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Bienvenue à la 69
e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche.
Conformément au Règlement, la réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride. Ainsi, les membres du Comité y participent en personne, dans la salle, ou à distance, à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais énoncer quelques règles pour la gouverne des participants en mode virtuel. Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont à notre disposition pour cette réunion. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir le parquet, l'anglais ou le français. Si l'interprétation est interrompue, veuillez m'en informer immédiatement, et nous veillerons à ce que le service reprenne adéquatement avant de recommencer les discussions.
Pour les membres du Comité qui sont venus en personne, veuillez bien vouloir attendre que je vous aie nommément accordé le droit de la prendre. Lorsque vous parlez, veuillez vous exprimer lentement et clairement, pour faciliter la tâche à nos interprètes. Lorsque vous n'avez pas la parole, veuillez mettre votre micro en sourdine afin d'éviter que nos interprètes ne subissent des blessures aux oreilles.
Pour le bon déroulement de la réunion, j’invite tous les participants à adresser leurs commentaires à la présidence.
Je pense qu'on peut commencer. Conformément à l'alinéa 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 18 septembre 2023, le Comité reprend son étude sur l'intégration du savoir traditionnel et des connaissances scientifiques autochtones à l'élaboration des politiques gouvernementales.
Maintenant, j'ai le plaisir de souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous accueillons les témoins suivants: M. Mark Bonta, géographe, qui arrive de la Pennsylvanie; Kyle Bobiwash, professeur adjoint; Jared Gonet, candidat au doctorat, Biologie de la conservation; Brenda Parlee, professeure, chaire UNESCO, Université de l'Alberta, qui se joint à nous depuis la Saskatchewan.
Chaque témoin disposera de cinq minutes pour faire une déclaration d'ouverture. Viendront ensuite les questions des membres du Comité.
Nous allons commencer par M. Bonta, pour cinq minutes.
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Je vous remercie. C'est un grand honneur pour moi d'être ici.
Je discutais justement avec un collègue à propos du fait que je pouvais imaginer être invité à comparaître devant un comité parlementaire aux États-Unis. Je suis réellement impressionné.
Les députés ayant consulté le mémoire que j'ai présenté savent que je ne suis pas un spécialiste du Canada. Je me suis rendu au Yukon et dans l'Arctique, mais en tant que chercheur, je m'intéresse avant tout aux pays tropicaux. Je possède ainsi une expérience considérable du Honduras, du Mexique, et surtout de l'Australie.
Je vais maintenant aborder des sujets que vous avez probablement déjà étudiés ici. Je précise que mon champ d'expertise recouvre tant la géographie que la philosophie.
Comme bien d'autres chercheurs universitaires, je m'intéresse principalement aux différentes manières d'opérer une synthèse entre les connaissances traditionnelles autochtones et les connaissances scientifiques occidentales. Les expériences de chaque pays à cet égard sont très diversifiées.
Sans plus tarder, permettez-moi d'exposer quelques idées à ce sujet.
À mon avis, les connaissances traditionnelles autochtones comme la science occidentale ne constituent pas des systèmes de connaissances monolithiques en soi. À titre de géographe, mon savoir se situe à la croisée des sciences sociales et des sciences naturelles. Les géographes divergent sur plusieurs principes fondamentaux, et même sur des concepts de base tels que la nature du temps et de l'espace. J'insiste donc sur le fait que les sciences occidentales et les connaissances autochtones ne sont pas monolithiques; il faut toujours les étudier dans toutes leurs nuances.
L'objectif de tout chercheur est de tendre vers la vérité, mais cette vérité est bien trop souvent sujette à des interprétations politisées. Nous devons donc demeurer réalistes et vigilants lorsque nous nous engageons dans un tel processus de recherche des différents modes de connaissances.
J'ai couché par écrit plusieurs de mes réflexions sur les connaissances traditionnelles autochtones. J'insiste notamment sur le fait que, bien que les connaissances autochtones peuvent être rassemblées au sein d'un même corpus, elles doivent être testées de manière empirique sur le terrain. Il ne s'agit pas seulement de connaissances théoriques dont les aînés sont les dépositaires; elles comportent également un aspect expérimental. Je pense que plusieurs d'entre vous comprennent ce que j'essaie d'expliquer.
Ces connaissances traditionnelles autochtones comportent également un aspect éclectique. Il m'est arrivé par exemple de travailler avec un chaman au Mexique. Bien que faisant partie d'un groupe autochtone dépositaire d'un certain savoir ancestral, ce chaman est également parvenu à acquérir des connaissances de manière autodidacte. Le savoir n'est donc pas un objet statique appartenant au passé, il évolue constamment et varie en fonction des différents groupes humains et des différents lieux géographiques.
Comme je l'ai dit, mon objectif est d'opérer une sorte de synthèse entre différents systèmes de connaissances. La science humaine hybride qui en découle nous permettra d'aborder différents enjeux et problèmes persistants auxquels nos sociétés sont confrontées. En ce qui concerne la lutte aux changements climatiques, par exemple, nous pourrions nous inspirer de connaissances autochtones. Nous devrions puiser dans différents savoirs afin de créer en quelque sorte une nouvelle science. Il ne s'agit pas simplement de dialoguer avec les peuples autochtones, mais d'étudier en profondeur la manière dont leurs connaissances peuvent enrichir la science.
J'ai bien conscience que tout ce que j'ai dit jusqu'à présent peut paraître plutôt abstrait et général.
J'ai eu l'occasion d'écrire à propos de ces thématiques dans le contexte du Territoire du Nord en Australie. Il s'agit en effet d'une région qui a permis à la communauté scientifique de réaliser de grandes avancées. Les communautés autochtones de cette région sont propriétaires des terrains, et elles ont l'habitude d'embaucher des chercheurs de différentes disciplines. J'ai moi-même fait partie d'une équipe de chercheurs chargée d'étudier les rapaces cracheurs de feu, ce qui a mené à des découvertes dans le domaine de la gestion des incendies et de la restauration des terres. Il s'agit également d'une chance inouïe de pouvoir... Les chercheurs ont ainsi l'occasion de mettre en commun leurs découvertes et d'approfondir leurs connaissances. Le savoir hybride ainsi créé va bien au‑delà de chaque discipline scientifique prise de manière indépendante.
J'aurais encore bien des choses à dire, mais il me reste trop peu de temps. Cinq minutes, c'est très court.
Je conclurai ma présentation en vous rappelant que mes travaux actuels portent sur la communication inter-espèces chez les oiseaux. On sait que les oiseaux sont capables non seulement de communiquer entre eux, mais également avec d'autres espèces animales, dont l'humain. Les oiseaux ont développé au fil du temps leur propre langage, et il est possible pour les humains de leur parler. Je pourrais vous fournir des exemples très précis à ce sujet. Voilà sur quoi portent entre autres nos travaux en Australie. Bien entendu, les ornithologues étudient eux aussi ce sujet, et sont en train d'en tirer des enseignements intéressants.
Je vous remercie.
Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de l'invitation.
Au fil de mes expériences dans les communautés autochtones, les services publics et les milieux universitaires, comme professeur ou comme étudiant, la facilitation des savoirs et des sciences autochtones dans le cadre du système scientifique canadien devient, de plus en plus, ce qui guide ma carrière et ma vie.
[Traduction]
L'intégration ou le maillage du savoir autochtone et de la science autochtone devient de plus en plus une priorité dans le monde. Les défis à relever sont nombreux: la conservation de la biodiversité planétaire, l'atténuation des changements climatiques ou à l'adaptation à ceux‑ci, l'établissement d'une économie carboneutre, la sécurité et la souveraineté alimentaires. Ainsi, tout ce que nous pouvons faire pour nous doter de moyens et d'infrastructure pour favoriser l'intégration et le financement de la science autochtone aidera le Canada à adopter des politiques et des cadres décisionnels éprouvés qui optimiseront l'utilisation du savoir de ceux et celles qui sont souvent les plus proches de la nature et qui composent depuis le plus longtemps avec bon nombre des phénomènes et des systèmes que nous souhaitons étudier.
Comme le Comité l'a entendu, la science autochtone est un système de connaissances localisé qui répond aux besoins des populations locales et qui améliore nos relations et nos responsabilités les uns envers les autres, entre humains, entre espèces ou dans des paysages particuliers, mais au‑delà de cela, la science autochtone se fonde sur des indicateurs et des valeurs distincts.
Chez les Anishinabes, le peuple auquel j'appartiens, nous avons divers enseignements, comme les enseignements des sept grands-pères, ou des principes comme le concept de la septième génération qui aident non seulement à orienter nos décisions et le développement scientifique d'aujourd'hui, mais aussi à évaluer la qualité de nos observations scientifiques et de nos décisions pour l'avenir des générations à naître et même de leurs enfants.
Au Canada, nous avons des chercheurs parmi les meilleurs au monde en santé, en gestion des ressources naturelles, en ingénierie, en biologie de conservation et dans bien d'autres domaines. Pourtant, malgré une interaction plus importante que jamais avec la science grâce à la technologie et aux produits de la science, les plus jeunes générations de Canadiens sont exposées à une espérance de vie plus courte, à une plus grande insécurité économique, à de plus grands risques pour la vie et la subsistance à cause des changements climatiques. Ils risquent par ailleurs, et cela m'interpelle tout particulièrement, de vivre dans des écosystèmes et des environnements moins diversifiés, moins beaux et moins résilients.
La science autochtone ne résoudra pas les problèmes à elle seule. Cependant, c'est en créant des mécanismes qui font place à la science autochtone et à l'autodétermination dans la science que nous pourrons accroître la rigueur de nos approches scientifiques actuelles. Nous pouvons améliorer la transparence et la confiance envers notre science et les décisions qui en découlent. Nous pouvons aussi trouver de meilleures façons de mettre en œuvre, de diffuser, de mobiliser et de traduire la science pour les divers intervenants et les titulaires de droits.
Grâce à diverses mesures comme l'établissement de priorités scientifiques par les Autochtones et l'évaluation scientifique autochtone, nous pouvons favoriser des initiatives scientifiques et un financement qui contribueront au bien-être des gens sur le plan personnel, économique ou sociologique, encore une fois. Du même coup, nous pouvons renforcer le sentiment ou l'idée que les investissements dans les sciences de toutes sortes, autochtones et non autochtones, amélioreront la vie des gens, leurs environnements et leurs milieux de travail.
La science et la technologie mises au point par les nations autochtones sont déjà intégrées à nos systèmes scientifiques, ainsi qu'à nos économies nationale et mondiale, qu'il s'agisse d'améliorer notre capacité de surveiller la glace en mer ou les changements environnementaux ou de fournir aux phytogénéticiens des caractères végétaux modernes pour développer de nouveaux cultivars résistants à la sécheresse ou aux agents pathogènes.
Cependant, une grande partie de ce travail n'est pas reconnu et, surtout, il est sous-financé. C'est cet éternel manque de financement qui mine l'efficacité de nos stratégies et de nos systèmes scientifiques. Si les professeurs comme moi ont la chance de pouvoir consacrer du temps aux questions fondamentales associées à l'agriculture durable ou à la conservation bénéfique des insectes, nombreux sont les éducateurs et détenteurs de savoir dans nos collectivités qui ne bénéficient pas du même soutien financier pour continuer de développer et de renforcer leurs systèmes de savoir locaux.
De même, bien qu'il y ait toujours place à l'amélioration, le financement et les ressources consacrés à la formation de la prochaine génération de scientifiques (nos étudiants de premier et deuxième cycles) sont accessibles de diverses façons dans le milieu universitaire, tandis qu'au sein des communautés autochtones, il est beaucoup plus difficile d'avoir accès à du financement pour la prochaine génération de détenteurs du savoir, souvent en raison de la structure des programmes ou des mécanismes de financement.
Outre ces problèmes, que je considère comme relativement faciles à résoudre, il y a des défis de plus grande envergure, qui nécessiteront une collaboration entre le Canada, les provinces et les territoires, le milieu universitaire, les communautés autochtones et l'industrie. Un détenteur du savoir autochtone ou un scientifique autochtone a besoin d'un réseau de structures de soutien et de sensibilisation toute sa vie durant, il doit bénéficier d'un espace éthique où les connaissances scientifiques et autochtones peuvent s'entremêler, interagir et être enseignées en parallèle, au besoin, pour donner lieu à des politiques plus éclairées.
Il faudra déployer des efforts considérables de manière concertée pour soutenir le développement professionnel de tous les acteurs de l'écosystème scientifique, que ce soit les personnes qui recueillent les données, les décideurs qui utilisent ces données ou encore les enseignants en sciences dans les écoles et les communautés.
Le travail accompli par le Groupe interministériel fédéral sur les sciences, les technologies, l'ingénierie et les mathématiques autochtones du Canada (Groupe STIM‑A) ne soutient pour l'instant qu'une fraction des efforts en question. Le Groupe STIM‑A...
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Merci, mesdames et messieurs, de prendre le temps d'écouter mon point de vue et celui de plusieurs autres témoins sur ce sujet important.
Je suis un membre des Premières Nations. Je possède des liens familiaux étroits avec la Première Nation Carcross Tagish et la Première Nation Taku River Tlingit. Les membres de ma famille se trouvent un peu partout entre Fort Liard et Whitehorse, mais j'appartiens officiellement à la Première Nation Taku River Tlingit.
Mes études doctorales portent sur les liens possibles entre les efforts de conservation et le savoir traditionnel autochtone. J'étudie sous différents angles la contribution que pourrait apporter ce savoir à la science.
Le contexte est important. Par exemple, votre travail s'inscrit dans le parcours vers la réconciliation, auquel nous aspirons tous, mais les nations autochtones, elles, veulent mettre de l'avant leurs propres systèmes de savoir. La réconciliation va de pair avec la reconnaissance de la vérité telle que l'expérience vécue par mes grands-mères dans les pensionnats, et celle de ma mère. L'une d'elles est restée dans un de ces établissements pendant 14 ans.
Voici ce qu'a écrit l'autrice tlingite Ernestine Hayes:
Les premiers habitants se sont fait dire de parler la nouvelle langue et de porter les nouveaux vêtements. On leur a dit de récolter les richesses de l'océan au nom du profit au détriment de l'équilibre. On leur a dit que les poissons formant le peuple des saumons étaient en fait des choses.
En raison du passé récent, la transmission du savoir traditionnel autochtone se bute à un manque de confiance. Pour remédier à ce problème, je recommande d'encourager les peuples autochtones à transmettre leurs connaissances conformément à leurs lois, ainsi que de les aider à préserver ces connaissances au niveau des communautés, comme le préconise l'une de mes mentores, l'aînée Norma Kassi.
Il sera difficile de comparer directement la science et le savoir traditionnel autochtone étant donné que celui‑ci constitue un système composé de diverses éthiques, philosophies, lois et modes de relation avec les espèces non humaines. Les détenteurs du savoir font partie de ce système et peuvent guider les personnes qui souhaitent mieux intégrer les éléments autochtones dans la science.
Je recommande d'accepter que le savoir autochtone soit mis de l'avant par les autorités au sein des collectivités autochtones. Les politiques et les lois doivent octroyer aux aînés le rôle de conseillers et reconnaître leur sagesse. Elles doivent aussi — M. Bobiwash vient de le mentionner — soutenir la mise en place d'un espace qui fera naître la prochaine génération de détenteurs du savoir, comme le propose le mentor Mark Wedge, aîné du clan Deisheetaan de la Première Nation Carcross Tagish. Les gardiens des terres et les aires protégées et de conservation autochtones sont des questions importantes.
Il existe de nombreuses visions du monde au sein des nations autochtones. La terminologie est donc très importante. Par exemple, dans plusieurs régions du Yukon, ce qu'on appelle la planification des relations, et non pas la planification de la gestion, est amorcée. Cette pratique aide à maintenir les liens avec nos frères non humains sur le plan émotionnel, spirituel, mental et physique. Chez moi, dans le sud du Yukon, nous devons maintenir ces relations dans l'esprit des lois qui prônent le respect, le partage et la bienveillance. Cela fait partie des changements systémiques apportés pour intégrer davantage le savoir traditionnel autochtone dans les politiques.
La matriarche du clan Ishkahittaan Edna Helm, de la Première Nation Carcross Tagish a bien décrit la vision du monde du peuple tlingit de l'intérieur des terres. Il faudrait, selon elle, considérer les caribous comme nos protecteurs, et non pas l'inverse. Une autre application concrète de la vision du monde des Premières Nations est revendiquée par Joe Copper Jack. Selon ce défenseur des droits de ceux qui ne peuvent pas se faire entendre, les caribous devraient être assis à la table lors des discussions portant sur les décisions qui les touchent, sur les futures générations ou sur d'autres questions pertinentes.
Les peuples autochtones voient souvent le monde de manière holistique selon laquelle nous sommes tous des membres égaux d'un vaste réseau de la vie dont nous devons honorer les dimensions spirituelles et émotionnelles, selon ce que me disait souvent un aîné du clan Daḵlʼaweidí, fe Norman James. Cette philosophie est également inscrite dans un document intitulé Together Today for Our Children Tomorrow qui avait été présenté au premier ministre Pierre Elliott Trudeau en 1973 et qui a déclenché le processus des traités au Yukon. Je recommande que les politiques reconnaissent l'amour qui imprègne ce document et qu'elles rendent hommage à la grande équité entre nous et les autres parties des terres et des eaux.
Une aînée du Yukon aujourd'hui décédée, Virginia Smarch, disait que nous faisions partie des terres et des eaux. Bon nombre des membres des Premières Nations croient que c'est littéralement le cas et que la destruction des terres et des eaux provoquerait la destruction du savoir traditionnel autochtone et de l'espèce humaine. Nous nous efforçons d'enseigner aux autres comment agir en harmonie avec les terres et les eaux. Au Yukon, l'initiative How We Walk with Land and Water a d'ailleurs été mise en place. Par conséquent, je recommande que la souveraineté des Autochtones sur les terres et les eaux soit reconnue et que de véritables pouvoirs décisionnels sous forme de cogestion ou de processus relationnels communs participent à l'intégration du savoir traditionnel autochtone dans les politiques du gouvernement ainsi qu'à l'orientation que ce dernier peut leur donner.
La réconciliation va également de pair avec la guérison pour que survive le savoir traditionnel autochtone haa kusteeyi des Tlingits, dan’ke des Tutchones du Nord et des Tutchones du Sud, tr’ehude des Hans, ou Tr'ondëk Hwëch'in, et dene k’éh de Kaskas. Je viens d'énumérer les noms donnés au savoir traditionnel autochtone au Yukon et à certains endroits en Colombie-Britannique. Ce savoir, tout comme les nombreux autres au Canada, doit orienter les politiques en vue d'instaurer une société plus juste et plus durable.
Merci.
Merci.
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Merci de me donner l'occasion de m'entretenir avec vous aujourd'hui.
J'aimerais d'abord reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel et non cédé de la nation algonquine.
Je suis une professeure non autochtone à l'Université de l'Alberta, sur le territoire du Traité no 6 et sur le territoire des Métis. Comme cela a été mentionné, je suis cotitulaire d'une chaire UNESCO avec Danika Billie Littlechild et Mariam Wallet Aboubakrine. En collaboration avec plusieurs autres partenaires fantastiques, nous dirigeons le projet Arramat. Cette initiative de six ans financée par les trois organismes subventionnaires canadiens soutient la recherche menée par des Autochtones sur la biodiversité, la conservation, la santé et le bien-être.
Depuis plus de 25 ans, je mène des recherches au Canada et à l'étranger dans un domaine au croisement du savoir traditionnel, de la science et de la gestion des ressources naturelles. Aujourd'hui, je vais vous faire part de mes réflexions en reconnaissance des nombreux peuples autochtones avec lesquels j'ai travaillé au fil des ans.
Il est impossible de parler des liens entre la science et le savoir traditionnel autochtone sans souligner la représentation inéquitable qui saute aux yeux dans les établissements postsecondaires et dans les gouvernements. Des préjugés importants, notamment dans la région Nord des provinces, empêchent certaines personnes d'avoir accès aux ressources nécessaires pour produire des connaissances et se faire entendre par des instances gouvernementales, tel le Comité. Le simple fait que ce soit moi qui prenne la parole aujourd'hui, et non pas de grands chercheurs autochtones du Nord tels que Nicole Redvers ou des figures publiques telles que Herb Nakimayak, du Conseil circumpolaire inuit, démontre la présence au Canada de préjugés dérangeants voulant que les connaissances soient plus ou moins importantes selon la personne qui les possède.
Un stéréotype répandu veut que le savoir traditionnel autochtone soit détenu par les aînés et qu'il provienne d'un passé lointain. J'ai eu pourtant l'honneur de constater que le savoir traditionnel autochtone est issu de relations profondes avec la nature. Ces relations à la fois physiques et spirituelles existent encore aujourd'hui. Le savoir est généré, conservé et transmis de diverses manières au sein des communautés et d'une communauté à l'autre. Sa pertinence est bien réelle, aujourd'hui que jamais, particulièrement pour les jeunes, qui ont souvent du mal à trouver leur place.
Comme cela a été mentionné récemment lors d'un camp scientifique et culturel organisé par la Première Nation des Dénés Łutsel K'e dans les Territoires du Nord-Ouest, les jeunes veulent apprendre et parler dans leur langue et acquérir des connaissances et des compétences autant auprès des aînés qu'auprès des scientifiques. Les jeunes Autochtones peuvent nous en apprendre beaucoup sur la mise en place d'espaces et d'occasions d'apprentissage culturellement sécuritaires. Consultons-les.
Nous devons diriger notre attention là où les choses ont mal tourné et qui vont toujours terriblement mal. Les sciences conventionnelles ont créé au lieu de régler de nombreux problèmes environnementaux. Les connaissances conflictuelles sur les risques associés à l'exploitation des sables bitumineux sur le territoire des Cris, des Dénés et des Métis en Alberta en sont un parfait exemple. La disparition des troupeaux de caribous dans le Sud de l'Alberta, qui a fait la une des journaux, met en évidence le large fossé entre les sciences et les politiques en Alberta et au Canada. Il aura fallu le leadership et le courage des communautés autochtones pour faire apparaître quelques lueurs d'espoir pour le caribou et la population.
J'aimerais mentionner par ailleurs quelques réussites du côté de la coproduction et de la cogestion des connaissances, notamment le travail collaboratif de surveillance à long terme effectué par les biologistes et les communautés inuvialuites dans la mer de Beaufort. Grâce au travail acharné et à l'expertise de chasseurs comme Frank Pokiak et de scientifiques dévoués — soulignons que la plupart sont des femmes —, le programme produit depuis plus de 40 ans des données sur la santé des bélugas qui suscitent l'envie de plusieurs gouvernements dans le monde.
Qu'est‑ce qui fait la différence entre une réussite et un conflit? Les facteurs sont nombreux. Il y a d'abord le respect pour le savoir traditionnel autochtone, mais aussi la mise en place d'accords légaux solides avec les gouvernements qui respectent les droits territoriaux et les droits liés aux ressources des Autochtones. La réussite des programmes dépend également des efforts déployés dans les communautés par de petits groupes tels que les comités de chasseurs et de trappeurs — gérés eux aussi par de jeunes femmes énergiques —, dont les efforts manquent cruellement de reconnaissance et dont le travail est sous-financé de façon chronique. Le soutien du gouvernement fédéral au programme de Gardiens autochtones est un formidable pas en avant, mais la recherche menée par les Autochtones demanderait davantage de ressources.
Ces problèmes ne se régleront pas tout seuls. Pourquoi les Autochtones au Canada, particulièrement ceux qui vivent dans la région Nord des provinces, n'ont-ils pas accès à l'eau potable, à des logements sécuritaires et abordables, à des aliments et à un environnement sains de même qu'à des emplois bien payés? Nous parlons de droits fondamentaux. Mettons en œuvre les appels à l'action de la Commission de la vérité et réconciliation, appliquons les dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et respectons les engagements à l'égard des changements climatiques et ceux pris dans le cadre mondial pour la biodiversité.
Unissons nos efforts pour mettre en place et maintenir des communautés et des environnements sains où nous sommes fiers de vivre.
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Merci beaucoup pour cette question.
Je pense que j'ai soulevé deux éléments principaux dans ma présentation, notamment la reconnaissance de la valeur des systèmes de savoir traditionnel autochtone et le respect mutuel entre les scientifiques et les détenteurs de savoir traditionnel autochtone.
J'estime que ce qui cause bon nombre des conflits que nous observons ou qui empêche d'établir des relations saines et solides entre les scientifiques et les détenteurs de savoir traditionnel autochtone est la persistance des conflits concernant les droits territoriaux et les droits liés aux ressources, qui sont souvent en filigrane des discussions. Tant que ces différends ne seront pas réglés, nous resterons bloqués au stade des conversations épistémologiques.
Il y a d'autres facteurs importants. Je travaille par exemple avec la Première Nation crie Mikisew et la Première Nation des Chipewyans d'Athabasca. Nous avons financé au cours des cinq dernières années un grand nombre de projets de gestion de ressources au niveau des communautés qui reconnaissent l'importance pour les peuples autochtones de mener leurs recherches selon leurs propres méthodes, de transmettre leur savoir à leur manière et de recruter les capacités nécessaires au niveau local. Le sous-financement chronique d'un grand nombre de communautés et les lacunes et les besoins — par exemple pour l'implication des jeunes — criants nous obligent à mener une bataille incessante dans la vaste majorité des cas.
Encore une fois, la reconnaissance des droits territoriaux et des droits liés aux ressources est primordiale. Ces problèmes ne touchent pas uniquement les communautés des Premières Nations ou les communautés métisses de l'Alberta. Ils touchent tous les Albertains et tous les Canadiens. J'estime donc que si nous les réglons ensemble, non seulement les communautés autochtones en profiteront, mais aussi l'ensemble de la population.
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Je vous remercie de la question. Je pense qu'il est important d'en parler.
Ce cours compte beaucoup de participants non autochtones qui proviennent de nombreuses familles d'agriculteurs de longue date. Encore une fois, pour faire suite à ce que M. Gonet a mentionné, je développe un peu de compétences culturelles autochtones. Mais en plus, je renforce leur capacité et leur donne les moyens de commencer à développer, à partir de leur expertise, leurs connaissances de leurs exploitations agricoles familiales, et en tant que résidants du Manitoba... Je les amène à vraiment réfléchir à l'intégration de valeurs autochtones — la façon d'envisager les relations écologiques qu'entretiennent des plantes, des animaux ou des réseaux hydrographiques avec nos installations agricoles —, ce qui correspond en fait à des pratiques de gestion exemplaires que tous les agriculteurs intègrent déjà. Il n'y a pas que le carburant ou la productivité agricole d'une exploitation agricole. Il faut aussi s'attarder à la façon d'obtenir des avantages supplémentaires, notamment par la gestion de l'habitat riverain, la gestion plus efficace des éléments nutritifs ou même la création des systèmes agricoles qui servent en fait d'habitat aux espèces en voie de disparition ou en péril.
Il s'agit vraiment de miser sur le point de vue unique que beaucoup de ces étudiants tirent de leur expérience pour façonner des perspectives nouvelles et uniques qui pourraient favoriser le développement autochtone en agriculture.
Le programme de gardiens autochtones forme un réseau incroyable de communautés autochtones qui est soutenu par différentes sources de financement, mais qui est rendu possible grâce au travail acharné de nombreux membres de l'Initiative de leadership autochtone. Les « gardiens » assurent une surveillance à certains égards et mènent des recherches continues fondées sur des données probantes pour recueillir des données sur les questions qui importent aux communautés. Peut‑on boire l'eau? Peut‑on manger le poisson? Comment peut‑on maintenir des ressources qui assurent la sécurité alimentaire? Cependant, il faut aussi prendre en compte la souveraineté, l'identité des communautés, leur attachement à la terre, et la façon de le préserver au fil du temps.
Le programme comporte aussi un volet social et culturel à bien des égards. Les communautés ont l'occasion de bâtir, d'enseigner et de créer des occasions d'apprentissage pour les jeunes. Il y a aussi des programmes de gardiens qui visent à sensibiliser la population. Le programme de gardiens dirigé par Iris Catholique dans la Première Nation des Dénés de Łutsel K'e, par exemple, dans le parc national Thaidene Nëné, vise également à sensibiliser les non-Autochtones de la région à la culture dénée.
Le programme comporte de nombreuses dimensions différentes, et je pense que c'est cette approche holistique qui en assure la réussite.
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Je pense que les groupes de rangers, sous leur forme actuelle, connaissent un énorme succès dans le Territoire du Nord. Je vous recommande fortement de vous inspirer du
Northern Land Council et de
Land and Sea. Ce sont des rangers autochtones qui cherchent à restaurer le paysage à ce qu'il était avant 1788 — avant l'arrivée du capitaine Cook — grâce à la gestion des incendies et à beaucoup d'autres aspects, mais aussi avec la protection des sites sacrés. Ces peuples autochtones travaillent ensemble d'une façon que je n'ai jamais vue ailleurs dans le monde. Cependant, ils ont certainement plus de pouvoir qu'aux États-Unis, et même dans des endroits comme le Mexique. Ils sont propriétaires des terres, et il est possible d'y aller sur invitation seulement.
Cela dit, ils se sentent incroyablement... Avec eux, le processus de publication prend de nombreuses années. Mais pour les plus anciennes sociétés du monde, qui comptent en fait 40 000 à 50 000 années de savoir ininterrompu... C'est plus que tout ce que j'ai jamais vu. C'est peut-être un autre modèle à envisager d'endroit qui a manifestement été colonisé de la même source.
Il n'y a pas grand-chose à ajouter.
Si vous vous intéressez à la propagation du feu, je peux toujours vous transmettre l'information. Nous essayons activement de publier des témoignages plus poussés, mais nous avons été interrompus pendant la COVID. Il faut beaucoup de temps pour négocier les permissions. Nous les avons, mais il nous reste à les obtenir sur le plan légal, essentiellement. Les gens sont très heureux de partager le savoir accessible — mais pas secret — sur les oiseaux qui propagent le feu, leur raison de le faire, leur manière de procéder, et ainsi de suite.
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Je peux parler du Mexique. J'y ai réfléchi. C'est un pays où le colonialisme espagnol consistait à mettre les gens dans des «
pueblos ». C'était une façon très différente de coloniser.
Pour ce qui est de l'identité mexicaine et de l'identité « mestizo », ou métisse, il y a bel et bien des tensions à l'égard du savoir autochtone. Mais si vous regardez ce qui s'est passé à Oaxaca, vous constaterez encore une fois que ces gens ont un contrôle absolu de leurs « municipios », ou municipalités. C'est un autre pays où l'incorporation directe des connaissances autochtones atteint le seuil, selon moi.
J'aimerais que nous cessions d'utiliser le terme ornithologie ethnique — une discipline que je pratique depuis longtemps —, et que nous parlions simplement d'ornithologie en intégrant les gens au cœur du processus. Une grande partie des découvertes et des apprentissages sur les oiseaux concernent à la fois l'ornithologie occidentale et l'ornithologie ethnique. Lorsqu'il y a une collaboration au Mexique, ces groupes doivent la plupart du temps donner leur autorisation.
J'ai un autre commentaire à ce sujet. J'ai vu un hôpital, et je me suis dit que j'aimerais voir une université ici, dans le nord. Cet hôpital est situé dans une région autochtone. On peut y entrer et faire un choix entre des praticiens autochtones, religieux, catholiques, ou occidentaux pour le traitement du cancer ou de n'importe quoi d'autre. Tout est réuni dans le même hôpital. Le personnel médical mexicain aux pratiques occidentales apprend les méthodes autochtones, et inversement. Il y a trois ou quatre centres de ce type au Mexique. Je n'avais jamais rien vu de tel, mais au Mexique, la médecine autochtone est prisée au point où tout le monde la demande.
C'est ma vision. Il y a des pays où on a brisé les barrières, où la médecine autochtone est sur un pied d'égalité. Tout n'est pas réuni à un seul endroit où il faut aller pour obtenir ce savoir. C'est plutôt universel.
Je peux en effet en dire plus sur le Mexique.
C'est une question fondamentale. Même dans le savoir occidental, je pense que nous aimons affirmer ce qui est vrai parce que nous procédons à un examen par les pairs et que nous avons tout ce processus, mais en réalité, une grande partie de ce qui est publié n'est pas véridique. Beaucoup de choses sont contestées.
Dans les études du savoir autochtone, qui sont fondées sur ce que vous avez entendu, une chose peut être plus empirique et avoir de l'importance. Disons que nous voulons accompagner des gens sur le terrain et faire des comparaisons, des groupes de personnes vont à l'extérieur, identifient des plantes, puis déterminent leur utilité ou le rôle que jouent les oiseaux. Différentes personnes se réunissent et en parlent. Elles en discutent, ne sont pas d'accord, puis s'entendent sur la réponse.
Comme l'a mentionné mon collègue, c'est un processus très dynamique. C'est en train de se produire. Les gens acquièrent de nouvelles connaissances.
Je pense que c'est lié de près à ce qui vous intéresse. C'est une chose à laquelle les néophytes devraient être plus favorables, parce que nous faisons la même chose en tant que scientifiques. Nous nous réunissons, nous procédons à des évaluations par les pairs et nous faisons tout ce processus.
J'espère que cela répond à votre question dans une certaine mesure. Il serait très long d'expliquer en quoi consiste la vérité et le savoir.
Je serai brève, afin de donner la possibilité d'entendre d'autres témoins. Je pense qu'avant toute chose, il est important d'établir les différences et les similitudes entre le savoir autochtone et la science.
Pour répondre à votre question, il existe de nombreuses similitudes. Par exemple, si mon collègue Joseph Catholique, un chasseur de caribous, se rend sur le terrain, il voit 10 caribous. Le scientifique qui se rend sur le terrain voit aussi 10 caribous. Il s'agit là d'un savoir fondé sur des preuves. Si Joseph Catholique se rend sur le terrain année après année et que le scientifique n'y va qu'une fois tous les cinq ans, le niveau d'approfondissement et de détail du savoir autochtone est considérablement plus élevé comparativement à celui de la science. Les connaissances autochtones s'inscrivent dans une longue durée, ce qui leur confère une certaine crédibilité.
Nous pouvons observer des conflits entre la science et le savoir autochtone au sujet de questions fondamentales, comme le nombre de caribous et la dynamique des populations. Je dis parfois que le savoir autochtone est mieux que la science, en ce sens qu'il a également un lien spirituel. Les gens comprennent la migration des caribous et la dynamique des populations en se fondant sur des preuves, mais aussi grâce à ce lien spirituel.
J'aimerais que nous puissions passer la journée ici, car c'est très intéressant.
J'aimerais d'abord m'adresser à M. Gonet.
Vous avez parlé des systèmes de savoir autochtone qui invoquent une relation entre l'être humain et la nature, représentée par exemple par le caribou ou le saumon. J'aimerais avoir un exemple de la façon dont cela pourrait fonctionner lorsqu'il s'agit d'utiliser les connaissances autochtones pour nous aider à élaborer des politiques.
Lorsque j'étais au Yukon, dans les années 1980, j'ai mangé du saumon quinnat à Mayo. À l'époque, le saumon quinnat était abondant, semble‑t‑il, mais ce n'est certainement pas le cas aujourd'hui.
J'aimerais que vous nous donniez un exemple de la façon dont les connaissances autochtones pourraient aider à mieux gérer la relation entre le saumon et les gens dans le réseau hydrographique du fleuve Yukon.
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Je disais tout à l'heure qu'il existe un programme de surveillance à long terme auquel participent les collectivités inuvialuites, qui le dirigent également. Pendant plus de 40 ans, on a recueilli des données, notamment sur le mercure, par exemple.
Ce programme a été conçu pour répondre à des enjeux fondamentaux qui étaient importants pour les collectivités. Les bélugas sont essentiels à la sécurité alimentaire de la région, ainsi qu'à la culture et aux moyens de subsistance des collectivités. Le type de recherche scientifique effectué vise donc à répondre à des questions fondamentales liées à la santé, à l'alimentation, à la culture et aux moyens de subsistance des populations, ce qui est différent, selon moi, de nombreux autres programmes à vocation scientifique.
L'autre différence fondamentale réside dans le fait que les autres types d'indicateurs et de connaissances qui sont collectés en même temps sont beaucoup plus holistiques que le sont ceux collectés dans le cadre de nombreux autres programmes de surveillance à vocation scientifique, qui ont une approche beaucoup plus étroite.
Enfin, il y a la mesure dans laquelle le travail de surveillance et de recherche lui-même est intégré dans des processus importants sur le plan culturel comme la chasse et la pêche, et dans lesquels le processus lié à la recherche scientifique, à l'accumulation de connaissances et à la coproduction de connaissances est utile et bien ancré dans les collectivités, notamment chez les jeunes.
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Je vais même souligner que j'ai travaillé avec le frère du député, Syd, du Service canadien de la faune, dans le cadre de certains travaux sur la pollinisation.
Une chose qui me semble très importante, c'est que… Encore une fois, nous pouvons avoir des notions et des points de vues occidentaux sur la biodiversité qui s'appuient sur la taxonomie usuelle ou sur des domaines comme la génétique et la phylogénétique. Dans une grande partie de notre travail, nous tentons d'expliquer certains des facteurs qui font en sorte que certaines espèces se trouvent ou ne se trouvent pas dans un endroit donné et que certaines espèces sont en mesure de fournir une sorte de service écosystémique, et encore une fois, nous utilisons des approches conceptuelles très occidentales pour comprendre les différents milieux.
Les connaissances et les sciences autochtones nous fournissent d'autres hypothèses, d'autres types de données, d'autres façons de caractériser les milieux, d'autres façons de caractériser la biodiversité et les relations que, par exemple, les pollinisateurs peuvent avoir avec les fleurs ou que le caribou peut avoir avec certaines zones d'alimentation ou, de la même façon, que les bélugas peuvent avoir avec certains milieux donnés.
Il est donc très important de tenir compte de ces connaissances.