J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins. La présente séance se déroule en webdiffusion.
[Français]
Soyez les bienvenus à la 14e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche.
[Traduction]
Le Bureau de régie interne exige que les comités adhèrent aux protocoles de santé suivants, qui sont en vigueur jusqu'au 23 juin 2022. Toutes les personnes qui souhaitent entrer dans la Cité parlementaire doivent être entièrement vaccinées contre la COVID‑19. Tous les participants qui assistent en personne à la réunion doivent porter un masque, à l'exception des députés qui sont à leur place pendant les délibérations. Veuillez communiquer avec le greffier du Comité — et nous sommes ravis d'avoir Cédric aujourd'hui — pour de plus amples renseignements sur les mesures préventives en matière de santé et de sécurité.
À titre de présidente, je veillerai à l'application de ces mesures et, comme toujours, je vous remercie de votre collaboration.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021.
[Traduction]
J'aimerais énoncer quelques règles à suivre. Des services d'interprétation sont offerts pour cette réunion. Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir d'entendre le parquet, l'anglais ou le français. La fonction « Lever la main » se trouve dans la barre d'outils principale, si vous souhaitez prendre la parole.
[Français]
Je vous rappelle que vous devez vous adresser à la présidence dans toutes vos interventions.
[Traduction]
Lorsque vous ne parlez pas, votre microphone doit être en sourdine. Le greffier du Comité et moi-même tiendrons une liste des intervenants pour tous les membres du Comité.
Bienvenue à nos témoins. Nous sommes ravis de vous accueillir. Le Comité permanent de la science et de la recherche est un nouveau comité, et il s'agit de notre troisième étude sur les petits réacteurs nucléaires modulaires.
Dans le premier des trois groupes de témoins que nous entendrons ce soir, nous accueillons, en personne, John Gorman, président et chef de la direction de l'Association nucléaire canadienne. Nous accueillons également Rory O'Sullivan, chef de la direction, Amérique du Nord, chez Moltex Energy. Enfin, nous accueillons Kirk Atkinson, professeur agrégé et directeur, Centre des petits réacteurs modulaires de l'Institut universitaire de technologie de l'Ontario.
Bienvenue à tous.
Chacun d'entre vous aura cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire. Au bout de quatre minutes et demie, je brandirai un carton jaune qui signifie qu'il vous reste 30 secondes pour conclure.
Nous entendrons d'abord M. John Gorman, de l'Association nucléaire canadienne.
Vous avez la parole. Bienvenue.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Tout d'abord, je tiens à reconnaître que je me joins à vous aujourd'hui sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
[Français]
Je remercie le Comité de m'avoir invité à témoigner au nom de l'Association nucléaire canadienne.
[Traduction]
Je suis président et chef de la direction de l'Association nucléaire canadienne, qui regroupe près de 100 entreprises de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement en énergie nucléaire au Canada. Nos membres souhaitent mettre à profit plus de 60 ans d'expertise et d'expérience pour aider le Canada à atteindre ses objectifs en matière de sécurité énergétique, de durabilité et d'abordabilité.
Ces objectifs sont devenus encore plus importants pour le Canada et d'autres pays au cours des derniers mois, à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la crise énergétique mondiale qui en découle. Le Canada représente une option viable pour les produits de base stratégiques à faibles émissions de carbone qui pourront combler les lacunes et assurer la sécurité énergétique, et les technologies nucléaires aideront à atteindre cet objectif.
Nous trouvons encourageant de voir l'enthousiasme de votre comité à en apprendre davantage sur les petits réacteurs modulaires — les PRM — étant donné le rôle essentiel que cette technologie devrait jouer, selon nos prévisions, pour assurer la sécurité énergétique nationale et un avenir carboneutre au Canada et ailleurs.
Le Canada est en voie de devenir un chef de file mondial dans la mise au point et le déploiement des technologies des PRM, et nous suscitons l'intérêt de pays déterminants sur la scène mondiale. Les efforts visant à promouvoir le Canada comme étant l'avenir des PRM ont été coordonnés par un ensemble de services publics importants. Vous entendrez leurs dirigeants plus tard et il s'agit bien sûr d'Ontario Power Generation, de la Société d'Énergie du Nouveau-Brunswick, de Bruce Power et de SaskPower. En collaboration avec l'ANC, nous avons créé cette initiative pancanadienne sur les petits réacteurs modulaires.
On dit que les petits réacteurs modulaires font partie des efforts en matière d'énergie propre déployés par des provinces canadiennes, notamment la Saskatchewan, l'Alberta, le Nouveau-Brunswick et l'Ontario, pour atteindre leurs objectifs climatiques tout en favorisant la réduction des émissions de carbone dans des secteurs importants comme l'extraction des ressources, l'industrie lourde, les transports et les bâtiments. Ces provinces ont récemment signé un protocole d'entente visant à accroître les possibilités offertes par les petits réacteurs modulaires afin d'atteindre leurs objectifs économiques et environnementaux respectifs.
Les PRM constituent également une option viable pour les collectivités nordiques, éloignées et autochtones qui cherchent à remplacer le diesel par un approvisionnement en énergie propre et fiable.
Au cours des derniers mois, l'industrie a beaucoup misé sur l'essor de cette technologie. Comme le Comité l'apprendra plus tard dans le cadre des discussions avec les quatre dirigeants d'entreprises de services publics, les PRM seront raccordés au réseau beaucoup plus tôt qu'un grand nombre de gens ne le pensent. Par exemple, l'unité d'Arlington d'OPG sera reliée au réseau d'ici 2028. De très petits réacteurs, qui pourraient revêtir une importance particulière pour les collectivités autochtones qui envisagent d'adopter des options d'énergie propre pour atteindre leurs objectifs en matière de développement économique et social, devraient être mis en service potentiellement avant 2028.
Pour vous donner une meilleure idée de la technologie en jeu, les PRM fournissent une énergie de base propre et stable qui peut servir d'énergie d'appoint aux énergies renouvelables variables comme l'énergie éolienne et l'énergie solaire. Il existe trois types de PRM conçus pour répondre à différents besoins.
Tout d'abord, les PRM sont une source d'électricité propre et peuvent donc aider à répondre aux besoins deux à trois fois plus élevés en matière de production d'électricité que l'on prévoit d'ici 2050, dans le cadre de notre avenir carboneutre.
Deuxièmement, les PRM à la fine pointe de la technologie offrent une source combinée d'électricité propre et de chaleur propre à haute température, ce que l'on appelle la cogénération. C'est important pour des activités comme l'extraction de ressources, la production de combustible propre comme l'hydrogène et l'ammoniaque, l'industrie lourde pour la fabrication de produits comme l'acier, le ciment et l'aluminium, et l'exploitation minière.
Enfin, les micro — ou très petits — réacteurs modulaires peuvent remplacer la production de diesel dans les collectivités éloignées.
En conclusion, les PRM joueront un rôle essentiel pour aider le Canada et le reste du monde à répondre à leurs besoins énergétiques uniques.
Nous avons maintenant une demande à présenter au gouvernement fédéral, compte tenu de ce que nous considérons comme un rôle essentiel pour les PRM dans l'avenir énergétique du Canada. En résumé, nous demandons un soutien explicite, continu et uniforme des PRM et de l'énergie nucléaire dans le cadre d'initiatives et de politiques d'énergie propre — bref, un soutien constant.
Cela devrait comprendre des efforts pour défendre explicitement la technologie comme étant une solution viable et pour harmoniser et renforcer les programmes de financement, afin d'aider les projets de démonstration des PRM, une collaboration continue entre l'industrie et le gouvernement et un soutien à l'égard de la demande de financement intégré pour le développement pancanadien des PRM que nous avons présentée dans le cadre du Fonds stratégique pour l'innovation.
Pour terminer, je tiens à vous remercier encore une fois de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui et d'avoir montré votre intérêt pour ce sujet important. Nous sommes convaincus que cette nouvelle génération de réacteurs nucléaires permettra non seulement de respecter les engagements du Canada en matière de climat, mais aussi de faire de notre pays un chef de file mondial dans cette technologie novatrice.
J'ai hâte de répondre aux questions.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Indépendamment de la vitesse du vent ou de la couverture nuageuse, l'énergie nucléaire, à toutes les échelles, est en mesure de répondre aux besoins énergétiques de base 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année. C'est déjà le cas en Ontario, où 18 grands réacteurs CANDU produisent environ 60 % de l'électricité de la province avec des émissions de CO2 parmi les plus faibles au monde. Dans quelques années, après avoir fourni de l'électricité à faibles émissions de carbone à l'Ontario pendant plus de 50 ans, la centrale nucléaire de Pickering sera mise hors service, après avoir atteint un rendement parmi les meilleurs de son histoire au cours de la dernière décennie de son existence grâce à l'innovation constante dans les technologies nucléaires.
L'Ontario devra remplacer environ 15 % de sa production de base en électricité et on prévoit qu'il devra principalement avoir recours au gaz naturel pour y arriver, ce qui lui fera perdra la place enviable qu'il occupe dans le monde à titre de l'un des endroits les moins émetteurs. Cette situation regrettable peut être atténuée en tout ou en partie d'ici le début des années 2030 grâce au déploiement de petits réacteurs modulaires, c'est‑à‑dire des réacteurs nucléaires qui génèrent des puissances utilisables de 300 mégawatts électriques ou moins. En fait, Ontario Power Generation y travaille déjà, et son premier PRM de GE Hitachi devrait être mis en service en 2028. C'est un bon début.
Les PRM peuvent jouer un rôle important pour aider le Canada à atteindre la carboneutralité si le gouvernement crée des conditions qui favorisent leur déploiement. Le plus souvent, les PRM ne sont que l'évolution d'un modèle de réacteur existant, même ceux qui font appel à des notions ou à des combustibles plus récents s'appuyant sur une solide base de recherche et de développement. Depuis plus de 50 ans, un petit nombre de pays conçoivent, construisent, exploitent et mettent hors service de petits réacteurs au sein de leur flotte navale.
À l'abri des regards indiscrets, plusieurs de ces types de réacteurs sont similaires ou d'une puissance thermique comparable aux conceptions de PRM en cours d'examen de la conception du fournisseur avec la CCSN. De plus, au Royaume-Uni, la société Rolls-Royce construit des réacteurs à eau légère dans ses usines depuis des décennies. Ce n'est pas de la magie; le Canada peut faire la même chose.
Étant l'une des rares nations nucléaires de niveau 1, le Canada dispose d'une vaste chaîne d'approvisionnement nucléaire qui permet certainement de construire et d'entretenir des PRM. Si nous le souhaitons, partout où se trouve actuellement une centrale électrique alimentée au charbon, au pétrole ou au gaz naturel, il est probable qu'un PRM ou qu'une série de PRM pourrait représenter une solution de remplacement propre et efficace. Étant donné qu'ils ont été conçus avec des dispositifs de sécurité intrinsèques qui ne nécessitent pas d'intervention humaine, les PRM seront encore plus sûrs à exploiter que les réacteurs de génération antérieure. Cette caractéristique, combinée à leurs inventaires radiologiques individuellement plus faibles — c'est‑à‑dire la quantité de matières nucléaires et radiologiques qu'ils contiennent —, signifie que les conséquences pour le public et l'environnement seraient effectivement nulles si un incident hautement improbable se produisait. Les notions traditionnelles de vastes délimitations pour les sites et de zones de planification d'urgence appartiendraient donc au passé.
Malgré tous les avantages des PRM, il est important que ceux qui en font la promotion soient honnêtes. Les PRM, comme tous les réacteurs nucléaires, produiront une petite quantité de déchets radioactifs par énergie émise. Pour certaines personnes, il s'agit d'une limite à ne pas franchir, mais nous devons nous demander honnêtement ce qui pose le plus grand risque. Est‑il préférable de produire une énergie propre et résiliente qui génère une quantité de déchets modeste et bien gérée ou de produire des gaz à effet de serre et d'accepter les conséquences catastrophiques du changement climatique? Rien n'est jamais gratuit.
Les conséquences de la combustion du charbon sont bien connues, et le pétrole et le gaz, même si on s'efforce de les décarboniser grâce à de nouvelles technologies et méthodes, ont un long chemin à parcourir et ne seront peut-être jamais carboneutres. Sur l'ensemble de leur durée de vie, les éoliennes, les panneaux solaires et les batteries produisent tous des déchets, et certains d'entre eux peuvent être nuisibles. Nous l'oublions souvent, car nous n'exigeons pas encore que leurs fournisseurs et leurs exploitants gèrent ces déchets de manière aussi coûteuse et sûre que doit le faire l'industrie nucléaire. Nous ne sommes donc pas sur un pied d'égalité. Heureusement, nous disposons de plus d'un siècle de connaissances en radioprotection et en science des rayonnements que nous appliquons à l'entreposage des déchets nucléaires depuis la Deuxième Guerre mondiale. Comme il a été l'un des premiers pays à adopter les PRM, le Canada occupe une place de choix pour devenir un chef de file mondial dans la mise au point de technologies novatrices et lucratives pour la gestion des déchets produits par les PRM.
La reprise postpandémique et les récents événements en Ukraine ont démontré la fragilité du marché mondial de l'énergie. Des nations mal intentionnées sont maintenant en mesure de prendre leurs voisins en otage en les menaçant de leur couper l'approvisionnement tout en faisant grimper le prix de l'essence à la pompe ici, au Canada.
Les PRM assurent la sécurité énergétique tout en créant des emplois hautement qualifiés et bien rémunérés. En Saskatchewan, nous avons la chance de disposer d'abondantes réserves d'uranium dont ont besoin les fournisseurs de PRM du monde occidental. En Alberta, les travailleurs du secteur pétrolier et gazier peuvent être assurés d'une sécurité d'emploi à long terme grâce au recyclage professionnel dans le processus d'économie de chaleur générée par les PRM avec l'hydrogène et les carburants de remplacement. Nos provinces côtières pourraient devenir des pionnières dans les technologies de dessalement qui pourraient être exportées vers des pays pauvres en eau et — cela me tient particulièrement à cœur, étant donné que le transport maritime est essentiel au commerce mondial et qu'il est aussi un émetteur important de gaz à effet de serre — les provinces qui fabriquent des navires, par exemple le Québec, pourraient devenir des chefs de file en propulsion nucléaire en équipant les chantiers navals pour qu'ils puissent installer des PRM dans des navires qui, comme le reconnaissent d'autres pays, pourraient provoquer une révolution verte dans le transport maritime.
Il est évident que pour saisir cette occasion qui ne se présente qu'une fois par demi-siècle, il faut des effectifs beaucoup plus nombreux que ceux qui existent actuellement, ainsi que de nouvelles compétences et connaissances.
L'Institut universitaire de technologie de l'Ontario, qui offre le seul programme de premier cycle en génie nucléaire au Canada, est prêt, aux côtés de ses collègues des universités et collèges de tout le pays, à enseigner ces connaissances et à donner cette formation.
Parallèlement, un engagement manifeste et à long terme du gouvernement envers les nouvelles technologies nucléaires inspirera confiance à nos jeunes au moment de faire leur choix de carrière. Jusqu'à présent, le gouvernement a été très proactif en donnant à Ressources naturelles Canada les moyens d'élaborer des feuilles de route et des plans, et en accordant du financement d'innovation aux fournisseurs pour leur travail de conception.
Cependant, le leadership doit aller plus loin. Il ne s'agit pas de savoir si le Canada devrait…
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui. Je vous parle de Saint John, au Nouveau-Brunswick, qui se trouve sur le territoire traditionnel non cédé des peuples wolastoqiyik, micmac et peskotomuhkati.
Je m'appelle Rory O’Sullivan, et je suis chef de la direction, Amérique du Nord, pour Moltex Energy. Moltex Energy met au point une série de technologies de réacteur, y compris un réacteur à sels stables brûleur de déchets — ou SSR‑W — qui utilise des déchets nucléaires recyclés comme source de combustible, une installation de transformation des déchets en sels stables — ou WATSS — pour le recyclage des déchets nucléaires et, enfin, des réservoirs de stockage d'énergie thermique GridReserve, afin que notre réacteur puisse servir de source d'énergie d'appoint pour les énergies renouvelables intermittentes.
Moltex a été fondée au Royaume-Uni en 2014. En 2016, nous avons analysé tous les endroits où nous pouvions déployer notre technologie de réacteur et nous avons décidé que le Canada était le meilleur choix.
En 2018, Énergie Nouveau-Brunswick nous a choisis parmi 100 candidats pour déployer notre technologie dans la province, dans le but de faire la démonstration de nouvelles unités de première génération à côté de la centrale nucléaire de Point Lepreau. Cette année‑là, nous avons déménagé notre siège social au Nouveau-Brunswick, où nous nous sommes concentrés sur la conception et la recherche et le développement. Nous avons établi des partenariats constructifs avec des groupes des Premières Nations et nous avons constitué une équipe formidable, dont nous sommes très fiers.
En février de l'année dernière, Moltex a été la bénéficiaire très reconnaissante d'un financement fédéral de 50 millions de dollars pour continuer à perfectionner notre technologie. Dans le cadre des conditions, nous avons transféré toute notre propriété intellectuelle au Canada. Nous avons également eu la chance de recevoir des fonds de la province du Nouveau-Brunswick, de l'Ontario Power Generation et de nombreux investisseurs privés.
Contrairement aux autres réacteurs nucléaires qui utilisent l'uranium comme combustible, notre réacteur est spécifiquement conçu pour s'alimenter avec le combustible usé et recyclé d'autres réacteurs. Ce faisant, nous pouvons réduire de plus de 95 % le volume des déchets de haute activité à longue durée de vie. Nous disposons de la seule technologie de PRM qui ne nécessite pas de combustible importé, car ces réacteurs peuvent être alimentés uniquement par des déchets nucléaires qui se trouvent déjà au pays. Au Canada, d'ici à ce que les réacteurs CANDU arrivent en fin de vie, il y aura suffisamment de combustible usé pour alimenter 6 000 mégawatts de nos réacteurs, ce qui permettrait d'alimenter 5 millions de foyers.
À l'échelle mondiale, le marché est environ 20 fois plus important que celui du Canada, et nous sommes le seul fournisseur à cibler ce marché. Plusieurs clients aux États-Unis et en Europe ont exprimé leur intérêt pour des unités de seconde génération depuis que la première a été démontrée au Nouveau-Brunswick.
Il s'agit d'une occasion en or. Une étude récente a révélé qu'entre 2030 et 2060, le déploiement mondial des deux nouveaux réacteurs qui se trouvent au Nouveau-Brunswick — le nôtre et celui qu'ARC Canada est en train de mettre au point — créera environ 500 000 emplois pour l'année, 60 milliards de dollars pour le PIB et 5 milliards de dollars en recettes gouvernementales.
À l'heure actuelle, nous menons des activités de recherche et de développement essentielles pour valider notre technologie. Ces travaux sont menés dans les Laboratoires Nucléaires Canadiens, à l'Université du Nouveau-Brunswick, dans divers laboratoires américains — en cofinancement avec les États-Unis — et dans notre propre laboratoire.
Nous avons terminé la première phase de l'examen de la conception du fournisseur de la CCSN et nous nous préparons à la deuxième phase. Nous avons récemment établi un partenariat avec SNC-Lavalin, un chef de file international dans le domaine et la seule entreprise au Canada dont la conception a été autorisée par la CCSN. Cette expertise supplémentaire nous aidera à assurer notre réussite.
En résumé, nous nous sommes engagés envers le Canada et nous sommes heureux des progrès que nous avons réalisés ici. Toutefois, nous aimerions que l'énergie nucléaire profite d'un soutien plus constant, étant donné son rôle essentiel dans l'atteinte des objectifs de carboneutralité du pays. Des modifications apportées à la réglementation environnementale depuis notre arrivée au Canada ont prolongé d'environ trois ans la durée de notre déploiement ici. Pendant ce temps, l'engagement politique envers l'énergie nucléaire au Royaume-Uni et aux États-Unis a raccourci les temps de déploiement dans ces pays.
Pour que le Canada reste un chef de file dans ce secteur, nous encourageons le gouvernement fédéral à faire preuve d'un leadership plus vigoureux, afin que nous puissions atteindre nos objectifs climatiques et rester concurrentiels.
:
Merci, madame la présidente, et merci aux témoins d'être venus ce soir.
Je vais commencer par M. Gorman. Il y a quelques semaines, monsieur Gorman, je vous ai écouté dans un balado pendant le trajet de cinq heures et demie qui me ramenait à Hamilton. Vous parliez des avantages des petits réacteurs modulaires. On vous a donné quelques contrepoints. J'aimerais approfondir un peu la discussion que vous avez eue dans cet épisode.
J'ai siégé comme conseiller municipal pendant de nombreuses années, et je sais qu'il y a toujours des réactions négatives de la part des voisins, de la communauté et des parties prenantes lorsque nous examinons des demandes, qu'il s'agisse de déchets, d'entreprises qui arrivent en ville avec une nouvelle technologie, d'électricité ou d'installations de production d'énergie à partir de déchets — la situation la plus fréquente à laquelle j'ai eu à faire face au fil des ans. Les gens sont souvent très critiques à l'égard de ce qui est nouveau. Pour moi, la question est celle de savoir si, avec cette technologie... Encore une fois, nous entendons parler de 2028, 2030, et même au‑delà, dans certains cas. Je pense que le contre-argument qui vous a été opposé, le jour où j'ai écouté le balado, était que les petits réacteurs modulaires représentent une expérience scientifique coûteuse. Je pense que c'est ainsi que la dame qui était avec vous les a décrits. Certains membres de la communauté pourraient adopter cette perspective, à un moment ou à un autre.
Ma question est la suivante: quel rôle le gouvernement joue‑t‑il en matière d'éducation? À un moment donné, vous aurez affaire à des parties prenantes. Ces installations et les petits réacteurs modulaires feront partie de notre vie, dans une optique énergétique, avec les avantages dont vous venez de parler. Vous et d'autres présenterez cette information à des foules et à des communautés très importantes, avec des parties prenantes du secteur de l'environnement, qui lèveront la main et opposeront de la résistance. Je suppose que ma question est la suivante: quel rôle le gouvernement joue‑t‑il pour contribuer aux efforts d'éducation et pour dissiper certains des mythes qui ont émergé au cours des dernières années au sujet des petits réacteurs modulaires, que ce soit dans les médias grand public ou dans les petites collectivités de différentes régions du Canada?
:
En bref, je dirais d'emblée que le gouvernement doit avant tout être cohérent en ce qui concerne les nouvelles technologies qu'il utilise pour faire face à la crise climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il doit être cohérent dans sa façon de parler des outils que nous allons utiliser pour faire face à cette crise. Bien que le gouvernement fédéral — votre gouvernement — ait fait des progrès considérables, surtout au cours des dernières années, en désignant le nucléaire et les petits réacteurs modulaires comme faisant partie des éléments essentiels à un avenir carboneutre, nous constatons que tous les décideurs ne tiennent pas le même discours. Il n'y a pas de cohérence dans les diverses mesures incitatives financières et fiscales offertes par le gouvernement, y compris le plus récent Cadre de référence pour les obligations vertes, les mesures incitatives fiscales et les mesures d'amortissement rapide qui visent d'autres technologies propres.
Si nous voulons que les investisseurs, l'industrie, le monde universitaire et l'ensemble de l'écosystème nucléaire soient en mesure de réaliser leurs pleines capacités, il faudra que tous les ordres de gouvernement envoient un signal fort et cohérent indiquant que le nucléaire est nécessaire pour un avenir propre et sans émissions.
Lorsque j'ai commencé dans l'énergie solaire, il y a un peu plus de 20 ans, c'est précisément cette source d'énergie qui était vue comme une « expérience scientifique coûteuse ». Je trouve paradoxal que certains des plus grands partisans du solaire voient aujourd'hui les petits réacteurs modulaires comme une « expérience scientifique coûteuse ». Dans quelques années seulement, nous allons déployer des technologies diverses qui feront la démonstration de ce que les petits réacteurs modulaires promettent de faire du point de vue du prix, si nous pouvons mettre ces technologies sur le marché et qu'elles tiennent la promesse d'une production de masse, et nous verrons, comme nous l'avons vu avec les éoliennes et les panneaux solaires, que le coût va baisser de façon très spectaculaire, ce qui en fera un outil très important.
:
Par votre entremise, madame la présidente, je remercie M. Blanchette‑Joncas de sa question.
[Traduction]
Je pense que cette observation est très juste.
Les petits réacteurs modulaires, les premiers du genre, ne sont déployés que maintenant, et les premiers, comme vous le soulignez à juste titre, ne seront pas connectés au réseau ou utilisés pour d'autres applications hors réseau avant la fin de la décennie.
Cela étant dit, le Canada est un endroit remarquable qui a besoin de petits réacteurs modulaires pour divers besoins. Il n'y a pas que les provinces et territoires du pays, comme l'Alberta, la Saskatchewan et certaines de nos provinces de l'Est, qui doivent abandonner les combustibles fossiles au profit d'une électricité plus propre. Nous allons devoir doubler ou tripler la quantité d'électricité que nous produisons actuellement, et tout doit être propre. C'est un défi énorme.
Pour cette raison, certains des premiers petits réacteurs modulaires prévus, ceux que vous avez mentionnés et que l'Ontario Power Generation a choisis — de General Electric Hitachi —, seront connectés au réseau d'ici 2028, mais en fait, ils ont un permis pour construire au moins quatre de ces unités sur le site de Darlington.
De plus, la Saskatchewan, qui doit également relever le défi d'éliminer progressivement les combustibles fossiles de son réseau électrique, vise — et l'a déclaré publiquement — à construire quatre ou cinq unités de la même taille, peut-être avec la même technologie. Ailleurs au Canada, nous nous attendons à ce que d'autres administrations utilisent ces petits réacteurs modulaires pour répondre à leurs besoins en électricité.
Je trouve important de souligner qu'au Canada seulement, pour l'électricité, nous avons besoin de plusieurs unités, ce qui signifie que plusieurs unités seront déployées après 2030.
Du côté de l'industrie lourde — l'acier, le ciment, les mines, le traitement thermique à haute température qui sera nécessaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre —, c'est là que vous verrez le déploiement de certaines des autres technologies, dont certaines seront accessibles avant même 2028.
Nous avons un défi à relever d'ici 2030, et c'est pourquoi nous avons besoin de plus d'énergie éolienne, de plus d'énergie solaire et de plus de stockage, et nous devons déployer ces technologies aussi rapidement que possible. Toutefois, nous devons également envisager, au‑delà de 2030, l'énorme défi que représente la nécessité de doubler ou de tripler la quantité d'électricité dont nous disposons. Nous devons être en mesure d'envisager la réduction des GES et l'industrie lourde, le ciment, l'acier, le pétrole et le gaz, et ainsi de suite, et c'est un défi qui va se poser au‑delà de 2030, jusqu'en 2050. Donc, oui, tout ce qui est proposé, tout ce qui arrive...
:
Madame la présidente, je pense que la réponse courte est que nous avons absolument besoin de toutes les technologies d'énergie propre qui sont proposées aujourd'hui, c'est‑à‑dire les technologies conventionnelles et les technologies qui misent sur le nucléaire, l'eau, le solaire, l'éolien et le stockage à court terme dans des batteries, et qui existent maintenant. Nous devons déployer ces technologies rapidement et à grande échelle, mais nous devons également reconnaître que certaines technologies ne seront disponibles que plus tard au cours de la présente décennie, puis à plus grande échelle entre 2030 et 2050. Ces technologies nous seront nécessaires pour atteindre les objectifs de carboneutralité. Cela inclut l'ajout de petits réacteurs modulaires. Cela inclut l'introduction de l'hydrogène et, espérons, l'intégration du stockage à long terme.
Encore une fois, pour répondre brièvement, il s'agit de mathématiques, pas de théologie. Le défi que nous devons relever est si énorme, concernant la quantité d'électricité propre que nous devons produire, que nous devons déployer toutes ces technologies, les développer et les mettre à l'échelle.
La dernière chose que je voudrais vous dire est la suivante. Si nous avions dit, il y a 20 ans, que l'énergie solaire et l'énergie éolienne étaient en cours de développement et qu'elles n'étaient pas prêtes pour une utilisation intensive, et si nous n'avions pas investi dans ces technologies à l'échelle mondiale et ici au Canada, nous ne disposerions pas aujourd'hui d'énergie solaire et éolienne à un prix accessible.
:
Merci, et merci aux témoins d'être ici. Je dois dire qu'il est agréable d'avoir des témoins ici en personne.
C'est un changement très apprécié. Je vais commencer par M. Gorman.
Selon ce discours, les petits réacteurs modulaires seront essentiels ou du moins utiles pour aider les communautés isolées, en particulier les communautés autochtones, à se passer du diesel. Cependant, lorsque je parle aux dirigeants autochtones et aux personnes qui travaillent avec les communautés autochtones sur les questions énergétiques, ils rejettent unanimement ce discours.
De plus, les chefs réunis en assemblée de la Nation Anishinabek, les Chiefs of Ontario et d'autres groupes ont déclaré ne pas vouloir que la technologie nucléaire remplace le diesel. Ils veulent des systèmes énergétiques qu'ils peuvent mettre en œuvre eux-mêmes, qu'ils peuvent comprendre eux-mêmes, et que leurs membres peuvent faire fonctionner. Ils veulent des systèmes qui reposent sur des technologies éprouvées, bon marché et disponibles dès maintenant. Ils veulent cesser d'utiliser le diesel maintenant, et non en 2035.
Je me demande simplement comment vous répondez à ces préoccupations, parce qu'elles semblent complètement à l'opposé de ce discours que j'entends encore et encore, selon lequel cette technologie va permettre à toutes les communautés d'abandonner le diesel.
:
J'aimerais commencer par dire que l'industrie nucléaire dans son ensemble — non seulement les services publics de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et d'ailleurs au pays, mais aussi d'autres acteurs de l'industrie, comme Cameco — collabore très activement avec les peuples autochtones. L'industrie nucléaire prend les relations et les partenariats avec les peuples autochtones très au sérieux. D'énormes efforts sont investis dans l'établissement de partenariats et de relations de confiance.
Je dirais aussi que l'industrie reconnaît que les petits réacteurs modulaires représentent un nouveau concept pour les communautés autochtones du Nord. La possibilité d'avoir recours aux petits réacteurs modulaires au sein de ces communautés fera l'objet d'un très long processus de consultation, d'apprentissage et d'écoute mutuels. Comme la population canadienne le voit maintenant, il est inconcevable de mettre quoi que ce soit en place, surtout un petit réacteur modulaire, dans une communauté qui n'en veut pas. Je tiens à souligner, toutefois, que les discussions et le processus d'apprentissage concernant les petits réacteurs modulaires viennent tout juste de commencer. C'est une nouvelle technologie. Certaines discussions se passent très bien. Des communautés, des organismes de développement économique et des organismes de développement autochtone s'associent à nous et se font les champions de la technologie. Des initiatives de grande envergure sont en cours pour mener des consultations auprès des peuples autochtones afin de tâter le terrain.
La dernière chose que je vais dire, monsieur Cannings, c'est que les technologies actuelles d'énergie éolienne, d'énergie solaire et de stockage ne répondent pas aux besoins des peuples autochtones et ne suffisent pas pour qu'ils abandonnent le diesel. Il faut envisager d'autres solutions.
J'aimerais passer rapidement à nos besoins futurs en matière d'énergie. Au Canada, c'est la Régie de l'énergie du Canada qui fait les projections et qui élabore les scénarios dans ce domaine. Le rapport qu'elle a publié l'an dernier sur l'avenir énergétique du Canada comprend un tableau chronologique des diverses sources d'énergie qui approvisionneront le Canada en électricité dans l'avenir.
D'après ses projections, pour le nucléaire, on passera de 95 000 gigawattheures en 2019 — je ne sais pas si c'est par année — à 96 000 gigawattheures d'ici 2050, ce qui représente une augmentation de 1 000 gigawattheures. Cette différence ne me semble pas très grande comparativement aux projections pour l'éolien, qui passera de 32 000 gigawattheures à 188 000 gigawattheures. L'éolien deviendra deux fois plus important que le nucléaire d'ici 2050. Quant au solaire — vous êtes probablement la personne la plus connaisseuse en matière d'énergie solaire au pays —, il passera de 2 000 gigawattheures à 62 000 gigawattheures d'ici 2050.
D'après les projections des experts, la production d'électricité nucléaire stagnera, tandis que la production à partir des autres sources d'énergie augmentera considérablement. Pouvez-vous réagir à ces projections, rapidement?
:
Vous avez raison. La fermeture des centrales nucléaires de Pickering est prévue pour le milieu de la décennie. Étant donné la quantité importante d'électricité qu'elles produisent, le manque sera difficile à combler. Même les premiers petits réacteurs modulaires qu'Ontario Power Generation connectera au réseau de l'Ontario ne seront utilisables que plus tard, vers la fin de la décennie.
L'augmentation de la demande en électricité coïncide avec la fermeture des centrales de Pickering. Comme la demande est à la hausse, la situation est vraiment problématique. Le président et directeur général d'Ontario Power Generation pourra vous parler d'une stratégie pour combler le manque durant son témoignage.
Permettez-moi une parenthèse. Quand on parle du besoin de doubler ou de tripler la quantité d'électricité produite au pays pour pouvoir remplacer les sources d'énergie et électrifier les moyens de transport, alimenter les véhicules électriques, etc., les gens ont de la difficulté à saisir l'importance de la quantité d'électricité qu'il faudra pour y arriver.
Je vous donne un exemple.
Je me suis entretenu avec le directeur général d'une des aciéries de l'Ontario. Cette aciérie installera un four à arc électrique pour faire fonctionner ses chaudières. À elle seule, cette entreprise aura besoin de plus d'un gigawatt d'électricité supplémentaire pour alimenter ses activités.
Le Canada devra produire énormément d'électricité non seulement pour arriver à remplacer les combustibles fossiles, mais aussi pour permettre aux grandes entreprises industrielles d'échanger les combustibles fossiles contre l'énergie thermique et l'électricité. Nous devons commencer le déploiement rapidement.
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Oui, bien sûr. Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
C'est une nouvelle technologie novatrice que nous sommes en train de mettre au point ici, au Canada. Je le répète, une grande partie du travail de validation est faite par les Laboratoires nucléaires canadiens, qui vérifient les données scientifiques et la sûreté du processus.
Le résidu principal, ou le plus grand volume... Les déchets produits par un réacteur CANDU ont environ ce volume‑ci, et ce sont des déchets à activité élevée. À la place, le résidu principal est l'uranium, et ce n'est plus un déchet à activité élevée.
Les résidus produits par le réacteur CANDU contiennent une toute petite quantité de déchets à activité élevée, ce qui fait que tous les résidus demeurent radioactifs pendant longtemps. Nous pouvons retirer cette petite quantité de déchets radioactifs à long terme et l'utiliser comme source d'énergie. Après, les 99 % de résidus qui restent sont composés principalement d'uranium presque naturel, et l'uranium est beaucoup plus facile à éliminer en toute sécurité. Le Canada aura quand même besoin du dépôt géologique en profondeur qu'il cherche actuellement à bâtir, mais il se peut qu'on puisse le faire plus petit, ce qui simplifiera la tâche.
Enfin, nous travaillons en collaboration avec l'organisme de réglementation canadien pour nous assurer que le processus respecte les normes les plus élevées. Nous travaillons également avec l'organisme de réglementation international, l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui évalue la sécurité du processus.
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Chers collègues, je déclare la séance à nouveau ouverte. Nous avons deux autres groupes de témoins à entendre.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à tous nos témoins de ce deuxième groupe. Merci de vous joindre à nous ce soir. C'est un nouveau comité de la science et de la recherche, et c'est la première étude sur les petits réacteurs nucléaires.
Premièrement, nous recevons, de Bruce Power, Michael Rencheck, président et directeur général. De la Société d'énergie du Nouveau-Brunswick, nous accueillons Brett Plummer, dirigeant principal de l'exploitation nucléaire et vice-président du nucléaire. D'Ontario Power Generation Inc., nous recevons Ken Hartwick, président et directeur général.
Bienvenue, tout le monde.
Vous disposerez chacun de cinq minutes pour intervenir. Après quatre minutes et demie, je brandirai cette carte. Ce sera le signal qu'il vous reste 30 secondes.
Nous devons avoir des services d'interprétation, alors si vous éprouvez des difficultés techniques et que les interprètes ne peuvent pas vous entendre, nous ne serons pas en mesure de continuer avec les témoins. Je suis vraiment désolée.
Nous allons commencer avec M. Rencheck, de Bruce Power, pour cinq minutes, s'il vous plaît.
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Mesdames et messieurs les membres du Comité, bonsoir. Je suis Mike Rencheck, président et directeur général de Bruce Power. Merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous dans le cadre de votre étude sur les petits réacteurs nucléaires modulaires.
Premièrement, je tiens à reconnaître aujourd'hui que je m'exprime à partir des terres traditionnelles et du territoire visé par un traité de la Nation des Ojibway de Saugeen, les territoires de récolte traditionnels du Conseil des Métis de la baie Georgienne de l'Ontario, et de la Nation Métis Historic Saugeen.
Bruce Power approvisionne 30 % de l'électricité de l'Ontario de manière sûre, fiable et à faible coût tout en ne produisant aucune émission de carbone. Bruce Power est fière de pouvoir soutenir la lutte contre les changements climatiques tout en alimentant notre économie avec une solution fabriquée au Canada et une chaîne d'approvisionnement nationale revitalisée et florissante.
Tandis que le monde essaie de trouver des moyens d'éliminer progressivement la production d'électricité à partir du charbon, l'Ontario a déjà montré comment cela peut se faire. Bruce Power fournit 70 % de l'énergie nécessaire pour y parvenir tout en créant de bons emplois et en produisant des isotopes médicaux qui sauvent des vies. En fait, notre partenariat pancanadien pour la production d'isotopes comprend la Nation des Ojibway de Saugeen. Je serais heureux d'en discuter plus en détail avec vous.
Bruce Power prend très au sérieux sa responsabilité envers un avenir carboneutre. De notre stratégie « net zéro 2050 », ce qui comprend l'engagement d'atteindre la carboneutralité d'ici 2027 dans nos opérations, à l'émission l'année dernière de la toute première obligation verte nucléaire, en passant par l'exploration de nouvelles technologies nucléaires, nous faisons preuve de leadership en aidant le Canada à atteindre ses objectifs de carboneutralité.
De plus, grâce au projet de 2030 de Bruce Power, nous nous dirigeons vers un nouvel objectif de production du site de 7 000 mégawatts d'ici 2030, ajoutant environ un millier de mégawatts d'énergie propre au réseau de l'Ontario pour soutenir les objectifs en matière de changements climatiques et les besoins futurs en énergie propre grâce à l'optimisation continue des actifs, aux innovations et à la mise à profit des nouvelles technologies.
Nous sommes fiers d'avoir été reconnus, dans le plan d'action sur les petits réacteurs modulaires du gouvernement fédéral et dans la stratégie interprovinciale concernant les petits réacteurs modulaires dévoilée en mars, pour notre rôle potentiel dans la conception de nouvelles technologies nucléaires. Nous sommes également heureux que le gouvernement ait récemment apporté son soutien, par l'entremise du Fonds stratégique pour l'innovation, au projet de réacteur Westinghouse eVinci que Bruce Power soutient. Nous appuyons aussi sans réserve le projet de PRM actuellement entrepris par Ontario Power Generation à son site de Darlington.
Bruce Power, ainsi que notre industrie, a été ravie de voir que du soutien à la technologie nucléaire était inclus dans le budget de 2022, y compris le soutien aux PRM de la part de la Banque de l'infrastructure du Canada et de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
En ce qui concerne la réglementation, Bruce Power croit qu'il faut mettre l'accent sur la réduction des risques pour permettre la construction de petits réacteurs modulaires et d'autres innovations nucléaires en rationalisant les exigences de la Loi sur l'évaluation d'impact, l'octroi de permis et les évaluations environnementales en général. Si nous voulons atteindre nos objectifs de zéro émission nette dans le secteur de l'électricité d'ici 2035, nous devons nous assurer que les exigences réglementaires, y compris les évaluations d'impact et l'octroi de permis, peuvent être établies dans un délai qui répond à nos besoins pour les dates cibles en matière de changements climatiques.
La création d'options en fournissant ou en élaborant une voie à suivre pour sélectionner le site et la technologie contribuera à attirer des investissements indispensables et à faire avancer les projets d'énergie nucléaire propre qui, nous le savons tous, seront nécessaires pour décarboniser davantage notre économie dans des secteurs autres que l'électricité.
Pour créer ces options et cet élan dont on a besoin pour garantir un rôle de chef de file mondial pour le Canada, tous ces ordres de gouvernement doivent travailler avec l'industrie pour partager les défis financiers et les risques associés à la réglementation environnementale et au processus d'octroi de permis de la CCSN pour la technologie.
Le gouvernement fédéral doit également continuer d'aider notre industrie à innover et à mener la lutte contre les changements climatiques par l'entremise de signaux politiques clairs. Nous continuons de demander l'inclusion de l'énergie nucléaire dans le Cadre fédéral des obligations vertes. La modification d'autres mesures et programmes existants pourrait créer des règles du jeu équitables permettant à l'énergie nucléaire de rivaliser avec d'autres technologies propres. De plus, l'énergie nucléaire et d'autres technologies complémentaires, comme l'hydrogène, devraient être envisagées pour décarboniser davantage nos industries.
Le Canada est un chef de file mondial dans le secteur de l'énergie nucléaire, et ses réacteurs CANDU sont utilisés dans le monde entier. Le gouvernement doit soutenir cet avantage et continuer à en tirer parti.
Nous sommes à un point d'inflexion dans notre lutte contre les changements climatiques, et nous comprenons tous qu'il est temps d'agir maintenant. Notre industrie n'a jamais connu de période aussi emballante. Nous sauvons des vies grâce à de nouveaux traitements contre le cancer...
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Merci, madame la présidente.
Bonsoir. Je suis Brett Plummer. Je suis le dirigeant principal de l'exploitation nucléaire et vice-président du nucléaire à la Société d'énergie du Nouveau-Brunswick. Merci de l'invitation à vous fournir des renseignements sur la façon dont la technologie des petits réacteurs modulaires peut aider le Canada à atteindre ses objectifs en matière de lutte contre les changements climatiques et à renforcer sa résilience économique.
Pour vous donner du contexte, la Société d'énergie du Nouveau-Brunswick et la province du Nouveau-Brunswick ont participé à l'élaboration de la feuille de route et du plan d'action pancanadiens sur les petits réacteurs modulaires. Forts de nos 40 années d'expérience dans le secteur nucléaire au Nouveau-Brunswick, nous travaillons activement avec d'autres provinces, des services publics et des organismes, comme la Saskatchewan, l'Ontario, l'Alberta, l'Ontario Power Generation, Bruce Power, SaskPower et les Laboratoires Nucléaires Canadiens, à la conception et au déploiement à l'échelle du pays de petits réacteurs modulaires.
Le Canada n'atteindra pas la carboneutralité d'ici 2050 sans l'énergie nucléaire. De nombreuses études réalisées par des organisations fiables appuient cette conclusion. Les énergies renouvelables et l'hydroélectricité ne suffiront pas pour que le Canada atteigne la carboneutralité sans une augmentation de l'énergie nucléaire. La technologie des petits réacteurs nucléaires est une technologie importante que le gouvernement fédéral devrait envisager et soutenir énergiquement.
La technologie des petits réacteurs modulaires fera partie de l'électrification massive de la société canadienne en mettant au point des carburants propres et en en soutenant la fabrication propre, le transport propre et le chauffage propre pendant que nous abandonnons le carbone et les combustibles fossiles.
Les petits réacteurs modulaires avancés s'intègrent aux énergies renouvelables, et nous aurons besoin de toute la production d'énergie propre que nous pouvons construire pour atteindre les objectifs de décarbonisation de 2050. Les petits réacteurs modulaires avancés sont essentiels pour soutenir les sources d'énergie renouvelable intermittentes lorsque le soleil ne brille pas et que le vent ne souffle pas. Les petits réacteurs modulaires avancés en cours d'élaboration au Nouveau-Brunswick auront une température de sortie élevée et pourront être utilisés pour la cogénération afin de jouer un rôle majeur dans la décarbonisation des industries, comme dans l'Ouest canadien.
Le Canada peut élargir la chaîne d'approvisionnement nucléaire pour créer de nouveaux débouchés dans l'Est et dans l'Ouest du Canada. Des méthodes de construction modulaires, ainsi que des méthodes de fabrication avancées, seront également élaborées pour élargir les répercussions économiques d'un bout à l'autre du pays avec les Premières Nations.
Comme le Canada est l'un des premiers pays à concevoir et à déployer les technologies de PRM, cela ouvre la voie à de plus grandes occasions commerciales au‑delà du Canada pour contribuer aux efforts mondiaux de décarbonisation. Cette occasion actuelle pourrait être perdue si les PRM ne sont pas soutenus. Le Canada peut prospérer sur le plan économique en renforçant la propriété intellectuelle et la capacité de fabrication au Canada, ce qui constitue une contribution importante à la lutte contre les changements climatiques mondiaux tout en créant un avantage économique pour le Canada. Nous avons besoin d'un gouvernement qui rationalise les politiques afin de soutenir l'exploitation à grande échelle de l'énergie nucléaire et de fournir des garanties financières et des mesures de soutien.
Merci de l'intérêt que vous portez à ce dossier. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Oui, le projet de loi . C'est exact.
L'une de nos technologies, la première de ce genre, s'inscrit dans la liste des projets. Elle fera l'objet d'une évaluation environnementale existante à laquelle participeront la province et la CCSN, mais au fur et à mesure de son expansion, en particulier avec Moltex, qui a une plus grande capacité, et aussi avec la conversion du combustible, elle relève vraiment de l'évaluation des répercussions du projet de loi , ainsi que des unités supplémentaires associées à notre énergie propre d'ARC, l'autre technologie. À l'heure actuelle, il s'agit d'un long processus, alors nous cherchons des moyens non pas de contourner le processus, mais de le rationaliser.
L'autre aspect, pour répondre à la question de M. Rencheck, c'est que la CCSN, l'organisme de réglementation, a été extrêmement coopérative jusqu'à présent et, comme l'a dit M. Rencheck, elle accélère le processus, mais encore une fois, nous devons nous projeter dans l'avenir avec la construction d'un énième réacteur, et nous ne pourrons pas suivre le même processus pour le énième réacteur que pour le premier. Une fois que la conception du réacteur est normalisée et qu'elle a été examinée et approuvée, la seule évaluation à ce stade devrait porter sur les changements associés aux caractéristiques ou à l'emplacement du site.
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Les petits réacteurs modulaires que nous mettons au point fonctionnent à température élevée, autour de 600 °C, ce qui est très propice à la récupération de la chaleur industrielle.
J'aimerais apporter une précision. Lorsqu'on pense aux petits réacteurs modulaires, on pense surtout à l'électricité alors qu'il faut plutôt penser à l'énergie. Ensuite, on pense à l'énergie solaire, à l'énergie éolienne, à l'énergie nucléaire, alors qu'il faut en réalité penser à l'intégration de toutes ces sources d'énergie dans un portefeuille énergétique, des parcs d'énergie, pour tenir compte du caractère intermittent des énergies solaire et éolienne et, essentiellement, du filet de sécurité qu'est le nucléaire.
Cette température élevée du nucléaire peut générer de l'hydrogène et de l'ammoniac, qui est un vecteur d'hydrogène. Il peut également être stocké dans des sels fondus, ce qui permet de stocker une énorme quantité d'énergie. Cela peut aider à gérer les pointes d'utilisation du réseau électrique. En outre, on peut tirer parti des périodes venteuses ou ensoleillées pour utiliser cette énergie à toutes sortes de fins, et ainsi modifier, potentiellement...
Ces réacteurs à haute température peuvent être utilisés de différentes façons pour appuyer la transformation et la production de carburants propres et l'électrification...
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Merci encore aux témoins.
Je vais commencer par M. Plummer. J'espérais poser la question à M. Sullivan, de Moltex, plus tôt, mais nous avons manqué de temps. Je crois savoir que c'est la technologie sur laquelle Énergie Nouveau-Brunswick misera pour les petits réacteurs modulaires. Donc, vous pourriez peut-être y répondre aussi.
La question porte sur une lettre qui a été envoyée au il y a environ un an par une dizaine d'experts du nucléaire des États-Unis, de représentants d'organismes de réglementation nucléaire, de professeurs de Harvard, de diplomates de haut niveau et de conseillers de la Maison-Blanche sous de précédentes présidences américaines, qui étaient très préoccupés par la technologie de Moltex.
Ils avaient deux préoccupations. La première porte sur un fait que Moltex présente comme un avantage, soit la réduction de 95 % du volume de déchets produits par les réacteurs CANDU. Le problème, c'est qu'il reste tout de même 5 % de déchets toujours extrêmement dangereux qui contiennent du plutonium. Ils sont préoccupés, comme d'autres, par le plutonium, qui peut être propice à la prolifération nucléaire, à la fabrication d’armes nucléaires et autres choses du genre.
Moltex a qualifié cette technologie de « non proliférante » pour diverses raisons, mais une étude de 2009 réalisée par des experts de six laboratoires nationaux américains a démontré que cette technologie était aussi susceptible d'être utilisée à mauvais escient à des fins de prolifération que la technologie de retraitement conventionnelle.
Voilà pour la première préoccupation. La deuxième porte sur les risques à long terme des déchets. Moltex prétend que l'élimination du plutonium réduirait les risques à long terme associés au dépôt de déchets radioactifs en couches géologiques profondes, une affirmation qui, selon ces experts, a été maintes fois réfutée.
Enfin, ils exhortent le Canada à effectuer, avant de prendre tout autre engagement en appui à ce retraitement, des examens de haut niveau tant sur la question de la non-prolifération que sur les répercussions environnementales de la technologie retraitement proposée par Moltex. Selon eux, ces examens démontreront que le retraitement est contre-productif sur les deux fronts.
C'était une longue introduction pour la question, mais j'aimerais avoir votre avis à ce sujet. Je suppose que vous avez une réponse à cela, puisque cela remonte à un an.
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Merci beaucoup, madame la présidente, et merci à nos témoins.
Monsieur Hartwick, je vais vous poser quelques questions. Vous pouvez me répondre, mais vous pouvez certainement répondre aux questions par écrit pour la gouverne du Comité. Je vais probablement aborder ces sujets avec d'autres témoins.
Tout d'abord, quelles sont les visions à court, moyen et long termes d'Ontario Power Generation et en matière d'énergie? Deuxièmement, étant donné la demande en énergie pendant la construction, connaissez-vous une pénurie de main-d'œuvre actuellement, et qu'en sera‑t‑il à l'avenir selon vous? Troisièmement, appuyez-vous la création d'un corridor énergétique au Canada, et quelle forme prendrait‑il?
Je vais commencer par M. Plummer. Mes questions sur les visions à moyen et long termes sont similaires.
Un des sujets que nous avons effleurés... Je crois que vous avez mentionné l'hydrogène. On considère que l'hydrogène jouera un rôle majeur dans un avenir éloigné au Canada. C'est une réalité à long terme, qui se concrétisera probablement dans 30 ans ou plus. Premièrement, quel rôle joue l'énergie nucléaire et quel rôle lui prédisez-vous pour l'avenir? Dans le Canada d'aujourd'hui, le gaz naturel va alimenter le développement de l'hydrogène. Croyez-vous que l'énergie nucléaire remplacera le gaz naturel et pouvez-vous envisager qu'on l'utilisera à la source — près des villes, par exemple?
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Je suis désolé. Je vais devoir vous interrompre. Si vous souhaitez fournir d'autres renseignements, n'hésitez pas à nous les transmettre par écrit. Il ne me reste que 30 secondes.
Ma dernière question porte sur la vision à court terme. Monsieur Hartwick, vous pouvez aussi y répondre par écrit. On envisage que nous aurons besoin de deux à cinq fois plus d'énergie qu'actuellement, et nous savons que les véhicules électriques s'ajoutent au réseau; j'aimerais d'abord savoir si le système peut supporter ces changements dans les cinq prochaines années. Je m'intéresse ici au court terme.
Deuxièmement, si vous répondez par la négative, quelles sont les répercussions du côté de la production énergétique? En quoi doit consister l'aide du gouvernement à court terme pour garantir que nous produirons l'énergie supplémentaire nécessaire aussi rapidement que possible?
Il ne me reste plus de temps, alors je vous prie de me répondre par écrit.
Madame la présidente, je vous remercie, encore une fois.
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J'ai eu beaucoup de mal à entendre la traduction, mais je vais répondre à la question que je crois avoir entendue.
Bien honnêtement, dans la construction de tous projets d'envergure, y compris les projets hydroélectriques ou les autres grands projets d'infrastructures, il faut d'abord faire progresser la conception du projet et s'assurer d'avoir accès à une chaîne d'approvisionnement adéquate. Ces conditions nous permettent de construire des projets rapidement et de respecter les échéanciers et le budget. Les conceptions d'avant-garde constituent l'élément crucial. Je crois que c'est là où l'appui doit provenir du gouvernement: nous pourrons ainsi développer les conceptions et les peaufiner afin d'acheter les matériaux ici au Canada, dans notre chaîne d'approvisionnement, et commencer la construction.
Les coûts généraux par mégawattheure et la situation en Ontario sont très révélateurs. Selon la Commission de l'énergie en Ontario, le coût actuel de l'hydroélectricité est d'environ 6 ¢; du nucléaire, 9 ¢; de l'énergie éolienne, d'environ 15 ¢ le kilowattheure; du gaz naturel, d'environ 15 ¢; et de l'énergie solaire, d'environ 49 ¢ le kilowattheure. Il s'agit de la tarification dans un réseau électrique qui a été décarboné en profondeur. La décarbonation est dite profonde lorsque l'équivalent de CO2 par kilowattheure est en deçà de 50 grammes, et l'Ontario se situe actuellement à 35 grammes. Notre empreinte est enviable. Nous nous sommes dotés d'un bon plan et d'une feuille de route adéquate pour y arriver.
Notre production hydroélectrique est très comparable à celle d'autres pays nordiques. Le réseau ontarien est composé de 60 % d'énergie nucléaire, de 25 % d'hydroélectricité et de 8 à 10 % d'énergies renouvelables, le reste étant alimenté par le gaz naturel et d'autres entités. Afin de créer un réseau électrique propre capable d'alimenter une économie, et pour en arriver à des coûts raisonnables par mégawattheure, je crois qu'il faudra grandement s'inspirer de cette répartition.
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Nous reprenons la séance.
Nous accueillons notre troisième et dernier groupe de témoins de la soirée. J'aimerais souhaiter la bienvenue à tous nos invités. Nous sommes ravis que vous soyez parmi nous. Vous participez aux travaux d'un nouveau comité sur la science et la recherche. Nous sommes impatients d'entendre ce que vous avez à dire.
Nous accueillons M. Troy King, président par intérim et directeur général de SaskPower; M. Francis Bradley, président-directeur général d'Électricité Canada et M. Jos Diening, directeur général de Global First Power.
Bienvenue à tous.
Chacun d'entre vous disposera de cinq minutes pour vos déclarations préliminaires. Après quatre minutes et demie, je soulèverai un carton jaune pour vous faire savoir qu'il vous reste 30 secondes. Nous essayons d'être équitables.
Je vous souhaite encore une fois la bienvenue. Nous avons hâte de vous écouter.
Nous allons commencer par M. King, qui a cinq minutes.
Je m'appelle Troy King et je suis le président par intérim et directeur général de SaskPower.
SaskPower cherche à assurer un avenir où les émissions nettes de gaz à effet de serre seront nulles, tout en continuant de fournir une énergie sûre, fiable et rentable à ses clients. Nous sommes présentement sur la bonne voie pour que les énergies renouvelables représentent 50 % de notre production d'ici 2030, ce qui nous permettrait de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 2005.
Pour y arriver, nous investissons massivement dans diverses énergies renouvelables et d'autres sources de production d'énergie. En fait, nous prévoyons de reconstruire 75 % de nos installations de production d'ici 2035, que l'on a mis 93 ans à bâtir. Cela dit, la production d'énergies renouvelables est certes importante, mais nous ne pouvons pas uniquement miser sur ce type d'énergie. L'énergie solaire et éolienne sont des sources intermittentes qui ne sont disponibles que lorsqu'il y a suffisamment de vent ou d'ensoleillement. Nous avons également besoin d'une énergie de base fiable disponible en tout temps, quelles que soient les conditions.
À l'heure actuelle, les combustibles fossiles représentent la majorité de la production d'énergie de base en Saskatchewan. Le gouvernement fédéral a annoncé la mise hors service de centrales au charbon conventionnelles d'ici 2030, ce qui représente une perte de près de 1 400 mégawatts. Il y aura donc une nette baisse de notre capacité à fournir de l'énergie de base fiable.
Dans certaines provinces, l'énergie de base provient en grande partie de la production hydroélectrique, mais la Saskatchewan n'a pas la géographie nécessaire pour soutenir une production massive d'énergie hydroélectrique, et ses options de production d'énergie de base non émettrice sont limitées. SaskPower explore diverses options afin de répondre aux besoins en matière d'énergie de base, notamment le gaz naturel, la technologie de captage de carbone, la géothermie et l'énergie nucléaire produite par des petits réacteurs modulaires, ou PRM.
Cela dit, à l'exception du gaz naturel traditionnel, les autres options de production d'énergie de base en Saskatchewan n'ont pas été testées à l'échelle commerciale. Cela signifie que SaskPower va devoir prendre des risques si elle choisit d'adopter l'une de ces technologies émergentes.
Selon nous, l'énergie nucléaire produite par des PRM présente le meilleur potentiel de réussite et pourra s'intégrer aux diverses sources énergétiques non émettrices de la Saskatchewan à l'avenir. Parmi ces sources énergétiques, on s'attend à retrouver des technologies existantes, telles que l'hydroélectricité, l'énergie éolienne, l'énergie solaire, les importations, la biomasse, la géothermie et potentiellement des technologies de captage de carbone, en plus de la production de gaz naturel traditionnel nécessaire pour complémenter les énergies renouvelables et fournir des services de pointe.
Afin de pouvoir déployer une technologie émergente telle que celle des PRM d'ici 2030 en Saskatchewan, nous nous sommes déjà lancés dans un projet pluriannuel de planification et de réglementation visant potentiellement à installer ces réacteurs dans la province. On s'attend à ce que les PRM jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les changements climatiques, à la fois en permettant aux services publics d'électricité de générer de l'énergie non émettrice fiable et sécuritaire, mais aussi en permettant l'application innovante de concepts de réacteurs avancés pour contribuer à la décarbonisation de diverses industries.
Au cours des dernières années, SaskPower a travaillé de concert avec Ontario Power Generation, Bruce Power et NB Power afin d'évaluer le potentiel d'un déploiement pancanadien de petits réacteurs modulaires. En travaillant avec ce groupe, nous sommes en mesure de tirer profit de leur expérience et de leurs connaissances en matière d'innovation nucléaire, d'exploitation d'installations nucléaires et de gestion des déchets nucléaires.
La décision de construire ou non un PRM ne se prendra pas avant 2029. Cela dit, d'ici là, nous devrons faire des investissements significatifs pour progresser dans notre planification, ce qui nous aidera à y voir plus clair et rendra la décision possible.
En plus de produire de l'énergie stable, sécuritaire et non émettrice, les PRM offrent un potentiel de retombées économiques importantes à la fois pour la Saskatchewan et le Canada, notamment des débouchés pour les chaînes d'approvisionnement, de bons emplois, des possibilités de réconciliation économique avec les peuples autochtones et des investissements dans des programmes d'éducation et de formation.
SaskPower et les autres partenaires provinciaux contribuent manifestement au progrès de la technologie des PRM afin d'offrir une solution pour atteindre les objectifs de réduction d'émissions de carbone. Cela dit, nous estimons que le gouvernement du Canada a aussi un rôle important à jouer sur ce plan.
Tout d'abord, le gouvernement a la capacité de partager le risque lié à des projets de PRM novateurs et inédits en assumant une partie des coûts de la phase de développement. Les services publics ont déjà proposé un plan de financement, et nous exhortons les membres du Comité à l'appuyer.
Ensuite, la clarté et la cohérence de la réglementation du nouveau processus fédéral d'évaluation d'impact sont une autre priorité.
Il est aussi très important que le gouvernement fédéral investisse à point nommé pour appuyer le développement et l'expansion de la chaîne d'approvisionnement nucléaire pour soutenir le déploiement de PRM au Canada. Le gouvernement fédéral doit également investir dans la recherche et le développement nucléaires et dans la formation, surtout dans les provinces et les territoires qui n'ont pas encore adopté l'énergie nucléaire, comme la Saskatchewan.
Le passage à un avenir carboneutre dans l'industrie de l'électricité représentera un défi nettement plus grand en Saskatchewan que dans d'autres provinces canadiennes qui disposent déjà d'importantes ressources hydroélectriques. Pour y arriver, il faudra non seulement prendre des risques importants lors du développement de nouvelles technologies, mais aussi faire des investissements financiers considérables.
SaskPower s'attend à ce que le gouvernement fédéral participe au processus pour ce qui est des investissements financiers nécessaires à la transition, notamment pour construire des PRM en Saskatchewan, le but étant de veiller à ce que le coût futur de l'électricité soit concurrentiel partout au Canada.
Je vous remercie de m'avoir écouté. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je suis très heureux d'être ici ce soir, alors que vous étudiez les occasions en lien avec les petits réacteurs nucléaires modulaires au Canada.
[Traduction]
J'aimerais tout d'abord souligner que nous sommes rassemblés sur le territoire traditionnel de nombreux peuples autochtones. [Difficultés techniques] aujourd'hui depuis les territoires traditionnels des Kanien’kehá:ka, connus aussi sous le nom de la nation Mohawk.
[Français]
Électricité Canada est la voix nationale de l'électricité au Canada.
[Traduction]
Nos 42 membres produisent, transportent et distribuent de l'électricité à des clients industriels, commerciaux et résidentiels d'un océan à l'autre.
[Français]
L'avenir énergétique du Canada est électrique.
[Traduction]
L'électricité est un aspect essentiel de la prospérité du Canada sur le plan économique, environnemental et social. Selon les estimations du gouvernement, le Canada aura besoin de deux à trois fois plus d'électricité à l'avenir afin de décarboniser les autres secteurs de l'économie pour atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Pour y arriver, le gouvernement s'est engagé à créer un réseau carboneutre d'ici la fin de 2035.
Nous avons la chance d'avoir une longueur d'avance. En effet, le réseau électrique du Canada est déjà l'un des plus propres dans le monde. Notre secteur a presque réduit de moitié ses émissions de GES depuis 2005. Plus de 80 % de l'électricité produite au Canada n'émet pas de CO2, et 15 % de cette électricité provient déjà de l'énergie nucléaire.
Comme l'ont dit d'autres témoins, nous croyons que le Canada aura besoin d'une approche très diversifiée pour répondre aux besoins énergétiques de la décarbonisation. Cela signifie qu'il faudra utiliser tous les outils à notre disposition pour répondre aux besoins énergétiques prévus, et ce, à un coût abordable.
Les PRM seront une option importante dans les provinces qui ne disposent pas d'importantes ressources hydroélectriques pour la construction d'un réseau carboneutre. De plus, ils offrent une option supplémentaire dans les domaines où la croissance et la demande augmentent massivement. La taille réduite des PRM signifie qu'ils pourraient remplacer les centrales à combustibles fossiles, être situés plus près de la demande d'électricité et avoir la taille adéquate pour cette utilisation.
Ces réacteurs présentent aussi des avantages pour les sites éloignés et les activités industrielles. À l'heure actuelle, les communautés éloignées qui ne sont pas connectées au réseau dépendent du diesel, qui est coûteux et polluant. Les PRM pourraient être une option plus propre et plus abordable. Quant aux activités industrielles éloignées, comme les mines ou d'autres projets, ces réacteurs pourraient être une source fiable d'électricité et de chauffage.
Les PRM permettent de générer de l'électricité lorsqu'on en a besoin, peu importe l'heure ou les conditions météorologiques. Cela sera utile pour offrir un soutien et un équilibre avec la croissance de diverses énergies renouvelables telles que l'énergie éolienne et solaire, et rendra le système plus fiable et efficace. Après tout, si on adopte une approche diversifiée, cela veut dire qu'on s'assure d'utiliser plus d'une ressource à la fois.
Comment pouvons-nous veiller à ce que le projet des PRM devienne réalité?
Premièrement, nous devons nous assurer d'avoir les ressources adéquates pour faciliter la croissance d'un écosystème de PRM. Le Canada est un chef de file en la matière. Pour y arriver, le gouvernement fédéral a lancé un plan d'action sur les PRM qui a défini les étapes à suivre afin de faciliter le déploiement et la croissance de cette technologie, et Électricité Canada a été heureuse de participer au processus. Le gouvernement fédéral peut assurer la réussite de ce plan en fournissant un financement suffisant pour poursuivre le développement de cette technologie. Les programmes de financement doivent être suffisants et opportuns afin que les promoteurs aient accès aux fonds au moment voulu.
Deuxièmement, nous devons réfléchir au processus d'approbation associé à la construction d'un PRM. Comme vous l'avez entendu plus tôt ce soir, Ontario Power Generation a commencé à travailler sur un projet de PRM à son installation de Darlington et s'attend à ce qu'il puisse être utilisé à des fins commerciales d'ici la fin de la décennie. Il y aura d'autres projets de démonstration sur d'autres sites nucléaires existants. Cela dit, en l'absence d'un site approuvé, un promoteur potentiel doit dépenser beaucoup de temps et d'argent pour obtenir les autorisations nécessaires avant même d'envisager d'investir dans un PRM. L'aide fédérale annoncée pour les études de planification préalable pourrait aider à régler les problèmes financiers, mais pas les problèmes de temps.
Troisièmement, nous devons être prêts à répondre aux questions des Canadiens sur ce que l'expansion de l'énergie nucléaire signifie pour eux. L'énergie nucléaire est sécuritaire, rentable et essentielle pour atteindre la carboneutralité. Naturellement, nous comprenons que les Canadiens puissent avoir certaines inquiétudes, mais si nous voulons réellement atteindre la carboneutralité, nous devons nous unir pour y répondre et obtenir le soutien du public que nous servons.
Les PRM seront un élément important de notre système électrique propre, abordable et fiable pour les décennies à venir. Pour que cela se concrétise, l'industrie et le gouvernement doivent continuer à travailler ensemble. Après tout, 2035, c'est dans moins de 13 ans. Nous n'avons que 4 961 jours pour construire un réseau carboneutre. Cela peut sembler beaucoup, mais demain, il ne nous restera plus que 4 960 jours.
Merci beaucoup. J'ai hâte à la discussion.
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Bonsoir, chers membres du Comité permanent de la science et de la recherche.
Je m'appelle Jos Diening et je suis le directeur général de Global First Power.
Avant de commencer, j'aimerais souligner que le projet dont je parlerai ce soir se déroule sur le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinabe, qui est aussi couvert par les Traités Williams. Je me joins virtuellement à vous, et j'aimerais souligner que je me trouve sur le territoire des Mississaugas des Premières Nations signataires des Traités Williams.
Au nom de l'équipe de Global First Power, j'aimerais vous remercier de nous permettre de parler des petits réacteurs modulaires, de notre entreprise et de notre premier projet de microréacteur modulaire.
Global First Power est une coentreprise d'Ontario Power Generation et d'Ultra Safe Nuclear Corporation.
Nous sommes fiers de la vision de notre organisation, qui consiste à utiliser les petits réacteurs modulaires pour atteindre les objectifs climatiques du Canada et assurer une sécurité énergétique dans les milieux que nous soutenons.
Les PRM sont une option de production d'énergie sûre, à faibles émissions de carbone et rentable pour fournir l'énergie dont les consommateurs ont besoin, peu importe la région. Nous croyons que les microréacteurs modulaires pourraient être une solution pour les communautés éloignées, les mines ou les industries lourdes qui dépendent présentement du diesel pour combler leurs besoins énergétiques. Le diesel peut être coûteux, mais il est en plus difficile à transporter vers des régions éloignées et génère des émissions qui affectent l'environnement. Nous offrons une solution de rechange fiable, propre et concurrentielle. Nous désirons installer des microréacteurs modulaires dans ces régions pour fournir de l'énergie fiable et garantir une sécurité énergétique.
Nous avons aussi de nombreuses raisons de nous réjouir. Nous sommes fiers, car nous sommes sur la bonne voie pour construire le premier microréacteur modulaire du Canada dans les laboratoires de Chalk River, qui se trouvent sur un site appartenant à Énergie atomique du Canada limitée et géré par les Laboratoires Nucléaires Canadiens. Nous en sommes encore à la phase de conception et de planification, mais nous nous attendons à ce que la centrale puisse être exploitée à l'échelle commerciale d'ici la fin de la décennie.
Nous sommes fiers d'avoir pour objectif de compléter et d'envoyer notre évaluation d'impact environnemental, dans le cadre des autorisations pour préparer le site, à la Commission canadienne de sûreté nucléaire d'ici la fin de l'année. Il s'agit d'un moment exaltant pour Global First Power et l'industrie nucléaire.
Notre projet est un projet de démonstration commerciale qui vise à présenter la technologie et les avantages des PRM en tant que solution énergétique. Le microréacteur modulaire que nous proposons a été conçu par Ultra Safe Nuclear Corporation. Il s'agit d'un réacteur de la génération IV. Il est sûr et chaque unité peut générer jusqu'à cinq mégawatts d'électricité une fois installée. Le réacteur produit de l'électricité 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et ce, pendant 20 ans.
Cela représente assez d'électricité pour alimenter environ 5 000 maisons ou la durée de vie d'une mine moyenne. Il est possible de déployer diverses unités pour répondre aux besoins énergétiques précis des mines et des communautés éloignées et d'offrir une abondance énergétique qui peut non seulement servir à alimenter les maisons et les industries, mais aussi à améliorer les infrastructures telles que celles pour le traitement des eaux, les communications et la production alimentaire en serre.
Les PRM sont petits, et le nôtre est très petit. Une fois construit, notre microréacteur modulaire, associé à une installation de production d'électricité adjacente, aura une empreinte de la taille d'une piste de course olympique. De plus, grâce au concept modulaire, ce type de réacteur peut être construit rapidement, soit environ en une année. Cela s'avère possible grâce à la modularisation de notre centrale; la majeure partie de la fabrication se déroule hors site.
Comme je l'ai dit plus tôt, les camps miniers ou les communautés éloignées hors réseau qui dépendent traditionnellement du diesel représentent le principal marché de Global First Power. Nos réacteurs peuvent fournir une abondance d'énergie fiable et carboneutre à ces communautés. Un seul microréacteur modulaire a une durée de vie de 20 ans, et fournit une énergie équivalant à jusqu'à 200 millions de litres de carburant diesel.
Notre mission est de fournir une solution énergétique plus propre, mais nous croyons aussi qu'il est très important d'impliquer les communautés dans lesquelles nous planifions de construire nos centrales énergétiques. Nous avons mené et prévoyons de continuer à mener des activités de sensibilisation exhaustives. Nous avons réussi à conclure cinq ententes de capacité et de relation avec des communautés et des organisations autochtones. Le degré de mobilisation varie d'une entente à l'autre, mais quatre communautés nous transmettront leurs connaissances traditionnelles et culturelles, et nous les utiliserons pour notre évaluation d'impact environnemental à soumettre.
Nous poursuivrons le dialogue avec les communautés lors des prochaines étapes du projet de Chalk River, et nous espérons et prévoyons de collaborer avec encore plus de communautés autochtones à l'avenir lorsque nous déploierons des PRM sur d'autres sites une fois notre démonstration commerciale réussie.
Nous croyons que les PRM doivent faire partie du plan sur les changements climatiques du Canada, et qu'ils permettent d'exploiter d'autres sources d'énergie renouvelable en offrant une énergie de base stable et fiable lorsque les énergies renouvelables intermittentes telles que l'énergie solaire ou éolienne ne produisent pas d'électricité. En favorisant les énergies renouvelables et en permettant à des communautés et à des industries de se départir du diesel, les PRM peuvent jouer un rôle central dans la lutte contre les changements climatiques, non seulement au Canada, mais dans le monde entier.
Merci pour cette invitation. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Je veux d'abord réitérer que SaskPower n'a pas encore pris de décision. Nous entamons à peine l'évaluation des PRM comme possible source d'énergie carboneutre en Saskatchewan.
Tout le processus d'autorisation et de prise de décisions dépendra en grande partie de l'issue du processus qu'impose l'obligation de consulter, de la collaboration avec les différentes Premières Nations de la province. Quand viendra le temps d'établir les sites, nous voudrons plus particulièrement étudier chacune des options et les communautés qui seront touchées.
Nous estimons qu'il y a des occasions permettant la participation des Premières Nations, que ce soit dans le cadre du projet comme tel... Nous savons que ces projets peuvent être très capitalistiques et exiger un important financement initial.
Nous cherchons des façons d'en concevoir la construction de sorte à permettre à divers partenaires potentiels de se l'approprier. Nous évaluons également le potentiel en matière d'emplois et celui relatif à la chaîne d'approvisionnement.
Je le répète, le volet des PRM est encore embryonnaire en Saskatchewan.
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Tout dépend de ce que nous pouvons nous procurer sur le marché.
Pour nous, les PRM s'avèrent la meilleure option pour l'avenir. Toutefois, si tout se passe bien, nous avons établi à 2034 la date cible pour l'installation de notre premier PRM d'une capacité d'environ 300 mégawatts.
Pour remplacer toutes nos centrales thermiques actuelles... Entre 3 600 et 3 700 mégawatts sont actuellement produits par ces centrales, ce qui ne comprend pas la croissance. Les PRM semblent constituer une partie de la solution, et nous pourrions dans l'absolu avoir jusqu'à quatre PRM d'ici le milieu des années 2040. Toutefois, comme je crois l'avoir souligné dans mes remarques, en Saskatchewan, où nous n'avons pas accès à l'hydroélectricité, nous avons très peu d'options pour fournir de l'énergie de base carboneutre. Nous avons certes accès aux énergies éolienne et solaire, mais ce sont des sources intermittentes, les PRM représentant l'une des deux options qui, à notre avis, nous permettront de fournir l'énergie de base à l'avenir.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je souhaite la bienvenue aux témoins au Comité permanent de la science et de la recherche, un comité qui marque l'histoire du Parlement.
Je vais faire mon possible pour vous poser quelques questions liées à la science et à la recherche dans ce domaine.
Quand nous parlons de PRM, il s'agit évidemment, tant pour vous que pour les groupes de témoins qui vous ont précédés, d'un volet de vos activités quotidiennes, mais je vous dirais que ce n'est pas un sujet que beaucoup de gens connaissent. En matière de recherche et de science, ce que j'aimerais savoir...
Par souci d'équité, je vais poser ma question à Global First Power et M. Diening pourra y répondre en premier, puisqu'il n'a pas encore eu l'occasion de le faire. Puis, j'enchaînerai avec Électricité Canada et M. Bradley.
Comment formons-nous les gens? En formons-nous assez? Avons-nous assez de main-d'œuvre? Comment se porte la recherche dans ce secteur? Où se situe le Canada par rapport à ses pairs? Toute suggestion, remarque ou rétroaction que vous pouvez fournir là‑dessus m'intéresse. Mes questions sont très larges par dessein, mais j'aimerais obtenir votre avis. Collaborez-vous avec nos établissements d'enseignement ou avec nos sociétés de recherche? Y a‑t‑il la moindre collaboration avec ce type d'établissements?
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Si je peux me permettre, j'aimerais saluer et remercier les témoins qui sont avec nous ce soir.
Ma première question s'adresse à M. Bradley.
Monsieur Bradley, j'ai bien entendu dans votre discours qu'Électricité Canada souhaite obtenir des investissements dans les petits réacteurs nucléaires modulaires et dans d'autres technologies également, afin de réduire la dépendance aux énergies fossiles.
Je comprends qu'il est important d'appuyer cette technologie. Cependant, j'essaie de voir comment le Canada peut rivaliser avec de grands marchés tels que les marchés russe, américain et chinois, qui possèdent une plus grande force diplomatique et une plus grande force de production. Nous savons que, les avantages concurrentiels qu'ont ces marchés, c'est qu'ils peuvent assurer une grande production, standardisée, de petits réacteurs nucléaires modulaires et réaliser des économies d'échelle.
J'aimerais donc entendre votre opinion à ce sujet. Avez-vous des données à nous communiquer qui nous aideraient à comprendre de quelle façon nous pourrions rivaliser avec les autres marchés à l'international?
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Je vous remercie de cette question très intéressante.
[Traduction]
Selon moi, ce que nous devons viser, et ce que beaucoup des présentateurs aujourd'hui ont dit vouloir développer, c'est essentiellement un secteur purement canadien de plus grande portée.
Nous l'avons déjà fait. Ce n'est pas nouveau dans le milieu du nucléaire. Nous avons créé un écosystème CANDU dans les années 1960, 1970 et 1980. Nous ne nous sommes pas appuyés sur la technologie et l'expertise d'autres acteurs. Il en est de même pour beaucoup d'autres secteurs d'activité dans le domaine de l'électricité. Nous sommes des leaders mondiaux en production hydroélectrique et en transmission d'électricité à haute tension.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous devrons adopter une approche de type « tout ce qui précède ». Ce n'est pas seulement pour veiller à établir un écosystème PRM au Canada, mais aussi pour développer d'autres secteurs, comme le recours au captage et stockage du carbone et au captage direct dans l'air. Nous devons poursuivre l'expansion des énergies éolienne, solaire et nucléaire, puis envisager le recours à de nouvelles technologies pour améliorer l'efficacité de nos réseaux. Nous devrons nous pencher sur la transmission.
Avec la nécessité de doubler ou de tripler la production, toutes ces options devront être envisagées, mais nous avons déjà développé des secteurs purement canadiens dans ce domaine.
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Merci, monsieur Bradley.
Je comprends votre point de vue sur le fait de diversifier les types de technologies. Cependant, la technologie des petits réacteurs modulaires n'est pas mature et n'est pas développée. Elle ne sera pas en service avant 10, voire 15 ans, c'est-à-dire avant 2030 ou 2035. Comme on le sait, le Canada vise à atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
Je reste optimiste, mais je suis curieux de savoir si vous avez des données à nous transmettre sur le fait que cette technologie va réellement permettre au Canada d'atteindre la carboneutralité. Si ce n'est pas le cas, pourquoi ne pas investir dans des technologies qui sont développées au Canada, déjà matures et pour lesquelles nous avons déjà un avantage concurrentiel? Pourquoi ne pas laisser à certains autres pays ayant une force plus grande produire des petits réacteurs modulaires standardisés et réaliser des économies d'échelle?
Ensuite, on pourra utiliser cette technologie à court terme ou à moyen terme, mais, pendant ce temps, on peut se concentrer sur ce que l'on fait de manière efficace au Canada.