:
Bienvenue à la 78
e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes.
La réunion d’aujourd’hui se déroule sous forme hybride, conformément au Règlement. Par conséquent, certains membres sont présents dans la salle, mais d'autres, ainsi que des témoins, participent à distance à la réunion en utilisant l'application Zoom.
Tout en vous exprimant dans la langue officielle de votre choix, vous pouvez utiliser le bouton de l'interprétation en bas de votre écran. Si vous n'entendez pas l'interprète, dites‑le‑moi aussitôt et nous suspendrons la séance le temps de régler le problème.
Posez les questions par mon intermédiaire, comme vous le faites d'habitude. Je demanderai aux membres et aux témoins présents dans la salle de tenir leurs écouteurs loin de leur microphone afin de ne pas provoquer d'effet Larsen. Nous ne voulons pas faire courir de danger à nos interprètes pendant la réunion. Parlez lentement et clairement et, quand vous ne parlez pas, mettez votre micro en sourdine.
En ce qui concerne la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour en suivre l'ordre. Elle changera cependant au fil de la réunion.
Conformément à l'article 108(3)h) du Règlement et aux motions adoptées par le Comité le mardi 30 janvier et le jeudi 15 février 2024, le Comité commence son étude de la répartition du financement du gouvernement fédéral entre les établissements postsecondaires du Canada.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir Mme Nicole Vaugeois, vice-présidente adjointe, Recherche et études supérieures, Alliance canadienne des universités de recherche de petite et de moyenne taille. M. Chad Gaffield, chef de la direction, U15 Regroupement des universités de recherche du Canada, est des nôtres virtuellement. Il comparaît de nouveau devant le Comité. Nous accueillons également M. Philip Landon, administrateur en chef d'Universités Canada.
Soyez tous les bienvenus. Nous sommes ravis de vous accueillir de nouveau au Comité. Je suis impatient de commencer cette étude.
Je remercie Maxime Blanchette-Joncas de l'avoir proposée.
Nous donnerons d'abord la parole à nos intervenants, qui disposeront chacun de cinq minutes, et nous commencerons par Mme Nicole Vaugeois.
:
Je remercie le Comité de cette occasion d'exposer les points de vue des membres de l'Alliance canadienne des universités de recherche de petite et de moyenne taille, autrement appelée ACCRU.
Notre alliance représente 46 des 92 universités du Canada, autrement dit 50 % d'entre elles. Nos membres sont des universités de petite et moyenne taille des 10 provinces et du Yukon.
En même temps que leur grande diversité, nos établissements se caractérisent notamment par des compétences de premier ordre dans des disciplines qui sont souvent étroitement liées aux priorités économiques, sociales et environnementales de leur région. Ils permettent aux apprenants canadiens d'accéder à l'enseignement postsecondaire dans leur région et dans la langue de leur choix. Ils offrent des possibilités de formation transformationnelle, souvent au premier cycle. Ils ont des liens étroits avec leur région et des relations établies avec l'industrie, la collectivité et des partenaires autochtones. Plusieurs sont relativement récents. Ils comptent un petit nombre d'enseignants, leur infrastructure de recherche est limitée et leurs équipes d'administration des activités de recherche manquent de ressources.
Nous saluons l'initiative du Comité et espérons qu'elle permettra de mettre en lumière certaines des réalités historiques et actuelles de la répartition des fonds de recherche fédéraux au Canada.
D'après notre analyse approfondie, les principaux paramètres tirés des données relatives aux concours de financement montrent que la répartition actuelle se concentre nettement sur des établissements situés dans les plus grands centres urbains du Canada. Ainsi, 79 % des fonds fédéraux vont à 15 universités canadiennes qui représentent 52 % des chercheurs canadiens et 59 % des étudiants de cycle supérieur. En fait, 77 % des fonds vont aux 20 % de chercheurs les mieux lotis du pays, et 23 % vont au 1 % de chercheurs qui reçoivent le plus financièrement au total.
Bien que nos membres représentent la moitié des universités canadiennes, nous recevons 12 % des fonds du Conseil de recherches en sciences humaines, le CRSH; 9 % des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le CRSNG; 2 % des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC; et 4,5 % des fonds de la Fondation canadienne pour l'innovation, la FCI. Le Canada est conscient de ces inégalités depuis 2001 et, malgré les recommandations formulées par le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes dans son étude de 2002 pour remédier au problème, les choses ont empiré.
Au Canada, la recherche ne se limite pas à quelques régions. Ainsi, nos chercheurs entreprennent des études sur un large éventail des priorités les plus pressantes de notre pays en matière de santé et de sciences naturelles et sociales. Elles mènent à des découvertes, entre autres, sur la sécurité alimentaire, l'atténuation des incendies de forêt, la gestion des urgences, la santé rurale, l'itinérance et la crise des drogues toxiques, et elles permettent des progrès dans nos secteurs de ressources.
Ces universités se révèlent être très performantes en matière de rendement des investissements dans la recherche. Un financement limité peut changer la donne pour elles. Elles sont, par ailleurs, vulnérables à des fluctuations du financement de la recherche qui seraient sans conséquence pour certains grands établissements.
Nous appuyons bon nombre des recommandations du Rapport Bouchard relatives à l'augmentation du financement des conseils. Cependant, nous sommes fermement convaincus que ledit financement doit se faire de manière beaucoup plus équitable. Actuellement, la répartition des fonds est souvent biaisée au Canada parce qu'elle repose sur les taux de réussite précédents, autrement dit sur l'idée que le succès engendre le succès. Cela limite le rendement de l'investissement dans la recherche, ce que l'on appelle l'effet Matthieu, et creuse le fossé entre les établissements nantis et les établissements démunis.
Il est grand temps de changer ce modèle de répartition. Les programmes spéciaux sont souvent lancés d'une manière qui empêche les universités de petite et moyenne taille d'y participer. Il en résulte, notamment, que 90 % des fonds alloués aux travaux de recherche des étudiants sont intégrés dans des subventions à la recherche dirigée par les chercheurs. Tant que le soutien financier aux étudiants ne sera pas augmenté sans être lié à la réussite et au financement par les trois conseils, bien des étudiants canadiens n'auront pas accès au financement dont ils ont besoin pour mener leur formation à la recherche, à moins de passer par des établissements mieux dotés.
Les établissements doivent supporter les coûts directs de l'administration des fonds de recherche. Le montant versé par le Fonds de soutien à la recherche repose également sur les succès obtenus avec les fonds des trois conseils. Les établissements de petite et moyenne taille ont donc beaucoup de mal à satisfaire au nombre croissant d'exigences de conformité auxquelles les universités doivent se plier, la plus récente concernant la sécurité de la recherche.
Au moment où le Comité entreprend cet important travail, nous l'encourageons à se demander si la répartition des fonds fédéraux répond aux priorités et aux besoins de tous les Canadiens, si elle limite notre compétitivité et notre potentiel d'innovation, et si elle répond aux besoins de formation de tous les apprenants canadiens.
Le Canada a la possibilité de tirer parti de ses talents considérables en matière de recherche pour mener ces travaux d'une importance capitale, mais ce ne sera possible que si nous reconnaissons que nous avons conçu un système qui en privilégie certains et qui en limite d'autres de façon disproportionnée.
Si rien n'est fait, le fossé continuera de se creuser et de limiter l'excellence de notre recherche.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je vous remercie grandement de me donner la chance de comparaître devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
Je tiens, tout d'abord, à vous remercier de nouveau de tout ce que vous faites pour renforcer la science et la recherche au Canada.
Mes observations aujourd'hui porteront principalement sur l'attribution de fonds de recherche aux établissements postsecondaires canadiens par les organismes subventionnaires fédéraux. De temps en temps au cours de l'histoire du financement fédéral de la recherche, la question est soulevée, notamment lorsque le soutien à la recherche accuse un retard par rapport aux attentes croissantes de l'écosystème canadien de la recherche.
Comme vous le savez, U15 Canada regroupe les 15 principales universités à forte intensité de recherche qui se sont réunies en 2012 pour créer une association dont l'objectif est d'aider à promouvoir des politiques et des programmes de recherche et d'innovation dans l'intérêt de tous les Canadiens. L'accent mis par U15 Canada sur les activités fédérales relatives à la recherche s'ajoute au travail d'autres associations et explique pourquoi nous sommes heureux de faire partie des membres fondateurs de la Coalition canadienne pour la recherche.
Les Canadiens sont fiers, à juste titre, d'avoir chez eux des universités prestigieuses qui rivalisent avec les meilleures du monde. Ces universités servent de pôles de recherche nationaux. Elles jouent un rôle de premier plan en permettant aux chefs de file de l'industrie, aux décideurs et aux gouvernements d'accéder au savoir mondial et à des personnes hautement qualifiées et talentueuses qui stimulent l'innovation dans tous les secteurs.
Dans de nombreux cas, les universités à forte intensité de recherche servent de catalyseurs dans tout l'écosystème de recherche diversifié du Canada, qui comprend non seulement les universités, mais aussi les hôpitaux de recherche, les collèges, les écoles polytechniques et d'autres organisations.
Par exemple, des membres d'U15 qui collaborent avec 18 autres établissements ont participé à six des 11 projets de recherche financés par le premier Fonds d'excellence en recherche du Canada en 2022. De telles collaborations sont courantes dans tous les programmes de subvention, comme le montre la recherche sur l'environnement. Ainsi, un projet financé par la FCI comprend maintenant d'éminents chercheurs de l'Université de Waterloo, de l'Université de l'Alberta et de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue qui étudient la contamination dans la gestion des déchets et espèrent trouver des solutions rentables.
Autre exemple, le projet « Transformer l'action pour le climat » est une initiative majeure menée par l'Université Dalhousie avec l'Université du Québec à Rimouski, l'Université Laval et l'Université Memorial.
Il est essentiel de souligner que l'attribution de toutes les subventions de recherche suit un processus rigoureux, indépendant et non partisan d'évaluation du mérite auquel participent des universitaires, des scientifiques, des ingénieurs et d'autres experts venus des universités, de l'industrie et du gouvernement. Les Canadiens ont toutes les raisons d'être fiers que le soutien fédéral aux chercheurs repose sur le mérite individuel de leurs travaux, déterminé par des experts indépendants, sans aucune préférence fondée sur l'établissement des candidats. Les organismes subventionnaires fédéraux mettent continuellement à jour leurs processus rigoureux d'évaluation du mérite afin de tenir compte d'observations et de données probantes sur la meilleure façon de prendre les décisions difficiles de financer des demandes particulières.
Le Canada est mondialement reconnu pour ses pratiques exemplaires en matière d'évaluation de la recherche scientifique et universitaire. Le récent Rapport Bouchard formule des recommandations qui visent à améliorer l'attribution des subventions de recherche interdisciplinaire, internationale et axée sur une mission. Nous attendons avec impatience la réponse du gouvernement.
Toutefois, l'écart qui se creuse entre les fonds disponibles, d'une part, et les attentes et le potentiel croissants de l'écosystème de recherche et d'innovation du Canada, d'autre part, est le facteur le plus important dans nos discussions d'aujourd'hui, car il en résulte que les chercheurs de tous les établissements se disputent des fonds insuffisants. C'est pourquoi U15 Canada appuie avec enthousiasme les recommandations du Rapport Bouchard visant à augmenter les budgets de base annuels des conseils subventionnaires, ainsi qu'à fournir aux étudiants de cycle supérieur et aux boursiers postdoctoraux un soutien qui soit compétitif à l'échelle mondiale.
Un investissement fédéral majeur dans l'écosystème de la recherche permettrait de mieux soutenir les activités de recherche dans des établissements de toutes tailles et tous mandats. C'est pourquoi l'érosion actuelle du financement de la recherche occupera sans aucun doute une place essentielle dans votre étude, ainsi que dans votre travail inlassable de défense des intérêts dans la perspective du prochain budget fédéral.
[Français]
Merci beaucoup.
[Traduction]
Je me réjouis d'avance de notre discussion.
:
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui pour discuter de l'importante question du financement des établissements d'enseignement canadiens.
Universités Canada représente 97 établissements de toutes tailles, qu'il s'agisse d'universités à forte intensité de recherche, d'établissements régionaux polyvalents ou de petits établissements ciblés. Ils font tous partie de notre écosystème de recherche riche et varié.
[Traduction]
Comme vous le savez, nos universités, qui sont les piliers de leurs collectivités, s'attachent à résoudre les problèmes complexes d'aujourd'hui et de demain. Plus important encore, elles forment les talents hautement qualifiés dont le pays a besoin en dotant plus de 1,4 million d'étudiants des compétences nécessaires pour stimuler l'économie canadienne avec succès.
La recherche-développement universitaire est un moteur important de l'innovation et de la croissance économique. Or, les universités réalisent plus de 40 % de la R‑D canadienne, produisant ainsi plus de 55 milliards de dollars d'activité économique par an et soutenant 680 000 emplois directs et indirects dans des collectivités de toutes tailles. En ce qui concerne le financement de la recherche, cependant, le Canada accuse un net retard sur ses pairs qui ont fait de nouveaux investissements importants pour soutenir la formation avancée en recherche.
Le nombre et le montant des bourses d'études supérieures canadiennes ne suivent pas l'inflation ou l'augmentation de la population estudiantine. On estime que chaque année, des milliers d'étudiants qui viennent d'obtenir leur doctorat quittent le Canada pour poursuivre des carrières à l'étranger, ce qui représente une perte annuelle de 740 millions de dollars pour notre pays. Cela pose un sérieux problème pour l'économie canadienne et la croissance future. Les universités canadiennes font face à des restrictions financières considérables, tant en matière de financement de la recherche qu'en ce qui concerne d'autres mécanismes de financement.
L'étude dont il est question aujourd'hui porte sur la répartition du financement fédéral entre les universités canadiennes, mais je déconseillerai au Comité de l'aborder en pensant qu'il est nécessaire de retirer à un établissement pour en soutenir un autre, ce qui reviendrait à redistribuer des fonds de recherche qui diminuent. Une telle approche nous ferait prendre encore plus de retard sur nos concurrents mondiaux.
Nous encourageons plutôt le Comité à se concentrer sur des solutions qui permettront au gouvernement de faire en sorte que des fonds suffisants soient disponibles pour toutes les universités et accessibles aux chercheurs d'établissements de toutes tailles qui doivent aussi pouvoir voir leurs demandes de subvention de recherche acceptées.
Il faut, dans un premier temps, beaucoup investir dans l'écosystème de la recherche. Comme le Comité le sait probablement, nous demandons une augmentation de 10 % des volets de financement de base de la recherche des organismes subventionnaires du Canada sur les cinq prochaines années. Ces organismes constituent le cœur de l'économie canadienne de l'innovation et ils sont essentiels pour créer un large éventail de possibilités de formation à la recherche qui renforcent les compétences recherchées dont le Canada a besoin.
Le gouvernement doit également soutenir l'excellence en matière de recherche et empêcher une fuite des cerveaux vers d'autres pays. Nous recommandons de doubler le nombre de bourses d'études supérieures canadiennes, d'en augmenter le montant de moitié et de l'indexer sur l'inflation, afin de ne pas avoir de nouveau cette conversation dans 10 ans.
Le propre conseil consultatif du gouvernement fait les mêmes recommandations dans le Rapport Bouchard, et le Comité les a lui aussi faites après l'étude sur les bourses d'études supérieures et les programmes et de bourses postdoctorales.
Le gouvernement devrait chercher à réduire les obstacles aux demandes. Les chercheurs principaux consacrent de moins en moins de temps à leurs recherches et plus de temps aux tâches administratives liées à des processus de demande de financement fastidieux. Cela pèse particulièrement sur les équipes de plus petite taille qui ne peuvent pas se voir privées d'un seul chercheur pour leurs travaux.
Les récentes mesures concernant la sécurité de la recherche illustrent bien ce défi. Il est absolument nécessaire de protéger notre recherche des transferts de propriété intellectuelle indésirables, et les universités canadiennes sont devenues des leaders mondiaux dans le renforcement des capacités à cet égard. Cependant, ces mesures représentent également une charge administrative importante pour les universités. Les petits établissements reçoivent des sommes beaucoup plus modestes ou sont parfois complètement exclus des fonds de soutien à la recherche en ce qui a trait à sa sécurité, et les chercheurs s'en retrouvent avec des soutiens limités.
[Français]
Le rapport Bouchard recommandait également des changements structurels à l'écosystème de recherche afin de rendre les subventions plus accessibles, notamment en créant un point de demande unique pour les subventions. Nous appuyons cette recommandation.
[Traduction]
Il est toutefois important de noter que, même si ces obstacles sont levés, il est essentiel d'investir sans tarder dans la recherche pour la prospérité économique du Canada et pour reconstituer sa capacité de recherche, encourager l'innovation, créer des emplois dans les villes de tout le pays et garantir la compétitivité de notre nation au XXIe siècle.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole aujourd'hui.
[Traduction]
Je vous remercie.
Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui. Je suis très heureux de pouvoir entendre vos différents points de vue sur cette question importante.
Monsieur Gaffield, je commencerai par vous. J'ai été frappé par certains points dans vos observations préliminaires. Vous avez parlé de « catalyseurs » et expliqué que les établissements à forte intensité de recherche pourraient jouer un rôle de catalyseur. J'ai trouvé cela intéressant parce que l'idée nous amène au cœur du problème.
J'ai beaucoup travaillé dans le secteur non lucratif et caritatif pendant la majeure partie de ma carrière, et nous faisions, comme aujourd'hui dans le sujet qui nous occupe, le constat que la concurrence était vive autour de ressources limitées. Nous avons aussi fait le constat que les organisations qui se livraient concurrence pour ces ressources pouvaient aussi surmonter le problème en collaborant volontairement. Nous avons également constaté que certains des plus grands établissements dans cet espace qui ont des capacités peuvent être traités comme des plateformes partagées. C'est le terme que nous utilisions à l'époque où je travaillais sur ce sujet. Ils peuvent utiliser leurs capacités administratives, etc., pour aider de plus petits établissements à faire beaucoup de travail collaboratif et approfondi.
Au fond, quelle est notre raison d'être et que cherchons-nous à accomplir? Il ne s'agit pas de créer des établissements, mais bien de faire de la recherche. Il s'agit de faire progresser la recherche et l'innovation.
Comment U15 y parvient‑il et peut‑il faire plus? Étant donné l'occasion qui nous est donnée d'en discuter ensemble de manière approfondie, y a‑t‑il un moyen pour U15 de faire encore plus en prêtant sa capacité et son envergure au profit de tous?
:
Tout à fait. Je vous sais gré de cette question pour différentes raisons.
Tout d'abord, je pense qu'il est vraiment trompeur de comparer les petites universités, les universités de moyenne taille, les grandes universités et ainsi de suite parce que, lorsque nous examinons une grande partie de l'activité de recherche qui est menée, les grandes universités en milieu urbain, qui sont les universités à forte intensité de recherche, servent souvent de pôles. Que ce soit au niveau régional, national ou mondial, elles réunissent des chercheurs talentueux issus de tout établissement compétent.
Les exemples que j'ai donnés tout à l'heure — et il y en a beaucoup d'autres — montrent qu'il s'agit d'un écosystème où tout est très étroitement lié. Le Canada a besoin de ces leaders mondiaux tout comme ils ont besoin de possibilités de faire émerger des talents de n'importe où. On ne sait jamais d'où peut surgir le prochain grand chercheur, et nous voulons leur donner la possibilité de participer à ces grandes initiatives qui traitent de problèmes, que ce soit dans l'agriculture ou l'énergie, comme nous le disions plus tôt.
Je tiens à souligner l'importance de... Lorsque nous examinons des mesures, des pourcentages et ainsi de suite, il ne faut pas oublier que ce sont les grandes universités en milieu urbain qui abritent les facultés de médecine. Par exemple, il est très trompeur d'inclure le financement des IRSC et de l'évaluer ensuite en fonction d'une prétendue répartition. Il est évident que les établissements membres d'U15 reçoivent l'immense majorité des fonds des IRSC, tout simplement parce que les facultés de médecine menant au doctorat s'y trouvent.
À mon avis, nous avons, heureusement, au Canada, comme aux États-Unis, en Grande-Bretagne, etc., un système beaucoup plus intégré. Les établissements internationaux jouent ce rôle en servant de catalyseurs là où ils se trouvent au Canada.
:
Je vous remercie, monsieur Cannings.
Oui, en fait, nous représentons les universités membres de l'ACCRU, d'U15 et d'une autre sorte de niveau intermédiaire aussi.
L'écosystème de la recherche du Canada très respecté, mais ce n'est qu'un écosystème. Il faut que les universités à forte intensité de recherche excellent dans la recherche, mais nous devons également reconnaître que les petits établissements mènent aussi d'excellentes recherches.
Je pense qu'il y a des éléments et des principes que nous voulons conserver. J'estime qu'il est extrêmement important d'organiser des concours fondés sur le mérite et évalués par des pairs pour garantir le financement des meilleures recherches, des bonnes recherches. En revanche, nous devons aider à renforcer les capacités des petits établissements, afin qu'ils puissent présenter des propositions compétitives.
Il s'agit, selon moi, d'une question constante d'ajustement, de gestion et d'observation, pour s'assurer que notre écosystème reste vigoureux.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Landon, j'ai été particulièrement frappée par vos observations sur les titulaires de doctorat qui vivent au Canada parce que j'ai lu beaucoup d'articles comme celui paru tout récemment dans le Globe and Mail sous le titre « Toronto's universities produce top talent—then its housing crisis casts them out ».
Il y a eu dernièrement un article sur l'augmentation de 600 % du recours à la banque alimentaire de l'Université Western. Un autre article parle d'un certain Matthew Berg qui a obtenu son doctorat en biochimie à l'Université Western. Il voulait devenir professeur et il savait qu'il devait faire des études postdoctorales. Il disait s'être informé auprès de plusieurs universités canadiennes et savoir « que le coût de la vie était fou ». Il a donc quitté le pays.
Je sais que les associations comme la vôtre ont tendance à demander plus de fonds au gouvernement fédéral. Je tiens aussi à souligner que le budget total des IRSC avoisine le milliard de dollars. Il en va de même du CRSNG. Au cours des huit dernières années, nous avons vu les frais de consultants du gouvernement fédéral augmenter d'environ 10 milliards de dollars. Donc, quand on y pense... Le scandale de l'organisme UNIS se chiffrait à un milliard de dollars.
Je concentrerai mes questions sur les politiques que vous préconisez au sein de vos universités pour réduire le coût des intrants nécessaires à leur fonctionnement, ainsi que le coût de la vie des chercheurs pour lesquels vous demandez de l'argent.
Je commencerai par M. Gaffield.
Votre organisation demande‑t‑elle quelque chose de précis au gouvernement fédéral pour ce qui est de réduire les pressions inflationnistes sur les étudiants, comme la taxe sur le carbone?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui, en ce premier jour sur six, soit 12 heures, d'une étude de la répartition du financement du gouvernement fédéral entre les établissements postsecondaires du Canada.
Je crois que cette étude est importante. Le point de vue des établissements postsecondaires et des étudiants est primordial. Mardi, j'ai pris part à une conférence de presse afin de demander aussi un soutien accru aux étudiants de cycle supérieur et aux chercheurs postdoctoraux. Aujourd'hui, bien sûr, nous sommes ici pour voir comment nous pouvons mieux soutenir les établissements de toutes tailles. Ils sont tous tout aussi importants dans l'écosystème canadien.
Monsieur Gaffield, permettez-moi de commencer par vous, tout simplement parce que vous représentez une des 15 universités des provinces de l'Atlantique à l'est de Montréal. Je veux parler de l'Université Dalhousie, où j'ai étudié. Elle abrite, évidemment, des chercheurs de renommée mondiale dans le domaine des batteries. Pas plus tard que la semaine dernière, elle a reçu une subvention fédérale de 5 millions de dollars pour financer la création d'une installation universitaire de prototypage et de production de batteries, la première au Canada, qui devrait ouvrir ses portes l'an prochain.
Le gouvernement fédéral a fait un investissement il y a plusieurs années, et j'y ai participé il y a quelques années lorsque j'étais au palier provincial... L'an dernier, le premier Fonds d'excellence en recherche du Canada a fait un investissement historique afin d'entreprendre l'étude la plus intensive jamais réalisée sur le rôle des océans dans les changements climatiques. La Nouvelle-Écosse est évidemment très bien placée pour mener cette étude.
Ce n'est qu'un aperçu. Il se passe beaucoup de choses dans ma région et dans ma province. Pouvez-vous nous expliquer en quoi les fonds que reçoit l'Université Dalhousie influent sur ses résultats et ses apports en matière de recherche? Comment collabore‑t‑elle avec d'autres partenaires dans l'écosystème, que ce soit en Nouvelle-Écosse ou ailleurs dans le pays ou encore à l'échelle internationale?
:
C'est une excellente question. Je vous remercie.
L'Université Dalhousie est un excellent exemple d'université réellement ancrée dans sa région, tout en apportant sa contribution à l'échelle mondiale. L'accent qu'elle met sur les océans, par exemple, et sur leur rôle dans les changements climatiques — avec notamment le projet « Transformer l'action pour le climat » que vous avez mentionné, qui est mené en collaboration avec d'autres universités, comme l'Université du Québec à Rimouski, l'Université Laval, l'Université Memorial, etc. —, montre merveilleusement bien comment le financement fédéral, dans ce cas les 154 millions de dollars pour ce projet et tous les partenaires, permet de réunir près de 400 millions de dollars.
Nous parlions tout à l'heure de la possibilité de dotations et d'autres types de financement, etc. Ce que nous constatons, c'est que ces projets ne peuvent être menés à bien que de manière très entrepreneuriale, en trouvant d'autres sources de financement. Comme vous le savez, pour les grandes universités à forte intensité de recherche, le Fonds de soutien à la recherche, qui aide à couvrir ce que nous appelions les frais généraux de la recherche, est structuré de telle sorte que les grandes universités doivent couvrir des frais importants, ce qu'elles font. L'Université Dalhousie est, selon moi, un excellent exemple de leur rôle de catalyseur, de leader, qui permet d'attirer d'autres partenaires, d'avoir un impact réel sur la région, tout en ayant une incidence positive sur les changements climatiques à l'échelle mondiale, par de nouvelles technologies de capture du carbone océanique et de nouvelles solutions pour aider les collectivités côtières menacées par les changements climatiques.
L'Université Dalhousie est, à mon avis, un très bel exemple qu'il serait bon, à vrai dire, de célébrer.
Cela nous amène à la fin de l'heure. Je remercie les témoins d'être venus et d'avoir fourni d'excellentes réponses dans les limites du temps qui nous est imparti, ce qui nous pose toujours des problèmes. Si vous avez plus d'information à nous communiquer, vous pouvez toujours la transmettre au greffier si vous n'avez pas eu le temps de tout nous dire.
Pour l'instant, je remercie Nicole Vaugeois, Chad Gaffield et Philip Landon pour leur contribution au lancement de notre étude et pour la discussion intéressante que nous avons eue sur les petites universités.
Je remercie M. Lobb pour son coup de chapeau à l'Université de Guelph. On trouve le campus Ridgetown à Clinton, dans sa circonscription, et nous avons donc en commun certains défis. Il y a aussi l'Université Ontario Tech, si nous faisons un tour de table.
Chers collègues, je vous remercie d'avoir participé à cette discussion. Restez sur Zoom si vous êtes sur Zoom. Nous commencerons le prochain tour de table dans quelques minutes, une fois que les participants seront en place.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je m'appelle Pari Johnston, présidente-directrice générale de Collèges et instituts Canada depuis trois mois. Je suis entrée en fonctions au début de décembre et je suis très heureuse d'être ici.
Je suis ici pour vous parler de la façon dont nous pouvons renforcer l'impact de la recherche collégiale grâce à des investissements à grande échelle et à une approche repensée.
La recherche collégiale comporte trois aspects qui lui sont propres. Les sujets de recherche sont déterminés par des partenaires externes, surtout de petites entreprises canadiennes et des organismes à but non lucratif, et les résultats ont des implications concrètes pour les entreprises locales. La recherche est menée et mise en application de manière efficace. Environ 80 % de tous les projets sont achevés en moins d'un an, et toute propriété intellectuelle produite revient au partenaire local, ce qui garantit que les résultats de la recherche profitent à l'économie canadienne, maximisant ainsi l'innovation et les gains de productivité.
Je tiens à souligner trois points aujourd'hui. Tout d'abord, les collèges ont des effets considérables sur la recherche dans les collectivités à travers le Canada. Cependant, nous pourrions faire beaucoup plus si le Canada intensifiait ses efforts et finançait les collèges comme des partenaires de la recherche à parts égales.
Examinons les faits. Les collèges fournissent un vaste savoir-faire en recherche aux entrepreneurs locaux et aux innovateurs sociaux, avec plus de 8 100 projets en 2021-2022. Nous faisons participer les étudiants à la recherche appliquée, dont plus de 27 000 cette même année. Ils ont contribué à créer plus de 2 400 prototypes, plus de 1 800 nouveaux produits, plus de 1 000 nouvelles améliorations de procédés et plus de 900 nouvelles offres de services pour des entreprises et des organismes communautaires. Lorsque vous investissez dans la recherche collégiale, vous obtenez des résultats concrets.
Et voici où le bât blesse. Tout cela a été financé avec seulement 2,9 % du financement des trois conseils, soit environ 109 millions de dollars pour l'ensemble de notre écosystème collégial en 2021.
[Français]
Le deuxième point porte sur la nécessité de recadrer le rôle des collèges au sein de l'écosystème fédéral de la recherche et de l'innovation. Notre secteur a démontré son expertise pour ce qui est de produire des retombées, notamment en « traduisant » la recherche en innovation, mais nous faisons bien plus que cela. Les gouvernements fédéral et provinciaux ne soutiennent pas suffisamment ce secteur. Les choses doivent changer.
Je ne veux pas en faire un débat polarisé opposant les collèges et les universités. Tous deux sont des partenaires essentiels de l'écosystème de la recherche, mais, pour avoir un impact, nous avons besoin d'une expertise diversifiée autour de la table.
Les collèges ont besoin de plus qu'une adaptation forcée à une approche du financement de la recherche axée sur l'université, où ils sont aussi admissibles.
Nous devons repenser les programmes fédéraux de financement de la recherche de manière à ce que les collèges en soient des partenaires à part entière.
Nous avons besoin de conditions d'admissibilité qui tiennent compte des différences organisationnelles et tirent parti des occasions au-delà de l'enseignement.
Nous avons besoin d'investissements à grande échelle, car, si nous voulons accroître notre impact et résoudre les grands défis auxquels le Canada est confronté, il est difficile d'imaginer que 2,9 % du financement fédéral de la recherche — un financement réparti entre environ 120 établissements — permettront aux collèges d'y contribuer pleinement.
[Traduction]
Les collèges peuvent jouer un rôle encore plus important dans la recherche axée sur des défis. Nous nous spécialisons dans la résolution de problèmes et nous pouvons contribuer à relever les grands défis du Canada. Pensons au logement. Pensons à la productivité de la main-d’œuvre. Pensons à l'adaptation aux changements climatiques. Nous encourageons le gouvernement du Canada, en collaboration avec les autres ordres de gouvernement, à adopter une approche de la recherche axée sur des défis qui accorde une place à part entière aux collèges, à définir et à financer les défis stratégiques et à permettre aux collèges, aux universités, aux entreprises et aux organismes à but non lucratif de collaborer à la recherche de solutions systémiques. Par exemple, nous serions ravis de participer à un fonds de défi à la recherche pour l'innovation en matière de logement. Cela aurait un impact réel et concret sur l'un des plus grands problèmes auxquels les Canadiens sont confrontés.
[Français]
L'écosystème de la recherche collégiale est prêt à apporter des contributions substantielles à l'ensemble de la communauté de la recherche au Canada. Compte tenu de ce dont je vous ai fait part aujourd'hui, j'encourage donc le Comité à lancer une étude sur les obstacles à un rôle élargi des collèges dans la recherche, ainsi que sur les avantages, pour le Canada, de ce rôle redéfini et pleinement réalisé.
Le réseau de recherche collégial du Canada est unique au monde. Il constitue un véritable avantage concurrentiel pour notre pays, à condition qu'il soit suffisamment financé et intégré en tant que partenaire à part entière à l'entreprise de recherche.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir offert la possibilité de m'exprimer. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie le Comité de m'avoir invitée à me joindre à vous dès les premières étapes de cette étude.
Comme Pari Johnston l'a dit, la capacité de recherche du secteur des écoles polytechniques et des collèges est négligée et sous-financée. Il vaut la peine de le répéter. L'investissement annuel total des trois conseils dans la recherche universitaire s'élevait à 3,7 milliards de dollars pour l'exercice 2022-2023. La Fondation canadienne pour l'innovation a accordé 386 millions de dollars de plus. Le Programme d'innovation dans les collèges et la communauté, le seul programme ayant pour objectif défini de soutenir la recherche appliquée dans les écoles polytechniques, était doté d'environ 108 millions de dollars cette année‑là.
Autrement dit, 119 établissements admissibles se sont partagé 2,9 % de l'investissement total dans la recherche universitaire. À la Fondation canadienne pour l'innovation, 553 projets ont été financés en 2022-2023. Seuls 17 projets ont été réalisés dans notre secteur, pour un montant total de 15,5 millions de dollars, soit environ 4 %. Compte tenu de l'impact de ces investissements, on ne peut pas vraiment justifier ces disparités.
Polytechnics Canada représente les 13 plus grandes écoles polytechniques, collèges et instituts de technologie et environ 50 % de la population collégiale du Canada. Ensemble, ce réseau a entrepris 3 389 projets de recherche en 2022-2023. Ils ont fait participer plus de 21 000 étudiants et ont cocréé 2 678 prototypes en collaboration avec plus de 2 600 partenaires commerciaux.
Pour chaque dollar investi par le gouvernement fédéral, les écoles polytechniques ont pu réunir 2,24 $ d'autres sources.
Les histoires qui sous-tendent ces chiffres sont encore plus convaincantes.
Au cours de l'année écoulée, Polytechnics Canada a entrepris une recherche sur l'impact économique de la recherche appliquée. Nous avons parlé aux chercheurs principaux et à leurs partenaires commerciaux afin de comprendre comment leurs collaborations produisent des résultats. Ils nous ont parlé de la valeur de la recherche axée sur le marché. Chaque projet est entrepris à la demande d'une entreprise privée, d'un organisme public ou d'une organisation à but non lucratif. Ces organisations s'adressent aux établissements d'enseignement pour leur présenter un défi, une idée ou un obstacle à leur croissance. Le partenaire définit la portée du projet et conserve la propriété intellectuelle à l'issue du projet.
Par exemple, Sheridan utilise l'intelligence artificielle pour trouver des solutions pour les personnes âgées. Kwantlen Polytechnic a mis au point une chambre hyperbare légère pour traiter le mal des montagnes chez les randonneurs.
La nature axée sur le marché de la recherche cadre avec les ambitions fédérales visant à accélérer l'innovation au sein de l'industrie canadienne. Les partenaires, dont plus de 80 % sont de petites et moyennes entreprises, cofinancent des activités et offrent un soutien non financier. Plus des deux tiers d'entre eux affirment que la recherche les a aidés à poursuivre leur croissance.
Les étudiants qui participent sont aux premières loges pour relever les défis du monde réel, ce qui leur permet d'acquérir des compétences en matière de résolution de problèmes et de nouer des liens inestimables avec des employeurs potentiels. Pas moins de 15 % d'entre eux sont embauchés par le partenaire avec lequel ils mènent la recherche.
Outre la création ou l'amélioration de produits et de services, les partenaires affirment que leur personnel acquiert des compétences qui enrichissent l'entreprise longtemps après la fin du projet. Ils nous disent que les projets stimulent d'autres investissements dans la recherche et le développement, une mesure de la productivité sur laquelle le Canada est constamment à la traîne.
En résumé, j'aimerais conclure en vous faisant part de quelques points de haut niveau à retenir qui soulignent pourquoi la recherche appliquée dans les écoles polytechniques mérite une plus grande attention dans l'écosystème de l'innovation du Canada.
Premièrement, en tant que pays de petites entreprises, le Canada a besoin de meilleures rampes d'accès aux activités de recherche et développement dans les entreprises qui ne peuvent tout simplement pas mener cette activité par elles-mêmes. Il s'agit là d'un domaine privilégié pour la recherche appliquée dans les écoles polytechniques et les collèges.
Deuxièmement, malgré des investissements substantiels dans la recherche primaire dirigée par des chercheurs, nous parvenons mal à mettre en application ces innovations sur le marché. C'est là que les écoles polytechniques et les collèges excellent, mais leur capacité est sous-utilisée.
Enfin, il existe une disparité de financement, mais notre modèle de financement de la recherche sous-évalue également les approches pragmatiques à des problèmes courants. Nous ne récompensons tout simplement pas l'innovation progressive et appliquée. Je pense que c'est une erreur.
Je vous remercie de votre attention.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Johnston, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui. Votre témoignage est très important dans le cadre de cette étude.
Au départ, l'étude touchait principalement les universités, mais il y a eu une ouverture de la part de mes collègues afin de l'étendre également aux cégeps, aux collèges et aux écoles polytechniques.
Je veux vous assurer qu'il y a une ouverture, mais je comprends que les problèmes et les défis sont nombreux. Beaucoup de choses dont nous avons parlé m'ont interpellé, notamment la sous-évaluation de la recherche appliquée, non seulement dans les écoles polytechniques et les établissements d'enseignement universitaire, mais aussi dans les cégeps et les collèges. Nous avons aussi parlé du sous-financement, de l'admissibilité et, bien sûr, de la disparité du financement.
Aujourd'hui, j'aimerais que nous puissions nous concentrer sur la disparité du financement au sein de vos établissements. J'aimerais avoir vos observations sur la place des collèges et des cégeps dans ce débat. Nous parlons souvent de la recherche universitaire, donc de la recherche fondamentale, mais nous oublions que la recherche faite dans les établissements d'enseignement que vous représentez est également importante.
Pouvez-vous nous en parler davantage? Existe-t-il une disparité de financement ou un sous-financement latent et chronique au sein des membres de votre organisation?
Comme je l'ai dit dans mes remarques préliminaires, nous constatons surtout que, si on a un programme d'investissement réparti entre 120 établissements, mais qu'il reçoit seulement 2,9 % des fonds des conseils subventionnaires, ce n'est pas assez. Comme Mme Watts‑Rynard vient de le dire, le programme qui existe, soi-disant pour les collèges, est très recherché, mais il n'y a pas assez de ressources pour répondre aux besoins. Nous estimons qu'il faut d'abord revoir et repenser la façon dont les collèges et les écoles polytechniques peuvent contribuer à l'objectif des autres programmes dans le système des conseils subventionnaires.
Nous avons aussi parlé de défis liés au logement, à l'économie verte et au coût de la vie des personnes vulnérables. Si nous voulons influencer cela, il va falloir que les collèges et les polytechniques soient considérés comme des partenaires clés et centraux.
Cela dit, la disparité du financement existe. On doit rééquilibrer ce qu'on investit. Comme Mme Watts‑Rynard l'a dit, si on crée de nouveaux programmes, on ne peut plus laisser les collèges de côté. Ils doivent être des partenaires clés. Il faut repenser tout cela.
Nous encourageons une position axée sur la notion d'écosystème. Les programmes actuels de nos conseils subventionnaires sont définis selon le point de vue universitaire.
Depuis 20 ans, nous assistons à la maturation de notre système. Par conséquent, il faut repenser nos programmes, parce que nous voulons voir les retombées de nos investissements.
Je vous remercie toutes les deux de votre présence. C'est un plaisir de vous revoir.
Je vais m'adresser d'abord à vous, madame Johnston. Dans vos remarques, vous avez évoqué la baisse constante du financement public global destiné aux universités et aux collèges. Je suppose que cela a un impact plus direct sur les petits établissements, comme les collèges.
Au cours des 30 dernières années, ce recul du financement a entraîné une augmentation des frais de scolarité, de sorte que les étudiants ont plus de mal à s'en sortir. Cela a poussé les collèges et les universités à chercher d'autres sources de revenus, d'où l'augmentation du nombre d'étudiants étrangers. J'ai été surpris d'apprendre que l'année dernière, les étudiants de l'Inde ont investi davantage dans le réseau de l'enseignement postsecondaire de l'Ontario que la province de l'Ontario. C'est incroyable.
Je me demande simplement si vous pourriez commenter cette tendance, à mon avis insidieuse, des gouvernements de tous ordres au Canada qui entraîne une baisse du financement de l'enseignement postsecondaire, alors que c'est ce qui va stimuler notre économie et nous aider à relever les défis. Peut-être pourriez-vous commenter toutes les deux l'effet de cette situation sur les collèges et les instituts.
:
Merci beaucoup, monsieur Cannings, pour cette question.
En fait, j'ai publié une lettre d'opinion à ce sujet à l'époque du plafonnement du nombre d'étudiants étrangers, et je pensais que nous devrions avoir une conversation nationale sur le sous-investissement public chronique dans nos établissements d'enseignement postsecondaire, pour les raisons que vous avez évoquées — le marché du travail, le perfectionnement de la main-d'oeuvre, la croissance économique et l'encouragement à réagir à la polarisation sociale que nous observons. Nos collèges et nos écoles polytechniques relèvent ces défis tous les jours, et ils le font d'une manière qui est définie par leurs partenaires sur le terrain.
Vous avez fait allusion aux défis propres à l'Ontario, qui ont été bien décrits dans les recommandations du rapport du groupe d'experts. Des fonds ont été réinjectés à cet égard, mais n'ont pas été suffisants pour répondre aux besoins réels. Nous aurions de loin préféré une conversation nationale sur ce type d'enjeu, et nous aimerions profiter de l'occasion qui nous est offerte aujourd'hui de promouvoir ce type de conversation plutôt que le plafonnement du nombre d'étudiants étrangers.
Je tiens à dire que les étudiants étrangers apportent, sans équivoque, une contribution considérable à notre pays. Nous sommes un pays qui doit être connecté au reste du monde. Nous sommes un pays ouvert au commerce, un pays composé de populations très diverses, et nous devons veiller à ce que les étudiants étrangers soient considérés comme faisant partie de la solution. À mon avis, ils ont été pointés du doigt pour un problème de sous-investissement public. Nous avons l'occasion de jeter un regard neuf sur le Transfert canadien en matière de programmes sociaux et sur sa stagnation depuis de nombreuses années. C'est l'un des leviers fédéraux pour investir dans l'enseignement postsecondaire.
Ensuite, à l'échelle provinciale, il est certain que nous travaillons tous les jours avec nos associations provinciales et régionales de collèges pour continuer à faire valoir l'argument de l'intérêt public selon lequel l'investissement dans l'enseignement postsecondaire, en particulier dans les collèges et les instituts, est un investissement dans l'avenir du Canada.
:
Merci beaucoup, et merci à vous deux d'être venues.
Madame Johnston, c'est un plaisir de vous voir dans ce rôle à CICan.
Je suis un grand admirateur de mon collège local, le Collège Durham. Il possède beaucoup d'infrastructures dans notre collectivité, en fait, dans la région de Durham. Le collège a un centre d'innovation pour les véhicules électriques. Il y a le centre pour l'alimentation et le centre d'innovation pour les métiers spécialisés. Il y a un centre d'innovation sociale et un centre de l'intelligence artificielle. Le collège fait des choses tout simplement incroyables. Je le considère comme un véritable atout pour notre écosystème d'innovation, et je pense que tous les collèges et les écoles polytechniques sont des atouts dans cet écosystème d'innovation.
Je sais qu'une chose a des impacts sur ses activités: il y a des années, un volet de financement pour l'infrastructure des établissements postsecondaires aidait les collèges à aménager ces installations vraiment innovantes et à acheter la technologie, à installer l'équipement, etc. J'ai l'impression que cet investissement doit maintenant être optimisé. Cela nous ramène à ce qui a été dit plus tôt.
Je voulais savoir si vous aviez évalué comment l'absence de financement de la recherche appliquée pourrait réduire votre capacité à tirer parti de ces investissements des années précédentes dans les infrastructures. Avez-vous des commentaires à faire à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais présenter une motion:
a) 40 % des étudiants de l'Université Western souffrent d'insécurité alimentaire et ont besoin d'aide;
b) Le centre alimentaire du conseil étudiant de l'Université Western calcule que le nombre d'étudiants de l'Université qui ont eu recours à ses services a augmenté de 600 % en un an;
c) La hausse de 23 % de la taxe sur le carbone prévue par le gouvernement libéral rendra les aliments encore plus difficilement accessibles pour les étudiants de l'Université Western et du Canada en général;
Pour aider ces étudiants à se nourrir, le Comité demande au premier ministre libéral d'annuler dès maintenant la hausse de 23 % de la taxe sur le carbone et informe la Chambre de sa recommandation.
Monsieur le président, dans les témoignages qu'ils nous ont livrés aujourd'hui, plusieurs groupes universitaires ont mentionné l'exode de nombreux titulaires de doctorat et autres participants au secteur canadien de la recherche. Je pense qu'il nous incombe, comme comité chargé d'examiner à répétition les recommandations de financement visant les étudiants qui mènent des recherches dans les universités canadiennes, d'admettre l'énormité de la pression que l'inflation exerce sur ces étudiants.
Cette motion a comme origine un article concernant la hausse annuelle de 600 % soulignée par le centre alimentaire du conseil étudiant de l'Université Western. Depuis sa publication, l'article a été corrigé. C'est en fait 40 % des étudiants canadiens qui souffrent d'insécurité alimentaire.
Cette situation est en bonne partie imputable à la hausse du coût du logement, mais aussi à celle du coût de la nourriture. Pour ce qui est du coût des aliments, nous avons entendu de nombreuses histoires, aussi bien en Chambre que dans divers comités, sur la montée en flèche des coûts de production du secteur agricole.
Si le coût des aliments monte, c'est à cause de l'effet de la taxe sur le carbone sur le séchage du grain, par exemple. Nous avons également entendu parler du producteur de champignons, ici dans le sud de la ville. La taxe sur le carbone fait grimper le coût des aliments, et il y a aussi les surcoûts sur le carburant, et quoi encore, de sorte qu'il en coûte plus cher de transporter les denrées à l'épicerie. Ensuite, l'épicerie doit payer la taxe sur le carbone pour le chauffage et l'éclairage. Dans la conjoncture actuelle, hausser les coûts exacerbe vraiment l'insécurité alimentaire. C'est là la première justification.
Je souhaite également souligner l'inefficacité de la taxe sur le carbone. De récents rapports nous apprennent que le Canada va encore manquer de plus de 50 % son objectif de réduction d'émissions pour 2030.
Il y a aussi d'autres statistiques intéressantes dont on ne parle pas vraiment, comme le fait que 70 % des Canadiens s'inquiètent du changement climatique, moi y compris, mais que seulement 18 % des Canadiens appuient le maintien de la taxe sur le carbone du . À mon avis, c'est parce que les gens comprennent qu'au Canada, il n'y a pas de substituts pour les produits à forte teneur en carbone. Ce qui se passe, c'est que la hausse constante de la taxe sur le carbone est censée orienter les choix des consommateurs vers des biens et des services à moindre intensité de carbone, alors que ces biens et ces services n'existent tout simplement pas.
Nous n'avons vu se réaliser aucun grand projet d'infrastructure de transport en commun. Il y en a un dans ma ville, pour lequel le financement a été alloué en 2015, et il n'a toujours pas vu le jour. Aucun grand projet d'investissement ou de développement ne vise le réseau électrique canadien. Dans ma province par exemple, le réseau électrique est en train de s'épuiser, et les propriétaires de voitures électriques sont priés de ne pas brancher leur véhicule pendant les journées froides de l'hiver.
Je ne veux pas dire qu'il ne faut pas chercher de solutions au changement climatique. C'est absolument nécessaire, mais puisque le Canada est un pays froid à l'économie basée sur les ressources naturelles et que nous devons utiliser nos automobiles, tout nous indique que la taxe sur le carbone, telle qu'elle a été structurée par les libéraux, ne réduit pas réellement les émissions de gaz à effet de serre. Elle engendre plutôt une insécurité alimentaire pour les étudiants, ce qui par ricochet crée des problèmes pour le secteur canadien de la recherche et exerce clairement une pression sur les prix des aliments; c'est pourquoi ce ne serait pas une bonne idée pour le Canada de hausser maintenant cette taxe.
Monsieur le président, les gens diront sans doute « Oh, de toute façon, il y a une remise pour la taxe sur le carbone ». En fait, le directeur parlementaire du budget a réalisé une analyse approfondie de la taxe sur le carbone. En Ontario, cette année, la taxe sur le carbone coûte encore 500 $ à une famille ontarienne moyenne, et ce montant devrait tripler ou quadrupler d'ici 2030; alors je ne comprends pas où un étudiant qui dépend déjà de la banque alimentaire pourra trouver cet argent supplémentaire.
Si cette taxe ne permet pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre, si elle provoque l'insécurité alimentaire, et si les remises ne la compensent pas, comme tout le monde le sait, alors pourquoi la conserver?
Pour répondre à cette question, vous n'avez pas à me croire sur parole; il suffit d'écouter les millions de Canadiens qui, dans les sondages, ont montré la grande impopularité de cette taxe. Écoutez également les propos des premiers ministres provinciaux libéraux du pays et des chefs de l'opposition libéraux. Je note qu'en Ontario, la cheffe de l'opposition libérale elle-même a fait part de son opposition à la taxe sur le carbone, tout comme le premier ministre libéral de Terre-Neuve, et tout comme les candidats à la direction du NPD en Alberta. Pourquoi? C'est une politique qui ne fonctionne pas, qui augmente le coût de la vie.
Pour conclure, monsieur le président, je dirai que l'urgence climatique doit selon moi être combattue avec une politique qui fonctionne, et que si les libéraux et les néo-démocrates continuent d'adhérer dogmatiquement à une politique qui ne réduit pas les émissions canadiennes de gaz à effet de serre tout en augmentant le prix des biens et qui, j'ajouterai dans le contexte de cette motion, cause l'exode des talents canadiens, alors nous ne serons jamais en mesure de nous attaquer aux émissions de gaz à effet de serre. Cette adhésion dogmatique à une politique inefficace est hautement problématique.
Encore une fois, j'espère que mes collègues du Comité comprendront qu'ils ont mis à l'essai cette politique, et qu'elle ne fonctionne manifestement pas. Elle est clairement préjudiciable aux citoyens de l'ensemble du pays, et il est temps de revenir à la table à dessin, c'est‑à‑dire se débarrasser de cette taxe et, à tout le moins, s'assurer entretemps d'empêcher la hausse prévue pour le 1er avril — si ce n'est pour personne d'autre, alors au moins pour les étudiants de l'Université Western.
Merci.
:
Monsieur le président, je dirais à tous les députés: la semaine prochaine, allez frapper à une centaine de portes. Allez écouter les Canadiens ordinaires pour constater directement à quel point cette politique est dévastatrice pour le Canada.
La motion d'aujourd'hui s'inspire d'un article fiable qui illustre à quel point nos étudiants souffrent. La fréquentation des banques alimentaires a augmenté de 600 %. Et si c'était votre enfant? Si c'était votre famille? Si c'était vos électeurs? C'est de votre circonscription qu’il s'agit, mes amis. Les données sur la fréquentation des banques alimentaires visent chacun d'entre nous ici présent aujourd'hui, à cause des politiques du gouvernement libéral. D'après l'article à l'origine de la motion et selon des recherches, 40 % de tous les étudiants universitaires, pas seulement ceux de l'Université Western, vivent une insécurité alimentaire qui nécessite une aide.
Ce gouvernement soutire constamment aux gens la capacité et la possibilité de subvenir aux besoins de leur famille, en favorisant plutôt une intervention gouvernementale qui accroît chaque jour leur dépendance envers l'État au lieu de leur permettre de réaliser leur plein potentiel.
C'est pourquoi la taxe sur le carbone est une mesure à ce point dévastatrice et pourquoi, le 1er avril, la population se fera à nouveau passer un poisson d'avril. La taxe sur le carbone sera haussée une fois de plus, de 23 %.
Je reviens à notre rôle de parlementaires, qui consiste à représenter au mieux de nos capacités les opinions des Canadiens; les Canadiens de nos circonscriptions que nous représentons, et qui nous délèguent ici pour faire connaître leurs opinions au mieux de nos capacités et pour voter en conséquence.
Je lance au défi aux députés libéraux et néo-démocrates. La semaine prochaine, nous ne siégeons pas. C'est une excellente occasion. Vos boîtes de courriel sont pleines. Vous recevez probablement des appels de gens qui veulent vous parler de la détresse que leur causent les politiques du gouvernement. Il est dangereux qu'un gouvernement cesse d'écouter, car les citoyens eux ne s'arrêtent pas. Ils n'arrêtent pas de souffrir, et ils continuent de vouloir vous faire savoir à quel point cette politique a affecté leur capacité de subvenir à leurs besoins — leur capacité de se nourrir, de se chauffer et de loger leur famille.
On dit que la remise compense tout le montant de cette taxe. Monsieur le président, je dirais que de nombreux Canadiens, peut-être même la grande majorité, ont de la difficulté à boucler leurs fins de mois. La situation s'aggrave constamment. Des familles m'ont fait personnellement part des problèmes que leur causent les hausses de la taxe sur le carbone. La situation est également préoccupante pour les entreprises de nos circonscriptions. De plus en plus de propriétaires d'entreprise me parlent de leurs problèmes avec la taxe sur le carbone. Des pans entiers d'entreprises sont au bord de la faillite. Et on monte la taxe de 23 %. Je n'en reviens pas. Où cela va‑t‑il s'arrêter?
Selon certains partisans de la taxe sur le carbone, ce n'est que quelques cents sur le litre, sans plus. Ces personnes n'ont pas pris le temps de penser à tous les intrants qui entrent dans la composition de tout ce qui est touché par la taxe sur le carbone et de tout ce que nous achetons comme consommateurs. J'ai un exemple. C'est un exemple récent, car en début de semaine, je discutais avec un collègue du Québec, que je respecte beaucoup. Il m'a dit qu'il ne payait pas la taxe sur le carbone. Je lui ai répondu que oui, il la payait. Si on achète quoi que ce soit, partout au Canada, on paye la taxe sur le carbone.
J'ai donné comme exemple une bouteille de bière. Les Canadiens aiment bien se laisser tenter de temps en temps par une bière, une bière brassée, qu'on espère, au Canada. Si elle est brassée au Canada, alors il y a de fortes chances qu'il y ait un peu de la Saskatchewan dans la bouteille. S'il s'agit de l'orge que nous cultivons dans les Prairies, alors le producteur agricole, avant d'ensemencer ses champs, devra payer le diésel pour transporter les semences à la ferme. La taxe sur le carbone frappe le diésel consommé pendant les opérations d'ensemencement, de même que tous les intrants utilisés pour cette culture. En bout de piste, la récolte de l'orge saskatchewanaise est touchée par la taxe sur le carbone. S'il s'agit d'une année humide, il faut payer la taxe sur le carbone pour le séchage des grains, qu'il faut ensuite transporter jusqu'à l'acheteur. Tous ces frais viennent s'incorporer aux coûts du producteur.
Nous vendons la plus grande partie de notre grain sur le marché mondial, où on ne peut pas imposer un surcoût parce que le grain est déjà assujetti à une taxe sur le carbone. Si les pays importateurs peuvent se procurer le grain à moindre prix aux États-Unis ou au Brésil parce qu'il n'y a pas de taxe sur le carbone, alors ils le feront.
Pour en revenir à la bouteille de bière brassée pour les Canadiens dont nous parlions, son prix augmentera également le 1er avril. Félicitations pour cette hausse. Le prix de la bière augmente. Et pour en revenir à notre boisseau d'orge, il sera également frappé d'une taxe sur le carbone avant d'être expédié à la brasserie. La brasserie, si elle est située à l'extérieur du Québec, paiera une taxe sur le carbone. En fin de compte, la bouteille de bière sera expédiée au Québec pour être dégustée par mon collègue, qui croit ne pas payer la taxe sur le carbone. Je suis désolé, mais il la paye.
Au Canada, nous payons la taxe sur le carbone de bien des façons. La seule façon d'y échapper est d'importer le produit, non pas d'autres régions du Canada, mais d'autres régions du monde, ce qui désavantage notre pays. C'est une politique qui est terrible pour notre économie, pour notre pays et pour notre population.
C'est avec grand plaisir que je soutiens la motion de ma collègue, une motion qui me semble opportune et justifiée dans la situation actuelle.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Monsieur le président, merci de cette occasion de m'exprimer sur ce sujet.
De toute évidence, je suis idéologiquement opposé à ce que les conservateurs proposent et impliquent. Contrairement à eux, je m'en tiens aux faits et aux preuves, qui sont très clairs. Le Fonds monétaire international a indiqué que la tarification du carbone est en fait le moyen le plus rentable d'abaisser les émissions. Il le dit depuis de nombreuses années. Des pays du monde entier sont d'accord, et le Canada en fait partie.
Nous savons également que selon des économistes comme Trevor Tombe de l'Université de Calgary, la tarification du carbone contribue pour environ 0,15 % à l'inflation générale. C'est environ 15 cents sur une facture d'épicerie de 100 $. En remontant les chaînes d'approvisionnement, il estime que l'impact serait vraisemblablement d'environ 0,33 % sur le coût des denrées alimentaires, soit 33 cents sur une facture d'épicerie de 100 $.
Nous savons également que la majorité des émissions agricoles sont déjà exemptées de la tarification de la pollution. M. Ben Lobb a présenté le projet de loi , qui est resté bloqué au Sénat. J'ignore où le projet en est actuellement, mais je sais que je m'y opposais fortement, car je ne crois pas qu'il faille éroder le signal de prix et je pense que les agriculteurs ont des occasions de continuer à écologiser leurs opérations. Je ne veux pas dire, comme certains l'ont prétendu par le passé, qu'ils ne font pas déjà des efforts en ce sens. Je pense que les agriculteurs sont des acteurs très responsables et qu'ils prennent soin de la terre, qu'ils en sont les intendants, mais il y a certaines méthodes culturales qui sont actuellement étudiées à l'Université de Guelph.
Je suis convaincu que vous le savez très bien, monsieur le président, avec l'Énoncé de Guelph et avec tout le travail que nous avons accompli au Comité de l'agriculture et de l'agroalimentaire pour établir le nouveau Partenariat canadien pour une agriculture durable, et quand on considère les fonds et les ressources supplémentaires que le gouvernement a avancés pour aider les agriculteurs à adopter certaines de ces meilleures pratiques d'agriculture durable. C'est un sujet qui me passionne.
Je voudrais également mentionner une chose qui me dérange dans ce que les conservateurs continuent d'affirmer, et qui me semble tout simplement erronée. Il n'y a pas si longtemps, la Banque centrale européenne a indiqué que le changement climatique comme tel ferait augmenter de jusqu'à 3 % par an les prix des denrées alimentaires — un impact sur l'inflation et les prix des aliments qui est environ 30 fois plus marqué que celui de la tarification de la pollution, ce qui est vraiment intéressant. Les conservateurs tentent constamment d'opposer la tarification de la pollution aux problèmes de coût de la vie que rencontrent les Canadiens, et qui, nous l'admettons tous, sont bien réels. Ces problèmes ne sont pas imputables à la tarification de la pollution, contrairement à ce qu'ils ne cessent de le prétendre.
Ils ne parlent jamais de la remise. Je suis surpris qu'ils aient eu le courage de l'évoquer pour la première fois devant ce comité, puisqu'ils semblent en nier l'existence dans presque toutes leurs interventions. Selon les personnes qui ont effectivement creusé la question — y compris le directeur parlementaire du budget, que nous citons régulièrement —, huit familles sur dix en sortiront gagnantes. Nous savons également que ce seront généralement les familles à faible revenu ou à revenu moyen qui en profiteront le plus. Trevor Tombe estimait également, dans un article récent, que la remise vaudra en moyenne aux familles environ 300 $ de plus qu'elles paieront pour la tarification du carbone. Moralement, vous perdrez cette bataille sur tous les plans.
Qui doit payer pour la pollution qui aboutit dans l'atmosphère? Quand je pose la question aux électeurs que je visite dans ma circonscription, ils répondent tous la même chose: l'industrie doit payer pour la pollution qu'elle engendre. C'est exactement ce que fait la tarification de la pollution. Elle garantit que l'industrie qui crée la pollution paie cette pollution. L'industrie répercute souvent ce coût sur les consommateurs, qui en subissent les conséquences, mais c'est la raison d'être de la remise.
En outre, on a récemment estimé que la tarification de la pollution permettrait de réaliser le tiers de la réduction d'émissions projetée au Canada à partir des politiques et règlements actuels. Le Globe and Mail vient tout juste de publier cette information, qui provient de Rick Smith de l'Institut climatique du Canada. À mes yeux, c'est là un résultat important pour un mécanisme basé sur les forces du marché.
Cette mesure avait à l'origine été proposée par les conservateurs, dont on pourrait penser qu'ils y seraient favorables, considérant qu'aux dernières élections ils ont tous été élus sur la base d'une plateforme qui comprenait une version de la tarification du carbone — même si, je dirais, notre version est beaucoup plus robuste et ne présente pas certains des désavantages inhérents au projet mis de l'avant dans la dernière plateforme électorale conservatrice.
Quand on y pense, il ne faut pas oublier qu'il existe des recherches scientifiques vraiment convaincantes indiquant que les êtres humains sont la cause du changement climatique. Les émissions que nous rejetons dans l'atmosphère causent le changement climatique, et les préjudices qui en résultent pour notre économie grimpent de manière exponentielle, tout comme les sommes que nous payons pour ces préjudices.
L'Institut climatique du Canada a récemment publié un rapport intitulé Limiter les dégâts, que j'ai lu intégralement à plusieurs reprises puisqu'il présente un ensemble très important de données et de modèles très sophistiqués. Ce rapport examine le coût des changements climatiques.
Une fois de plus, les conservateurs sont les premiers à gémir et à se plaindre quand il y a une inondation ou une sécheresse dans les Prairies, en réclamant que le gouvernement fédéral renfloue tout le monde et intervienne pour rembourser tous les agriculteurs qui ont subi des pertes, ce qui est notre programme de gestion des risques d'entreprise. C'est un programme de très grande envergure qui prend de plus en plus d'ampleur, et on nous incite à le grossir encore davantage. À cela je réponds, et si on prévenait à la racine le changement climatique en s'attaquant à ses causes profondes? Les conservateurs ne reconnaissent jamais le coût du changement climatique sur l'économie.
Le changement climatique va menacer la prospérité même de notre économie et déstabiliser l'économie mondiale. Il le fait déjà. Je citerai ici un rapport de l'Institut climatique du Canada: « Les changements climatiques constituent un risque macroéconomique de taille pour la prospérité. » Je pense que c'est un énoncé important.
La modélisation effectuée par l'Institut révèle que d'ici 2025, c'est‑à‑dire l'année prochaine, nous subirons des pertes de 25 milliards de dollars, soit 50 % de la croissance prévue du PIB national. Réfléchissez-y un instant, 50 % de la croissance du PIB. Si nous voulons développer notre économie, pensez au retard que nous accuserons et comment à quel point la prospérité économique du Canada sera compromise si on ne fait rien pour contrer le changement climatique, comme le veulent les conservateurs.
D'ici le milieu du siècle, c'est‑à‑dire d'ici 2050, le rapport indique que ce montant sera de 78 à 101 milliards de dollars, soit trois à quatre fois plus qu'en 2025. Donc, dans 25 ans, l'effet multiplicateur des dégâts causés à l'économie par le changement climatique sera de trois à quatre fois supérieur à ce qu'il est essentiellement aujourd'hui. D'ici la fin du siècle, ce montant devrait se situer entre 391 et 865 milliards de dollars. Autrement dit, l'inaction face au changement climatique nous coûtera près de mille milliards de dollars d'ici la fin du siècle.
J'ignore pourquoi, mais les conservateurs ne semblent jamais reconnaître que le changement climatique a un impact plus important sur les budgets des ménages et sur l'inflation et qu'il compromet la prospérité de notre économie. Je n'arrive pas à le comprendre. Je ne peux que supposer que c'est parce qu'ils sont coincés dans le passé et qu'ils ne veulent tout simplement pas admettre la réalité du changement climatique, dans la lignée de leur dernier congrès où, en débattant d'une résolution, les conservateurs ne pouvaient même pas s'entendre sur la réalité du changement climatique.
Nous avons reçu ici la conseillère scientifique en chef. Je lui ai demandé si elle avait un quelconque doute sur la réalité du changement climatique. Elle m'a répondu non, aucun doute, les preuves scientifiques sont claires et solides. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a produit des rapports de 4 000 pages qui démontrent la réalité du changement climatique, avec à l'appui une abondance de données scientifiques probantes.
Et malgré cela, les conservateurs supprimeraient la tarification de la pollution, qui est littéralement le mécanisme le plus efficace et le plus neutre en termes de coûts et de revenus, dont tous les bénéfices sont reversés aux Canadiens. Ils supprimeraient le mécanisme de marché le plus efficace qu'ils ont proposé pour combattre le changement climatique.
:
Merci, monsieur le président. Je vais tenter d'être concis et précis.
J'aime beaucoup les spectacles. Aujourd'hui, nous en avons tout un. Il y a bien des choses qui me surprennent dans ce spectacle. Nous venons de voir mon collègue libéral déchirer sa chemise à propos de l'importance des changements climatiques. C'est le même parti qui a acheté un pipeline d'une somme de 34 milliards de dollars pour produire plus de pétrole et l'exporter ensuite vers l'étranger. C'est le gouvernement en place qui tente de nous faire croire que les changements climatiques sont une priorité pour lui.
J'ai rarement vu des végétariens qui sont propriétaires d'une boucherie. Or, il est comme cela, ce gouvernement. Il dit être vert et lutter contre les changements climatiques, mais il achète un pipeline à 34 milliards de dollars, payé à même notre argent, nos taxes et nos impôts pour produire plus de pétrole, pour polluer davantage et pour exporter ce pétrole à l'extérieur du Canada.
Aujourd'hui, les petites leçons des deux partis sont très partisanes. Elles viennent politiser ce comité, et cela me désole.
Du côté conservateur, mes collègues semblent se préoccuper du coût de la vie des étudiants. Or, le mardi 19 mars 2024, il y a eu un point de presse transpartisan sur l'augmentation des bourses d'études fédérales accordées aux étudiants, bourses d'études qui n'ont pas bougé d'une cenne depuis 20 ans.
À ce point de presse, le Bloc québécois était présent, le Parti libéral était présent, le Nouveau Parti démocratique était présent. Nous étions présents, tout comme l'Union étudiante du Québec, l'Alliance canadienne des associations étudiantes du Canada, l'Association canadienne des postdoctorantes et postdoctorants, le mouvement Soutenez notre science et le Réseau de politique scientifique d'Ottawa.
Le seul absent était le Parti conservateur du Canada. Ces gens qui aspirent à former un gouvernement ne jugent pas prioritaire d'augmenter d'une cenne des bourses d'études qui n'ont pas bougé depuis 20 ans. S'il y a des gens qui comprennent l'importance des taxes, ce sont les conservateurs. Ils doivent quand même comprendre ce que c'est, l'inflation. Toutefois, pour eux, quelque chose qui n'a pas augmenté depuis 20 ans, ce n'est pas important.
Aujourd'hui, ils font des pirouettes et des acrobaties pour nous faire croire que le coût de la vie et l'insécurité alimentaire des étudiants les touchent, tout en invoquant la taxe sur le carbone. C'est tenir là un discours contradictoire, et on ne peut pas leur faire confiance pour soutenir la recherche scientifique. Surtout, on ne peut pas se fier à eux pour soutenir les étudiants dont les bourses n'ont pas bougé, je le répète, d'une cenne depuis 20 ans.
C'est tout ce que j'avais à dire, monsieur le président.
Nous sommes tous préoccupés par la crise du coût de la vie qui touche les Canadiens en général et les étudiants en particulier, une crise particulièrement aiguë dans le secteur du logement. Pour les étudiants, il y a aussi les frais de scolarité. En raison de la baisse du financement fédéral et provincial de l'enseignement postsecondaire, dont j'ai parlé plus tôt, les frais de scolarité ont augmenté. Ils sont environ dix fois plus élevés qu'à l'époque où je fréquentais l'université. Le coût des aliments a également augmenté.
Cependant, quand on parle de la taxe sur le carbone, de la montée en flèche des prix du carburant... Le coût de l'essence a crû d'environ un dollar le litre en Colombie-Britannique depuis trois ans. La taxe sur le carbone a monté de 7 ¢. Cette hausse qui touche les agriculteurs et le reste de la population canadienne est à plus de 90 % attribuables aux profits excessifs du secteur pétrolier et gazier. Les conservateurs ne mentionnent jamais leurs amis du secteur pétrolier et gazier, et tout l'argent qu'ils empochent actuellement. C'est la même chose pour les grands acteurs du secteur alimentaire et leurs profits faramineux. Voilà ce qui est à l'origine de l'inflation.
Devrions-nous étudier cette question au sein de ce comité, ou devrions-nous même en parler? Non. Je pense que nous devrions souligner à nos collègues du comité des finances ou du comité de l'environnement qu'il s'agirait d'un excellent enjeu à étudier. J'aimerais connaître tous les faits, car je pense que les faits ne réjouiraient pas les conservateurs.
Je m'en tiendrai là. Je dirai simplement qu'il faut voter sur cette question.