Bienvenue à la 110e réunion du Comité permanent des sciences et de la recherche de la Chambre des communes.
Avant de commencer, j'invite tous les participants présents dans la salle à lire les consignes qui ont été mises à jour sur les cartes devant vous. Ces mesures visent à prévenir les incidents de rétroaction acoustique et à protéger la santé et la sécurité de tous les participants, notamment des interprètes. Vous remarquerez également un code QR sur la carte qui donne accès à une courte vidéo explicative. Je ne vous conseille pas de la regarder maintenant parce que je ne sais pas d'où elle provient.
La réunion se déroule aujourd'hui en mode hybride.
J'ai quelques rappels à faire à tous les participants. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole et toujours adresser vos commentaires à la présidence. Que vous participiez en personne ou par Zoom, veuillez lever la main si vous souhaitez prendre la parole. Le greffier et moi‑même allons gérer de notre mieux l'ordre des interventions. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, et je pense que ce sera le cas de certains témoins du deuxième groupe, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro et le mettre en sourdine quand vous ne parlez pas. Pour avoir l'interprétation sur Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Merci à tous de votre collaboration.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez‑moi de faire le point sur les témoins que nous avons invités. Nous avons maintenant reçu la confirmation que nos deux ministres comparaîtront juste après la pause des fêtes. La présence du est confirmée pour la deuxième semaine — laissez‑moi terminer, s'il vous plaît — et le a répondu qu'il viendrait « au début de la nouvelle année ». Comme le calendrier de nos réunions sera probablement modifié, nous ne connaissons donc pas la date exacte, mais c'est l'engagement qu'il a pris.
Monsieur Tochor, vous avez levé la main?
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Je vous remercie, madame la présidente, pour ces précisions.
J'ai une question. Voici ce qui se passe ici. Nous avons convoqué les ministres et nous n'avons cessé de les relancer pour qu'ils viennent nous expliquer ce qui se passe. Leur excuse est toujours la même, soit que l'organisation‑cadre n'a pas encore été établie. Nous avons besoin de savoir... d'avoir l'avis du ministre afin qu'il puisse enfin nous parler de cette organisation‑cadre. C'est le but des discussions. C'est pour que le ministre puisse entendre des témoins et nous‑mêmes au sujet de cette organisation-cadre, mais il va attendre à nouvelle année avant de revenir nous rencontrer. C'est inacceptable.
Le ministre ne devrait pas nous parler. C'est nous qui devrions lui parler. Le fait que les ministres disent qu'ils ne viendront pas avant telle date... Nous ne connaissons même pas cette date, parce que le calendrier de nos réunions n'a pas encore été établi, nous ne savons pas si ce sera lundi, mardi, mercredi ou jeudi. Qui le sait? En réalité, ces deux ministres devraient être ici, parce que nous... et ils retardent notre étude de cette question, ils ne veulent pas que nous nous en mêlions, ce qui veut dire qu'ils ont déjà établi les contours de cette organisation‑cadre. Cela est inacceptable pour le Comité. C'est très préoccupant d'entendre cela. Nous sommes censés avoir notre mot à dire à ce sujet, et nous ne l'avons pas, madame la présidente.
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Je suis désolée, je n'ai pas entendu le début de votre intervention, car je n'avais pas la traduction. Nous leur avons proposé toutes ces dates, mais c'est la réponse que nous avons obtenue. Nous allons maintenant entendre nos témoins et les remercier de leur patience.
Conformément à l'alinéa 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 17 septembre 2024, le Comité reprend son étude de la mission, du mandat, du rôle, de la structure et du financement de la nouvelle organisation‑cadre de financement de la recherche annoncé dans le budget de 2024.
J'ai le plaisir d'accueillir Michelle Boudreau, sous‑ministre adjointe déléguée, Direction générale des politiques de santé, du ministère de la Santé et Nipun Vats, sous‑ministre adjoint, Secteur des sciences et de la recherche, du ministère de l'Industrie.
Vous disposerez de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions.
Monsieur Vats, je vous invite à prononcer votre déclaration préliminaire. Vous avez cinq minutes, allez‑y.
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Madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de votre invitation. Je signale que je me trouve sur le territoire traditionnel non cédé et non abandonné du peuple algonquin anishinabe. Je suis ici pour parler de l'organisation‑cadre de financement de la recherche en tant que pilier du plan du gouvernement de modernisation du système de soutien à la recherche.
[Français]
En tant que sous-ministre adjoint du Secteur des sciences et de la recherche à Innovation, Sciences et Développement économique Canada, ou ISDE, je suis responsable de gérer les politiques et les programmes liés au financement fédéral de la recherche postsecondaire.
[Traduction]
Le portefeuille d'ISDE soutient les chercheurs par le biais de deux des trois conseils subventionnaires fédéraux, comme vous le savez, soit le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le CRSNG, et le Conseil de recherches en sciences humaines, le CRSH. Le troisième organisme subventionnaire, les Instituts de recherche en santé du Canada, relève du portefeuille de la Santé, et ma collègue vous en parlera également aujourd'hui. Ensemble, ces trois conseils forment l'épine dorsale du système fédéral de soutien à la recherche que nous connaissons aujourd'hui, avec la Fondation canadienne pour l'innovation, qui finance l'infrastructure de recherche.
[Français]
Les conseils subventionnaires ont très bien réussi à remplir leur mandat et à soutenir les progrès sociaux et technologiques ainsi que ceux liés à la santé publique. Toutefois, les défis que nous devons affronter aujourd'hui sont beaucoup plus complexes et interconnectés que ceux survenus lors de la création de ces structures.
[Traduction]
De plus en plus, les chercheurs travaillent dans le cadre de projets interdisciplinaires, intersectoriels et internationaux pour trouver des solutions à des problèmes multidimensionnels liés, par exemple, à la santé publique et à la viabilité de l'environnement. Cependant, la fragmentation du système de financement limite le soutien destiné à des solutions transversales et nuit à la coordination requise pour relever efficacement ces défis.
Ce problème a été reconnu par le comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche, qui a été mis sur pied pour recueillir les conseils d'experts indépendants quant à la structure et à la gouvernance du système fédéral qui soutient la recherche et les talents et quant aux possibilités d'investissement dans la recherche pour en optimiser l'impact.
Le comité consultatif a notamment recommandé la création d'une nouvelle structure dans le but d'améliorer la coordination, la collaboration et l'agilité, de donner une orientation stratégique au soutien à la recherche et de moderniser le système de financement de la recherche. L'organisation‑cadre répond directement à ces objectifs et constitue un engagement à renforcer et à bâtir un écosystème de recherche plus résilient.
L'organisation‑cadre intégrerait les trois conseils subventionnaires fédéraux au sein d'une seule organisation fédérale de financement de la recherche. Les IRSC, le CRSNG et le CRSH en deviendraient les conseils de recherche constitutifs. Cette organisation‑cadre ne ferait pas que chapeauter trois conseils distincts, elle fournirait également une structure de gouvernance unifiée qui favoriserait la coordination et la collaboration multidisciplinaires.
Elle serait dirigée par un seul conseil d'administration, dont la composition serait diversifiée, qui serait responsable de la gouvernance stratégique, ainsi que par un président‑directeur général responsable des activités quotidiennes. Cette gouvernance favoriserait la coordination à l'échelle de l'organisation, tout en améliorant le soutien à la recherche et aux partenariats multidisciplinaires et multisectoriels à l'intérieur et à l'extérieur du Canada et en préservant le leadership actuellement exercé par les conseils subventionnaires dans leurs disciplines respectives.
Elle maintiendrait également des liens essentiels avec la Fondation canadienne pour l'innovation, compte tenu des liens existants entre la recherche et l'infrastructure de recherche, et veillerait à ce que l'organisation joue un rôle actif dans l'écosystème scientifique en général.
[Français]
Un objectif clé de cette nouvelle structure est de soutenir tous les types de recherche et tous les chercheurs. Cela comprend la recherche menée par les chercheurs, qui est essentielle pour générer les connaissances fondamentales, grâce à de nouvelles idées, théories et connaissances; des recherches pouvant apporter des solutions pratiques à des défis sociétaux précis; et une recherche plus stratégique ou appliquée, où les résultats peuvent être traduits en applications.
L'organisation-cadre viserait à aider à combler les écarts entre ces types de recherche et entre les disciplines et les secteurs afin de relever efficacement les défis nationaux et mondiaux, de stimuler l'innovation et d'améliorer la qualité de vie de la population canadienne.
[Traduction]
La liberté universitaire demeurerait un principe fondamental de l'organisation‑cadre pour faire en sorte que le financement de la recherche soit fondé sur des normes reconnues à l'échelle internationale en matière d'excellence scientifique, d'éthique et d'évaluation par les pairs et d'évaluation du mérite.
De plus, l'organisation‑cadre continuerait à faire avancer la recherche sur l'équité, la diversité et l'inclusion, tout en veillant à ce que les chercheurs attachés à des groupes en quête d'équité aient un accès équitable au financement. Cela comprend le renforcement de la capacité de recherche des chercheurs et des communautés autochtones et la promotion d'une compréhension plus inclusive du monde grâce aux connaissances autochtones.
Cette organisation‑cadre continuerait aussi à soutenir la recherche en langue française afin que les communautés francophones puissent contribuer aux avancées scientifiques et profiter de leurs retombées.
[Français]
L'organisation-cadre améliorerait la réputation scientifique mondiale du Canada grâce à une coordination et à une collaboration améliorées ainsi qu'en intégrant davantage diverses perspectives qui sont essentielles pour relever efficacement des défis sociétaux complexes.
[Traduction]
En terminant, je tiens à remercier le milieu de la recherche, notamment le conseil consultatif, de leurs précieuses contributions. Je remercie également le Comité d'avoir entrepris cette étude. Le maintien d'un dialogue nous permettra de veiller à ce que l'organisation‑cadre réponde aux besoins de la collectivité et serve les intérêts de l'ensemble du pays.
Je vous remercie de m'avoir consacré du temps et de votre important travail. Je répondrai volontiers à vos questions.
Merci.
:
Madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à vous aujourd'hui.
Je tiens d'abord à souligner que je m'adresse à vous à partir du territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
Je m'appelle Michelle Boudreau. Comme vous le savez, je suis sous‑ministre adjointe déléguée de la Direction générale de la politique de la santé à Santé Canada et je travaille en étroite collaboration avec mon collègue d'ISDE, Nipun Vats, qui vient de s'adresser à vous.
Je ne reviendrai pas sur les sujets que mon collègue a abordés dans sa déclaration. Je vais plutôt utiliser ces quelques minutes pour parler de la recherche en santé et de son importance pour la santé des Canadiens.
La recherche en santé fournit les données probantes et les connaissances scientifiques nécessaires pour favoriser la santé et le bien‑être des Canadiens. Elle est cruciale pour les décideurs de tous les ordres de gouvernement. La recherche en santé aide également les professionnels de la santé, les décideurs, les administrateurs du système de santé et d'autres intervenants à prendre des décisions éclairées.
Le Canada peut compter sur une solide communauté de chercheurs en santé, grâce à la recherche qui se fait dans les universités, les collèges et les écoles polytechniques ainsi que dans les hôpitaux, les instituts de recherche affiliés et les établissements de recherche gouvernementaux et privés.
Les Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC, jouent un rôle central dans l'essor de cette dynamique communauté de recherche en santé au Canada.
La recherche et les innovations en santé ne cessent d'évoluer en fonction des enjeux complexes et émergents qui ont une incidence sur la santé des gens. C'est pourquoi la recherche est devenue de plus en plus collaborative. C'est justement à cet égard que l'organisation‑cadre jouera un rôle essentiel.
Nous prévoyons cette organisation‑cadre, dont le but est d'optimiser l'impact de la recherche en stimulant la collaboration et en soutenant plus efficacement la recherche interdisciplinaire et intersectorielle, contribuera grandement à améliorer la santé de tous les Canadiens.
[Français]
Réunir la santé, les sciences sociales et les sciences naturelles permettra de créer des occasions pour aborder les disparités qui touchent la santé et le mieux-être des personnes noires et racialisées, des personnes handicapées, des personnes 2ELGBTQI+ et d'autres communautés.
Nous voyons également une occasion de faire avancer la réconciliation en favorisant la collaboration et l'élaboration conjointe avec les communautés autochtones, les organisations et les universitaires pour remédier aux disparités qui touchent la santé et le mieux-être des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Nous avons entendu dire, au sein de la communauté de la recherche, que de maintenir des liens solides entre l'organisation-cadre, les Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, le de la Santé et d'autres partenaires de la santé sera essentiel à la réussite de l'organisation-cadre. Nous demeurons déterminés à préserver ces liens.
Ces liens seront également essentiels pour s'assurer que les problèmes de santé émergents sont mis en avant, que les données probantes de la recherche éclairent les politiques de santé, les programmes et la réglementation, et que la recherche en santé est intégrée aux initiatives stratégiques.
À Santé Canada, en particulier, nos liens profonds et durables avec les IRSC, et, par leur intermédiaire, avec la communauté de la recherche en santé, nous permettent d'appliquer les données probantes de la recherche à notre travail.
Grâce à notre collaboration avec les IRSC, nous sommes également en mesure d'aider la communauté canadienne de la recherche en santé à mieux comprendre les questions et les enjeux cruciaux auxquels nous devons faire face, ce qui se traduit par l'élaboration de conseils plus ciblés et une recherche en santé plus efficace.
Je terminerai mes remarques sur ce point. Je souligne que ma collègue la Dre Clifford, présidente par intérim des IRSC, comparaîtra également plus tard, aujourd'hui. Elle sera en mesure de vous donner plus de détails sur les commentaires du milieu de la recherche en santé quant à l’organisation-cadre.
Je vous remercie de m'avoir accordé du temps de parole, aujourd'hui, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je tiens moi aussi à exprimer mes préoccupations de voir que le n'est pas encore venu témoigner cet automne. Je pense que nous avons été assez clairs à ce sujet. C'est très frustrant.
Je dois toutefois souligner que M. Vats a répondu à plusieurs de nos questions. Je voulais notamment savoir si nous allions fusionner les trois conseils pour former la nouvelle organisation‑cadre. Je pense que vous avez mentionné que ce serait le cas. Ils seront regroupés.
Nous avons également constaté que l'argent consacré à certaines études est envoyé aux États‑Unis et vers d'autres pays. Des témoins nous ont dit que les Américains investissaient des sommes faramineuses dans la recherche.
Selon vous, comment cette organisation‑cadre va gérer le financement plus ciblé destiné à la recherche? Si l'on regarde ce qui se fait ailleurs et ce qui est dans l'intérêt du Canada, que devons‑nous faire pour que des chercheurs canadiens obtiennent cet argent... afin de mieux positionner le Canada dans le monde, je suppose?
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Tout d'abord, permettez‑moi de clarifier votre premier commentaire concernant la fusion des conseils.
Notre but, c'est de favoriser l'intégration tout en continuant à faire appel à l'expertise de ces conseils spécialisés en sciences naturelles, en génie ou en santé. Nous avons parfois besoin de regrouper leurs compétences pour régler un problème comme la pandémie, qui requiert la mobilisation de diverses disciplines. Ce sera le rôle de l'organisation‑cadre. Elle assumera la responsabilité générale de la gouvernance pour l'ensemble de l'organisation. Nous n'essayons pas de minimiser l'importance des domaines de recherche spécifiques qui y contribuent.
En ce qui concerne notre place sur la scène internationale, je pense que l'un des points qui a été soulevé dans le rapport Bouchard et qui l'a également été dans les consultations qui ont été menées, c'est que le Canada s'en tire très bien pour ce qui est de la collaboration internationale initiée par les chercheurs, mais ce n'est pas nécessairement perçu comme étant dans les intérêts stratégiques du pays dans son ensemble. La collaboration est quelque chose de naturel pour un chercheur. Un chercheur va trouver les meilleures personnes avec qui travailler n'importe où dans le monde pour faire avancer les connaissances, pourvu que cela respecte certains principes importants. Pour nous, il s'agit de la sécurité de la recherche ou des éléments garantissant l'intégrité de la recherche.
Cependant, les chercheurs indépendants ne sont pas nécessairement prêts, collectivement, à partager leurs compétences particulières et à travailler avec des partenaires de confiance pour faire avancer la collaboration et la recherche pouvant procurer des avantages pour l'économie et la sécurité de notre pays ou pour notre société.
Il peut arriver que nous souhaitions collaborer sur de grands défis internationaux. C'est un peu le rôle de l'organisation‑cadre aussi. Elle peut donner une voix cohérente et coordonnée à ces collaborations internationales qui existent, mais d'une manière plus diffuse que dans le système actuel.
:
Merci, madame la présidente.
Je salue les deux témoins.
Je crois que vous êtes tous deux d'origine néo-écossaise. Le député Mike Kelloway et moi-même venons aussi de la Nouvelle-Écosse.
Nous vous souhaitons la bienvenue au Comité.
Je suis très fière que vous soyez bilingues, vous aussi. Bravo.
Ma première question s'adresse à Mme Boudreau.
[Traduction]
Je crois comprendre que vous avez travaillé dans le domaine de la santé et que votre travail porte principalement sur l'assurance-médicaments, les politiques en matière de santé mentale et de toxicomanie, ou une combinaison de ces domaines.
Pouvez‑vous nous parler de l'importance de maintenir, voire d'améliorer les liens entre la recherche en santé et Santé Canada dans le cadre de cette organisation‑cadre sur ces dossiers importantes?
:
Volontiers et merci de votre aimable invitation.
[Français]
Je suis Acadienne, et je suis très fière de l'Acadie. Je suis originaire d'une région de la circonscription acadienne de Richmond.
[Traduction]
Vous avez tout à fait raison. Le maintien de son lien avec les IRSC est essentiel pour Santé Canada. Comme vous l'avez fait remarquer, je peux vous dire que, dans mes domaines d'expertise, l'une des premières choses que nous faisons, en tant que décideurs chargés d'examiner diverses initiatives, c'est de nous demander quel est le rôle de la recherche dans ces initiatives. Y a‑t‑il des éléments de recherche précis que nous aimerions intégrer à une initiative en particulier? La stratégie nationale visant les médicaments pour le traitement des maladies rares, par exemple, comporte un important volet de recherche. Ce sont les IRSC qui pilotent ce programme. Dans le domaine de la santé mentale et de la toxicomanie, l'une des propositions que nous avons faites, c'est la création des Services intégrés pour les jeunes et la mise en place de centres de services. Là encore, il y a un lien très étroit avec les IRSC et le travail qu'ils ont fait par l'entremise de leurs réseaux.
C'est presque instinctif pour nous à Santé Canada. Dès que nous commençons à élaborer ces initiatives stratégiques, nous réfléchissons au volet recherche et à ce que les IRSC peuvent faire pour nous aider.
:
Je pense que vous devez d'abord chercher à vous assurer que la création de cette organisation‑cadre ne compromettra pas la recherche fondamentale, parce que nous avons encore besoin des idées et des talents créés grâce au financement de base de la recherche.
Quant aux activités de cette organisation‑cadre, certaines visent simplement à mieux coordonner les activités déjà en cours au sein des conseils et, devrais‑je dire, au‑delà des conseils. Il est important de créer un réseau. Notre écosystème de recherche est très vaste. Pouvons‑nous mobiliser cette communauté de façon plus efficace dans le cadre de projets d'envergure internationale ou axés sur la mission?
Il faudrait aussi réfléchir à la façon dont on peut faire participer plus efficacement les consommateurs de recherche dans ce que vous appelez la recherche axée sur la mission, mais cela se fera au fil du temps, pas du jour au lendemain. Autrement dit, il faut discuter plus activement avec l'industrie, par exemple, pour trouver des moyens de répondre à ses besoins par la recherche. Il faut aussi discuter avec des groupes communautaires sur des enjeux liés à la recherche qui auront une incidence directe sur les collectivités. C'est de cette matière que vous pourrez lancer des initiatives d'une portée plus vaste par le biais de cette organisation‑cadre. C'est un élément vraiment important pour construire quelque chose qui aura un impact réel.
:
Merci, madame la présidente.
Je salue les témoins qui sont avec nous, aujourd'hui.
Monsieur Vats, le gouvernement fédéral a créé, en octobre 2022, le comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche. Quelques mois plus tard, soit en mars 2023, un rapport a été déposé. On proposait notamment la création de l'organisation-cadre de financement de la recherche. Un an et trois mois plus tard, en juin 2024, le gouvernement a demandé de mener une consultation publique.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui s'est passé entre le dépôt du rapport, en mars 2023, et le lancement de l'appel public visant à consulter les gens de l'écosystème scientifique du Canada, en juin 2024?
:
Je vous remercie de la question.
Je ne suis pas parfaitement bilingue, alors si vous me le permettez, je répondrai en anglais.
[Traduction]
En fait, le rapport Bouchard a cerné les problèmes et proposé une structure pour y répondre. Il s'est fait beaucoup de travail à l'interne pour déterminer comment nous pourrions procéder.
Il y a eu des consultations informelles avec un éventail d'organisations et de groupes afin de mieux comprendre les différents enjeux. Vous remarquerez que la structure proposée dans le document de consultation produit par les ministres en 2023 n'est pas exactement la même que celle proposée par M. Bouchard et ses collègues.
Nous avons beaucoup travaillé pour déterminer comment atteindre les objectifs fixés par le groupe d'experts Bouchard d'une manière qui nous paraît plus efficace. Le but de cette prochaine consultation est de préciser la réponse que le gouvernement à l'intention de donner et, ensuite, de solliciter les réactions de la communauté scientifique. Il y a deux éléments dans cet exercice. D'abord, la communauté scientifique fournit ses commentaires à un groupe d'experts. Ensuite, le gouvernement propose un modèle, sollicite les commentaires de la communauté et explique pourquoi il n'a pas suivi à la lettre les recommandations du groupe d'experts.
Le 17 juin 2024, vous avez demandé officiellement aux gens de l'écosystème scientifique de se prononcer sur la mise en place de la nouvelle organisation-cadre. Vous avez donné un délai impressionnant, soit 30 jours, pour mener cette consultation.
D'un côté, votre ministère a pris un an et trois mois pour prendre la décision de demander une consultation publique, et, de l'autre, vous laissez 30 jours aux gens de l'écosystème scientifique pour qu'ils se prononcent sur le sujet.
Êtes-vous d'accord pour dire que la création de cette organisation-cadre de financement de la recherche est l'un des plus imposants changements de structure organisationnelle que vous ayez vus depuis que vous occupez ce poste, soit depuis cinq ans?
:
Merci, monsieur Vats. Cela me suffit.
Vous avez obtenu 118 mémoires en 30 jours. Ce qui m'impressionne, c'est que vous ayez consacré plus de temps à quatre autres consultations, y compris celle prévue pour la création de l'organisation-cadre, qu'à celle visant à recueillir les commentaires des gens de l'écosystème scientifique.
J'aimerais que vous m'expliquiez comment il se fait que le gouvernement du Canada ait consacré trois mois à une consultation visant à étendre les services sans fil par satellite, et même, à la prolonger d'un mois, alors qu'une consultation visant l'un des plus gros changements de structure du ministère a duré 30 jours. Croyez-vous que ce délai est vraiment suffisant?
Comment se fait-il que certaines consultations publiques durent 30 jours, d'autres, 60 jours, et d'autres encore, 90 jours?
La consultation des gens de l'écosystème scientifique a été lancée en plein été. Comme vous devez le savoir, les universités, les cégeps et les collèges sont fermés pendant l'été. Il y a donc des gens qui n'ont pas pu se prononcer.
Trouvez-vous qu'il s'agit d'un comportement responsable de la part d'un gouvernement qui s'apprête à apporter un changement d'une telle envergure de ne pas se soucier de savoir si les personnes censées prendre part à la consultation pourront le faire?
Croyez-vous qu'un processus de consultation de 30 jours suffit réellement à donner un portrait juste de l'écosystème scientifique?
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La période de consultation, comme je l'ai dit, aurait pu être plus longue, mais il faut faire des distinctions quant à la nature de la rétroaction que vous obtiendrez pour différents types de consultation. Lorsque vous parlez du sans-fil, il s'agit d'un outil qui a un impact direct et immédiat sur les citoyens. Vous voulez vous assurer d'entendre la voix des citoyens sur ce que cela signifiera pour eux et pour leur portefeuille.
Lorsque vous parlez d'un changement structurel pour ces organisations, ce que vous recherchez vraiment... Bien sûr, les chercheurs peuvent avoir des points de vue, mais ceux‑ci sont habituellement exprimés par l'entremise d'organisations et d'établissements qui ont une plus grande capacité de fournir une rétroaction dans un délai plus court. Je pense donc que vous obtenez une rétroaction d'une communauté qui est beaucoup mieux organisée pour pouvoir fournir cette contribution dans un délai plus court.
Je ne pense pas que nous ayons perdu... Je suis certain que nous avons perdu des voix — c'est inévitable —, mais je ne pense pas que ce soit comparable. Compte tenu de l'importance de la question, le fait que nous l'ayons lancée en juin ne semblait pas poser de problème pour ce qui est d'obtenir de la rétroaction. Ce que j'essaie de dire, c'est que si c'est assez important, les universitaires vont répondre.
Merci à vous deux d'être avec nous aujourd'hui.
Je souhaite également la bienvenue aux membres du programme Liber Ero. Ils sont au milieu à l'arrière là‑bas. Ce sont les meilleurs chercheurs en conservation du Canada, des boursiers postdoctoraux qui sont ici à Ottawa pour voir comment les politiques sont élaborées et ce genre de choses, alors je voulais leur souhaiter la bienvenue. Je vois aussi d'autres groupes d'étudiants ici. Nous sommes ici pour parler de l'avenir de la science au Canada, alors nous espérons faire du bon travail pour eux.
J'ai tellement de questions. Je vais commencer par M. Vats.
Certaines des préoccupations que j'ai lues dans les documents « Ce que nous avons entendu » et dans d'autres mémoires concernent ce à quoi cela ressemblera en cette période de changement. On ne veut pas que le processus dérape. Il faut toujours tenir compte des budgets existants.
Tout d'abord, parlons de cet aspect. Est‑ce que les budgets actuels des trois conseils demeureront intacts, et est‑ce que tout ce qu'il y aura de nouveau que l'organisation-cadre voudra financer viendra s'ajouter à cela? Comment cela va‑t‑il fonctionner?
:
Il y a eu toute une série d'initiatives de ce genre à l'échelle internationale. Dans certains cas, on a carrément éliminé les structures en place. Dans d'autres cas, on a créé une structure semblable à la nôtre. Il y a une initiative semblable au Fonds de recherche du Québec, tout comme à UK Research and Innovation. Ils ont choisi d'emprunter cette voie.
Il y aura un certain nombre de changements au fil du temps. J'aimerais commencer par dire cela. Je ne m'attends pas à ce que les programmes changent du jour au lendemain. Je pense que ce que nous devons faire, c'est parler aux chercheurs et aux utilisateurs de cette recherche ainsi qu'à nos partenaires internationaux pour aider à définir comment les programmes doivent évoluer pour satisfaire à ces besoins.
Je peux vous donner des exemples de problèmes que vous auriez pu régler plus efficacement avec cette approche. Prenons l'exemple de la recherche pendant la pandémie et comment elle aurait pu... Elle a appuyé nos efforts, évidemment. Toutes les interventions étaient fondées sur la science et la recherche. Mais si vous songez au genre de problèmes que nous essayons de régler en mettant au point de nouveaux vaccins et de nouveaux traitements en ce qui concerne les mesures de santé publique, vous essayez de réunir l'expertise qui provient principalement de la communauté des sciences de la santé. Si vous voulez parler de la façon dont vous pouvez mobiliser la collectivité pour protéger le public, vous avez besoin des sciences sociales et humaines. Si vous voulez vraiment développer les capacités dont vous avez besoin pour produire des vaccins et des traitements, vous avez besoin d'ingénieurs. Il faut des gens qui travaillent davantage dans le domaine des sciences naturelles pour regrouper tout cela.
Il n'y avait pas de véhicule naturel pour le faire. En fait, nous avons créé une série de nouveaux programmes avec une nouvelle gouvernance pour pouvoir réunir les conseils et la Fondation canadienne pour l'innovation, la FCI, afin d'adopter une approche intégrée à cet égard. Ce programme s'appelle le fonds canadien de recherche sur la biofabrication et le fonds d'infrastructure connexe. Les travaux sont en cours, mais il a fallu beaucoup de temps pour les mettre en marche. C'est une structure très lourde pour répondre à ce genre de problèmes.
Bon, c'est un exemple extrême, mais il pourrait y avoir d'autres moyens de s'attaquer à des problèmes à l'échelle nationale, où il y a une question sociétale ou une question scientifique...
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Nous sommes en train de préparer l'organisation-cadre pour le seul chercheur qui ne sait pas dans quel créneau il se situe.
Je regarde cela, et je vois que beaucoup de ces gens reçoivent de l'argent depuis 20 ans. C'est différent, mais essentiellement, ils obtiennent de l'argent. Ensuite, ils travaillent partout dans le monde avec différents chercheurs, et ils participent aux mêmes conférences, alors ils le font déjà. Est‑ce un échec de la bureaucratie, ou est‑ce une initiative factice? Je pense que les problèmes sont juste devant nous et qu'il n'est pas nécessaire de créer un autre niveau de bureaucratie. Nous devons simplement améliorer le système, peut-être.
J'ai une dernière question avant que mon temps soit écoulé. J'aimerais savoir ce que vous en pensez, car on entend parler aux bulletins de nouvelles américains et canadiens de certaines de ces études qui sont approuvées. Ce sont des études menées dans d'autres régions du monde. Il y en a une ici qui porte sur la diversité de la population et le développement économique au... Mexique. Elle est menée dans un petit village du Mexique. Pourquoi un contribuable canadien paierait‑il pour cela? Quelle est sa valeur...? Je suis sûr qu'elle a de la valeur pour une personne au Mexique, mais quelle est sa valeur pour nous? Il y en a une longue liste. Je pense que des gens dans certaines parties de nos collectivités se demandent pourquoi nous finançons ces projets.
Pour ce qui est des études sur la santé, c'est une autre histoire. Je pense qu'il y a de très bons arguments en faveur de celles‑ci, mais pour ce qui est de certaines autres, quel est l'intérêt? Quelle valeur demandez-vous aux gens d'en tirer?
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Merci, madame la présidente.
Merci à nos témoins.
Je tiens également à saluer les gens dans la salle, les boursiers postdoctoraux et les chercheurs qui sont ici dans la salle du Comité. Je suis reconnaissant de leur engagement à l'égard de la recherche et de la production de connaissances, surtout en cette ère d'information et de la quantité croissante de mésinformation et de désinformation qui circulent dans le monde. Il est vraiment important d'avoir des études et des recherches évaluées par des pairs dans l'esprit de la production de connaissances.
J'aimerais commencer par poser une question à M. Vats.
Le mois dernier, nous avons reçu Chad Gaffield. Il est le PDG du groupe U15 des universités de recherche canadiennes. Il a déclaré devant le Comité: « La nouvelle organisation-cadre devra préserver l'indépendance politique du processus de décisions de financement. Cet engagement fondamental à l'égard de la liberté universitaire et de la libre quête de savoir représente un principe fondamental du système de recherche canadien et il est déterminant de son succès. »
À votre avis, comment la structure d'une organisation-cadre peut-elle concilier le soutien à la recherche dirigée par les chercheurs et la recherche axée sur la mission?
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir, des Instituts de recherche en santé du Canada, Mme Tammy Clifford, présidente par intérim. Du Conseil national de recherches du Canada, nous accueillons Mme Maria Aubrey, vice-présidente des services professionnels et d'affaires, par vidéoconférence. Du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, nous accueillons Alejandro Adem, président. Du Conseil de recherches en sciences humaines, ou CRSH, nous accueillons M. Ted Hewitt, président, et Normand Labrie, vice-président et président du conseil d'administration du CRSH.
Vous disposerez d'un maximum de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions.
Monsieur Adem, je vous invite à faire une déclaration préliminaire d'un maximum de cinq minutes.
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Bonjour, madame la présidente, et bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité.
En tant que président du plus grand bailleur de fonds public de la recherche en sciences naturelles et en génie au Canada, et président actuel du Comité de coordination de la recherche au Canada, le CCRC, j'ai le plaisir de vous faire part de mes observations concernant l'organisation-cadre.
Le CCRC était heureux d'avoir pu consulter le milieu de la recherche sur la vision que le gouvernement propose à cet égard.
[Français]
Pendant un mois, nous avons tenu de nombreuses séances de consultation et reçu 118 mémoires. On nous a transmis des réflexions claires et cohérentes. Celles-ci sont reprises dans notre rapport aux ministres, publié le 16 octobre, que nous vous avons également transmis.
[Traduction]
D'abord et avant tout, la communauté a souligné le nécessité pour l'engagement continu en faveur de la recherche fondamentale dirigée par les chercheurs, qui est à l'origine de la grande majorité des percées et des découvertes majeures. Elle a également énoncé les valeurs fondamentales et les atouts du système actuel sur lesquelles bâtir la nouvelle organisation, soit la liberté universitaire et l'évaluation par les pairs; l'équité, la diversité et l'inclusion dans la recherche; un engagement en faveur de la formation en recherche et des priorités en matière de recherche autochtone; et un leadership solide de la part des organismes, avec un financement réservé et une mise en œuvre fiable des programmes. Enfin, elle a fait appel à une participation continue à la conception de la nouvelle organisation, et comme partie intégrante de sa culture, à l'avenir.
Au cours du processus de consultation, nous avons rencontré des membres du Conseil du CRSNG et de ses comités permanents, en plus du réseau des leaders du CRSNG, comprenant plus de 70 représentants institutionnels d'universités de tout le Canada.
[Français]
Leurs réflexions concordent avec ce que nous venons de voir: l'importance de la recherche fondamentale, encore une fois; l'encadrement de la recherche axée sur la réalisation d'une mission; l'harmonisation de la recherche et de l'infrastructure de recherche; l'importance des valeurs et des principes directeurs; et le maintien des enveloppes de financement disciplinaires.
[Traduction]
Les personnes rencontrées ont également manifesté un intérêt particulier pour les relations du nouvel organisme avec l'industrie. Le CRSNG est déterminé à favoriser le développement des talents au moyen de subventions et de bourses afin de stimuler les découvertes et d'appuyer l'innovation en vue de générer des retombées économiques et sociales pour la population canadienne.
Permettez-moi de vous présenter quelques faits concernant le CRSNG.
Chaque année, le CRSNG finance plus de 11 000 chercheuses et chercheurs et fournit un appui direct à plus de 6 000 étudiantes, étudiants et stagiaires de niveau postdoctoral. Ces investissements ont des retombées. Depuis 2015, 3 chercheuses et chercheurs basés au Canada ont remporté un prix Nobel de physique, l'une des principales disciplines soutenues par le CRSNG. D'ailleurs, le CRSNG a financé les travaux de ces trois personnes, notamment ceux de Geoffrey Hinton, le plus récent lauréat d'un prix Nobel.
Lorsque le CRSNG a commencé à appuyer les travaux de M. Hinton au début des années 1990, grâce au programme de subventions à la découverte, soit un soutien pour la recherche suscitée par les chercheuses et chercheurs, l'apprentissage machine et l'intelligence artificielle étaient encore purement théoriques. En fait, il faut parfois des décennies pour jeter les bases de nouveaux domaines de recherche à fort impact, comme l'intelligence artificielle, l'IA. Les investissements précoces du CRSNG dans la recherche sur l'IA ont permis d'appuyer non seulement Geoff Hinton, mais aussi d'autres chefs de file dans le domaine, comme Yoshua Bengio. En plus de décennies de recherche, ils ont contribué à la formation de générations entières de spécialistes de l'IA. Par conséquent, l'écosystème canadien de la recherche sur l'IA a connu, ces dernières années, une croissance exponentielle.
[Français]
Le financement du CRSNG dans les universités et les collèges a soutenu le développement de technologies clés de classe mondiale en partenariat avec le secteur privé dans des domaines tels que l'intelligence artificielle, la science quantique, l'ingénierie biomédicale, l'énergie propre, les semi-conducteurs, les véhicules électriques et l'agriculture, pour n'en citer que quelques-uns.
Les investissements du CRSNG génèrent des retombées réelles en temps réel pour la société canadienne.
[Traduction]
Pour mon dernier exemple, j'aimerais mentionner un lauréat d'un prix du CRSNG de 2024 soulignant des partenariats remarquables. Mehdi Sheikhzadeh est ingénieur chimiste et administrateur de recherche au Lambton College. Origin Materials s'est associé à M. Sheikhzadeh et à son équipe pour optimiser une usine pilote dans laquelle ils extraient le carbone de la biomasse non alimentaire. Ce partenariat a été couronné de succès et Origin a ouvert une usine de 140 millions de dollars à Sarnia, qui emploie 50 personnes pour produire des bouteilles en plastique recyclables, sans émission de carbone et à base de plantes.
Nous pouvons aussi parler des réalisations remarquables du professeur Jeff Dahn, un pionnier des batteries au lithium-ion à l'Université Dalhousie.
[Français]
Ce type de partenariat avec l'industrie illustre notre engagement en faveur de l'innovation locale et du soutien à la recherche, qui évolue rapidement pour répondre aux besoins de nos partenaires.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Il me ferait plaisir de répondre à vos questions et je serais heureux de partager avec vous d'autres exemples de la recherche financée par le CRSNG, qui produit des résultats directs et tangibles pour le Canada et les Canadiens.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie les membres du Comité de m'avoir invité à comparaître devant le Comité.
Je suis heureux de m'adresser à vous à titre de président du Conseil de recherches en sciences humaines, ou CRSH. Je suis accompagné de M. Normand Labrie, président de notre conseil d'administration et recteur de l'Université de l'Ontario français.
Comme vous le savez sans doute, le CRSH est l'organisme fédéral qui, depuis un demi-siècle, finance la recherche et la formation en recherche en sciences humaines dans les établissements d'enseignement postsecondaire du Canada et dans d'autres organismes de recherche admissibles.
[Traduction]
Ces recherches élargissent le champ des connaissances et approfondissent notre compréhension de l'être humain et des sociétés. Notre communauté, qui compte autour de 70 000 personnes du milieu de l'enseignement postsecondaire — chercheuses et chercheurs, étudiantes et étudiants de cycles supérieurs et chercheuses et chercheurs de niveau postdoctoral, examine les dimensions sociale, culturelle, technologique, environnementale, économique et éthique qui caractérisent notre passé, notre présent et notre avenir. Le savoir des membres de cette communauté nous aide à explorer notre propre humanité, à améliorer les politiques et la prise de décisions ainsi qu'à catalyser l'innovation au Canada et à l'étranger.
En 2023 seulement, nous avons investi quelque 44 millions de dollars dans la recherche sur l'environnement et les changements climatiques, plus de 34 millions de dollars en recherche sur l'économie et les affaires, 18 millions de dollars en recherche sur l'IA et la cybersécurité, et plus de 14 millions de dollars en recherche sur les solutions à la crise du logement et de l'itinérance. Environ 10 % de notre financement est accordé à des recherches menées par et avec les peuples autochtones du Canada.
Tous ces investissements découlent d'un processus décisionnel d'évaluation par des expertes et experts qui est conforme aux normes internationales et est respecté dans le monde entier.
[Français]
Au CRSH, nous tirons une grande fierté de notre solide bilan en matière d'administration des programmes interorganismes, comme le réputé Programme des chaires de recherche du Canada, le fonds Nouvelles frontières en recherche et le Fonds de recherche biomédicale du Canada, pour ne nommer que ceux-là. Nous jouons un rôle central dans la conception et l'exécution de ces programmes et veillons à ce que tous les domaines — la santé, les sciences naturelles et le génie ainsi que les sciences humaines — soient soutenus et qu'ils contribuent à l'entreprise de recherche du Canada.
Comme vous le savez, le et le ont demandé aux trois organismes subventionnaires fédéraux de consulter l'ensemble de la communauté de recherche au pays pour recueillir des avis sur la proposition d'une organisation-cadre de financement de la recherche et d'en présenter les conclusions dans un délai d'un mois. L'exercice a fait l'objet d'un rapport publié par les organismes à la mi-octobre.
[Traduction]
Dans l'ensemble, les parties prenantes ont accueilli favorablement cette occasion de se prononcer au sujet de l'organisation-cadre proposée et s'attendent à prendre part en continu au processus d'élaboration.
Notre communauté a insisté sur l'importance critique, dans la définition d'une nouvelle vision et d'une nouvelle structure, de reconnaître la valeur de la recherche en sciences humaines comme composante fondamentale, et d'en tirer parti pour promouvoir des recherches réellement interdisciplinaires et axées sur la réalisation d'une mission.
À cet égard, le CRSH et sa communauté apportent une contribution qui leur est propre, notamment l'importance accordée à la réflexion et aux comportements humains qui favorisent l'innovation et aident la société à comprendre les changements et à s'y adapter; des méthodologies et approches uniques de recherche interdisciplinaire; une expertise en matière de participation à la recherche, que ce soit celle des communautés, dont les Premières Nations, les Inuit et les Métis, de l'industrie ou de la société civile; et une expérience du soutien à la vitalité de l'entreprise de recherche francophone.
[Français]
En tant qu'organisme, le CRSH voit d'un bon œil les possibilités offertes par l'organisation-cadre proposée, en ce qu'elle permettra de mieux harmoniser les principaux programmes et les principales initiatives, de mettre fin aux cloisonnements et de coordonner davantage les approches pour s'attaquer aux défis que doit relever la population canadienne.
Cela dit, nous souhaitons vivement que la contribution apportée par le CRSH en matière de programmes innovants appuyant diverses facettes — partenariats dans le secteur public et ailleurs, interdisciplinarité, mobilisation des connaissances, équité et inclusion, aide aux petits établissements, recherche en français et collaboration internationale à la recherche autochtone — soit dûment reconnue et intégrée au sein de cette vaste entité organisationnelle et financière consolidée, dans laquelle le CRSH ne représenterait qu'une petite partie.
[Traduction]
Sur ce dernier point, nous vous exhortons également à tenir dûment compte des préoccupations soulevées au Comité par le cercle des dirigeants autochtones des trois conseils.
Dans ce contexte, et alors que nous envisageons l'avenir de l'écosystème fédéral de la recherche au Canada, l'apport du Comité aux questions entourant les efforts du gouvernement pour moderniser la recherche est plus que bienvenu. Le CRSH, en tant qu'organisme au service de la plus grande communauté d'universitaires et de chercheuses et chercheurs au pays, s'est engagé à l'égard de ce processus. Il veut ainsi s'assurer que les sciences humaines sont bien positionnées pour contribuer à ce nouveau système fédéral de soutien à la recherche ainsi qu'aux résultats que nous souhaitons en tirer pour le bien-être économique et social de la population canadienne.
M. Labrie et moi vous remercions de votre attention. Nous serons heureux de répondre à vos questions et d'entendre vos commentaires.
Merci.
:
Je vous remercie, madame la présidente et distingués membres du Comité, de m'avoir invité à participer aux travaux importants du Comité concernant l'organisation-cadre de financement de la recherche.
[Traduction]
J'aimerais commencer par vous informer que, le 2 janvier 2025, les Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, accueilleront leur nouveau président permanent, M. Paul Hébert, scientifique clinicien et chef de file en santé possédant une vaste expérience de l'écosystème de recherche canadien en santé. M. Hébert est impatient d'exercer son nouveau rôle et de travailler avec nos partenaires pour faire en sorte que la nouvelle organisation-cadre soit un succès pour tous les Canadiens.
Madame la présidente, au cours des derniers mois, les IRSC ont eu le privilège de collaborer étroitement avec leurs partenaires fédéraux, y compris nos collègues des trois conseils, Santé Canada et le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, ou ISDE, afin d'articuler les éléments fondamentaux de l'organisation-cadre, y compris ceux qui créeront des possibilités pour les chercheurs de travailler à des recherches internationales, interdisciplinaires et axées sur la mission. De plus, les IRSC ont également consulté des partenaires de l'ensemble du milieu de la recherche en santé du Canada. Ils ont reçu des commentaires et des idées inestimables pour éclairer la création de cette nouvelle organisation-cadre.
Dans l'ensemble, la collectivité a exprimé son optimisme à l'égard du fait que l'organisation-cadre améliorera la coordination des initiatives entre les conseils subventionnaires, investira dans des domaines d'importance critique pour le pays et appliquera une approche unifiée aux possibilités internationales pour les chercheurs canadiens. La communauté a également proposé des considérations clés, des valeurs et des principes directeurs sur la façon dont la modernisation doit se faire, par exemple, l'importance d'assurer la liberté d'enseignement, l'excellence en recherche, la recherche évaluée par les pairs et la recherche propre à un domaine.
Une autre occasion que nous avons cernée dans le cadre de nos consultations récentes a été de tirer parti de l'expérience et de l'expertise approfondies des IRSC et du milieu canadien de la recherche en santé. En particulier, le milieu de la santé a été heureux d'apprendre que le modèle d'institut des IRSC serait préservé au sein de la nouvelle organisation-cadre. Depuis près de 25 ans, les 13 instituts scientifiques des IRSC, qui sont basés dans des universités et des établissements de santé partout au pays, sont des chefs de file dans leur domaine. Ils ont excellé dans la recherche stratégique en réponse aux besoins vastes et en constante évolution des Canadiens.
Nos instituts collaborent également entre eux et avec des partenaires nationaux et internationaux dans des domaines complexes de la santé qui exigent l'adoption d'une approche interdisciplinaire, comme la santé des populations autochtones et les maladies non transmissibles.
En résumé, les instituts des IRSC seront prêts à partager leur expertise et à tirer parti de leurs réseaux pour innover dans leurs façons de faire. Le milieu de la recherche en santé et nos partenaires en santé en général ont également parlé de l'importance de maintenir des liens solides et directs entre les IRSC et le portefeuille de la Santé, comme on l'a vu dans l'annonce du budget de 2024. Cette interaction continue, comme ma collègue Mme Boudreau vous l'a dit plus tôt, garantira sans aucun doute que la recherche en santé continuera d'améliorer la santé des Canadiens dans l'avenir. Il s'agit d'un facteur clé, particulièrement à la lumière des défis complexes que doivent relever les Canadiens, de la nécessité d'être prêt à faire face aux urgences en santé et de la nécessité de transposer la recherche en solutions applicables dans le domaine de la santé.
La collaboration continue des IRSC avec les partenaires du portefeuille de la Santé permet de mobiliser rapidement les priorités de la recherche stratégique à l'appui des initiatives fédérales, ainsi que de générer des données probantes pour éclairer la prise de décisions et l'élaboration de politiques. Cela comprend, par exemple, une étroite collaboration avec l'Agence de la santé publique du Canada dans le cadre du Plan d'action pancanadien sur la résistance aux antimicrobiens et aussi à l'appui des objectifs de recherche de la Stratégie nationale de recherche du Canada sur la démence.
Nous sommes heureux que la nouvelle organisation-cadre préserve ces liens vitaux afin que la recherche continue de stimuler l'innovation et l'efficacité du système de santé et, bien sûr, d'améliorer la santé de tous les Canadiens.
[Français]
Pour terminer, j'ajouterai que les Instituts de recherche en santé du Canada demeurent résolus à collaborer avec leurs partenaires fédéraux et avec le milieu de la recherche pour mettre sur pied une nouvelle organisation mettant à profit nos forces et offrant l'encadrement nécessaire pour que nous puissions continuer de relever les défis complexes qui se présentent.
Je répondrai avec plaisir à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à vous aujourd'hui au nom du Conseil national de recherches du Canada, le CNRC, dans le cadre de l'étude du Comité sur la nouvelle organisation-cadre de financement de la recherche annoncée dans le budget de 2024.
[Français]
J'aimerais commencer par souligner que les activités pancanadiennes du CNRC se déroulent sur des territoires non cédés, partagés, actuels et traditionnels des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Nous sommes conscients du privilège qui nous a été accordé d'entreprendre des recherches et d'alimenter l'innovation sur ces terres, et nous rendons hommage aux peuples qui nous ont précédés.
[Traduction]
Plus grand organisme de recherche fédéral du Canada, le CNRC fait progresser les connaissances scientifiques, appuie l'innovation des entreprises et fournit des solutions stratégiques fondées sur la science. Grâce à ses installations et à ses collaborations à l'échelle nationale, le CNRC unit les scientifiques, l'industrie, le milieu universitaire et des partenaires mondiaux autour des défis et des possibilités qui se présentent au Canada.
Les priorités stratégiques actuelles du CNRC, reflétées dans notre plan stratégique publié récemment, consistent à faire progresser la recherche et l'innovation ayant le plus grand impact sur le Canada et les Canadiens, en mettant l'accent sur les changements climatiques et la durabilité, la santé et la biofabrication, les technologies numériques et quantiques et le soutien à la recherche fondamentale.
En plus de mener des recherches, le CNRC offre depuis plus de 75 ans un soutien clé aux petites et moyennes entreprises novatrices du Canada par l'entremise du Programme d'aide à la recherche industrielle du CNRC, ou le PARI, pour développer des innovations qui stimulent la croissance de ces entreprises et de l'économie canadienne.
Comme il a été annoncé dans le budget de 2024, une nouvelle organisation-cadre de financement de la recherche apportera une meilleure coordination et des liens plus solides entre les trois conseils et les chercheurs qu'ils soutiennent. Bien qu'il ne soit pas prévu que le CNRC fasse officiellement partie de cette nouvelle organisation, nous collaborons de longue date avec les trois conseils par l'entremise d'institutions comme le Comité de coordination de la recherche du Canada, et nous travaillerons avec la nouvelle organisation pour maximiser l'impact du financement de la recherche.
Comme le et le l'ont indiqué dans leur lettre à mes collègues des trois organismes le 17 juin 2024, la nouvelle organisation-cadre visera des objectifs clés comme le soutien interne de la recherche collaborative, interdisciplinaire et axée sur la mission.
[Français]
Au CNRC, nos programmes Défi, qui sont axés sur la mission, viendront compléter cet objectif. Ces programmes rassemblent les centres de recherche du CNRC avec l'industrie, les universités et les partenaires internationaux afin de concentrer les efforts dans les principaux domaines prioritaires.
Nous nous engageons, avec nos partenaires et nos collaborateurs, à faire progresser la recherche à haut risque et à haut rendement menée en fonction des priorités canadiennes.
[Traduction]
Nous avons hâte de poursuivre notre partenariat de longue date avec les trois conseils, le CRSNG, le CRSH et les IRSC, par l'entremise de la nouvelle organisation-cadre, afin de faire progresser les connaissances scientifiques, l'innovation et l'excellence en recherche dans toutes les disciplines au Canada.
Madame la présidente, je vous remercie encore une fois de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci à nos témoins.
Je suis très préoccupé par le problème croissant de l'antisémitisme sur les campus universitaires. J'aimerais me concentrer au cours de cette ronde sur certains des liens possibles entre ce problème et les questions sur le financement de la recherche.
Pour mettre le problème en perspective, tout d'abord, il a été rapporté qu'il y a eu plus de 5 700 incidents antisémites au Canada en 2023, et il est profondément troublant de voir un nombre important de ces incidents se produire sur les campus universitaires, avec des déclarations très antisémites faites par certains groupes, par exemple, ainsi que divers incidents.
En ce qui concerne les propositions de recherche, est‑il juste de dire qu'un processus vous permet d'éliminer les propositions de recherche qui font la promotion d'idées ou de discours racistes ou discriminatoires? Est‑ce que cela s'appliquerait également à l'antisémitisme?
M. Hewitt est peut-être celui qui est le mieux placé pour répondre à cette question.
:
Certainement. Il faut l'envisager comme une évolution de l'écosystème. Le Comité de coordination de la recherche au Canada a été créé pour amorcer ce travail de coordination plus organique entre les organismes. La FCI en est également membre, tout comme le CNRC. La conseillère scientifique en chef y siège également.
Ce comité poursuivait des objectifs très précis — concernant les chercheurs en début de carrière, l'EDI, la recherche et le talent autochtones, etc. Nous avons progressivement élaboré une série d'activités qui, à mon avis, ont vraiment contribué à regrouper les différents conseils. La sécurité de la recherche, par exemple, est un thème qui revient souvent au CCRC. Nous travaillons avec ardeur, tous ensemble, pour faire avancer les choses.
Le CCRC supervise également un programme du nom de Nouvelles frontières en recherche, qui permet de réaliser des projets multidisciplinaires au carrefour des trois conseils dans des domaines d'importance vitale. C'est comme un projet pilote de ce que nous voulons faire, et donc, à mesure que nous nous approchons de projets interdisciplinaires à plus grande échelle, ces projets internationaux à grande échelle dont notre collègue M. Vats a parlé... Je crois que le gouvernement est en train de proposer de passer à un autre niveau d'intégration où cela ne se passe plus de façon informelle dans le cadre d'un comité, mais où cela se fait vraiment dans le cadre de notre travail, avec une structure et un comité stratégique chargé de renseigner sur les stratégies pour le Canada. Ensuite, nous obtenons des instructions très claires et très précises pour agir dans ce cadre interdisciplinaire, évidemment sans affaiblir les verticales disciplinaires, qui continueront d'exister.
:
Le Conseil national de recherches a pour mandat de faire de la recherche et de créer des technologies susceptibles d'être utilisées par ceux qui en concrétisent l'usage dans l'intérêt du Canada et des Canadiens. Notre mandat va au‑delà de la recherche.
C'est pourquoi nous devons mobiliser toutes les capacités de l'écosystème et fournir un moyen de réunir les meilleurs intervenants, les meilleurs cerveaux, etc. pour fournir cette recherche et cette technologie.
Dès 2017, nous avons, entre autres, créé le programme de collaboration en science, en technologie et en innovation, qui permet au CNRC de ne pas essayer de tout faire et d'attirer encore plus de financement, mais plutôt de mobiliser les autres et de les financer pour que nous puissions obtenir les meilleures solutions possible pour le Canada, au pays et à l'étranger. Cela pourrait se faire au début de la recherche ou à la fin, quand la recherche technologique doit se rapprocher de la commercialisation.
Nous ne faisons pas vraiment la même chose que le conseil. Nous sommes plutôt complémentaires. Nous communiquons avec lui et nous tirons parti...
:
Merci, madame la présidente.
Je salue les témoins qui sont avec nous pour cette deuxième heure d'étude.
Monsieur Labrie, votre parcours est impressionnant, notamment en tant qu'expert en bilinguisme, en politique linguistique et en sciences humaines. Vous avez mis en lumière des enjeux cruciaux pour l'avenir du français au Canada. Vous avez observé de près la dynamique entre la langue et la recherche tout au long de votre carrière, que ce soit dans le cadre de vos travaux sur le pluralisme linguistique ou en dirigeant le Fonds de recherche du Québec.
Compte tenu de vos nombreuses années d'expérience et de votre engagement envers la francophonie, comment percevez-vous aujourd'hui la question de la vitalité du français dans le domaine scientifique, et quelles mesures précises suggérez-vous pour renforcer cette vitalité, notamment par le truchement de la nouvelle organisation-cadre de financement de la recherche?
:
Merci beaucoup de me poser cette question et de me donner l'occasion d'aborder un sujet que je trouve très important.
Effectivement, le Canada fonctionne dans deux langues officielles, le français et l'anglais, qui sont deux langues internationales, et on a l'occasion de produire des connaissances dans les deux langues. Malheureusement, la proportion de connaissances produites en français est moindre, en raison du rapport démographique entre les francophones et les anglophones, ainsi qu'en raison de la tendance des chercheurs, dans certains domaines scientifiques, à les produire et à les publier en anglais. On peut penser à la santé et au génie, par exemple.
Cela a une incidence importante, dans la mesure où l'intelligence artificielle générative produit aujourd'hui de nouvelles connaissances sur la base d'un corpus existant. Si le corpus existant en français est moins important, notre capacité à développer les connaissances est moins grande, alors que nous avons un rôle à jouer sur le plan mondial dans ces deux langues internationales. Il faut vraiment réfléchir à cela.
Dans les sciences sociales et humaines, il y a plus de connaissances produites en français, parce que les chercheurs sont en lien avec des communautés. Pour que leur recherche ait un effet, elle doit être diffusée en français. C'est généralement le cas pour les communautés francophones. Dans les autres domaines, des efforts doivent être faits.
Si de grandes priorités doivent être établies, sur le plan global, pour la nouvelle organisation-cadre de financement de la recherche, le français devrait en faire partie de façon importante. Cela devra se refléter dans la nomination des membres qui feront partie du conseil et se traduire par la mise en place d'un comité permanent ainsi que par l'élaboration de politiques et de mesures concrètes au sein de l'organisation pour assurer la place du français, non seulement dans les sciences sociales et humaines, mais dans l'ensemble des sciences au Canada.
Monsieur Labrie, ce que nous avons entendu, et ce qui est dans le rapport publié le 16 octobre 2024 par le gouvernement fédéral à la suite de la consultation publique portant notamment sur l'organisation-cadre de financement de la recherche, c'est que la prédominance de l'anglais, dans les publications scientifiques, nuit à la visibilité de la recherche en français. En parallèle, Patrimoine canadien a lancé, en octobre 2024, un groupe consultatif externe sur la création et la diffusion d'information scientifique en français, mais il semble que ce groupe ne soit pas permanent.
Pensez-vous qu'il serait pertinent d'intégrer ce groupe à l'organisation-cadre de financement de la recherche, à l'avenir? De plus, selon vous, comment faciliter la communication scientifique en français dans le futur écosystème de la recherche?
Merci encore d'être avec nous aujourd'hui.
Je crois que je vais commencer par M. Adem.
On sait très bien que le Canada investit moins en recherche et développement que presque tous les pays du G7, à part l'Italie, en pourcentage du PIB. Mais je dirais que nous produisons d'excellentes données scientifiques. Nos scientifiques sont très efficaces, si vous voulez.
Je me demande simplement en quoi l'organisation-cadre va nous aider. Est‑ce qu'on va augmenter le financement du genre de projets prévus dans ce cadre ou pourra‑t‑on simplement faire de meilleures recherches scientifiques?
Vous semblez en être un fervent partisan. Je ne vois toujours pas en quoi cette organisation-cadre contribuera à la coordination et à la collaboration, nécessaires dans bien des cas, entre scientifiques. Je pourrais vous donner des exemples, mais vous les connaissez tous.
Aidez-moi à comprendre. En quoi cela améliorera‑t‑il notre impact dans le monde scientifique?
En fait, le Canada joue dans la cour des grands. J'aime à dire que ce n'est pas l'argent qui compte, mais ce que vous en faites.
Le fait est que la science est une entreprise très dynamique. Nous devons nous moderniser et suivre le rythme des tendances d'avant-garde, parce qu'il y a beaucoup de concurrence. Il y a beaucoup de modèles et d'approches scientifiques dont il faut s'inspirer et qui profiteront à nos chercheurs. Je vais vous donner un exemple. On parle souvent de l'initiative « Une seule santé ». Pour faire face aux menaces sanitaires, il ne faut pas se limiter aux êtres humains. Il faut aussi s'intéresser aux animaux. C'est quelque chose qui se passe entre les IRSC et le CRSNG, mais, selon la Loi sur le CRSNG, les chercheurs ne sont pas autorisés à travailler sur des questions médicales. Il y a des reliques du passé qui passent entre les mailles du filet.
Il s'agit de réunir en équipes les plus grands experts de ces disciplines pour réaliser des missions. On n'a pas nécessairement besoin de nouveaux budgets énormes. On peut utiliser des fonds existants, comme celui de Nouvelles frontières en recherche, qui est, je crois, un prototype de ce travail interdisciplinaire des trois conseils. Ces trois conseils ont d'ailleurs aussi des programmes très intéressants qui sont déjà très interdisciplinaires. Il suffirait de les adapter à une vision moderne de la science pour le XXIe siècle. Il faudrait consulter la collectivité — je tiens à le souligner. On ne veut pas que les Jos connaissants d'Ottawa, comme je les appelle, imposent leurs programmes à la collectivité. Il faut consulter les entreprises. De quoi ont-elles besoin dans notre écosystème? Où sont les produits livrables? Quels types de partenariats internationaux veut‑on? De plus en plus, la sécurité de la recherche est un facteur très important dans tout ce que nous faisons, et nous voulons donc travailler avec des partenaires qui partagent nos vues.
On peut vraiment stimuler des projets interdisciplinaires axés sur des missions.
C'est donc ce que font vos organisations. Je vais simplement paraphraser des segments de vos exposés, que j'ai trouvés très intéressants.
Par exemple, monsieur Adem, vous avez parlé de 11 000 chercheurs.
Monsieur Hewitt, vous avez parlé de 70 000 chercheurs.
Madame Clifford et madame Aubrey, j'imagine que vous me donneriez des chiffres semblables.
Il y a donc beaucoup de chercheurs à financer.
En fait, ce que vous avez dit aujourd'hui, monsieur Adem, c'est que vous êtes le président d'un conseil qui supervise tous ces organismes. Si je comprends bien — et j'aurais aimé avoir plus de temps avec vous ou vous avoir ici au tout début de cette étude —, vous jouez ce rôle dans le cadre de collaborations et de discussions. Pourquoi vouloir une autre organisation qui va créer une autre bureaucratie pour vous dire de faire ce que vous faites déjà?
:
Nous sommes un comité. Nous n'avons pas les pouvoirs dont vous parlez, ni le budget. Nous avons un tout petit secrétariat. L'idée est de favoriser la collaboration. Il s'agit de réaliser ces missions. Et ce n'est pas parce que le comité a décidé de réunir les conseils. C'est une évolution naturelle. Comme je l'ai dit, c'est inspiré du modèle de l'UKRI.
Il y a confusion, comme l'a expliqué M. Vats, quand il y a un événement international à Ottawa, où tout le monde veut nous rencontrer tous. On vous dira qu'il n'y a qu'une seule personne à l'UKRI, la PDG. Je la connais. Elle est le symbole de l'organisation. Elle traite avec le palier supérieur du gouvernement. Elle s'occupe de toutes ces questions. Ensuite, les verticales s'enfoncent loin dans les dédales de la science. Quand on en a besoin, on les amène à travailler sur ces grands enjeux.
Le défi, c'est de le faire sans créer une énorme bureaucratie. Comme vous, je pense qu'il faut y mettre de la légèreté et jouer ce rôle comme un chef d'orchestre, avec cette interface avec le gouvernement. C'est très important. Ce conseil d'administration sera crucial, parce qu'il devra être très représentatif.
:
Merci, madame la présidente.
Merci à vous tous d'être parmi nous. J'ai l'impression que nous parlons comme une mini-organisation-cadre, à cause de vos organismes.
Monsieur Adem, vous avez parlé de mathématiques, et cela a suscité mon intérêt. Je fais actuellement une maîtrise, et nous employons l'analyse de régression linéaire de diverses manières. J'envisageais la question du point de vue de la fabrication, car cela correspond à mes antécédents. Quels produits génèrent le plus de bénéfices? Comment faites-vous ce calcul? Quelles données devez-vous recueillir?
Une autre personne de notre classe s'intéresse aux soins infirmiers. Madame Clifford, vous avez travaillé dans le domaine de la biostatistique et de l'épidémiologie, et il y a un lien.
Nous nous intéressons également à la gestion et la façon dont vous inspirez les gens à donner le meilleur d'eux-mêmes. Monsieur Hewitt, comment créez-vous une culture d'innovation et de confiance à l'aide des données?
Les données sont-elles le lien dans cette organisation? Est‑ce l'un des principaux liens? Vous pourriez peut-être nous expliquer comment vous amenez les gens à travailler ensemble à un problème complexe touchant la santé, le génie et les sciences sociales.
Monsieur Adem pourrait peut-être commencer.
:
J'ai déjà dit, en réponse à d'autres questions, qu'il est vraiment difficile de s'appuyer sur des listes. On examine des listes, on voit des titres, et on se demande: « Mais de quoi s'agit‑il? »
Dans le premier cas, il faut comprendre que les demandes proviennent de chercheurs et qu'elles sont examinées attentivement au regard des normes internationales. Après quoi, elles donnent lieu à un financement en fonction de leur qualité. Les avantages ou les répercussions des recherches en sont un élément essentiel. On en tient toujours compte.
Tout à l'heure, M. Vats a rappelé qu'il est important de parler aux chercheurs eux-mêmes et de leur demander pourquoi c'est important pour eux. Ce sera important pour eux, ce sera important pour une communauté de 70 000 chercheurs — du moins pour certains d'entre eux —, et ce sera important pour certains Canadiens.
Je vous racontais tout à l'heure une anecdote au sujet du Mexique. Je suis un étudiant du Brésil. Personne ne voulait rien savoir du Brésil à l'époque où je travaillais, mais, un beau jour, nous sommes entrés dans une guerre commerciale avec le Brésil, et Affaires mondiales m'a alors considéré comme un expert résident. J'ai par la suite été nommé à un comité pour aider à gérer les relations avec le Brésil. Quand personne ne s'en souciait... On ne sait jamais.
:
Merci beaucoup de la question. Quand on a lancé l'idée d'une organisation-cadre, les gens se demandaient ce que pourrait être une mission. Beaucoup de gens auraient désigné la pandémie de COVID‑19, alors que, comme on vous l'a dit, un certain nombre de mécanismes ont été créés à l'époque parce que nous n'en avions pas. Vous avez parlé de la résistance aux antimicrobiens. Nous avons également entendu parler de l'intelligence artificielle et de ses diverses utilisations.
Pour répondre précisément à votre question sur la santé et la résistance aux antimicrobiens, il est certain que les IRSC continuent de travailler en étroite collaboration avec nos collègues du portefeuille de la santé, l'Agence de la santé publique du Canada étant encore une fois à la direction du plan sur la résistance aux antimicrobiens...
Je tiens également à dire qu'il y a aux IRSC un centre de recherche sur la préparation aux pandémies et les urgences en santé. Ce groupe a un comité directeur. Vous avez parlé de gouvernance. Cela est lié non seulement à des partenaires fédéraux, comme l'Agence de la santé publique et l'ACIA, mais aussi à des partenaires provinciaux territoriaux.
Ce n'est pas facile de nos jours, mais ces mécanismes existent.
Merci.