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Je déclare la séance ouverte.
Merci à tous de votre présence, particulièrement aux témoins.
Bienvenue à la 66e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride conformément au Règlement. Des députés participent donc en personne dans la salle, et d'autres au moyen de l'application Zoom.
Je vais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Ceux qui participent par vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Veuillez parler lentement et clairement.
Dans la salle ou sur Zoom, lorsque vous ne parlez pas, veuillez éteindre votre microphone ou le mettre en sourdine. Pour le bien-être des interprètes, ne déposez pas vos écouteurs près du microphone. Vous éviterez ainsi les retours de son et les blessures qui peuvent en résulter. Faisons en sorte que la santé des interprètes ne se détériore pas au cours de la séance.
Je vous rappelle que les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Conformément à l'article 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 6 juin 2023, le Comité reprend son étude sur l'utilisation des subventions, fonds et contributions du gouvernement fédéral en matière de recherche et de développement par les universités et les établissements de recherche canadiens dans le cadre de partenariats avec des entités liées à la République populaire de Chine.
J'ai le plaisir d'accueillir, du Service canadien du renseignement de sécurité, le directeur, M. David Vigneault, de même que Mme Nicole Giles, sous-ministre adjointe principale, Politiques et partenariat stratégique. Nous sommes ravis de vous revoir au Comité.
Pour soutenir le témoignage de M. Vigneault, nous recevons également, du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, M. Shawn Tupper, sous-ministre, et M. Sébastien Aubertin-Giguère, sous-ministre adjoint délégué, Sécurité et cybersécurité nationale.
Monsieur Vigneault, vous avez six minutes pour votre déclaration liminaire. Nous passerons ensuite aux séries de questions.
La parole est à vous pour six minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Membres du Comité, bonjour.
Je suis honoré de me joindre à vous aujourd’hui pour contribuer à votre discussion importante sur l'utilisation des fonds fédéraux dans le cadre de partenariats établis avec des entités qui entretiennent des liens avec la République populaire de Chine.
Ma mission consiste aujourd’hui à compléter le témoignage fait par ma collègue, il y a quelques semaines, au sujet des activités menées par le Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, pour assurer la sécurité de la recherche contre les menaces étrangères au Canada.
[Traduction]
Comme les membres du Comité le savent, les universités et le milieu de la recherche sont souvent pris pour cibles par des acteurs de la menace étrangers qui cherchent à faire avancer leurs intérêts à nos dépens.
Les opérations menées par ces acteurs prennent diverses formes. Elles consistent parfois à influer secrètement sur les programmes de recherche ou sur les processus d'examen par les pairs, ou encore à conclure des ententes de financement dont la provenance des fonds est délibérément masquée ou camouflée. Sous le couvert de partenariats et de collaborations, des vols de résultats de recherche vitaux et de propriété intellectuelle novatrice sont commis. La République populaire de Chine, la RPC, est de loin la plus active dans cette filière.
Ces exemples témoignent de l'évolution du paysage de la menace par rapport aux tentatives d'ingérence étrangère conventionnelles qui étaient dirigées exclusivement contre des représentants et des organismes gouvernementaux. Le mode opératoire actuel est passablement différent.
Comme les entreprises et les centres de recherche du secteur privé sont riches en propriété intellectuelle et en possibilités de prospérité économique, les acteurs de la menace ont ajouté des cibles non gouvernementales à leurs campagnes d'ingérence.
Récemment, j'ai fait part de mes réflexions sur la collaboration du SCRS avec les universités lors d'une table ronde à l'Université Stanford. Je suis revenu sur ma première rencontre avec les universités il y a cinq ans.
J'avais alors senti que les établissements n'étaient pas tout à fait à l'aise de parler ouvertement avec le SCRS, mais nous avons beaucoup cheminé depuis. Grâce à l'engagement constant et authentique que nous avons démontré, ces établissements communiquent de leur propre chef avec le service pour trouver des moyens d'assurer la sécurité de la recherche et de contrer les menaces d'ingérence étrangère. Ce comportement témoigne de l'évolution de la relation.
Le SCRS s'est engagé à maintenir des canaux solides de communication dans l'intérêt de ses partenaires et de la sécurité nationale du Canada.
[Français]
En 2022 seulement, le SCRS a tenu 113 activités de collaboration avec les intervenants et a rencontré les représentants du secteur universitaire, d'organismes communautaires, de la société civile et d'associations de défense des droits et d'établissements de recherche et d'innovation, en plus de leaders autochtones et de représentants de gouvernements provinciaux et d'administrations municipales. Le SCRS a également offert des présentations lors de nombreuses conférences universitaires, ainsi que lors de séances d'information et d'ateliers de toutes sortes sur les campus.
Ces relations se sont avérées essentielles pour éduquer les intervenants sur la sécurité nationale et accroître leur résilience devant le contexte de plus en plus complexe de la menace au Canada. Alors que le SCRS offre des breffages classés non secrets et des stratégies d'atténuation aux représentants des universités et aux membres des facultés au sujet du contexte de la menace, les établissements de recherche, eux, font part de leurs préoccupations au Service de manière à éclairer ses stratégies et ses activités.
Je ne doute pas que ces liens solides seront notre plus grand moyen de défense contre les tentatives agressives et coercitives d'ingérence étrangère que nous observons aujourd'hui et qui se poursuivront certainement dans l'avenir.
[Traduction]
Malheureusement, les États essaient de tirer profit, au détriment du Canada, de l'ouverture et de la collaboration de l'écosystème canadien de la recherche, et les moyens qu'ils utilisent pour y arriver sont de plus en plus perfectionnés.
Nul besoin de préciser que ces activités deviennent de plus en plus difficiles à contrer à mesure qu'elles se complexifient. Il est donc primordial que les Canadiens travaillent ensemble. Il faut pour cela entretenir un lien de confiance et tenir des discussions constructives avec les communautés, le milieu universitaire, le milieu des affaires et tous les niveaux de gouvernement.
Pour contribuer de façon soutenue à ces efforts, le SCRS continue à utiliser les pouvoirs que lui confère la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité pour mener des enquêtes, fournir des conseils au gouvernement et prendre des mesures pour réduire les menaces en question.
Le SCRS continuera à déployer des efforts considérables à la construction de relations avec les individus, les communautés et les établissements pour instaurer et maintenir la confiance et pour offrir un soutien et un partenariat dans la protection de la sécurité nationale et de la prospérité du Canada.
Je mentionne en conclusion que je ne peux pas parler publiquement des activités et des exigences opérationnelles du service afin de protéger la sécurité des Canadiens. Par contre, je suis prêt, tout comme les collègues qui m'accompagnent aujourd'hui, à tenir une discussion franche et ouverte et à essayer de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie.
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Monsieur le président, il va sans dire que le reçoit beaucoup de renseignements, principalement de la part de son ministère. Il en reçoit également en participant à différents comités, en plus de ceux que lui fournit le SCRS.
Je comprends la question du député. Je veux répéter encore une fois qu'à mon avis, les termes que j'ai employés dans ma déclaration préliminaire aujourd'hui, ainsi que ceux utilisés dans nos rapports publics et dans d'autres apparitions publiques ici au Canada rendent bien compte de la gravité de la menace.
Je n'ai peut-être pas employé le terme « menace existentielle », mais je peux vous dire que c'est ainsi que nous voyons la situation. Si le président le veut bien, je mentionnerai qu'il doit être très clair que sous la direction de Xi Jinping, toutes les ressources de l'État ont été placées sous le contrôle du président, dans le but, en un mot, de fournir à la RPC les outils qu'il lui faut pour atteindre ses objectifs. Cela comprend...
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Certainement. Je suis sûr que mon collègue aura des choses à ajouter.
Depuis quelques années, on constate une évolution à la fois des outils et de l'approche du gouvernement à cet égard. Par exemple, des modifications ont été apportées ces dernières années à la Loi sur Investissement Canada. Sauf erreur, la Chambre a envoyé un projet de loi à ce sujet au Sénat plus tôt cette semaine. Selon moi, cet exemple montre bien que l'on comprend que la menace évolue et qu'il faut donc de nouveaux outils pour y faire face.
Je crois que le ministère de la Sécurité publique a également innové dans ce domaine.
Voulez-vous ajouter quelque chose, monsieur Tupper?
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Merci beaucoup, monsieur Vigneault.
Je comprends que vous ne pouvez pas tout nous confirmer aujourd'hui, mais j'imagine que, si vous avertissez une université, comme vous l'avez fait dernièrement, c'est parce qu'il y a une menace. C'est ce que je comprends.
Je me permettrai de rapporter vos propos parus dans un article de CBC paru le 17 octobre dernier:
[Traduction]
« Jamais dans l'histoire de l'humanité n'a‑t‑on vu des activités de vol de propriété intellectuelle et d'acquisition de savoir-faire aussi soutenues, aussi vastes et aussi sophistiquées que celles menées par le gouvernement de la Chine. »
[Français]
Ma question est assez simple. Devant un vol de propriété intellectuelle et une telle entreprise de prédation, jugez-vous que le gouvernement fédéral en fait assez pour protéger les universités, les chercheurs et les découvertes canadiennes?
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Monsieur le président, je remercie le député de sa question.
Je crois que cela avait été dit par un de mes collègues du Groupe des cinq lors de la rencontre en question. Cela dit, j'appuie tout à fait l'argument qui est avancé.
En effet, des menaces pèsent sur les universités canadiennes. Au Canada, nous sommes très chanceux d'avoir des universités de pointe. Les gens viennent des quatre coins du monde pour étudier dans nos universités. Il faut maintenir cela. C'est grâce à cette collaboration internationale que la recherche pourra se développer.
Le problème qu'on a, surtout en ce qui concerne la République populaire de Chine et le gouvernement de Xi Jinping, c'est que tous les éléments du gouvernement sont mis à contribution pour aller chercher de l'information, de façon ouverte ou clandestine, dans le but de servir les intérêts du Parti communiste chinois. Malheureusement, cela inclut également la révision de toutes les technologies pour voir s'il y a moyen de les modifier pour permettre des avancées militaires à l'Armée populaire de libération de la Chine, qui est une menace directe pour le Canada.
:
Merci, monsieur Vigneault.
Vous êtes bien renseigné. Effectivement, c'était une citation de Mike Burgess, chef de l'Australian Security Intelligence Organisation.
Le gouvernement fédéral a annoncé, en février dernier, qu'il allait mettre en place une liste d'établissements à haut risque. Huit mois plus tard, nous attendons encore cette liste. J'ai questionné le ministre à ce sujet, lundi dernier, ainsi que des gens qui étaient présents aujourd'hui. Les témoins se succèdent, on enchaîne les réunions de comité et tout le monde exprime ses inquiétudes, mais le retard de la publication de cette liste crée un flou relativement aux demandeurs et à la protection de la recherche canadienne.
Selon vous, pourquoi cette liste n'est-elle toujours pas publiée? Collaborez-vous avec des partenaires internationaux qui ont de telles listes?
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Monsieur le président, je remercie le député de cette question très importante.
D'abord, le SCRS travaille en collaboration avec beaucoup d'organismes du gouvernement fédéral. Plus précisément, le SCRS travaille directement avec les universités et avec certains chercheurs.
Nous donnons de l'information directement aux universités et aux centres de recherche, dans la mesure du possible, à l'intérieur des limites imposées au SCRS par la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité. Nous faisons également des enquêtes internationales avec nos partenaires, ceux du Groupe des cinq, évidemment, mais aussi avec beaucoup d'autres partenaires, partout au monde. Nous prenons également des mesures d'atténuation de la menace.
Le mandat du SCRS nous permet d'agir directement pour atténuer la menace. Cet élément est très important. Nous ne serons jamais capables de réduire toutes les menaces, mais, comme je le disais dans mon allocution d'ouverture, le travail d'équipe est essentiel. Tout le monde doit travailler ensemble pour atténuer les menaces le plus possible.
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Je remercie tous les témoins de leur présence, en particulier M. Vigneault. Merci de vous joindre à nous en une journée pareille.
Durant les dernières semaines de notre étude, nous avons entendu beaucoup de préoccupations liées à la propriété intellectuelle et aux données de recherche canadiennes qui se retrouvent à l'extérieur du pays par divers moyens, comme le vol ou la fuite de renseignements. Nous avons recueilli de nombreux témoignages auprès de l'« écosystème » universitaire, pour reprendre le terme que nous employons, ainsi que des trois conseils sur les fonds alloués aux chercheurs posant un risque, ou sur les mesures à prendre pour cesser de leur octroyer des fonds.
Évidemment, le secteur privé fait beaucoup de recherche. J'aimerais savoir comment vous surveillez ce secteur. Travaillez-vous directement avec les groupes de l'industrie? J'ai lu dans les médias qu'il y avait eu un incident entre Hydro-Québec et un chercheur chinois.
Sans divulguer de secrets, pouvez-vous nous dire quel genre de mesures vous prenez pour éviter que les résultats de recherche et la propriété intellectuelle d'importance capitale restent au Canada, comme il se doit?
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Quand on examine les moyens par lesquels les États soutiennent les activités de vol de propriété intellectuelle, on constate qu'il faut prendre des mesures à l'égard de tous les éléments de l'écosystème, pour reprendre le même terme que vous.
Entre autres, le SCRS parle davantage de cet enjeu sur la scène publique. Je suis ravi que le Comité déploie des efforts en vue d'éclairer la population canadienne sur ce phénomène.
Nous travaillons directement avec les associations de l'industrie. Nous collaborons aussi avec des secteurs précis de l'économie. Je vous donne un exemple très concret.
Durant la pandémie, nous savions, grâce aux renseignements que nous recueillions — je pense que c'était aussi assez évident —, qu'une menace grandissante guettait le secteur de la recherche en santé, plus particulièrement de la recherche portant sur les vaccins et d'autres enjeux liés à la pandémie. En collaboration avec ses partenaires, le SCRS a été en mesure de dresser la liste des entreprises et des laboratoires de recherche principaux travaillant dans ce domaine au Canada. Nous avons communiqué directement avec eux pour leur donner des conseils pratiques. Nous ne savions pas nécessairement si une menace pesait précisément sur eux, mais nous leur avons dit: « Voici le modus operandi. Si vous êtes victimes d'une telle attaque, cela se passera probablement de cette façon. » Je peux vous dire que quelques semaines après les séances d'information, une entreprise nous a informés que la RPC avait suivi exactement ce modus operandi. L'entreprise en question a pu prévenir le vol de propriété intellectuelle parce qu'elle avait pris les mesures nécessaires pour se protéger.
Je dirais qu'il s'agit de mobiliser plusieurs partenaires.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Vigneault, je vous remercie de votre présence aujourd'hui. Merci aussi à tous les autres témoins. C'est une discussion très importante.
Monsieur Vigneault, je vous suis reconnaissant du travail que vous faites. Je sais que vous avez témoigné au comité de la procédure et des affaires de la Chambre dans le cadre de notre étude approfondie sur l'ingérence étrangère. J'ai beaucoup aimé votre témoignage et celui de Mme Giles.
Vous avez parlé d'un contexte de menace de plus en plus complexe, et je pense que tout le monde s'entend là‑dessus. C'est vraiment au cœur de nos préoccupations. Vous avez dit, je pense, que la RPC est l'acteur le plus sophistiqué. Vous avez également parlé d'une approche écosystémique.
Je pense que les gens cherchent parfois une solution très simple à un problème et un contexte de risque très complexes qui évoluent très rapidement. C'est ce que vous avez dit dans le passé, et je vous ai entendu le répéter aujourd'hui.
Monsieur Vigneault, pouvez-vous parler de l'importance de cette approche écosystémique et expliquer pourquoi une telle approche est plus efficace qu'une interdiction générale, disons, qui n'est peut-être pas l'approche la plus efficace?
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Je pense que nous vivons dans un monde où le gouvernement détient une partie de ce qui est important — l'information et les données —, mais pas la majeure partie. Étant donné l'évolution des technologies et de la recherche, ce qu'il nous faut... Même si vous pouviez construire une forteresse quelque part, ce serait futile si vous laissiez la porte arrière ouverte.
De ce point de vue, lorsque je parle d'un contexte de menace plus complexe, il faut savoir que nous avons affaire à des acteurs qui ont une excellente compréhension de notre système. Ils ont accès à une vaste expertise, tant au pays qu'à l'étranger, pour comprendre le fonctionnement de notre système. Nous voyons leurs tentatives d'adapter leurs tactiques et techniques en fonction de ce que nous faisons.
Voici un exemple concret qui remonte à un certain temps. Après la modification législative par le Parlement, nous avons constaté que certains acteurs comprenaient le fonctionnement de la loi. Essentiellement, ils ont trouvé une façon d'atteindre leur objectif en contournant la nouvelle loi. Cela devient en quelque sorte un jeu du chat et de la souris dans lequel il faut non seulement que les services de renseignement ou le gouvernement fédéral soient très rapidement sur leurs gardes, mais que l'ensemble des acteurs de l'écosystème le soient aussi.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Vigneault, je comprends que l'absence totale de risque n'existe pas et que votre organisation fait des efforts pour contrer les différentes menaces provenant de partout au monde.
Personnellement, j'ai l'impression que vous essayez de vous battre avec une main dans le dos. Je vais vous expliquer pourquoi. La politique canadienne de sécurité nationale a vu le jour il y a 20 ans, soit en 2004. Dans cette politique, on ne retrouve ni le mot « Chine » ni le mot « Russie ». Le gouvernement fédéral vous a demandé d'effectuer des vérifications quant aux organismes qui travaillent dans des domaines délicats, afin d'être conscients des menaces économiques et des menaces de sécurité actuelles et émergentes. Toutefois, vous n'avez même pas le pouvoir législatif nécessaire pour agir en ce sens.
De plus, vous dites que tout le monde doit travailler dans le même sens, mais il y a des renseignements que vous ne pouvez même pas transmettre aux entreprises, aux municipalités ou aux institutions universitaires. Il y a donc une rupture du lien de confiance entre le secteur privé et le gouvernement.
J'aimerais que vous nous parliez de la nécessité de moderniser la politique actuelle, qui est non seulement déficiente, mais aussi désuète.
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Merci, monsieur le président.
Votre question comporte deux aspects.
Bien qu'aucun nouveau document n'ait été publié, la façon dont on gère les questions de sécurité nationale est en constante évolution. L'annonce, par le , de la création du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement en est l'exemple le plus récent. Cela va permettre aux bons ministres et aux bons organismes gouvernementaux de donner des avis et des conseils précis au gouvernement quant aux défis. Je pense qu'il s'agit d'une nouvelle partie de l'architecture qui montre que l'évolution est réelle même s'il n'y a pas eu de nouveaux documents.
En ce qui concerne la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité, je crois que mes avis publics étaient assez clairs. La menace a changé, les attentes des Canadiens ont changé et les attentes des partenaires canadiens ont aussi changé. Dans le contexte de l'étude du Comité, les universités nous demandent plus d'informations. On leur a donné une idée des menaces, mais elles ont besoin de choses plus concrètes.
Le a reconnu publiquement qu'il travaillait à apporter des changements à la Loi.
Je pense avoir déjà posé cette question durant cette étude, mais j'aimerais juste avoir une idée de ce qu'il en est.
J'ai l'impression que je devrais poser la question à M. Lametti, car je m'interroge sur le cadre juridique dans lequel vous fonctionnez. Il est très bien de travailler avec des chercheurs qui ne sont peut-être pas conscients de ce qui fuit et de ce qu'ils perdent aux mains de la Chine, mais qu'arrive‑t‑il dans le cas d'un chercheur, d'un scientifique pur et dur qui fait de la recherche uniquement à des fins de découverte, qui n'a aucun problème à ce que cette recherche soit financée par la Chine, et qui ne fait pas partie du système des trois conseils? Pourrait‑il franchir une limite juridique quelconque, ce qui vous porterait à dire qu'il ne peut pas agir ainsi, ou avez-vous des pouvoirs pour mettre fin à cela?
Je me demande où se trouve cette limite, où sont ces limites, puisqu'il y en a peut-être plusieurs.
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Monsieur le président, je vous remercie de cette question.
Le SCRS n'a pas de pouvoirs d'exécution. Nous n'avons pas ces pouvoirs nous-mêmes.
D'une part, il arrive qu'une simple discussion avec le SCRS au sujet de divers aspects des activités de recherche ou d'une collaboration qui pourraient entraîner un risque pour la sécurité nationale ait un impact.
D'autre part, nous ne voudrions jamais que le type de recherche qui est effectué et l'identité des chercheurs et des gens que les universités peuvent employer soient déterminés par les services de renseignement. Cependant, je pense qu'il est pertinent de demander aux universités de veiller à mettre en place des mécanismes de contrôle internes appropriés pour déterminer si ces relations sont dans leur intérêt.
Enfin, j'ajouterais que dans le cas d'activités secrètes susceptibles d'enfreindre le Code criminel, nous travaillons en étroite collaboration avec la GRC. Monsieur le président, je crois que le député a fait référence à un cas récent lié à Hydro-Québec, dans lequel des accusations criminelles ont été portées contre un individu. Donc, le système fonctionne. Nous devons probablement veiller à ce qu'il fonctionne à la vitesse supérieure.
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Nous envisageons la question en deux volets.
Le premier est, bien entendu, celui de l'évaluation: nous examinerons le comportement passé des différents acteurs et déterminerons comment ils adapteraient leurs tactiques, à la lumière de leurs intentions. Nous pourrons alors nous concentrer sur les types d'entreprises ou les secteurs de recherche susceptibles d'être menacés. Il s'agit là d'une approche. Nous utiliserions les renseignements dont nous disposons déjà.
Le second, bien sûr, est le fruit de nos propres enquêtes et de nos partenariats avec nos partenaires internationaux. Je peux vous dire que toutes les discussions que j'ai avec le... Au SCRS, nous entretenons des relations officielles avec plus de 300 organisations et services du renseignement dans le monde. Bon nombre de ces discussions tournent autour de l'échange de renseignements afin de mieux comprendre les vecteurs de menace précis. Nous utilisons donc à la fois l'analyse de renseignements antérieurs et de nouveaux renseignements que nous recueillons nous-mêmes au Canada ou à l'étranger, ainsi que des renseignements provenant de partenaires internationaux.
C'est ce qui crée l'environnement qui permet à nos excellents analystes du SCRS de travailler avec tous nos partenaires pour déterminer les bons endroits et les bons acteurs afin d'avoir la plus grande incidence possible dans notre engagement à atténuer cette menace.
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Vous avez posé d'excellentes questions.
Merci, encore une fois, à tous les témoins qui ont été ici pour conclure la partie des témoignages de notre étude.
Les analystes ont du travail à faire, et nous passerons en revue les conclusions que nous avons tirées de ces discussions éclairantes.
Merci, directeur Vigneault, madame Nicole Giles, Shawn Tupper et Sébastien Aubertin‑Giguère, de votre présence ici, de vos témoignages et de votre participation à cette étude.
S'il y a des renseignements additionnels, veuillez les soumettre. Si des renseignements doivent nous être communiqués, nous en aurons besoin en temps utile, car nous examinerons bientôt le travail des analystes.
Nous allons maintenant suspendre brièvement la séance pour permettre à nos témoins de partir et pour procéder à notre vérification audiovisuelle. Nous serons à huis clos et nous ne diffuserons pas la suite de notre réunion.
Merci encore une fois.
Nous allons suspendre la séance une minute.
[La séance se poursuit à huis clos.]