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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 56e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche. La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride, conformément au Règlement. Les membres sont présents en personne dans la salle ou à distance au moyen de l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Ceux qui participent à la réunion par vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour activer leur micro. Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
Pour l'interprétation sur Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Ceux qui sont dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
Conformément aux motions de régie interne du Comité concernant les tests de connexion des témoins, on m'informe que tout le monde s'est connecté et que des tests ont été effectués.
Conformément à l'article 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 6 juin 2023, le Comité poursuit son étude sur l'utilisation des subventions, fonds et contributions du gouvernement fédéral en matière de recherche et de développement par les universités et les établissements de recherche canadiens dans le cadre de partenariats avec des entités liées à la République populaire de Chine.
Nos témoins feront des exposés de cinq minutes. Veuillez surveiller votre temps pour vous assurer de ne pas dépasser cinq minutes. Lorsque vous approcherez de la fin du temps alloué, si vous regardez l'écran, j'essaierai d'attirer votre attention pour accélérer les choses.
Pour commencer, nous accueillons, par vidéoconférence, Jim Hinton, avocat spécialisé en propriété intellectuelle. Monsieur Hinton, vous disposez de cinq minutes. La parole est à vous.
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Merci de m'avoir invité à m'entretenir encore une fois avec les membres du Comité. Veuillez m'excuser de ne pas être là en personne avec vous aujourd'hui. J'ai suivi l'excellent travail du Comité et je vous ferai part de quelques observations qui s'appuient sur les commentaires que j'ai formulés plus tôt, en juin.
Je vais me présenter à l'intention de ceux que je n'ai pas rencontrés. Je suis avocat spécialisé en propriété intellectuelle, agent de brevets et agent de marques de commerce chez Own Innovation. Je suis agrégé supérieur au Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, où j'étudie l'innovation et la politique en matière de propriété intellectuelle. Je suis également professeur adjoint à l'Université Western Ontario. Je comparais aujourd'hui devant le Comité à titre personnel.
Il est clair que les universités canadiennes entretiennent des liens étroits avec des entreprises chinoises, ainsi qu'avec des entités liées à l'armée et au gouvernement chinois. Comme nous le savons, 50 universités canadiennes ont mené des recherches approfondies avec l'armée chinoise depuis 2005, et Huawei s'est associée à plus de 20 établissements de recherche au Canada.
Même si certaines universités canadiennes ont indiqué qu'elles ne travailleront pas avec Huawei à l'avenir, de nombreux partenariats se poursuivent. En me préparant à la réunion d'aujourd'hui, j'ai découvert que, pas plus tard qu'il y a quelques semaines, de nouvelles demandes de brevets ont été publiées, indiquant que Huawei est le propriétaire et que des chercheurs universitaires canadiens sont les inventeurs, notamment des chercheurs de l'Université de Toronto, de l'Université de la Colombie-Britannique, de l'Université Queen's, de l'Université d'Ottawa, de l'Université McMaster et de l'Université Western. Les dates de dépôt de ces brevets remontent au début de 2022, ce qui signifie que les universités canadiennes sont encore très actives dans la création de la propriété intellectuelle et son transfert à Huawei, et ce malgré les Lignes directrices sur la sécurité nationale pour les partenariats de recherche, publiées en 2021 par ISDE.
Même si les brevets sont essentiels pour extraire la valeur économique des recherches qui peuvent être publiées, ce n'est que la pointe de l'iceberg. Il n'y a pas seulement les brevets: il y a des renseignements confidentiels sur de nouveaux domaines d'étude. Il y a des données, notamment des données génomiques et des données sur la santé. Il y a des algorithmes, l'intelligence artificielle et des logiciels, mais les universités ne communiquent pas l'information concernant ce qui a été transféré et quelles entités sont visées par ces transferts.
J'ai déjà formulé trois recommandations claires, et je vais les répéter en ajoutant un contexte supplémentaire.
La première porte sur la transparence. Nous devons savoir qui travaille avec les établissements de recherche canadiens et dans quelle mesure ils en bénéficient. Nous ne connaissons pas du tout l'ampleur des relations ni leurs répercussions. Cette information doit être rendue disponible de façon continue, et certains aspects doivent être communiqués au public. Où est la reddition de comptes? Qui est responsable?
Deuxièmement, nous devons nous doter de politiques proactives qui obligent les universités à travailler avec le milieu du renseignement au Canada, afin que nous disposions des renseignements les plus récents et que nous comprenions les enjeux, en vue de gérer les relations de façon proactive dans l'intérêt du Canada. Il ne s'agit pas seulement d'une responsabilité partagée entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux; les universités elles-mêmes doivent vouloir être plus performantes, non seulement pour apaiser les bailleurs de fonds publics, mais aussi pour assurer leur propre pertinence au pays.
La structure actuelle qui guide le changement, à savoir un groupe de travail composé de représentants d'universités et du gouvernement fédéral, comporte de graves lacunes. Ce groupe est hermétique. Il n'inclut pas des experts du domaine qui comprennent bien la propriété intellectuelle, la sécurité nationale, la souveraineté des données et la protection des renseignements personnels, pour ne nommer que quelques éléments. En outre, ce groupe de travail universitaire et gouvernemental n'inclut pas des représentants d'entreprises canadiennes innovantes. Si nous créons des politiques destinées à gérer uniquement les besoins du gouvernement et des universités, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les entreprises canadiennes novatrices qui commercialisent des technologies soient en mesure de stimuler la valeur économique de la recherche pour le Canada.
Enfin, nous devons conserver la propriété intellectuelle et les actifs de données stratégiques du Canada. En juin dernier, j'ai affirmé que nous devons cesser de conclure de terribles accords pour nous assurer de ne pas nous retrouver de nouveau avec le même problème, mais d'après ce que j'ai vu jusqu'à maintenant, cela n'a pas eu les répercussions nécessaires.
Je serai ravi de poursuivre la discussion avec vous.
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Je représente l'Association for International Affairs, un important groupe de réflexion de la République tchèque. Nous nous concentrons sur l'examen des activités de la République populaire de Chine en Europe centrale et orientale, notamment dans les domaines de la science, de la technologie et de l'innovation, ou STI. Je suis ici aujourd'hui pour clarifier la position sur la recherche de confiance en Europe et pour décrire certaines mesures prises par l'Union européenne et plusieurs de ses États membres pour améliorer la sécurité de leurs connaissances.
Votre éminent comité a tout à fait le droit de souligner que les efforts de recherche concertée avec la Chine posent plusieurs problèmes.
Premièrement, en STI, la Chine se concentre, entre autres, sur l'intelligence artificielle, les technologies quantiques, l'exploration de l'espace lointain, les nouveaux matériaux, la neuroscience et les biotechnologies. Compte tenu des limites de sa production intérieure, malgré ses progrès dans des technologies clés, la Chine continue d'aller chercher ces technologies à l'étranger, en utilisant des moyens légitimes et des moyens en zone grise pour les acquérir.
Deuxièmement, comme la Chine utilise stratégiquement des technologies étrangères pour renforcer sa propre base technologique et favoriser l'innovation nationale, elle accroît la compétitivité de son industrie et de ses secteurs de recherche par rapport à ses homologues étrangers.
Troisièmement, la Chine a clairement indiqué que son but ultime est de remplacer les technologies étrangères par des technologies mises au point dans son pays et de dominer dans tous les secteurs clés. Cette ambition se conjugue à un manque de réciprocité pour ce qui est de permettre aux établissements étrangers d'avoir accès à la science, à la technologie et à l'innovation chinoises.
Enfin, l'acquisition de technologies par la Chine à l'étranger est liée à la modernisation de son armée, car bon nombre de ces technologies ont un double usage. En s'engageant dans la coopération technologique et le transfert avec leurs homologues chinois, les établissements de recherche étrangers peuvent indirectement soutenir la croissance des prouesses militaires chinoises.
L'Union européenne a graduellement pris conscience de ces problèmes. Hier, la Commission européenne a dévoilé une liste de 10 technologies essentielles, dont quatre sont perçues comme étant plus sensibles: les technologies avancées de semi-conducteurs, les technologies d'intelligence artificielle, les technologies quantiques et les biotechnologies. Ces technologies ont été désignées en fonction de certains critères, à savoir leur nature habilitante et transformatrice, le risque d'une double utilisation civile et militaire et le risque d'une utilisation de ces technologies à des fins de violations des droits de la personne.
La Commission européenne recommande une évaluation collective des risques d'ici la fin de l'année. Bien que la loi se présente sous la forme d'une recommandation uniquement et que la Chine ne soit pas mentionnée expressément, elle envoie un signal fort indiquant que, compte tenu de la concurrence géopolitique actuelle, l'Union européenne a l'intention d'être un participant actif plutôt que d'être un spectateur.
Malgré les nouvelles pressions de la Commission européenne, le sentiment d'urgence et l'efficacité des mesures adoptées pour atténuer les risques liés à la collaboration en matière de recherche avec la Chine diffèrent considérablement entre les États membres de l'Union européenne. En Europe centrale et en Europe de l'Est, la sensibilisation à ce problème ne fait que commencer. Nos recherches menées en Europe centrale ont révélé que plus de 800 résultats de recherche ont reçu un financement exclusif de sources chinoises — y compris du Programme des mille talents et de la Commission militaire centrale, un organisme qui supervise l'Armée populaire de libération — et que la coopération n'a cessé de croître. À la lumière du paysage mondial de la recherche interconnectée et de la prévalence des consortiums de projets internationaux, la protection des connaissances dans chaque pays et la collaboration avec les pays alliés revêtent une importance primordiale.
J'aimerais conclure en formulant cinq recommandations qui pourraient également s'appliquer au contexte canadien.
Premièrement, il est important de s'attaquer à l'éléphant dans la pièce. La plupart des recommandations et des lignes directrices publiées par divers établissements à l'échelle mondiale adoptent une approche indifférente aux acteurs. Cependant, la portée mondiale et les objectifs ambitieux de la Chine, son programme de plus en plus révisionniste et la nature de son régime politique en font un risque et un problème sans pareil. De plus, cela aiderait les universités à mieux comprendre les enjeux si les recommandations étaient propres à chaque acteur en ce qui concerne la nature des risques et les domaines à protéger.
Deuxièmement, le fait d'établir des limites à ne pas franchir pourrait donner aux universités et aux centres de recherche des indications plus claires quant aux domaines potentiellement risqués.
Troisièmement, les mesures ciblant les universités et les centres de recherche doivent être conçues dans le but de les faire participer en tant que partenaires de collaboration. Dans tous les processus, ils devraient être soutenus par les administrations nationales sur les plans financier et juridique.
Quatrièmement, au lieu de nommer un gestionnaire de la sécurité dans chaque centre de recherche et chaque université, on pourrait créer un point de contact national qui fournirait des conseils et formulerait des recommandations. Un tel système fonctionne déjà aux Pays-Bas, où il aide les universités à faire preuve de diligence raisonnable.
Enfin, l'Europe, le Canada et d'autres pays aux vues similaires devront s'assurer de demeurer concurrentiels. Particulièrement dans le domaine des technologies émergentes, le financement de la recherche doit faire en sorte que les activités les plus prometteuses restent au pays.
Merci. Je suis reconnaissante au Comité pour l'attention qu'il porte à cette question urgente, et je serai ravie de répondre à vos questions.
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Merci. Je vous suis reconnaissant de m'avoir invité à comparaître devant le Comité.
Je suis vice-chancelier associé et responsable de la sécurité de la recherche pour le Texas A&M University System. Je parlerai des défis uniques liés à la protection des technologies de pointe et au maintien de la sécurité nationale dans le milieu de la recherche universitaire.
Le Texas A&M University System est l'un des plus importants systèmes d'enseignement supérieur des États-Unis, avec un budget annuel de 7,8 milliards de dollars. Grâce à un réseau national de 11 universités et de 8 organismes d'État, le A&M University System emploie plus de 26 000 professeurs et employés et forme plus de 153 000 étudiants chaque année. Les dépenses en recherche et développement à l'échelle du système dépassent 1,1 milliard de dollars, ce qui stimule considérablement l'économie de notre État.
L'un des principaux rôles des établissements d'enseignement est la production et la diffusion libres et ouvertes des connaissances. La recherche américaine jette les bases d'une main-d'œuvre diversifiée et motivée et favorise la découverte et l'innovation. La collaboration internationale est essentielle au progrès scientifique et au succès des établissements de recherche aux États-Unis.
Les universités américaines sont devenues un pôle d'attraction pour les étudiants et les chercheurs du monde entier qui unissent leurs efforts pour résoudre nos problèmes les plus pressants et promouvoir les progrès scientifiques. Malheureusement, notre leadership technologique est menacé par des gouvernements de pays comme la Russie, la Chine, l'Iran et d'autres pays dont les règles en matière d'échange d'information et d'intégrité de la recherche diffèrent des nôtres. Ces gouvernements s'emparent du capital intellectuel, des données de pointe et de l'expertise spécialisée à un rythme sans précédent et mettent en péril notre leadership technologique. Les entités du secteur universitaire doivent travailler en étroite collaboration avec nos partenaires fédéraux pour protéger l'information et la recherche ayant des répercussions sur la sécurité nationale.
En 2016, le chancelier du A&M University System, John Sharp, a reconnu cette menace croissante et a établi, au sein du A&M University System, le Research Security Office, ou RSO, un bureau de la sécurité de la recherche. Le RSO assure la gestion et la surveillance, dans l'ensemble de notre système, de tous les travaux de recherche classifiés, des programmes non classifiés contrôlés et des travaux de recherche dont l'exportation est contrôlée.
Détenir une bonne compréhension des collaborateurs constitue l'un des aspects les plus importants de tout programme de sécurité de la recherche. Avec qui collaborons-nous? Qui finance ces collaborateurs? Y a‑t‑il un lien avec un gouvernement étranger? Quels sont les risques pour l'établissement? Ces risques peuvent-ils être atténués? Pour répondre à ces questions, le RSO a mis en place un solide programme de diligence raisonnable dans le cadre duquel tous les chercheurs invités et postdoctoraux provenant des pays préoccupants font l'objet d'un examen. De plus, tous les employés qui participent à nos programmes de recherche les plus sensibles font aussi l'objet d'un examen.
Nos politiques exigent la divulgation obligatoire de toutes les collaborations à l'étranger et l'approbation des voyages à l'étranger. Nous exerçons une surveillance continue du réseau et nous avons inclus des mots-clés et des signatures dans nos systèmes de prévention de la perte de données axés explicitement sur la détection de l'influence étrangère malveillante dans nos activités de recherche. Nous avons mis à jour les politiques sur les conflits d'intérêts et les engagements à l'échelle du système et nous avons établi des processus d'examen et d'approbation des collaborations et des accords étrangers. Nous avons créé une enclave informatique sécurisée conforme aux directives NIST 800‑171 qui est accessible à tous les membres au sein de notre système afin de protéger nos recherches sensibles financées par le gouvernement fédéral.
Tout ce travail repose sur une relation solide avec nos partenaires fédéraux, y compris la Defense Counterintelligence and Security Agency, le ministère de la Justice, le Federal Bureau of Investigation et d'autres entités du milieu du renseignement. La collaboration entre les universités et le gouvernement fédéral est essentielle pour faire face aux menaces. Le directeur du FBI, M. Wray, a déclaré que nous ne pouvons pas régler ce problème en procédant à des arrestations. En tant que point de contact unique au sein du système, le RSO interagit quotidiennement avec nos partenaires que sont la DCSA et le FBI. Mon bureau dispose également des autorisations appropriées, des capacités nécessaires d'échange de renseignements et de collaboration ainsi que d'installations sécurisées afin de pouvoir travailler efficacement avec nos partenaires fédéraux.
Peu après la création du RSO, nous avons mis sur pied le groupe de travail universitaire sur la sécurité et la lutte contre l'exploitation, qui regroupe des professionnels de la recherche universitaire et leurs homologues fédéraux. Ce groupe existe pour tirer parti de l'expertise des universités qui ont fait preuve d'excellence dans les programmes de sécurité de la recherche, afin d'aider à contrer la menace que représentent les adversaires étrangers pour les universités américaines et de mener des activités de sensibilisation à l'échelle internationale en vue d'établir un dialogue mondial et une solide communauté de pratique. Nous collaborons activement, en particulier, avec le U15, le Regroupement des universités de recherche du Canada.
Le premier séminaire de formation sur la sécurité dans le milieu universitaire et la lutte contre l'exploitation a eu lieu en 2017 afin d'offrir aux universités une tribune pour comparer et échanger les pratiques exemplaires de leurs programmes respectifs. Depuis cette première année, le séminaire a pris de l'expansion pour inclure l'ensemble du milieu universitaire et accroître la participation du gouvernement fédéral.
Tandis que ce séminaire de formation permet aux professionnels de la sécurité dans le milieu universitaire…
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… ou si une entreprise chinoise faisait une telle chose.
Il n'y a pas de ressources au pays. L'entreprise serait laissée à elle-même pour gérer cette situation. Je travaille avec des entreprises canadiennes qui doivent continuellement gérer de telles situations.
En réalité, si une entreprise réalise ses activités manufacturières en Chine, elle se fera copier, alors elle doit éviter de donner des informations à un point tel qu'elle perdrait son avantage économique si elle se faisait copier.
Il n'y a pas de ressources. Des initiatives s'en viennent, comme le Collectif d'actifs en innovation,ou CAI, le Collectif de brevets et Assistance PI, mais en fait, elles ne visent pas les cas de non-respect de la propriété intellectuelle ou la prévention des copies ou du non-respect de la propriété intellectuelle en Chine.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être ici aujourd'hui pour participer à cette importante étude.
À ma connaissance, notre gouvernement, contrairement au gouvernement Harper, a pris la sécurité en matière de recherche très au sérieux. En juin 2021, nous avons mis en place le projet pilote de lignes directrices sur la sécurité en matière de recherche. Nous avons créé un mécanisme d'évaluation des demandes par l'entremise du programme Alliance afin de protéger les chercheurs et les établissements du Canada contre des partenariats risqués. Je crois que cela fonctionne. L'année dernière, une série de décisions ont été prises, en partenariat avec Sécurité publique Canada, pour rejeter catégoriquement toutes les demandes impliquant Huawei. Nous savons aussi maintenant que nous travaillons pour élargir la portée de ces lignes directrices afin d'englober les risques associés aux entités militaires.
De mon point de vue, notre gouvernement a été très clair. Je pense que de nombreux établissements postsecondaires emboîtent le pas ou ont compris le signal. Je ne fais que le mentionner.
Monsieur Gamache, je veux revenir à vous. Vous avez parlé de l'importance des responsables de la sécurité de la recherche, ou du bureau qui jouait un rôle central selon vous. Je fais remarquer que notre gouvernement s'est engagé, dans le budget de 2022, à financer un centre pour la sécurité de la recherche, qui sera mis sur pied par le ministère de la Sécurité publique, ce que nous verrons sous peu. Ce sera un centre de soutien centralisé pour les chercheurs de partout au pays.
Pouvez-vous nous donner deux ou trois pratiques exemplaires de votre bureau responsable de la sécurité de la recherche dont nous pourrions tenir compte au moment de mettre sur pied le centre pour la sécurité de la recherche?
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J'aimerais d'abord dire que je suis conscient des progrès réalisés par le gouvernement du Canada, plus particulièrement au cours des deux dernières années. Certains des produits que vous avez élaborés à l'échelle nationale sont très impressionnants, car nous n'avons pas vu le même genre d'activité ici aux États-Unis. En fait, nous avons pris certains des documents que vous avez préparés et nous les avons utilisés comme modèles. Certains de mes collègues dans des universités canadiennes m'ont également vraiment impressionné, en particulier mon collègue de l'Université de Toronto.
Au bout du compte, je pense que les pratiques exemplaires se résument au programme de diligence raisonnable de l'université. Comme je l'ai mentionné, nous passons beaucoup de temps à essayer de comprendre avec qui nous collaborons afin que notre administration en sache assez pour prendre une décision éclairée et fondée sur le risque. Tout reposera sur la qualité de la diligence raisonnable dont nous faisons preuve par rapport aux différents collaborateurs et projets, et nous consacrons beaucoup de temps à cela.
Je pense que l'autre chose qui est vraiment importante, c'est qu'en définitive, les universités devront régler le problème. Certaines ont progressé plus que d'autres. Nos efforts ont été très fructueux ici aux États-Unis, surtout grâce à notre programme de sécurité et de lutte contre l'exploitation dans le milieu universitaire et parce que des universités qui ont beaucoup d'expérience en aident d'autres qui n'en ont pas autant.
En fin de compte, le problème sera réglé grâce à la participation du corps professoral, et nous consacrons donc beaucoup de temps au développement de relations individuelles avec les professeurs, en les aidant à comprendre le risque pour leur capital intellectuel et en les intégrant à l'équipe.
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Non, pas du tout. Je me suis probablement mal exprimée.
Le problème ici, c'est que lorsque nous avons des recommandations qui ne tiennent pas compte des acteurs, la plupart des universités ne les comprennent tout simplement pas. Vous parlez de certains pays, de certains risques et de certains acteurs non démocratiques, et la réponse initiale des universités et des centres de recherche est: « De qui s'agit‑il et que devons-nous protéger exactement? »
Lorsqu'on ne peut pas axer la discussion sur la Chine — et la plupart du temps, c'est l'acteur concerné —, nous prétendons alors qu'il n'est pas question de ce pays. La plupart du temps, lorsqu'il s'agit vraiment de la Chine, nous devons dire que la Chine cible 15 technologies clés, et elle ne se gêne pas. C'est essentiellement dans tous les documents. Toutes les technologies inscrites aux fins d'importation sont là. Il n'est pas seulement question de l'informatique quantique; la Chine cherche à obtenir une technologie quantique précise.
Je pense que nous devons probablement opter pour une approche équilibrée et indépendante des acteurs dans laquelle nous parlons des risques, peu importe le type d'acteur qui en est à l'origine, mais aussi des risques en matière d'emploi qui sont précisément attribuables à la Chine en tant qu'acteur aux caractéristiques uniques au sein du système des sciences, de la technologie et de l'innovation.
Non, je ne prône pas l'examen de toutes les collaborations avec la Chine, pour la simple raison que dans certains domaines, comme celui de l'intelligence artificielle, nous sommes perdants. Pour avoir accès aux données de la Chine, nous devons procéder de façon plus intelligente quant à la manière d'obtenir ces données et de collaborer avec elle, mais selon nos conditions, pour être certains que la recherche est protégée de notre côté.
Le système est relativement nouveau — il a été mis sur pied il y a deux ou trois mois —, et on recueille donc encore les données primaires. Cependant, il y a manifestement un apprentissage qui se fait. Les premières questions posées par des universitaires et d'autres établissements d'enseignement supérieur étaient plutôt élémentaires. Comme il y a une courbe d'apprentissage, on pose maintenant des questions très précises, surtout à propos de la diligence raisonnable dans des dossiers très précis.
Ce système diffère d'autres systèmes puisque dans certains pays, comme en République tchèque, nous avons décidé de nommer un gestionnaire de la sécurité dans chaque université, ce qui coûte cher.
Les Pays-Bas ont opté pour l'autre solution. Ils ont créé un seul point de contact national qui relève du gouvernement. Il y a un lien vers tous les ministères qui pourraient être touchés. De plus, il y a un lien direct avec les services de sécurité. À cet égard, si un particulier ou un établissement a une question, on peut essentiellement parvenir à une réponse, y compris une réponse des services de sécurité, pour savoir si l'idée est bonne ou non. Ce qui pose problème ici, c'est qu'on est encore libre de donner suite ou non aux recommandations du point de contact national, ce qui signifie que l'université peut décider, malgré tous les obstacles, de donner suite à la collaboration.
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C'est ma question préférée. Merci beaucoup. Je pourrais en parler pendant des heures.
Très brièvement, la Chine est entrée en Europe centrale et orientale dans le contexte de l'initiative 16+1 en 2012, et au cours des 10 ou 11 années qui ont suivi, nous l'avons vue devenir beaucoup plus douée pour influencer la réponse de la société.
Au début, elle a tout simplement tendu la main au parti au pouvoir; puis aux partis d'opposition, puis aux leaders d'opinion; puis aux journalistes, par exemple; puis aux universitaires; et maintenant au grand public. Nous voyons donc la Chine nouer des liens avec toutes les couches de la société.
Ce qui est probablement le plus inquiétant, c'est qu'on ne se contente plus de transmettre à la population locale les nouvelles positives sur la Chine, pour la présenter comme un pays formidable. On ne cherche plus tout simplement à répandre une soi-disant « énergie positive ». On déploie maintenant activement des efforts avec les forces antigouvernementales, les partis politiques marginaux, l'extrême droite et l'extrême gauche. C'est ce que nous avons vu la Russie faire dans notre région depuis un certain temps, et je vois donc aussi que ces pays apprennent l'un de l'autre. Dans ce cas‑ci, la Chine apprend de la Russie comment accroître son influence.
Je vais commencer par M. Gamache.
Au nom de l'Alliance Canada Hong Kong, Benjamin Fung a comparu devant le Comité le 20 septembre 2023, et il a dit que la stratégie de recrutement de la Chine consiste à « nourrir, piéger, tuer ». Elle attire ses proies en faisant des offres généreuses puis en faisant des demandes déraisonnables, comme « transférer des droits de propriété intellectuelle, obtenir des données sensibles ou faire de fausses affirmations. »
Monsieur Gamache, pouvez-vous dire dans quelle mesure vous connaissez cette stratégie et peut-être comment nous pouvons combattre ce genre de stratégies de recrutement? Dans la négative, les chercheurs sont-ils suffisamment au courant de ce genre de menace? Comment pouvons-nous les sensibiliser davantage?
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Ce n'est pas qu'un problème parmi d'autres; je pense que tout commence chez nous.
Ce que les chercheurs disent en fait, c'est qu'ils ont un accès rapide à l'argent, au financement, alors que dans l'Union européenne, ils doivent constamment faire des demandes de subventions, sans savoir s'ils en obtiendront une. En Chine, c'est relativement facile. Les formalités administratives sont encore plus simples. L'une des raisons est donc que le processus de demande de subventions scientifiques a été excessivement alourdi, ce qui a pour effet de décourager les chercheurs de présenter une demande ou de les pousser à préférer les subventions de la Chine à d'autres sources de financement.
Deuxièmement, la Chine dispose de toutes les infrastructures. Ils disent que c'est facile. C'est pratique. Ils peuvent obtenir très rapidement tout ce dont ils ont besoin.
Troisièmement, l'une des raisons invoquées est qu'ils n'ont pas à s'occuper de questions éthiques ou de normes éthiques dans le domaine de la science en Chine. Ils ont dissimulé cela, mais je le dis sans détour. S'ils veulent coopérer avec des partenaires chinois, ils obtiendront des résultats très rapides sans avoir à consulter des comités d'éthique pour divers types d'expériences. Ce sont des éléments qui rendent la Chine attrayante pour différentes collaborations.
Le dernier point, et non le moindre, c'est qu'il y a aussi beaucoup de naïveté, comme l'a dit M. Gamache. Les chercheurs se concentrent sur leur seul domaine scientifique, qu'il s'agisse de physique expérimentale ou... Ils ne voient pas toutes les incidences géopolitiques. Une fois de plus, nous devrons travailler individuellement, pas nécessairement avec les directeurs, les vice-directeurs et les doyens, mais avec les chefs de laboratoire et les chercheurs, afin de les sensibiliser et, peut-être, d'associer la carotte et le bâton. Il ne suffit pas de créer des conditions égales pour l'accès au financement; il faut aussi leur faire comprendre que la coopération avec la Chine peut parfois avoir des conséquences.
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C'est une question très vaste, et je vais essayer d'y répondre dans les quelques minutes qui me sont imparties.
En gros, une fois de plus, nous devons appeler un chat un chat. Ne vous contentez pas de faire des déclarations très vagues pour masquer les choses, mais soyez plus ouverts sur ce qui pose réellement problème dans l'influence ou l'ingérence de la Chine. Je fais ici un peu allusion à ce que vous avez mentionné, à savoir l'ingérence dans nos systèmes électoraux. Comme M. Hinton l'a mentionné, une plus grande transparence serait probablement bénéfique à cet égard. C'est la première chose.
La deuxième, bien sûr — la deuxième étape —, c'est la sensibilisation, fondée sur une plus grande transparence de notre part.
La troisième consiste à repérer les failles que nous avons dans le système. Ce n'est pas la Chine, l'autre acteur, qui crée les failles. Ces failles existent déjà dans nos sociétés, soit en raison des divisions sociétales, soit en raison de l'absence de mesures législatives concernant différentes failles dans différents domaines.
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Merci, monsieur Soroka.
Ma question s'adresse à M. Hinton.
Lors de notre dernière réunion, M. Chad Gaffield était présent comme représentant du groupe U15, le Regroupement des universités de recherche du Canada. Je suis sûr que vous le connaissez bien. C'est un homme sympathique.
Je lui ai posé des questions, et il m'a dit qu'il pensait que nous pouvions tous avoir la certitude que les recherches menées sur nos campus l'étaient dans des conditions de sécurité telles qu'elles ne représentaient pas une menace pour nous.
Monsieur Hinton, pensez-vous que c'est le cas? Est‑ce qu'il y a encore des améliorations à apporter?
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Il est certain que cela peut poser problème.
Malheureusement, d'après ce que j'ai vu, le comportement dont nous parlons aujourd'hui est davantage le fait d'un pays que de tout autre, et les gens saisissent cette occasion d'en faire une question de racisme ou de xénophobie. Cela peut avoir un effet dissuasif, et je pense que cela a été le cas, mais encore une fois, je pense que c'est une raison de plus pour nous concentrer sur le comportement plutôt que sur les pays, car il s'agit d'un problème très sérieux.
Selon les constatations de nos recherches dans l'ensemble du A&M University System, en 2021, 80 % des collaborations problématiques provenaient d'un seul pays. Ce sont simplement des faits statistiques. Pour cette raison, je pense qu'il est facile de faire de ce problème quelque chose qu'il n'est pas, et nous devons nous concentrer sur le comportement.
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Je pense que l'entreprise de recherche est une chose très particulière. Ce n'est pas pour rien qu'elle est conçue de cette manière. Elle repose sur une collaboration libre et ouverte et sur l'échange d'idées. Elle se fonde sur la réciprocité, ainsi que sur la transparence.
Je crains que nous ayons un adversaire qui s'est emparé de tous les points forts de notre entreprise de recherche et en a fait un point faible. Nous courons le risque, si nous ne gérons pas cela correctement, de casser un système qui est très important pour nous, et c'est ce que je crains le plus.
En outre, si on ne traite pas correctement ces questions délicates, on risque de ruiner des carrières et d'en faire une question de xénophobie là où il n'y a pas de xénophobie.
Une fois de plus, je pense que nous devons faire preuve d'une grande prudence dans la recherche de solutions à ces problèmes.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Hinton, c'est un plaisir renouvelé de vous recevoir comme témoin aujourd'hui.
J'ai bien entendu vos recommandations. Vous souhaitez notamment voir une plus grande transparence ainsi qu'une meilleure relation avec les universités pour accroître la confiance, la sécurité, les échanges et la collaboration. De plus, en matière d'éducation, vous avez parlé des moyens de protéger l'économie du savoir pour y gagner.
Vous avez également mentionné un élément très important, soit le leadership, c'est‑à‑dire le fait de rassembler les experts pour avoir les meilleures pratiques, les meilleures façons de faire et, surtout, des directives assez claires quant à la sécurité nationale de la recherche.
En février dernier, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il allait demander aux universités de respecter une liste d'établissements qui ne pourraient plus recevoir de financement et avec lesquels on ne devrait plus collaborer. Cela a été annoncé en février. Mes collègues et moi avons posé des questions aux témoins lors de la dernière étude en comité. Nous sommes en octobre et il n'y a toujours pas de liste.
J'aimerais connaître votre opinion à ce propos, vous qui êtes professeur d'université. Est‑ce que cela compromet des collaborations que vous entendez avoir dans le secteur universitaire?
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Oui. Nous avons l'exemple particulier de l'Alberta, et le Québec, comme vous le savez, dispose d'Axelys et d'autres programmes qui travaillent en étroite collaboration avec les universités.
C'est en grande partie une affaire provinciale, et les provinces doivent donc agir, mais c'est aussi une affaire fédérale, provinciale et universitaire. Tout le monde doit assumer ses responsabilités. Il est de ma responsabilité, en tant que témoin de ce qui se passe, de ne pas rester sans rien dire.
C'est uniquement grâce à Sean Silcoff, à Christine Dobby et aux autres journalistes du Globe and Mail, comme Bob Fife et Steve Chase, qui se sont intéressés à cette histoire en mai 2018 et avant. Ils ont vu qu'il se passait beaucoup de choses et ont demandé pourquoi 13 universités canadiennes retiraient systématiquement la propriété intellectuelle des universités alors qu'au même moment, plus tard dans l'année, les deux Michaels étaient détenus pour ce qui allait dépasser les 1 019 jours.
C'est une chose dont nous devons être très conscients, et le succès de cela repose en grande partie sur les provinces.
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Je vous remercie beaucoup de l'occasion de m'adresser à votre comité au sujet de l'iniquité salariale pour les universitaires des groupes systématiquement marginalisés. Je vous félicite d'étudier ce problème qui persiste malgré des décennies de preuves.
Pour mettre mes propos en contexte, vous serez peut-être intéressés de savoir que je fais partie du groupe de huit professeures qui ont déposé, avec succès, une plainte relative aux droits de la personne concernant l'iniquité dans le Programme des chaires de recherche du Canada, et que j'ai rédigé et publié des articles sur la discrimination systémique en enseignement supérieur. De 2016 à 2019, j'ai été coprésidente d'un comité mixte de l'Université du Manitoba sur les écarts salariaux fondés sur le sexe.
Je suis accompagnée de Mme Tina Chen, première vice-rectrice de l'équité à l'Université du Manitoba. Mme Chen a récemment reçu le tout premier prix Robbins-Ollivier d'excellence en matière d'équité pour un projet visant à démanteler le capacitisme et à promouvoir l'équité pour les personnes handicapées par l'intermédiaire de mesures concrètes et de reddition de comptes dans les institutions. Mme Chen était également membre du comité salarial conjoint de l'Université du Manitoba.
J'aimerais parler brièvement de l'histoire de notre université et revenir à 1994. En 1994, à la demande du syndicat des professeurs, l'Université du Manitoba a étudié l'écart salarial entre les hommes et les femmes du corps professoral universitaire. Un écart a été constaté et une augmentation forfaitaire de 2,84 % du salaire de base a été ordonnée pour toutes les femmes. Ce montant, versé sur deux ans, n'incluait aucune rémunération rétroactive ni correction relative à la pension.
Plus tard, une équipe de recherche non financée, dont je faisais partie, a réexaminé la rémunération du corps professoral et a constaté des écarts. Notre étude a été publiée en 2011. Dans la foulée, après la création du comité mixte en 2016, l'équité salariale est devenue une revendication de négociation.
J'aimerais parler du comité mixte. Malheureusement, les travaux de notre comité se sont limités aux femmes du corps professoral et nous n'avons pas ventilé nos données. Notre rapport portait uniquement sur un axe de discrimination, et cet élément a tout de même été traité de manière binaire. Ce sont des limitations réelles, mais permettez-moi de vous présenter ce que nous avons néanmoins trouvé.
Notre rapport de 2019 fait état de profils salariaux très différents entre les femmes et les hommes dans les rangs du corps professoral et des instructeurs. En résumé, des tests de la signification statistique ont été jugés nécessaires. Nos résultats ne se sont pas avérés statistiquement significatifs, même s'ils étaient assez révélateurs. Par contre, notre rapport met en évidence un écart statistiquement significatif du temps de promotion à un poste de titulaire, soit 18 mois entre les femmes et les hommes. Nous avons appris qu'à partir de la 12e année, les femmes avaient 15,5 % moins de chances que les hommes d'être titulaires. Même si toutes les femmes sont moins susceptibles d'être promues professeures après 12 ans de carrière ou plus, la faible probabilité est particulièrement marquée dans notre campus médical, ainsi que dans les facultés des sciences et du génie.
Notre comité mixte a formulé sept recommandations, notamment un examen annuel des salaires et un rapport écrit sur ces analyses au moins tous les cinq ans. Nous avons recommandé une étude sur l'avancement professionnel afin de comprendre pourquoi les femmes ont 15,5 % moins de chances que les hommes d'être titulaires à la 12e année. Nous avons recommandé la tenue de recherches qualitatives et d'enquêtes sur les charges de travail des hommes et des femmes, la progression de carrière plus lente chez les femmes, les différences sur le plan de l'emploi après 65 ans et d'autres questions liées au climat. Nous avons également recommandé des études sur les différentes dimensions de l'inégalité salariale, en particulier les lacunes dans les comptes des caisses de retraite des membres, ce qui a évidemment une incidence sur les revenus au cours de la vie. À ma connaissance, aucune de nos recommandations n'a été mise en œuvre.
Ce très bref historique des écarts fondés sur le sexe au sein de notre université des Prairies est riche en enseignements, et je dirais qu'il est représentatif. Lorsque les écarts salariaux ont fait l'objet d'un examen, cela résulte, dans presque tous les cas, d'un élan découlant du travail bénévole des chercheurs, des caucus de professeurs ou des syndicats, plutôt que de la direction. Le suivi régulier se fait rare et il y a peu de reddition de comptes. La publication de rapports plus étoffés dans le cadre de l'enquête sur le Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités et les collèges par Statistique Canada contribuerait à réduire l'improvisation dans ce dossier. Pour des résultats significatifs, il faudrait que les établissements accordent une attention accrue à cet enjeu et aient la capacité de faire un suivi des données relatives à l'équité, probablement grâce à des fonds dédiés, y compris un volet Dimensions.
Il y a deux points clés que je vous invite à retenir.
Premièrement, il est évident que des données sur l'équité sont nécessaires si l'on veut agir. Cela inclut — et c'est important — des données sur les membres du corps professoral ayant un handicap, un groupe de collègues qui font rarement l'objet de suivi ou de signalements pour des raisons complexes que vous me demanderez peut-être d'expliquer. Le suivi des données relatives à l'équité pourrait se faire par le renforcement des exigences de conformité du Programme de contrats fédéraux ainsi que le renforcement de la Loi sur l'équité en matière d'emploi et de la Loi sur l'équité salariale.
Le deuxième point clé à souligner est qu'en raison de l'austérité, on observe dans la plupart des universités canadiennes un changement du ratio des nominations à des postes de titulaires permanents et une augmentation des emplois atypiques en milieu universitaire. Ce groupe, que l'on surnomme « le précariat », est formé de façon disproportionnée de personnes racisées et genrées. Ce type d'emploi exacerbe la précarité des femmes, des Autochtones, des personnes 2ELGBTQ+ et des personnes handicapées. Le renouvellement du corps professoral est essentiel pour offrir l'équité et un emploi à temps plein aux collègues méritants.
J'espère que vous êtes au courant que selon les données nationales, le nombre de personnes qui travaillent en enseignement postsecondaire, mais qui ne sont pas dans un poste menant à la permanence a augmenté de 500 % au cours des 20 dernières années. Au Canada, le nombre d'étudiants universitaires à temps plein a augmenté de 18 % entre 2010 et 2020, mais le nombre de professeurs à temps plein n'a augmenté que de 6 % au cours de la même période.
Cela dit, et pour nous préparer à la discussion, je vais conclure en soulignant qu'il y a un mythe selon lequel le milieu universitaire est un lieu fondé purement et simplement sur le mérite, et c'est ce qui explique en bonne partie la résistance historique à s'attaquer aux problèmes documentés que sont l'exclusion, la marginalisation et la discrimination systémique.
Même si nous sommes en 2023, il subsiste des obstacles démontrables à l'équité salariale pour les membres du corps professoral de genres différents et issus de groupes systématiquement marginalisés. Votre comité a la possibilité de formuler des recommandations pouvant contribuer à changer la situation.
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Merci, monsieur le président.
Je devrais peut-être me présenter brièvement. Je suis membre du corps professoral de l'Université de Toronto depuis 1999. J'ai été doyenne de la faculté de pharmacie Leslie Dan de 2014 à 2018. J'occupe actuellement le poste de vice-provost pour la faculté et la vie académique, et ce, depuis les cinq dernières années. Dans le cadre de cette fonction, je supervise les questions relatives aux ressources humaines du corps professoral, y compris les salaires des professeurs de l'université.
Comme Mme Prentice l'a mentionné, la question de l'équité salariale dans les universités canadiennes et dans les établissements homologues du monde entier a fait l'objet d'études approfondies au cours de la dernière décennie et au‑delà. Nous sommes heureux de voir le Comité se pencher sur cette question. Nous espérons que certaines des conclusions que nous sommes en mesure de vous communiquer vous aideront dans vos délibérations.
J'ai remis au Comité un rapport de 2019 intitulé « Report of the Provostial Advisory Group on Faculty Gender Pay Equity », soit un rapport du groupe consultatif du provost sur l'équité salariale entre les sexes au sein du corps professoral. Il décrit l'approche rigoureuse que nous avons adoptée à l'Université de Toronto pour aborder cette question.
Nous avons élaboré un modèle statistique qui nous permet de dégager les comparaisons entre pairs les plus proches des salaires des hommes et des femmes dans les facultés, en tenant compte des différences concernant l'expérience, le domaine d'études et de quelques autres facteurs pertinents.
Avant de vous présenter les résultats de cette étude, je vous rappelle qu'à l'Université de Toronto, nous avons deux principales catégories de professeurs qui ont des nominations permanentes à des postes: la titularisation et l'enseignement.
En ce qui concerne la titularisation, notre analyse a relevé des différences entre les salaires des hommes et des femmes et a montré qu'elles s'expliquaient principalement par l'expérience dans le domaine d'études. Après avoir contrôlé l'expérience et le domaine d'études, nous avons également constaté qu'en moyenne, nos professeures femmes titulaires ou en voie de titularisation à l'université gagnaient 1,3 % de moins que les hommes en situation comparable.
Notre analyse n'a pas relevé de différences importantes entre les salaires des hommes et des femmes dans le volet d'enseignement.
En réponse à cela, à compter du 1er juillet 2019, chaque femme membre du corps professoral titularisée ou en voie de titularisation à l'Université de Toronto a reçu une augmentation de 1,3 % de son salaire de base afin de compenser la différence que nous avions constatée.
Je veux vous faire part de quelques leçons clés que nous avons tirées dans le cadre de ces analyses.
Premièrement, deux variables clés ont une incidence considérable sur les salaires et doivent donc être prises en compte dans toute analyse: l'expérience et le domaine d'études. Il est peut-être évident de dire qu'une personne qui a 25 ans d'expérience professionnelle aura un salaire plus élevé qu'une personne qui n'a qu'une année d'expérience. Étant donné que les nouveaux professeurs sont plus susceptibles d'être des femmes à l'université et que les professeurs qui ont plus d'ancienneté sont plus susceptibles d'être des hommes, on ne peut pas se contenter de comparer les salaires moyens de tous les hommes et de toutes les femmes à l'université, car cela confondrait le sexe et l'expérience. Toute analyse de l'équité salariale doit tenir compte de ce facteur.
De même, nous devons contrôler les domaines d'études, car il existe des différences importantes de salaires entre les différents domaines d'études. Par exemple, les professeurs dans le domaine de la gestion ou du droit ont des salaires plus élevés que les professeurs dans d'autres domaines d'études, principalement en raison des forces du marché, qui sont au moins partiellement motivées par le fait que ces professeurs pourraient toucher des salaires plus élevés dans le secteur privé.
Comme Mme Prentice l'a mentionné, nous estimons qu'il est très important de revoir périodiquement toute analyse salariale. À l'Université de Toronto, nous nous sommes engagés à le faire tous les cinq ans. Nous sommes actuellement en train de refaire notre analyse pour voir si les changements que nous avons apportés en 2019 sont encore en place. Je n'ai pas encore les résultats, mais l'analyse préliminaire porte à penser qu'il n'y a actuellement aucune différence de rémunération entre les hommes et les femmes membres du corps professoral. Nous rendrons ce rapport public dès qu'il sera terminé.
Je voulais également souligner que toute stratégie en matière d'équité salariale entre les hommes et les femmes doit tenir compte d'un certain nombre d'éléments. L'un d'entre eux est la réflexion sur la diversité à l'embauche. À l'université, environ la moitié des nouvelles embauches dans les domaines de la titularisation et de l'enseignement sont des femmes. Nous devons continuer de suivre cette évolution pour nous assurer que nous réfléchissons bien aux personnes que nous embauchons.
Nous devons également réfléchir à la façon dont nous payons les salaires de départ lorsque nous embauchons de nouvelles personnes. À l'Université de Toronto, toutes les nouvelles embauches sont approuvées de manière centralisée et leurs salaires sont approuvés de manière centralisée, en fonction d'une analyse du rang auquel ils sont embauchés, du temps écoulé depuis l'obtention de leur diplôme le plus élevé — qui est un indicateur de l'expérience — et du domaine d'études.
Nous avons sensibilisé des centaines de membres du corps professoral et d'administrateurs qui jouent un rôle dans les décisions liées à l'embauche ou à l'évaluation de carrière dans le cadre de formations, d'ateliers et de discussions sur les préjugés inconscients. Ces discussions fondées sur des données probantes et menées par le corps professoral ont joué un rôle essentiel en aidant à maintenir les questions d'équité au cœur des préoccupations dans l'ensemble de l'université, pour veiller à ce que l'iniquité salariale ne réapparaisse pas, maintenant que nous l'avons corrigée.
J'espère que certains enseignements tirés de nos travaux vous seront utiles dans vos délibérations continues sur cette question.
J'aime bien interroger les chefs de file de mon alma mater, alors il y a cela.
Madame Chen, une partie du travail du Comité est de déterminer quel genre de recommandations pourraient être utiles tout en étant de compétence fédérale. Bon nombre des enjeux qui ont été soulevés devant le Comité semblent davantage propres aux établissements ou relever des gouvernements provinciaux. Je comprends, par exemple, les derniers propos de Mme Prentice.
Concernant certaines des questions que vous avez soulevées, je me demande, encore une fois, s'il existe des mesures précises qui relèvent de la compétence du gouvernement fédéral et qui ne brouillent pas nécessairement les limites entre les différents champs de compétence. Par exemple, l'actuel ministre de l'Éducation du Québec a soulevé des préoccupations quant au fait que les normes des chaires de recherche du Canada en matière de diversité, d’équité et d’inclusion empiètent en quelque sorte sur les compétences provinciales. Quelles recommandations avez-vous pour le Comité afin de réduire cette portée, peut-être, et d'éviter cet écueil?
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Je pense que c'est une excellente question.
Pour ce qui est de la portée fédérale dans le contexte de la collecte de données et du genre de données, j'encouragerais tout le monde à penser aux façons de mettre en œuvre le plan d'action de Statistique Canada sur les données désagrégées à l'échelle nationale. Le Plan d'action sur les données désagrégées nous invite non seulement à aller au‑delà de données fondées sur le genre ou de simples données sexospécifiques, mais aussi à réfléchir aux endroits où nous cherchons à cerner les inégalités systémiques, puis à utiliser ces données pour le suivi de nos actions visant à réduire ces inégalités. Faire savoir à l'ensemble des secteurs — y compris en enseignement postsecondaire — que nous travaillions conformément au Plan d'action sur les données désagrégées est un élément essentiel.
J'ai aussi hâte que certains d'entre nous prennent connaissance des résultats de l'étude pilote du SIPEUC, le Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités et les collèges, dont le but était d'utiliser les données sur les ressources humaines pour essayer de créer un formulaire plus uniforme. L'espoir, c'est que cela permette de collecter les données relatives à l'équité, à la diversité et à l'inclusion — les données démographiques — de manière cohérente. J'ignore si tous ceux qui ont adhéré à Dimensions ont réellement suivi cette voie et collectent les données de la même façon, mais je pense qu'il s'agit d'une autre façon d'établir des liens entre les initiatives nationales — ce qui se fait à l'échelon fédéral — et ce qui se passe à l'échelle locale.
L'autre aspect, selon moi, est la réflexion concernant les données administratives. Comment peut‑on établir ces liens avec les données administratives, comme dans les secteurs de la santé? Comment pouvons-nous relier les systèmes tout en évitant la « fatigue des sondages »?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos témoins de leur travail des dernières années sur cet enjeu fort important.
Je suis assez nouvelle à ce comité. Je crois que c'est vous, madame Chen, qui avez parlé de l'initiative Dimensions. Si j'ai bien compris, elle a été administrée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le CRSNG, pour les trois organismes subventionnaires fédéraux, fournissant évidemment un guide pour tenter d'aider les établissements d'enseignement supérieur à accroître l'équité, la diversité et l'inclusion dans leur milieu.
Si je ne m'abuse, madame Chen, vous avez parlé de cette initiative et de son renouvellement. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet? Comment le gouvernement fédéral pourrait‑il améliorer l'initiative actuelle?
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Je vous remercie de cette question et de cette référence.
Je m'intéresse tout particulièrement aux mesures lancées l'an dernier pour réfléchir aux implications de la modernisation de l'université et du sondage sur le personnel universitaire. Je pense surtout à l'équité, la diversité et l'inclusion, et notamment à celle de professeurs à temps partiel. Je pense que c'est Mme Prentice qui a parlé de l'importance de cet enjeu dans le dossier de l'équité salariale.
Pour mener à bien cette tâche, il faut vraiment essayer d'inclure cet aspect et de réfléchir à ce que cela signifierait à l'échelle nationale avec le projet pilote qui a été lancé. Je pense que cela nous fera réfléchir à plusieurs enjeux nationaux. Nous savons que dans le processus de recrutement, nos salaires sont déterminés non seulement par ce qui se passe au sein de nos établissements, mais aussi par les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres. Il est essentiel de continuer à financer cette étude.
Nous ne sommes pas sans savoir que l'initiative Dimensions et le travail de Statistique Canada, auquel nous nous fions tous, dépendent également du long formulaire de recensement. Il faut poser des questions approfondies, financer les sondages sur le travail, etc. Je pense notamment au financement des 20 dernières années. Il est arrivé qu'on retire des programmes avant de les relancer. Cela complique vraiment la donne en matière de données. Nous avons besoin de données robustes pour trouver des solutions propres aux établissements.
Je vais m'arrêter là. J'ai l'impression que mes collègues réfléchissent beaucoup à l'initiative Dimensions également, alors elles auraient peut-être quelque chose à dire à ce sujet.
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Ce programme fédéral existe depuis longtemps. Je crois qu'il existe depuis près de 30 ans.
En vertu du Programme de contrats fédéraux, toute université ayant un contrat avec le gouvernement fédéral doit produire des rapports. Dans la plupart des cas, nous finançons nos recherches par l'entremise de groupes tripartites et d'autres subventions. C'est également ce sur quoi misent nombre d'universités pour trouver d'autres façons d'opérer. Nous sommes donc obligés de produire des rapports, et l'une des exigences à cet égard consiste à... Bon, je me répète, mais tout a commencé par les données sexospécifiques. Cela dit, nous pourrions — et devrions, même, devrais‑je dire — recueillir davantage de données afin d'inclure d'autres types d'iniquités.
Pour ce faire, les universités devront se conformer aux exigences en matière de rapport et au type de responsabilité qui découle d'un contrôle externe qui pousse, encourage et incite les universités à adopter un comportement favorable à l'équité.
Le seuil a été placé trop haut. À un moment donné, il était de 200 000 $. Il est maintenant de plus de 1 million de dollars par cas. Il pourrait être abaissé. L'ACPPU a probablement une meilleure idée de la façon dont cela fonctionne à l'échelle nationale, mais je sais qu'à l'Université du Manitoba, certains des groupes de femmes sur le campus ont dû consulter les rapports de conformité des entrepreneurs fédéraux pour savoir ce qui se passait dans nos propres universités.
La création de données sur l'équité a des répercussions très positives; d'autres personnes peuvent ensuite les utiliser.
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Oui, bien sûr. Comme je l'ai dit, nous avons beaucoup réfléchi à tout cela. Lorsque nous avons l'occasion d'embaucher de nouvelles personnes, nous veillons à effectuer des recherches pour encourager le plus grand nombre de personnes à postuler. Nous assurons un suivi de ceux qui réussissent dans nos études et veillons à réfléchir de façon approfondie aux préjugés inconscients qui auraient pu s'immiscer dans nos processus. Nous faisons ainsi de notre mieux pour veiller à être ouverts et accueillants envers tout le monde.
Lorsque nous observons les recrutements dans notre communauté, nous constatons, comme je l'ai déjà dit, que nous avons presque atteint la parité entre les hommes et les femmes pour les postes de professeurs adjoints et agrégés depuis une quinzaine d'années. J'occupe ce poste depuis quelques années, et j'examine les embauches annuellement. Environ 50 % des employés embauchés annuellement sont des femmes, parfois un peu plus. Je parle ici des postes permanents et des postes d'enseignement.
Nous réfléchissons également beaucoup à d'autres axes de la diversité et mettons en place des programmes pour nous assurer que nous accueillons et recrutons un corps professoral diversifié.
Ces éléments sont vraiment importants pour tout programme dans ce domaine, selon moi.
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Merci, monsieur le président.
Je salue les témoins qui se joignent à nous pour cette étude.
Madame Chen, comme vous le savez sans doute, l'équité salariale et l'administration des universités relèvent, dans une large mesure, de la compétence du Québec et des provinces. Certains programmes fédéraux abordent des questions d'équité en imposant des critères d'équité, de diversité et d'inclusion, notamment, mais n'abordent pas nécessairement l'équité salariale à proprement parler.
J'aimerais que nous nous concentrions sur ce qui relève du gouvernement fédéral, comme le Programme de contrats fédéraux, les trois organismes subventionnaires et les chaires de recherche du Canada. J'aimerais entendre votre opinion là-dessus.
De mon point de vue, on reconnaît l'équité pour les gens qui sont dans des groupes sous-représentés, mais existe-t-il réellement des mécanismes pour assurer une équité salariale dans les programmes qui relèvent directement du gouvernement fédéral?
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Je vous remercie de votre question.
Lorsqu'il est question d'équité salariale, je crois qu'on pense aux différents types de rémunérations dans ces domaines. Je pense aux divers programmes, comme celui des chaires de recherche du Canada ou de certains conseils subventionnaires. À ma connaissance, il n'y a pas beaucoup d'études qui examinent les iniquités entre les sexes dans les bourses accordées.
Ce que la recherche nous apprend, c'est qu'il existe en fait des écarts et des iniquités dans les demandes de recherche. Ceux qui sont systématiquement marginalisés ne demandent pas les plus grosses sommes d'argent. Ils ne cherchent pas à obtenir les subventions les plus importantes. Pour une demande de 300 000 à 500 000 $, beaucoup demanderont ce qu'ils considèrent être le minimum nécessaire pour mener leur recherche. Par contre, ceux qui se trouvent dans une situation privilégiée demanderont souvent plus. Ils demanderont le montant maximum, en fait.
Je reviens à la question précédente. Les établissements commencent à parler de la valeur et de la rémunération au mérite et récompensent souvent leurs employés en fonction de l'argent perçu. Compte tenu de la façon dont de nombreux établissements fonctionnent, il y a moyen de se sensibiliser davantage aux différentes formes d'iniquité. Je pense non seulement à la quantité de bourses octroyées, mais aussi, et surtout, à la façon dont elles sont valorisées dans les divers domaines.
Ce serait vraiment une étape majeure que de transférer de nombreuses pratiques hors du Programme des chaires de recherche du Canada et d'entamer une réflexion plus poussée sur la manière dont elles s'appliquent au financement tripartite, car les iniquités relevées en milieu de travail dans les établissements d'enseignement supérieur ne concernent pas seulement l'équité salariale et les salaires nets versés par les établissements; elles concernent aussi la définition des conditions de travail. Il serait important de faire ce travail, puisqu'il nous permettrait d'entamer la réflexion sur certains de ces enjeux et sur ce qui relève du fédéral.
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Je vous remercie de votre question.
Pour être mieux comprise, je préfère y répondre en anglais.
[Traduction]
L'attribution des bourses est l'une des mesures fédérales les plus importantes, et je suis très fière d'avoir lutté pendant très longtemps pour veiller à ce que le système d'attribution des chaires de recherche du Canada se tienne, par exemple, afin que les femmes, les hommes, ainsi que les personnes racisées, autochtones et handicapées obtiennent leur juste part.
Il y a moins de données disponibles sur les personnes vivant avec un handicap. Mme Chen pourrait peut-être vous en parler.
Oui, il revient à l'établissement concerné de fixer le salaire des chaires de recherche nommées, mais le gouvernement fédéral peut assurément influencer l'attribution des bourses. Je pense d'ailleurs qu'il serait tout à fait approprié de ne pas nommer de nouvelles chaires dans les universités qui n'atteignent pas les objectifs en matière d'équité et de diversité tant qu'elles ne les atteindront pas. Je crois qu'il s'agit d'un mécanisme approprié pour le gouvernement fédéral, malgré la controverse qu'il a soulevée au Québec.
Tout cela s'inscrit dans un contexte plus large, bien sûr. Nous sommes à la recherche d'une approche douce, qui reconnaîtrait à la fois l'autonomie des établissements et l'intérêt fédéral pour l'équité. Certains mécanismes intermédiaires de données et de rapports peuvent grandement aider les deux parties à instaurer plus d'équité dans ce contexte.
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Je vous remercie de cette question.
Vous avez tout à fait raison. Si on ne va pas au fond des choses pour comprendre la raison de cette iniquité salariale, on ne réglera pas les problèmes.
Voilà pourquoi j'ai dit qu'il fallait miser sur une stratégie plus large pour rectifier le tir. Il nous faut notamment réfléchir sérieusement aux biais inconscients dans le système. Nous examinons les salaires des nouveaux employés, entre autres, pour veiller à ce que le problème ne se reproduise pas. Cela dit, nous devons examiner d'autres éléments du système, dont l'évaluation du mérite, les promotions et la titularisation, pour voir s'il existe des biais au sein des processus d'examen universitaires. Mme Prentice a parlé de certains de ces enjeux.
Nous devons réfléchir à ce que signifient l'excellence et le mérite dans le milieu universitaire et comprendre qu'il y a d'innombrables façons de faire preuve d'excellence.
C'est ce que le concept de biais inconscient... Nous devons non seulement entamer un dialogue, mais le maintenir. Nous devons nous baser sur les faits; ils sont nombreux et très bien documentés. Nous devons les mettre à l'avant-plan et en discuter régulièrement dans nos établissements avec tous ceux qui prennent des décisions au cours de nos carrières. C'est ainsi que nous pourrons nous assurer de ne pas récréer un problème au fil du temps.
Bien sûr, il faudra mener des évaluations régulières. Je crois que Mme Prentice l'a souligné également. Il faudra mener des analyses régulièrement pour faire état de la situation.
:
Mon employeur est l'Université du Manitoba; c'est elle qui verse mon salaire.
Je suis chanceuse de faire partie d'un syndicat de professeurs, qui joue un rôle dans la négociation en matière d'équité.
Je vais vous parler de ma carrière à titre d'exemple. On m'a embauchée en 1993. Au début des années 1990, donc, j'ai obtenu une partie du 2,84 % dont j'ai parlé. J'ai présenté deux demandes relatives aux écarts salariaux, qui ont été acceptées. Je ne suis toujours pas aussi bien payée que mes collègues masculins, bien que la différence ne soit pas grande sur le plan statistique. Il s'agit clairement de la responsabilité de mon établissement.
Si ces données doivent être déclarées, si elles doivent être accessibles, présentées de manière transparente et ventilées par genre, alors elles peuvent être utilisées par les personnes concernées pour faire pression sur leurs établissements.
Comme je l'ai dit plus tôt, à ma connaissance, toutes les études sur l'iniquité salariale ont été réalisées par les personnes visées par celle‑ci. Elles ne viennent pas d'en haut. Si Mme Boon a réussi à mettre en œuvre une politique à l'Université de Toronto, je lui lève mon chapeau. Les mesures sont presque toujours prises par les personnes qui cherchent à mettre fin aux inégalités; c'est de là qu'elles partent.
Dans le livre The Equity Myth: Racialization and Indigeneity at Canadian Universities, écrit par Frances Henry et d'autres, les auteurs font valoir qu'en règle générale, les corps professoraux plus racisés perçoivent que l’attribution des permanences et des promotions est fondée sur des indicateurs intangibles plutôt que sur des indicateurs tangibles comme les publications et les subventions obtenues. La tendance inverse est largement observée en ce qui concerne les perceptions relatives aux nominations aux postes administratifs et aux comités, ainsi qu’à l’embauche. Toutes les mesures de perceptions démontrent de façon cohérente que les corps professoraux moins racisés conviennent que les considérations relatives à l’équité sont des facteurs qui influent sur la permanence, les promotions, les nominations aux postes administratifs et aux comités ainsi que sur l’embauche.
Au‑delà de la rémunération, comment les iniquités influencent-elles l’expérience des membres du corps professoral dans les universités canadiennes, notamment en ce qui concerne la permanence, les promotions, les nominations et l’embauche?
Madame Prentice, vous pouvez peut-être répondre à cette question également.
À mon université, par exemple, je dois consacrer 40 % de mon temps à l'enseignement, 40 % à la recherche et 20 % au service. Je crois que les gens qui ne travaillent pas dans ce domaine ont du mal à comprendre la teneur et la complexité du travail des professeurs.
Par exemple, mon université ne tient pas compte du dossier de service d'un professeur dans le cadre de la promotion vers un poste de titulaire. Ma faculté tient uniquement compte de l'enseignement et des publications. Bien que 20 % de mon temps doive être consacré au service — notamment à l'autogouvernance collégiale, à la participation aux comités de programmes, à la révision pour les journaux, à la participation aux réunions sénatoriales, à la participation aux conseils des gouverneurs, etc. —, ce type de travail n'est pas pris en compte.
Nous savons, d'après de nombreuses données probantes, que les minorités — habituellement les femmes, mais aussi de plus en plus de collègues autochtones et d'autres — consacrent beaucoup plus de temps que les autres au service. Or, leur structure de récompense institutionnelle n'en tient pas suffisamment compte. Je crois qu'il faut reconnaître l'excellence dans tous les volets du travail des professeurs. Mon point rejoint celui évoqué par Mme Chen.
La règle du 40/40/20 que je vous ai donnée vise les postes menant à la permanence. Dans le cadre du volet enseignement, c'est peut-être 80 % d'enseignement et 20 % de recherche. L'important, c'est que le travail est souvent réparti de manière disproportionnée et que ces mécanismes visant à évaluer la tâche de travail ne sont pas toujours bien utilisés.
C'est pourquoi, à mon université, par exemple, malgré toutes les mesures prises, il y a une différence d'un an et demi à 18 mois entre les hommes et les femmes pour l'obtention d'un poste de professeur titulaire. De plus, à l'année 12, les femmes sont 15,5 % moins susceptibles que les hommes d'avoir obtenu un poste de professeur titulaire, peut-être parce que leur tâche de travail exhaustive n'est pas reconnue de la même façon que celle de leurs collègues.
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Je crois qu'il faut songer aux diverses responsabilités dans un contexte universitaire.
À l'Université du Manitoba, comme dans de nombreux autres établissements, c'est le bureau du doyen qui surveille le travail des professeurs. Je dirais qu'il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Il faut notamment établir de nouvelles lignes directrices d'embauche.
Cela revient à ce que disait Mme Boon sur la situation à l'Université de Toronto. Au bout du compte, c'est le bureau du doyen qui veille à ce que les approches axées sur l'équité fassent partie des processus d'embauche, à ce que nous abordions la question de la charge de travail et à ce que l'on fasse état de la situation.
Je crois que pour s'attaquer aux inégalités systémiques dans les universités, il faut un changement de culture pour que les divers départements — ceux qui sont responsables de l'embauche — créent un environnement qui favorise l'équité.
Je ne crois pas que nous devions nous centrer uniquement sur l'embauche des personnes marginalisées et sous-représentées; il faut aussi penser à la façon dont elles peuvent réussir...
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Je crois qu'un travail important est fait en ce sens, mais on parle ici de plusieurs siècles de sexisme, de misogynie, de transphobie, d'homophobie et de racisme institutionnels. Ces enjeux sont enchâssés dans nos méthodes de travail et dans la façon dont nous évaluons le travail des gens.
Lorsque de telles pratiques font partie intégrante du système, il ne suffit pas à une personne de dire qu'il faudrait qu'elle soit mieux payée, parce que la valeur que la société accorde à un travail en particulier — le caractère approprié de certains organismes et la valeur qu'on leur accorde — finit par faire partie de nos institutions. Il n'est pas seulement question de dénonciation et de responsabilisation; il faut changer complètement notre vision du monde.
Lorsque j'entre dans une pièce, je me demande toujours s'il y a des personnes qui appartiennent à des groupes racialement marginalisés et si elles peuvent s'exprimer. Quand est‑ce qu'on entend ces voix? Quand est‑ce qu'on entend les personnes non binaires s'exprimer au sujet des inégalités? Est‑ce que tout ce qu'on fait, c'est demander pourquoi on ne peut pas régler le problème?
Je crois qu'il faut songer aux enjeux systémiques et comprendre que dans les universités, les doyens sont les responsables. Il y a plusieurs niveaux de rapports, mais alors que nous établissons ces nouvelles cultures, nous devons accorder une valeur, non seulement au salaire et à ce qui est convenu en ce sens, mais aussi à la façon dont nous traitons les personnes.
Mesdames, merci de comparaître devant nous aujourd'hui.
Madame Chen, j'apprends de votre témoignage. Je vous remercie pour la candeur avec laquelle vous répondez à nos questions. Notre étude porte sur les écarts dans ce domaine en particulier, mais je crois qu'ils existent dans de nombreux volets de notre société.
Ma question s'adresse à Mme Boon. Je suis très heureuse de vous entendre parler de votre étude et j'ai très hâte à 2024 pour voir ces statistiques.
Vous avez parlé de la permanence et des deux volets de l'enseignement, et des différences très minimes entre eux.
J'aimerais savoir si vous tenez compte des professeurs à temps partiel, des professeurs à forfait, des bibliothécaires et des membres du corps professoral clinique. Avant que vous ne répondiez à cette question, j'aimerais vous en poser une autre. Vous dites que vous avez mis sur pied un processus visant à embaucher environ 50 % de femmes. Quand a‑t‑il été mis sur pied et quels sont les pourcentages d'hommes et de femmes — ou d'autres genres — dans votre université? J'aimerais savoir si les statistiques que vous avez évoquées, qui démontrent une différence statistique minimale, représentent un pourcentage raisonnable.