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Bienvenue à la 51
e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 juin 2022. Les députés participent en personne dans la salle, à l'exception d'un député qui participe à distance.
J'aimerais formuler quelques consignes à l'intention des témoins. Je remercie les témoins de s'être joints à nous.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez sur Zoom, cliquez sur l'icône microphone pour activer celui‑ci. Lorsque vous avez la parole, parlez lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, mettez votre micro en sourdine. En ce qui concerne l'interprétation, pour ceux qui sont sur Zoom, vous avez le choix au bas de votre écran entre le parquet, l'anglais et le français. Pour ceux qui sont dans la salle, vous avez les oreillettes.
Bien que cette salle soit équipée d'un système audio performant, une rétroaction acoustique est toujours possible. Celle‑ci peut être extrêmement nocive pour les interprètes et leur causer de graves blessures. La cause la plus fréquente de l'effet Larsen est un écouteur porté trop près du micro. Par conséquent, nous demandons à tous les participants d'être très prudents dans leur manipulation des écouteurs, en particulier lorsque leur micro est en marche.
Conformément à notre motion de régie interne, je vous informe que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion. Je vous rappelle que toutes les interventions doivent être adressées à la présidence.
Pour commencer, conformément à l'article 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 6 juin 2023, le Comité entreprend son étude sur l'utilisation des subventions, fonds et contributions du gouvernement fédéral en matière de recherche et de développement par les universités et les établissements de recherche canadiens dans le cadre de partenariats avec des entités liées à la République populaire de Chine.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir Christian Leuprecht, professeur au Collège militaire royal du Canada, par vidéoconférence, et Jim Hinton, avocat spécialisé en propriété intellectuelle, également par vidéoconférence.
Vous disposerez chacun de cinq minutes pour vos déclarations liminaires, puis nous passerons aux tours de questions. Nous commencerons par M. Leuprecht.
Vous avez la parole pour cinq minutes. Allez‑y, s'il vous plaît.
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Monsieur le président, je vous remercie de l'invitation.
Je vais faire mes remarques en anglais, mais c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions dans les deux langues officielles.
[Traduction]
Je vais passer sur l'introduction qui décrit l'infiltration et la cooptation de la recherche canadienne par les services chinois de renseignement de défense, de sécurité nationale et de technologie à double usage, mais soyez assurés que le dossier public montre que cette infiltration est profonde et étendue. Dans certains cas, les institutions et les chercheurs canadiens savent parfaitement que leurs interlocuteurs chinois sont hautement douteux, tandis que dans d'autres, ils sont participants par inadvertance.
Depuis des années, l'argent des contribuables, le financement public de la recherche et les universités publiques sont systématiquement utilisés pour soutenir et permettre la recherche et l'utilisation de technologies qui profitent à des États autoritaires hostiles qui semblent saper les institutions démocratiques, les processus électoraux, la prospérité économique, la sécurité nationale et les valeurs fondamentales du Canada, ainsi que les institutions multilatérales internationales et ainsi de suite.
Le gouvernement prétend mener une politique étrangère fondée sur des valeurs, mais depuis plus de 17 ans, ses propres fonds et institutions de recherche sont utilisés par des États hostiles à des fins néfastes qui vont à l'encontre de ces mêmes valeurs. Ce n'est pas un problème de distribution aléatoire. Les partenaires de recherche problématiques et les méthodes d'infiltration et de cooptation sont connus de tous depuis au moins cinq ans, tout comme les domaines clés de la recherche sensible.
Parallèlement, les tergiversations du gouvernement fédéral quant à l'adoption d'une approche et d'un cadre cohérents et systématiques pour endiguer ce problème font que certains chercheurs sont exclus de certaines occasions, simplement parce qu'ils portent un nom de famille chinois. Contrairement aux affirmations du premier ministre selon lesquelles l'action du gouvernement pourrait avoir des conséquences ou des connotations racistes, c'est précisément l'inaction du gouvernement qui a des conséquences racistes en créant une incertitude généralisée.
Inversement, tout universitaire qui a de la famille en Chine, qui travaille avec d'anciens collègues en RPC ou qui visite la Chine serait vulnérable, comme c'est naturellement le cas de la plupart des universitaires ayant des relations en Chine. Bien que le Comité se concentre sur le rôle du gouvernement fédéral, ce domaine requiert une collaboration étroite et étendue entre le gouvernement fédéral, les provinces et les institutions de recherche, avec un leadership fédéral ferme et solide pour garantir la certitude et une cohérence nationale. À cette fin, le gouvernement fédéral ne doit pas céder à la tentation de la facilité en adoptant une approche étroite. Ce serait une grave erreur. Seule une approche globale de la sécurité de la recherche sera efficace et valable.
Premièrement, en ce qui concerne les domaines de recherche sensibles, le gouvernement doit signaler les domaines de recherche à haut risque, notamment ceux qui pourraient donner naissance à des technologies à double usage. Par exemple, l'informatique ou la fabrication de matériaux avancés et les minéraux critiques, qui engloberaient la recherche sur les véhicules électriques, sont manifestement absents de la motion sur laquelle se fondent les audiences du Comité.
Deuxièmement, ce doit être indépendant du pays. Une fois que les domaines de recherche sensibles ont été repérés, l'approche doit être agnostique et englober non seulement la Chine, mais plus largement les régimes autoritaires hostiles, y compris la Russie et l'Iran.
Troisièmement, les entités répertoriées. Le gouvernement doit avoir le courage de dresser la liste des entités problématiques, comprenant environ 200 institutions et entreprises chinoises, ainsi que des entités russes et iraniennes également, par exemple. Les chercheurs doivent savoir clairement quelles affiliations sont problématiques.
Quatrièmement, la détermination des domaines de recherche sensibles, des pays problématiques et des entités réelles transfère une partie de la charge de la sécurité de la recherche au chercheur, qui devrait être tenu de certifier en toute bonne foi qu'aucun de ces éléments ne s'applique au chercheur principal et à sa demande, ou si c'est le cas, le chercheur devrait être tenu de soumettre un plan complet de sécurité de la recherche qui explique en détail les risques et les stratégies d'atténuation des risques. Des plans d'atténuation des risques inadéquats devraient constituer un motif de rejet. Les plans de sécurité de la recherche doivent faire preuve de diligence raisonnable visant à empêcher que la recherche ne tombe pas entre de mauvaises mains et à fournir des garanties supplémentaires, notamment des audits annuels et la possibilité de retenir des fonds pour les chercheurs et les institutions.
Le cinquième point consiste à instituer un processus d'examen approfondi et complet. Au lieu de s'intéresser uniquement au soutien financier direct ou indirect — c'est‑à‑dire en nature — d'un projet, un processus d'approbation adéquat doit prendre en compte les collaborations du chercheur principal de façon globale, notamment les publications dont il est coauteur et les autres subventions qu'il a reçues. L'examen du seul soutien financier dans le cadre d'une demande de financement d'un projet ne permet pas de repérer les relations problématiques essentielles. L'argument selon lequel la charte va à l'encontre d'un processus d'examen approfondi est faux et n'est qu'une excuse pour éviter de faire ce qu'il faut.
Sixièmement, le gouvernement fédéral a commencé à financer la sécurité de la recherche dans les universités canadiennes, mais deux problèmes se posent. Le premier est que la formule utilisée pour calculer l'aide au titre du Fonds de soutien à la recherche du gouvernement du Canada est problématique. L'Aurora College reçoit 256 $ par an, Trent 25 000 $ et l'Université de Toronto 4,3 millions de dollars. D'une part, ce montant est insuffisant pour permettre à Trent d'embaucher des chargés de recherche, d'autre part, il est beaucoup trop élevé pour l'Université de Toronto. Aussi, cet effort semble largement performatif. Les nouveaux chargés de recherche des universités ont jusqu'à présent reçu peu de conseils et remplissent en grande partie une fonction administrative. Ils ont besoin d'une orientation claire.
Septièmement, les universités devraient être autorisées et encouragées à consacrer ces nouveaux fonds à la recherche, aux pratiques exemplaires et à la sensibilisation à la sécurité de la recherche.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité permanent de la science et de la recherche. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec vous en début d'année et c'est à nouveau un honneur pour moi de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je suis avocat en propriété intellectuelle, agent de brevets et agent de marques de commerce au sein de mon cabinet, Own Innovation. Je suis également chercheur principal au Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, où j'étudie les politiques d'innovation et de propriété intellectuelle. J'enseigne également les stratégies d'innovation et de commercialisation de la PI à l'Université Western de London, en Ontario.
J'exprime ma gratitude au Comité pour avoir étudié ce sujet important. La sécurité et le contrôle de la recherche canadienne sont une question de sécurité nationale et de prospérité économique nationale. La valeur de la recherche canadienne est contrôlée par la propriété intellectuelle et les restrictions physiques. Que nous protégions ou non notre recherche, des pays l'utilisent pour faire avancer leurs propres programmes.
Aujourd'hui, nous parlons de ce qui se passe lorsque des acteurs étrangers utilisent notre technologie et notre PI pour mettre en péril notre sécurité nationale. Les instituts de recherche canadiens — nos universités — comptent parmi les institutions les plus sacro-saintes du Canada; or, ces institutions ont été compromises. Selon des rapports publics, 50 universités canadiennes ont mené des recherches approfondies avec l'armée chinoise depuis 2005.
Huawei a établi des partenariats avec plus de 20 institutions de recherche canadiennes. Huawei a reçu la propriété intellectuelle de l'Université de Waterloo, de l'Université de Toronto, de l'Université McGill, de l'Université de Colombie-Britannique, de l'Université de Calgary, de l'Université d'Ottawa, de l'Université Laval, de l'Institut national de la recherche scientifique, ou INRS, de l'Université Carleton, de l'École Polytechnique de Montréal, de l'Université Western, de l'Université de Regina et de l'Université McMaster. Je cite ces noms pour lever tout voile du secret sur ces accords.
Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Des fonds publics importants, des millions de dollars et des ressources sont utilisés. Des centaines de brevets ont été générés pour Huawei grâce à ces accords. Les droits commerciaux reviennent à Huawei, qui peut utiliser cette technologie comme bon lui semble. La loi interdit aux Canadiens d'utiliser ces technologies. Ce ne sont pas des cas isolés. C'est l'exfiltration systématique d'actifs canadiens financés par des fonds publics vers une organisation qui n'est même pas autorisée à utiliser les systèmes de télécommunications du Canada.
Le gouvernement fédéral, par le truchement de programmes comme le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le CRSNG, a non seulement été complice de ces arrangements, mais a également encouragé ce comportement. Bien qu'il y ait eu récemment un changement d'approche en raison de protestations croissantes du public, ce changement a été entièrement réactionnaire. Le CRSNG finance des projets de recherche de Huawei depuis au moins 2010 et, malgré certains changements, les universités et les chercheurs canadiens peuvent toujours travailler avec Huawei. Il se peut simplement qu'ils ne soient plus incités à le faire.
Je propose les recommandations suivantes, inspirées de pratiques exemplaires mondiales aux États-Unis, en Australie et dans d'autres compétences.
La première est la transparence. Nous devons savoir qui travaille avec les institutions de recherche canadiennes et quels en sont les bénéfices. Nous ne connaissons pas vraiment l'étendue de cette relation ni son impact. Nous devons également savoir à quelles fins cette technologie a été utilisée, en particulier pour les technologies à double usage qui peuvent avoir des usages commerciaux ainsi que des objectifs malveillants. Les universités qui reçoivent des fonds publics doivent suivre et signaler les flux d'efforts de recherche et de développement en les divulguant annuellement et concrètement, y compris les montants et les personnes avec lesquelles elles travaillent.
La seconde est une stratégie proactive et non réactive. Le renard est responsable du poulailler. Les universités et les chercheurs eux-mêmes sont souvent chargés de signaler eux-mêmes les problèmes éventuels de sécurité nationale, mais ils se trouvent dans une situation de conflit d'intérêts inhérente. Nous devons doter les universités de ressources suffisantes et les inciter à collaborer avec la communauté canadienne du renseignement afin qu'elles soient au fait des derniers renseignements et qu'elles comprennent les défis à relever pour gérer les relations de manière proactive, pour le bien du Canada. Envisagez une loi comme celle adoptée par l'Australie pour examiner et, s'il y a lieu, annuler les accords internationaux conclus par les universités.
Enfin, nous devons conserver les actifs stratégiques canadiens en matière de propriété intellectuelle et de données. Nous devons cesser de conclure ces terribles accords, y mettre un terme dès maintenant et nous assurer que nous ne nous retrouverons plus dans la même situation. Nous devons également mettre à jour en permanence les technologies d'importance stratégique. Les risques économiques et sécuritaires ne sont pas des questions distinctes. La propriété intellectuelle et les données relatives à l'intelligence artificielle, à la quantique, à la photonique, à la biotechnologie et à l'aérospatiale sont des technologies à double usage qui ont une valeur à la fois économique et de sécurité nationale. Toute évaluation des risques et des avantages nets doit tenir compte à la fois de la valeur économique et des risques pour la sécurité.
La Chine considère nos universités comme des générateurs stratégiques de PI pour son armée et ses entreprises, mais elle n'est pas la seule concernée. Il y a aussi les Américains. Il peut aussi s'agir de la Russie ou de l'Iran. Le gouvernement fédéral doit prendre la situation en main et veiller à ce que ce soit les Canadiens et non les armées étrangères qui recueillent les retombées positives de la propriété intellectuelle et des données financées par des fonds publics.
Je vous remercie et je participerai avec plaisir au débat.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Monsieur Hinton, je vous remercie d'être revenu ici.
Je m'attends à ce que, pendant l'étude, nous entendions parler des lignes directrices de 2021 sur la sécurité nationale pour les partenariats de recherche et de l'annonce faite par les ministres en 2023 sur le financement des partenariats de recherche. Je m'attends à ce que les universités disent qu'il n'y a rien à voir ici parce que les lignes directrices ont changé. Je m'attends également à ce que le gouvernement dise que les ministres ont répondu aux préoccupations en matière de sécurité nationale avec la nouvelle directive.
Par conséquent, en tant que comité, que devrions-nous garder à l'esprit lorsque nous entendrons le témoignage des universités à ce sujet?
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, pour vos exposés.
Vous savez, ce comité a été formé avec pour priorité d'essayer de protéger la propriété intellectuelle, la question de la souveraineté de la présence du Canada en matière de technologie, ainsi que la sécurité nationale. Nous partageons tous le souci de veiller à ce que nos innovateurs canadiens soient protégés et à ce que nous conservions une partie de cette propriété intellectuelle, ainsi que la monétisation et la mise à l'échelle de cette technologie ici, au Canada. Nous sommes tous préoccupés par l'implication de certaines entités étrangères. Malgré l'excellence académique et l'indépendance requises dans la communauté scientifique pour un engagement international, nous voulons nous assurer que le Canada est protégé dans tous les cas. Il est certain que nous voyons la Russie et la Chine et certaines de leurs institutions exceller dans certaines applications. Nous voulons en profiter également, mais nous voulons protéger le Canada. Nous voulons protéger nos entreprises et notre économie dans son ensemble.
Je reconnais, monsieur Hinton, que vous avez mentionné certaines des préoccupations concernant les compromis et, assurément, un certain nombre de situations qui se sont produites bien avant cinq ans. Cela dure depuis un certain temps. Ma question est la suivante: pensez-vous que le gouvernement a eu raison d'interdire Huawei au Canada?
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Oui. C'est un bon point.
Je reconnais également certaines des contraintes juridictionnelles entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux en ce qui concerne les universités. Les provinces appuient certaines politiques et certains engagements des universités.
Monsieur Leuprecht, en mars de cette année, vous avez témoigné devant un comité parlementaire et déclaré: « Des versions récentes non classifiées du rapport annuel du Service canadien du renseignement de sécurité ont mis en garde à plusieurs reprises contre le problème de la mainmise de l'État sur les élites et les institutions politiques, commerciales, financières, éducatives et sociétales du Canada. » Vous avez exprimé votre inquiétude.
Depuis combien de temps diriez-vous que cette menace est présente au Canada?
Je sais que des rapports du Service canadien du renseignement de sécurité datant de 2010 et 2011 ont été rendus publics — je pense pouvoir en compter huit — et qu'ils ont inquiété le gouvernement précédent, et en particulier, qui retenait certaines de ces activités et qui a été averti de ne pas s'engager et de ne pas fournir une partie du soutien qui est apporté aux universités aujourd'hui.
Je cite un des rapports:
Bien que la grande majorité des investissements étrangers s’y fassent de façon ouverte et transparente, certaines sociétés d’État et entreprises privées entretenant des liens étroits avec leur gouvernement ont des intentions cachées ou reçoivent secrètement des renseignements pour faciliter leurs activités au pays.
Ces propos sont tirés du rapport public 2010‑2011 du Service canadien du renseignement de sécurité. L'année suivante, a signé un accord avec Huawei pour sa participation à d'importants projets de télécommunications canadiens.
Cela ne semble pas être une menace récente. Il est donc juste de dire que l'espionnage économique est une menace depuis bien plus que 10 ans. Certaines versions non classifiées de ces rapports sont envoyées directement au premier ministre avant d'être déposées au Parlement. Il est juste de dire que le premier ministre de l'époque, , aurait été au courant des risques pour la sécurité et qu'il aurait quand même été de l'avant.
Nous connaissons ces menaces. Nous avons pris des mesures pour tenter de les écarter. Votre mise en garde — tous les deux — est importante. Il est essentiel de veiller à ce que nous procédions de manière appropriée et efficace.
Seriez-vous d'accord pour dire que cela se passait depuis un certain temps, bien avant ce gouvernement?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je salue les témoins qui se joignent à nous pour cette importante étude.
Mes premières questions s'adresseront à M. Leuprecht.
Monsieur Leuprecht, permettez-moi tout d'abord de vous exprimer ma surprise quant au fait que votre allocution d'ouverture était uniquement en anglais. Vous avez même dit en français que vous alliez parler uniquement en anglais. À ce que je sache, vous êtes un représentant d'un collège militaire bilingue. Or, être bilingue veut dire parler deux langues, et les deux langues officielles au Canada sont le français et l'anglais. Alors, je souhaite grandement que, dans vos prochaines interventions, vous puissiez vous exprimer dans les deux langues officielles du Canada, qui sont, je le répète, l'anglais et le français. Je comprends que...
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D'accord. Merci, monsieur le président.
Je vais revenir sur le sujet de l'étude, mais j'aimerais tout de même que mon commentaire soit pris en considération.
Comme vous le savez, le sujet de l'étude d'aujourd'hui est l'ingérence chinoise dans nos établissements d'enseignement. Le rapport provisoire du Comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine de la Chambre des communes a cerné cinq domaines de recherche qui seraient sensibles aux menaces: l'intelligence artificielle, la technologie quantique, la technologie 5G, la recherche biopharmaceutique et les technologies propres.
À votre avis, monsieur Leuprecht, y a-t-il d'autres domaines qui seraient à risque et auxquels il faudrait porter une attention particulière?
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Il y a trois considérations à prendre en compte.
La première est que les données dont nous disposons sur la Chine et les collaborations problématiques chinoises sont plus complètes dans le domaine public que celles concernant d'autres acteurs hostiles autoritaires. Toutefois, le défi posé par la Chine, en raison de la nature de son industrie et de sa société, est peut-être aussi plus vaste que celui posé par d'autres acteurs étatiques.
Je dirais également, comme je viens de le mentionner dans mes remarques précédentes en français, que le gouvernement fédéral n'est pas particulièrement agile — pas seulement ce gouvernement, mais le gouvernement du Canada de manière plus générale — lorsqu'il s'agit de prendre des décisions clés en matière de sécurité, de renseignement, de défense et d'affaires étrangères. C'est un problème de longue date. Il faut beaucoup de temps pour prendre des décisions, et encore plus pour prendre les bonnes décisions. Nous devons nous assurer que nous mettons en place ce dispositif ou ce cadre de manière à ce qu'il reste agile et adaptable à l'avenir.
La troisième considération est que nous voulons être sûrs d'identifier le défi — à savoir les acteurs hostiles autoritaires qui pourraient utiliser ou utilisent cette technologie, dans le cas de la Chine, pour saper activement les intérêts nationaux du Canada — plutôt qu'un pays en particulier, en tant que tel.
Le premier concerne les chercheurs qui ont eu, par le passé, des collaborations en tant que coauteurs, par exemple, que l'on jugerait problématiques aujourd'hui. Comment les amener à expier les péchés du passé?
D'autre part, il se peut qu'il y ait encore des motifs raisonnables de collaboration de recherche avec certains acteurs problématiques. Par exemple, il peut s'agir, d'une part, des technologies liées au changement climatique et, d'autre part, des technologies de renseignement ou des technologies militaires sur le plan des composants à double usage. L'informatique est un bon exemple.
En effet, nous ne pouvons pas dire à un chercheur: « Parce que vous avez participé à des recherches chinoises problématiques ou avec une telle entité dans le passé, vous ne pourrez plus jamais obtenir de financement pour la recherche dans votre domaine de spécialisation, ou vous ne pourrez plus jamais travailler avec ces acteurs. » Nous devrions laisser au chercheur le soin de démontrer que ces collaborations ne posent pas de risque pour la manière dont le Canada a défini ses lignes de démarcation à ne pas dépasser en ce qui concerne ses intérêts nationaux et ses intérêts en matière de sécurité.
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Je donne la parole à M. Hinton.
En réponse à une question qui vous a été posée, vous avez dit que les chercheurs qui travaillent avec des acteurs étrangers problématiques — des entreprises chinoises comme Huawei — voient leur capacité de s'exprimer et de faire de la recherche en quelque sorte limitée par ces accords. Ne diriez-vous pas que cela se produit chaque fois qu'un chercheur obtient un financement d'un intérêt commercial, qu'il s'agisse d'une compagnie pétrolière, d'une entreprise chimique ou autre? Cela limite, presque automatiquement, ce que fait le chercheur, les questions qu'il pose et ce qu'il dit sur les résultats de sa recherche. En fait, ils autocensurent leurs propres recherches.
Ne pensez-vous pas que c'est un problème plus large, peut-être, que les questions de sécurité dont nous parlons?
Merci à tous les deux. Je vous remercie d'être venus avec si peu de préavis, comme l'a mentionné M. Leuprecht, et je vous remercie d'avoir fourni les témoignages que vous nous avez donnés pour cette étude. Si vous avez d'autres renseignements à nous communiquer par écrit, ce serait formidable.
Je me contenterai d'indiquer où nous en sommes au sein du Comité, car la sonnerie retentit. Nous disposons de 17 minutes. Nous devons faire venir nos autres témoins, ce qui sera fait à peu près 25 minutes après 12 heures. Cela nous donnera environ 40 minutes de leur temps, pour que les études soient équilibrées.
Nous avons ensuite une motion. Nous devons établir le budget. Nous devons passer à huis clos, ce qui va également prendre un certain temps de conversion, pour les instructions de rédaction.
Je pense qu'à ce stade, nous allons suspendre la séance jusqu'après le vote.
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J'espère que M. Blanchette-Joncas se joindra à nous.
Conformément à l'article 108(3)(i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 5 décembre 2022, le Comité entreprend son étude des répercussions à long terme de l'écart salarial entre les sexes et des groupes en quête d'équité dans le corps professoral des universités canadiennes.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir, à titre individuel, Alexa D'Addario, étudiante au doctorat. Ivy Bourgeault, titulaire de la chaire de recherche sur le genre, la diversité et les professions, se joint à nous électroniquement depuis l'Université d'Ottawa.
Vous disposez chacune de cinq minutes pour votre déclaration liminaire, en commençant par Mme D'Addario.
Bonjour, monsieur le président, monsieur le vice-président, distingués membres du Comité.
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant le Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes dans le cadre de son étude sur les répercussions à long terme de l'écart salarial entre les sexes et les groupes en quête d'équité dans le corps professoral des universités canadiennes.
Depuis 2010, je poursuis mes études postsecondaires dans diverses universités canadiennes, avec de brèves périodes d'arrêt. Peu de temps après le début de mes études, j'ai constaté les écarts salariaux entre les sexes et les groupes en quête d'équité dans les corps professoraux des universités canadiennes.
Dès le début de mes études, l'égalité entre les sexes est devenue un sujet de discussion populaire au Canada, sur lequel beaucoup de gens ont des opinions bien arrêtées. C'est normal puisque c'est un sujet complexe, qui met en jeu de très nombreuses considérations, et chacun semble avoir sa propre idée quant à ce qui explique que des différences existent, ou non.
Les Nations unies et le gouvernement du Canada ont tous les deux établi que l'égalité des sexes est le cinquième objectif de développement durable. Voici ce qui est dit à ce sujet sur le site Web du gouvernement du Canada:
[…] l'égalité entre les sexes est non seulement un droit humain fondamental, mais aussi un fondement nécessaire pour un monde pacifique, prospère et durable. Cet objectif de développement durable tient compte de la réalité selon laquelle, malgré les progrès, l'inégalité entre les sexes subsiste. Les femmes et les filles sont souvent confrontées à des formes multiples et croisées de discrimination, aggravées par des facteurs fondés sur […]
La liste suivante de facteurs est donnée ensuite: la race; l'ethnicité; la géographie; le revenu; l'éducation; la religion; la langue; l'orientation sexuelle; l'identité de genre; l'âge; l'incapacité; le statut de migrant ou de réfugié. Sur le site Web du Programme des Nations unies pour le développement, on explique: « Mettre fin à toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et des filles n'est pas seulement un droit humain fondamental, mais également essentiel pour accélérer le développement durable. Il a été prouvé à maintes reprises que l'autonomisation des femmes et des filles avait un effet multiplicateur et contribuait à stimuler la croissance et le développement économique dans tous les domaines. »
C'est un sujet qui a fait l'objet de recherches approfondies, notamment au Canada.
Marcie Penner, une professeure agrégée de psychologie au King's University College, affilié à l'Université Western, et Tracy Smith‑Carrier, également professeure agrégée et titulaire de la chaire de recherche du Canada de niveau 2 sur l'avancement des objectifs de développement durable des Nations unies de l'Université Royal Roads, ont participé à une étude menée en 2021 sur la quantification des écarts entre les sexes au chapitre des salaires et des pensions dans les établissements postsecondaires au Canada, ainsi que les incidences au cours d'une carrière et à la retraite. Le rapport a été publié dans la Revue canadienne d'enseignement supérieur.
La recherche du King's University College, qui peut servir d'étude de cas, a révélé l'existence d'un écart entre les sexes au chapitre des salaires et des pensions. D'après les résultats obtenus, les femmes touchaient un salaire moindre que leurs collègues masculins, même en tenant compte de facteurs comme le poste occupé et la qualification professionnelle. L'étude a aussi conclu que les cotisations de retraite des femmes étaient moindres et qu'il s'ensuivait une disparité entre les sexes relativement aux prestations versées à la retraite.
Dans un article paru ensuite dans Affaires universitaires, Penner et Smith‑Carrier expliquent que l'écart salarial entre les sexes au sein du corps professoral des universités canadiennes reste important et tenace. Les femmes gagnent en moyenne 10 % de moins, soit 10 500 $ par année, que les hommes pour le même travail. Les auteures renvoient aux conclusions du rapport sur l'équité de 2018 de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université et le rapport Nombre et salaires du personnel enseignant à plein temps dans les universités canadiennes de Statistique Canada.
Selon les auteures, ces écarts sont encore plus grands pour les membres du corps professoral qui sont autochtones, racisés ou de la communauté bispirituelle, lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre, queer et autres, ou 2ELGBTQ+. La race ne fait pas partie des variables prises en compte dans les données de Statistique Canada, et la législation sur l'équité salariale ne prévoit aucune mesure pour remédier aux écarts salariaux auxquels font face les Autochtones, les personnes racisées et 2ELGBTQ+.
Toutefois, selon les auteures:
Les données de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université indiquent que les professeurs racisés gagnent 10 % de moins que leurs collègues non racisés, et que la disparité salariale est particulièrement marquée pour les femmes racisées.
L'écart salarial entre les sexes étant deux fois plus marqué pour les professeures racisées, force est de croire qu'elles font face à des disparités plus importantes au chapitre du salaire et de la pension de retraite que celles que nous indiquent les calculs pour les professeures non racisées.
Il ressort de l'étude que l'écart salarial entre les sexes s'explique certes par une rémunération inégale pour un travail égal, mais également par des facteurs plus larges. On pense notamment à la ségrégation professionnelle et aux différences liées aux postes et aux possibilités d'emploi. L'étude met aussi en évidence l'importance de considérer les prestations de retraite comme faisant partie intégrante de l'écart global de rémunération entre les sexes.
Ces résultats semblent corroborés par toutes les autres études dont j'ai pris connaissance. L'étude publiée en 2019 par Karen E. A. Burns et collaborateurs dans la revue PLOS Medicine conclut à une disparité généralisée entre les sexes pour ce qui concerne les taux d'obtention de bourses et de récompenses personnelles, et surtout des bourses destinées à certaines communautés de recherche. L'étude révèle des disparités importantes entre les sexes quant aux taux de financement selon le domaine de recherche sur une période de 15 ans. Dans certains domaines, les femmes ont eu moins de succès à obtenir une bourse que leurs collègues masculins. Le fait que ces disparités n'étaient pas uniquement le fruit de facteurs comme l'étape dans la carrière ou la productivité en recherche donne à penser que le processus d'octroi de bourses et de récompenses personnelles était entaché de préjugés sexistes.
L'étude fait ressortir la nécessité d'éliminer les disparités entre les sexes dans les processus de financement de la recherche dans certains domaines. Elle montre aussi l'importance d'instaurer un cadre de financement plus équitable et plus inclusif, qui offre des chances égales à tous les chercheurs, sans égard au sexe et au champ de recherche.
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Merci beaucoup, monsieur le président, distingués membres du Comité, de m'avoir invitée à prendre la parole sur ce sujet d'une grande importance.
Comme vous le savez déjà, je m'appelle Ivy Bourgeault. Je m'adresse à vous à titre de titulaire de la chaire de recherche sur le genre, la diversité et les professions de l'Université d'Ottawa.
Je baigne dans le milieu universitaire, sans interruption, depuis 1985. J'ai tout d'abord été étudiante et, depuis 1998, je fais partie du corps professoral. J'ai publié des articles sur les inégalités entre les sexes dans le milieu universitaire dans diverses publications nationales et internationales, et j'ai témoigné sur les écarts salariaux entre les sexes dans les professions de la santé, à forte prédominance féminine, devant le Tribunal des droits de la personne de l'Ontario.
Je dois d'abord dire ceci: l'écart salarial entre les sexes dans le corps professoral des universités canadiennes est bien réel. Cet écart existe au sein des universités et entre elles. D'après les données, cet écart se creuse à tous les échelons du corps enseignant. Un article publié en 2019 par Momani et ses collègues mesure les écarts salariaux entre les sexes dans le système postsecondaire public en Ontario de 1996 à 2016 à partir des données sur les salaires de plus de 100 000 $ dans le secteur public. Selon les auteurs, les écarts se sont creusés à tous les échelons. Pour les postes de professeurs et de doyens, respectivement, les hommes gagnaient en moyenne 2,14 et 5,26 % de plus que les femmes dans toutes les universités. Je rappelle que ces données s'appliquent seulement aux salaires supérieurs à 100 000 $, ce qui limite l'analyse des tendances.
Selon une analyse rigoureuse des facteurs qui influent de façon indépendante sur la rémunération, l'écart serait attribuable en grande partie à des facteurs pouvant être expliqués, si on peut dire. On pense par exemple à l'échelon, au département, aux années d'ancienneté à l'échelon atteint, ou à la titularité ou non d'une chaire de recherche. C'est important de souligner que ces facteurs indépendants sont eux-mêmes influencés par le sexe et d'autres formes d'inégalité. Par exemple, une femme devra attendre plus longtemps avant d'être promue aux échelons supérieurs. C'est ce qu'on appelle l'hypothèse du plancher collant. Il y a moins de femmes dans les disciplines, les écoles ou les facultés où les salaires sont plus élevés. Enfin, des recherches rigoureuses montrent que les femmes sont moins susceptibles d'être titulaires de chaires de recherche prestigieuses.
D'autres raisons peuvent expliquer cet écart, dont le phénomène dit du « tuyau percé », une métaphore qui renvoie au fait que les femmes ne sont pas encore assez nombreuses dans les milieux universitaires pour que l'écart salarial entre les sexes diminue. L'analyse de Momani et de ses collègues infirme cette hypothèse. Selon eux, les années d'expérience des femmes n'ont aucune incidence sur les écarts salariaux observés dans les milieux universitaires.
La productivité au travail est aussi invoquée. Selon cet argument, la productivité plus faible ou l'expérience moins longue des femmes les désavantageraient dans leur progression de carrière. Comme vous le savez, dans les milieux universitaires, la productivité se mesure par les subventions de recherche et les publications. Moins de poids est accordé à l'enseignement, à la supervision et au travail de service. Les femmes sont plus souvent affectées aux tâches plus onéreuses liées aux services universitaires, ou à l'intendance, et elles sont aussi plus nombreuses à superviser des étudiantes qui préfèrent être encadrées par une personne du même sexe et qui sont plus susceptibles de prendre un congé parental pendant leurs études, ce qui peut nuire à leur productivité et à celle de leurs superviseures.
Il faut aussi tenir compte de l'impact de la pandémie. Il est maintenant établi que la pandémie a eu des répercussions importantes sur l'inégalité entre les sexes dans différents domaines, y compris les milieux universitaires. Comme Martucci et ses collègues le résument bien, les professeures d'université ont rapporté que leur conjoint travaillait à la maison pendant qu'elles étaient à la maison et essayaient de travailler. Elles se sont davantage occupées des activités des enfants durant les périodes de confinement, au détriment de leur productivité, surtout pour ce qui concerne les subventions de publication et de recherche, qui sont des activités essentielles pour les promotions et l'accès à la permanence.
Un autre descripteur est lié à la disparition des programmes de recherche des universitaires ayant des enfants durant la pandémie de COVID‑19. Comme les femmes étaient plus susceptibles d'enseigner, elles faisaient plus d'enseignement en ligne même avant la pandémie. Pendant la pandémie, en plus de l'enseignement, elles étaient plus souvent sollicitées par les étudiants aux prises avec des problèmes de santé mentale dont la gravité s'était accentuée et qui ont alourdi considérablement leur fardeau émotionnel. Ces répercussions se font sentir à long terme.
Il existe d'autres formes d'inégalité, mais elles sont beaucoup moins connues en raison de l'insuffisance des données pour le Canada. Les rares données que nous avons indiquent que les inégalités se sont accentuées pour les femmes noires, autochtones ou de couleur dans les milieux universitaires, et plus particulièrement pour ce qui concerne le soutien émotionnel, les inégalités révélées par le mouvement Black Lives Matter et la découverte de plus de 10 000 tombes autour des pensionnats.
Par ailleurs, le salaire n'est pas la seule façon de rémunérer une personne. La rémunération englobe les périodes de temps libre, le financement pour la recherche, la taille du bureau alloué, le temps pour accéder à une promotion ou à la permanence, la charge de travail. Très peu de données systémiques sont recueillies sur ces facteurs répartis de façon inégale selon le sexe et d'autres considérations. Dans les études sur l'écart salarial, la rémunération est très souvent envisagée de manière trop étroite et l'accent est mis sur les disparités entre les salaires. Ces études trop focalisées ne tiennent pas compte de l'effet à long terme considérable sur les prestations de retraite, qui s'accentue d'année en année.
J'espère avoir réussi à vous convaincre de l'urgence d'agir maintenant, de prendre des mesures de nature structurelle. Il ne s'agit pas de régler le problème des femmes, des personnes de genres divers et des membres du corps professoral universitaire issus de la diversité. Baker et ses collègues ont plaidé pour la transparence salariale. Pour aider ces groupes, il faudrait aussi assurer la transparence du processus de promotion et prendre d'autres mesures dont je serai heureuse de parler.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins. Mes collègues auront des questions pour vous après ma courte intervention.
J'aurais quelques remarques au sujet de cette étude et de chacune des études menées par le Comité depuis sa création. La conclusion est toujours la même: il manque d'argent et de contrôle. C'est ce qui ressort le plus souvent des études réalisées. Dans celle qui nous occupe aujourd'hui, nous cherchons des solutions pour combler l'écart, ce qui coûtera forcément quelque chose. Durant la première heure de cette réunion, il a été question de l'influence de Pékin dans nos universités, et le débat a été écourté. L'étude a débuté en retard, apparemment parce que les libéraux ne veulent pas débatte de la question ni trouver les réponses quant à l'influence exercée par Pékin dans nos établissements. Des milliards de dollars des contribuables canadiens sont engloutis dans la recherche et la création de propriété intellectuelle qui quitte le pays au profit de Pékin. C'est ce genre de contrôle que Pékin exerce sur notre propriété intellectuelle. Les dollars gaspillés dans ces travaux de recherche pourraient servir à régler tous les autres problèmes sur lesquels le Comité s'est penché.
Nous traînons les pieds parce que des libéraux ne veulent pas entendre les réponses à ces questions, et c'est une honte. Nous espérons obtenir l'appui des partis de l'opposition à notre proposition de poursuivre cette étude au cours de l'été parce que les réponses auront des conséquences sur tous les travaux du Comité. Je pense bien que nous allons découvrir une tendance à fermer les yeux et à laisser notre argent sortir du pays, et que les Canadiens seront affaiblis et la Chine renforcée parce que les établissements utilisent inadéquatement l'argent des contribuables pour servir les intérêts de Pékin.
C'est tout ce que j'avais à dire. Je redonne la parole à M. Soroka pour la suite de cette étude, mais je répète que je suis impatient de participer aux réunions estivales du comité de la science.
C'est tout à fait vrai, surtout ces temps‑ci. Depuis le début de mes études universitaires, on parle de plus en plus de l'importance de l'équité, de la diversité et de l'inclusion dans les processus d'attribution du financement, de postes, de promotion et tout cela. On en parle, mais les résultats se font toujours attendre là où ça compte. Je crois que la plupart de ceux avec qui j'étudie vous diraient la même chose.
Un des principaux facteurs, dont Mme Bourgeault a parlé et dont j'ai moi-même fait l'expérience, concerne la plus grande présence des femmes dans les activités de mentorat. La réussite dans les milieux universitaires tient beaucoup à la publication d'articles. L'importance accordée aux publications est démesurée par rapport à toutes les autres manières possibles de rendre service au département ou à l'ensemble du corps professoral. Il faut absolument s'attaquer à ce déséquilibre, accorder plus de poids à ces activités essentielles et moins à la culture qui veut que ceux qui ne publient pas périssent, encore omniprésente.
J'espère que j'ai répondu à votre question.
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Merci de poser cette question d'une grande importance.
D'un bout à l'autre de la filière des études supérieures et postdoctorales, les nouvelles chercheuses ont moins de chances d'obtenir des subventions. C'est un problème parce que le succès à ces premières étapes est déterminant pour réussir plus tard. C'est dû en partie à la répartition hommes-femmes entre les disciplines. Les femmes sont plus enclines à choisir les sciences sociales. Le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada est moins bien financé que le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada ou que les Instituts de recherche en santé du Canada.
Beaucoup de données ont été recueillies sur le fait que les processus d'évaluation par les pairs défavorisent les femmes. Elles touchent des subventions moins élevées et pour une moins longue durée, de sorte qu'il est plus difficile pour elles de propulser des carrières et de maintenir des équipes de recherche, alors que c'est essentiel à la productivité.
Tout cela pour dire qu'effectivement, il existe des problèmes systémiques et généralisés.
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Merci de poser cette question.
Effectivement, la pandémie a eu des répercussions différentes pour les femmes dans les milieux universitaires, les membres du corps professoral issus de la diversité et ceux qui s'identifient comme des personnes noires ou autochtones. C'est très important. Des études sérieuses ont confirmé ces répercussions pour ce qui est des subventions et du stress lié à l'enseignement et au fardeau émotionnel, comme je l'ai dit.
Les aspects à considérer sont multiples. La transparence salariale — pas uniquement pour les salaires supérieurs à 100 000 $ — dans les universités des différentes provinces fait certainement partie de la solution. La transparence est aussi importante pour ce qui est du processus de promotion et des mécanismes de contrôle de ce qui est pris en compte pour déterminer qui accédera à un poste de professeur adjoint, de professeur agrégé ou de professeur titulaire. Pour chacun de ces postes, il y a un salaire de base qui augmente à chaque échelon, mais les inégalités les plus importantes se trouvent à l'échelon de la titularité.
Concernant la pandémie, il y a déjà eu d'excellentes recommandations sur la réforme des normes institutionnelles et la transparence concernant le partage du travail selon le sexe et les tâches liées aux soins. Par exemple, les membres du corps professoral qui ont des responsabilités de soins importantes — il peut s'agir de soins à des enfants ou à des aînés, par exemple — pourraient se voir offrir du soutien à la recherche et à l'enseignement en étant exemptés des tâches non essentielles liées au service universitaire, et on pourrait encourager la communauté des professeurs à leur prêter main-forte. Ce serait une façon pour les professeurs de s'entraider. Ceux qui ont moins de responsabilités liées à la prestation de soins pourraient assumer une charge de travail plus lourde. Les activités universitaires peu appréciées sont souvent refilées aux femmes, et notamment aux professeures moins haut placées, si bien que c'est encore plus difficile pour elles d'obtenir des promotions.
Je tiens à préciser que c'est beaucoup plus large que l'égalité entre les sexes. C'est une question de connaissance. Dans les milieux universitaires, les femmes et les personnes issues de la diversité posent des questions de recherche différentes et elles conduisent leurs recherches différemment. Il reste tout un univers de connaissances qui nous échappe parce que cette inégalité nous empêche de les explorer. La diversité dans les sciences l'enrichit, et c'est important de réaliser que c'est vers cette connaissance que nous voulons tendre.
Merci.
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Je suis très contente que vous posiez cette question, parce que beaucoup de gens pensent que la formation suffira à corriger la situation.
Tout dépend de la manière dont la formation est intégrée. Si la formation est suivie une seule fois, elle n'aura pas l'effet escompté. Dans certains cas, il peut même y avoir un effet pernicieux parce que les personnes qui ont suivi une formation sur l'égalité, la diversité et l'inclusion croient avoir tout compris sur le sujet.
Nous avons grandi avec beaucoup de ces idées, elles nous sont inculquées depuis notre naissance, notamment pour ce qui concerne la responsabilité des soins. Nous devons nous défaire de ce carcan. Je crois qu'il faut revoir les pratiques dans les écoles secondaires, les universités, au premier cycle et aux cycles supérieurs, et partout… Il faut une stratégie à plusieurs volets, qui inclut la formation, mais qui vise aussi une transparence et une responsabilisation beaucoup plus grandes, pour que les décisions à propos des salaires de départ… Nous avons également d'excellentes données à ce sujet. Le salaire de départ est déterminant de l'ascension sur l'échelle salariale. Les données sont sans équivoque. Les femmes sont moins susceptibles de gagner les salaires les plus élevés, même si elles les demandent ou, comme on dit, si elles mettent le paquet.
Comme je l'ai dit, les femmes ne sont pas le problème. C'est le système structural qu'il faut changer, et diverses interventions sont possibles pour le faire à différents niveaux.
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Merci, monsieur le président.
Je salue les témoins qui se joignent à nous pour cette étude.
Mes premières questions s'adresseront à Mme Ivy Lynn Bourgeault.
Tous les membres de ce comité, je n'en doute aucunement, reconnaissent comme moi les constats très préoccupants en ce qui a trait aux inégalités salariales au sein des universités québécoises et canadiennes. Les études démontrent que les femmes gagnent moins que les hommes, et que les membres de diverses minorités ont plus de difficulté à tirer leur épingle du jeu. C'est évidemment une situation qui mérite qu'on s'y intéresse en tant que société.
Cependant, à mon sens, il y a un fait évident que personne n'aborde, mais qui ne peut être ignoré: la rémunération des professeurs relève de l'administration interne des universités, et celle-ci est protégée par un principe important qui est celui de l'indépendance universitaire. Je suis donc préoccupé par cette étude, qui amène le gouvernement fédéral à examiner les décisions prises par les universités au sein de leur administration. Si on soumet les universités à l'autorité du gouvernement, cela peut rapidement devenir une pente glissante.
Nos universités doivent être des lieux de foisonnement intellectuel et doivent se savoir à l'abri de représailles ou d'ingérence de la part du pouvoir politique, afin que les chercheurs puissent acquérir et produire de la connaissance dans tous les domaines du savoir. C'est nécessaire à l'avancement de notre société.
À la lumière de ce préambule, comment voyez-vous la conciliation des principes de l'indépendance universitaire et de l'égalité salariale dans les corps professoraux des universités? Comment proposez-vous que le gouvernement fédéral intervienne, tout en respectant le principe d'indépendance universitaire, pour favoriser l'équité?
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Je vais partir de votre dernière remarque et remonter en arrière.
Vous avez parlé de la création de savoir dans tous les domaines. J'ai expliqué pourquoi les règles du jeu sont inégales pour ce qui est de la création de savoir dans tous les secteurs. Les femmes posent différemment les questions. Les scientifiques noirs posent différemment les questions. Dans certains domaines, les règles du jeu ne sont pas égales. Si votre prémisse est qu'il faut créer du savoir dans tous les domaines, alors il faut assurer l'équité sans égard à ces différences.
Certes, l'indépendance universitaire est un facteur, comme vous l'avez dit, mais les universités ne sont pas complètement indépendantes. Elles doivent se conformer à la réglementation provinciale ou territoriale et, parce qu'elles reçoivent du financement du fédéral, elles doivent respecter le cadre d'équité en emploi. C'est pourquoi l'indépendance universitaire n'est pas totale. Nous recevons des fonds publics des provinces et des territoires. Une autre partie de notre financement vient des frais d'inscription payés par les étudiants. Nous recevons des fonds du gouvernement par l'intermédiaire des trois conseils subventionnaires.
Pour toutes ces raisons, les universités doivent rendre des comptes par rapport au principe de l'équité.
Je vais maintenant revenir sur un point soulevé par Mme D'Addario dans une réponse à une question. Nous considérons les universités comme des lieux d'apprentissage, où les jeunes acquièrent des connaissances et se préparent en vue de leur carrière. Or, comme l'a évoqué Mme D'Addario, les universités mettent beaucoup l'accent sur la recherche, au détriment de l'enseignement. Quand je travaillais à l'Université de la Colombie-Britannique, j'avais un ami qui a remporté la médaille remise par le président au meilleur professeur de l'année, mais à qui on a refusé la titularisation.
Avez-vous un commentaire à ce sujet? Comme il se peut que je sois à court de temps, je vous demande tout de suite ce que vous entendez par le travail d'intendance universitaire. Comment est‑ce important dans le cadre de cette étude?
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Enseigner au premier cycle, à des groupes très nombreux, gérer plusieurs assistants, faire du counselling auprès des étudiants de premier cycle concernant leurs choix de carrière, tout ce mentorat fait partie du travail d'intendance dans les universités. Ces tâches incombent de manière disproportionnée aux femmes et aux subalternes au sein du corps professoral. Les hommes sont souvent avertis et encouragés par leurs mentors à éviter certaines tâches comme la peste. Le travail d'aide occupe une place disproportionnée dans le milieu universitaire, qui revient surtout à ceux qui enseignent.
C'est un fait que les universités doivent être des lieux de recherche et de production de connaissance, mais il faut aussi mobiliser les étudiants pour qu'ils contribuent à ce travail. Cela prend du temps et de l'énergie. Au début, les étudiants sont pleins d'énergie, mais ils ne savent pas tout et il faut les aider à accroître leur efficacité. Ensuite, ils peuvent aller ailleurs et la productivité en souffre.
L'enseignement, la supervision, ce genre d'activités… Il arrive qu'un étudiant particulièrement doué reste avec nous suffisamment longtemps et nous aide à améliorer notre productivité, mais avoir beaucoup d'étudiants, surtout des étudiants de premier cycle, exige beaucoup plus de travail pour ce qui est de la continuité.
J'espère que j'ai répondu à votre question.
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Merci énormément d'avoir abordé tous ces sujets.
Je remercie nos deux témoins, Mme D'Addario et Mme Bourgeault. Merci pour vos témoignages extrêmement précis et détaillés. Si vous souhaitez nous donner des compléments d'information, vous pouvez soumettre un document écrit à notre greffière, qui les transmettra aux analystes.
J'aimerais maintenant passer, parce que je sais que M. Blanchette-Joncas est un peu pressé, à l'adoption du budget de l'étude sur le lien entre la République populaire de Chine et la recherche financée par le gouvernement fédéral. C'est important d'adopter ce budget pour que nous puissions convoquer des témoins. Hier matin, nous n'avions pas de témoins, mais notre formidable greffière a manœuvré très habilement et a réussi à trouver un premier groupe d'excellents témoins.
Ce budget est‑il adopté?
Des députés: D'accord.
Le président: Merci.
Nous allons suspendre la séance quelques minutes et nous allons poursuivre à huis clos pour formuler nos instructions sur la rédaction d'un projet de rapport sur les programmes des bourses d'études supérieures et postdoctorales du gouvernement du Canada.
[La séance se poursuit à huis clos.]