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Bienvenue à la 53
e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre. Les membres du Comité sont présents dans la salle, et un témoin se joint à nous au moyen de l'application Zoom.
Je vais donner quelques consignes au témoin. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Vous devez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Je vous prie de parler lentement et clairement pour faciliter le travail des interprètes. Quand vous ne parlez pas, votre micro doit être désactivé. Vous avez aussi accès aux services d'interprétation. Vous pouvez choisir le parquet, l'anglais ou le français.
Même si la salle est équipée d'un système audio puissant, les réactions acoustiques sont possibles. Je vous prie donc d'être très prudent avec votre oreillette et votre microphone: gardez-les à une bonne distance pour éviter de causer des blessures aux interprètes. Je suis ravi de constater que le témoin utilise un appareil approuvé par la Chambre des communes; c'est maintenant obligatoire. Les tests de son ont été faits; il ne devrait donc pas y avoir de problème de ce côté‑là. Conformément à la motion de régie interne sur les tests de connexion adoptée par le Comité, je confirme que le témoin a effectué tous les tests requis.
Je rappelle aux membres du Comité de s'adresser à la présidence.
Je souhaite la bienvenue à M. Larry Maguire. Nous sommes heureux de vous accueillir au Comité comme membre substitut. M. Heath MacDonald se joint aussi à nous comme membre substitut.
Je remercie les témoins d'avoir fait le nécessaire pour se joindre à nous, en personne ou virtuellement, afin de nous aider à réaliser notre étude.
Conformément à l'article 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 6 juin 2023, le Comité entreprend son étude sur l'utilisation des subventions, fonds et contributions du gouvernement fédéral en matière de recherche et de développement par les universités et les établissements de recherche canadiens dans le cadre de partenariats avec des entités liées à la République populaire de Chine. J'aimerais avoir une version abrégée de ce titre, mais même utiliser une seule lettre me prendrait du temps.
Je suis heureux d'accueillir nos témoins d'aujourd'hui. Nous recevons Mme Cherie Wong, directrice exécutive de l'Alliance Canada Hong Kong. Bienvenue encore une fois comme témoin à la Chambre des communes. Je souhaite également la bienvenue à M. Benjamin Fung, titulaire d'une chaire de recherche et professeur à l'Université McGill. C'est la première fois que M. Fung témoigne à la Chambre des communes.
Nous recevons aussi M. Gordon Houlden. Je crois vous avoir entendu dire que vous étiez en Colombie-Britannique en ce moment. M. Houlden est professeur à l'Université de l'Alberta. Il travaille également pour l'Institut de la Chine.
Vous disposerez de cinq minutes chacun pour faire une déclaration préliminaire. Je crois que les premiers témoins se partageront les cinq minutes.
Je vous invite à présenter votre déclaration.
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Bonjour, monsieur le président, bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je suis professeur et titulaire d'une chaire de recherche du Canada à l'Université McGill. Mes domaines d'intérêt comprennent l'intelligence artificielle, la cybersécurité et l'analyse de logiciels malveillants.
Le Parti communiste chinois, ou le PCC, et des entreprises affiliées à l'État chinois ont manifesté un vif intérêt pour mon travail de recherche. Au cours des dernières années, une grande entreprise chinoise oeuvrant dans le domaine de la 5G m'a invité à collaborer avec elle à plusieurs reprises.
En 2018, une entreprise chinoise a tenté de m'engager comme consultant pour son équipe d'intelligence artificielle. Les représentants de l'entreprise m'ont offert trois fois — je répète: trois fois — mon salaire pour que je travaille pour eux tout en demeurant professeur à l'Université McGill. Par curiosité, je leur ai demandé ce qu'ils voulaient que je fasse. Ils m'ont répondu que je n'avais qu'à répondre à leurs courriels.
En chinois, cette stratégie de recrutement s'appelle « nourrir, piéger, tuer ». D'abord, l'entreprise emploie des offres généreuses pour attirer sa proie. Ensuite, une fois qu'un professeur dépend des fonds qu'elle lui fournit, elle commence à lui faire des demandes déraisonnables, y compris transférer des droits de propriété intellectuelle, obtenir des données sensibles ou faire de fausses affirmations.
Après que j'ai rejeté son offre, l'entreprise en question est entrée en contact avec moi à des intervalles d'un an ou deux pour m'offrir différents types de collaborations. Elle a aussi commencé à courtiser mes étudiants diplômés. Heureusement, aucun d'entre eux ne s'est joint à elle.
Le China Scholarship Council, ou le CSC, défraie entièrement de nombreux étudiants chinois pour qu'ils étudient et participent à des travaux de recherche au Canada. Peu de gens comprennent que ces étudiants subissent des pressions indues de la part du gouvernement chinois en vertu de ces ententes de financement. Lorsqu'un étudiant viole une règle ou refuse de suivre une consigne, le gouvernement chinois peut demander à sa famille de rembourser la bourse d'études.
Moi qui suis professeur, je comprends parfaitement et je respecte l'importance de la liberté universitaire. Toutefois, il incombe aux universités d'expliquer les risques aux professeurs qui incluent des étudiants parrainés par le CSC dans leurs équipes de recherche. On peut réduire ces risques en apprenant aux agents de recherche des universités à déceler l'ingérence étrangère et à identifier les entités étatiques étrangères. Je vous donnerai volontiers d'autres exemples d'infiltrations du PCC dans le milieu universitaire. Je vous remercie.
Je cède la parole à Mme Wong.
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Monsieur le président, j'ai été témoin de l'influence de Pékin dans le milieu universitaire et le secteur de la recherche du Canada. J'en ai pris connaissance par l'intermédiaire de membres du milieu s'étant adressés à l'Alliance Canada Hong Kong. Je l'ai aussi constatée de mes propres yeux à l'époque où j'étais étudiante diplômée au Département de sociologie et d'anthropologie de l'Université Carleton.
À première vue, les sciences molles ne semblent pas servir directement les ambitions technologiques et militaires de Pékin. Cependant, ce que nous constatons, c'est que l'État-parti chinois tisse des liens entre ces domaines et d'autres objectifs du régime en matière de sécurité, comme l'emprise sur les élites, la censure, la désinformation et les récits discursifs.
Je tiens à insister sur un fait important: le Canada examine peut-être de plus en plus attentivement l'ingérence de la Chine, mais Pékin n'est pas la seule entité étrangère qui s'intéressera au secteur canadien de la recherche. Par conséquent, il faut trouver des solutions faisant abstraction du pays d'origine pour réduire la vulnérabilité du milieu universitaire.
Qu'ils soient canadiens ou étrangers, les étudiants d'origine tibétaine, ouïgoure, chinoise, taïwanaise et hongkongaise font l'objet de surveillance transnationale et sont menacés de représailles sur les campus. De plus, des étudiants étrangers se disent inquiets de se voir retirer leur permis ou leurs bourses d'études par l'ambassade, le consulat ou le gouvernement de leur pays d'origine en raison de leurs opinions défavorables, de leurs actions ou de leur inaction.
Pour préserver la liberté universitaire, il faut travailler sans relâche et de manière proactive en vue de s'adapter et de faire face aux nouveaux défis à mesure qu'ils se présentent. Le Canada doit renforcer son milieu universitaire et son secteur de la recherche. Pour y arriver, l'ensemble de la société doit collaborer avec les universités, les établissements de recherche, le secteur privé et les associations étudiantes. En outre, lorsqu'il y a collaboration avec des personnes de l'extérieur du Canada, il faut aussi tenir compte des risques posés par nos partenaires internationaux, ainsi que de leurs intentions.
En renforçant les mesures législatives sur la protection de la vie privée et des données, on préviendra le transfert, l'exportation et la vente des données sensibles des Canadiens à des acteurs étrangers. De plus, on encouragera les universités et les établissements de recherche canadiens à conserver leurs serveurs et leurs données de recherche au Canada, ainsi qu'à adopter des mesures et des politiques plus strictes à l'égard de la cybersécurité sur les campus.
J'encourage fortement le Comité à prendre connaissance du rapport précédent de l'Alliance Canada Hong Kong, intitulé In Plain Sight, en particulier du chapitre portant sur l'influence universitaire et la vulnérabilité du transfert de propriété intellectuelle.
Monsieur le président, je compte employer les cinq minutes à ma disposition, si possible. Bien entendu, vous pourrez m'interrompre au besoin.
Je remercie le président et les membres du Comité. C'est toujours un honneur de pouvoir m'adresser à la Chambre des communes.
L'attention et l'importance accordées à la question de la sécurité de la recherche croissent au même rythme que l'ascension de la République populaire de Chine vers un statut, à l'échelle mondiale, se rapprochant de celui des États-Unis sur le plan du pouvoir national. Étant donné la possibilité que la Chine soit un adversaire du Canada, ainsi que les différences notables entre nos systèmes politiques, nous nous devons d'examiner les risques que pourrait entraîner la fuite de propriété intellectuelle et de savoir-faire provenant des principaux établissements postsecondaires et des laboratoires de recherche d'entreprises du Canada.
En mai dernier, j'ai présenté au gouvernement de l'Alberta un rapport exhaustif et confidentiel sur la sécurité de la recherche universitaire. Ce rapport, commandé par le gouvernement de l'Alberta, a pris plusieurs mois de recherche. Comme vous le savez et comme vous l'avez déjà entendu ce matin, il s'agit d'un enjeu complexe. Il en est souvent ainsi lorsqu'il est question de relations internationales. Nos alliés du G7 examinent aussi la question de plus en plus étroitement.
Cela étant dit, il faut réfléchir longuement et attentivement à notre réponse stratégique pour éviter les conséquences imprévues. En ce qui concerne nos relations avec la Chine dans le milieu universitaire, l'accent devrait être placé non seulement sur la protection, mais aussi sur la promotion des intérêts du Canada. Ces intérêts comprennent les progrès continus du Canada en sciences et en technologie, ainsi que la protection et la sécurité de nos réalisations dans le domaine de la recherche.
Moi qui travaille à temps plein sur le dossier de la Chine depuis 37 ans et comme diplomate et comme universitaire, je me méfie des approches simplistes à l'égard d'un État aussi complexe que la Chine.
Aujourd'hui, la Chine forme environ deux fois plus de diplômés universitaires que les États-Unis, mais approximativement huit fois plus de diplômés en sciences, en technologie, en génie et en mathématiques. Ces chiffres, étalés sur plusieurs années, ont doté la République populaire de Chine d'une capacité de recherche de calibre mondial, renforcée par le réseau d'entreprises privées de haute technologie et de laboratoires de recherche appartenant à l'État et à des entreprises. L'avantage de la Chine dans ce domaine continuera de croître.
L'État offre un soutien financier très généreux aux universités et aux laboratoires de recherche de la Chine. Les avancées scientifiques et technologiques de la République populaire de Chine les plus en vue sont peut-être celles liées au programme spatial chinois, qui comprend une future base lunaire, une station spatiale permanente en orbite terrestre et des missions sur Mars. Toutefois, les recherches de la Chine dans le domaine de la santé sont aussi l'une des raisons pour lesquelles l'espérance de vie des Chinois dépasse maintenant celle des Américains. Il y a plusieurs décennies, quand je travaillais pour la mission canadienne à Hong Kong, si mon fils a retrouvé l'usage de sa main après avoir subi une blessure, c'est grâce aux techniques de microchirurgie qui ont été conçues en République populaire de Chine et qui sont utilisées aujourd'hui partout dans le monde.
Ce que je veux dire, c'est qu'il faut puiser de la Chine le plus de connaissances avancées possible, tout en minimisant les risques associés aux technologies sensibles soit qui menacent la sécurité du Canada, soit qui sont nécessaires pour protéger nos propres réalisations contre le vol. D'après moi, en supprimant entièrement le financement fédéral de la coopération avec la Chine dans le domaine de la recherche, on risque de couper l'accès des chercheurs canadiens aux progrès scientifiques et technologiques importants accomplis par la Chine, au détriment de nos propres travaux de recherche. Ce risque sera d'autant plus grand si les mesures que nous prenons ne correspondent pas à celles de nos alliés.
Le plus difficile, ce n'est pas de décider si nous devrions financer des projets faits conjointement avec des chercheurs chinois; c'est plutôt d'établir au cas par cas si la coopération sert l'intérêt supérieur du Canada. À mon avis, le gouvernement du Canada, par l'intermédiaire d'ISDE, a la capacité d'évaluer les propositions de financement en travaillant avec le SCRS, AMC, le MDN et d'autres organismes, ainsi qu'en demandant conseil aux chercheurs canadiens et à nos alliés au besoin.
Je considère comme urgent qu'ISDE établisse une liste d'entités chinoises problématiques. Ce travail est peut-être déjà en cours. Cette liste comprendrait, par exemple, l'Université des sciences et de la technologie, qui est contrôlée par l'Armée populaire de libération et avec laquelle il est manifestement risqué de collaborer. Il faudrait également dresser une liste de sujets de recherche à exclure de tout projet de recherche conjoint, peu importe le partenaire chinois.
C'est le genre de mesures que prennent nos alliés. Quand j'ai communiqué avec le Département d'État américain à Washington à la fin de 2022, on m'a dit que l'approche globale du gouvernement américain à l'égard de la coopération scientifique avec la Chine était centrée sur la promotion et la protection. Autrement dit, le gouvernement continue à promouvoir la recherche universitaire faite en collaboration avec la République populaire de Chine, mais tout en protégeant avec vigilance la recherche et les chercheurs américains.
Le National Institutes of Health des États-Unis, le plus important bailleur de fonds pour la recherche médicale au monde, n'a pas supprimé le financement des projets de recherche médicale menés conjointement par les États-Unis et la Chine. Cet organisme a plutôt mis en place des mesures de contrôle sur la nature des travaux de recherche, ainsi que des mesures administratives visant à veiller au respect de ses règles par les chercheurs américains et chinois, règles qui ont déjà été violées dans le passé.
En Europe, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Union européenne elle-même n'ont pas mis un terme à la coopération avec la Chine en matière de recherche. À la place, ils ont proposé ou adopté des mesures visant à réduire les risques liés aux technologies sensibles essentielles soit à la sécurité de l'Europe, soit à la prospérité des entreprises de haute technologie et des établissements de recherche européens.
Je vous invite à prendre connaissance de l'excellente...
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Je vous remercie, monsieur le président, chers collègues. Je ne ferai plus partie de ce comité à l'avenir, mais je vous exprime mes remerciements à tous pour nos discussions et nos délibérations.
Je tiens à remercier les témoins d'être ici aujourd'hui et de répondre aux questions.
J'ai deux questions à poser. Si vous me le permettez, je vais commencer par M. Houlden.
Comme vous l'avez mentionné, monsieur le professeur, la question est plutôt complexe. Il importe que l'écosystème de recherche soit le plus ouvert et le plus sécuritaire possible. Notre gouvernement travaille indéniablement à améliorer la sécurité en recherche au Canada depuis un certain temps. En 2021, Innovation, Sciences et Développement économique Canada a publié ses « Lignes directrices sur la sécurité nationale pour les partenariats de recherche », qui visent à soutenir les chercheurs et à « intégrer les questions de sécurité nationale dans l’établissement, l’évaluation et le financement des partenariats de recherche. »
Pouvez‑vous réaffirmer vos préoccupations quant à notre façon de procéder pour limiter notre collaboration avec certains pays, tout en faisant abstraction du pays d'origine pour favoriser des recherches ouvertes, afin de nous permettre de bénéficier des compétences qui se trouvent dans d'autres régions du monde?
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Eh bien, les ressources et le temps sont toujours limités.
Je ne suis pas certain qu'on puisse toujours faire abstraction du pays d'origine. C'est assez clair que la Chine, la Corée du Nord, l'Iran et la Russie posent des risques, contrairement à d'autres pays. Je dirais donc qu'il est rationnel de mettre l'accent sur les problèmes le plus immédiats.
Il y a toutes sortes de raisons pour nous de collaborer avec la Chine, surtout le fait que les Chinois ont beaucoup progressé et l'ont fait rapidement. La Chine se taillera sans doute la part du lion. Par contre, à ma connaissance, il n'y a pas de collaboration de recherche avec la Corée du Nord, par exemple. Par ailleurs, il n'y a pour ainsi dire aucune collaboration avec l'Iran et très peu avec la Russie dans les circonstances actuelles. Je pense qu'il faut choisir ses cibles.
À mon avis, le défi consiste à respecter l'autonomie des universités. Lorsqu'il y a une préoccupation valable en matière de sécurité — et il en existe —, c'est là que le gouvernement du Canada peut légitimement porter son attention. S'il est maître du financement d'un projet de recherche et qu'il croit que ce projet ne sert pas l'intérêt supérieur du pays, le gouvernement doit certainement exercer son pouvoir de retenir les fonds.
J'insiste pour dire qu'il est évident qu'il est à l'avantage du Canada que nos chercheurs travaillent avec les chercheurs chinois sur certains sujets de recherche — que ce soit les changements climatiques, les préoccupations environnementales ou la santé. Si vous fermez les vannes complètement, vous constaterez que certains de nos meilleurs chercheurs vont simplement lever le camp pour aller aux États‑Unis ou en Europe, où de telles contraintes sont soit absentes, soit quelque peu plus libérales. Avec nos alliés, nous pouvons trouver des approches communes et réduire le risque.
De manière plus générale, il y a aussi le risque d'isoler la Chine, qui a connu de très longues périodes d'isolement dans l'histoire, y compris à la fin de la révolution culturelle... Je dirais que les allers‑retours des étudiants chinois aident à développer et à ouvrir la société chinoise. Les étudiants chinois que je côtoie le plus souvent sont bien mieux renseignés sur le monde extérieur et les autres modes de vie que les étudiants chinois précédents.
Je m'adresse maintenant à M. Fung et à Mme Wong.
Il s'agit évidemment d'un enjeu très grave. Vous avez souligné ce qu'est une menace réelle à la sécurité et ce qui n'en est pas... Vous avez dit qu'il y a présentement certains de vos collègues qui sont pris pour cibles d'ingérence, comme vous l'avez déjà été. C'est un problème très grave.
J'ai aussi entendu — de la part de membres de la diaspora, de membres de la communauté chinoise, d'étudiants, etc. — qu'il y a certaines préoccupations et inquiétudes en matière de racisme, de discrimination et de préjugés contre des chercheurs d'origine chinoise. Bon nombre de personnes demandent même un boycottage complet. Ces gens demandent quelque chose qui semblerait peut-être inefficace, mais certaines personnes voudraient couper tous les liens avec certains Chinois.
Pouvez‑vous en dire plus sur l'équilibre à trouver entre l'accueil d'étudiants qui n'ont rien à se reprocher, qui veulent véritablement faire de leur mieux et qui ont de bonnes intentions, et les craintes d'influence et de torts indus?
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Je pense que ce qu'on entend par solution faisant abstraction du pays d’origine, c'est le début d'une approche antiraciste pour protéger la sécurité nationale dans le milieu universitaire. Comme je l'ai dit, il y a aussi d'autres mesures de sécurité que le régime de Pékin souhaite mettre en place dans les universités.
Je pense que d'une part, il faut examiner la conduite des entreprises, des personnes et des entités avec lesquelles nous collaborons. Par exemple, si une entité qui cherche à collaborer avec un chercheur canadien viole activement le droit international en matière de droits de la personne, nous ne devrions peut-être pas collaborer avec elle. C'est ce que je veux dire lorsque je parle d'examiner la conduite plutôt que le pays d'origine.
Un autre problème, en ce qui concerne la collaboration internationale, c'est que les lois des autres pays sur la protection des renseignements personnels et des données sont différentes de celles du Canada, de sorte que nous pouvons collaborer avec un acteur chinois qui a obtenu des données légalement en Chine, mais d'une façon qui ne serait peut-être pas légale au Canada. Cela crée un genre de zone grise morale où nous devons nous demander s'il est éthique que des chercheurs canadiens continuent de collaborer avec une personne qui a peut-être obtenu des données par des moyens qui ne sont pas légaux au Canada, mais qui le seraient ailleurs. Comment les données de recherche seront-elles stockées? Seront-elles conservées en Chine ou au Canada?
Tous ces facteurs entrent en jeu dans l'équilibre à trouver entre la liberté universitaire nécessaire pour assurer une collaboration libre et transparente, dans laquelle les chercheurs peuvent prendre leurs propres décisions et reconnaissent...
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Merci, monsieur le président.
Je salue les témoins qui se joignent à nous aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à vous, professeur Houlden.
On ne peut pas douter de votre expérience, puisque vous travaillez aux affaires étrangères canadiennes depuis 1976. Vous avez également parlé de votre mandat à l'Université de l'Alberta.
Je veux m'assurer de bien comprendre la situation, et je veux m'assurer que mes collègues et le public la comprennent bien aussi. Sur une échelle de 1 à 10, quel niveau d'inquiétude devrait-on avoir pour ce qui est de l'ingérence chinoise dans l'écosystème scientifique de la recherche au Canada?
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Je vous remercie beaucoup de la question et de vos aimables commentaires.
Sur une échelle de 1 à 10, je présume... Encore une fois, je dirais qu'il faut tenir compte des questions nationales. Les collaborations de recherche avec les États-Unis ou la France ne présentent pas les mêmes risques que celles avec la Chine ou la Russie. Je ne suis pas certain que l'approche neutre fonctionne pleinement. J'attribuerais probablement un huit à la Chine, mais cela ne veut pas dire que la porte est fermée ou qu'elle devrait l'être; cela signifie qu'il faut prendre des précautions.
Je recommande cet excellent rapport du MIT, qui a été publié en novembre dernier. Neuf éminents chercheurs ont participé à cette étude, et il leur a fallu près de 18 mois, je crois, pour rédiger leur rapport. On peut le consulter en ligne. Il y a une phrase qui m'a sauté aux yeux; elle se lit comme suit:
Mais nous croyons que les États-Unis auraient plus à perdre qu'à gagner si des restrictions générales radicales étaient imposées à la recherche universitaire d'une manière susceptible d'affaiblir ou de détruire le système américain de science ouverte.
Dans le même document, l'organisation parle de laboratoires ayant la cote secrète qui travaillent pour le département de la Défense et qui sont essentiellement fermés à tous les étrangers. On peut marcher et mâcher de la gomme en même temps. On peut mener des recherches essentielles, utiles et approfondies et collaborer avec la Chine dans les domaines de la santé et de l'environnement. On peut aussi essayer de garder la porte bien verrouillée sur les technologies sensibles.
Oui, Margaret McCuaig-Johnston a été agrégée supérieure de recherches au China Institute de l'Université de l'Alberta. Je la connais bien.
Je pense qu'il est clair qu'il devrait y avoir une première catégorie regroupant nos alliés de l'OTAN et les pays qui sont les plus près de nous, où il n'y a aucun risque. Il y a tout un groupe de pays démocratiques indépendants, principalement en Europe, mais aussi sur d'autres continents, qui présentent des risques modestes, puis il y a les pays qui, en raison de leur taille — comme c'est le cas de la Chine — et parce qu'ils ont des systèmes politiques radicalement différents, non démocratiques, avec des armées importantes, méritent que nous fassions preuve d'une plus grande prudence.
Voilà pour la perspective nationale, mais même au‑delà de cela, il faut établir des distinctions entre les divers types de recherche. Il est tout à fait possible qu'un chercheur canadien travaille avec un chercheur allemand qui, à l'insu du chercheur canadien, a un partenaire chinois. Il faut donc faire preuve de prudence. Si j'étais le chercheur canadien, je demanderais: « Qui sont vos partenaires? Avec qui d'autre travaillez-vous? » À partir du moment où il y a une fuite du laboratoire canadien ou de la propriété intellectuelle de la personne, il est plus difficile de contrôler où l'information se rendra. Cependant, il y a des enjeux liés à la santé, à la santé des enfants, au vieillissement, à la biodiversité, où il est clair qu'il est dans l'intérêt de la planète, de la Chine autant que du Canada, que nous collaborions à l'avancement de la science.
C'est là qu'il faut faire des distinctions, non seulement entre les pays, mais aussi entre les enjeux qui présentent des risques élevés, moyens ou nuls pour les gouvernements, les universités et les chercheurs, parce qu'il peut y avoir de grands avantages pour toutes les parties aux collaborations là où il n'y a pas de risque.
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Merci, monsieur Cannings. Je dois souligner que je parle en ce moment depuis votre circonscription de Penticton. Je suis un de vos électeurs.
Votre question est importante. ISDE participe à ce processus et a embauché quantité de nouveaux employés. J'en ai rencontré un grand nombre quand j'étais à Ottawa. Il injecte également des fonds dans les grandes universités de recherche pour créer des postes de sécurité de la recherche, lesquels sont financés à la fois par l'université et par Ottawa et sont souvent pourvus par des gens qui ont des antécédents dans le domaine de la sécurité, dont certains au SCRS. C'est un énorme pas en avant. Quelle différence par rapport à la situation antérieure.
Cependant, ce que j'attends toujours, c'est une liste d'institutions problématiques à l'étranger — certaines seront chinoises et d'autres, iraniennes ou russes — et une liste de domaines problématiques. Ce qui est difficile, c'est que ces domaines changent constamment. Ce qui est à la fine pointe et potentiellement à double usage aujourd'hui pourrait être courant et dans tout ce qu'on touche en l'espace de quelques jours, alors ce travail doit se faire à un rythme vif.
L'autre problème, que j'ai relevé dans ma recherche pour le gouvernement de l'Alberta, c'est que pendant que le gouvernement fédéral et ISDE... Le gouvernement du Canada contrôle le financement versé aux chercheurs, mais les provinces contrôlent les universités en tenant les cordons de la bourse. À mon avis, il doit y avoir une collaboration très étroite entre les gouvernements provinciaux et fédéral pour faciliter une approche commune, parce qu'autrement, une puissante université pourrait suivre ou non les conseils du gouvernement fédéral, et ce dernier a... Je crois que le financement fédéral de la recherche dans les universités — c'est une supposition de ma part — est d'environ 20 %. La majeure partie du financement provient de l'université elle-même.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais utiliser mon temps en... Pour mettre brièvement les choses en contexte, j'ai géré le portefeuille de recherche parrainé d'une grande université canadienne. Le bureau des services de recherche dont M. Fung parle relevait de moi.
J'aimerais essayer de résumer certaines des recommandations et des thèmes communs qui ont été abordés lors des témoignages, puis obtenir une certaine confirmation pour savoir si nous pensons ou non de la bonne façon. Je pense qu'il existe au Canada quelques cadres qui pourraient être appliqués aux principes dont vous parlez, des cadres qui ne sont pas nécessairement liés.
Tout d'abord, il y a le Régime d'intégrité de l'approvisionnement, ainsi que l'Entente sur les tiers pays sûrs. Ces deux éléments ont des points en commun, en ce sens qu'ils sont neutres concernant les pays et les entités. Le gouvernement a établi une liste de lignes directrices qui lui permettront de faire des affaires dans le domaine de l'approvisionnement et de déterminer s'il y a lieu d'accorder le statut de réfugié et comment cela se fera.
Recommanderiez-vous que toute approche adoptée par le gouvernement fédéral soit neutre au chapitre des pays et soit fondée sur des paramètres quantitatifs et objectifs en ce qui concerne la collaboration avec des pays et des entités, et que la liste soit évaluée, disons, de façon annuelle ou régulière?
Allez‑y, monsieur Fung.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leur présence.
Nous parlons de recherche, et évidemment, notre comité a été fondé en fonction du programme de science et de recherche parce que nous admettons l'importance de la recherche pour le Canada. Nous parlons aussi des universités. Avant de devenir parlementaire fédérale, j'étais députée provinciale dans ma province. Je reconnais l'importance des provinces et le rôle qu'elles jouent auprès des universités et des collèges dans chacune des provinces.
Monsieur Fung, vous travaillez à McGill. La province du Québec a évidemment beaucoup d'autonomie et d'indépendance dans la façon dont elle gère son propre système d'éducation. Pouvez-vous me dire comment le Québec, par l'entremise du gouvernement, par exemple, travaille avec les universités pour les informer et transmettre de l'information sur les risques à votre établissement ou à vos chercheurs? Selon vous, quel rôle les provinces devraient-elles jouer par rapport à celui au Canada, par exemple?
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Eh bien, je peux parler des provinces de façon plus générale, car j'ai réalisé un sondage lors de la préparation de l'étude que j'ai menée pour le gouvernement de l'Alberta cette année.
J'ai observé deux ou trois choses. Premièrement, comme je l'ai peut-être déjà indiqué, la majeure partie du financement de la recherche ne vient pas du gouvernement fédéral. Ce dernier aura beau imposer toute une série de critères et se montrer d'une rigidité implacable, le matériel pourrait quand même sortir. Ce qu'il faut... Les provinces, à l'exception des plus grandes, comme le Québec, l'Ontario, la Colombie-Britannique et peut-être l'Alberta, disposent peut-être des ressources nécessaires pour analyser les risques en matière de sécurité. Cependant, cela coûte des milliards de dollars. C'est de l'argent des contribuables que dépense le gouvernement fédéral et des organismes comme le SCRS, le CST et d'autres organismes gouvernementaux.
À mon avis, il n'est pas nécessaire que 13 organismes de sécurité effectuent des analyses. La réponse, c'est une collaboration étroite entre les provinces et le gouvernement fédéral afin d'échanger des informations et d'établir des approches communes. À mon avis, c'est ce qu'il y a de mieux. Autrement, si une province est rigide et une autre est clémente, par exemple, les gouvernements, les organismes ou les particuliers étrangers iront là où la résistance est moindre et profiteront de ce laxisme. Selon moi, c'est seulement si on adopte une vision nationale unifiée des universités avec le plein appui des provinces qu'il y a...
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Merci, monsieur le président.
Je vais continuer à poser mes questions au professeur Houlden.
Vous avez bien évoqué, tout à l'heure, l'inquiétude que nous devrions avoir concernant l'ingérence chinoise dans la recherche scientifique au Canada. Je vous ai demandé comment nous nous comparions aux autres pays. On sait que le Royaume‑Uni, les États‑Unis et les Pays‑Bas, notamment, ont déjà pris des mesures pour freiner l'ingérence de la Chine.
Selon vous, comment nous comparons-nous aux autres pays de l'OCDE et du G7?
Pourrions-nous adopter ici de bonnes pratiques qui se font ailleurs?
[Traduction]
Nous pouvons toujours apprendre de nos homologues. J'ai été agent canadien pendant de nombreuses années, mais je n'ai jamais pensé que les Canadiens agissaient nécessairement toujours pour le mieux. Je voulais trouver le meilleur ailleurs.
Certains des pays que vous avez évoqués, comme les Pays-Bas ou même la France ou le Royaume-Uni, sont d'une envergure comparable à la nôtre. Les États-Unis constituent un cas particulier à maints égards. L'Australie est un cas intéressant. Tous ces pays, à l'exception partielle des États-Unis, sont des néophytes en la matière. Il y a une décennie, la collaboration et la coopération avec la Chine soulevaient très peu de préoccupations. Si quelque chose figurait sur notre Liste des marchandises d'exportation contrôlée, c'était correct. S'il s'agissait d'armements, c'était correct, mais à part cela... À l'heure actuelle, toutefois, une grande partie des recherches est à double usage. Ce qui peut servir à des fins civiles peut avoir une application militaire dans le secteur des communications ou dans un éventail de domaines.
Je pense que nous devrions examiner attentivement ce que les Pays-Bas ont fait. L'Allemagne prend des mesures fort intéressantes, commençant en fait tout juste à renforcer les mesures de contrôle cet été. Je souligne que le durcissement observé dans chacun de ces pays et dans l'Union européenne ne signifie pas qu'il n'y a pas de collaboration avec la Chine. Ces pays gardent les yeux ouverts, collaborent avec circonspection et examinent où les chercheurs chinois travaillent, dans quel organisme et dans quel domaine. En cas de doute, ils opposent un refus et proposent peut-être d'aller ailleurs.
Une partie du problème exigerait une législation. Si on veut obliger les universitaires à ne pas collaborer avec certaines entités, on peut utiliser l'argent comme carotte, même dans le cadre d'initiatives fédérales-provinciales, mais c'est un tout autre degré d'intervention que d'interdire à un professeur de collaborer avec une entité étrangère, et nous ne disposons pas des outils pour le faire actuellement.
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Merci beaucoup, monsieur Cannings.
Ce serait en rupture avec l'ordre habituel des choses. Une des grandes forces du secteur de la science aux États‑Unis et au Canada, comme le démontre l'étude du MIT, c'est son caractère ouvert. Je pense qu'il faut procéder prudemment si l'on veut imposer un marteau législatif aux universités, qui ont beaucoup d'excellentes raisons de vouloir être indépendantes et autonomes.
Je dirais plutôt que le financement a une importance primordiale, selon l'objet de la recherche. Si les Chinois aident les chercheurs canadiens... Je connais deux ou trois chercheurs de l'Université de l'Alberta qui ont mis au point, parfois avec leurs collaborateurs chinois, un vaccin contre l'hépatite C qui sauvera, disons, des centaines de milliers, voire des millions de vies. Je dirais que je ne me soucie guère d'où vient cet argent.
C'est une autre affaire s'il s'agit de recherche de pointe à double usage. À mon avis, c'est là qu'une combinaison de lois fédérales et provinciales serait probablement utile. Je sais à quel point les provinces sont sensibles — à juste titre — au fait que l'éducation relève de leur compétence. Ce serait un cauchemar sur les plans diplomatique et législatif, mais ne laissons pas la perfection être l'ennemi du bien. Sensibiliser les universités, les chercheurs, les parlementaires et le public comporte des avantages et des risques, et c'est un mélange des deux, sans l'ombre d'un doute.
Une des grandes forces de l'étude du MIT, si vous choisissez de la lire, c'est qu'elle souligne le nombre peu élevé de scientifiques diplômés aux États‑Unis comparativement à la Chine, mais l'ingrédient secret, du côté des États‑Unis et du Canada, c'est la capacité de recruter de formidables talents à l'étranger. Des chercheurs étudiants chinois, indiens, iraniens et même russes viennent ici, avec leurs connaissances. C'est un des facteurs qui nous permet de pallier le manque de candidatures internes pour les postes de recherche de haut niveau.
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Très bien. Merci beaucoup.
La discussion de cet après-midi était fascinante. J'aimerais bien pouvoir continuer, mais le temps est écoulé.
Je remercie nos témoins, M. Benjamin Fung, Mme Cherie Wong et M. Gordon Houlden, directeur émérite du China Institute à l'Université de l'Alberta. Je constate que votre service est très précieux, non seulement pour l'université, mais aussi pour notre pays. Donc, je vous remercie de votre service là‑bas.
Si vous avez des renseignements supplémentaires à fournir dans la foulée de notre discussion d'aujourd'hui, veuillez les envoyer à notre greffière, qui les transmettra aux analystes. Les analystes m'assurent qu'ils peuvent trouver le rapport du MIT qui a été évoqué à quelques reprises ici, mais si vous avez d'autres renseignements, veuillez nous les faire parvenir.
Nous allons suspendre la séance brièvement afin de permettre à notre prochain groupe de témoins de prendre place. Des tests doivent être effectués pour les trois témoins qui comparaissent par vidéoconférence.
Je demanderais aux témoins de se déconnecter, mais avant, je vous remercie de votre présence. Merci d'avoir été des nôtres et d'avoir participé à cette précieuse discussion.
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Bienvenue encore une fois.
Conformément à l'article 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 5 décembre 2022, le Comité entreprend son étude sur les répercussions à long terme de l'écart salarial entre les sexes et des groupes en quête d'équité dans le corps professoral des universités canadiennes.
Il y a eu une petite difficulté technique. Je vois qu'une des témoins vient de se joindre à nous. J'espère que le redémarrage de son ordinateur a réglé le problème.
Deux personnes qui témoignent à titre personnel feront une présentation ensemble; il est convenu qu'elles se partageront les 10 premières minutes. Il s'agit de Mme Tracy Smith-Carrier, titulaire de la Chaire de recherche du Canada, niveau 2, sur la promotion des objectifs de développement durable des Nations unies, à l'Université Royal Roads, et de Mme Marcie Penner, professeure agrégée au Département de psychologie du King’s University College de l'Université Western. Elles témoignent toutes deux par vidéoconférence.
Également par vidéoconférence, nous accueillons Mme Dina Al‑khooly, directrice principale, Impact et apprentissage, de Visions of Science.
Vous aurez chacune cinq minutes. Comme je l'ai dit, les deux personnes qui témoignent à titre personnel se partageront 10 minutes.
Si vous êtes prêtes à commencer, je pourrais donner la parole à Mme Al‑khooly ou à Mme Smith-Carrier, à la personne qui commence.
Bonjour. Nous remercions le Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes de nous avoir invitées à témoigner aujourd'hui et d'avoir facilité cette importante discussion.
Je m'appelle Tracy Smith-Carrier. Je suis professeure agrégée à la School of Humanitarian Studies de l'Université Royal Roads, à Victoria, en Colombie-Britannique, et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la promotion des objectifs de développement durable des Nations unies. Je suis accompagnée de ma collègue Marcie Penner, professeure agrégée au Département de psychologie du King’s University College de l’Université Western.
Mme Penner et moi avons collaboré à des recherches sur l'équité salariale dans le milieu universitaire, notamment à la publication d'un article sur les répercussions à long terme de l'écart de rémunération et de pension entre les sexes au sein du corps professoral des universités canadiennes.
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Il y a un écart salarial important et persistant entre les hommes et les femmes au sein du corps professoral des universités canadiennes. En 2023, selon Statistique Canada, les professeures à temps plein gagnent en moyenne 7,4 % de moins que leurs homologues masculins pour le même travail. L'écart salarial entre les sexes varie d'un établissement à l'autre et se situe entre 150 $ par année et près de 25 000 $ par année, ce qui représente un écart salarial de 0 % à 15 %.
Mme Momani et ses collègues ont démontré que l'écart salarial varie également selon la discipline — l'écart entre les sexes étant plus important dans les domaines des STIM — et que l'écart salarial se creuse à mesure que les femmes progressent dans le milieu universitaire et double chez les femmes qui sont doyennes.
L'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, l'ACPPU, a quantifié l'écart salarial chez certains groupes du corps professoral issus de la diversité, notamment les Autochtones et les personnes racisées, en plus d'examiner le recoupement avec le sexe. À partir des données du Recensement de 2016, l'ACCPU a démontré que les professeurs universitaires autochtones — hommes et femmes — gagnent 26 % de moins que les professeurs non racisés masculins. L'ACPPU a également constaté que les personnes racisées gagnent en moyenne 12 % de moins que les membres du corps professoral en général. L'écart salarial pour l'ensemble des groupes racisés et issus de la diversité varie de 3 % à 28 %. En outre, dans le corps professoral universitaire canadien, l'écart de rémunération chez les femmes racisées est deux fois plus élevé que chez les femmes non racisées.
Beaucoup d'universités canadiennes ont utilisé les études sur les anomalies salariales pour examiner l'écart salarial au sein de leurs établissements et ont apporté des rajustements salariaux positifs, soit pour l'ensemble des femmes du corps professoral, soit individuellement. Ces rajustements salariaux n'ont été rétroactifs dans aucune université. Les études sur les anomalies salariales et les corrections salariales découlent de négociations collectives entre les associations de professeurs et les employeurs universitaires plutôt qu'en réponse à une loi. Cependant, même après plusieurs séries d'ajustements, des écarts salariaux subsistent dans les universités, car l'absence de mesures concrètes pour éliminer les préjugés systémiques menant aux écarts salariaux a pour effet de perpétuer ces écarts dans la structure salariale de départ et les décisions relatives aux promotions et au mérite.
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Évidemment, l'écart salarial entre les sexes a des répercussions financières à long terme pour les professeures tout au long de leur carrière et de leur retraite, mais l'effet cumulatif n'a pas encore été rapporté. Dans le cadre de notre recherche en collaboration avec M. Aaron Cecala — qui est maintenant au Collège universitaire Brescia — et Mme Carol Agocs, de l'Université Western, nous avons estimé les effets combinés de l'écart salarial entre les sexes sur les salaires et les gains au titre du régime de retraite de l'employeur sur toute la durée de la carrière et de la retraite d'une professeure. Un établissement canadien a servi d'exemple pour cette étude de cas. Partant de l'écart salarial entre les sexes relevé par Statistique Canada pour cet établissement — environ 9 000 $ en 2020 — pour ce qui est du salaire de départ, nous avons effectué une simulation du parcours de carrière de deux membres du corps professoral, une femme et un homme, qui entament leur carrière au sein de l'établissement. Nous avons calculé l'écart cumulatif à l'aide des formules de calcul de la rémunération et de la pension de l'établissement. Nos calculs sont basés sur des hypothèses fondées sur des données pour ce qui est de la durée prévue de la carrière, l'âge de la retraite et l'espérance de vie. Nous avons également fait une estimation conservatrice des augmentations salariales, à savoir 1 % par année, conformément au projet de loi 124 de l'Ontario.
Nous avons constaté que la seule différence du salaire de départ, pour deux professeurs — une femme et un homme — promus au rang de professeur agrégé au même moment, entraînait un écart cumulatif de 454 000 $ en salaire et pension au cours de leur carrière et de leur retraite, et de 468 000 $ si les deux professeurs étaient promus au rang de professeur titulaire. Cependant, les hommes sont plus susceptibles d'être promus professeurs titulaires que les femmes. En effet, seulement trois professeurs titulaires sur dix au Canada sont des femmes. En fonction de la même différence du salaire de départ, si la femme n'était pas promue professeure titulaire, mais que son collègue masculin l'était, l'écart en salaire et pension pour la carrière et la retraite passait à 660 000 $. Nos recherches démontrent que le fait de tenir uniquement compte du salaire nous amène à sous-estimer considérablement les effets à long terme de l'écart salarial. À la retraite, l'écart entre les sexes pour ce qui est du régime de retraite de l'employeur était de l'ordre de 7 000 $ à 12 250 $ par année, ou de 580 $ à 1 020 $ par mois.
Nos calculs sont une estimation conservatrice de l'incidence de l'écart salarial entre les sexes dans les universités canadiennes. Il importe de souligner que contrairement à beaucoup d'universités, l'établissement utilisé pour cette étude de cas n'offre pas de rémunération au rendement ou au mérite ni d'ajustement selon le marché, ce qui élimine plusieurs points de décision potentiellement empreints de préjugés.
Nos travaux portaient uniquement sur le genre, car la race n'était pas l'une des variables des données de Statistique Canada que nous avons utilisées. Nos valeurs étaient fondées sur l'ensemble des femmes du corps professoral. Nous savons, d'après les travaux d'autres personnes, que l'écart salarial chez les professeures racisées au Canada est deux fois plus élevé que chez les femmes non racisées, ce qui signifie que l'incidence financière à long terme de l'écart salarial entre les sexes et de l'écart salarial pour les professeures racisées sera plus importante que ce que nous avons calculé pour les professeures en général.
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Nous aimerions vous soumettre les recommandations suivantes.
Premièrement, des études sur l'équité salariale entre les sexes demeureront nécessaires afin de corriger les disparités salariales qui perdurent. Ces études devraient porter non seulement sur les écarts salariaux, mais aussi sur les répercussions à long terme de cet écart, y compris l'incidence sur les revenus ouvrant droit à pension, tant sur le plan professionnel que sur le plan des politiques. À titre d'exemple, il y a le RPC ou le RRQ.
Deuxièmement, intensifier la recherche sur les façons de remédier aux préjugés systémiques contre les groupes privés d'équité dans les universités et la société en général contribuera considérablement à réduire l'écart de façon significative et permanente.
Troisièmement, comme cela a été reconnu et introduit dans diverses mesures législatives en matière de transparence des salaires partout au Canada — y compris dans le projet de loi 13, en Colombie-Britannique —, il est essentiel de promouvoir la transparence dans les négociations salariales et les structures de rémunération afin de réduire le risque que des préjugés influencent indûment les décisions relatives aux salaires, à l'évaluation du rendement et aux promotions.
Quatrièmement, il est impératif de viser à étendre aux groupes privés d'équité les dispositions relatives à l'équité des salaires et des régimes de retraite. Pour ce faire, il faut accroître la collecte de données, la recherche et le nombre d'études sur l'équité salariale axées sur les conséquences à court et à long terme non seulement des écarts de salaire et de pension, mais aussi des caractéristiques de l'emploi — la syndicalisation ou la capacité d'obtenir la permanence, par exemple — et sur le fait que le travail informel, comme les responsabilités parentales et de soignant, entraîne des désavantages plus importants sur la carrière de certains membres du corps professoral comparativement à d'autres.
Cinquièmement, des recherches indépendantes sont nécessaires pour déterminer si les études des établissements sur l'équité salariale et les interventions en la matière qui y sont énoncées permettent réellement de corriger les inégalités salariales. Nous recommandons que Statistique Canada publie et rende accessible au public les données adéquatement ventilées sur l'écart salarial entre les sexes et dans certains groupes issus de la diversité.
Enfin, nous recommandons que les établissements soient tenus de fournir des renseignements sur l'écart salarial entre les sexes et les groupes issus de la diversité lors de la présentation d'une demande de financement fédéral.
Pour terminer, nous félicitons le Comité permanent de la science et de la recherche d'avoir appuyé l'article 108(3)i) du Règlement, qui, à notre avis, est essentiel pour assurer un salaire plus équitable aux professeures d’université et universitaires issues de groupes privés d'équité. Nos recherches montrent que tenir uniquement compte des salaires mène à une sous-estimation considérable de l'incidence à long terme de l'écart salarial. Nous estimons que l'écart de rémunération et de pension entre les sexes représente de 454 000 $ à 660 000 $ sur la carrière universitaire et la retraite d'une personne.
Merci.
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Merci beaucoup de me recevoir aujourd'hui.
Bonjour à tous. Je suis Dina Al-khooly. Je représente aujourd'hui Visions of Science, où je suis la directrice principale de l'apprentissage. Je vais vous faire part du point de vue d'un organisme qui travaille avec des jeunes issus de communautés à faible revenu et racisées, et qui met l'accent sur les jeunes Noirs. Nous nous efforçons d'encourager la participation des jeunes et la poursuite d'une carrière dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques.
Tandis que de solides preuves illustrent et quantifient l'inégalité salariale entre les hommes et les femmes, nous disposons de peu de données sur d'autres dimensions de la marginalisation, comme les autres témoins l'ont mentionné. Une étude réalisée par l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université a révélé que les professeurs d'université racisés sont payés près de 15 % de moins que leurs homologues blancs. Une autre étude évaluée par des pairs a également révélé que les professeurs racisés et autochtones touchent des salaires inférieurs, même après avoir évalué des variables telles que le nombre d'années de service et le niveau académique. La Revue canadienne d'enseignement supérieur a publié une étude qui examine les différences dans la titularisation et la promotion parmi les membres du corps professoral de huit universités canadiennes. Cette étude a permis de découvrir que les professeurs racisés avaient 54 % moins de chances d'être titularisés et 50 % moins de chances d'être promus professeurs agrégés que leurs homologues non racisés.
Cela a également une incidence sur la prochaine génération de scientifiques qui commenceront dans le domaine. Il y a notamment un manque de représentation. Puisque les professeurs sont rémunérés de manière inéquitable et sont poussés vers la sortie de diverses façons, il ne reste que peu de personnes qui peuvent être des sources d'inspiration, d'appartenance et de soutien pour les futurs professeurs de leurs communautés. Il y a aussi l'accès à des salaires élevés. Les jeunes de nos communautés sont motivés par le revenu qu'ils pourraient gagner pour sortir leur famille et eux-mêmes de la pauvreté. Un salaire inadéquat a un effet dissuasif important sur nos jeunes qui veulent poursuivre une carrière.
Ce n'est pas seulement une question d'équité. L'expérience vécue est à la fois pertinente et essentielle pour faire prendre de l'expansion à notre économie du savoir. Des études ont révélé que des groupes sous-représentés produisent des taux plus élevés de nouveautés scientifiques, et pourtant, leurs contributions novatrices sont reprises par d'autres chercheurs à des taux inférieurs à ceux de leurs pairs. Les contributions tout aussi importantes des minorités raciales et de genre sont moins susceptibles de mener à des carrières scientifiques réussies. Le Canada en paie le prix au final en ayant des recherches plus restreintes et une expertise sous-utilisée, ainsi qu'en étouffant des façons de penser qui sont essentielles à l'innovation.
Ces écarts sont causés par des obstacles à l'éducation et à l'emploi. Les obstacles à l'éducation poussent les étudiants, surtout les étudiants noirs et autochtones, à quitter l'école à tous les niveaux et les empêchent d'avoir les conditions préalables requises pour faire des études universitaires en STIM. Les obstacles dans le milieu de travail sont dus à une discrimination ouverte et inconsciente, au népotisme, à une culture du travail qui aliène les professeurs marginalisés et à des obstacles structurels qui punissent le travail essentiel de l'enseignement, du mentorat, de la sensibilisation et du service qui est assumé de manière disproportionnée par les professeurs marginalisés.
Sur le lieu de travail, il y a de nombreuses mesures que les universités peuvent prendre. Elles peuvent désigner des postes de professeurs pour les personnes issues de communautés marginalisées. Elles peuvent s'efforcer de valoriser leur travail et de leur offrir des possibilités de promotion et d'adoption. Ils peuvent refléter l'expérience vécue et les responsabilités, telles que l'enseignement, la sensibilisation, le mentorat, les comités et le travail en matière d'équité — qui bénéficient en fait à l'université et à l'ensemble du pays en fin de compte — dans leur structure salariale, leur charge de travail et leurs attentes relatives au rôle. Elles peuvent accroître la transparence entourant la rémunération, les promotions et les décisions en matière de titularisation. Elles peuvent investir dans le perfectionnement professionnel des professeurs sous-représentés afin de diversifier leur leadership.
Les données dont nous disposons sont si limitées que cela fait en sorte que les gens continuent à nier l'existence de ces problèmes et que les recherches sur ces enjeux sont insuffisantes. Les universités devraient être tenues de publier des données sur leur population étudiante et leur corps professoral par genre, race, identité autochtone, handicap, orientation sexuelle et identité sexuelle.
Pour terminer, nous ne pouvons pas nous limiter à la partie visible de l'iceberg. Des investissements précoces et continus sont essentiels. Cela signifie d'investir dans l'éducation par l'entremise de soutien financier pour l'apprentissage postsecondaire et à l'extérieur de l'école qui s'adresse précisement aux personnes issues de communautés marginalisées. Nous avons constaté que c'est absolument essentiel pour renforcer leurs capacités et leur appartenance aux STIM en dehors du contexte souvent aliénant de la salle de classe.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins de leur présence aujourd'hui.
Je vais adresser ma première question à Mme Penner et à Mme Smith‑Carrier.
Il y a de nombreuses statistiques, et parfois... Je déteste utiliser le terme « manipuler », mais j'ai vérifié sur Internet et il y a peu d'universités qui disent, « Quand vous commencez à comparer des pommes avec des pommes, notre équité salariale est très proche, alors cela ne change pas trop. » Mais à la lumière des renseignements que vous avez fournis, je pense que vous avez beaucoup mieux approfondi le sujet. Il y a beaucoup plus de renseignements et ils sont beaucoup plus précis.
Avez-vous constaté des différences entre les provinces? Certaines provinces étaient-elles plus équitablement représentatives, c'est‑à‑dire qu'elles paient de manière équitable, ou étaient-elles toutes à peu près identiques?
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Je vous remercie de la question.
Comme d'autres témoins l'ont mentionné, il y a des façons extérieures de discriminer les gens et des façons implicites qui font partie de notre vie quotidienne, et nous ne nous rendons même pas compte de la façon dont nous marginalisons les gens. Par exemple, si dans le cadre de conversations que nous avons avec un pair, nous apprenons qu'il a vécu des expériences semblables aux nôtres, nous aurons peut-être plus d'affinités avec cette personne. Nous sommes plus cordiaux avec cette personne. Lorsqu'une possibilité de promotion se présente, nous sommes plus susceptibles de penser à cette personne parce que nous avons cette relation avec elle.
Tout revient à la discrimination, qu'elle provienne de mauvaises intentions ou qu'elle soit attribuable à la façon naturelle où nous évoluons dans le monde. Il y a des exemples dans les deux cas, bien entendu. Ce n'est pas en partie dû au fait que les gens se disent, « Eh bien, je veux m'assurer que les femmes professeures et les professeurs racisés ne progressent pas », mais si je suis plus à l'aise auprès de certaines personnes et que c'est le type de personnes que j'ai côtoyées toute ma vie, je vais, en raison de la façon dont j'évolue dans le monde, m'aliéner des personnes qui sont différentes de moi.
Cela dépend beaucoup du leadership de l'organisation et de la fréquence à laquelle ces voix marginalisées se voient accorder le pouvoir de prendre ces décisions. Si ce n'est pas le cas, les personnes qui détiennent le pouvoir continueront à reproduire ces inégalités, simplement en raison de la façon dont ils évoluent dans le monde.
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Je vous remercie de ces précisions.
Tout à l'heure, vous avez évoqué une piste de solution, qui consisterait à élargir la portée de la Loi sur l'équité salariale, qui ne s'applique présentement qu'aux fonctionnaires, donc aux employés du gouvernement fédéral.
Je veux bien comprendre votre point de vue. Personnellement, c'est la première fois que j'entends parler d'une telle solution. Je sais que différentes politiques d'équité salariale existent déjà, notamment au Québec et dans différentes provinces.
Y a-t-il un mouvement ou une mobilisation? Cette recommandation a-t-elle été appuyée par différents représentants des gouvernements provinciaux, notamment?
Je vous remercie de ces précisions.
Je veux comprendre l'autre angle d'intervention qu'on peut également présenter à cet égard. Comme je l'ai mentionné, il existe déjà des politiques d'équité salariale, notamment dans des universités ou dans des institutions gouvernementales. De votre point de vue, ces politiques ne sont pas parfaites, présentement, et c'est ce qui amène ces iniquités, ces écarts de salaires entre les genres.
J'essaie de voir ce qu'un gouvernement provincial ou le gouvernement du Québec ne pourrait pas faire et que le gouvernement fédéral, lui, serait en mesure de faire.
Je remercie tous les témoins d'être parmi nous.
Je vais commencer par Mme Al-khooly. Je vous remercie tout particulièrement d'être ici. Je sais que j'ai discuté avec votre groupe, Visions of Science, auparavant. Il s'agit d'un groupe ou d'une organisation qui cherche à encourager les personnes de couleur — surtout les femmes de couleur — à occuper des postes de recherche et d'enseignement en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques, ou STIM.
J'aimerais laisser de côté les écarts salariaux pour discuter du manque de femmes racisées dans ce domaine. Dans le cadre d'une de nos dernières études, Mme Andrade, de l'Université de Toronto, nous a affirmé:
Notre système actuel est un énorme filtre qui écarte les gens en fonction de leurs finances, et non pas en fonction de leur excellence ou de la probabilité qu'ils soient le prochain lauréat [...] du prix Nobel. On écarte ceux qui n'arrivent pas à vivre avec la charge mentale de la pauvreté...
Elle a ensuite décrit avec éloquence les difficultés auxquelles les gens sont confrontés.
Je me demande si vous pourriez nous expliquer en quelques minutes ce que Visions of Science fait pour inciter les gens aux prises avec ces défis à travailler en recherche.
Dès l'école secondaire — parce que, quand ils atteignent l'âge de travailler, les jeunes risquent de s'écarter des STIM —, nous essayons notamment de créer des stages avec nos partenaires à partir de la 10e année afin que les jeunes puissent participer à notre programme estival de STIM plutôt que de travailler à l'épicerie, par exemple.
Je crois que l'apprentissage en milieu de travail est crucial parce que ces jeunes doivent se faire rémunérer pour poursuivre dans la voie des STIM. Dès qu'ils sont en âge de travailler, nous devons trouver des moyens pour qu'ils apprennent les STIM tout en étant payés. Sinon, ils se tourneront vers des postes de débutants et, même s'ils s'intéressent aux STIM, d'autres influences les auront écartés de cette trajectoire lorsqu'ils commenceront leurs études postsecondaires.
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Merci. La vérité fait parfois mal, mais je remercie Mme Penner, Mme Smith‑Carrier et Dina Al-khooly de leur présence parmi nous et de leurs excellents témoignages.
Merci aux membres du Comité pour leurs questions. C'est une excellente étude pour nous retrousser les manches.
Nous devons régler certaines questions de régie interne avant de nous quitter. Si le Comité souhaite voyager à l'hiver 2024, la date limite est le 10 novembre. Si tel est votre souhait, réfléchissez‑y, et nous pourrons en discuter davantage pour rédiger un budget de voyage détaillé. Nous pourrions en reparler la semaine prochaine.
Par ailleurs, la greffière va fixer une date butoir dans les prochaines semaines pour la liste de témoins pour l'étude sur le savoir autochtone. Ces travaux vont débuter. Réfléchissez aux témoins que vous pouvez convoquer à ce sujet.
Le lundi 25 septembre 2023, nous allons reprendre les études sur les deux sujets abordés aujourd'hui. Toujours ce même lundi, un événement de Soutenez notre science aura lieu à la salle 306 de l'édifice de la Bravoure de 17 h 30 à 19 heures. L'activité commence à 17 heures, mais notre réunion de comité se terminera à 17 h 30, alors tenez‑en compte dans votre horaire.
Je remercie encore une fois tous les participants pour la réunion d'aujourd'hui.
Plaît‑il au Comité de lever la séance? D'accord. Merci.
Soyez prudents, et nous nous reverrons la semaine prochaine.