Bienvenue à la 27e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes. La réunion d'aujourd'hui se déroulera sous forme hybride, conformément à l'ordre pris par la Chambre le 23 juin 2022. Certains membres du Comité siègent en personne, et d'autres siègent à distance à l'aide de l'application Zoom.
Conformément à l'alinéa 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée le lundi 26 septembre 2022, nous commençons notre étude des scientifiques citoyens.
J'aimerais prendre quelques instants afin de faire des observations pour la gouverne des témoins et des députés. Veuillez attendre que je vous nomme avant de parler. Si vous vous joignez à nous par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer, et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. Pour les services d'interprétation dans Zoom, vous pouvez sélectionner le français, l'anglais ou le parquet au bas de votre écran. Si vous vous trouvez dans la salle, utilisez l'oreillette et sélectionnez le canal qui vous convient.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Les députés présents dans la salle peuvent demander la parole en levant la main. Ceux qui utilisent l'application Zoom pourront utiliser la fonction « Lever la main ». Le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour respecter l'ordre des interventions. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Conformément à notre motion de régie interne, j'avise le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos deux invités. En ligne, nous avons Mme Nemer, et en personne, M. Quirion.
Nous allons d'abord entendre la déclaration liminaire de chaque témoin, en commençant par le témoin dans la salle.
Monsieur Quirion, je vous invite à prendre la parole pour cinq minutes. À la fin des cinq minutes, si vous voulez bien lever les yeux, je vais essayer d'attirer votre attention pour que vous vous dépêchiez si jamais vous vous apprêtez à dépasser le chiffre magique de cinq minutes.
Sur ce, je donne la parole à notre premier témoin.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, collègues et amis, je suis très heureux d'être de retour parmi vous. Merci de l'invitation.
Aujourd'hui, j'ai choisi un angle assez unique et peut-être un peu provocateur pour vous parler de science participative et d'engagement citoyen. Je vais donc vous résumer très brièvement les initiatives de mon bureau et des Fonds de recherche du Québec en la matière. Je vais miser sur trois de nos programmes: le programme Audace, le programme Dialogue et le programme Engagement. Je vais surtout vous parler de ce dernier.
Un des principaux éléments déclencheurs qui nous ont incités à développer notre stratégie en science citoyenne est en lien avec la désinformation, la mésinformation et les fausses nouvelles. Je suis très préoccupé depuis plusieurs années par ces phénomènes. Cela a donc commencé bien avant la pandémie de la COVID‑19. Bien sûr, avec la pandémie, tout cela a été exacerbé.
Comment combattre les fausses nouvelles et la désinformation? Comment les contrecarrer? Ce n'est pas simple, nous le savons tous, mais c'est tout à fait essentiel pour nos démocraties.
Plusieurs études indiquent qu'une augmentation de la littératie scientifique, c'est-à-dire la formation en science tout au long de la vie, est une des mesures les plus efficaces pour combattre la désinformation. Il faut donc augmenter de manière urgente la littératie scientifique au Canada. On y travaille tous ensemble, mais il faut faire beaucoup mieux.
On devrait aussi offrir à tous nos concitoyens et concitoyennes de tous les âges de meilleures formations sur les réseaux sociaux et leur fonctionnement afin que tous et toutes puissent vraiment choisir les sites les plus fiables. Ce n'est pas parce qu'un site est en première ligne des résultats lorsqu'on fait une recherche sur Google qu'il est nécessairement le meilleur. Il est donc très important d'avoir de meilleures formations à tous les égards de ce côté-là.
Alors, comment l'engagement citoyen et la science participative peuvent-ils aider à combattre la désinformation? Quelle approche utilisons-nous au Bureau du scientifique en chef du Québec? Notre programme Engagement existe depuis environ trois ans et invite nos concitoyens et concitoyennes à nous soumettre des idées de projets de recherche. Nous rencontrons alors les citoyens qui les proposent, puis nous les mettons en lien avec des chercheurs et chercheuses intéressés par le sujet en question et qui ont une expertise dans le domaine. Ensuite, ils forment une petite équipe qui va travailler ensemble pour développer le projet de façon beaucoup plus détaillée, ce qui prend souvent de six à douze mois.
Par la suite, le projet est évalué par un comité de pairs, qui inclut des citoyens et des citoyennes. Pour ceux qui sont financés, nous accordons un financement de l'ordre de 50 000 $ sur deux ans, et les chercheurs et les citoyens travaillent ensemble pour que le projet aboutisse à des résultats. Pour moi, ce ne sont pas les résultats qui comptent le plus, mais de sensibiliser nos concitoyens et concitoyennes à la méthode scientifique. La façon dont nous bâtissons la science et développons nos argumentaires, les avancées, les reculs et les incertitudes, tout cela est très important, augmente la littératie scientifique et aide à combattre la désinformation et les fausses nouvelles.
Une meilleure compréhension de l'approche scientifique est un des principaux objectifs du programme Engagement. Les participants à ce programme sont très fiers de leur projet et deviennent des porte-paroles de qualité pour expliquer la science, la recherche et les données scientifiques dans leur milieu de vie, dans leur famille, dans leur communauté et, très souvent, dans les médias et à vous, les députés.
C'est donc un petit pas, mais il nous permet d'avancer pour combattre la désinformation et le manque de littératie scientifique au Québec. Nous espérons pouvoir nous assurer qu'au cours des prochaines années, de tels programmes vont être développés un peu partout au Canada.
Merci.
[Traduction]
Merci, monsieur le président, de me donner l'occasion d'aborder avec vous aujourd'hui ce sujet important.
En tant que société, nous sommes actuellement en train de renégocier beaucoup de nos systèmes et de nos institutions qui ont été mis à l'épreuve au cours des trois dernières années. À l'avenir, nous devons tenir compte des scientifiques citoyens comme partie intégrante de nos stratégies pour donner des moyens aux gens et aux collectivités, pour renforcer la confiance dans nos institutions et pour soutenir notre démocratie.
La science citoyenne, que l'on appelle aussi recherche participative et qui est une approche de recherche collaborative entre des bénévoles du public et des professionnels, s'opère dans diverses disciplines avec une valeur commune qui consiste à élargir l'entreprise scientifique au‑delà des milieux professionnels.
Au cours des 10 dernières années seulement, la science citoyenne a permis de réaliser des progrès dans plusieurs domaines, y compris l'espace, l'environnement, l'agriculture et la santé. Entre autres choses, la science citoyenne nous a aidés à découvrir cinq nouvelles exoplanètes, à restructurer pour la première fois une protéine couramment utilisée en chimie de synthèse, à concevoir des moyens d'empêcher le virus de la COVID d'entrer dans les cellules et à découvrir des aspects tout à fait nouveaux du champ magnétique de la Terre.
[Français]
Il est clair que la recherche participative peut être extrêmement utile à la science. Elle peut nous aider à répondre à nos besoins en matière de données, à soutenir la collaboration multidisciplinaire et à promouvoir les objectifs de la science ouverte en encourageant la participation du public. De plus, elle peut également être extrêmement utile pour les citoyens, pour les communautés et pour la société dans son ensemble.
En ouvrant la science à des non-professionnels, nous pouvons renforcer la culture scientifique et aider le public à mieux comprendre les données utilisées pour élaborer les politiques publiques. Nous pouvons également fournir aux gens les outils dont ils ont besoin pour repérer les fausses informations, y résister et prendre des décisions éclairées concernant leur vie et leur communauté.
[Traduction]
Partout dans le monde, des pays et des administrations adoptent et appuient des initiatives de science citoyenne, et je salue le travail fait au Québec par mon collègue, Rémi Quirion.
Les États-Unis et l'Union européenne financent actuellement des projets d'envergure. En fait, depuis 2017, les États-Unis ont une loi sur l'externalisation ouverte et la science citoyenne, qui vise à promouvoir l'innovation grâce à une collaboration scientifique ouverte et volontaire. L'Australie a également mis sur pied une association de la science citoyenne, et l'Allemagne a créé une plateforme centralisée et financée par le gouvernement fédéral pour promouvoir cette façon de faire. Les Pays-Bas ont quant à eux mis en œuvre un processus pour faciliter la contribution des citoyens et des scientifiques au programme de recherche néerlandais, et la Belgique a adopté une approche similaire.
Ces initiatives sont toutes prometteuses et aident à créer partout dans le monde des liens entre les gens et leurs communautés, l'environnement et les activités scientifiques et novatrices. Ici, chez nous, nous avons certaines initiatives de science citoyenne, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du gouvernement fédéral, et elles permettent d'accomplir de grandes choses.
[Français]
Le Portail science citoyenne, un portail fédéral, répertorie actuellement 55 projets dans tout le pays, allant du projet Abeilles citoyennes, qui recueille des données sur les espèces pollinisatrices dans les régions agricoles du Québec, au jeu en ligne Colony B, dans lequel les joueurs font croître et identifient divers amas de bactéries qui contribuent à la recherche sur le microbiome humain.
Au gouvernement fédéral, l'Agence de la santé publique du Canada mobilise les gens dans le cadre du programme ActionGrippe, une initiative permettant à des bénévoles d'aider à surveiller la grippe et la COVID‑19 au Canada.
Pour sa part, Agriculture et Agroalimentaire Canada soutient le premier laboratoire vivant dirigé par des Autochtones au Canada. Ce laboratoire rassemble des agriculteurs, des peuples autochtones et des scientifiques, afin de définir ce à quoi peut ressembler l'avenir des écosystèmes agricoles sains et durables.
[Traduction]
En s'appuyant sur ces projets, des collègues à Santé Canada dirigent une initiative multidisciplinaire interministérielle qui figure dans le cinquième Plan d'action national pour un gouvernement ouvert. L'objectif est de promouvoir la science citoyenne au moyen d'un cadre qui soutient le renforcement des capacités ainsi que la gouvernance et l'infrastructure nécessaires.
[Français]
Le Canada aurait intérêt à introduire la science citoyenne très tôt dans les programmes éducatifs. Il s'agit d'un moyen efficace pour sensibiliser et former de futurs scientifiques de manière inclusive, ainsi que pour favoriser une plus grande participation. Cette approche est également conforme à la recommandation formulée par les conseils scientifiques du G7 en 2019, selon laquelle les pays doivent repenser leur enseignement scientifique et outiller les élèves et étudiants pour qu'ils soient en mesure plus tard de réaliser des recherches participatives ou professionnelles.
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Je pense qu'il y a beaucoup de possibilités.
Nous sommes chanceux, je dirais, au Canada — au Québec en ce qui me concerne. Nos citoyens s'intéressent beaucoup à la science, à la façon dont elle est établie. Comparativement à d'autres pays, il y a beaucoup d'intérêt. C'est donc une question de liens entre ces citoyens et les universités, les collègues et le secteur privé pour leur demander ce qu'ils pensent. Ils ont souvent de bonnes suggestions, d'excellentes idées. On nous propose beaucoup de projets. Chaque fois que nous avons un concours en environnement, en santé, dans les arts et la culture...
Ils disent, par exemple, qu'il y a beaucoup d'algues bleues dans un lac et qu'ils n'en voyaient pas avant. Ils demandent pourquoi et veulent savoir s'ils peuvent travailler avec des scientifiques pour comprendre. C'est à ce moment‑là que les scientifiques citoyens font ce genre de projet. À Montréal, on a commencé un projet de recherche pour tenter d'aider les femmes sans abri afin qu'elles retrouvent une vie un peu plus normale.
Je pense qu'il y a beaucoup de possibilités. L'essentiel, pour moi, c'est de les traiter comme des égaux. Ils ne travaillent pas, dans un sens, pour un titulaire de doctorat comme moi qui est leur supérieur. Non, ils sont vraiment sur un pied d'égalité. Ce sont des coconcepteurs du projet. C'est essentiel.
Essentiellement, l'important... La première fois que nous avons lancé un appel de propositions, nous avons procédé trop rapidement. Des gens nous ont soumis des propositions, et nous les avons jumelés avec des scientifiques. Les projets ont ensuite été lancés.
Maintenant, ils soumettent le projet, et pendant environ six mois, parfois une année, ils interagissent avec la communauté scientifique pour faire part de leurs connaissances et les expliquer aux universitaires. Ils mettent le projet sur pied ensemble. Ils collaborent. Lorsqu'il y a une publication à la fin, ils en font tous partie. Ce n'est pas seulement le scientifique. On leur donne une récompense, dans un sens, et ils sont très fiers.
Je dois dire que chaque fois que nous appuyons ainsi des équipes, la communauté scientifique s'en réjouit, de toute évidence, mais je suis plus impressionné par le citoyen qui est devenu... Il avait une idée et des connaissances, les scientifiques l'ont écouté et ils poursuivent le travail ensemble. À la fin du projet, ils continuent de collaborer. C'est une chose que nous devons encourager à l'avenir.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite de nouveau la bienvenue à nos témoins.
J'aimerais commencer par Mme Nemer. Dans votre déclaration liminaire, vos observations sur la science citoyenne et l'appui à notre démocratie ont retenu mon attention. À vrai dire, je devrais mentionner que M. Quirion a parlé de la désinformation et de la mésinformation dans son introduction. Des témoins dans le cadre d'autres études nous ont aussi parlé de la désinformation et de l'information qui circule, bien entendu, sur les médias sociaux — il fallait bien que ce soit là — pour tenter de porter atteinte non seulement à la science, mais aussi aux initiatives de santé publique et aux renseignements qui nous ont aidés à traverser la pandémie.
J'ai siégé au conseil de la santé de mon conseil municipal avant d'arriver ici. J'ai observé ces commentaires et la résistance face aux professionnels de la santé qui essayaient d'aider, que ce soit à propos du port d'un masque, de la distanciation sociale ou des avantages que procure le vaccin. Nous avons vu une tendance constante, depuis le début de la pandémie, pour miner les efforts des scientifiques qui nous ont aidés à traverser cette période. Les initiatives scientifiques nous ont aidés au cours des 30 à 40 années à en arriver où nous en sommes aujourd'hui.
Après ce préambule, madame Nemer, j'aimerais que vous en disiez plus sur la façon dont la science citoyenne nous aide à soutenir notre démocratie. Je pense que c'est ce que vous avez dit dans votre première phrase.
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Je pourrais peut-être apporter quelques précisions. J'ai parlé de la littératie scientifique. Il ne fait aucun doute qu'une façon de procéder consiste à renforcer la littératie scientifique partout au Canada. Je pense que c'est ce que nous avons vu dans le contexte de la pandémie.
Il est très important de le faire depuis le début, pratiquement à l'école primaire. Les jeunes enfants sont très curieux. Ils veulent apprendre des choses, ce qui signifie qu'en expliquant un peu — de toute évidence, en termes simples — ce que la science est et en quoi elle est amusante... Ce n'est pas seulement difficile, c'est aussi plaisant. Il faut continuer de le faire avec les adolescents, car à ce stade‑là, c'est un peu plus difficile auprès de certains d'entre eux. Certaines personnes croient en cela et ont du plaisir avec la science, même s'il trouve que c'est difficile, ce qui signifie que trouver des moyens de les intéresser à la science...
Tout au long de la vie, je pense que c'est le devoir du gouvernement — local, provincial et national — de donner des occasions d'améliorer la littératie scientifique ici au Canada et, je l'espère, partout dans le monde. Je crois que c'est essentiel à la démocratie.
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Je vous remercie de votre question.
L'objectif du Réseau international francophone en conseil scientifique est d'augmenter, un peu partout dans le monde francophone, les capacités en conseil scientifique offertes aux élus ou aux hauts fonctionnaires des pays francophones d'Europe, d'Afrique et du Canada, incluant bien sûr le Québec. En augmentant ces capacités et les liens entre le milieu académique, les élus et les hauts fonctionnaires, nous facilitons indirectement tout ce qui est en lien avec la science citoyenne ou la science participative.
Pour leur part, les élus, les députés, vont davantage entendre parler de science et de conseils scientifiques. Puisqu'ils vont connaître la science citoyenne, ils vont pouvoir en discuter avec les gens de leur circonscription pour savoir ce qui devrait être fait.
En plus du Québec et du Canada, on voudrait aussi des comparaisons à l'international, en particulier en ce qui a trait aux changements climatiques, au développement durable et à la fameuse pandémie mondiale.
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Je remercie les deux témoins d'être venus aujourd'hui.
À titre d'information, cette étude était mon idée et je suis heureux que nous l'effectuions. Je pense qu'elle est très importante. Cela me fait plaisir d'entendre les quelques premières discussions. De plus, je dois vous dire que je travaillais dans le monde de la science citoyenne avant d'être élu député. En tout cas, cela faisait partie de mon univers, à la fois en tant que professionnel et en temps que scientifique citoyen, ainsi c'est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur.
Je souhaitais soulever certains points mentionnés par M. Lobb. Il y a des citoyens qui sont sur le terrain tous les jours — qu'il s'agisse d'exploitants agricoles, de pêcheurs, de chasseurs ou d'ornithologues — qui sont des experts à part entière. Vous pouvez envisager les scientifiques citoyens comme étant des citoyens ordinaires qui font toutes sortes de choses pour de véritables scientifiques qui, eux, ont besoin de tous les types de personnes dans l'ensemble du pays. C'est un des aspects de la question. Dans bien des cas, les personnes qui recueillent ces données... je viens du monde de la biologie des oiseaux. La plupart des ornithologues amateurs passionnés en savent davantage sur les oiseaux que les biologistes, ainsi cela vaut vraiment la peine d'échanger avec eux.
Je voulais juste adresser une question à Mme Nemer sur le travail que certains de ces groupes effectuent, qu'il s'agisse d'ONG ou de personnes participant directement à des programmes du gouvernement fédéral. Peut-être pourrait-elle nous dire un mot sur la portée de ces aspects?
Une valeur réelle de la science citoyenne est qu'elle peut se faire sur des décennies. Nous avons des programmes de science citoyenne qui durent depuis l'année 1900. Ils se déroulent sur tout le continent. Il est impossible à un seul laboratoire de recueillir ce genre de données.
Madame Nemer, peut-être pouvez-vous nous parler de certains des programmes que le gouvernement fédéral lui-même utilise pour recueillir des données importantes pour son travail, qu'il s'agisse d'environnement, de température ou de climat ou d'autres choses importantes pour les Canadiens, et qui dépendent véritablement de la science citoyenne.
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Je vous remercie de la question.
Si vous me permettez, monsieur le président, j'aimerais exprimer mon admiration pour le travail extraordinaire qu'a fait M. Cannings en vue de promouvoir la science citoyenne. Je crois que nous récoltons les fruits de ce qu'il a commencé et nous avons besoin de l'amplifier.
Parmi les exemples dont j'ai parlé, beaucoup de travaux concernent la santé de la biodiversité — qu'il s'agisse des oiseaux, des abeilles ou des lacs.
Peut-être devrais‑je prendre quelques secondes de recul et dire que, lorsque nous parlons de science citoyenne, nous pensons très souvent à la collecte de données. Elle en fait partie, absolument. Elle est essentielle et améliore le répertoire des informations que nous possédons, particulièrement dans un pays comme le nôtre, qui est immense. Il nous serait impossible d'obtenir des informations sur chaque coin du pays.
Il existe aussi d'autres exemples qui ne dépendent pas vraiment de la collecte de données, mais en quelque sorte du jeu effectué avec les données en vue de trouver des solutions ou de créer, comme je l'ai mentionné, des structures pour les protéines. C'est important parce que cela permet l'invention d'un médicament pour certaines maladies. Il me semble que nous devons estimer la valeur de l'imagination des gens et à quel point ils peuvent être astucieux dans leur façon d'utiliser les données, pour des choses auxquelles les autres n'avaient pas pensé.
Je voudrais vous en donner un exemple, si vous le permettez. Pendant la pandémie, l'un des jeunes membres du conseil a commencé le projet de recueillir des informations sur les détritus des équipements de protection individuelle dans la nature, le long de la côte. Elle a créé une application de repérage des débris marins, intitulée Marine Debris Tracker. Elle a réussi à faire participer d'autres personnes à son projet. Et aujourd'hui, il est désormais financé par le National Geographic.
Nous avons des programmes qui peuvent être financés par notre propre gouvernement et d'autres programmes importants qui créent des liens à l'international et qui sont financés par des organisations internationales.
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Je remercie vivement mon collègue, monsieur Sousa.
Et aux deux témoins, je souhaite un bon retour parmi nous.
C'est toujours un plaisir de vous avoir avec nous tous les deux et de bénéficier de vos connaissances et de votre expertise dans ces domaines.
J'écoutais attentivement. En ce qui me concerne, la première fois que j'ai entendu M. Cannings prononcer le terme « citoyen scientifique », pour être honnête, je ne savais pas trop à quoi il faisait allusion. Je suis heureuse que nous en soyons là, et je suis contente des informations que vous nous avez données, monsieur Quirion.
[Français]
Vous avez beaucoup parlé du programme Engagement, qui cherche à combattre la désinformation sur les réseaux sociaux en permettant aux citoyens et aux chercheurs de travailler ensemble. Pour moi, c'est très important.
[Traduction]
Les questions que j'ai pour vous deux, et je sais que vous en avez déjà parlé, et donc je serai brève, ont rapport avec la façon dont nous pouvons faire participer davantage de Canadiens à la science dans leur communauté et avec le rôle que les jeunes peuvent jouer dans le développement de la science citoyenne.
Que pouvez-vous dire à notre comité qui nous permettrait d'y travailler?
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Merci beaucoup pour votre question; elle est très importante.
Mon bureau travaille à l'élaboration de pratiques exemplaires pour ce faire. Naturellement, les connaissances acquises par les peuples autochtones appartiennent aux peuples autochtones; ce sont eux qui en sont les détenteurs. Par conséquent, nous devons travailler avec eux dès le départ pour gagner leur confiance et pour trouver des moyens qui leur conviennent d'échanger leurs connaissances, selon des conditions qu'ils trouvent acceptables.
Cependant, je tiens à souligner que dans de nombreux secteurs, il est absolument essentiel de combiner les connaissances autochtones avec les connaissances issues de la science occidentale pour obtenir les données probantes nécessaires à la définition de politiques. Nous poursuivons nos efforts en ce sens. Mon groupe compte un chercheur en résidence qui provient d'une communauté autochtone.
Au sein du gouvernement du Canada, nous recevons du soutien pour mettre sur pied ce qu'on appelle le groupe sur les STIM‑A, les STIM autochtones. Nous collaborons avec des scientifiques autochtones pour en arriver à un point où les deux systèmes de connaissances orientent nos politiques.
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Merci, monsieur le président.
Je rassure mes collègues: nous sommes ici pour répondre à leurs questions. Le Comité permanent de la science et de la recherche est probablement l'un des plus importants de la Chambre des communes. Je remercie chacun de ses membres d'y siéger.
Avant de commencer mon allocution, j'aimerais répéter ce qu'un scientifique m'a dit récemment: la science d'aujourd'hui, c'est l'économie de demain.
Je suis heureux de comparaître pour la première fois devant ce comité, qui est essentiel étant donné l'importance de la science et, surtout, de la recherche pour l'avenir et pour la prospérité du Canada.
En tant que membre d'un gouvernement qui prête une grande importance à la science et à la prise de décisions fondées sur des données, j'apprécie l'excellent travail de ce comité. D'ailleurs, je précise que j'étais en faveur de sa création durant la dernière session du Parlement.
Aujourd'hui, je suis ici pour discuter de deux sujets d'intérêt pour les membres du Comité: la recherche et la publication scientifique en français, un dossier qui m'intéresse, venant moi-même du système d'éducation canadien en français, et les programmes de recherche internationaux ambitieux.
Notre gouvernement a travaillé fort pour soutenir une base scientifique et de recherche solide au Canada ainsi que pour assurer notre prospérité et, certainement, notre compétitivité. Comme pour toutes les politiques et tous les programmes du gouvernement, les initiatives sont fondées sur des valeurs d'équité, de diversité et d'inclusion.
Tout comme la diversité est un atout majeur de la recherche canadienne, notre dualité linguistique nous distingue et ajoute à la diversité des idées, des liens et des collaborations au Canada et sur la scène internationale. Nous pouvons tous en convenir. En tant qu'ancien ministre des Affaires étrangères, je peux dire que le fait que notre pays ait deux langues officielles est un atout essentiel dans l'économie du XXIe siècle.
Notre dualité linguistique fait également de nous une destination de choix pour les chercheurs de langue française du monde entier, et c'est tant mieux. C'est pour cette raison que nous finançons la recherche et la formation à la recherche dans l'une ou l'autre des langues officielles et que nous encourageons l'éducation en français, ce qui, nous le savons tous, est vital et très important pour moi.
Par exemple, les subventions d'aide aux revues savantes ont été établies pour aider à explorer des idées novatrices et à couvrir les coûts associés à la publication d'articles scientifiques. De nombreuses publications soutenues par ces subventions sont en français ou soutiennent la publication de recherche en français.
Il y a aussi les subventions de développement des compétences en communication scientifique, qui appuient les organismes offrant une formation en communication à des étudiants, à des boursiers et à des professeurs dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques.
En plus, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada mène deux campagnes annuelles de promotion des sciences, l'Odyssée des sciences et la Semaine de la culture scientifique, qui impliquent toutes deux activement les francophones et font la promotion de contenu en langue française.
Je suis toujours prêt à entendre parler de nouvelles idées et de meilleures pratiques internationales qui permettent d'assurer une plus grande équité dans le financement et la diffusion de la recherche en français. Je vous donne ma parole que nous continuerons à faire de notre mieux à cet égard.
[Traduction]
Je passe maintenant au deuxième sujet d'intérêt pour le Comité: les programmes de recherche ambitieux. Vous me connaissez assez bien maintenant. J'ai beaucoup d'ambition et je veux que le Canada en ait autant.
Nous devons absolument prêter attention non seulement aux problèmes auxquels notre pays fait face aujourd'hui, mais aussi aux défis de demain que notre société, voire la planète entière, doit relever et aux possibilités qui s'offrent à nous. Je veux que le Canada soit un chef de file. C'est toujours le rôle que je nous attribue dans le domaine de la science, de la technologie et de l'innovation.
De notre vivant, l'importance de la prise de décisions fondées sur des données scientifiques n'a jamais été aussi flagrante que durant la pandémie de COVID‑19. Je dirais que la population canadienne a en quelque sorte renoué avec la science. Certes, nous devons une fière chandelle aux scientifiques exceptionnels du Canada et du monde entier qui ont travaillé sans relâche pour nous aider à combattre le virus.
[Français]
Pour nous assurer d'être encore mieux préparés aux futures urgences sanitaires, le gouvernement du Canada fait des investissements stratégiques dans la recherche de pointe en sciences de la vie et en biotechnologie.
[Traduction]
Chers collègues, permettez-moi de souligner avec beaucoup de fierté que Moderna est maintenant établie chez nous. Cette société a fait de grands investissements au Canada. Quand je suis devenu ministre, notre capacité de remplissage et de finition de vaccins était d'environ 30 millions de doses. Je ne pense pas m'avancer en disant qu'aujourd'hui, elle dépasse les 600 millions.
[Français]
Nous devons aussi nous assurer que nous pouvons accélérer le développement et la commercialisation de la recherche canadienne de classe mondiale sur les vaccins et les thérapies. Nous devons également nous assurer que nous disposons des talents qui sont essentiels en matière de recherche pour bâtir un écosystème de biofabrication plus solide.
[Traduction]
C'est pourquoi le gouvernement a lancé la stratégie en matière de biofabrication et de sciences de la vie: pour faire en sorte que le Canada possède les compétences, l'expérience et l'expertise nécessaires pour mettre au point des vaccins et des thérapeutiques et pour devenir un chef de file mondial dans le domaine des sciences de la vie. La stratégie porte déjà ses fruits grâce à notre investissement de près de 2 milliards de dollars. Des producteurs mondiaux de vaccins viennent s'installer au Canada.
Les vaccins ne sont qu'un exemple parmi tant d'autres. Le gouvernement lance de grandes idées audacieuses, y compris dans les domaines de l'intelligence artificielle quantique et de la cybersécurité. D'après moi, ces idées deviendront des éléments essentiels de la croissance de l'économie canadienne.
Monsieur le président, je pourrais en dire plus, mais je vois que mes collègues et vous êtes impatients de me poser des questions.
Je suis ravi d'être ici.
[Français]
Je vous remercie, mesdames et messieurs, de m'avoir invité aujourd'hui.
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D'après mes discussions avec l'U15 et d'autres, les universités veulent que nous leur fournissions des lignes directrices. Je pense que c'est ce à quoi elles s'attendent de la part du gouvernement fédéral. Vous comprenez sans doute que nous partageons cette compétence avec les provinces et que le milieu compte de nombreux acteurs.
En vertu des prochaines lignes directrices que nous émettrons, les universités partout au Canada devront adopter des règles semblables en vue de protéger les projets de recherche sensibles et la propriété intellectuelle. Selon moi, cette approche sert les intérêts du Canada.
Je peux vous dire que les gens de mon ministère et moi... Les personnes les plus compétentes au Canada s'occupent de la recherche et de l'innovation, et elles sont déterminées à protéger nos scientifiques et nos chercheurs. Pour ce faire, elles nous demandent... Les dernières lignes directrices que nous avons établies étaient le fruit d'une approche coordonnée. À la lumière de l'événement récent que vous avez mentionné, monsieur, nous allons prendre de nouvelles mesures parce que je suis fâché. C'est inacceptable. Je le dis très clairement aux universités. Nous allons élaborer de nouvelles lignes directrices. Je pense que c'est ce qu'elles veulent.
C'est aussi la raison pour laquelle nous avons créé le centre de sécurité de la recherche. Dans les faits, les chercheurs ont parfois de la difficulté à comprendre tout cela. Ils doivent travailler en collaboration avec l'organisme du renseignement canadien.
Pour protéger les intérêts du Canada, il faut un effort collectif de la part de l'ensemble du pays.
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Merci. Je suis très content qu'on me pose cette question. En effet, je viens de Shawinigan. Comme j'ai fait la grande majorité de mes études en français, je comprends l'importance du français dans la recherche scientifique.
Il y a quand même de bonnes nouvelles à ce sujet. On me dit qu'un quart des évaluateurs du comité de sélection du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et du Conseil de recherches en sciences humaines sont francophones. On me dit aussi qu'environ 73 % des demandes de subventions déposées en français sont acceptées. Notre taux est quand même plus élevé que ce à quoi on pourrait s'attendre. La réalité veut que les conseils de recherches soient assujettis à la Loi sur les langues officielles. Si vous voulez en savoir davantage, mes collègues pourront y répondre.
Pour ma part, monsieur Lauzon, je m'assure de faire la promotion de toutes les initiatives. Comme je le disais dans mon discours d'ouverture, diverses initiatives permettent de mobiliser des francophones, non seulement dans les milieux urbains, mais aussi dans les milieux ruraux. Il faut s'assurer que nos programmes encouragent les jeunes. Nous savons que le talent est la force du Canada, aujourd'hui. Si, dans l'avenir, nous voulons prospérer, il faudra que tout passe par le talent.
Nous sommes en train d'étudier ce qui se fait ailleurs et nous constatons que la situation est la même en Allemagne, en Italie et dans d'autres pays pour ce qui est de la langue des publications: l'anglais est utilisé dans une large proportion de celles-ci. C'est vrai également dans d'autres pays du G7.
Nous devons donc faire un effort supplémentaire pour appuyer cette démarche. Je peux vous dire que c'est une préoccupation. Pour moi, cette dualité linguistique, qui est importante, fait partie de la diversité. Même si ces décisions sont prises par les conseils de recherches, les collègues qui sont autour de la table comprennent bien l'intérêt et le rôle que nous avons, comme francophones. Il faut nous assurer que l'ensemble des programmes fonctionne, et même que la traduction des publications scientifiques est facilitée. Il y a des politiques, mais nous avons aussi investi des fonds là-dedans.
Si vous voulez obtenir plus de détails, je peux demander à M. Iain Stewart de vous dire exactement ce que son conseil a fait en ce sens.
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Oui, tout à fait. Je crois que mes collègues du département du Commerce des États‑Unis se rendent compte que le Canada a vraiment une longueur d'avance, notamment pour ce qui est de l'intelligence artificielle, du domaine quantique et de la cybersécurité. C'est important, parce que, dans l'économie du XXI
e siècle, toutes nos autres stratégies, qu'elles visent l'aérospatiale, les véhicules électriques, les batteries ou encore l'industrie biopharmaceutique, pour ne nommer que celles-là, seront soutenues par l'intelligence artificielle, le domaine quantique et la cybersécurité. Je pense que cette dernière stratégie a été applaudie par les Canadiens, mais aussi partout sur la planète.
Je vous donne un exemple concret, à savoir la compagnie Xanadu, de Toronto, qui possède le seul ordinateur quantique au monde qui traite de la chimie des batteries. Si vous parlez à des dirigeants de grands manufacturiers automobiles de n'importe où dans le monde, vous constaterez qu'ils connaissent tous la compagnie Xanadu. Pourquoi? Parce que l'ordinateur quantique de Xanadu peut leur éviter trois ans de recherche-développement sur les batteries du futur.
C'est le genre d'exemples que nous pouvons donner. Nous avons aussi la compagnie D‑Wave et, bien sûr, le centre d'innovation C2MI, à Sherbrooke. On est en train d'accomplir des choses extraordinaires.
Nous discutons présentement avec nos collègues de Washington pour déterminer quels projets nous pourrions réaliser conjointement. Un peu comme celui entre Windsor et Detroit, je veux notamment lancer un grand corridor entre Albany et Bromont, qui toucherait l'éducation, la recherche et la fabrication de semi-conducteurs. C'est un projet qui semble très bien tenir la route et je pense qu'il va y avoir de bonnes nouvelles en ce sens.
Merci, monsieur le ministre, d'être parmi nous aujourd'hui.
Lors de notre dernière réunion sur les programmes ambitieux, un des derniers témoins que nous avons accueillis, M. Alexandre Blais de l'Université de Sherbrooke, a parlé de physique quantique. Il a souligné à grands traits que, avant même de pouvoir nous intéresser aux programmes ambitieux, nous devons appuyer nos jeunes scientifiques. Vous avez vous-même mentionné l'appui aux jeunes scientifiques dans votre déclaration liminaire.
Or, alors que nous investissons d'importantes sommes dans les grandes idées, il semble que nous négligeons complètement nos jeunes scientifiques au Canada. Des représentants des trois organismes subventionnaires comparaissent devant nous à vos côtés aujourd'hui. Les trois conseils permettent aux jeunes scientifiques de tenir le coup pendant la rédaction du mémoire de maîtrise, pendant le doctorat et pendant les recherches postdoctorales. Il importe néanmoins de préciser que les montants des bourses pour études supérieures stagnent depuis 20 ans et que ces chercheurs vivent dans la pauvreté.
Le sondage de 2021 du Ontario Science Policy Network a révélé que 45 % des répondants n'ont pas suffisamment d'argent pour subvenir à leurs besoins. Tous les mois, ils tirent le diable par la queue, et 87 % des répondants se disent stressés et anxieux par rapport à leurs finances. Plus de la moitié d'entre eux n'ont aucune épargne. L'organisme a constaté que 32 % des étudiants aux cycles supérieurs envisageaient d'abandonner leurs études en raison de soucis financiers.
Il me semble que nous avertissons le gouvernement de la situation depuis maintenant un an. J'espérais voir une mesure à ce sujet dans l'Énoncé économique de l'automne. Je prie pour que le budget renferme une mesure qui réglera véritablement le problème. Si on tient compte de l'évolution normale de l'inflation, je crois que ces jeunes scientifiques accusent un retard de 48 % par rapport au niveau où ils devraient se situer.
Je suis en train de dire que notre premier programme ambitieux peut être de veiller à ce que nos jeunes scientifiques ne vivent pas dans la pauvreté et n'aient pas de soucis financiers. Ce faisant, ils pourront planifier leur avenir et accomplir l'important travail qu'ils doivent abattre. Chaque année, nous assistons à l'exode de 38 % de nos titulaires de doctorats parce que les conditions sont meilleures partout ailleurs qu'au Canada.
Je vous supplie de régler le problème et de faire de cet enjeu notre premier programme ambitieux.
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Tout d'abord, monsieur Cannings, j'aimerais vous remercier d'être un ardent défenseur. Je crois que nous rencontrons certains des mêmes intervenants. Je vous remercie d'aborder la dimension humaine dans ce dossier parce que, en définitive, les personnes sont au cœur de l'enjeu. Je vous suis reconnaissant de votre travail. Je vous le dis en tant que collègue qui vous estime grandement, vous ainsi que votre travail.
Je m'inquiète autant que vous des chiffres relatifs que nous avons vus, des niveaux à atteindre et de ceux où nous nous situons. Croyez-moi sur parole. Je lève toujours le ton pour aider davantage nos étudiants et nos étudiants aux cycles supérieurs. Nous nous penchons sans contredit sur cet enjeu. Vous avez tout à fait raison. Nos investissements depuis 2016, à hauteur de 14 milliards de dollars, ont atteint un sommet, mais nous devons également en mesurer le rendement relatif pour les subventions versées aux étudiants. Je connais très bien les statistiques. Je vous assure que je prends le sujet très au sérieux. Je crois que la réussite du Canada dépendra à l'avenir du talent, et le talent se trouve chez les jeunes que vous avez mentionnés. Nous rencontrons les mêmes personnes. Il me semble que nous avons participé à certains des mêmes forums.
Je suis très sensible à cet enjeu. Comme vous le savez, je n'ai pas le dernier mot dans ces décisions, mais la situation est prioritaire pour moi. Je veux remercier tous les jeunes doctorants, chercheurs et étudiants aux cycles supérieurs qui viennent au Canada. Je peux vous assurer que nous attirons encore beaucoup d'esprits talentueux. Si nous avons pu attirer de grandes sociétés comme Stellantis, BASF, GM et POSCO au Canada, elles se rendent compte...
Le premier de mes cinq messages porte toujours sur le talent. Nous attirons le talent. Nous devons continuer d'être une destination de choix, et vous avez ma gratitude pour votre aide qui nous permettra de réaliser notre objectif.
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Absolument, et je suis reconnaissant à une collègue comme vous de poser la question, parce que l'équité, la diversité et l'inclusion font partie de toutes nos activités. L'existence du Plan d'action des trois organismes pour l’équité, la diversité et l’inclusion nous permet d'aborder ces enjeux. De plus, les collègues ici présents — d'estimés collègues, comme vous l'avez dit — accomplissent un travail fantastique. Un plan d'action est en place grâce à eux pour nous assurer d'avoir une plus grande diversité.
Nous savons que la diversité mène à l'excellence, et je ne suis pas seul à le dire. Des données partout dans le monde indiquent que le fait d'avoir plus de femmes, plus de jeunes femmes... Nous tentons d'en avoir plus en sciences, en technologies, en ingénierie et en mathématiques, ou STIM, et de lancer plusieurs initiatives pour attirer plus de femmes dans ce domaine. Nous finançons également les travaux de chercheurs noirs, comme vous l'avez mentionné. Nous avons promu ces mesures.
Nous cherchons toujours à nous améliorer et, à mes yeux, c'est essentiel pour nous tous. Mes collègues ici présents pourraient vous parler de leurs initiatives particulières, mais nous avons un plan d'action, parce que c'est fondamental. Ce n'est pas uniquement la bonne façon d'agir; c'est la façon intelligente d'agir si l'on veut connaître la réussite. Je pense que tout le monde le reconnaît: quand on inclut davantage de personnes d'horizons divers, on obtient de meilleurs résultats.
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Un de ceux dont je suis le plus fier... Quand j'ai été nommé ministre — et je crois y avoir fait allusion dans ma déclaration liminaire —, notre capacité en matière de biofabrication était insuffisante, et grâce au bon travail d'Iain Stewart, qui est parmi nous, nous avons aujourd'hui une usine de biofabrication. Nous voulions des installations privées et publiques. Nous avons des entreprises comme Moderna, et Sanofi est venue aussi.
Quand j'ai obtenu ce rôle, à mes yeux, rien ne comptait plus que de protéger la santé et la sécurité de la population. Je l'ai dit: nous n'avons pas choisi la pandémie. Nous ne savons pas ce que nous réserve l'avenir, mais nous avons fait le choix d'être mieux préparés. À mon avis, c'est un legs aux prochaines générations. Nous avons investi environ 2 milliards de dollars pour renforcer notre résilience, et je pense que c'est une somme considérable.
Je pense aussi à la mission spatiale Artemis. Le Canada sera le deuxième pays au monde à envoyer une personne faire le tour de la lune. Il s'agit d'un exploit dont nous devrions tous être fiers. Lors d'une discussion avec l', je lui ai confié que je voulais y envoyer le prochain astronaute pour qu'il serve d'inspiration à sa génération. « Monsieur Garneau, vous avez été une inspiration pour moi dans ma jeunesse, et je veux que le prochain astronaute canadien joue le même rôle pour la nouvelle génération. » lui ai‑je dit.
Nous allons explorer la lune. Le plan est d'aller jusqu'à Mars, et le Canada est au centre de cette mission avec la NASA. Ce que nous avons accompli est extraordinaire. Nous participons également à l'initiative du télescope James Webb. Nous connaissons de belles réalisations, et je pense que le monde entier cherche à collaborer avec nous sur ces projets. J'en suis très fier.
Évidemment, il est toujours possible d'en faire davantage. Nous explorons les possibilités. Nous avons accompli de grandes choses en génomique. Nous menons des activités intéressantes dans le domaine quantique et de l'intelligence artificielle, mais je veux que nous ayons des projets ambitieux de classe mondiale reconnus par le monde entier. Nous négocions notre Horizon Europe avec la Commission européenne. J'ai reçu le commissaire européen dans les derniers jours, et nous avons abordé ce sujet, car nous allons participer au plus vaste projet de recherche du monde ou, du moins, d'Europe. Voilà la place du Canada. Notre place est à la table d'honneur, c'est là ma vision. Nous devons toujours être des meneurs, compter parmi nous les meilleurs et, certainement, mettre l'accent sur les talents.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, vous avez mentionné plus tôt que le virage vers l'anglais en sciences se produisait aussi sur la scène internationale, notamment en France et en Allemagne. J'en suis tout à fait conscient. Cependant, il y a une différence notable entre la situation dans ces pays et la nôtre et c'est là-dessus que je veux attirer votre attention.
Chez nous, le passage ne se fait pas vers une langue étrangère, qui est neutre, mais plutôt vers une autre langue nationale, dont l'effet est assimilateur. Ce n'est plus à démontrer, puisque votre gouvernement est le premier à reconnaître le déclin du français au Canada.
Je veux comprendre. De votre point de vue, est-ce que vous la saisissez pleinement, cette situation?
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Merci, monsieur le ministre.
Je vais donc rappeler les idées que j'ai déjà soumises et me permettre de renchérir. J'espère que vos collègues pourront en prendre note et s'en inspirer largement.
Il faudrait se pencher sur l'autoévaluation que font les évaluateurs des conseils subventionnaires de leurs compétences linguistiques pour s'assurer qu'ils sont réellement bilingues et comprennent réellement le français.
Nous pourrions financer le Service d'aide à la recherche en français comme l'a demandé l'Acfas, et comme le gouvernement du Québec le fait déjà depuis près de deux ans.
Nous pourrions instaurer des critères incitatifs linguistiques pour les chaires de recherche du Canada. Vous le faites présentement sur des questions de genre et de sous-représentation des personnes de différentes origines ethniques, mais, à l'heure actuelle, il n'y a aucun critère linguistique appliqué aux subventions des chaires de recherche du Canada.
Nous pouvons également créer un comité permanent pour faire un suivi de la situation linguistique en sciences et sur l'état du français dans ce domaine.
Enfin, votre ministère a créé en 2016 le Comité consultatif sur l’examen du soutien fédéral à la science fondamentale, le comité Naylor, qui a produit le rapport intitulé « Investir dans l’avenir du Canada - Consolider les bases de la recherche au pays ». Vous pouvez faire la même chose en français.
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Merci beaucoup, monsieur le ministre.
Il faut aussi rehausser et pérenniser le financement des presses universitaires et des revues savantes en français.
À ce sujet, je profite de votre présence pour faire deux demandes, auxquelles j'aimerais que le ministère réponde par écrit.
La première est de fournir au Comité le nombre de demandes de financement et de bourses d'études, en français et en anglais, dans les universités francophones et bilingues du Canada, ventilées par université et par organisme subventionnaire, et ce, pour les 20 dernières années.
La deuxième demande porte sur le financement accordé par chaque organisme subventionnaire à chaque université québécoise au cours des 20 dernières années.
Monsieur le ministre, j'aimerais revenir aux projets ambitieux.
Selon ce qu'on entend à la radio et ce qu'on lit dans les journaux et les magazines, le projet ambitieux de notre époque est la lutte contre les changements climatiques. On peut parler d'intelligence artificielle, d'informatique quantique et de tout le reste, mais c'est là que nous devons mettre tous nos efforts, et travailler non pas deux, mais 10 fois plus fort... Il faut accroître nos ambitions et nos efforts.
Dans le cadre de notre étude sur les projets ambitieux, nous avons entendu Seth Klein. Vous avez peut-être eu vent de son travail. Il a écrit un livre intitulé A Good War, qui compare les mesures prises par le Canada lors de la Seconde Guerre mondiale à celles que nous devons prendre pour la lutte contre les changements climatiques. Il nous a expliqué ce que nous pouvions faire si nous nous y mettions sérieusement, ce que nous avons découvert en partie au cours de la pandémie de COVID. Il a parlé des façons dont le Canada avait fait face à de réelles difficultés pendant la Seconde Guerre mondiale et avait accompli des choses incroyables, et des mesures que nous pourrions — et devrions — prendre pour nous attaquer aux changements climatiques au Canada.
Monsieur le ministre, je me demande si vous avez abordé ce sujet avec vos collègues. Avez-vous songé aux mesures que nous devrions prendre? Il faut en faire beaucoup plus que ce que nous faisons actuellement pour lutter contre les changements climatiques.
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Il nous écoute probablement aujourd'hui. Je vais acheter son livre et le lire.
Pour répondre à votre question, je dirais que l'investissement dans l'intelligence artificielle nous aide dans la lutte contre les changements climatiques, parce qu'elle nous permet d'améliorer notre modélisation en la matière, par exemple. Je pense à l'informatique quantique... Je pense à des exemples où ces technologies s'appliquent à tous les secteurs. Avec l'informatique quantique, nous pouvons développer des matériaux de meilleure qualité, plus rapidement. D'une certaine façon, nous aidons la planète parce qu'une économie plus durable est bénéfique pour tous.
Je suis tout à fait d'accord avec vous. C'est la voie que nous suivons. Notre projet le plus ambitieux, c'est la lutte contre les changements climatiques, mais il y a plusieurs éléments autour de cela. Même lorsqu'on investit dans l'intelligence artificielle, on investit aussi indirectement dans la lutte aux changements climatiques. Nos investissements dans l'Agence spatiale canadienne pour surveiller le projet Ozone nous aident en ce sens. La mission de la Constellation RADARSAT de l'Agence spatiale canadienne nous aide avec les changements climatiques, qui touchent plusieurs domaines. Nos investissements sont utiles en ce sens.
Je suis d'accord avec vous. Je sais qu'il s'agit de notre plus grand défi. Nous en tenons toujours compte dans le cadre de nos investissements.
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Merci, monsieur le président.
Nous vous souhaitons la bienvenue, monsieur le ministre.
J'aimerais revenir à la question des projets ambitieux. C'est la raison pour laquelle vous êtes ici aujourd'hui.
La semaine dernière, vous étiez à Hamilton, dans ma municipalité, avec le et les membres du Cabinet. Vous avez eu l'occasion de visiter le parc de l'innovation de l'Université McMaster. M. Emadi était là. Il a présenté le travail de l'université sur les véhicules autonomes et d'autres projets d'intelligence artificielle.
Pendant la visite, le professeur et les étudiants ont évoqué le soutien important du secteur privé. Le gouvernement a investi beaucoup de ressources dans ces installations... Notamment dans l'édifice dans lequel vous vous trouviez, évidemment. Les investissements du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial sont importants.
Les personnes rencontrées demandaient plus de financement opérationnel. L'industrie de l'automobile, dans le cas présent, finance le travail des étudiants et de la faculté. Leur question était la suivante: quel est le rôle du gouvernement fédéral sur le plan opérationnel?
Je sais que vous connaissez très bien les lignes budgétaires de votre ministère. Quel est le rôle que vous comptez jouer au cours des prochaines années auprès de l'Université McMaster, et aussi des autres établissements du genre qui réalisent des recherches très importantes?
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Je vous remercie pour votre question.
J'adore les gens de l'Université McMaster. Ils font un excellent travail. Je suis toujours heureux de m'y rendre. Nous avons été bien accueillis et tout le monde a été gentil.
Vous avez raison, d'une certaine façon. L'Université McMaster, comme plusieurs autres centres, avait une longueur d'avance. Je crois que nous avons tout à gagner dans l'économie du XXIe siècle. Vous parlez de véhicules autonomes et d'intelligence artificielle... Nous nous démarquons dans ce domaine.
Le gouvernement du Canada a surtout investi dans les immobilisations, notamment par l'entremise de la Fondation canadienne pour l'innovation. C'est pourquoi ces programmes sont en place et nous investissons des milliards de dollars pour aider plusieurs institutions du pays à avoir les moyens de leurs ambitions pour améliorer les laboratoires, les installations et tout le reste.
Je connais très bien le sujet. Les universités nous ont demandé de les aider avec les frais d'exploitation. Nous allons examiner la question.
On pourrait aussi établir des partenariats. Vous avez parlé du secteur de l'automobile. Je suis très reconnaissant envers M. Bouchard, qui faisait partie du comité d'examen scientifique. Je pense à ce qui se fait aux États-Unis et aux partenariats avec l'industrie pour qu'il y ait plus d'investissements, et pas seulement avec l'argent des contribuables ou du gouvernement. Y a‑t‑il un moyen d'établir un partenariat avec les grandes sociétés et leurs parcs technologiques?
Je crois que c'est possible. Les fabricants automobiles veulent faire partie de la solution. Ils comprennent que le talent sera la clé de leur succès autant que du nôtre, et ils veulent contribuer. C'est un modèle possible.
Je dirais que le travail de M. Bouchard nous aidera à trouver un équilibre en ce sens. Bien sûr, si l'on finance l'exploitation des universités, on aura moins d'argent pour les installations. Il ne faut pas l'oublier. J'essaie de trouver une façon — et je suis certain que cela plaira à mes collègues de l'opposition — d'inclure le secteur privé dans ces investissements, afin qu'on n'utilise pas uniquement les fonds publics. Nous pouvons le faire. Je crois qu'il est dans l'intérêt de tous de le faire.