:
Bonjour à toutes et à tous. La séance est ouverte.
[Français]
Je vous souhaite la bienvenue à la 15e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche.
[Traduction]
Le Bureau de régie interne demande que les comités se plient aux protocoles sanitaires suivants qui sont en vigueur jusqu'au 23 juin 2022.
Toutes les personnes qui souhaitent entrer dans le périmètre de la Cité parlementaire doivent être entièrement vaccinées contre la COVID-19. Tous ceux et celles qui assistent à la réunion en personne doivent porter un masque, sauf les membres assis à leur place pendant les délibérations. Veuillez communiquer avec le greffier du comité pour plus de précisions sur les mesures préventives en matière de santé et de sécurité.
En tant que présidente, je veillerai à l'application de ces mesures et, comme toujours, chers collègues, je vous remercie de votre coopération.
Je souhaite la bienvenue à tous nos témoins. Nous vous remercions de votre présence, de votre temps et de vos compétences.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021.
[Traduction]
Je vais rappeler quelques règles à suivre.
Des services d'interprétation sont offerts pour cette réunion. Vous pouvez parler dans la langue officielle de votre choix. En bas de l'écran, pour les personnes en ligne, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais et le français. La fonction « lever la main » se trouve sur la barre d'outils principale, si vous souhaitez parler.
[Français]
Je vous rappelle que vous devez adresser toutes vos interventions à la présidence.
[Traduction]
Quand vous ne parlez pas, votre microphone doit être éteint.
Le greffier du comité et moi-même maintiendrons l'ordre de parole de tous les membres.
Mesdames et messieurs les membres du comité, sachez que M. Ken Hartwick, de l'Ontario Power Generation, l'OPG, a été réinvité et comparaîtra à la prochaine réunion.
Nous tenons ce soir notre troisième réunion sur les petits réacteurs nucléaires.
Nous avons le plaisir d'accueillir le Dr Christopher Keefer, président de Canadians for Nuclear Energy. Nous accueillons également M Joseph McBrearty, président-directeur général des Laboratoires Nucléaires Canadiens, ainsi que M. Louis Riccoboni, vice-président, Affaires générales. Bienvenue à tous les deux. De la Coalition for Responsible Energy Development in New-Brunswick, nous avons Mme Susan O'Donnell, professeure adjointe de recherche. Soyez la bienvenue.
Chaque groupe disposera de cinq minutes pour s'exprimer. À quatre minutes et demie, je montrerai ce carton jaune pour que vous sachiez qu'il vous reste 30 secondes.
Cela étant dit, nous cédons à parole au Dr Keefer.
Vous avez la parole.
:
Je vous remercie de m'avoir invité. C'est un plaisir d'être ici.
Je m'appelle Chris Keefer. Je suis médecin urgentiste à Toronto et président de Canadians for Nuclear Energy. Je mentionnerai trois points principaux dans mes observations aujourd'hui. Premièrement, l'énergie nucléaire est la technologie fondamentale de notre transition vers l'énergie propre. Deuxièmement, l'option des petits réacteurs modulaires vaut la peine d'être étudiée de près, mais la technologie du réacteur CANDU demeure centrale dans nos efforts de décarbonisation. Troisièmement, le Canada possède les conditions préalables essentielles pour déployer rapidement et avec succès l'énergie nucléaire grâce au programme de réfection des réacteurs CANDU.
Pourquoi l'énergie nucléaire est-elle fondamentale pour réussir notre transition énergétique? Les possibilités hydroélectriques et géothermiques qui nous restent sont limitées, et il est maintenant démontré que l'énergie éolienne et solaire ne permet pas une décarbonisation profonde et ne garantit pas une sécurité énergétique.
L'exemple allemand incite à la prudence. Parce que, souvent, le soleil ne brille pas et le vent ne souffle pas, l'Allemagne, malgré 550 milliards d'euros investis dans une transition énergétique verte, comptait sur ses centrales au charbon comme première source d'électricité en 2021. En plus du charbon, le pays reste très dépendant du gaz naturel russe, dont la vente finance la guerre d'agression menée par Poutine en Ukraine.
L'énergie nucléaire, en revanche, a fait ses preuves. L'Ontario, contrairement à l'Allemagne, a réussi à éliminer le charbon totalement grâce à l'énergie nucléaire. Il en résulte ce qui reste aujourd'hui la plus forte réduction de gaz à effet de serre en Amérique du Nord et nous devons à ce choix la majeure partie de nos progrès nationaux en ce qui concerne les émissions depuis 2005.
La nécessité d'augmenter rapidement notre parc nucléaire ne devrait pas être controversée. Les quatre mécanismes de décarbonisation du GIEC qui limitent le réchauffement planétaire à 1,5 degré supposaient que la production nucléaire augmente de 100 à 500 % d'ici à 2050. Pouvons-nous y parvenir? Dans l'affirmative, quelle est la solution la plus rapide pour atteindre les objectifs que nous a fixés le GIEC?
Les petits réacteurs modulaires représentent un ensemble de technologies prometteuses. De plus petits réacteurs, comme le BWRX-300, notamment, sont certainement nécessaires pour les réseaux électriques de nos provinces moins peuplées et pour décarboner les sites miniers et industriels des collectivités nordiques éloignées.
Nos partenaires de l'OTAN en Europe s'intéressent aussi beaucoup aux petits réacteurs modulaires. Le Canada, précurseur en Occident, a la possibilité de domestiquer une grande partie de cette future chaîne d'approvisionnement des petits réacteurs modulaires et de soutenir ses alliés européens dans leur sevrage des combustibles fossiles russes. Cependant, il faudrait considérer les petits réacteurs modulaires comme un complément et pas comme un remplacement du CANDU dans la poursuite de la carboneutralité et de la sécurité énergétique.
Pourquoi est-ce que le CANDU offre au Canada une possibilité aussi importante? Au Canada, nous avons mis en service 23 grands réacteurs CANDU en tout juste 22 ans. À l'échelle nationale, c'est notre source d'électricité la plus importante et la moins coûteuse après l'hydroélectricité. Nous savons que c'est faisable. Des pays comme la Corée du Sud et la Chine continuent de construire efficacement de nouvelles centrales nucléaires. Cependant, les récentes constructions en Occident n'inspirent pas confiance, car les centrales nucléaires en chantier aux États-Unis et en Europe accumulent des retards importants et dépassent largement leurs budgets.
Qu'est-ce qui est allé de travers? En bref, les problèmes se sont enchaînés. Ces pays, après des décennies sans construire de nouvelle centrale nucléaire, ont opté pour des conceptions toutes nouvelles avec des chaînes d'approvisionnement nucléaire et des effectifs atrophiés. En outre, en raison d'un manque d'engagement de leurs gouvernements et de leurs services publics respectifs, ils ont souvent financé ces travaux en recourant à des capitaux privés coûteux.
Qu'est-ce qui est différent au Canada? Nous avons avec le CANDU une conception de réacteur normalisée dont la performance opérationnelle est excellente, et nous exploitons mieux que jamais notre parc de CANDU. Pour citer l'ancien ministre des Ressources naturelles , le CANDU est un réacteur « de référence ». Beaucoup pensent que s'il était à l'étude aujourd'hui, le CANDU serait considéré comme une conception nucléaire avancée.
Le programme de réfection des réacteurs CANDU est exécuté dans les temps et en respectant le budget, et il permet de renouveler la majeure partie de notre parc nucléaire pour 40 années d'exploitation de plus. Non seulement nous fabriquons la plupart des composantes du réacteur, comme les générateurs de vapeur et les tubes de force, mais nous acquérons aussi une expérience essentielle en gestion de projet, en fabrication et en installation dont nous avons besoin pour construire le nouveau parc de réacteurs CANDU qui décarbonisera le Canada.
Enfin, le Canada peut faciliter l'accès à des capitaux abordables, par exemple, en incluant le nucléaire dans le cadre de référence pour les obligations vertes. Le secteur privé est prêt à investir dans le nucléaire. Le nucléaire représente la mesure de relance économique par excellence, avec un rendement de 1,40 $ pour l'économie canadienne par dollar investi, parce que notre chaîne d'approvisionnement est canadienne à 96 %.
J'ai quelques recommandations finales à formuler. Nous devons élargir le programme de réfection à l'ensemble du parc CANDU canadien, y compris à la centrale de Pickering. Nous devons construire de nouveaux réacteurs CANDU aussi rapidement que possible, en commençant par les sites autorisés restants à Darlington et par de nouveaux sites dans nos plus grandes provinces. Nous devrions continuer de soutenir la construction des premiers nouveaux petits réacteurs nucléaires à Darlington et à Chalk River. Enfin, le nucléaire doit être inclus dans des mécanismes financiers fédéraux comme le cadre de référence pour les obligations vertes.
Je vous remercie.
:
Bonsoir, madame la présidente, membres du comité.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant le Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes afin de parler des réacteurs modulaires.
Je m'appelle Joe McBrearty et je suis président-directeur général des Laboratoires Nucléaires Canadiens. M. Lou Riccobini, notre vice-président, Affaires générales et Développement des affaires, m'accompagne aujourd'hui.
Je souhaite tout d'abord souligner que les activités des LNC dans tout le Canada ont lieu sur les territoires ancestraux non cédés de nombreuses Premières Nations. Aux LNC, nous sommes conscients de l'histoire particulière, des croyances spirituelles, des pratiques culturelles et des langues des peuples autochtones du Canada, et nous sommes également conscients de la responsabilité qu'ils ont en tant que protecteurs de l'environnement. Je tiens aussi à réaffirmer la volonté des LNC d'être un participant actif dans le cheminement du Canada vers la guérison et la réconciliation.
Mes observations aujourd'hui visent à éclairer le comité dans son étude sur les petits réacteurs modulaires, ou PRM, notamment en ce qui concerne le rôle des LNC dans leur déploiement.
Les LNC sont le laboratoire nucléaire national. Dans le cadre de notre programme pour l'énergie propre, nous nous efforçons d'aider à faire progresser ces technologies afin d'accélérer le déploiement des PRM au Canada. Nous sommes agnostiques en matière de technologie. Notre rôle est d'utiliser nos capacités scientifiques pour prouver ou réfuter des théories et pour éclairer le processus réglementaire. En bref, nous sommes un incubateur de mise au point de solutions énergétiques propres novatrices.
C'est sur notre campus de Chalk River qu'est née la technologie du réacteur CANDU, et nous avons une longue expérience de la conception et du développement de réacteurs que nous appliquons maintenant à la prochaine génération de réacteurs, qui comprend les PRM, les réacteurs avancés et même l'énergie de fusion.
Ces progrès technologiques commencent dans le laboratoire, où ces concepts prennent vie, où l'on analyse leur viabilité et où l'on s'assure que les dossiers de sûreté sont minutieusement étudiés et parfaitement compris. Tels sont les principes de notre programme de choix d'emplacement pour des PRM lancé en 2018. Nous avons des experts canadiens en systèmes thermohydrauliques, en développement de combustibles, en physique des réacteurs, en cybersécurité et en gestion des déchets.
Quatre entreprises participent maintenant au choix d'emplacements et, pas plus tard que l'an dernier, la Commission canadienne de sûreté nucléaire a annoncé que la demande d'autorisation présentée par Global First Power pour construire un PRM à Chalk River passait à l'étape d'un examen officiel.
De plus, nous avons lancé ce que nous appelons l'« Initiative canadienne de recherche nucléaire », qui est un programme de partage des coûts qui vise à rendre nos vastes ressources plus accessibles pour les fournisseurs de PRM, y compris Terrestrial Energy, Kairos Power, Moltex et même General Fusion pour la recherche sur l'énergie de fusion.
Le potentiel est immense pour les PRM au Canada. Ils sont plus petits que des réacteurs classiques, il est possible de les construire rapidement de manière modulaire, ils produisent moins de déchets et ils devraient être bien plus sûrs, plus efficaces et plus rentables que les conceptions actuelles. Il est possible de les déployer sur réseau et hors réseau dans des endroits éloignés, mais les avantages dépassent la production d'électricité. Les PRM produisent aussi de la chaleur qui pourrait être utilisée pour soutenir l'agriculture — penser aux serres ou à la production d'ammoniac —, chauffer des bâtiments, produire de l'hydrogène pour alimenter des véhicules ou stocker l'énergie excédentaire. Le système pourrait même être utilisé pour le dessalement, pour transformer l'eau salée sur des rives éloignées en eau douce potable.
Le Canada est bien placé pour devenir un chef de file international dans cette technologie. Il fait partie des principales puissances nucléaires, il est doté d'un organisme de réglementation solide et indépendant, d'une chaîne d'approvisionnement arrivée à maturité et d'une main-d'oeuvre établie. Surtout, le Canada en a besoin. Ici, au Canada, avec de vastes régions peu peuplées et aux infrastructures limitées, ces réacteurs sont vraiment logiques, et le moment est venu d'agir.
C'est particulièrement vrai dans l'Arctique où la nécessité d'exercer la souveraineté canadienne devient une préoccupation croissante. D'autres pays ont les yeux rivés sur l'Arctique en raison de ses immenses ressources naturelles et des voies commerciales plus courtes qu'il offre. Il sera essentiel à l'avenir de faire en sorte que le Canada y maintienne une présence effective afin de protéger notre magnifique pays. Pour soutenir cette présence, nous devons être en mesure de fournir une énergie durable, autonome, propre, indépendante et fiable, et les PRM offrent vraiment la seule technologie qui coche toutes ces cases.
Les LNC viennent de terminer une étude de faisabilité qui montre qu'un PRM pourrait fournir une énergie fiable, économique et propre à son voisin d'à côté, la garnison de Petawawa, ce qui aidera la base à moins dépendre de combustibles fossiles et à assurer sa propre sécurité énergétique.
J'espère que votre étude arrivera aux mêmes conclusions que d'autres pays déjà, c'est-à-dire que les centrales nucléaires de nouvelle génération ont beaucoup à offrir sur le plan environnemental, économique et social, et du point de vue de la sécurité nationale.
Je vous remercie de nouveau de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant le comité.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je vous parle depuis le territoire des Wolastoqiyik, le peuple de la belle et généreuse rivière.
Je vous remercie de m'avoir invitée.
Je représente la Coalition for Responsible Energy Development in New Brunswick. Je fais partie de la Coalition pour le projet RAVEN à l'Université du Nouveau-Brunswick, où je suis professeure adjointe et chercheuse en sciences sociales spécialisée dans l'adoption des technologies. Puisque je parle de science et de recherche, je mentionnerai que je suis une agente principale de recherche à la retraite du Conseil national de recherches du Canada, où j'étais vice-présidente du Comité d'éthique de la recherche du CNRC.
Face à la crise climatique, il nous faut des technologies pour réduire considérablement les émissions d'ici 2030. Les PRM sont en phase de conception et ne peuvent pas faire cela.
Étant donné que vous êtes le comité de la science et de la recherche, j'espère que votre rapport sur la façon dont les PRM peuvent aider à l'avenir reposera sur des données scientifiques et sur des recherches et des rapports évalués par des pairs et rédigés par des experts, sans conflit d'intérêts ni recherche de profit.
Vous avez entendu la semaine dernière que les promoteurs du nucléaire veulent construire des micro-unités PRM en modules, dans une usine, et les déployer dans des collectivités éloignées qui utilisent actuellement le diesel pour produire de l'électricité. Cependant, les recherches évaluées par les pairs montrent que la construction d'une usine pour fabriquer des micro PRM ne se justifie pas. Pourquoi? Parce que l'énergie totale nécessaire pour remplacer le diesel dans toutes les collectivités canadiennes éloignées est si faible que l'usine ne serait jamais rentabilisée.
Des recherches évaluées par des pairs montrent que les types de réacteurs nucléaires prévus pour le Nouveau-Brunswick n'ont jamais été commercialisés avec succès. Pourquoi? À cause de problèmes techniques non résolus après des décennies d'essais. Si les PRM ne sont pas commercialisés, il n'y aura pas de développement économique. Au cours des deux dernières années, le gouvernement a donné près de 100 millions de dollars à trois entreprises nucléaires privées pour des travaux de recherche visant à développer leurs conceptions de PRM.
Des experts non financés par l'industrie nucléaire ont repéré de nombreux problèmes potentiels avec les PRM. La Commission canadienne de sûreté nucléaire a un examen de la conception du fournisseur — un ECF — préalable à l'autorisation des PRM, mais il est facultatif, et non obligatoire. La CCSN indique clairement qu'un ECF n'est pas un examen technique.
Quel est le processus d'examen scientifique du gouvernement pour le financement des PRM? Est-il équitable, transparent et fondé sur un examen scientifique indépendant?
En 2021, le gouvernement a donné plus de 50 millions de dollars à la société Moltex pour la recherche sur les PRM afin de développer une technologie permettant d'extraire le plutonium du combustible usé des réacteurs CANDU stocké dans la baie de Fundy. Le Conseil national de recherches du Canada a procédé à l'examen technique du projet de Moltex. Malgré l'examen du CNRC et les graves préoccupations soulevées par la recherche effectuée par Moltex, le gouvernement a approuvé le projet.
Il est nécessaire de se demander si le gouvernement a suivi les recommandations de l'examen scientifique du CNRC. Votre comité doit insister pour obtenir le rapport du CNRC pour ses délibérations. Lisez le rapport du CNRC et demandez-vous pourquoi le projet de Moltex a été approuvé.
J'ai travaillé au Conseil national de recherches pendant la guerre contre la science, lorsque le gouvernement ignorait ou contredisait les avis d'expert des scientifiques du gouvernement pour des raisons politiques. Je dois demander si une autre guerre se livre contre la science à présent. Pourquoi le gouvernement ne tiendrait-il pas compte des avis d'expert de ses propres scientifiques avant d'approuver un projet de recherche sur les PRM d'une valeur de plus de 50 millions de dollars ?
Votre comité peut recommander qu'un examen scientifique transparent et indépendant soit exigé pour tout financement de la recherche et du développement relatifs aux PRM. Je vous encourage vivement à faire cette recommandation. Peut-être que toute l'enveloppe de financement de la recherche sur la technologie permettant la carboneutralité pourrait être transférée au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Pourquoi? Parce que le public aurait alors la certitude que la recherche et le développement relatifs aux PRM seraient en concurrence équitable avec d'autres technologies favorisant la carboneutralité, afin que les fonds publics soient dépensés pour soutenir l'excellence scientifique.
Si nous prenons au sérieux l'action climatique, nous aurons besoin de nouvelles technologies soutenues par la science.
Je vous remercie.
:
Comme je l'ai dit dans mes observations préliminaires, le Canada a d'abondantes ressources hydroélectriques. Dans quatre de nos principales provinces, plus de 90 % de notre énergie est hydroélectrique. Ces provinces ont des réseaux propres, et la moyenne des émissions du Canada, pour ce qui est de l'électricité, est assez compétitive, sans pour autant atteindre une décarbonisation profonde, mais elle est assez bonne. Nous avons des provinces périphériques qui ne disposent pas de ressources hydroélectriques. Il s'agit des provinces des Prairies, comme l'Alberta et la Saskatchewan, et aussi de l'Ontario. On ne le penserait pas, parce que nous avons les chutes Niagara, mais nous avons une grande économie et une demande énorme.
L'Ontario a réussi à atteindre ce qui est la référence en matière de décarbonisation profonde, soit un réseau qui produit moins de 50 grammes de CO2 par kilowatt-heure. Il y est parvenu avec l'énergie nucléaire. Actuellement, dans cette salle, 61 % de l'énergie est d'origine nucléaire. Nous avons d'autres options, évidemment, comme je le mentionnais dans mes observations préliminaires, l'éolien, le solaire et les batteries. Beaucoup d'études de modélisation affirment que ces technologies nous permettront d'offrir un réseau fiable décarboné.
Je dois dire que l'Allemagne, qui fait partie des pays les plus riches, qui est un véritable pôle industriel, est bien loin de réussir à exploiter ces technologies après avoir dépensé près de 500 milliards d'euros. Alors, le Canada doit faire une pause. Nous devons déterminer, d'une manière technologiquement neutre, ce qui fonctionne et ce qui a fait ses preuves au Canada. Nous n'avons pas assez de rivières sur lesquelles construire des barrages. Apparemment, nous devons doubler notre réseau électrique pour atteindre nos objectifs de carboneutralité. Il faudra pour cela ajouter quelque 113 barrages de type Site C ou l'équivalent de 96 gros réacteurs CANDU.
Nous devons lancer la construction rapidement. Nous devons choisir ce qui marche. Nous avons fait nos preuves, et le nucléaire est la technologie qui marche. Il existe d'autres options, et d'autres choses qui le compléteront, mais nous passerons d'une étape hydroélectrique à une étape nucléaire, si nous voulons vraiment atteindre la carboneutralité.
:
Le gouvernement fédéral s'occupe de questions de production d'énergie. Pour prendre un exemple connu, il a acheté le pipeline TMX. Il détient une part du champ pétrolier Hibernia, et il a renfloué les quatre projets hydroélectriques à Muskrat Falls et au Site C.
Le gouvernement fédéral a certainement un rôle à jouer. Je me suis beaucoup investi pour convaincre d'inclure le nucléaire dans le cadre de référence pour les obligations vertes. Je suis heureux de voir que le gouvernement l'a inclus dans le mandat de la Banque de l'infrastructure du Canada.
Face à une situation urgente, comme la situation climatique, le gouvernement doit se montrer créatif. Il peut certainement, selon moi, s'associer aux provinces pour trouver des mécanismes financiers et pour favoriser l'expansion de l'énergie nucléaire dans ce pays.
Cela s'est fait à Point Lepreau, par exemple. Le gouvernement fédéral a trouvé les fonds et chaque province s'est, en fait, vu offrir alors un pourcentage du financement du premier réacteur CANDU construit. Ces mécanismes existent et nous pouvons les faire jouer à l'avenir.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins de leur présence au comité de la science et de la recherche.
Mes premières questions seront pour les Laboratoires Nucléaires Canadiens. Vos observations préliminaires, où vous disiez, en fait, que toute recherche commence en laboratoire, étaient très intéressantes. Il faut étudier, faire la recherche et, évidemment, cela fait partie de ce que nous faisons au comité. Nous voulons entendre les chercheurs, les scientifiques, et ainsi de suite.
J'ai quelques questions pour vous. Dans quelle mesure les universités ou les établissements d'enseignement canadiens participent-ils actuellement aux projets de développement des PRM au Canada? Quel rôle leur voyez-vous jouer dans ces projets?
:
Je vous remercie de votre réponse.
Je vais passer à un autre sujet, que je connais bien, étant donné mes rôles provinciaux.
Nous avons beaucoup de problèmes de main-d'oeuvre dans le pays sur de nombreux fronts, mais nous parlons du développement des PRM au Canada. Quels sont les problèmes de main-d'oeuvre dans ce domaine?
Docteur Keefer, si vous pouvez nous en parler, le sujet m'intéresse. Nous avons eu des témoins qui ont dit qu'il y a... Il me semble qu'un témoin a déclaré que, non, nous avons assez de main-d'oeuvre. J'aimerais avoir votre avis parce que, pour aller de l'avant dans ce domaine, il nous faut certainement avoir assez de chercheurs, de scientifiques et de personnes qualifiées et capables d'exécuter le travail. Que pouvez-vous nous dire sur ce front? Quelles sont nos capacités actuelles sur le plan de la main-d'oeuvre?
:
Je peux en dire plus sur la main-d'oeuvre. Pour ce qui est des questions relatives aux scientifiques et aux chercheurs universitaires, je laisserai à mes collègues des LNC le soin de répondre.
Le Canada est particulièrement bien placé en Occident. Nous avons une chaîne d'approvisionnement dynamique qui est activée. Nous fabriquons des composantes essentielles du CANDU en ce moment même, nous acquérons une expérience de gestionnaire de projet, et ainsi de suite.
Aujourd'hui, 76 000 hommes et femmes travaillent dans le secteur ici même, au Canada. Nous avons donc un énorme avantage sur le plan de la main-d'oeuvre. Encore une fois, un investissement dans le nucléaire est très bon pour notre main-d'oeuvre parce qu'il s'agit d'emplois syndiqués bien rémunérés. Le secteur nucléaire a la plus forte densité syndicale de tous les secteurs dans le pays.
Je laisserai mon co-intervenant répondre au reste de la question sur les compétences scientifiques et universitaires.
:
Merci, madame la présidente. Permettez-moi de saluer mes collègues et les témoins qui sont avec nous ce soir.
Mes questions s'adressent à vous, madame O'Donnell. J'aimerais parler davantage du projet de Moltex, que vous connaissez bien.
En mars 2021, le gouvernement fédéral a octroyé 50 millions de dollars à ce projet. C'était accompagné d'une lettre de la sous-ministre adjointe de Ressources naturelles Canada, Mme Mollie Johnson. Dans cette lettre, il est dit que la technologie utilisée par Moltex est une voie potentielle vers le recyclage du combustible CANDU usé, et que cela pourrait offrir aux Canadiens de l'énergie sans émission pour les années à venir en réduisant les déchets radioactifs à longue durée de vie.
Pouvez-vous nous dire si des études scientifiques étayent ces affirmations? Le gouvernement fédéral a-t-il réellement fait faire des examens scientifiques par des pairs sur la technologie de la pyrolyse avant de financer ce projet de 50 millions de dollars?
:
Je vous remercie de votre question. Je l'ai écoutée en français, mais je vais y répondre en anglais.
[Traduction]
Non, à ma connaissance, aucune étude de ce type n'a été faite. À vrai dire, le projet de Moltex est très intéressant parce qu'il propose une technologie de retraitement d'un nouveau type. La semaine dernière, j'ai entendu certains de vos témoins dire que ce retraitement se fait dans d'autres pays depuis des années.
Ce qui est novateur, c'est qu'il s'agit d'une technologie d'un nouveau type appelée « pyrotraitement ». On ne l'utilise que dans un endroit dans le monde — dans les laboratoires nationaux de l'Idaho, aux États-Unis — et c'est un fiasco technologique et financier. Ces laboratoires essaient depuis plus de 10 ans de réduire la quantité de déchets et ils n'y parviennent pas du tout. C'est un désastre et il leur faut maintenant gérer beaucoup de déchets supplémentaires. C'est très compliqué.
Le problème est que moins de 1 % de la matière fissile qui reste dans les grappes de combustible du CANDU une fois sorties du réacteur peut supposément être recyclée, mais rien ne prouve qu'il soit possible d'extraire proprement le plutonium du combustible. On se retrouve donc avec beaucoup de matières qu'il faudra encore gérer pendant des millions d'années.
De plus, il y aura beaucoup de nouveaux déchets liquides, et c'est ce qui nous préoccupe principalement au Nouveau-Brunswick, à savoir qu'en tant que contribuables, nous allons payer l'addition pour les nouveaux déchets liquides, pour le stockage des déchets. On ne sait pas dans quoi enfermer ces déchets. Aucune étude n'a été réalisée sur ce projet. Nous ne voulons pas nous retrouver à ramasser les pots cassés. Voilà le gros problème.
Je pourrais parler des aspects relatifs à la non-prolifération plus tard, si vous voulez.
:
Certainement. Le gouvernement ne cesse de dire à ce propos qu'il n'y a pas de risque d'armes nucléaires ou de prolifération au Canada. Là n'est pas le problème. C'est le message, et il est très clair dans la lettre des experts américains de la non-prolifération que c'est le message envoyé aux autres pays.
En particulier, la Corée du Sud essaie depuis plus de 10 ans d'utiliser le même type de technologie, le pyrotraitement, et les États-Unis ne lui en donnent pas la permission à cause de la situation nucléaire très instable dans la péninsule coréenne.
Pas plus tard que la semaine dernière, je regardais une vidéo du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Le nouvel essai nucléaire de la Corée du Nord inquiète beaucoup l'AIEA.
La péninsule coréenne est très instable. Les États-Unis craignent, si le Canada commence à utiliser cette technologie appelée pyrotraitement, que cela revienne, au fond, à donner le feu vert à la Corée du Sud pour faire de même, ce qui risque de déstabiliser une situation déjà très fragile en ce qui concerne les armes nucléaires dans le monde. Vous savez qu'il en est question tous les jours aux nouvelles. La situation mondiale actuelle est très fragile. On se demande pourquoi le Canada donne à penser que ce type de technologie est sans problème, étant donné qu'elle a été pendant de nombreuses années interdite, officieusement, au Canada.
:
C'était, en fait, l'objet de mon exposé. Merci de me poser la question, par l'intermédiaire de la présidence.
Au Canada, nous avons trois conseils qui financent la recherche et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le CRSNG, est celui qui financerait la recherche nécessaire dont nous parlons ce soir. Lorsqu'on passe par le CRSNG, le financement est soumis à un examen scientifique indépendant. Le public fait beaucoup confiance à ce système.
Malheureusement, jusqu'ici, le financement des projets n'est pas soumis au même degré d'examen scientifique. Nous n'avons donc aucune garantie que les projets aient fait l'objet d'une vérification scientifique. Il existe toutefois un processus, et c'est pourquoi que je recommande vivement au comité d'envisager de transférer au CRSNG le financement de toutes les technologies visant à la carboneutralité.
Monsieur Keefer, vous avez mentionné une possibilité de réfection. Une membre du comité a également mentionné des pénuries de main-d'oeuvre. Les deux vont donc de pair.
J'ai reçu dernièrement la visite des chaudronniers, et ils sont très préoccupés par le manque de soudeurs haute pression et la difficulté de trouver des soudeurs haute pression.
Avez-vous des commentaires sur les compétences des soudeurs haute pression dont il y a pénurie au Canada en ce moment pour les réacteurs nucléaires actuels? J'ai vécu à Pickering, alors cela m'intéresse.
Que pensez-vous de cette question des soudeurs haute pression et de la pénurie de ce type de compétences au Canada en ce moment pour la réfection?
:
Je dois avouer, je le crains, que la question dépasse mon domaine de compétence. Je connais bien les chaudronniers, et ils sont très présents dans nos travaux de réfection des réacteurs CANDU.
Cependant, très brièvement, à propos de la réfection, nous prolongeons de 40 années supplémentaires la source d'énergie la plus faible en carbone que nous ayons sur notre réseau électrique. C'est très intéressant. Nous procédons à la réfection de Darlington et Bruce, mais pas de Pickering.
Je recommande notamment que nous poursuivions la réfection en y incluant Pickering. La perte de cette centrale, qui a le même âge que celle de Bruce A en cours de réfection, éliminera tous les progrès enregistrés jusqu'ici au Canada en matière de réduction nationale des émissions. Nous allons ajouter l'équivalent de huit millions de vols transatlantiques par an parce que nous remplaçons l'énergie nucléaire propre par le gaz naturel. Mon groupe recommande vivement de réexaminer cette décision.
Je suis convaincu que les chaudronniers méritent d'être écoutés, et nous devons soutenir l'apprentissage dans ces métiers spécialisés essentiels. Les réfections se font dans les temps et dans le respect des budgets, et je pense qu'il peut continuer d'en être ainsi. Une fois que nous aurons terminé à Darlington, nous pouvons transférer ces travailleurs à Pickering et assurer l'avantage nucléaire du Canada.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui. Il y a tellement de questions et si peu de temps. Je vais devoir me concentrer sur les LNC.
J'ai très envie d'en savoir plus sur les microréacteurs, par exemple, qui sont très petits, notamment, et sur l'importance de réacteurs dans le Nord. Je me concentrerai d'abord sur les déchets.
Depuis que vous êtes à Chalk River —cela fait 50 ou 60 ans —, vous avez accumulé une petite quantité de déchets qui sont enterrés.
Qu'est-ce qui se fait de mieux dans la réutilisation de ces déchets? Quelles sortes de nouveaux processus nucléaires devons-nous mettre au point pour les nouveaux réacteurs pour mieux les utiliser? Que pouvons-nous faire pour récupérer cette énergie?
:
Oui, je pense qu'il est important de revenir à la lettre des experts américains. Ce qu'ils demandent, et ce dont nous avons vraiment besoin à mon sens, c'est qu'un comité international examine les aspects de la technologie de Moltex relatifs à la non-prolifération que l'entreprise compte exporter.
Nous savons que cela suscite des préoccupations à l'échelle internationale. C'est donc sur ce point qu'il faudrait se concentrer. Le Canada ne devrait pas être un pays où l'on subventionne les yeux fermés et il ne devrait pas être considéré comme un pays qui subventionne une technologie qui pourrait déstabiliser la situation en ce qui concerne la non-prolifération à l'heure actuelle.
L'autre chose que mentionnent les experts, et qui nous préoccupe beaucoup, c'est que, si Moltex n'obtient pas les milliards de dollars nécessaires pour mener à bien son projet, nous pourrions nous retrouver avec un immense gâchis environnemental sur les rives de la baie de Fundy. Il est très inquiétant, avec tous les nouveaux déchets qui sont produits, que si le projet démarre et n'est pas mené à terme, nous nous retrouvions avec ce gâchis sur les bras.
Je vous remercie.
Pour répondre à la première partie de la question, je peux vous dire que nous avons un programme très dynamique pour assurer le recrutement d'ingénieurs, de gens de métier et de scientifiques qualifiés de divers horizons. Nous collaborons également avec les milieux universitaires pour combler les besoins en matière de recherche dans le domaine nucléaire, mais aussi dans les domaines de la cybersécurité et de la biologie.
Pour ce qui concerne notre rayonnement dans les communautés et les relations que nous entretenons avec elles, nous avons mis sur pied un programme d'approche très complet qui englobe les populations autochtones.
La semaine dernière, à Pembroke, nous avons terminé le deuxième volet des auditions sur une installation de gestion des déchets près de la surface. De concert avec la CCSN, nous avons eu des centaines d'interactions et de discussions avec le public, y compris, et c'est très important de le souligner, avec les communautés autochtones. Il est primordial de nous rapprocher de ces communautés. C'est une dimension qui prend de plus en plus de place et je crois que nous découvrons ensemble comment établir ces relations. Nous tenons vraiment à comprendre les besoins des communautés et à y répondre.
Merci.
C'est la troisième soirée que nous consacrons à notre étude sur les petits réacteurs nucléaires.
Nous accueillons un deuxième groupe de témoins, qui sera composé de Mme Evelyn Gigantes, qui se présente devant le Comité à titre personnel; de M. Gordon Edwards, le président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, et de M. Edouard Saab, le président de Westinghouse Electric Canada.
Je vais donner un temps de parole de cinq minutes à chaque témoin. Après quatre minutes et demie, je vais lever un carton jaune pour signaler qu'il vous reste 30 secondes.
Vous avez devant vous un Comité qui veut vraiment entendre votre point de vue et nous vous souhaitons la bienvenue. Merci sincèrement de participer à notre étude. Nous sommes impatients d'entendre vos remarques.
Sur ce, je donne la parole à Mme Gigantes. Nous vous écoutons.
:
Merci, madame la présidente.
Je ne suis pas favorable au développement des PRM, ni au Canada ni ailleurs dans le monde. Pourquoi? Parce que les températures que nous avons connues ces dernières années ne laissent aucun doute sur le danger que représente le changement climatique pour tous les êtres vivants sur notre magnifique planète.
Les PRM nous sont vantés par l'industrie nucléaire comme des incontournables pour ralentir et arrêter le changement climatique. Je pense que c'est tout le contraire. L'industrie nucléaire essaie de stopper sa dégringolade et mène une campagne désespérée pour convaincre le public et nos représentants élus d'investir des sommes colossales tirées du Trésor public dans des efforts vains pour développer des PRM censés combattre le changement climatique.
Pourtant, les scientifiques et les économistes canadiens et étrangers les plus éclairés ne cessent de rappeler l'évidence: la façon la plus sûre, la moins coûteuse et la plus rapide de réduire les émissions de carbone qui menacent la vie sur la Terre est de réduire notre consommation d'énergie en adoptant des mesures de conservation, de faire de l'électricité notre principale source d'énergie et de la produire au moyen de ressources renouvelables. Au Canada, ces ressources sont le vent, le soleil, la géothermie et l'eau.
J'ai soumis au Comité un article corédigé par un expert canadien et un expert américain. Ils expliquent comment nous pouvons électrifier tout ce qui est le plus énergivore, adopter efficacement de nouvelles sources énergétiques et satisfaire aux besoins d'appoint. Je vous ai de plus remis un article sur une étude récente de la Fondation David Suzuki qui arrive à la même conclusion. C'est l'aspect positif de ce que j'aimerais voir dans le rapport du Comité.
Il y a toutefois un aspect plus négatif que je souhaiterais soumettre à votre réflexion et qui, je l'espère, figurera aussi dans votre rapport. L'énergie nucléaire ne réglera aucun problème. Les déchets s'empilent et menacent la vie et la santé partout où elle a été utilisée ou est encore utilisée. Son histoire, autant ici qu'ailleurs dans le monde, a été intimement liée à l'arsenal de guerre. Et voilà qu'elle se répète aujourd'hui, alors que nous sommes les témoins choqués et apeurés de la terrible menace qui pèse sur les centrales nucléaires en Ukraine.
Au Canada, nous avons accumulé des quantités indécentes de déchets nucléaires à des endroits comme Chalk River et Elliot Lake. Nous nous berçons d'illusions en répétant qu'une nouvelle politique sur la gestion des déchets nucléaires nous permettra bientôt de réparer les dégâts affreux et mortels que ces déchets laissent derrière eux. L'ancien président de la Commission canadienne de sûreté nucléaire s'est assuré que la plupart des PRM échapperont à l'évaluation des effets environnementaux au titre de la de 2019 en les excluant de la liste des projets visés. Franchement, que la plupart des projets de PRM au Canada ne fassent pas l'objet d'une évaluation environnementale dépasse l'entendement.
J'ai soumis un troisième article qui porte sur les quantités inimaginables de déchets nucléaires générées par les PRM en développement. Chaque unité d'énergie produite par un PRM générerait des quantités beaucoup plus importantes de déchets à haute radioactivité que les réacteurs CANDU, qui sont pourtant beaucoup plus gros.
Je terminerai en répétant que les PRM sont à mon sens inutiles puisqu'il existe bien d'autres façons de produire de l'électricité qui sont beaucoup moins coûteuses, plus rapides, plus souples et, de surcroît, plus acceptables sur le plan de l'environnement. Chose certaine, la dernière chose dont notre monde a besoin est la vente de PRM à des pays déjà aux prises avec les menaces du terrorisme et de la guerre.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Je m'appelle Gordon Edwards. Je vous remercie de me donner l'occasion de faire une brève présentation sur les PRM. Je suis un professeur de sciences et de mathématiques à la retraite. Je suis également cofondateur et président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, et j'ai travaillé comme consultant sur les questions nucléaires pendant de nombreuses années.
L'industrie nucléaire est en déclin depuis un quart de siècle. En 1997, l'énergie nucléaire représentait 17 % de l'approvisionnement mondial en électricité. Aujourd'hui, elle en fournit 10 %, et son apport continue de diminuer. En Amérique du Nord, aucun nouveau grand réacteur n'a été commandé après 1978 pour le reste du siècle. L'industrie CANDU est moribonde.
Les coûts exorbitants et les longs retards de construction, ainsi que les questions relatives aux déchets radioactifs, aux accidents de réacteur et à la prolifération des armes nucléaires ont nui à l'industrie. Ce n'est pas la première fois qu'elle promet un nouvel âge d'or de l'énergie nucléaire. Elle met actuellement de l'avant une flotte de petits réacteurs modulaires qui n'ont pas encore fait leurs preuves. La première campagne de promotion de l'énergie nucléaire a suivi l'embargo pétrolier de 1973, quand Énergie atomique du Canada limitée avait annoncé que des centaines de réacteurs CANDU seraient construits d'un bout à l'autre du pays. C'était une fausse alerte.
À ce moment, même Hydro-Québec avait envisagé d'installer une cinquantaine de réacteurs de grande puissance le long du fleuve Saint-Laurent, mais aucun n'a été construit. Le seul réacteur québécois qui était en construction à l'époque est maintenant fermé définitivement.
La deuxième poussée a eu lieu au début du XXIe siècle. On a alors annoncé en grande pompe la renaissance mondiale du nucléaire, avec la construction de milliers de grands réacteurs. Cette campagne a aussi fait long feu. Une poignée de réacteurs nucléaires a été commandée, dont un en Finlande, un à Flamanville, en France, et quatre dans les États américains de la Géorgie et de la Caroline du Sud. Ces projets ont tous été plombés par des années de retard et des dépassements de coûts massifs. Deux géantes du secteur nucléaire ont fait faillite.
Aujourd'hui, on nous parle d'une nouvelle renaissance de l'énergie nucléaire grâce à d'innombrables modèles de ce que l'on a appelé les petits réacteurs modulaires. Pardonnez-moi mon scepticisme. S'agit-il d'un nouveau feu de paille? S'agit-il encore une fois de vaines promesses de renaissance?
Il y a déjà des signes avant-coureurs. Tout d'abord, il n'y a pas de clients. La technologie est à la recherche d'un marché. Deuxièmement, le financement est insuffisant. Le maigre financement public, s'il est retiré, tuerait quasi instantanément l'essor des PRM. Troisièmement, le développement de solutions de rechange aux PRM progresse plus rapidement, il est moins coûteux, et elles sont beaucoup plus attrayantes et demandées que le nucléaire.
Le Comité peut rendre un grand service aux Canadiens en recommandant que la recherche et la science soient mises à contribution pour examiner les affirmations litigieuses des promoteurs des PRM pour obtenir le soutien de la population et du financement public.
Premièrement, un rapport publié récemment par la National Academy of Sciences des États-Unis, auquel a participé Allison Macfarlane, l'ancienne présidente du National Research Council, indique que les déchets radioactifs hérités des PRM seront nettement plus importants et plus problématiques par unité d'énergie produite que ceux des grands réacteurs. Les défenseurs des PRM ont contesté ces affirmations, mais je demande instamment au Comité de recommander que des scientifiques indépendants mènent une enquête objective sur ce différend afin d'aider les décideurs et le public à avoir l'heure juste à ce sujet.
Deuxièmement, il faut penser à la prolifération des armes nucléaires, dont il a déjà été question. Aux États-Unis, neuf experts de la non-prolifération, qui ont servi sous six présidents différents, ont exhorté le Canada à entreprendre un examen indépendant de la vulnérabilité en matière de prolifération associée au projet de centrale Moltex au Nouveau-Brunswick, un petit réacteur modulaire alimenté par du plutonium extrait du combustible nucléaire usé au Canada et dont nous n'avons absolument pas besoin. Absolument rien ne justifie de franchir cette étape.
L'extraction du plutonium marque un pas déterminant vers la prolifération des armes nucléaires. Je demande instamment au Comité de recommander un examen indépendant des considérations scientifiques et de sécurité liées aux risques de prolifération découlant de l'extraction du plutonium dont, je le répète, nous n'avons absolument aucun besoin.
Troisièmement, pour des questions de responsabilité à l'égard du public, je demande au Comité de vérifier et de publier les justifications scientifiques détaillées, si tant est qu'il y en ait, de la décision de renoncer aux évaluations environnementales de la plupart des PRM. Cette décision va à l'encontre de l'obligation de responsabilité à l'égard du public.
Quatrièmement, il faut privilégier les « négawatts » par rapport aux mégawatts. L'efficacité énergétique est moins chère, plus rapide et plus sûre que toute autre option d'approvisionnement en énergie. À cet égard, j'exhorte le Comité à recommander une étude scientifique visant à comparer les coûts et l'efficacité du déploiement de pompes à chaleur dans des édifices partout au Canada par rapport à ceux de la construction de PRM.
Les PRM offrent une piètre réponse à l'urgence climatique. Leur développement est trop lent, trop coûteux et trop douteux. En fait, nous nous contentons de botter en touche en espérant que tout ira bien. Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes. Il est clair que les PRM ne contribueront pas à la lutte contre le changement climatique au cours des cinq prochaines années et qu'ils ne pourront apporter que des contributions marginales au cours de la prochaine décennie. Je ne suis pas le seul à penser que les affirmations des promoteurs des PRM ne peuvent pas être étayées. Cependant, je suis prêt à voir ces affirmations mises à l'épreuve, et le Comité peut faire en sorte que cela se réalise.
:
Merci, madame la présidente, et merci au Comité permanent de la science et de la recherche de me permettre de parler des avantages des petits réacteurs nucléaires pour l'environnement, l'économie et nos concitoyens canadiens.
À titre de président de Westinghouse Electric Canada, j'ai le privilège de constater les bienfaits auxquels participent tous les jours les employés, les services et la technologie dans le secteur du nucléaire.
Par souci de transparence, je précise que j'ai consacré 20 ans à l'industrie nucléaire canadienne, soit l'entièreté de ma carrière. J'ai surtout travaillé dans les usines nucléaires CANDU les plus performantes au Canada et qui ce soir alimentent 6 ampoules sur 10 à la Chambre des communes grâce à l'énergie carboneutre produite par le complexe Bruce Power et Ontario Power Generation, ou OPG.
Sur le plan environnemental, une recherche effectuée par EnviroEconomics et Navius pour le compte de l'Association nucléaire canadienne a mené à la conclusion que de 2030 à 2050, les PRM pourraient contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 216 mégatonnes dans l'industrie lourde seulement. Il s'ensuit que les PRM peuvent aider le Canada à atteindre son objectif de carboneutralité en 2050 en réduisant les émissions de 14 mégatonnes en moyenne par année. C'est l'équivalent de trois millions de véhicules en moins sur les routes chaque année.
Chez Westinghouse, nous nous inspirons de notre savoir dans le domaine du génie pour affirmer que les PRM neutres en carbone, y compris le microréacteur eVinci, offrent des avantages en matière de production d'énergie, mais également pour améliorer les conditions sociales et économiques de tous les Canadiens, ainsi que pour aider à la réduction des émissions dans toutes les provinces et tous les territoires. L'industrie nucléaire commerciale a toujours eu et continue d'avoir des incidences positives, grâce notamment aux innovations que Westinghouse est fière de proposer depuis 134 ans.
En mars dernier, Westinghouse Canada a eu l'honneur de recevoir 27 millions de dollars dans le cadre d'une entente de contribution de l'initiative Accélérateur net zéro du Fonds stratégique pour l'innovation. Nous investirons pour notre part 40 millions de dollars dans le programme de recherche et de développement d'un microréacteur eVinci canadien. Nous créerons ainsi 60 emplois hautement spécialisés à temps plein et nous parrainerons plus de 250 étudiants stagiaires. Notre programme de microréacteur eVinci se traduira par d'importantes dépenses dans la chaîne d'approvisionnement au Canada et permettra à plus de 300 travailleurs hautement qualifiés de progresser sur le plan professionnel. Ces travailleurs viendront grossir les rangs des quelque 250 employés hautement compétents de Westinghouse Canada. Je précise qu'il y a quatre ans, Westinghouse avait un seul employé au Canada. Je peux donc confirmer le rôle catalyseur de l'industrie nucléaire pour le produit intérieur brut canadien.
Le soutien du fédéral continuera de jouer un rôle de premier plan pour faire du Canada un chef de file de cette technologie émergente. Les PRM produiront de l'électricité et de la chaleur propres aux endroits où les besoins sont les plus grands, ils contribueront au développement économique et ils créeront des emplois.
Le pays, les élus et l'industrie doivent unir leurs efforts pour abolir les obstacles qui retardent inutilement l'accès des Canadiens qui vivent dans des communautés éloignées à des solutions qui peuvent combler leurs besoins urgents d'énergies renouvelables et les aider à s'affranchir de leur dépendance au carburant diesel transporté. Un microréacteur eVinci pourrait alimenter toute l'année leurs serres et leurs installations de dessalaison de l'eau potable. Il pourrait aussi être utilisé par les sociétés minières désireuses de réduire leurs émissions de carbone grâce à une source d'énergie fiable en tout temps, qui pourra être associée à des énergies renouvelables comme le vent et le soleil; les industries dont les procédés à haute température consomment énormément de combustibles fossiles et qui sont à la recherche de sources de chaleur carboneutres de qualité pour extraire des bitumes ou même pour produire de l'hydrogène; les communautés autochtones qui ont besoin de plus d'énergie pour améliorer leur situation économique et sociale et qui aspirent, à juste titre, à diriger et à gérer leurs propres projets, de même que les universités, où la polyvalence du microréacteur eVinci pour la recherche pourra inspirer une nouvelle génération d'étudiants à explorer les avantages de cette source d'énergie propre, notamment pour la production d'isotopes médicaux.
Les PRM offrent au Canada de véritables perspectives d'exportation dans des marchés nouveaux et existants, précédés en cela par la réputation de sécurité des technologies nucléaires exportées à six pays différents sous la houlette d'EACL.
Westinghouse a jeté son dévolu sur le Canada pour accélérer le déploiement de son programme de commercialisation du microréacteur eVinci parce que tous les ingrédients du succès y sont rassemblés: les besoins sont réels dans le marché; la Commission canadienne de sûreté nucléaire est un organisme de réglementation de classe mondiale; des laboratoires nucléaires de haut niveau sont chapeautés par Laboratoires Nucléaires Canadiens; la chaîne d'approvisionnement est bien établie, de même que l'industrie minière de l'uranium, dont les chefs de file sont Cameco et Denison Mines; des organismes comme Bruce Power, OPG et Énergie NB ont une longue expérience de l'exploitation de centrales nucléaires, et l'industrie a accès à un large bassin d'employés compétents et de candidats tout aussi prometteurs. Dernier atout, mais non le moindre, le Canada jouit d'une excellente image de marque sur la scène internationale.
Madame la présidente, je vous remercie de m'avoir permis de présenter ma vision des avantages potentiels et bien connus des petits réacteurs nucléaires. Je répondrai aux questions du Comité permanent avec grand plaisir.
:
Je vais parler de mon expérience personnelle.
À ce que j'en sais, il n'y a pas d'obstacles insurmontables. Comme l'ont expliqué les témoins de l'autre groupe, nous devons écouter, apprendre, comprendre les exigences qui nous seront imposées, ainsi que les attentes qu'auront les utilisateurs finaux. C'est ce que nous devons faire actuellement.
Pour ce qui concerne la technologie, nous avons une confiance à toute épreuve. Westinghouse a été une pionnière dans le secteur nucléaire commercial depuis… Je crois que Shippingport a été la première centrale commerciale en 1957. Nous avons une excellente feuille de route. Nous n'avons absolument aucune inquiétude pour ce qui est de l'aspect technique.
Il faut faire de la sensibilisation. Nous devons écouter et chercher à mieux comprendre. Nous devrons aussi collaborer avec nos pairs. La concertation avec l'industrie et l'organisme de réglementation est essentielle pour bien faire les choses dès le début.
:
Ici, au Canada, nous nous intéressons particulièrement au développement des applications. Actuellement, nous travaillons surtout sur une batterie nucléaire. Nous avons réussi à obtenir une licence d'utilisation de la technologie du laboratoire de Los Alamos, et nous nous sommes concentrés sur la mise à l'échelle en vue d'une utilisation commerciale.
Notre objectif est d'offrir une technologie qui produira de l'énergie nucléaire propre et sûre, à raison de 5 mégawatts environ pendant 8 ans si elle est utilisée à plein rendement, de même qu'une chaleur de haute température au besoin. Le dispositif lui-même n'est pas au centre de nos recherches… Nous avons les ingénieurs, la capacité technique et les licences pour comprendre cette technologie.
Nous voulons collaborer avec les universités et les communautés pour trouver des applications de cette technologie qui permettra de renforcer les capacités et les moyens… J'ai déjà donné des exemples d'applications dans des communautés éloignées qui nous ont parlé de leurs besoins d'eau potable, de sources de chaleur fiables ou d'électricité. Nous travaillons avec des universités pour développer ce genre d'applications.
Plus précisément, Westinghouse parraine des étudiants de l'Institut universitaire de technologie de l'Ontario. Nous versons des bourses à des étudiantes en science, en technologie, en ingénierie et en mathématiques, les STIM. Avec l'Université McMaster, nous avons essayé de voir comment nous pourrions faire des recherches en collaboration sur les technologies. Nous travaillons aussi avec le Saskatchewan Research Council pour déterminer quelles applications Westinghouse pourrait développer dans l'Ouest canadien. Bref, nous ne nous intéressons pas seulement à l'Ontario.
:
Merci, madame la présidente.
Je me permets de saluer les témoins qui se joignent à nous ce soir.
Mes questions s'adressent à M. Edwards.
Monsieur Edwards, je vais vous demander de poursuivre dans la même veine et de nous parler de la gestion des déchets radioactifs et, notamment, des coûts qui y sont liés.
Mon autre question est également en lien avec la gestion des déchets. Après un processus d'évaluation environnementale de 10 ans, la Commission Seaborn a fait une recommandation unanime, soit la création d'une agence de gestion des déchets nucléaires et de déclassement indépendante de l'industrie et, bien sûr, des organismes qui en font la promotion, comme Ressources naturelles Canada.
Pouvez-vous nous parler de cela?
:
Selon ce que j'ai entendu, on ne parle pas tout à fait de 100 milliards de dollars, mais plutôt d'un legs de 16 milliards de dollars du fédéral pour la gestion des déchets radioactifs.
Nous ne savons pas comment éliminer ou neutraliser ces déchets. Pour l'instant, nous pouvons seulement les stabiliser. À Port Hope, par exemple, il y a environ deux millions de mètres cubes de déchets radioactifs. Pendant huit ans, on a cherché un endroit pour les enfouir en Ontario, mais sans succès. Ce qu'on a appelé le groupe de localisation du gouvernement fédéral a fait chou blanc.
Il y a un prix de consolation: deux gros monticules d'un million de mètres cubes de déchets chacun à proximité de Port Hope. C'est une installation temporaire, ce qui n'a jamais été le but. Le même modèle sera transposé à Chalk River. Un monticule géant de déchets radioactifs de la fission nucléaire sera installé à Chalk River, à un kilomètre environ de la rivière des Outaouais. La moitié des déchets enfouis dans le monticule resteront radioactifs pendant encore 100 000 ans.
:
Merci, monsieur Edwards.
Je vous donne raison, c'est moi qui me suis trompé. Les 16 milliards de dollars, c'est pour la centrale de Chalk River. Je faisais plutôt allusion aux 100 milliards de dollars canadiens pour la gestion des déchets radioactifs des centrales de Hanford, dans l'État de Washington, et de Sellafield, en Angleterre.
Cela dit, monsieur Edwards, j'aimerais que vous nous parliez de la proposition voulant que la Société de gestion des déchets nucléaires ne doive pas relever du ministre des Ressources naturelles, mais plutôt de celui d'Environnement et Changement climatique Canada.
Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
:
La Société de gestion des déchets nucléaires dépensera quelque chose comme 26 milliards de dollars pour la gestion des déchets hautement radioactifs produits par les centrales nucléaires commerciales du Canada. Si jamais un emplacement choisi pour l'enfouissement des déchets se révèle inadapté, comme c'est arrivé en Allemagne, la Société se retrouvera devant un immense dilemme parce qu'il faudra les retirer et recommencer le processus. Inutile d'ajouter que les coûts seront décuplés. C'est ce qui est arrivé dans d'autres pays, comme vous l'avez mentionné.
À Hanford, dans l'État de Washington, et à Sellafield, dans le nord de l'Angleterre, le nettoyage de sites a coûté l'équivalent de 100 milliards de dollars. C'est ce qu'a coûté le nettoyage, mais je vous rappelle qu'il n'élimine pas les déchets. C'est une opération qui permet d'améliorer les conditions de stockage, c'est tout.
C'est un désastre qui continuera de pourrir la vie des petits-enfants de nos petits-enfants, qu'on le veuille ou non. Nous ne pouvons pas régler le problème d'un coup de baguette magique.
Le retraitement des déchets pour en extraire le plutonium, comme plusieurs études l'ont montré, produit des déchets encore plus complexes. Ce procédé ne réduit pas le volume des dépôts ni le volume global des déchets eux-mêmes puisqu'on y ajoute du matériel contaminé et d'autres choses. Le retraitement n'est pas une panacée au problème des déchets, malgré ce que l'industrie veut nous faire croire.
Je suis plutôt inquiet que l'industrie sollicite des fonds publics pour assurer sa survie et aider les Canadiens… Une chose est sûre, le Comité doit recommander une étude qui aura pour objectif de protéger la santé et la sécurité des Canadiens exposés aux sous-produits de cette industrie.
:
C'est une excellente question.
Je peux l'aborder sous différents angles.
Premièrement, pour mettre les choses en contextes en ce qui a trait à la technologie du microréacteur eVinci… J'ai déjà fourni de l'information au Comité et je ferai un suivi pour répondre aux questions sur la technologie elle-même. Donc, le microréacteur nucléaire de cinq mégawatts est de la taille d'un conteneur maritime, et le matériel de contrôle-commande ainsi que l'unité de conversion d'énergie tiennent aussi dans un conteneur chacun.
L'avantage du conteneur maritime est sa souplesse et sa mobilité. Nous pouvons le transporter vers un site qu'il alimentera pendant huit ans en électricité ou en chaleur avec une énergie entièrement carboneutre. Après huit ans, si un autre microréacteur n'est pas requis, l'unité au complet sera enlevée, sans laisser de déchets ou de dommages. Le microréacteur eVinci n'utilise pas de source d'eau extérieure et il produit seulement de la chaleur.
Quant à votre question sur la prolifération, ce qui est important dans ce cas est le combustible lui-même. L'avantage du microréacteur eVinci est qu'il utilise du combustible TRISO, constitué de pastilles minuscules encapsulées dans une enveloppe protectrice qui les rend pratiquement indestructibles. De plus, le microréacteur utilise des quantités infinitésimales de combustible et d'uranium. Pour utiliser les microréacteurs ou notre batterie nucléaire dans un esprit malfaisant, il faudrait trouver des milliers de conteneurs maritimes pour obtenir une quantité suffisante de matières, ce qui est physiquement et techniquement impossible.
:
Oui. Je parlais de la technologie elle-même. Merci de poser cette question.
Les exigences législatives, en effet, ne posent pas de véritables problèmes, même si elles nous imposent des processus. En tant que fournisseur de réacteur nucléaire, nous tenons à coopérer avec les services publics, les utilisateurs finaux et les consommateurs pour nous assurer de respecter les exigences en matière d'évaluation environnementale de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
Même si nous produisons un réacteur de moins de 200 mégawatts, qui ne serait pas visé par le projet de loi , il se peut qu'une évaluation environnementale soit requise. L'évaluation d'impact ajoute bien entendu un fardeau et des coûts. Elle ralentit également, pour tout ce qui est inférieur à 300 mégawatts, les possibles… Si le processus technique est un peu plus long et les coûts un peu plus élevés, la mise en application de la technologie dans les communautés éloignées et les industries sera malheureusement retardée.
Ces questions sont primordiales. Il est clair que l'industrie a ses propres vues relativement à l'utilisation des PRM si jamais quelqu'un en veut. Pour l'instant, les clients de se bousculent pas au portillon et personne n'a apposé sa signature sur la ligne pointillée pour obtenir la livraison d'un PRM dès qu'il sortira de l'usine. Ce n'est pas du tout comme les voitures électriques qui se vendent comme des petits pains chauds. Les réacteurs nucléaires ne se vendent pas comme des petits pains chauds.
On a même essayé de les donner. Au Québec, l'Université de Sherbrooke a refusé un petit réacteur qui lui était offert gratuitement.
Il reste à savoir si gens voudront de ces réacteurs et si les problèmes seront aussi simples que ce qu'on veut nous faire croire.
Pour ce qui concerne les évaluations environnementales… L'unique raison pour laquelle un petit réacteur modulaire fait actuellement l'objet d'une telle évaluation est qu'il est visé par l'ancienne loi. Aucun nouveau PRM de moins de 200 mégawatts ne fait l'objet d'une évaluation environnementale sous le régime de la loi en vigueur.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Merci aux témoins d'être ici ce soir.
Je vais commencer avec M. Saab.
Monsieur Saab, d'aucuns ont critiqué le fait que la technologie ne sera pas prête avant 2030, et encore, et que les projets de PRM ne sont rien d'autre que expériences scientifiques coûteuses. Ces sceptiques suggèrent de privilégier l'énergie éolienne, solaire ou d'autres sources. C'est d'ailleurs l'avis de certains témoins que vous avez entendus ce soir.
Quelle est votre réponse à ces critiques?
:
Merci de poser cette question.
Je vais y répondre en deux volets.
Premièrement, pour ce qui concerne les avancées technologiques, comme je l'ai mentionné précédemment, nous avons profité de l'avantage d'une technologie existante que nous avons mise à l'échelle. Nous n'avons aucun doute que la technologie sera prête bien avant 2030. En fait, nous avons déjà une unité électrique de démonstration qui fonctionne et qui pourrait déjà vous fournir de l'électricité. C'est une preuve très claire que nous avons bien fait de demander une licence pour le modèle à caloduc du laboratoire de Los Alamos et de travailler à la variabilité d'échelle. C'est un projet qui a été couronné de succès.
L'étape suivante sera une unité de démonstration nucléaire, qui devrait être achevée en 2026. C'est quatre ans de moins que ce dont vous avez parlé.
Concernant le moment où notre produit sera commercialisable, pour répondre aux questions précédentes, tout dépendra du processus d'autorisation. L'autre question soulevée par M. Edwards, je crois, concerne la demande des clients. Nous avons des clients qui attendent leur unité. Si le processus d'autorisation était plus court, nous pourrions leur livrer une unité dès aujourd'hui.
Quant aux associations avec les énergies renouvelables, je suis moi-même un ardent défenseur de ces énergies, autant l'éolien que le solaire, mais nous avons entendu un nombre incalculable de fois — il ne fait pas soleil à Toronto actuellement — que le soleil ne brille pas toujours et que le vent ne souffle pas toujours non plus.
Nous pouvons imaginer le jumelage d'une technologie comme le microréacteur eVinci avec des technologies éoliennes et solaires pour assurer un approvisionnement d'appoint quand les énergies renouvelables ne suffisent pas à la tâche. Ce serait probablement une façon d'exploiter et de soutenir les énergies renouvelables, et d'accroître leur utilisation. Actuellement, les sources d'appoint ne sont pas toujours sûres. Je crois qu'il faut parfois recourir au diesel pour assurer l'approvisionnement quand il n'a y pas de vent.
J'ai été intrigué par la remarque de M. Edwards sur l'attrait commercial des PRM. Plusieurs témoins nous ont parlé des investissements du secteur privé pour développer une technologie éprouvée et prête à être livrée aux clients.
Pourriez-vous nous dire combien d'argent le secteur privé a investi dans la technologie? Vous pouvez nous donner les chiffres pour le Canada seulement. Et qui sont les clients? Y en a-t-il beaucoup? Qui achètera ces PRM, et combien d'argent… Quels investissements ont été faits pour attirer la clientèle?
Nous avons entendu parler du fait qu'ils contribueront à l'essor économique des communautés et à la création d'emplois, mais j'aimerais en savoir davantage sur l'aspect des ventes. Je serais très surpris que le secteur privé investisse massivement dans une technologie si le rendement n'est pas garanti.
Pouvez-vous nous dire ce qu'il en est au juste?
:
Nous sommes convaincus que le rendement de l'investissement est là, sinon nous n'investirions pas nos propres fonds dans cette technologie. Je peux peut-être parler de ce qui est du domaine public et être un peu plus précis à propos de Westinghouse parce que je ne veux pas parler au nom du secteur alors que je n'ai pas tous les détails.
Par l'entremise du Fonds stratégique pour l'innovation, géré par le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada, trois technologies de réacteurs différentes ont été financés: Terrestrial, Moltex et Westinghouse Electric Canada pour notre réacteur eVinci.
Par exemple, monsieur Collins, pour notre réacteur eVinci, nous avons reçu 27 millions de dollars. Ce n'est pas un don, c'est un accord de contribution et nous remboursons la somme, pour mémoire. Nous avons un accord de contribution de 27 millions de dollars afin d'accélérer l'investissement au Canada, dont 95 % seront effectués au Canada par des Canadiens pour accélérer cette technologie. Par ailleurs, nous allons mettre 40 millions de dollars de plus, juste pour le programme lié à notre projet dans le cadre du Fonds stratégique pour l'innovation. Cela ne comprend pas tout le travail que Westinghouse fait pour assurer la disponibilité de la technologie avec nos effectifs au Canada et dans le monde entier.
L'investissement dont j'ai parlé, les 27 millions plus les 40 millions de dollars, ne représente qu'une petite fraction de ce qui est nécessaire pour faire des progrès.
Cela dit, nous sommes une entité privée et nous avons une attente de rendement de l'investissement. En consultation avec les clients, il y a une exigence. Au lieu que je dise et que nous disions que nous n'avons pas besoin de clients, laissons les clients nous parler et laissons-les s'exprimer. Nous écoutons ceux qui veulent nous parler et qui viennent d'eux-mêmes chercher cette technologie auprès de Westinghouse, maintenant qu'ils la connaissent. Ils cherchent ces accumulateurs mobiles, transportables et efficaces de cinq mégawatts pour compléter ou remplacer les générateurs diesel de secours.
Les collectivités éloignées se sont levées pour dire que…
:
Mesdames et messieurs, je vais vous rappeler à l'ordre.
Vous travaillez si fort. Deux heures, c'est difficile. Nous commençons une troisième heure.
Nous aimerions souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous vous remercions de vous joindre à nous ce soir.
À titre personnel, et en personne, nous avons M. Jeremy Rayner, professeur. Du Conseil canadien des travailleurs du nucléaire, nous avons Robert Walker, le directeur national, et du Sylvia Fedoruk Canadian Centre for Nuclear Innovation, nous accueillons John Root, directeur exécutif. Bienvenue à tous.
Chaque organisation disposera de cinq minutes. Au bout de quatre minutes et demie, je brandirai un carton jaune, ce qui vous laissera 30 secondes pour terminer.
Sur ce, nous allons commencer.
Nous allons passer à M. Rayner. La parole est à vous.
:
Merci beaucoup, c'est un grand plaisir d'être ici ce soir.
Mon nom est Jeremy Rayner, politologue de formation et professeur à la Johnson Shoyama Graduate School of Public Policy de l'Université de la Saskatchewan. Mes recherches sur les implications des PRM en matière de politique officielle ont été financées au fil des ans par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Sylvia Fedoruk Canadian Centre for Nuclear Innovation.
En passant, je voudrais dire que j'ai été bouleversé d'entendre la suggestion faite plus tôt dans la soirée que tout le financement de la recherche sur les PRM soit acheminé par l'entremise du CRSNG. De nombreuses questions très importantes se posent, peut-être les plus importantes à propos des PRM, qui relèvent des sciences sociales et humaines par rapport à leur succès ou à leur échec.
J'ai eu la chance d'être en congé sabbatique cette année et j'ai passé une partie de ce temps au Dalton Nuclear Institute de l'Université de Manchester, au Royaume-Uni, à faire des recherches sur la mise au point des PRM au Royaume-Uni et en Europe. J'ai soumis au Comité quelques données écrites sous la forme d'une publication évaluée par des pairs.
J'aimerais dire d'abord qu'au Royaume-Uni et en Europe, le Canada est considéré comme un chef de file mondial de la politique et de la gouvernance des PRM. Nous sommes admirés pour l'étendue de la collaboration entre les provinces et le gouvernement fédéral; pour le soutien bipartite aux PRM qui donne confiance aux investisseurs; pour les processus relativement transparents de sélection des concepts de PRM; et pour les responsabilités et les échéanciers clairs établis dans la feuille de route des PRM, le plan d'intervention et le plan stratégique de cette année. Le défi consiste à maintenir notre position de chef de file et à traduire ce leadership dans la mise au point d'une technologie qui contribue vraiment à la réalisation de nos objectifs en matière d'énergie propre. Ma question a toujours été la suivante: quelle devrait être l'approche de la politique et de la gouvernance qui permettrait de tirer parti de ce départ réussi?
Les défenseurs des PRM tentent actuellement d'inscrire deux enjeux à l'ordre du jour de la politique fédérale et vous en avez entendu parler ce soir et lors de réunions précédentes de votre comité: les subventions et la réglementation. Je suis sûr que vous n'êtes pas étonnés d'apprendre que les défenseurs pensent que les PRM devraient attirer plus de subventions et moins de réglementation. En ce qui concerne les subventions, il existe un principe général de conception des politiques selon lequel il est préférable de soutenir les solutions à un problème plutôt que des technologies ou des secteurs particuliers. Dans une certaine mesure, bien sûr, le Canada a suivi cette voie grâce aux différentes initiatives de financement de l'énergie propre. J'attire votre attention sur la récente décision de l'Union européenne d'inclure l'énergie nucléaire dans certaines situations à titre d'investissement durable à des fins de financement. J'insiste pour que cette approche soit poursuivie.
La réglementation soulève l'enjeu crucial de la confiance du public dans les petits réacteurs modulaires. Si les PRM doivent réellement être une technologie transformatrice, plutôt qu'un simple ajout utile à nos options de production d'énergie, et c'est un objectif suffisant pour commencer, ils doivent être construits plus près des liens de vie et de travail que les grands réacteurs conventionnels. Cela ne sera possible que si nous parvenons à augmenter la confiance du public dans la sûreté nucléaire à de nouveaux niveaux. La réputation de la CCSN en matière de réglementation fondée sur des données probantes doit être préservée et les efforts visant à accélérer la délivrance de licences pour de nouveaux concepts doivent, à mon avis, être considérés avec une extrême circonspection.
Il y a aussi un enjeu que les défenseurs évitent soigneusement ou, au mieux, auquel ils répondent par des platitudes, à savoir la mobilisation du public. La mobilisation va mettre à l'épreuve la collaboration fédérale-provinciale et exiger une réflexion novatrice en matière de communication scientifique et d'application des connaissances. La tentation est grande d'attribuer la responsabilité de la mobilisation aux promoteurs, qui sont habituellement, dans ce cas-ci, des services publics, et c'est ainsi que fonctionnent les exigences de mobilisation dans les travaux d'évaluation environnementale fondés sur les projets. Comme dans d'autres cas impliquant des infrastructures et des ressources naturelles, il peut sembler logique d'imputer la responsabilité de la mobilisation aux promoteurs, mais cela soulève un problème bien connu qui sera probablement vécu très fortement dans le cas des PRM, comme vous l'avez déjà vu ce soir. Le problème tient au fait que les membres du public voudront soulever de vastes questions de politique publique et de réglementation sur les questions nucléaires qui dépassent la portée d'une évaluation fondée sur le projet et qui ne relèvent pas de la compétence d'un promoteur. Il s'agit par exemple de questions générales sur l'extraction d'uranium ou l'élimination du combustible nucléaire. Se contenter de leur dire qu'ils ne peuvent pas soulever de telles questions lors d'une évaluation ne va pas aider au déploiement des PRM et, à mon avis, nous devons trouver un moyen d'inclure ces questions plus larges dans les processus de mobilisation du public au Canada.
De plus, on peut affirmer sans craindre de se tromper qu'il n'y a pas d'avenir au Canada pour les PRM au-delà d'une poignée de projets de démonstration inédits qui se déroulent sur des sites déjà autorisés pour des centrales nucléaires sans le consentement préalable, éclairé et valable des peuples autochtones. Outre les nouveaux sites qui doivent être proposés sur des terres visées par un traité ou des terres sur lesquelles des droits non éteints sont revendiqués, les PRM pourraient nécessiter le transport de modules, dont certains pourraient être déjà alimentés en combustible, et l'élimination de déchets qui ne seront pas concentrés…
:
Merci, madame la présidente.
Bonsoir. Je suis Bob Walker, directeur national du Conseil canadien des travailleurs du nucléaire. Il est encourageant de voir l'intérêt que porte le Comité de la science et de la recherche aux petits réacteurs modulaires et aux avantages qu'offre le nucléaire, tant pour l'environnement que pour notre économie.
Je vais vous parler brièvement de notre Conseil, de notre point de vue sur l'industrie nucléaire canadienne et des PRM.
Notre Conseil a été créé en 1993 à titre d'association de syndicats représentant les travailleurs de l'industrie nucléaire canadienne. Cela va de l'extraction de l'uranium en Saskatchewan à la gestion des déchets nucléaires en passant par la production d'électricité. Le Conseil sert de porte-parole collectif. Nous organisons un congrès annuel dans différentes collectivités hôtes du nucléaire et nous avons des échanges réguliers avec les syndicats, l'industrie et l'organisme de réglementation. Vous trouverez de plus amples renseignements sur notre site Web.
Nous avons une industrie nucléaire faite au Canada très mature qui s'est appuyée sur le travail de pionnier entrepris par EACL il y a plus de sept décennies.
Le réacteur CANDU a été déployé en Ontario, au Nouveau-Brunswick et au Québec et a été exporté dans plusieurs autres pays. Les réacteurs CANDU sont une technologie éprouvée et fiable qui fournit actuellement environ 60 % de l'électricité de l'Ontario et 30 % de celle du Nouveau-Brunswick. Cette électricité est produite sans émission de carbone ni pollution atmosphérique. Les programmes de remise à neuf des réacteurs canadiens leur permettront de continuer à produire cette électricité propre pendant des dizaines d'années.
On l'a déjà dit, mais c'est suffisamment important pour qu'on le répète: l'énergie nucléaire a permis à l'Ontario de se libérer du charbon en fournissant à la fois de l'énergie propre et des emplois de qualité.
L'industrie compte plusieurs grandes sociétés qui fournissent des emplois à des milliers de Canadiens dans de nombreuses collectivités. Il s'agit d'emplois qualifiés, bien rémunérés et offrant d'excellentes conditions de travail. Je crois pouvoir parler avec une certaine autorité lorsque je dis que nos centrales nucléaires figurent parmi les lieux de travail les plus sûrs au monde. Nous avons besoin de plus d'emplois de qualité comme ceux-là.
L'industrie nucléaire canadienne est une industrie mature qui continue d'évoluer et de faire preuve d'innovation dans de nombreux domaines, comme la gestion des déchets radioactifs, les programmes en médecine nucléaire, y compris la production d'isotopes médicaux, et l'exploration de nouvelles possibilités à l'appui d'un avenir énergétique propre, notamment les PRM.
Nous pensons que l'importance de nos réacteurs CANDU ne peut être sous-estimée et que nous devons planifier la construction de nouveaux réacteurs d'échelle conventionnelle, mais certains marchés et certaines applications ne peuvent pas supporter les grands réacteurs, et les PRM offrent un excellent débouché.
Les PRM ont mis en évidence la capacité de l'énergie nucléaire de lutter contre les changements climatiques et le Canada a fait preuve d'un grand leadership pour faire avancer ce dossier grâce à la feuille de route et au plan d'intervention en matière de PRM, ainsi qu'à l'excellente coopération que nous avons constatée entre les provinces et les services publics pour examiner des possibilités de déployer et d'exploiter des PRM.
De nombreuses administrations dans le monde observent maintenant les progrès du Canada avec grand intérêt. Aujourd'hui, nous assistons à un véritable mouvement et à une véritable occasion avec les plans d'OPG de construire un PRM sur son site de Darlington et d'en construire trois autres un jour. Saskatchewan Power devrait construire son propre PRM une fois que celui d'OPG aura fait se preuves. À Cambridge, BWXT espère fabriquer des composants pour ce BWRX-300, à la fois pour un usage au pays et pour l'exportation, notamment vers la Pologne. Énergie NB travaille avec Moltex et ARC pour mettre au point des technologies de PRM avancées. Global First Power poursuit son projet de microréacteur modulaire sur le site de CBL à Chalk River, et Westinghouse, comme vous l'avez entendu, collabore avec le Saskatchewan Research Council et Bruce Power pour faire progresser son microréacteur eVinci.
Les PRM peuvent aider le monde à combler ses besoins en énergie propre et une grande occasion s'offre au Canada en sa qualité de chef de file précoce.
En conclusion, l'industrie nucléaire est très importante pour le Canada. Depuis des décennies, elle produit de l'électricité fiable, abordable et sans émission. Elle produit des isotopes utilisés pour nos soins de santé de qualité et elle soutient de nombreux emplois locaux de qualité. Ce sont des emplois formidables.
Les PRM ont retenu beaucoup l'attention et font partie des discussions mondiales sur la lutte contre les changements climatiques en tant que source d'énergie sans émission. Le Canada a l'occasion de poursuivre ce leadership. L'industrie nucléaire canadienne a été créée avec l'aide du gouvernement canadien, mais cette aide n'a pas été aussi constante et encourageante que nous pensons qu'il serait justifié qu'elle le soit.
Nous aimerions que le gouvernement se fasse le champion de notre industrie nucléaire, qui constitue un élément important de la solution pour lutter contre les changements climatiques, fournir des emplois de qualité et favoriser la sécurité énergétique.
Merci beaucoup de vous pencher sur ce sujet et merci de m'avoir accordé ce temps de parole.
Merci, madame la présidente.
Je suis honoré de l'invitation à participer avec un groupe de témoins à cette importante étude sur les petits réacteurs modulaires.
J'occupe le poste de directeur exécutif du Sylvia Fedoruk Canadian Centre for Nuclear Innovation. Nous sommes une société à but non lucratif avec un seul membre institutionnel, soit l'Université de la Saskatchewan, mais nous avons un conseil d'administration entièrement indépendant.
Le Centre Fedoruk est financé dans le cadre d'une entente avec Innovation Saskatchewan, un organisme de la province, ainsi que par des revenus provenant de tierces parties pour les biens et services que nous fournissons.
Le Centre Fedoruk a pour objectif d'aider à ériger la Saskatchewan au rang des chefs de file mondiaux de la recherche, du développement et de la formation dans le domaine nucléaire grâce à quatre activités clés. Premièrement, nous finançons des projets de recherche menés par des chercheurs de la Saskatchewan sur le sujet nucléaire de leur choix. Deuxièmement, nous nous associons à des établissements de la Saskatchewan pour les aider à mettre en place de nouveaux chefs de file au sein de leur corps professoral sur des sujets dans le domaine nucléaire, conformément à leurs plans stratégiques. Troisièmement, nous exploitons une installation nucléaire, le Saskatchewan Centre for Cyclotron Sciences. Il s'agit d'une ressource pour l'innovation en imagerie nucléaire en santé et en sécurité alimentaire. Quatrièmement, nous mettons sur pied des ressources consultatives pour le public et les décideurs politiques. Nous facilitons des partenariats et lançons des entreprises liées à l'innovation nucléaire. Nous avons pour mission d'aider la Saskatchewan à s'engager dans à peu près tout ce qui se rapporte au nucléaire.
À l'heure actuelle, la Saskatchewan travaille de concert avec l'Alberta, l'Ontario et le Nouveau-Brunswick en vue de mettre en oeuvre de petits réacteurs nucléaires pour aider à réaliser l'objectif du Canada d'un avenir énergétique plus propre et pour stimuler une vaste gamme d'activités économiques et de bienfaits sociaux découlant de cette technologie novatrice. Il semble très probable que la Saskatchewan intégrera sa première centrale nucléaire dans son réseau électronique vers le milieu des années 2030. Nous procéderons ensuite par étapes pour remplacer les combustibles fossiles par une nouvelle source de charge de base à laquelle d'autres technologies d'énergie propre pourront se greffer.
Il est aussi raisonnable d'envisager l'utilisation de très petits réacteurs nucléaires pour alimenter les industries d'extraction de ressources situées loin du réseau qui, autrement, devraient brûler des combustibles fossiles pour disposer de l'énergie nécessaire à leur fonctionnement.
Le déploiement d'une technologie d'énergie nucléaire en Saskatchewan contribuerait non seulement à faire progresser le Canada vers la réduction du fardeau des gaz à effet de serre sur notre planète, mais pourrait aussi créer des possibilités de recherche et d'innovation dans des domaines connexes, dans les disciplines liées à la production d'électricité. Par exemple, nous pourrions ajouter de la valeur à l'uranium extrait en Saskatchewan. Nous pourrions peut-être enrichir l'uranium et fabriquer des combustibles enrichis. À l'heure actuelle, ces deux activités économiques ne sont réalisées qu'à l'extérieur du Canada; il est donc possible de créer une nouvelle valeur si nous y consacrons des efforts.
Une autre possibilité consiste à fabriquer des composants de qualité nucléaire en Saskatchewan. Cela permettrait à des entreprises de la Saskatchewan de contribuer à la chaîne d'approvisionnement canadienne pour la construction de PRM. Nous pourrions peut-être participer à la gestion responsable du combustible usé dans un objectif de protection de l'environnement.
La Saskatchewan aura besoin de personnes pour servir d'opérateurs, de techniciens, de concepteurs, de constructeurs, de responsables de la réglementation, d'ingénieurs en sécurité, d'architectes de système de contrôle et d'experts en sécurité. Cela signifie que nous devrons créer de nombreux nouveaux emplois en Saskatchewan et les pourvoir avec des personnes de tous niveaux de scolarité. Cela signifie que nous devons commencer dès maintenant à établir une nouvelle capacité de leadership en recherche et en éducation dans le domaine nucléaire dans les établissements postsecondaires de la Saskatchewan. Il n'y en a que trois principaux ici, soit l'Université de la Saskatchewan, l'Université de Regina et la Saskatchewan Polytechnic.
Le moment est venu d'attirer de nouveaux chefs de file qui peuvent créer des programmes éducatifs et s'imposer comme des gardiens du savoir dignes de confiance vers lesquels le public peut se tourner pour obtenir des conseils impartiaux sur des sujets nucléaires. En nous tournant vers eux, nous pouvons apprendre comment fonctionne l'énergie nucléaire, comment la sûreté nucléaire est assurée, comment nous pouvons atténuer les impacts environnementaux, comment nous pouvons engager des conversations publiques respectueuses, et…
:
Oui. J'étais à l'écoute plus tôt et j'ai entendu cette question.
Nous comptons parmi nos membres des syndicats représentant des gens de l'industrie minière de la Saskatchewan, ceux qui fabriquent le combustible en Ontario et qui exploitent des centrales nucléaires et ceux de la construction, ainsi que le conseil des métiers de la construction de l'Ontario. C'est vraiment toute la gamme.
Je sais que les syndicats de la construction sont très actifs pour s'efforcer de déterminer combien de personnes seront nécessaires. Ils examinent tous les projets de l'industrie nucléaire et tous les grands projets d'infrastructure, en essayant d'avoir une idée du nombre de personnes qui seront nécessaires et s'assurant de travailler avec leurs employeurs pour recruter et former ces personnes.
Je sais qu'on a décrit la situation comme un enjeu, surtout pour les soudeurs, et que beaucoup d'efforts sont déployés dans ce domaine.
:
Si vous m'aviez posé la question quand j'ai commencé, j'aurais répondu que la grande majorité était des hommes. C'est en train de changer. Le changement s'est amorcé depuis longtemps et il se poursuit.
Nous voyons beaucoup de femmes en ingénierie, dans les professions des STIM, dans les emplois de type civil et nous avons vu beaucoup de femmes dans des postes d'opératrice nucléaire.
C'est dans les métiers que nous sommes vraiment à la traîne. Nous ne voyons pas autant de femmes que nous le souhaiterions dans les métiers de la mécanique et de l'électricité, mais beaucoup de travail est en cours pour essayer d'améliorer la situation. Je suis moi-même allé dans des écoles avec des gens de métier qui m'accompagnaient pour parler aux élèves de ce à quoi ressemblent vraiment ces emplois. Les gens pensent que ce sont des emplois sales, mais ce n'est pas le cas.
Si vous voyiez un ouvrier qualifié au travail, vous ne sauriez pas ce qu'il fait. C'est un travail de haute technologie, un travail hautement qualifié et un travail très gratifiant. Lorsque nous amenons de jeunes travailleuses de métiers pour parler de leur profession à des femmes dans les écoles, elles s'enthousiasment et s'intéressent à ces métiers, alors nous devons le faire plus souvent.
:
Merci, madame la présidente.
Je vais adresser mes questions à M. Rayner.
Nous avons entendu beaucoup de préoccupations de la part du grand public, ici et ailleurs dans le monde, au sujet de l'énergie nucléaire. Les gens pensent généralement à des incidents comme Three Mile Island, Chernobyl ou Fukushima. Je pense que lorsque nous parlons de petits réacteurs nucléaires, de petits réacteurs modulaires et de réacteurs encore plus petits, comme les micros et les très petits, nous avons affaire à une situation assez différente, et je soupçonne que les risques sont eux aussi assez différents.
Pouvez-vous nous parler de la nature des risques, de la nature du potentiel de catastrophes environnementales comme celle de Three Mile Island ou de Chernobyl, en ce qui concerne les petits réacteurs nucléaires et les petites unités similaires?
:
Bien sûr. Évidemment, je pense que vous avez raison de dire qu'en fait de quantités de matières fissibles et de quantités de radioactivité susceptibles d'être libérées et ainsi de suite en cas d'accident d'un petit réacteur, les défenseurs des petits réacteurs ont tout à fait raison de dire qu'ils sont très différents de ce que nous verrions avec un très grand réacteur.
Je pense que nous devons prendre en compte avec les réacteurs, comme je l'ai dit dans ma déclaration, que nous avons tendance à construire les grands réacteurs loin des populations pour les raisons que nous avons déjà évoquées. Si nous ne pouvons pas les construire loin des populations, nous avons tendance à construire les grands réacteurs avec de très grandes zones d'exclusion pour protéger la population des conséquences d'un accident.
Si les petits réacteurs modulaires doivent tenir leur promesse pour les différentes applications qui sont proposées pour eux, ils devront être très proches des populations.
J'aimerais demander aux membres du Comité de se livrer à un exercice mental. Je me suis rendu à pied à la réunion de ce soir, au milieu de chantiers de construction énormes qu'on voit pousser un peu partout, comme vous le faites, j'en suis sûr, tous les jours. Je suis passé devant un conteneur maritime qui bourdonnait légèrement. J'imagine qu'il y avait un climatiseur à l'intérieur ou quelque chose du genre, et je ne m'en suis pas préoccupé. Imaginez qu'il s'agisse d'un petit réacteur nucléaire du type de ceux que nous avons entendu décrire lors de la dernière séance, qui tiendrait dans un conteneur d'expédition et qui se trouverait dans une rue d'Ottawa, comme l'ont proposé certains partisans des petits réacteurs, et ce, de manière très intéressante, je pense. Je pense que les PRM peuvent faire des choses pour nous que les gros réacteurs ne peuvent pas faire.
Dans ce cas, je pense que nous devrions examiner très attentivement non seulement le risque objectif de ce qu'on trouve à l'intérieur et ce qui se passerait en cas d'accident, mais aussi les perceptions subjectives des personnes qui seraient appelées à passer devant tous les jours.
:
Certainement. Je vous remercie de cette question.
Le Royaume-Uni et une grande partie du reste de l'Europe s'intéressent aussi aux PRM, et ce, pour la même raison que le Canada. Ils ont des industries nucléaires matures et ils ont beaucoup de savoir-faire et ils avaient très peu d'occasions, jusqu'à récemment, de construire de nouvelles centrales nucléaires de très grande envergure. Les PRM sont un moyen évident de maintenir ce savoir-faire scientifique actif et vivant et d'y recruter de nouvelles personnes. C'est compatible avec le programme d'innovation et celui du milieu scientifique.
Cependant, lorsque les gens ont commencé à étudier ce que les PRM pouvaient faire, comme je l'ai dit, ils se sont véritablement intéressés aux différentes applications des PRM raccordés au réseau électrique. Par exemple, nous constatons en Finlande un intérêt comme il y en a eu au Canada pour les applications nordiques et éloignées des très petits réacteurs. Nous voyons le même intérêt en France, qui était au départ très opposée à l'idée des PRM et s'en est tenue aux grands réacteurs qu'elle possède. Là encore, les PRM suscitent un intérêt en raison des différentes possibilités qu'ils offrent.
Je pense qu'il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les Européens s'intéressent aux PRM.
:
Merci à tous nos témoins.
J'aimerais poursuivre avec M. Rayner pour revenir sur ses commentaires sur la nécessité d'une bonne mobilisation publique, en particulier en ce qui concerne le consentement préalable, libre et éclairé que vous avez mentionné par rapport aux Premières Nations.
Par exemple, nous avons une situation à Chalk River, où la Première nation de Kabaowek est… Je ne veux pas parler en leur nom, mais ils semblent manifestement très préoccupés par ce qui se passe à Chalk River sans leur consentement. Ils veulent un nouvel examen complet de la gestion des déchets nucléaires au Canada. Ils ont vraiment fait valoir qu'on ne leur a pas ménagé la place voulue dans ce dossier, ni dans le passé ni dans le présent. Les chefs des Premières Nations de l'Ontario ont publié une déclaration très ferme contre l'utilisation de cette justification de l'emploi de PRM dans les collectivités éloignées des Premières Nations, l'une des premières utilisations envisagées pour cette technologie.
J'ai été intéressé d'entendre vos commentaires selon lesquels nous ne devrions pas nous précipiter. Je ne cesse de penser à la façon dont un bon nombre de nos politiques énergétiques antérieures ont été précipitées, puis retardées en raison de l'absence de consultation adéquate des Premières Nations en particulier. Dans cette hâte de construire des oléoducs, etc., nous avons fini par les retarder parce que les tribunaux sont intervenus et qu'ils ont conclu que la consultation n'avait pas eu lieu correctement.
Pourriez-vous nous dire si nous nous précipitons et si nous ne faisons pas un bon travail dans le domaine des PRM en ce qui concerne les Premières Nations en particulier?
Ce sont des questions très importantes, mais j'aimerais faire la distinction entre ce genre de questions qui surgissent en raison d'événements antérieurs par rapport aux Premières Nations. Il y a des legs d'une mauvaise mobilisation. En ce qui concerne Chalk River, je crains de ne pas connaître assez bien le dossier pour dire si c'est le cas.
Nous devons nous rappeler que dans le passé, bien sûr, et c'est le cas dans le Nord de la Saskatchewan, l'exploitation minière de l'uranium a été entreprise très rapidement pour des raisons de sécurité nationale dans les années 1940 et 1950, et il a fallu beaucoup de temps pour surmonter ce passé, mais je dois dire que Cameco est un chef de file mondial en matière de mobilisation des Autochtones, et cela montre qu'il est effectivement possible de corriger les erreurs du passé et de regagner la confiance des Autochtones.
Je pense que les nouveaux projets de PRM sont intéressants. Certains travaux que nous avons menés et qui ont été financés par le Centre Fedoruk laissent entrevoir un intérêt considérable de la part des populations autochtones en ce qui concerne la pauvreté et l'insécurité énergétiques avec lesquelles ces nations autochtones vivent au quotidien, mais elles souhaitent en savoir plus auparavant. Elles souhaitent savoir exactement dans quoi elles s'engagent et, comme vous l'avez dit, elles veulent obtenir des réponses à des questions, comme qu'adviendra-t-il de ce combustible lorsqu'il sera épuisé et qu'adviendra-t-il de l'installation si elle doit être enlevée, ainsi de suite.
Ce sont des questions auxquelles les gens tentent de répondre, mais premièrement, nous ne devrions pas perdre de vue l'objectif ici, et deuxièmement, je pense que c'est un rôle vraiment important pour le gouvernement fédéral au Canada: essayer de faire en sorte que ces consultations aient lieu et que le consentement approprié soit demandé et accordé.
:
Le premier élément dont nous disposons est un organisme de réglementation indépendant. Je pense que c'est très important et que nous ne devrions rien faire pour compromettre son indépendance.
La CCSN participe depuis 2014 au groupe de travail sur les PRM de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui se penche sur les questions de réglementation.
Ma préoccupation à propos de la CCSN est qu'elle considère, à juste titre, que ce n'est pas son rôle de participer à cet exercice de mobilisation au nom d'un concept, d'une utilisation ou de quoi que ce soit d'autre. Nous devons nous demander d'où viendra la mobilisation qui permettra au moins d'entendre les préoccupations que le public peut avoir, sinon d'y répondre. Je pense qu'il est malheureux que la bataille autour de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale et de ses modifications subséquentes ait fait rage comme elle l'a fait, parce qu'elle a eu tendance à adopter une définition très étroite des données probantes dont il faut tenir compte dans une évaluation.
Si nous ne voulons pas rouvrir cette question, il serait utile que nous ayons un autre type de tribune où nous pourrions discuter de ce genre de questions. En Saskatchewan, lorsque nous avons essayé de le faire avec le Comité de mise en valeur de l'uranium, nous avons découvert encore une fois que les gens ont besoin de renseignements auxquels ils peuvent se fier et de quelqu'un qui répondra à leurs questions.
:
Merci, madame la présidente.
J'ai la même question à poser à MM. Rayner et Root, si vous le permettez, à propos de tout ce qui concerne la mobilisation du public dont nous avons déjà parlé. En tant que conseiller municipal de longue date, j'ai assisté à de nombreuses réunions sur l'énergie provenant des déchets et lorsque le promoteur venait en ville, une foule assistait à la réunion, presque une foule munie de fourches et de torches qui arrivait avec un très grand scepticisme en ce qui concerne la technologie proposée et les effets qu'elle aurait sur la communauté lorsqu'elle serait opérationnelle.
Monsieur Rayner, j'ai écouté avec intérêt vos commentaires sur la confiance du public. Je me demande ce que vous suggérez ou recommandez à propos du rôle du gouvernement fédéral en matière d'éducation et de mobilisation du public. Vous en avez beaucoup parlé en ce qui concerne la dimension autochtone, mais pour ce qui est de votre commentaire selon lequel, pour que ces PRM aient un effet transformateur, ils doivent être construits plus près de l'endroit où les gens vivent et travaillent, je m'imagine dans ma circonscription… Un témoin précédent a mentionné que c'était idéal pour l'industrie sidérurgique, et je viens de Hamilton, alors je me suis dit que si quelqu'un venait le proposer dans ma circonscription, je peux deviner quelle serait la réaction des quartiers autour de l'aciérie, qui engendre déjà des nuisances environnementales et pires encore.
Pouvez-vous me dire quel rôle nous jouons en déchargeant de cette obligation l'entreprise et le promoteur, qui sont motivés par le profit, devant ce niveau de scepticisme de la communauté, et en prenant sur nous une partie du fardeau de faciliter ce processus? Si ces avantages sont tels que ce que les gens prétendent, nous voulons les voir pour différentes raisons, mais lorsque ces projets feront leur chemin jusqu'aux collectivités du Canada, je crains qu'il n'y ait une grande résistance de la population.
Je suis désolé pour cette longue question, mais je vous demanderais, ainsi qu'à M. Root, de nous aider à cet égard.
:
Je ne connais pas le nombre d'emplois. Cela dépend de la technologie dont nous parlons. J'ai entendu des chiffres de l'ordre de 150 pour les PRM à l'échelle d'un réseau. Les emplois dans le secteur de la construction seraient beaucoup plus nombreux.
En ce qui concerne la formation, j'ai commencé ma carrière à Uranium City, en Saskatchewan. Eldorado Nuclear a fermé la mine. J'ai dû me recycler, alors je suis allé au Collège communautaire de La Ronge, en Saskatchewan, où j'ai été formé pour travailler à la nouvelle mine d'uranium de Key Lake. Ce recyclage peut se faire localement. Cela date de dizaine d'années dans mon cas et cela peut se reproduire.
Pour un opérateur nucléaire, cela dépendra de la technologie. Le programme de formation pour nos grands réacteurs est assez long. Théoriquement, il s'adresserait à des diplômés de l'école secondaire, mais généralement, ils prennent des diplômés de programmes collégiaux et, parfois, de programmes universitaires. Il s'agit d'une formation de deux ans.