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Chers collègues, la séance est ouverte.
Bienvenue à la 24e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes.
Comme vous le savez, la réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Les membres sont présents dans la salle et à distance par Zoom.
Ce soir, conformément à l'alinéa 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 26 septembre 2022, nous poursuivons l'étude des programmes internationaux ambitieux.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous donne la parole en vous désignant par votre nom avant de parler.
Pour ceux qui participent par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro quand vous parlez. Veuillez le désactiver quand vous ne parlez pas. Pour l'interprétation sur Zoom, vous avez le choix au bas de votre écran entre le parquet, l'anglais et le français. Ceux qui sont dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal voulu.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
J'invite les membres qui sont dans la salle à lever la main pour signifier que vous voulez prendre la parole. Pour ceux qui participent par Zoom, veuillez utiliser la fonction « main levée ». Le greffier et moi-même nous occuperons de notre mieux de l'ordre des interventions. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension.
Conformément à notre motion de régie interne, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les essais de connexion nécessaires avant la réunion.
Je vois ce soir que M. Powlowski, M. Williams et M. Garon sont avec nous ce soir. Bienvenue à tous.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à tous nos témoins.
Nous accueillons M. Art McDonald, ancien titulaire de la chaire Gray en astrophysique des particules, professeur honoraire à l'Université Queen's et, bien sûr, lauréat d'un prix Nobel. Il comparaît à titre personnel.
Nous accueillons également M. Brandon Russell, chargé de recherche au Gérard Mourou Center for Ultrafast Optical Science.
C'est un plaisir de vous accueillir tous les deux. Notre comité est très heureux d'entendre vos témoignages. Vous aurez chacun cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire. À quatre minutes et demie, je montrerai ce carton vert pour vous indiquer qu'il vous reste 30 secondes Par souci d'équité, je vous demanderais de terminer votre exposé en respectant les cinq minutes allouées.
Sur ce, je vous souhaite la bienvenue.
Monsier McDonald, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Je vous remercie beaucoup de me donner l'occasion de vous parler ce soir.
Je tiens à vous dire que le Canada est bien placé pour jouer un rôle de premier plan dans les domaines de la physique des particules et de l'astrophysique à l'échelle internationale grâce au SNOLAB, le laboratoire le moins radioactif au monde, situé à deux kilomètres sous terre près de Sudbury. Les expériences menées par le SNOLAB portent sur des questions sur lesquelles travaillent les plus grandes installations d'accélérateurs au monde, y compris le grand collisionneur de hadrons du Conseil européen pour la recherche nucléaire, ou CERN, le Fermilab à Chicago et l'accélérateur J‑PARC à Tokyo. À l'avenir, les résultats des expériences réalisées au SNOLAB peuvent avoir des répercussions scientifiques aussi importantes que celles que nous avons obtenues avec l'Observatoire de neutrinos de Sudbury, pour lequel un prix Nobel a été décerné en 2015.
Ces questions sont absolument fondamentales pour notre existence même et pour nos connaissances sur la composition de l'Univers et la façon dont il a évolué. Elles sont en tête de liste de toutes les questions scientifiques à l'échelle internationale.
Premièrement, quelle est la nature de la matière noire qui maintient la cohésion de notre galaxie et qui semble avoir cinq fois plus de masse dans les espaces sombres entre les étoiles que dans les étoiles elles-mêmes — et nous, bien sûr — dans la matière ordinaire? Nous avons une image très remarquable et complète de la façon dont l'Univers a évolué depuis le Big Bang, qui s'est produit il y a environ 13,5 milliards d'années. Les effets gravitationnels de la matière noire sont essentiels à la compréhension de ce phénomène, dont la nature est désormais complète, à l'exception de la question: « Qu'est‑ce que la matière noire? » Elle est complètement différente de toutes les particules ou de toute la matière que nous avons identifiées sur Terre jusqu'à maintenant.
Le Grand collisionneur de hadrons tente de produire ces particules pour la première fois ici sur Terre, en espérant d'atteindre des niveaux d'énergie aussi élevés que ceux qui furent nécessaires au Big Bang et qui existaient à ce moment. Nous savons que ces particules de matière noire existent dans notre galaxie. Nous nous déplaçons parmi ces particules. Dans le cadre des expériences menées au SNOLAB, nous produisons un environnement à très faible radioactivité afin de tout éliminer, sauf peut-être des signaux émis par ces particules de matière noire qui entrent en collision avec nos différents détecteurs.
Le SNOLAB a déjà réalisé d'énormes progrès dans le développement des techniques de détection. D'importantes collaborations internationales, dans certains cas avec plus de 400 scientifiques de 90 institutions et de 14 pays, ont choisi le SNOLAB pour mener des expériences à plus grande échelle telles qu'ARGO. La sensibilité de la détection de la matière noire sera multipliée par des centaines de fois par rapport à la sensibilité actuelle, au point où — ironiquement, pour moi — la seule interférence de fond sera causée par les neutrinos.
Ces expériences coûteront plus de 300 millions de dollars, avec toutefois une contribution substantielle de partenaires internationaux. Une grande partie de ces contributions est dépensée ici, au Canada. Au moins l'une d'entre elles cherchera à être financée au cours des 10 prochaines années.
Deuxièmement, du point de vue de la physique, il semble que le Big Bang ait produit un nombre égal de particules et d'antiparticules, tels que les positrons, l'antiparticule des électrons. Presque toutes ces antiparticules se sont désintégrées, nous laissant un Univers dominé par la matière ordinaire à partir de laquelle nous et les étoiles sommes formés.
Il existe une théorie selon laquelle cette désintégration dans l'Univers primordial fut dominée par des processus comportant des neutrinos. Les programmes expérimentaux du Fermilab à Chicago et du J‑PARC à Tokyo sont axés sur la recherche des propriétés des neutrinos qui sont nécessaires à la théorie, afin de comprendre la façon dont l'antimatière s'est désintégrée dans l'Univers primordial. Il s'agit de programmes de plusieurs milliards de dollars dans lesquels il y a une importante participation internationale.
Une autre partie de cette théorie est explorée au SNOLAB par les mesures à radioactivité ultra-faible. La désintégration double-bêta sans neutrinos est la radioactivité rare que nous recherchons.
Le SNOLAB a été déclaré lieu de prédilection pour les deux principales expériences internationales de ce type, chacune ayant un budget de plus de 300 millions de dollars. Pour accueillir ces futures grandes expériences, il pourrait être nécessaire d'agrandir le SNOLAB, ce qui pourrait coûter plus de 200 millions de dollars.
Il s'agit de projets ambitieux qui renforcent le leadership du Canada dans l'un des domaines scientifiques les plus fondamentaux et les plus prestigieux à l'échelle internationale, et le SNOLAB est le tremplin qui nous permet d'y participer, même si, je l'admets, descendre deux kilomètres sous terre ne semble pas vraiment être très prestigieux.
Le SNOLAB a été créé par un programme de la Fondation canadienne pour l'innovation en 2003 dans le but d'attirer des scientifiques internationaux au Canada pour travailler avec des Canadiens...
J'aimerais d'abord remercier le Comité de m'avoir invité à témoigner au sujet de la recherche réalisée dans le domaine de la physique des plasmas au Gérard Mourou Center for Ultrafast Optical Science. Je m'appelle Brandon Russell et je suis chercheur à l'Université du Michigan, où j'ai récemment terminé mon doctorat en génie électrique.
Bien que je travaille actuellement aux États-Unis, j'ai grandi en Alberta et j'ai obtenu mon diplôme de premier cycle à l'Université de l'Alberta. Lorsque j'étais étudiant à l'Université de l'Alberta, j'ai participé à des recherches dans le domaine de la nanotechnologie. Cependant, c'est un stage au laboratoire national de l'accélérateur linéaire de Stanford en Californie qui m'a permis de découvrir la physique des plasmas. C'est un domaine de recherche extrêmement passionnant et important pour lequel mon intérêt et ma passion n'ont jamais diminué.
Mes études supérieures se sont concentrées sur l'avancement de la frontière à haute énergie de ce domaine, alors que de grands lasers ultra-intenses sont utilisés pour créer des plasmas extrêmement énergétiques. Mes recherches actuelles portent sur la création du cadre théorique nécessaire à la conception d'expériences pour la prochaine génération d'installations laser qui sont actuellement en construction partout dans le monde, y compris l'infrastructure pour lumière extrême ELI, en Europe, et le système laser ZEUS de l'Université du Michigan, qui sera le thème de mon exposé.
Avant le financement du ZEUS en 2019 par la Fondation nationale des sciences, l'Université du Michigan disposait du système laser Hercules. Hercules était un système laser de taille moyenne qui occupait plusieurs espaces de laboratoire standard. Ce laser avait été construit sous la direction de Gérard Mourou avec la technologie d'amplification d'impulsions comprimées pour laquelle il a conjointement remporté le prix Nobel en 2018. Cette technologie a permis au laser d'atteindre des intensités extrêmement élevées, suffisamment importantes pour accélérer les électrons à une fraction significative de la vitesse de la lumière. En fait, le laser Hercule détenait le record Guinness du laser ayant la plus forte intensité au monde. De nombreuses expériences ont été réalisées avec ce laser, tant par des étudiants et des chercheurs du Michigan que par des collaborateurs externes. Ces expériences ont permis d'étudier un vaste éventail de sujets, notamment l'accélération des particules, la production de rayons X pour les études médicales et les matériaux, ainsi que l'étude des processus magnétisés pertinents pour l'astrophysique.
Depuis ce temps, plusieurs systèmes laser similaires ont été construits partout au monde, notamment plusieurs lasers plus puissants appelés systèmes laser pétawatt. À titre de référence, le réseau électrique des États-Unis fonctionne à environ un térawatt, soit mille fois moins que la puissance des impulsions laser générées par les systèmes laser pétawatt.
En Amérique du Nord, bon nombre de ces systèmes laser appartiennent à LaserNetUS, un réseau de systèmes laser auquel les chercheurs peuvent demander du temps pour réaliser leurs propres expériences. Bien que la majorité de ces lasers se trouvent dans des établissements américains, le Laboratoire de sources femtosecondes du Québec fait également partie de ce réseau.
Ces installations laser de taille moyenne nous permettent d'étudier des problèmes scientifiques ayant d'importantes retombées pour la science fondamentale et qui sont susceptibles d'avoir de grandes incidences sociétales. Parmi ces problèmes, citons l'accélération des électrons à des énergies comparables à celles des accélérateurs de particules conventionnels de plusieurs kilomètres; la création de sources compactes de rayons X pour le diagnostic des matériaux avancés et l'imagerie médicale ultrarapide; l'accélération des protons pour le traitement du cancer; et la fusion nucléaire comme source d'énergie alternative.
Il convient toutefois de noter que les expériences de fusion nucléaire sont généralement réalisées dans des installations laser à grande échelle, notamment à la National Ignition Facility en Californie. Récemment, il y a eu un effort international — surtout aux États-Unis, en Europe et en Asie — pour mettre au point une nouvelle génération de lasers multipétawatts qui peuvent accéder à un régime de physique extrêmement énergique dans lequel il est possible d'étudier les processus quantiques-électrodynamiques à champ fort. La théorie proposée est que les processus qui apparaissent dans ce régime se produisent dans les environnements astrophysiques les plus extrêmes, comme ceux qui entourent les trous noirs et les étoiles très énergétiques connues sous le nom de pulsars.
Avec une intensité laser suffisamment élevée, nous pourrions accéder à ce régime en activant simplement un laser dans le vide. Cependant, de telles intensités sont bien au‑delà de la portée de la technologie laser actuelle. Par contre, nous pouvons obtenir des résultats similaires en faisant entrer un faisceau d'électrons à haute énergie en collision avec un faisceau laser. Plusieurs installations dans le monde sont actuellement dans la course pour appliquer ce concept, notamment l'Université du Michigan, où le laser ZEUS a été spécialement construit pour appliquer ce concept.
Le laser ZEUS a été financé par la Fondation nationale des sciences afin d'être une installation axée sur les utilisateurs et où les chercheurs peuvent présenter une demande pour mener leurs propres expériences. L'installation a récemment réalisé sa première expérience qui a confirmé le bon fonctionnement des premiers composants du système laser, qui devrait être complètement opérationnel à la fin de 2023. Il deviendra alors le laser le plus puissant aux États-Unis.
Cette installation a déjà rassemblé des scientifiques et des étudiants talentueux pour la conception et la construction du laser, et elle continuera d'attirer des chercheurs à l'échelle internationale pour réaliser des expériences. La collaboration à des expériences novatrices et très percutantes menées dans cette installation permettra aux étudiants d'acquérir un ensemble unique de compétences et d'établir des liens qui favoriseront leur future carrière.
Pour toutes ces raisons, je crois que le travail effectué à l'Université du Michigan et en général dans le domaine de la physique du plasma est conforme à la motion adoptée par le Comité. J'espère que mon exposé vous donnera un aperçu de la façon dont la physique des lasers et des plasmas, qui existe déjà dans quelques établissements au Canada, pourrait être élargie pour attirer des chercheurs talentueux.
J'aimerais remercier de nouveau le Comité de m'avoir donné l'occasion de parler du travail effectué au Gérard Mourou Center for Ultrafast Optical Science de l'Université du Michigan. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Eh bien, lorsque j'ai témoigné devant le comité Bouchard sur l'avenir du financement des sciences au Canada, on m'a notamment demandé de parler des grands centres de recherche. On m'a exposé les plans proposés par le gouvernement qui, selon moi, disent en grande partie comment le Canada doit traiter les laboratoires nationaux, même s'il s'agit dans un certain nombre de cas de laboratoires essentiellement universitaires. J'aimerais certainement que le gouvernement s'investisse davantage dans ces laboratoires et les supervise plus.
Je crois qu'une des choses qui ont été complètement oubliées dans toute la documentation que j'ai vue sur le rôle des provinces dans ces situations, et il y a certainement eu des situations dans le passé où une grande installation nationale se trouve dans une petite province à qui il a été demandé d'apporter un financement important. À mon avis, l'existence de ce comité sur les grands centres de recherche et une supervision de ces laboratoires nationaux devraient mener à un dialogue avec les provinces. Dans certains cas, il peut être inapproprié de demander des fonds de contrepartie comme dans le passé. Ce sujet doit, à mon sens, figurer à l'ordre du jour, ainsi que la création de tels comités.
Si vous permettez, les types de projets dont je parlais au sujet des projets internationaux pour les expériences, par opposition aux installations, par opposition à un centre qui est censé accueillir peut-être plusieurs expériences, mais ils sont à grande échelle pour le Canada, certainement. Il serait bon de se demander sérieusement si cette structure qui est créée pour superviser les installations devrait être élargie aux programmes internationaux de cette ampleur qui sont réalisés ici, au Canada, c'est‑à‑dire aux expériences dont je parle.
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Je vais répondre, mais permettez-moi de commencer par souligner que les fonds accordés dernièrement doivent, en fait, servir à financer le fonctionnement de l'installation SNOLAB pendant les sept prochaines années. Il ne s'agit pas de dépenses d'équipement. La province a apporté, dans une large mesure, des fonds de contrepartie.
Comment établissons-nous des priorités? C'est très difficile. Je ne vous envie pas de devoir conseiller le gouvernement. Beaucoup d'éléments entrent en ligne de compte. On veut que le Canada fasse les choses qui sont importantes en science et qui auront des retombées à court terme pour la population canadienne dans le domaine de la santé et dans des domaines où le pays veut manifestement être un chef de file mondial afin d'apporter aux Canadiens le soutien voulu.
Il me semble, toutefois, qu'il est important pour le Canada d'être aussi un chef de file en science fondamentale dans certains domaines où il a des avantages naturels. De toute évidence, SNOLAB nous offre un avantage naturel. Nous devrions faire fond sur ces avantages, car nous pouvons devenir un chef de file mondial dans les sciences naturelles aussi.
Je soulignerai que les personnes que nous formons et qui décrochent des doctorats, par exemple, dans des sciences très fondamentales, entrent ensuite dans des professions très variées. Nous avons réalisé une enquête 10 ans après que l'expérience SNO a arrêté de recueillir des données. Nous avons constaté que 75 % des personnes formées durant les travaux menés pendant l'expérience en science fondamentale occupaient des postes très divers. En tout, 25 % d'entre elles occupaient des postes universitaires. Je suis heureux de dire que 35 % d'entre elles étaient des femmes, ce qui est beaucoup en physique, et que cette proportion augmente.
Les autres 75 % travaillaient pour J.P. Morgan, le gouvernement et des laboratoires de recherche médicale. En réalité, ces personnes ont été formées à prendre des décisions fondées sur des données probantes, ce qui est nécessaire dans tous les aspects de la société. Nous avons pu les attirer parce que nous avons des choses à la frontière de la science. Elles ont été formées à ces choses, y compris aux frontières de la technologie. Elles ont intégré la société et contribuent à tous les secteurs.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour à tous et à toutes. Je remercie nos deux témoins de leur présence.
Je vais commencer par m'adresser au professeur McDonald.
Dans la société, on valorise beaucoup la recherche appliquée. Il en découle des applications directes qui se traduisent rapidement en produits de consommation payants. J'ai l'impression néanmoins que la recherche fondamentale est souvent un préalable à la création d'industries importantes. Je pense, par exemple, au séquençage du génome ou à toute la recherche fondamentale qui se fait à l'Université de Californie, à Berkeley, et qui a mené à la création de la Silicon Valley toute entière.
Je crois que la recherche fondamentale est d'abord un bien public qui doit être largement financé par l'État. Qu'en pensez-vous? De façon générale, le Canada reconnaît-il que la recherche fondamentale est un bien public qui doit être financé par le public?
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Je suis tout à fait d'accord. Il faut un équilibre.
Nous avons besoin d'appuis solides pour la recherche fondamentale au Canada. Les conseils subventionnaires ont besoin d'appuis solides. Il faut aussi que les chercheurs universitaires soient suffisamment soutenus, y compris les professeurs, les étudiants au postdoctorat et des cycles inférieurs. J'ai siégé au comité présidé par David Naylor. Déjà à cette époque, notre constat était que les niveaux de financement étaient insuffisants. Ils ont augmenté, mais ils restent trop bas dans le domaine des sciences fondamentales.
Je crois qu'il faut trouver l'équilibre entre ces besoins et la nécessité pour le Canada d'avoir des liens sur les plans technologique et commercial, et de participer activement au progrès technologique. Dans de nombreux cas, c'est fondé sur la science fondamentale. Je vous ai parlé tout à l'heure des personnes qui travaillent dans l'industrie même si elles ont une formation en sciences fondamentales. Elles ont beaucoup à lui apporter parce qu'elles peuvent avoir une vision plus large, regarder ce qui se fait ailleurs. Elles sauront par exemple qu'un nouveau concept a été proposé en Allemagne ou dans un autre pays. Elles comprendront de quoi il retourne. C'est la science fondamentale qui permet de comprendre quand une avancée technologique se produira.
L'industrie canadienne a besoin de personnes formées en sciences appliquées et en sciences fondamentales pour avoir accès aux plus récentes innovations partout dans le monde. À mon avis, le plus important est de trouver l'équilibre.
Ma question s'adresse à M. Russell.
Il est important d'attirer des cerveaux, des chercheurs, au Canada. De plus, il est important de fixer un certain nombre de conditions préalables.
À l'époque des années Trump, il y avait de grands problèmes en matière d'immigration. Plusieurs pays ont fourni des efforts considérables pour concurrencer les États‑Unis et pour attirer des chercheurs. En ce sens, l'Australie et la Nouvelle‑Zélande semblent avoir plutôt bien réussi. Or le Canada semble avoir eu, à l'époque, de la difficulté à tirer son épingle du jeu.
Le Canada offre actuellement des bourses aux étudiants et finance les recherches. Le Canada a-t-il ce qu'il faut pour attirer des jeunes chercheurs, des cerveaux, lorsque les bonnes conditions sont remplies?
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Je vous remercie beaucoup.
Ma prochaine question s'adresse à M. McDonald, qui a vu beaucoup d'étudiants dans sa carrière.
On a parlé du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et du Conseil de recherches en sciences humaines. Aujourd'hui, le montant de la plupart des bourses fédérales est exactement le même qu'il y a 10, 15 ou 20 ans.
Évidemment, on veut participer à de très importants projets, les financer et assurer leur mise en œuvre. Or il faut aussi avoir un bassin de chercheurs formés ici, au Canada.
En plus d'assurer la mise en œuvre des grands projets, doit-on aussi s'occuper davantage du financement des étudiants diplômés, afin que ceux-ci restent au Canada?
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J'ai commencé en 1984 avec l'expérience de l'Observatoire de Neutrinos de Sudbury, l'ONS. Nous avions une seule chose en tête. Une grande question scientifique demandait à être résolue et, grâce au soutien obtenu au Canada, nous y sommes parvenus.
Quant au centre SNOLAB, comme je l'ai dit, il a été créé en 2003, dans le cadre d'un programme dirigé par David Sinclair et l'Université Carleton. J'étais encore associé au projet de l'ONS, mais j'ai beaucoup participé à la réflexion entourant le SNOLAB. Tous ceux qui ont participé à sa création étaient conscients des progrès qu'avaient permis les mesures des neutrinos relativement à leur place dans le modèle global des particules élémentaires et à leur rôle dans l'évolution de l'univers.
La découverte que la matière noire n'était pas un neutrino signifiait qu'il fallait chercher d'autres particules que celles que nous connaissions déjà. C'était un projet de recherche qui nous semblait possible. C'est ce que nous avons proposé à la FCI, et nous pensions qu'il pourrait faire l'objet d'un programme d'envergure.
Comme je l'ai dit, des expériences de moins grande ampleur ont été réalisées dans ce domaine. La preuve que le SNOLAB fonctionne extrêmement bien et qu'il est le meilleur endroit au monde pour mener ce genre d'expériences a suscité l'intérêt de la communauté internationale.
Alors oui, c'est ce que nous avions en tête dès le départ, et nous avons été très chanceux. La création de la FCI témoigne du progrès accompli par le Canada en matière de financement. Elle n'existait pas quand nous cherchions du financement pour l'ONS, et nous avons dû faire passablement d'acrobaties, pour ainsi dire, pour réunir ce financement. L'existence d'un organisme de financement unique, qui peut aider avec l'infrastructure au Canada, a été d'une grande importance.
Votre domaine de recherche est la physique des particules, et vous vous intéressez à des questions liées à l'astronomie. C'est un secteur dans lequel, pour ce que j'en sais, vous explorez des questions de mégascience. Vous devez arriver à déplacer des particules très rapidement et vous devez regarder ce qui se passe sur de très longues distances.
Quand je pense aux politiques en matière de financement des projets de mégascience et de ceux de plus petite envergure, je cherche toujours l'équilibre entre… J'imagine qu'on pourrait parler des sciences fondamentales versus les sciences appliquées.
Avez-vous des conseils relativement à cet équilibre? Vous ne serez peut-être pas neutre. Je ne suis pas neutre, mais c'est notre réalité. À titre de comité, de gouvernement et de décideurs, nous voulons aider le secteur des sciences à prospérer ici au Canada, et nous voulons tirer profit de ce que nous avons.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Bonsoir à tous.
La semaine dernière, nous avons rencontré le gouverneur général, David Johnston, et aujourd'hui, nous recevons deux éminents témoins, y compris M. McDonald en personne. C'est un grand honneur pour notre comité, et une preuve de l'excellent travail de notre greffier et de nos analystes d'avoir des collaborateurs d'une telle qualité pour notre étude.
Premièrement, je souligne que les échanges ont été jusqu'ici passionnants mais, plus prosaïquement, pouvez-vous m'expliquer le fonctionnement du SNOLAB sur le plan financier? Je sais qu'il reçoit du soutien du gouvernement fédéral et également de la province. S'il y a des propositions de projets ou d'études, est‑ce que le SNOLAB demande des droits pour l'utilisation de ses installations, ou est‑ce qu'elles sont offertes gracieusement? Comment cela fonctionne‑t‑il?
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Il existe toujours un intérêt pour ces domaines.
Nous avons été très chanceux, dans le domaine de l'astrophysique des particules notamment, qui est très étroitement associé au SNOLAB, d'avoir réussi à obtenir un premier octroi du fonds pour l'excellence en recherche. Grâce à ce fonds, en place depuis 5 ans, 15 professeurs ont été recrutés à l'échelle du pays, et un nombre équivalent de professeurs ont aussi été recrutés par des universités qui ont établi des programmes dans ce domaine. Ce secteur de la physique des particules est devenu très intéressant, et le Canada est actuellement un chef de file. De plus, des centaines d'étudiants et d'étudiants au postdoctorat — je n'ai pas les chiffres exacts — ont été formés au cours des cinq dernières années grâce à ce programme.
C'est un exemple de l'intérêt des scientifiques, mais aussi des départements de sciences du pays, qui ont montré beaucoup d'enthousiasme en ouvrant de nouveaux postes. Ces postes seront financés par les universités, car le fonds pour l'excellence en recherche prendra fin dans deux ans.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci infiniment à nos deux témoins. Nous sommes très honorés de recevoir des témoins d'un tel calibre pour discuter d'un sujet qui, comme l'a souligné M. Lobb, est tout à fait nouveau pour bon nombre de Canadiens. Ce l'est certainement pour nous. Nous apprenons énormément de choses, ce qui fait partie de notre travail au sein du Comité. C'est pour cette raison qu'il a été créé. Un des objectifs était certainement d'accroître les connaissances des parlementaires afin que nous puissions mieux comprendre ces sujets et être mieux outillés pour adopter des mesures appropriées.
Monsieur McDonald, j'ai lu avec grand intérêt que vous avez un diplôme en physique de l'Université Dalhousie. Je suis moi-même néo-écossaise et j'ai étudié à Dalhousie, de même que tous mes enfants. Ils y sont encore.
Vous avez beaucoup parlé du SNOLAB, un endroit fascinant. Je crois que certains membres du Comité pourraient avoir très envie de visiter cette installation. Nous pourrions peut-être vous y rencontrer. Vous avez mentionné par ailleurs que le Canada devrait tabler sur ses avantages naturels et qu'il est important pour notre pays d'obtenir une reconnaissance mondiale. Je suis entièrement d'accord.
Avez-vous autre chose à porter à notre attention? À votre point de vue, et considérant votre immense expérience, quels autres domaines pourraient avoir un intérêt pour le Canada et où devrait‑il regarder?
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C'est très peu de temps pour vous poser ma question et obtenir votre réponse. Il me semble qu'au sein de ce comité où les délibérations sont toujours d'un grand intérêt, l'écart est énorme entre ce que vous savez et ce que nous savons sur les sujets que nous abordons.
J'ai un baccalauréat en biochimie. Je suis médecin. Pourtant, je n'ai aucune idée de ce qu'est la matière noire. Je ne sais pas ce qu'est le plasma. Je peux très bien comprendre l'importance fondamentale de toutes ces connaissances pour la compréhension de l'univers. Je comprends aussi qu'il peut y avoir des retombées, éventuellement, dans les domaines de la médecine et de l'énergie. Nous comprenons que les bénéfices peuvent être multiples.
Est‑ce que c'est frustrant pour vous de savoir que les gens qui connaissent un domaine de recherche et ce qui est important… Il y a un décalage entre eux et les gens qui distribuent l'argent et qui font les politiques. Il peut être difficile de leur faire comprendre l'importance d'un domaine et où l'argent doit être investi.
Je sais que des gens au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et à la Fondation canadienne pour l'innovation ont une certaine expertise et peuvent donner des avis sur l'affectation des fonds, mais est‑ce suffisant?
Comment faire pour que vous puissiez discuter avec les gens qui ont accès à des sources de financement, c'est‑à‑dire nous, et les convaincre qu'ils doivent investir dans votre domaine?
Je vais poursuivre avec M. McDonald.
Vous avez évoqué le projet Génome humain. J'allais y venir, mais vous m'avez devancé. Vous avez aussi parlé de la médecine personnalisée.
Je sais que Pieter Cullis, de l'Université de la Colombie-Britannique, a écrit un livre sur ce sujet, sur les retombées des programmes ambitieux et de mégascience.
Si j'ai bien compris, il y a eu beaucoup de collaboration et d'échange de données dans le projet Génome humain. Ce n'est pas du tout l'expérience que j'ai eue du monde de la science. Tant que leur projet est en cours et que les résultats n'ont pas été publiés, beaucoup de scientifiques refusent de communiquer leurs données.
Ont-ils conscience qu'il faut opérer un changement de paradigme et favoriser une collaboration plus ouverte? Savent-ils que les programmes ambitieux exigent que des équipes de scientifiques travaillent ensemble, et qu'ils partagent leurs idées et leurs données tout au long du projet?
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Nous reprenons la séance.
Chers collègues, je vais donner quelques consignes à nos nouveaux témoins, à qui je souhaite la bienvenue.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous nous joignez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer, et mettez‑le en sourdine si vous n'avez pas la parole.
Pour entendre les interprètes dans l'application Zoom, vous pouvez sélectionner le parquet, l'anglais ou le français au bas de votre écran. Si vous êtes dans la salle, vous pouvez utiliser l'oreillette mise à votre disposition et choisir le canal voulu. Je vous rappelle de toujours vous adresser à la présidence.
Je vais maintenant présenter les témoins.
M. Arinjay Banerjee, de la Vaccine and Infections Disease Organization, témoignera à titre personnel. Il est chercheur scientifique et professeur adjoint à l'Université de la Saskatchewan. Représentant le Réseau de cellules souches, nous recevons Mme Cate Murray, qui en est la présidente et directrice générale, ainsi que M. Michel Rudnicki, le directeur scientifique. Nous avons aussi, de l'Université de la Saskatchewan, M. Baljit Singh, le vice-président, Recherche.
Bienvenue à tous. Merci énormément d'être avec nous ce soir. Nous sommes impatients de vous entendre.
Chaque groupe disposera de cinq minutes pour présenter une déclaration préliminaire. Après quatre minutes et demie, je vais lever ce carton vert pour vous indiquer qu'il vous reste 30 secondes. Comme je veux être juste pour tout le monde, je vous saurais gré de conclure votre exposé quand vous voyez le carton.
Nous allons maintenant entendre vos témoignages, en commençant avec M. Banerjee.
Vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci, madame la présidente.
Madame la présidente, distingués membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à prendre part à vos délibérations. C'est la première fois que je me présente devant le Comité, et je suis aussi nerveux que ravi.
Je suis ici au nom de la Vaccine and Infectious Disease Organization, qui est rattachée à l'Université de la Saskatchewan, située sur le territoire du Traité no 6, la terre ancestrale des Métis.
Je reviens du Sommet de la recherche du G7 de la Société royale du Canada sur le thème Une seule santé. J'ai eu le privilège d'assister à cet événement qui s'est déroulé à Lake Louise la semaine dernière. Cette réunion nous a permis de dégager deux aspects importants sur lesquels nous devons nous concentrer pour protéger les Canadiens contre les maladies infectieuses. Premièrement, il faut isoler les vecteurs des nouvelles maladies infectieuses, qui peuvent englober un éventail de facteurs comme les changements climatiques, l'évolution de l'utilisation des terres et la déforestation. Deuxièmement, il faut élaborer des mesures préventives et des politiques pour protéger la vie des personnes et celles du bétail contre les nouvelles menaces microbiennes.
Si vous me le permettez, j'aimerais citer une statistique importante. Plus de 70 % des nouvelles infections sont d'origine animale, et nous avons échantillonné et identifié une infime partie des microbes, y compris les virus, qui existent dans la faune sauvage. Nous en savons encore moins sur les risques de transmission aux espèces d'élevage et aux humains. De plus, nous n'avons pas encore de vaccin ou de traitement pour certains agents pathogènes connus et transmissibles.
Certains de ces agents pathogènes, malheureusement, pourraient être dévastateurs pour nos civilisations. Par exemple, le taux de mortalité associé au virus Nipah est de 40 à 70 %. Cela signifie que de 40 à 70 % des personnes qui contractent ce virus pourraient en mourir. Le coronavirus responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, le SRMO, très proche parent du coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère, le SRAS-CoV‑2, dont nous avons tous entendu parler et dont nous avons tous une très proche expérience, peut tuer 35 % des personnes infectées. Les nouveaux virus grippaux sont une menace constante. Je vous rappelle qu'en 1918, la pandémie de grippe espagnole a tué de 2,5 à 5 % de la population mondiale.
De multiples études réalisées par mes collègues montrent que les facteurs anthropiques, soit les activités prisées par Homo sapiens, ou les êtres humains, entraînent des pertes d'habitat et des changements climatiques, avec des conséquences directes sur les migrations animales, des déficiences nutritionnelles chez certaines espèces et, partant, la dissémination d'agents pathogènes de ces animaux.
Les nouvelles maladies infectieuses posent un problème multifacette et complexe qui selon moi — et j'imagine que certains de mes collègues seraient d'accord — nécessite une approche novatrice multidimensionnelle, interdisciplinaire et multidisciplinaire, fondée sur une collaboration nationale et internationale.
J'espère que nous avons enfin compris que de nouveaux agents pathogènes peuvent apparaître et se répercuter très rapidement sur les êtres humains, y compris au Canada. Nous n'avons pas encore de mesures préventives, principalement à cause du sous-financement de la recherche sur les agents pathogènes qui ne sont pas encore problématiques. Pour hiérarchiser les agents pathogènes relativement à leur degré d'importance et de menace, nous aurons besoin de modèles d'intelligence artificielle. Le problème dépasse donc le domaine de la santé, car nous avons besoin de la quantique et de modélisations pour identifier les risques microbiens de demain.
Pour recueillir des données, nous devons recourir à la modélisation des nouveaux pathogènes, mais nous devons aussi faire des essais et archiver les vaccins et les médicaments expérimentaux en vue d'un déploiement rapide en cas d'éclosion due à un agent pathogène. Par exemple, dans le cas de la COVID‑19, même si des vaccins ont été mis au point à une vitesse jamais vue dans l'histoire, 6,5 millions de personnes sont mortes sur la planète — si on considère seulement les décès signalés —, dont 47 000 ici même au Canada.
Je travaille actuellement à la mise au point d'un programme international ambitieux sur le concept « Une seule santé ». Ce concept, qui reconnaît l'interdépendance de la santé humaine, animale et environnementale, est loin d'être étranger. Sir William Osler, un médecin canadien que beaucoup considèrent comme le père de la pathologie vétérinaire en Amérique du Nord, s'est intéressé de très près aux liens entre la médecine humaine et la médecine vétérinaire. Il a été l'un des fondateurs de l'école John Hopkins. On peut donc dire que le concept Une seule santé est né au Canada, et nous pouvons tirer profit de notre situation stratégique enviable pour devenir un chef de file mondial dans ce domaine.
Au Canada, des chercheurs ont mis sur pied des programmes de recherche sur la thématique Une seule santé qui sont concurrentiels sur la scène mondiale. Dans mon propre laboratoire, nous menons des recherches sur les agents pathogènes zoonotiques. Malheureusement, ces programmes manquent cruellement de soutien, et c'est d'autant plus difficile que nous devons diviser les programmes pour satisfaire aux critères actuels des organismes de financement.
Je suis convaincu que le Canada a une chance unique d'établir un programme ambitieux de recherche interdisciplinaire et multidisciplinaire sur le thème Une seule santé. Ce programme englobera des activités de surveillance, de collecte de données, d'évaluation des risques afin de hiérarchiser les priorités relativement aux agents pathogènes, de mise au point de traitements et de vaccins, ainsi que d'élaboration de politiques de détection et d'atténuation des éclosions. Nous avons une possibilité réelle de devenir des chefs de file en mettant sur pied un programme de recherche complet afin de prévenir la prochaine pandémie et la prochaine éclosion d'un nouvel agent pathogène.
Je m'arrête ici. Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
Je suis accompagnée du directeur scientifique du Réseau de cellules souches, M. Michael Rudnicki, dont les travaux lui valent une renommée mondiale dans le domaine des cellules souches musculaires et de la régénération.
Quand on demande à quelqu'un de décrire les technologies nécessaires à la réalisation de programmes ambitieux, la réponse est souvent l'intelligence artificielle, l'informatique quantique et les mégadonnées. C'est plutôt rare que quelqu'un parle de la technologie hypercomplexe du corps humain. Je parle bien entendu des cellules souches, qui sont les composantes de base de notre organisme.
La découverte des cellules souches a été confirmée par les Canadiens James Till et Ernest McCulloch. La recherche sur les cellules souches est un domaine scientifique né au Canada et, depuis 60 ans, nous avons été des précurseurs avec des découvertes et la mise au point de traitements révolutionnaires fondés sur la technologie humaine. Les cellules souches peuvent se diviser à l'infini et former toutes les cellules du corps. Elles représentent une des innovations suprêmes de la nature.
Le corps humain nous offre la possibilité de réaliser le plus grand programme ambitieux qui soit, c'est-à-dire l'éradication des maladies et des blessures. C'est une idée qui peut sembler invraisemblable pour beaucoup, mais les programmes ambitieux sont par nature audacieux, vastes et grandioses.
Les cellules souches sont au premier plan dans le domaine de la médecine régénérative. « L’attrait de la médecine régénérative réside dans son approche curative », comme l'affirme le Conseil des académies canadiennes. Elle répare, elle régénère et elle rétablit le fonctionnement des cellules, des tissus et des organes. La médecine régénérative a déjà fait avancer les traitements des cardiopathies, de la maladie de Parkinson, de la dystrophie musculaire, du diabète de type 1 et même de la COVID‑19.
Permettez-moi de vous raconter une petite histoire. Tyler Rabey est un jeune Québécois athlétique et ambitieux. Avant son 25e anniversaire, il a reçu un diagnostic d'une forme très agressive de leucémie, un cancer qui résistait à tous les traitements courants. Après une année, il était confiné à son lit d'hôpital, en attente d'un diagnostic terminal. L'équipe médicale a fait des démarches pour qu'il participe à l'essai clinique d'un traitement fondé sur les cellules souches financé par le Réseau de cellules souches et dirigé par la Dre Sandra Cohen.
Tyler a reçu une greffe de cellules souches. Pour générer une quantité suffisante de cellules souches, on les a multipliées au moyen d'une nouvelle technologie et de la molécule exclusive UM171, et elles ont été optimisées avec un système de bioculture. Le traitement a été efficace et, après des mois de convalescence prudente, Tyler est rentré chez lui, où il a rencontré son filleul, embrassé sa copine et repris ses études.
Ce traitement novateur fait l'objet de nouveaux essais partout en Amérique du Nord, sous la supervision d'ExCellThera, une entreprise de biotechnologie canadienne.
La technologie de la médecine régénérative aura également des retombées économiques extrêmement importantes dans les années à venir. Avant la pandémie, les maladies chroniques coûtaient 190 milliards de dollars par année au Canada. Les coûts directs comptaient pour 58 % des dépenses annuelles en santé. Ils sont certainement plus élevés maintenant, et il faut faire en sorte de faire fléchir cette courbe.
La bonne nouvelle est que le domaine attire des investissements substantiels. Les investisseurs du secteur privé injectent des milliards de dollars dans les entreprises canadiennes du domaine des sciences de la vie. Plus précisément, en 2019 et 2020, il a recueilli 2 milliards de dollars de capital de risque et 5 milliards de dollars en prises de participation.
C'est bien connu, les investissements et le succès commercial sont directement liés à la conduite d'activités scientifiques de calibre mondial. C'est le rôle de réseaux comme le nôtre. Le Réseau de cellules souches du Canada est composé de chercheurs et de stagiaires de premier plan qui se dévouent corps et âme à la recherche sur les cellules souches et sur la médecine régénérative. Nous avons des partenaires dans les secteurs de la bienfaisance, de l'industrie et des gouvernements afin de nous assurer de soutenir des travaux scientifiques qui déboucheront sur les traitements phares de prochaine génération.
La recherche sur les cellules souches prend du temps. Les travaux entrepris aujourd'hui déboucheront sur les traitements personnalisés de demain. Nous pouvons envisager un futur où un médicament sera créé expressément pour vous à l'hôpital où vous serez soigné. De plus, des bio-encres spécialisées sont en développement et pourront être utilisées pour la bio-impression de tissus qui permettront de refermer des plaies et de rétablir le fonctionnement des organes.
Viendra un jour où ce sont les traitements qui seront adaptés au patient plutôt que les patients aux traitements…
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Madame la présidente, honorables membres du Comité, c'est pour moi un immense honneur de m'adresser à vous.
Quand j'ai pris connaissance de la question de savoir ce que le Canada pourrait entreprendre comme programme ambitieux, plusieurs possibilités me sont venues en tête, mais celle qui me tient le plus à cœur est de permettre au Canada de faire en sorte que nous vivions dans un monde où les gens mangent à leur faim, en assurant la sécurité alimentaire. Je rêve d'un monde où les gens peuvent nourrir leurs enfants et les envoyer à l'école. Cette vision du monde est celle que le Canada a toujours défendue, qui repose sur la paix pour tous.
Mon idée de programme ambitieux vise à assurer la sécurité alimentaire dans un monde pacifique. La raison pour laquelle le Canada est probablement le seul pays au monde à pouvoir réaliser ce programme ambitieux repose sur trois éléments essentiels, quelle que soit la nature du programme en question si nous y réfléchissons bien.
Premièrement, le programme doit être inspirant. Les Canadiens sont inspirés par la vision d'un monde pacifique. Ils savent que la paix est impossible s'il n'y a pas de sécurité alimentaire dans le monde. Les Canadiens ont fait d'énormes sacrifices, chaque fois qu'ils ont été appelés à le faire, au nom de la paix et de la prospérité dans le monde. C'est donc évident qu'ils seront inspirés par l'idée qu'il faut nourrir la population mondiale de plus de huit milliards de personnes.
Le deuxième élément important d'un programme ambitieux est la crédibilité. Il faut savoir d'où vient cette crédibilité pour que les Canadiens puissent réfléchir à la manière de réaliser ce programme international ambitieux hors du commun.
Tout d'abord, nous avons besoin de grandes étendues de terres pour produire des denrées alimentaires d'une manière écologique, que ce soit sous forme de cultures végétales ou d'élevages d'animaux. Ensuite, pour produire des aliments, il faut de l'eau. On trouve au Canada d'abondantes réserves d'eau fraîche, que nous préservons jalousement, grâce à nos connaissances scientifiques, afin qu'elles durent longtemps.
Pour aider la production de denrées alimentaires d'origine végétale, nous avons besoin d'engrais. Le Canada a d'abondantes réserves d'engrais, comme la potasse. Certes, nous devons trouver des solutions de rechange à l'utilisation intensive d'engrais, et c'est cette voie qu'a empruntée le Canada en innovant dans les domaines des sciences du sol et de l'agriculture de précision. Je suis convaincu qu'en investissant aux bons endroits, les spécialistes canadiens du domaine des sciences végétales mettront au point des variétés qui auront besoin seulement de petites quantités d'engrais appliquées de manière ciblée, de même que des espèces qui résisteront aux changements climatiques et au réchauffement planétaire.
Enfin les Canadiens ont beaucoup investi dans les grappes d'établissements universitaires à l'échelle du pays, et il en est ressorti beaucoup d'innovations dans tous les secteurs de l'agriculture. Ce sont ces innovations qui font que le secteur canadien de la production agroalimentaire fait l'envie du monde. Ces innovations ont créé de la prospérité et des emplois, mais elles ont aussi permis d'exporter des denrées alimentaires abordables, nourrissantes et produites de manière écologique. Ces denrées contribuent à l'image de marque du Canada et suscitent une grande fierté pour nous. Finalement, nous avons investi dans des domaines comme l'industrie des protéines, dans laquelle les acteurs du monde universitaire et du secteur ont uni leurs forces au sein de supergrappes.
L'imagination est le troisième élément essentiel d'un programme international ambitieux. Les Canadiens doivent faire preuve d'imagination, ils doivent être prêts à collaborer et ils doivent se fédérer. C'est le programme ambitieux que notre pays peut offrir pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde.
Nous devons tenir compte des objectifs de développement durable des Nations unies. Nous devons aussi nous préoccuper des changements climatiques tout autour de nous. Nous devons comprendre que de grandes régions du monde ne peuvent pas produire suffisamment de nourriture pour leurs propres populations.
C'est, madame la présidente et honorables membres du Comité, ma vision d'un programme international ambitieux que le Canada pourrait réaliser.
Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour à tous. Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui.
[Traduction]
Je vous remercie tous.
Je poserai ma question en français.
[Français]
Vous avez piqué ma curiosité sur plusieurs sujets. J'ai mis de côté à peu près toutes les questions que j'avais préparées pour en poser de nouvelles.
Monsieur Banerjee, vous nous avez parlé beaucoup des maladies infectieuses. J'ai vécu une situation, dans ma circonscription, avec la maladie débilitante du cervidé. On a dû abattre des milliers de bêtes, simplement par précaution, parce qu'il était impossible de prouver scientifiquement qu'une bête était affectée ou non.
Vous nous avez parlé de facteurs extrinsèques qui pourraient expliquer la transmission de maladies par la chauve-souris ou un autre animal.
Selon vos recherches, l'intelligence artificielle aurait-elle eu un rôle important à jouer si nous avions eu des données plus précises concernant une situation comme celle vécue dans ma circonscription?
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Je vous remercie de cette question. Elle est très intéressante. En fait, il y a des données à ce sujet depuis la semaine dernière. La question arrive donc à point nommé.
Ma collègue, Mme Raina Plowright, de l'Université Cornell, vient de publier une étude longitudinale portant sur 25 années qui identifie les facteurs qui influent directement sur l'excrétion des agents pathogènes dans les espèces sauvages telles que les chauves-souris. L'étude cerne les comportements migratoires et les carences nutritionnelles dans les espèces sauvages qui provoquent la transmission d'agents pathogènes de ces animaux.
Je crois qu'en effet, la modélisation pourrait le prédire, mais les transmissions zoonotiques sont des événements très dynamiques. Ce sont des événements très rares. Il faut que tout un tas de conditions soient réunies pour qu'un agent pathogène puisse être transmis à des êtres humains. Encore une fois, il existe quantité d'études sur des cas de transmission avérée d'animaux à des êtres humains.
Oui, je pense qu'une modélisation s'appuyant sur des données est certainement un bon début. Vous imaginez la diversité des mammifères sur cette planète. Quel échantillon prendriez-vous et à quoi accorderiez-vous la priorité? Il me semble que cette surveillance et une modélisation pour évaluer certains éléments principaux pour l'échantillonnage seraient un très bon début.
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Il y a de très bons programmes de surveillance aux États-Unis, et pas seulement aux États-Unis — des collègues américains surveillent à l'étranger.
À mon avis, ce qui nous manque vraiment au Canada — d'après des conversations avec mes collègues au Canada —, c'est la surveillance, car nous n'en faisons pas. Nous n'avons pas de bon modèle de surveillance pour notre propre pays. Nous avons très peu de moyens pour détecter les menaces à l'étranger qui peuvent arriver dans notre pays par avion. Les événements zoonotiques ne sont pas limités au Canada. Ils peuvent se produire n'importe où sur la planète et si l'agent pathogène se retrouve dans un avion, en moins de 24 heures, il peut se présenter aux frontières du Canada.
Il me semble qu'avoir un programme qui complète... J'écoutais le groupe de témoins précédent expliquer que des programmes ambitieux pourraient devenir des collaborations internationales. Pour les agents pathogènes zoonotiques et les maladies infectieuses émergentes, nous devons absolument travailler avec nos collègues à l'étranger. Nous ne pouvons pas nous présenter et commencer à constituer des échantillons à l'étranger sans la collaboration de collègues dans les pays concernés.
Le partage des données est un autre aspect essentiel. Si on cherche à identifier des agents pathogènes, pourquoi quelqu'un nous laisserait‑il surveiller son pays si son agent pathogène risque d'avoir des conséquences commerciales pour lui? La peste bovine, qui touche le bétail, en est un exemple.
Nous devons faire preuve d'empathie quand nous concevons ces études. Je le mentionne toujours dans mes cours. Nous devons aussi cerner ce qui est mutuellement bénéfique, et pas seulement cerner les menaces, mais proposer des solutions.
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Je vous remercie de la question. Je vais revenir deux ou trois ans en arrière.
Quand la COVID‑19 est apparue, nous avons été parmi les premiers à nous mobiliser. À l'époque, j'étais à l'Université McMaster et à l'Université de Toronto. Je pense que notre plus grand défi a été sur le plan du personnel. Nous n'avions pas au Canada de personnel formé à travailler avec des agents pathogènes du groupe de risque 3. Quand nous prévoyions d'isoler le virus pour l'utiliser pour mettre au point des traitements et des vaccins, nous avons d'abord dû former des personnes. Comme mon doctorat portait sur les coronavirus hautement pathogènes, nous avons pu mobiliser des personnes et former des équipes de spécialistes qui ont pu commencer à travailler avec le SARS‑2.
Ce qui est tout à fait fascinant, c'est la collaboration à laquelle cette situation a donné lieu. Je pense vraiment que la communauté de la virologie au Canada, et mes collègues de toutes les disciplines... Tout le monde a répondu présent. Personne ne manquait à l'appel. Nous avons travaillé de longues heures et des nuits entières pour isoler ce virus et le partager avec des collègues qui l'étudiaient, afin d'aider dans les études de mise au point de vaccins. Je suis un citoyen naturalisé. J'ai immigré dans ce pays. J'étais très impressionné par la somme de travail que mes collègues au Canada, dans toutes les disciplines, ont consacré à l'étude de ce virus pour le comprendre. J'étais très touché.
En même temps, j'étais aussi très frustré de voir que, pendant que nous étudiions le virus, nous remplissions aussi des demandes de subventions de recherche. Je ne comprenais pas pourquoi nous ne pouvions pas recevoir les fonds dont nous avions besoin pour identifier le virus qui causait la pandémie. À l'époque, on parlait de « nouveau coronavirus ». Mes collègues et moi, nous remplissions tous des demandes de subvention pour continuer de financer les études que nous faisions pour aider les Canadiens et la population mondiale.
Il est très réconfortant pour moi de voir tous ces grands investissements d'infrastructure faits par le gouvernement canadien pour faciliter les études qui nécessitent des installations à niveau de confinement élevé. En même temps, je m'inquiète un peu. Ce financement sera-t‑il durable? Si nous ne continuons pas de former nos stagiaires...
Je travaille dans un laboratoire à niveau de confinement élevé. Il nous faut trois à quatre mois pour former quelqu'un qui puisse travailler efficacement sans supervision. Chaque fois qu'un stagiaire obtient son diplôme ou s'en va, parce que le programme n'est plus financé, il nous faut de trois à six mois, encore une fois, pour former quelqu'un d'autre. J'espère qu'il ne se présentera pas de nouvel agent pathogène. C'est trop tard maintenant. Je suis très inquiet au sujet du financement durable à long terme.
Ce serait bien que le Canada continue d'obtenir des résultats optimaux en ce qui concerne les agents pathogènes à haut risque.
Je remercie une fois encore tous les témoins de leur présence aujourd'hui.
Je continuerai avec M. Banerjee, surtout parce que je vois fièrement montré derrière vous un livre sur les chauves-souris qui a pour coauteur mon ami Brock Fenton.
Vous avez parlé brièvement de surveillance. Je suis biologiste spécialisé en ornithologie et il m'est arrivé une fois de recevoir des fonds d'un organisme de santé pour surveiller pendant une saison la présence du virus du Nil occidental chez les oiseaux. Ces fonds nous ont beaucoup aidés dans notre travail. Nous essayions juste de calculer les tendances de la population d'oiseaux, mais dès que nous avons découvert que le virus du Nil occidental était très peu présent dans cette population, nous n'intéressions apparemment plus cet organisme.
Ces programmes ambitieux sont, par nature, de grands projets très collaboratifs auxquels participent différents scientifiques de différents domaines. Je me demande comment vous imaginez l'organisation de quelque chose comme votre projet, One Health. Est‑ce qu'elle serait internationale? Canadienne? Comment imaginez-vous l'organisation et son financement?
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Je vous remercie de la question. C'est une excellente question.
Nous avons déposé une demande, dans le cadre du programme Nouvelles frontières, dans le volet Transformation, pour environ 24 millions de dollars. C'est un gros programme, mais la concurrence est rude et il n'accorde que six subventions environ.
Mon point de vue sur One Health est celui des maladies infectieuses, parce que c'est mon parti pris, mais nous sommes conscients aussi de l'idée que les maladies infectieuses dépendent également des changements climatiques, de la santé animale, de la santé humaine et de la santé de l'environnement en général. Ce programme, si je devais le proposer, serait certainement un programme international. Il est impossible de faire des recherches scientifiques de tout premier ordre en étant cloisonnés, mais le Canada a une occasion de devenir chef de file en la matière. Nous avons tous les ingrédients au Canada pour diriger un programme ambitieux international, en commençant par la surveillance, avec ce que j'appellerai peut-être la collecte de renseignements et l'évaluation des risques — nous avons des collègues particulièrement doués en modélisation et en identification des agents pathogènes qui risquent de provoquer la prochaine épidémie ou pandémie —, et la mise au point de traitements et de vaccins.
Avec les investissements du Canada dans les infrastructures dans le cadre du Fonds d'infrastructure de recherche en sciences biologiques et du Fonds de recherche biomédicale du Canada, nous avons les moyens dans ce pays de mettre au point des vaccins et des traitements et de faire les essais correspondants. Enfin, il y a des collègues qui savent très bien élaborer des politiques qui sont capables de formuler des politiques d'atténuation des flambées.
Un programme One Health international dirigé par le Canada, mais qui aurait un impact mondial, voilà comment j'imagine un programme ambitieux.
La pénurie de professionnels qualifiés touche tous les secteurs. En tant que vice-président, j'en entends tout le temps parler dans le secteur privé. Il existe des mécanismes que nous pouvons utiliser davantage dans notre pays. Par exemple, les trois conseils financent un programme de formation, le programme FONCER, dont le financement porte sur six ans. M. Banerjee a bénéficié de ce programme. Nous l'avons fait venir d'Allemagne au Canada pour faire un doctorat et rester ici.
Nous pourrions aussi, dans ce programme, créer un programme de transition pour les Néo-Canadiens que nous faisons venir ici. Il arrive que nous ne les orientions pas vers des possibilités de formation utiles pour intégrer le monde du travail.
Je pense que nous attirons les immigrants. Si nous pouvions nous occuper de ce dernier élément d'intégration, nous aurions peut-être une offre assez constante de main-d'œuvre dans tous nos secteurs.
Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup à tous nos témoins. La soirée a été très instructive et fascinante jusqu'à présent.
J'ai eu l'occasion de visiter le Centre Sprott à l'Hôpital général d'Ottawa la semaine dernière. C'est un centre où l'on se concentre sur la médecine régénérative. Je suis très heureuse que vous ayez pu vous joindre à nous en personne ce soir.
Madame Murray, vos remarques préliminaires étaient très inspirantes et convaincantes pour nous tous.
Je tiens à souligner que pendant ma visite, j'ai eu l'impression d'être aux Nations unies. Il semblait que presque tous les étudiants étaient des étrangers venus d'un peu partout. Je pense que c'est en raison de l'excellent travail que vous faites là‑bas et de votre réputation, monsieur Rudnicki, qu'ils veulent être ici et qu'ils souhaitent rester. J'entends certainement parler des difficultés et des frustrations liées aux procédures d'immigration et de visa pour en faire une réalité.
Nous savons tous qu'il faut du temps pour mettre ces traitements et ces technologies sur le marché. Pouvez-vous nous dire ce que le Réseau de cellules souches prévoit faire au cours de la prochaine décennie pour garantir que la recherche sera mise en pratique et profitera aux patients?
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C'est une excellente question.
L'accès, l'abordabilité et les structures de coûts sont des discussions importantes que le Canada doit tenir et dont les décideurs comme vous doivent être informés et en faire des sujets de réflexion. Les thérapies cellulaires et génétiques seront révolutionnaires pour notre système de soins de santé. Nous envisageons ces thérapies, dont les coûts seront engagés d'emblée plutôt que tout au long d'une vie, différemment de la façon dont notre système de soins de santé envisage les médicaments et les thérapies à l'heure actuelle. Nous devons tout reconceptualiser.
Nous devons comprendre les valeurs des Canadiens à l'égard des thérapies cellulaires et génétiques et savoir comment les adopter. Nous devons réfléchir aux outils dont les décideurs ont besoin pour prendre des décisions sur ce que notre système de soins de santé adoptera. Il faudra un certain nombre d'années et toutes sortes de voix différentes à la table, de l'industrie aux universités et aux organismes de réglementation.
Au Réseau de cellules souches, notre prochain plan stratégique propose de faire exactement cela et de réunir ces parties afin que, d'ici à 2030, la voie à suivre soit tracée. Nous saurons comment penser à l'accès et à l'abordabilité.
La science va venir. Il revient aux gouvernements et au reste d'entre nous de réfléchir à la façon dont nous pouvons nous assurer que ces technologies sont adoptées et ne sont pas perdues au profit d'autres acteurs.
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Chers collègues, nous reprenons nos travaux.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins.
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention des nouveaux témoins.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent avec vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
Pour ceux qui sont sur Zoom, pour l'interprétation, vous avez le choix au bas de votre écran entre le parquet, l'anglais ou le français. Pour ceux qui sont dans la salle, vous pouvez utiliser l'écouteur et sélectionner le canal souhaité.
Tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous sommes ravis d'accueillir, de General Fusion, Amee Barber, directrice, Relations gouvernementales et Développement des affaires, et du Réseau universitaire de santé, M. Kevin Smith, président-directeur général.
Nous vous remercions tous les deux de votre présence et nous sommes impatients de vous entendre. Vous aurez chacun cinq minutes pour présenter votre déclaration. À quatre minutes et demie, je montrerai ce carton vert, et vous saurez ainsi qu'il vous restera 30 secondes pour conclure.
Sur ce, nous allons maintenant passer aux témoignages.
Monsieur Smith, vous serez le premier. La parole est à vous.
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Merci, madame la présidente. C'est un plaisir d'être de retour devant votre comité.
Je m'appelle Kevin Smith et comme la présidente l'a dit, je travaille au Réseau universitaire de santé. J'ai la chance de travailler avec littéralement des milliers de chercheurs et de personnels de recherche. Je suis ici pour appuyer avec enthousiasme les possibilités ambitieuses.
Nous avons une excellente infrastructure au Canada, grâce aux investissements. Nous faisons d'excellents travaux scientifiques au Canada et nous avons des scientifiques remarquablement talentueux. La question qui se pose est la suivante: comment exploiter ce talent et ce potentiel pour résoudre les problèmes les plus pressants du monde et fournir des réponses aux Canadiens et aux décideurs?
J'aimerais vous recommander le travail sur les programmes ambitieux effectué par le Brookfield Institute. Je vais rapidement énumérer cinq recommandations de politiques que l'Institut a formulées pour des programmes ambitieux fructueux.
Premièrement, définir un grand défi clair, ancré dans des besoins réels non comblés.
Deuxièmement, faciliter l'innovation stratégique en donnant aux organismes d'exécution des structures de gouvernance légères, agiles et indépendantes.
Troisièmement, créer un portefeuille de projets ambitieux qui soient véritablement interdisciplinaires, intersectoriels et inclusifs, et qui englobent une gamme de niveaux de risque différents.
Quatrièmement, soutenir l'ensemble du continuum de l'innovation et de la chaîne de valeur, depuis l'invention et la science fondamentale jusqu'à la fabrication et la commercialisation.
Enfin, et certainement non le moindre, concentrez-vous sur des mesures claires et centrales qui importent pour relever le grand défi; en l'occurrence, montrez la valeur pour les Canadiens.
En 2019, nous avons vu une importante publication sur les innovations ambitieuses, intitulée Wishful Thinking or Business‑as‑Usual? qui nous a vraiment aidés à comprendre comment les programmes ambitieux consistent à imaginer un monde souhaité que nous ne réaliserons peut-être jamais.
Rappelons-nous le président Kennedy qui, en 1961, a déclaré que nous enverrions un homme sur la lune — ou une personne sur la lune, dans le langage d'aujourd'hui — avant la fin de la décennie. Huit ans plus tard, c'était chose faite. Peu d'entre nous croient que la révolution de la micro-informatique, issue de cette course à la lune, aurait eu lieu, mais elle a véritablement et fondamentalement changé notre économie, notre qualité de vie, l'intégrité scientifique et toutes les facettes de la société humaine. Imaginez un monde sans micro-ordinateur, si ce projet n'avait pas été entrepris. L'investissement dans la recherche fondamentale a alimenté une explosion de la micro-informatique et d'autres activités importantes.
J'espère qu'il en sera de même si le gouvernement du Canada entreprend un programme ambitieux. Des progrès comme ceux‑ci ont créé des occasions sans précédent de relever les défis les plus importants de la société. Bien entendu, la réalisation de ces possibilités exige une sélection, un développement et des investissements ciblés dans des technologies révolutionnaires axées sur la production de changements rapides et transformateurs.
Au Réseau universitaire de santé, nous envisageons une stratégie nationale — une stratégie établie, en grande partie, par votre groupe — comme feuille de route pour faire progresser de manière significative les différents domaines concernés. Une stratégie nationale fournirait la structure nécessaire pour sélectionner, habiliter et concrétiser les principaux domaines d'intérêt dans lesquels le Canada peut et doit être un chef de file. C'est ce qui se passe déjà dans de nombreuses autres régions du monde, et c'est aussi ce dont le Canada a grandement besoin.
Je recommanderais un certain nombre de domaines qui nous viennent immédiatement à l'esprit, à moi et à mes collègues du Réseau universitaire de santé.
Celui dont nous parlons le plus souvent est un système de soins de santé durable et universellement accessible — celui que nous avons sous les yeux chaque jour — doté d'un personnel adéquat à titre de programme ambitieux qui se concentre véritablement sur ce qui sera probablement notre prochaine pandémie, c'est‑à‑dire la résistance aux antimicrobiens.
Nous parlons d'une possibilité de partenariat avec nos collègues américains, avec lesquels nous travaillons en collaboration si étroite dans le domaine scientifique, pour véritablement vaincre le cancer de notre vivant.
Enfin, et certainement non le moindre, nous parlons d'un programme ambitieux qui porte sur les maladies du cerveau et le fléau de la démence qui touche tant de Canadiens.
Si je peux me permettre, je préconiserais aussi, dans le cadre de cette réflexion sur les programmes ambitieux, la compréhension issue de la science fondamentale entourant le thème de l'inflammation, qui s'étend à presque toutes les grandes maladies chroniques, et je vous encouragerais aussi à souligner comment les programmes ambitieux ancrés dans la science fondamentale sont les plus fructueux de tous.
À mon avis, il est possible de s'inspirer d'une structure qui a existé au Canada à l'époque de la Fondation canadienne pour l'innovation, que j'ai eu le privilège de présider pendant un certain temps. Elle nous montre une structure qui peut nous être extrêmement utile. Cette structure serait distincte de l'importance des trois conseils et de la FCI, qui peuvent et doivent continuer à se concentrer sur le financement de sujets de recherche appropriés et dirigés par des chercheurs.
Je vous ai vue lever le livre vert, madame la présidente, alors je vais conclure.
Au Réseau universitaire de santé, nous sommes enthousiastes à l'idée de nous faire les champions de programmes ambitieux qui toucheront tous les Canadiens et, en fait, tous les citoyens du monde, en permettant aux meilleurs éléments du Canada de se concentrer collectivement sur les plus grands défis de notre génération et d'y apporter des solutions.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie de m'avoir invitée ce soir. C'est un honneur de pouvoir discuter d'un programme ambitieux visionnaire avec un comité multipartite. Je vous remercie de m'accorder votre attention si tard dans la soirée.
Le problème que General Fusion cherche à résoudre est environnemental. Notre technologie produira de l'électricité sans émission. D'ici 2050, la demande mondiale d'électricité augmentera de 265 %. Cette même année, 33 pays, dont le Canada, se sont engagés à atteindre la carboneutralité dans leur production d'électricité.
Bien que des progrès aient été réalisés dans la mise en œuvre de stratégies de décarbonisation, l'Agence internationale de l'énergie signale que 50 % des réductions proviendront probablement de technologies qui n'ont pas encore été commercialisées. C'est logique. Il y a très longtemps qu'aucune nouvelle source d'énergie propre n'a été introduite dans le réseau.
Un programme ambitieux canadien devrait se concentrer sur l'introduction de nouvelles sources d'énergie, comme la fusion. La fusion est l'énergie qui alimente les étoiles, lorsque deux atomes d'hydrogène fusionnent et libèrent un neutron et de l'hélium. Pour exploiter cette énergie, nous devons reproduire sur terre les conditions du soleil pour obtenir une énergie nette.
Il y a quatre raisons principales pour lesquelles l'énergie de fusion est considérée comme le Saint Graal de l'énergie.
La première est que le combustible de fusion est abondant et dense en énergie. Le combustible est extrait de l'eau de mer. Un kilogramme de combustible équivaut à 10 000 tonnes de charbon.
Par ailleurs, la fusion ne dégage pas de carbone. Le processus de fusion n'engendre aucune émission atmosphérique nocive.
La fusion peut aussi fournir de l'énergie à la demande, ce qui en fait un excellent complément aux énergies renouvelables et au stockage par batterie.
Enfin, l'énergie de fusion est également à faible risque. La fusion est le contraire de la fission à bien des égards. Son profil de risque est comparable à celui des isotopes médicaux et la fusion est à la fois bien comprise et bien réglementée. Elle n'utilise pas de matières nucléaires spéciales, ne produit pas de déchets radioactifs à longue durée de vie et ne présente pas de risque d'accident de criticité.
En raison de ces avantages, notre société, General Fusion, s'intéresse à l'énergie de fusion depuis 2002. Nous avons obtenu depuis plus de 300 millions de dollars américains de financement. Nous employons actuellement plus de 200 personnes à Vancouver et nous détenons plus de 150 brevets.
Je ne suis pas une experte technique, mais je vais vous dire comment fonctionne notre technologie. Nous injectons du plasma d'hydrogène magnétisé dans un récipient en acier qui est recouvert de lithium métallique liquide par la force centrifuge. De là, des pistons puissants compriment le lithium métallique autour du plasma en une sphère parfaite, créant ainsi des températures et une pression élevées. C'est à ce moment que la fusion se produit.
Ce qui change vraiment la donne et constitue notre avantage concurrentiel par rapport à de nombreux autres acteurs, c'est notre chemisage exclusif en métal liquide. Il permet de protéger l'appareil contre les neutrons produits. Par ailleurs, ces neutrons interagissent avec la paroi en métal liquide et produisent du tritium, ce qui revient à produire notre propre approvisionnement en combustible. Troisièmement, le métal liquide chaud passe dans un échangeur de chaleur et produit l'électricité. Enfin, l'utilisation d'une compression mécanique de cette paroi métallique liquide évite d'avoir recours à des aimants coûteux et à des lasers puissants pour entretenir la fusion. Il en résulte un coût de l'électricité équivalent à celui du charbon.
Au cours des 20 dernières années, nous avons éprouvé les principaux composants de notre système. Nous en sommes au stade où nous pouvons les réunir dans notre programme de démonstration de la fusion. En partenariat avec l'autorité de l'énergie atomique du Royaume-Uni, l'UKAEA, nous construirons un prototype de centrale à 70 % de l'échelle d'une centrale commerciale et qui sera situé à côté du tokamak Joint European Torus au Centre pour l'énergie de fusion de Culham, qui a battu tous les records.
Pendant que nous construirons cette centrale, notre groupe d'experts au Canada continuera de s'occuper d'élaborer le programme de maturation commerciale. Notre objectif est de mettre de l'énergie sur le réseau d'ici 2030. Au cours des deux dernières années, un nombre important de facteurs ont convergé qui nous permettront très...
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Au cours des deux dernières années, un nombre important de facteurs ont convergé, ce qui nous rend confiants dans la possibilité de produire de l'énergie nette d'ici 2030 et de l'insérer dans le réseau — et dans l'industrie de la fusion dans son ensemble.
Tout d'abord, les importants investissements privés dans l'industrie de la fusion ont augmenté de 163 % au cours des deux dernières années, et 40 entreprises sont maintenant dans la course. Les gouvernements nationaux suivent aussi le mouvement avec leurs investissements publics. Le gouvernement des États-Unis est celui qui dépense le plus, avec de 600 à 700 millions de dollars américains par an, et l'Inflation Reduction Act doit autoriser 280 millions de dollars américains pour l'énergie de fusion également. De même, le Royaume-Uni a investi 400 millions de livres.
L'investissement du gouvernement canadien est loin derrière. Les programmes de subventions existants ont été essentiels à notre succès jusqu'à présent, mais ils ne sont pas suffisants pour soutenir le type de croissance nécessaire à la mise à l'échelle commerciale, l'étape où nous en sommes à ce stade de notre développement. Voilà pourquoi nous avons présenté au gouvernement canadien une demande de 250 millions de dollars sur cinq ans, en échange d'obligations permettant au gouvernement d'obtenir un rendement direct de son investissement, proportionnel à bien des égards à l'investissement privé, et d'un engagement à maintenir notre siège social au Canada.
Un programme ambitieux canadien qui investirait directement dans General Fusion aurait un effet de levier sur l'investissement du secteur privé, ferait du gouvernement canadien un partenaire en capitaux propres...
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Permettez-moi de commencer par remercier Mme Barber et M. Smith d'être ici aujourd'hui. C'est un honneur pour nous de vous avoir tous les deux ici avec vos talents et votre expertise.
Permettez-moi de vous adresser ma question, monsieur Smith.
Nous sommes ici pour étudier des objectifs de recherche ambitieux qui, nous l'espérons, permettront de résoudre certains des plus grands défis du Canada et du monde. Je suis très heureuse que vous ayez terminé avec la stratégie nationale que, selon vous, le Canada devrait adopter dans un certain nombre de domaines.
Vous avez parlé de systèmes de santé durables dotés d'un personnel adéquat, et je m'intéresse beaucoup au domaine des maladies du cerveau et de la démence qui touchent tant de Canadiens. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet, et nous expliquer ce que le gouvernement peut faire, ce que nous pouvons faire en tant que parlementaires, ce que les chercheurs peuvent faire et comment vous et d'autres aussi pouvez contribuer à faire avancer ce dossier?
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Merci de cette excellente question et du privilège de pouvoir en parler avec vous.
En ce qui concerne la démence et les maladies du cerveau, la maladie organique du cerveau est particulièrement une maladie du vieillissement. Bien que le Canada soit encore une société relativement jeune, nous sommes, bien sûr, une société vieillissante. Nous examinons également les dépenses en matière de soins de santé, qui, à l'échelle provinciale, se situent à environ 50 ¢ sur chaque dollar d'impôt pendant la COVID et environ 42 ¢ avant la COVID. C'est de loin le programme social le plus coûteux du Canada et, à mon avis, peut-être le plus précieux.
Au sujet de la démence, nous constatons que la science fondamentale est remarquable et que l'on comprend très bien les problèmes sous-jacents de la démence et de la maladie. Nous voyons de merveilleux essais cliniques et une infrastructure fantastique pour mieux comprendre la recherche démographique sur la démence et le soin des personnes atteintes de démence.
Bien sûr, l'intérêt philanthropique ne cesse de croître. De généreux donateurs investissent 250 millions de dollars par an dans la recherche et l'éducation par l'intermédiaire des deux fondations de l'organisation avec laquelle je travaille, la Princess Margaret Foundation et le Réseau universitaire de santé, l'UHN.
Nous réunissons des scientifiques remarquables qui s'intéressent au soin de la démence. Je vous encourage aussi à envisager les disciplines techniques de manière plus large, car nous pensons historiquement aux équipes de recherche traditionnelles. Traditionnellement, elles n'auraient pas inclus des scientifiques en intelligence artificielle, des experts en données, des lacs de données ou des ingénieurs remarquables dans tous les domaines et des ingénieurs universitaires.
Nous sommes vraiment à la pointe de la science canadienne, littéralement dans toutes les disciplines. Elle peut être réunie pour une avancée ambitieuse sur le plan des maladies du cerveau et en particulier la démence qui, nous le savons, représente pour la plupart des Canadiens ce qu'ils craignent le plus du vieillissement.
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J'ai une question pour M. Smith.
Je pense que si vous demandiez aux Canadiens quel serait, à leur avis, l'exploit le plus ambitieux, ils répondraient que ce serait la guérison du cancer.
Si nous prenons comment, au Canada et dans le monde, nous avons réagi à la pandémie, comment nous avons réussi, et avec quelle rapidité nous avons trouvé un vaccin, cela a vraiment montré ce qui était possible.
La même chose est-elle possible pour le cancer? Faut‑il avoir la volonté politique et être prêts à investir l'argent nécessaire? Pourrions-nous parvenir à un remède généralisé ou à un remède pour des cancers individuels dans des délais raisonnables si nous sommes disposés à y consacrer argent et efforts?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais vous aviser que je vais parler de ma motion, qui a déjà été déposée en avis aujourd'hui, à cinq secondes de la fin.
Ma première question s'adresse à M. Smith.
Le Réseau universitaire de santé mène des recherches de pointe sur une multitude de domaines de la santé afin d'acquérir de nouvelles connaissances et de trouver des nouveaux traitements qui amélioreront la condition humaine. Parmi ces domaines, il y a la cardiologie, les neurosciences, l'oncologie, les maladies infectieuses et la génomique, pour ne nommer que ceux-là. À n'en pas douter, les besoins en santé sont énormes.
Dans ce contexte, j'aimerais connaître votre avis sur la façon dont le gouvernement devrait allouer les fonds destinés à la recherche en santé.
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C'est une excellente question, monsieur.
Je pense que le défi, de toute évidence, est de savoir si nous allons nous concentrer sur l'objectif ambitieux et être très déterminés quant aux résultats, aux mesures et à l'évaluation, ou s'il s'agira d'un investissement continu par l'intermédiaire des trois conseils et au‑delà, y compris la recherche industrielle.
Pour ma part, je pense qu'il faut les deux ou tous les éléments — la philanthropie, les trois conseils, l'investissement des provinces et l'investissement dans les infrastructures.
Ensuite, il s'agira de produire un plan stratégique, pour chacune des institutions et pour l'ensemble des institutions collaboratives, qui traitera de la nature des investissements qu'elles reçoivent et du genre des résultats attendus. Il y aura ensuite les évaluateurs qui veilleront à ce que les Canadiens en aient le plus possible pour leur argent, que cela soit par des mécanismes traditionnels d'évaluation de la recherche — revues importantes, travaux grandement félicités ou travaux menant à des brevets et découvertes pouvant générer un avantage économique —, ou des résultats dans un environnement universitaire plus traditionnel par la création d'une science fondamentale pouvant être exploitée.
À mon avis, l'écosystème de la recherche au Canada est sain, mais il est vulnérable. Nous voyons d'autres pays investir beaucoup plus. Par exemple, l'administration américaine actuelle offre une augmentation de 10 milliards de dollars aux National Institutes of Health, ce qui correspond en fait à l'investissement collectif que nous faisons dans les trois conseils.
Pour moi, cela signifie qu'il faut suivre le rythme des investissements des autres pays et veiller à ce que l'afflux des cerveaux dont nous avons bénéficié les 10 ou 20 dernières années se poursuive et que les chercheurs voient le Canada comme un endroit brillant et dynamique où demeurer.
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Pour les chercheurs, leur première loyauté va évidemment à leur science et à la recherche de conditions propices à la réussite. Cela signifie la disponibilité de fonds pour la recherche et la disponibilité de fonds pour les étudiants — votre groupe de témoins précédent en a parlé — et la possibilité de toucher un salaire décent pour ceux qui entreprennent une formation de boursier et au‑delà.
Il s'agit de la possibilité de mettre en place l'infrastructure coûteuse que requiert souvent la recherche, un peu comme ce qu'investit la Fondation canadienne pour l'innovation. Il y a, bien sûr, une demande illimitée pour le financement par les trois Conseils. Il y a une très grande quantité d'excellents travaux scientifiques que nous sommes malheureusement incapables de financer.
Ensuite, il y a la compétitivité internationale.
Cependant, je ne pense pas que cela doive nous rebuter ou nous faire reculer. Je vois le livre vert, madame Duncan, et je vais me taire.
J'ai juste une petite pensée. En ce qui concerne la science internationale, je ne crois pas que nous ayons à faire venir tout le monde au Canada. Nous pouvons nous inspirer de modèles comme celui de l'Institut canadien de recherches avancées et acheter des portions des meilleurs chercheurs du monde entier, qui viendraient au Canada pour des périodes définies. Si la COVID a prouvé quelque chose, c'est que le monde entier peut collaborer sans se déplacer, et nulle part ailleurs autant que dans le domaine des sciences.
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J'y vais donc pour la motion, madame la présidente. Nous ferons cela dans un temps record.
Le texte de l'avis de motion dont vous avez déjà pris connaissance, chers collègues, est le suivant:
Que la date limite pour soumettre les mémoires relatifs à l'étude de la recherche et de la publication scientifiques en français soit prolongée jusqu'à 17 heures le jeudi 22 décembre 2022.
Vous le savez, j'ai déjà discuté de ce sujet auparavant. Pour résumer la situation, nous attendons la comparution du , François-Philippe Champagne. J'ai déjà invité le ministre à comparaître. Nous avions également eu une entente entre les partis le 31 octobre dernier.
M. le ministre devrait venir au Comité prochainement. Selon les dernières informations que nous avons, il sera des nôtres le 12 décembre. Nous le souhaitons grandement.
Plusieurs témoins m'ont dit vouloir attendre la comparution du ministre avant de déposer leurs mémoires. Comme le stipulait notre entente, nous nous donnions 10 jours supplémentaires, après la venue du ministre, comme date limite pour soumettre des mémoires.
C'est la raison du dépôt de cette motion ce soir.
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Absolument, monsieur Cannings.
Lorsque vous pensez à la chambre dans laquelle certains d'entre vous sont assis, vous vous souvenez peut-être que c'est M. Lalonde, je crois, au début des années 1970, qui a vraiment présenté la notion de la santé de la population aux Canadiens. Cela signifie non seulement un système de soins de santé pour les personnes malades, mais aussi la reconnaissance que l'éducation, le logement, la sécurité alimentaire, l'éradication de la pauvreté et une bonne eau potable sont des composantes incroyablement importantes de la santé. Bien sûr, pour les soins de santé, il faut des mécanismes de prestation solides.
Nous savons actuellement que l'un des plus grands défis auxquels est confronté notre système de soins de santé est l'adéquation des ressources humaines en santé. Ce défi n'est pas propre au Canada; il se pose partout dans le monde. Si l'on pense à l'économie des soins de santé, on se rend compte que c'est l'un des programmes sociaux les plus coûteux, mais aussi des plus importants, quoique j'avoue avoir un léger parti pris.
Cela dit, si nous voulons vraiment examiner l'efficacité du système, nous devons souvent nous pencher sur les incitatifs que nous y avons intégrés.
Je pourrais penser à un projet ambitieux qui se pencherait sur la durabilité d'un système de soins de santé, mais comprendrait‑il des économistes qui réfléchiraient à la manière de mieux financer le système et de mieux harmoniser nos incitatifs avec les résultats espérés? Inclurait‑il une réflexion sur les scientifiques de données et les experts en intelligence artificielle qui peuvent aider les Canadiens à prendre de meilleures décisions individuelles? Cela comprendrait‑il une perspective de santé numérique permettant aux personnes atteintes de maladies chroniques, comme l'insuffisance cardiaque congestive ou la maladie respiratoire obstructive, de pouvoir être gérées à domicile à l'aide d'appareils téléchargeables et portables, qui sont en fait fabriqués ici même au Canada par des entreprises remarquables qui sont en fait souvent plus attrayantes sur le marché international que sur notre propre marché canadien?
Enfin, et ce n'est certainement pas le moins important, qui sont les médecins, les infirmières et les thérapeutes qui, nous le savons, pourraient et devraient être intégrés au système de soins de santé afin d'améliorer considérablement la situation des ressources humaines en santé? Nous pourrions facilement penser à un modèle de soins qui jumelle la science et le social, la science et l'économie, par lequel nous constituerions vraiment l'équipe la plus multidisciplinaire que nous puissions imaginer pour traiter à la fois la santé de la population et de ceux qui sont malades et ont besoin d'un traitement.
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Nous avons ici toutes les composantes dont nous avons besoin. Nous avons les laboratoires. Nous avons la source de combustible en Ontario, avec les Laboratoires Nucléaires Canadiens. Nous avons des services publics que la transition intéresse. J'étais juste en Alberta, et ils auraient abandonné le charbon beaucoup plus tôt, et je suis sûre qu'ils abandonneraient la source intermédiaire de combustible encore plus tôt, si quelque chose comme ça était disponible.
Nous avons une histoire de développement énergétique et de leadership. Nous sommes également des chefs de file en matière de climat à l'échelle internationale. Nous avons une excellente réputation. Nous serions une source politiquement sûre d'où exporter cette technologie, surtout selon la crise actuelle et les défis géopolitiques en matière de sécurité énergétique.
Encore une fois, nous avons les institutions académiques. Je rencontre constamment des gens qui travaillent, par exemple, à l'Université de l'Alberta, à l'Université de la Saskatchewan ou à l'Université de la Colombie-Britannique et qui ont une formation en physique des plasmas, en science des particules, en science des matériaux ou en génie mécanique.
Nous avons tous les éléments constitutifs. Nous devons simplement les réunir dans un programme officiel et engagé et avoir l'engagement politique à le soutenir.
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Je pense que l'identification de ce à quoi ressemble exactement l'objectif et le délai pour y parvenir...
Je pense que les objectifs ambitieux les plus réussis identifient d'abord le problème et le pourcentage ou la proportion de Canadiens qui seraient d'accord pour dire que de toutes nos pressions sociales et de tous les problèmes les plus pénibles, ce problème se classe parmi les trois premiers.
Nous nous pencherons ensuite sur les genres de ressources dont le Canada dispose déjà. Dans le cas de la recherche, les ressources sont une communauté de chercheurs très solide et la possibilité de tirer parti des investissements et d'une forte présence commerciale, que ce soit dans l'un ou l'autre des sujets que ma collègue ici ce soir ou moi-même avons abordés, soit les soins de santé ou l'énergie.
Enfin, et ce n'est certainement pas le moins important, ce sont les analyses productives qui nous permettent de montrer aux Canadiens que nous faisons des progrès sur la scène mondiale. Je pense que peu de Canadiens souhaiteraient dire: « J'aimerais avoir le meilleur système de lutte contre le cancer ou le meilleur système énergétique au Canada. » Ils veulent le meilleur système de lutte contre le cancer ou le meilleur système énergétique au monde. Comment pouvons-nous démontrer que les Canadiens obtiendront cela grâce à ces investissements?