vous en prie.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je suis vraiment heureux de comparaître devant vous pour discuter de mes priorités et de mes objectifs en tant que ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
Monsieur le président, je veux tout d’abord reconnaître que le territoire sur lequel nous nous rencontrons aujourd’hui est le territoire ancestral et non cédé de la Nation algonquine anishinaabe.
Le système d'immigration du Canada a fait face à des réalités changeantes et à des pressions croissantes, encore plus au cours des dernières années. Les multiples crises humanitaires et de santé publique, l'augmentation du nombre de demandes d'asile et l'intérêt accru pour le Canada exigent tous un plan clair, afin que nous puissions continuer d'accueillir les nouveaux arrivants, tout en réduisant l'arriéré de demandes.
Nous devons également composer avec les pressions à l'échelle nationale, comme les pénuries de logements, d'infrastructures et de main-d'œuvre. Il faut offrir une voie claire aux nouveaux arrivants pour qu'ils puissent apporter une contribution significative à leur collectivité et faire partie de la solution à ces défis.
Monsieur le président, l'une de mes principales priorités, ce sont les étudiants étrangers. Nous examinons actuellement le Programme des étudiants étrangers, afin de renforcer son intégrité, d'appuyer les universités et les collèges et de protéger les étudiants contre le recrutement contraire à l'éthique et les consultants peu fiables.
[Français]
Cet examen garantira que le programme continue d'attirer et de retenir les étudiants les plus brillants en les aidant à devenir des résidents permanents, et d'étendre les avantages de l'immigration à toutes les régions du pays, tout en contribuant à atteindre nos objectifs en immigration francophone.
Il est nécessaire de tenir compte de la capacité des collectivités à accueillir de nouveaux arrivants et à leur fournir des services et un logement adéquat, tout en soutenant les personnes confrontées à des crises humanitaires.
[Traduction]
Bien que les problèmes de logement du Canada exigent une approche pangouvernementale, nous devons harmoniser l'immigration avec d'autres plans, tout en respectant nos engagements humanitaires. Nous reconnaissons également que les nouveaux arrivants qui possèdent des compétences recherchées peuvent faire partie de la solution aux problèmes de logement et à d'autres problèmes.
[Français]
En raison de la hausse des demandes d'asile dans le monde entier, nous améliorons la capacité, l'intégrité et l'efficacité du système d'octroi d'asile du Canada et nous investissons dans l'aide au logement provisoire pour les demandeurs d'asile.
Nous simplifions par ailleurs l'accès aux permis de travail, ce qui permet aux demandeurs d'asile d'accéder plus tôt au marché du travail canadien et de subvenir à leurs besoins en attendant une décision concernant leur demande d'asile.
[Traduction]
Il est probable que bon nombre d'entre vous ont vu le rapport de la vérificatrice générale sur les demandes de résidence permanente. Au 31 août, le Canada avait accueilli 339 000 résidents permanents, soit une hausse par rapport aux 310 000 accueillis au cours de la même période en 2022. Notre objectif est de traiter 80 % de toutes les demandes dans le respect des normes de service, afin de mieux accueillir les nouveaux arrivants et d'accélérer la réunion des familles. Nous continuons à réduire les arriérés, grâce à la dotation et aux améliorations technologiques.
Nous avons accompli des progrès importants. Depuis septembre, nous avons dépassé notre norme de traitement des demandes de travailleurs hautement qualifiés reçues depuis juillet 2022. Nous nous approchons de notre délai de traitement standard pour le processus d'Entrée express du Programme des candidats des provinces pour les demandes des conjoints, des partenaires et des enfants.
Dans le cadre de nos efforts de modernisation, IRCC est en restructuration pour améliorer les opérations quotidiennes et l’intégrité ainsi qu’accroître l’expertise dans les domaines de l’octroi de l’asile, de la réinstallation des réfugiés, des affaires internationales et de l’intervention en cas de crises humanitaires.
[Français]
Nous établissons un secteur des affaires internationales et de l'intervention en cas de crises, de manière à disposer d'une structure permanente pour répondre à ces crises.
Nous cherchons en outre à améliorer l'expérience client globale, ce qui est essentiel pour attirer et retenir les travailleurs dont le Canada a besoin pour faire face à la concurrence mondiale.
[Traduction]
Nous continuons de communiquer directement avec les clients, ce qui est important, et le financement annoncé dans le dernier budget nous a aidés à accroître la capacité de notre centre de soutien à la clientèle, en doublant les taux d'accès, qui sont passés de 15 % l'an dernier à 30 % ou plus maintenant. Ce ne sont là que quelques-unes des mesures que nous prenons pour nous assurer que le système d'immigration du Canada est à la fois rapide, souple et fiable, ce qui, à mon avis, est essentiel pour réagir aux changements dans le paysage de l'immigration. Cela est vraiment nécessaire pour que les nouveaux arrivants contribuent au succès à long terme du Canada.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
[Français]
Merci, monsieur le président.
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Pour plus de sûreté, je vais vous faire part des codes de la CNP pour lesquels j'aimerais obtenir des chiffres que votre ministère pourra ensuite fournir au Comité. J'aimerais que tous les députés y aient accès. Ce sont des chiffres qui devraient d'ailleurs déjà être à la disposition du Comité. Le code 73102 de la CNP comprend les plâtriers, les poseurs et finisseurs de systèmes et les latteurs. Les plombiers sont compris dans le code 72012 de la CNP, et les charpentiers et les ébénistes, dans le code 72013. Le code de la CNP 72014 s'applique aux finisseurs de béton, aux couvreurs, aux peintres et aux briqueteurs-maçons.
Je vous rappelle, monsieur le ministre, que selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement, il faut construire 3,5 millions de logements d'ici 2030.
La liste de codes de la CNP continue. J'aimerais que vous fournissiez au Comité des données détaillées, ainsi que pour les groupes 70, 71, 72 et 73 de la CNP. C'est l'information de base à laquelle je m'attends.
De façon plus générale, monsieur le ministre, combien de travailleurs de la construction avez-vous recrutés en 2023, et combien l'an dernier, en 2022, dans tous les programmes, qu'il s'agisse de l'Entrée express, de la catégorie de l'expérience canadienne ou de n'importe lequel autre?
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Nous ne nions pas... Écoutez, ce n'est pas le seul programme dans le cadre duquel nous faisons venir des travailleurs qualifiés. J'ai admis volontiers que, par le passé, nous n'avons pas été en mesure de faire correspondre adéquatement l'offre et la demande, sauf dans la catégorie des travailleurs étrangers temporaires, qui a ses propres problèmes. De toute évidence, nous devons faire mieux, et nous devons absolument faire correspondre les codes de la CNP aux emplois disponibles. Les syndicats exercent des pressions en ce sens, mais il ne s'agit pas d'une demande nationale.
À un moment où le vent tourne et où les gens nous demandent de réduire les chiffres, je pense qu'aux fins d'une discussion plus générale, qui ne se limite pas à des chiffres précis en ce qui concerne les codes de la CNP, lesquels nous pourrions vous fournir plus tard, il est important de nous mettre tous d'accord pour dire que nous n'arriverons pas à faire ce que nous devons faire dans notre pays sans l'apport d'immigrants qualifiés. Nous allons agir en ce sens. Nous avons déjà commencé dans le cadre du volet Entrée express et du Programme des candidats des provinces. Ce sont tous des chiffres que vous pouvez consulter, et nous vous les fournirons. Nous y arriverons. Je sais que le est très enthousiaste à l'idée de fournir certains de ces chiffres.
Encore une fois, nous ne pouvons pas simplement annoncer la construction de logements sans disposer de gens pour les construire, et le gouvernement fédéral est là pour aider.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, de comparaître devant le Comité.
Monsieur le ministre, ma première question concerne les aides familiales. Il y a beaucoup d'aides familiales dans la circonscription que je représente. La majorité d'entre elles sont des femmes de la communauté philippine. Elles sont compatissantes et dévouées, et elles sont venues dans notre pays pour accomplir un travail d'une importance vitale, c'est-à-dire prendre soin de nos proches, de nos parents, de nos grands-parents et de nos enfants. Elles ont fait de nombreux sacrifices, passant souvent beaucoup de temps loin de leur propre famille. Malheureusement, en raison des changements apportés aux programmes et aux règles concernant les aides familiales, et sans aucune faute de leur part, elles ont perdu leur statut.
Monsieur le ministre, ce sont des personnes qui travaillent fort, qui ont fait beaucoup pour notre collectivité et qui apportent une contribution importante au Canada. Elles méritent de pouvoir continuer à le faire. Vous engagez-vous à mettre en place un programme d'amnistie et de régularisation de la situation de ces aides familiales, afin qu'elles cessent de vivre dans la peur et continuent de contribuer à faire du Canada le meilleur pays où vivre?
Aux fins de cette discussion, je pense qu'il est important de souligner qu'en 2022, nous avons accueilli plus de 4 300 aides familiales et leur famille dans le cadre du programme de la voie d'accès vers la résidence permanente. Environ quatre mois plus tard, nous avons réduit la période d'expérience de travail requise pour être admissible à la résidence permanente pour la faire passer de 24 à 12 mois.
Je ne nie pas qu'il y a des personnes qui ont perdu leur statut, et je pense que cela fait partie du travail que nous faisons de façon générale pour régulariser la situation d'un certain nombre de personnes au pays qui n'ont pas de statut régulier. Cela s'accompagne d'un certain nombre de choix stratégiques qui sont difficiles. Nous luttons également contre la perception selon laquelle certaines de ces personnes sont des resquilleuses, ce qui n'est pas le cas, à mon avis, mais dans tout cela, nous devons adopter une approche humaine et humanitaire pour régulariser la situation des personnes qui ont perdu leur statut, soit en leur permettant de récupérer ce statut ou d'avoir une voie d'accès à la résidence permanente. Encore une fois, le travail dont il est question dans la lettre de mandat du à l'intention du ministre précédent doit être fait, et je crois fermement qu'on doit le mener à bien.
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Merci, monsieur le ministre.
Je suis très fière que le Canada ait accueilli près de 40 000 réfugiés afghans depuis la chute de Kaboul, en août 2021, dans différents volets. Bon nombre d'entre eux se sont installés dans la circonscription que je représente, dans ma collectivité, et j'en ai rencontré beaucoup. Ils sont déterminés à contribuer à leur nouvelle patrie, ici, au Canada, mais ils s'inquiètent aussi pour leurs familles, leurs proches et tous ceux qui tentent encore de survivre en Afghanistan sous le régime brutal des talibans. Ils craignent que lorsque le Canada aura atteint sa cible initiale de 40 000 réfugiés, l'attention étant concentrée sur l'Ukraine, ils seront oubliés.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous assurer que le chiffre de 40 000 réfugiés est un plancher et non un plafond, et que nous continuerons d'accueillir les Afghans qui ont besoin de protection ici, au Canada?
J'attire votre attention sur le dernier chiffre que nous avons, qui est du domaine public, et qui montre que nous sommes très près de notre cible de 40 000 personnes. C'est important. Je ne pense pas que nous devions nécessairement trop nous attarder à une cible lorsqu'il est question d'êtres humains, qui attendent d'être évacués, qu'ils se trouvent ou non en Afghanistan, où, vous en conviendrez, notre capacité d'agir est très, très limitée, compte tenu du régime actuel, et même notre capacité d'en parler publiquement. Cela ne veut pas dire que nous ne déploierons pas d'efforts pour nous assurer que les gens à l'égard de qui nous avons pris des engagements sont en sécurité, qu'ils soient en Afghanistan ou, aux fins de cette discussion, qu'ils soient actuellement au Pakistan, avec les échéances très difficiles qui s'en viennent.
Je peux confirmer au Comité que nous ne fermerons pas les robinets en atteignant la cible de 40 000 personnes. Encore une fois, nous avons besoin d'une certaine idée, à l'échelle du gouvernement, de la façon de planifier cela, mais je répète qu'il n'est aucunement question de fermer les robinets à 40 000.
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Je vais diviser ma réponse en deux parties et exposer rapidement le travail qui est fait.
Nous n'avons encore rien annoncé au sujet du Soudan. Les critiques à l'endroit de la politique me touchent réellement, surtout dans le contexte d'un plus grand nombre de familles élargies et d'un nombre encore plus grand de familles nucléaires, et cette politique devrait probablement être élargie.
Pour ce qui est du Soudan, je ne peux rien annoncer publiquement pour le moment. Je suis très ouvert à vos suggestions et à vos recommandations concrètes.
Pour ce qui est de l'Afghanistan, je vais demander à la sous-ministre Fox de répondre rapidement, afin que nous ne prenions pas plus de votre temps.
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Nous allons vérifier ce qu'il en est des dons aux conservateurs, car cela m'intéresse aussi.
Vous ne savez donc pas si le gouvernement canadien paie encore pour des installations sur le chemin Roxham malgré la fermeture de celui-ci. C'est bon à savoir.
Récemment, M. Rodriguez, le lieutenant politique québécois du Parti libéral du Canada, a déclaré que c'était Québec qui contrôle toute son immigration temporaire. Pourtant, selon la ministre de l'Immigration du Québec, Mme Christine Fréchette, « la majorité des immigrants temporaires sont [au Québec] grâce à des programmes contrôlés entièrement par le fédéral ». Elle dit aussi que le Québec « contrôle seulement les travailleurs admis via le Programme des travailleurs étrangers temporaires et les étudiants étrangers ». On apprend également que certains travailleurs venus d'ailleurs arrivent sous la coupole du Programme de mobilité internationale, pour lequel Québec n'intervient pas dans le processus bureaucratique de l'immigration.
Je veux juste que ce soit clair: qui a raison, M. Rodriguez ou la ministre de l'Immigration du Québec?
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Je pense avoir donné quelques chiffres, et je peux les répéter.
Il y en a eu 1 300 dans le tirage du mois d'août pour la construction — des soudeurs, des opérateurs de machines et des charpentiers-menuisiers —, donc des métiers très précis, des codes très précis de la Classification nationale des professions, la CNP.
Je dirais que cela est complété par ce que nous faisons dans le cadre du Programme des candidats des provinces, qui comporte un volet compétences; par le Programme d'immigration dans les communautés rurales et du Nord; et par le Programme d'immigration au Canada atlantique.
C'est une combinaison des besoins régionaux, de la contribution des provinces et de ce que le gouvernement fédéral peut faire. C'est ainsi que nous réagissons aux plafonds à l'échelle du pays.
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Tout d'abord, je peux comprendre que notre relation avec l'Inde, que vous soyez musulman, sikh ou hindou, puisse vous faire craindre votre statut au Canada, que vous soyez étudiant, résident permanent ou citoyen canadien. Mon travail en tant que ministre de l'Immigration — comme n'importe quel ministre ou député, d'ailleurs — consiste à m'assurer que les gens sont en sécurité et se sentent en sécurité dans un pays qui est là pour les protéger, surtout contre une puissance étrangère. C'est notre responsabilité première.
Face à un problème diplomatique vraiment malheureux avec le gouvernement de l'Inde, le et le Cabinet défendent nos principes, mais il est important de comprendre les effets de cette défense. Je ne suis pas un expert du gouvernement de l'Inde, mais nous savons que les mesures qu'il a prises enfreignent le droit international en forçant le Canada à réduire sa capacité de fonctionner en Inde. Cela signifie que seulement cinq membres d'IRCC sont maintenant en mesure de faire le travail sur le terrain qui est essentiel au traitement des demandes, qu'il s'agisse d'étudiants étrangers ou d'autres personnes.
Il y a des tâches pour lesquelles nous devons être sur le terrain, et c'est indéniable. Nous ne pouvons pas nous adapter complètement. Cela signifie que même si nous sommes en mesure de nous adapter, que ce soit à Manille, ici ou par l'entremise de notre réseau mondial, les délais de traitement seront touchés. Le chiffre que nous avons donné publiquement, c'est qu'en ce qui concerne environ 38 000 demandes que nous avions prévu traiter d'ici décembre, nous ne pourrons en traiter que 20 000, ce qui pourrait avoir des effets au Canada.
Je pense que tous ceux qui nous regardent devraient savoir que nous sommes là pour nous assurer que les gens au Canada sont en sécurité et que nous protégeons les nôtres à l'étranger. C'est essentiellement notre priorité absolue, monsieur Ali.
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Merci, monsieur le ministre.
Parlant d'être sur le terrain, le gouvernement a investi 74,6 millions de dollars dans le cadre de la Stratégie indo-pacifique du Canada afin d'améliorer la capacité de traitement des visas du Canada au sein du réseau centralisé du Canada, ainsi qu'à New Delhi, à Chandigarh, à Manille et à Islamabad, pour favoriser les liens interpersonnels.
Depuis l'annonce, bon nombre de mes électeurs de Brampton-Centre et d'intervenants de partout au Canada qui ont des liens étroits avec le Pakistan me parlent constamment des ressources supplémentaires allouées pour améliorer les délais de traitement à Islamabad.
Monsieur le ministre, pouvez-vous faire le point sur ce qui a été fait jusqu'à maintenant pour accroître la capacité du personnel d'IRCC afin d'améliorer les délais de traitement des visas à Islamabad et des visas de résident temporaire au Pakistan?
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En ce qui concerne Islamabad, nous envoyons physiquement plus de gens pour aider au traitement sur le terrain.
J'encourage le Comité à lire le rapport de la vérificatrice générale. Il y a du bon, du mauvais et du très mauvais, mais on y a noté une nette amélioration des délais de traitement, ce qui était une partie importante de mon rôle en tant que l'un des présidents du comité des services lorsque nous avons eu de vrais défis à relever dans la foulée de la COVID‑19.
Personne ne devrait être surpris d'apprendre qu'il s'agit d'un ministère, comme d'autres, qui a eu de la difficulté à s'adapter au XXIe siècle, surtout compte tenu du volume écrasant de demandes survenues après la COVID‑19 et au cours de la dernière année. C'est un problème avec lequel nous sommes toujours aux prises, mais si vous regardez certains des progrès que la vérificatrice générale a constatés, ainsi que les progrès qui se sont produits depuis la date de référence prise en compte par la vérificatrice générale, vous verrez qu'il se passe des choses vraiment positives. Il y a aussi lieu de travailler de façon un peu plus intégrée.
La numérisation est l'une des façons d'éliminer le papier. Cela nous a essentiellement permis de traiter 89 à 90 % des demandes à l'extérieur de l'Inde, par exemple. Nous voulons continuer dans cette voie.
Il y a des choses que nous devons faire sur le terrain.
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Je suis heureuse d'entendre le ministre dire qu'il n'aime pas les plafonds. J'espère que le gouvernement se rend compte que la crise du logement n'est pas attribuable aux nouveaux arrivants. La crise du logement est attribuable au fait que les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé n'ont pas établi de plan adéquat en matière de logement pour répondre aux besoins des Canadiens et des nouveaux arrivants. C'est ce que nous devons faire. Nous devons mettre en place un plan de logement adéquat et ne pas faire des immigrants comme moi des boucs émissaires en disant que c'est notre faute.
J'aimerais aborder la question des arriérés. Les arriérés continuent d'exister. Des familles demeurent séparées. Des réfugiés parrainés par le secteur privé attendent plus de trois ans pour que leur demande soit traitée. Il est troublant d'apprendre que le gouvernement fait fi de sa propre directive du Conseil du Trésor d'établir des normes de service pour les réfugiés.
Pour les aides familiaux ayant plus de deux ans d'expérience, dans le cadre du programme pilote des fournisseurs de services de garde en milieu familial, le temps d'attente moyen pour le traitement est de 29 mois. Pour ceux qui ont moins de deux ans d'expérience de travail, il est de 35 mois. Le délai de traitement moyen devrait être de 12 mois, mais ce n'est pas la réalité. Rien ne va changer.
La façon la plus rapide de faire avancer ce dossier serait un programme de régularisation. Le ministre mettra‑t‑il en œuvre un programme de régularisation pour les aides familiaux?
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Madame Kwan, je suis d'accord avec une grande partie de votre prémisse, à savoir que nous ne devrions pas faire des boucs émissaires des gens qui aident à bâtir ce pays et, parfois, qui viennent ici pour des raisons économiques, pour retrouver leur famille ou à la suite de situations désespérées.
Là où je ne suis pas d'accord avec vous, c'est en ce qui concerne l'application de seuils et de plafonds. Dans un poste comme celui que j'occupe, où nous sommes en train de planifier, de préparer et d'établir les montants financiers associés à la nécessité d'accueillir correctement les gens et de les intégrer...
Les gens qui sont à ma gauche ont besoin d'un peu de planification. Souvent, un plafond illimité fait en sorte que nous n'avons aucune idée de l'orientation du pays et nous ne pouvons dire aux Canadiens combien de personnes nous nous attendons à accueillir.
Nous sommes fortement critiqués pour certains chiffres qui, à mon avis, sont en fait très raisonnables et qui sont importants pour éviter que notre population soit trop vieillissante au regard des services essentiels que nous devons fournir à ceux qui vivent dans une région où ils ont besoin de plus de services.
Ce que nous ne comprenons pas, individuellement comme collectivement, ce sont les aspects de l'offre et de la demande de l'immigration, ce qui fausse souvent le dialogue et le rend très frustrant.
En ce qui concerne la régularisation — je me rends compte que je n'ai pas répondu à votre question —, c'est toujours mon plan, et je veux y donner suite dans la prochaine année.
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Merci, monsieur le président.
Il y a deux ans, dans le cadre de ce comité, j'ai demandé à votre prédécesseur s'il était possible d'inclure les étudiants bangladais dans le volet direct pour les études. À ce moment‑là, on m'a dit que c'était une priorité et, après que j'aie posé plusieurs questions, on m'a dit que ce serait fait à l'automne 2022. Or, nous sommes à l'automne 2023 et rien n'a encore été fait.
Mon message à la communauté bangladaise à ce stade‑ci est que votre gouvernement ne se soucie pas de vous parce qu'il n'a pas l'intention de bouger dans ce dossier.
Le volet direct pour les études sera‑t‑il en place d'ici le 31 décembre de cette année, ou serez-vous honnête et cesserez-vous de mentir aux étudiants bangladais?
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On m'a toujours dit que j'avais de gros souliers à chausser, mais je pense que c'était une affirmation à prendre au sens littéral plutôt qu'au sens figuré. Monsieur Fraser est libre de dire ce qu'il veut au sujet de l'immigration. Il est libre de dire ce qu'il veut sur l'économie, comme je le suis sur d'autres questions, alors je ne dirais pas que nous sommes en concurrence.
Ce que je dirais, c'est que nous sommes prêts à annoncer des mesures plus robustes pour nous assurer de préserver l'intégrité du système en ce qui concerne les étudiants étrangers. Je ne pense pas que l'établissement de plafonds soit nécessairement la chose la plus sage à faire dans ce contexte. Je dois comprendre, notamment, l'ensemble du problème que j'essaie de résoudre, et c'est un instrument un peu rudimentaire, comme je l'ai dit à votre collègue du Bloc, pour éviter une solution qui pourrait inévitablement punir les bons plutôt que les mauvais.
Ce que je dirais, monsieur Redekopp, c'est que je conserverai cette option si ce que nous allons proposer au cours des prochaines semaines ne fonctionne pas.
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Merci, monsieur El-Khoury.
C'est une question fort pertinente dans le contexte actuel, notamment en lien avec votre commentaire sur les mauvais acteurs. Je ne voudrais absolument pas qu'on tire la conclusion qu'il faut jeter le blâme sur des particuliers. Il y a des gens qui se sont donné le faux espoir de venir au Canada, peut-être pour avoir accès à la résidence permanente par le biais d'une éducation moyenne ou frauduleuse. Cependant, quelqu'un qui paiera 40 000 $ pour apprendre à conduire un taxi Uber, ce n'est pas ce qu'on recherche quand on va à l'étranger recruter des gens brillants qui vont venir ici et faire rayonner le Canada, ici ou ailleurs dans le monde quand ils retournent chez eux.
Je ne veux pas qu'on tire la conclusion que nous sommes contre les étudiants étrangers. Au Cabinet, il y a au moins une douzaine de membres, dont moi-même, qui ont étudié à l'étranger, qui ont été enrichis par l'expérience et qui ont même appris une langue étrangère. Je ne veux pas en diminuer l'importance.
Il n'en demeure pas moins qu'il existe un système fort lucratif, non seulement pour les établissements qui font du bon travail, mais aussi pour certains établissements qui pratiquent la fraude. Franchement, cela varie selon les provinces. Il y en a qui font leur travail moins bien que d'autres, tandis que certaines provinces ont pris des mesures contre certains de leurs propres établissements afin de mettre un frein aux folies. Il faudra faire en sorte que les établissements touchés, surtout les collèges privés, mais aussi les grands établissements, fassent leur travail en ce qui a trait à l'hébergement, à l'intégration et au recrutement d'étudiants de qualité à l'étranger.
Le fédéral a aussi son rôle à jouer. Je ne peux pas être tout pour tout le monde, mais je dois essayer d'enrayer la fraude. Dans les semaines à venir, nous allons annoncer des mesures améliorées pour combattre la fraude dans les lettres d'offre et pour nous assurer d'avoir un ensemble d'établissements fiables qui font leur travail. Ces établissements pourraient avoir droit à un traitement accéléré, contrairement à d'autres ayant besoin — je le dis très diplomatiquement — d'un peu d'aide de leur gouvernement fédéral ou provincial pour respecter les normes d'intégrité pour leurs étudiants.
:
Merci, monsieur le ministre.
[Traduction]
J'ai une circonscription dont la population est très diversifiée, et le nombre de refus de visa de touriste y est phénoménal. Une foule d'électeurs ont reçu la même réponse, à croire que c'est un copier-coller: le ministère n'est pas convaincu que le demandeur va repartir du Canada.
J'ai discuté avec quelqu'un qui m'a dit: « J'ai plus d'un million de dollars. Ma femme est ici. Mes enfants aussi. J'ai une entreprise. Je vais y réfléchir à deux fois avant de déménager mon entreprise. »
Que puis‑je faire dans ce cas?
Le problème surgit à répétition. Même quotidiennement. Je me demande si quelque miracle pourrait se produire au ministère de l'Immigration sous votre direction, si vous n'auriez pas des idées à refiler à votre personnel qui étudie les demandes à l'étranger. Comment peut‑on satisfaire aux exigences? Donnez-nous des lignes directrices que je pourrai, moi aussi, communiquer aux demandeurs. Comment peuvent-ils convaincre les agents?
Comment le demandeur peut‑il convaincre l'agent?
:
Vous êtes un ami et je comprends que chaque fois qu'on vous rend visite, on ne veut pas repartir.
Soyons sérieux. Mon travail consiste à traiter les demandeurs de façon équitable. De toute évidence, il nous faut des moyens de nous assurer que ceux qui ont l'intention de venir au Canada peuvent et veulent repartir. Il y a parfois des doutes. Je ne nie pas que cela ait parfois entraîné des conséquences vraiment étranges et que les cas s'accumulent.
Nous faisons de notre mieux. Je dirai qu'il n'y a pas de miracle. Il n'y a vraiment pas de miracle. Ce que nous pouvons faire, c'est nous assurer régulièrement que la fonction publique étudie les demandes avec l'indépendance et le professionnalisme voulus.
Il est parfois étonnant de voir de quels pays viennent les demandes qui sont rejetées. Lorsque je décèle des tendances, j'ai le devoir de soulever la question auprès de ma sous-ministre et de son équipe pour éviter toute discrimination et tout préjugé systémiques.
:
Nous reprenons nos travaux.
Nous allons maintenant passer à l'étude des systèmes d'exploitation ciblant certains étudiants internationaux. Des représentants d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et de l'Agence des services frontaliers du Canada sont là pour faire le point.
Je suis heureux d'accueillir Mme Kingsley, sous-ministre adjointe, Migration économique, familiale et sociale, à IRCC, et M. McCrorie, vice-président, Renseignement et exécution de la loi, à l'ASFC. Les témoins ont cinq minutes pour faire une déclaration liminaire avant que nous ne passions aux questions.
Les témoins ont la parole
À vous, madame Kingsley.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens d'abord à souligner que nous nous réunissons aujourd'hui sur les territoires traditionnels non cédés des peuples algonquin et anishinabe.
[Français]
Je tiens à vous remercier de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui devant vous.
Les étudiants étrangers apportent des contributions importantes à nos communautés. Ils soutiennent les économies locales et renforcent la main-d'œuvre qualifiée dans tout le Canada.
Pour pouvoir étudier au Canada, les étudiants étrangers doivent recevoir une lettre d'acceptation d'un établissement d'enseignement canadien, faire une demande de permis d'études, et obtenir l'approbation de cette demande.
[Traduction]
Nous avons reçu et traité plus de 600 000 demandes de permis d'études, et ce, cette année seulement. Ces étudiants profitent à nos communautés, à la vie sur les campus et contribuent à notre PIB à hauteur de plus de 20 milliards de dollars par année.
Au début de l'année, les médias ont fait état de lettres d'admission frauduleuses utilisées par des étudiants étrangers, à leur insu, pour venir étudier dans notre pays. Le Comité, entre autres, s'est inquiété du fait que des étudiants honnêtes étaient exploités par des individus malhonnêtes. C'est la raison pour laquelle un groupe de travail a été créé, dans le but d'examiner les faits concernant les personnes liées à des lettres frauduleuses.
[Français]
Le groupe de travail passe en revue les cas une fois que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, ou CISR, a terminé ses procédures. Le groupe de travail s'est efforcé d'identifier les étudiants légitimes qui ont été touchés par la fraude, et ce, avec un souci de facilitation et de manière pratique.
Par exemple, si un étudiant s'est inscrit au cours des trois trimestres suivant son arrivée, et que sa demande n'a soulevé ni préoccupation ni problème en lien avec une activité criminelle, par exemple, le groupe de travail a estimé que cette personne était véritablement un étudiant.
[Traduction]
Au début de l'année, nous avons indiqué au Comité qu'il y avait 309 cas d'intérêt pour le groupe de travail; un examen plus approfondi a permis de réduire ce nombre à 285 après suppression des doublons. Le groupe de travail a examiné en priorité les cas d'étudiants au Canada susceptibles d'être renvoyés, ainsi que les cas encore en cours d'examen par la CISR, afin que des mesures puissent être prises rapidement à la fin des audiences de la CISR.
Au total, le groupe de travail a examiné 103 cas et déterminé que 63 d'entre eux étaient de véritables étudiants. À ce jour, 29 d'entre eux ont obtenu un permis de séjour temporaire d'une durée maximale de trois ans. Dans les 40 cas où nous avons estimé qu'il ne s'agissait pas de vrais étudiants, les intéressés ont la possibilité de présenter des informations supplémentaires pour étayer leur dossier.
[Français]
Le reste des cas soulevés sont encore devant la CISR et le groupe de travail interviendra, le cas échéant, une fois que les procédures seront terminées. Par conséquent, ces chiffres continueront à changer.
Des progrès ont également été faits en ce qui concerne l'action des services de répression visant à trouver les auteurs de fraudes et à les traduire en justice. En juin, l'Agence des services frontaliers du Canada a inculpé un homme lié à la facilitation de lettres d'admission frauduleuses.
[Traduction]
Les efforts du groupe de travail se poursuivent parallèlement à ceux que nous menons pour améliorer le Programme des étudiants étrangers de manière plus générale. Nous avons ajouté des informations sur notre page Web intitulée « Comment signaler une fraude » offrant du soutien et des instructions spécifiques aux étudiants étrangers honnêtes qui ont pu être dupés par des individus malhonnêtes.
[Français]
Nous nous penchons sur l'intégrité du programme et sur la réduction de la vulnérabilité des étudiants.
Notre travail sur l'élaboration d'un modèle d'établissement d'enseignement reconnu se poursuit. Nous avons sollicité l'avis des provinces, des territoires, des associations du domaine de l'éducation ainsi que des établissements d'enseignement postsecondaire dans le but de continuer à affiner le cadre directeur du modèle.
[Traduction]
En conclusion, je réitère que l'impact des étudiants étrangers dans nos collectivités est important, et que le groupe de travail poursuit son important travail pour veiller à ce que les véritables étudiants touchés par la fraude aient la possibilité de poursuivre leur séjour au Canada s'ils le souhaitent.
[Français]
Je vous remercie de votre intérêt pour le sujet.
Nous répondrons maintenant avec plaisir à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être là. Je suis déçu que la sous-ministre ne soit pas présente, mais je ne m'en formalise pas.
J'ai récemment rencontré un groupe de 20 étudiants pour vérifier si votre groupe de travail s'acquittait vraiment de la besogne que vous avez décrite. Sur les 20 étudiants, neuf n'avaient pas encore obtenu de décision de la CISR et 11 faisaient l'objet d'une mesure de renvoi. Sur ces 11 étudiants, huit avaient reçu leur permis de séjour temporaire, mais trois n'en avaient pas reçu. Ils n'avaient eu aucune nouvelle. C'est le cas de Lovepreet Singh, un des étudiants qui ont témoigné devant le Comité en juin.
Voici ma première question. Est‑il logique que trois étudiants visés par une mesure de renvoi n'aient pas eu de nouvelles du groupe de travail?
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Je commencerai par souligner que les deux tiers des demandes ont en fait été refusées pour fraude. De plus, j'attire votre attention sur l'approche à plusieurs niveaux d'IRCC et de l'ASFC en matière de prévention et de détection de la fraude. Cela commence à l'étranger par des campagnes médiatiques et des séances d'information à l'intention des étudiants potentiels, afin qu'ils sachent qu'ils devraient faire affaire avec des agents autorisés, et qu'ils disposent de renseignements pour éclairer la prise de décisions et repérer les acteurs qui risquent d'être frauduleux et sans scrupules.
Nous encourageons les nouveaux arrivants à faire appel à des agents autorisés et reconnus. À l'étape de l'étude des demandes, les agents sont formés pour repérer les fraudes. Nous avons un outil qui permet de déceler les tendances possibles en matière de fraude dans nos dossiers, et nous avons un processus de vérification des lettres d'acceptation, que nous améliorerons bientôt, comme nous l'a dit le dans la partie précédente de la séance.
Ensuite, bien sûr, une fois que les étudiants sont chez nous, il y a un régime de rapports de conformité qui entre en jeu.
Il y a une approche à plusieurs niveaux pour détecter la fraude, mais il y a de ce côté une constante évolution. La réalité, c'est que les fraudeurs sont très avertis et qu'ils modifient constamment leurs façons de faire pour garder un coup d'avance et essayer de déjouer le système canadien. C'est pourquoi nous imposons une approche à plusieurs niveaux pour essayer de les attraper et de garder une longueur d'avance en tout temps.
L'Agence et le ministère entretiennent une très étroite collaboration. Je dirais que l'échange d'information est renforcé et très fluide.
Le groupe de travail est composé d'un sous-ministre adjoint d'IRCC et d'un sous-ministre adjoint de l'ASFC. Quatre directeurs généraux et, je dirais, plus de 20 à 30 agents des deux entités travaillent en étroite collaboration.
Le groupe de travail a tenu des réunions en personne ou sur Teams, pour discuter de cas précis qui sont un peu plus complexes, mais l'équipe fait aussi un excellent travail de triage des cas qui sont peut-être un peu plus simples et que le groupe de travail examine au niveau du secrétariat.
Il y a eu 14 réunions jusqu'à maintenant. Le groupe poursuit son travail et la collaboration a été excellente.
L'ancien ministre de l'Immigration, M. Fraser, a reconnu noir sur blanc dans sa réponse du gouvernement au rapport sur l'iniquité avec les étudiants étrangers déposé en mai 2022 qu'il y avait eu du racisme au sein du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, ou IRCC. Il ne s'agissait pas seulement de biais inconscients, mais carrément de racisme. Si ma mémoire est bonne, cette réponse a été donnée à la fin de septembre 2022.
Je m'inquiète donc un peu pour les étudiants qui proviennent de l'Inde et qui doivent se conformer à des critères établis par IRCC pour traiter leur dossier, considéré comme frauduleux. Comme je l'ai dit, il y a bel et bien eu du racisme envers les étudiants étrangers francophones qui provenaient d'Afrique.
Sur une échelle de 1 à 10, 1 correspondant à « pas du tout de problème » et 10 correspondant à « un problème important », dans quelle mesure croyez-vous que certains étudiants ont été victimes de racisme dans le dossier qui nous intéresse?
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Cet étudiant faisait partie du groupe de personnes qui se sont manifestées lorsque cette question a été soulevée, alors je suppose qu'il fait partie des cas frauduleux.
Monsieur le président, je pourrais peut-être faire ceci: j'ai beaucoup de questions à ce sujet, et certaines sont très détaillées, mais nous sommes pressés par le temps. Je me demande si le Comité m'accorderait l'autorisation de soumettre des questions écrites aux fonctionnaires afin que nous puissions obtenir des éclaircissements à ce sujet.
Bon nombre des étudiants avec lesquels nous avons communiqué n'ont aucune idée de ce qui leur est arrivé. Même ceux dont la demande a été jugée « authentique » ne savent toujours pas ce que cela signifie pour eux. Ceux dont les dossiers n'ont pas été traités sont déconcertés et très inquiets à cet égard.
Certains sont partis volontairement. Le précédent a dit que ceux qui ont quitté volontairement le pays auraient la possibilité de prouver le bien-fondé de leur demande. Comment vont-ils s'y prendre? Je n'ai entendu aucun renseignement de la part des fonctionnaires sur la façon dont les gens peuvent donner suite à leur demande, lorsqu'ils sont partis volontairement, sans avoir suivi le processus.
J'aimerais, monsieur le président, que vous me disiez si je peux soumettre ces questions par écrit aux fonctionnaires et recevoir la réponse. On pourrait en faire part à tout le monde, parce que ce sont des questions qui sont posées à chacun de nous, je crois, par les gens avec qui nous essayons de travailler.
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Merci. Oui, tout à fait.
Le groupe de travail a été établi dès son annonce par le ministre. Il est composé d'un sous-ministre adjoint d'IRCC, d'un sous-ministre adjoint de l'Agence des services frontaliers du Canada, de quatre directeurs généraux et d'une trentaine d'analystes, c'est-à-dire des agents qui analysent les dossiers.
Un des bienfaits, très concrètement, a été la délivrance de 30 permis de séjour temporaires. Nous avons pu examiner 103 dossiers et déterminer que 63 étudiants étaient légitimes, mais que 40 ne l'étaient pas. À peu près la moitié de ceux-ci auront l'occasion de présenter des faits additionnels, s'ils en ont, pour démontrer qu'ils sont véritablement des étudiants.
Dans la plupart des cas, le principal bienfait du groupe de travail a été que nous avons pu déterminer, en faisant un examen sur papier, qu'énormément d'étudiants étaient légitimes, mais avaient malheureusement fait affaire avec des agents sans scrupule.
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Oui, je dirais qu'il y a un décalage. Il y a un processus en double. Le groupe de travail évalue le dossier d'une personne pour déterminer qu'il s'agit d'un véritable étudiant. Ces personnes ont dû s'adresser à la Cour fédérale pour obtenir une révision judiciaire uniquement parce qu'on avait conclu qu'elles avaient fraudé le système. Si le groupe de travail a déjà établi l'authenticité de leur démarche, pourquoi alors doivent-elles encore passer par un processus distinct?
Les fonctionnaires répondent: « Oui, c'est à vous de choisir. Vous devez décider si vous suivez le processus. Ce n'est pas à nous de trancher. »
Pas étonnant que cela génère de la confusion. Comment les gens sont-ils censés le savoir? Vous avez déjà suivi le processus, il a été établi que votre demande était authentique, mais les fonctionnaires n'ont pas pris contact avec vous pour vous dire ce que cela signifie. Entretemps, les personnes passent par un processus judiciaire. Pas étonnant que les gens soient inquiets. Même ceux qui sont jugés honnêtes sont inquiets.
Entretemps, on leur a enlevé leur passeport, comme s'ils fraudaient encore le système.
Bon sang, que se passe‑t‑il? Je suis désolée de dire que c'est aussi clair que de la boue, et dans le cas de nombreux étudiants nous ne sommes pas beaucoup plus avancés.
Je comprends que ni les fonctionnaires ni leurs bureaux ne peuvent donner de conseils juridiques, mais comment les gens sont-ils censés comprendre tout cela? Cela me dépasse.
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Je souhaite la bienvenue aux fonctionnaires et je les remercie d'être ici aujourd'hui.
Ma première question porte sur le nombre de demandeurs dans le cadre de ce programme. En 2000, au tournant du siècle, 122 000 étudiants ont présenté une demande. Nous en étions à 638 000 en 2019. Depuis la pandémie de COVID‑19, le nombre de demandes a grimpé en flèche pour atteindre plus de 900 000 par année.
Êtes-vous convaincue, tout d'abord, que vous êtes en mesure d'examiner toutes ces demandes et d'engager les ressources nécessaires pour vous assurer que tous ces étudiants étrangers qui viennent ici sont légitimes? Soit dit en passant, il s'agit clairement d'un secteur en pleine croissance, et un domaine qui suscite autant d'attention ne manquera pas d'attirer toutes sortes d'acteurs malveillants.
Michèle Kingsley y a fait allusion tout à l'heure. Nous n'avons pas un mécanisme de protection unique. J'ai passé une grande partie de ma carrière dans le domaine de la sécurité aérienne, où nous avons de multiples mécanismes de protection qui empêchent la survenue d'accidents. Notre approche est la même dans le système d'immigration.
Cela repose d'abord sur le demandeur qui doit se porter garants du fait qu'il est responsable de cette demande et que ses documents sont véritables et authentiques.
Le deuxième mécanisme de protection, ce sont nos collègues d'IRCC qui examinent ces documents. Ils reçoivent une formation à cet égard. C'est ce qu'ils recherchent et ils font un suivi.
Le troisième mécanisme de défense se trouve au point d'entrée, où les agents des services frontaliers sont formés pour repérer les documents frauduleux. Ils sont appuyés par des experts en documents...
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J'aimerais revenir sur une question au sujet de ceux qui sont partis avant qu'une interdiction de territoire ait été prononcée.
Lorsque nous avons rencontré le Comité en juin, nous pensions qu'il s'agissait de 10 personnes. Nous savons maintenant que cela concernait 13 personnes. Le groupe de travail a examiné ces cas, et six ont été jugés authentiques; sept ont été jugés frauduleux.
Ces personnes ne font pas l'objet d'une décision d'interdiction de territoire, alors rien ne les empêche de présenter une nouvelle demande pour venir au Canada. Des notes ont été conservées dans le système.
Dans le cas des véritables étudiants, leur dossier serait alors examiné. Dans le cas des étudiants dont la démarche n'est pas sincère, leur dossier serait également examiné et ferait probablement l'objet d'une étude plus approfondie en raison des précédents, mais leur demande serait traitée comme un nouveau dossier.