:
Je vous souhaite la bienvenue à la 55
e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche.
Conformément au Règlement, la réunion d'aujourd'hui se déroulera en format hybride. La plupart des députés y participent dans la salle, et un député y participe à distance, sur Zoom.
Je vais faire quelques remarques à l'intention des témoins et des députés parce qu'un des témoins comparaîtra aussi sur Zoom.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la réunion en vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer et parlez lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, je vous prie de mettre votre microphone en sourdine. Pour écouter l'interprétation, les participants sur Zoom peuvent choisir le canal audio au bas de leur écran: parquet, anglais ou français. Les participants dans la salle peuvent utiliser leur oreillette et sélectionner le canal désiré.
Même si la salle est munie d'une chaîne stéréo performante, assurez-vous de ne pas laisser votre oreillette près de votre microphone. Si possible, ne manipulez pas votre oreillette, parce que vous pourriez causer un effet Larsen, ce qui risquerait de blesser nos traducteurs. Les effets Larsen surviennent souvent lorsqu'une oreillette branchée est trop près du microphone, alors j'invite les participants à ne pas rapprocher les deux objets.
Conformément à notre motion de régie interne sur les tests de connexion des témoins, je vous informe que tous les témoins ont effectué les tests requis avant la réunion.
Je vous rappelle que vous devez adresser tous vos commentaires à la présidence.
Conformément à l'article 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 6 juin 2023, le Comité entreprend son étude sur l'utilisation des subventions, fonds et contributions du gouvernement fédéral en matière de recherche et de développement par les universités et les établissements de recherche canadiens dans le cadre de partenariats avec des entités liées à la République populaire de Chine.
J'ai maintenant le plaisir de souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui.
Nous accueillons Jeffrey Stoff, président du Center for Research Security and Integrity, qui comparaît par vidéoconférence. Nous recevons aussi Philip Landon, président-directeur général par intérim d'Universités Canada.
Enfin, nous accueillons un habitué de ce comité, Chad Gaffield, de l'organisation U15 Regroupement des universités de recherche du Canada. Il en est le chef de la direction. Ce fut formidable de rencontrer cet été les volets allemand et canadien d'U15 et de participer aux discussions. Nous vous remercions également de cette occasion.
J'informe les témoins qu'ils disposent de cinq minutes pour leurs déclarations liminaires, après quoi nous passerons aux séries de questions.
Nous allons d'abord entendre Jeffrey Stoff du Center for Research Security and Integrity.
Vous avez la parole, monsieur Stoff.
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Merci, monsieur le président et honorables membres du Comité. Je vous remercie de l'invitation à participer à la réunion d'aujourd'hui.
Certaines de mes observations s'appuient sur mon expérience au sein du gouvernement américain où je travaillais à des dossiers sur la Chine et la sécurité de la recherche: il faut donc situer la majeure partie de ma déclaration dans le contexte américain. Toutefois, après mon passage dans la fonction publique fédérale, j'ai lancé une ONG qui aide les démocraties alliées à protéger leurs recherches. J'ai constaté que bien des défis que connaissent les États-Unis tourmentent aussi nos principaux alliés, en particulier les pays du G7.
Les nations européennes et du Groupe des cinq formulent des recommandations et des politiques préconisant que les établissements de recherche et les universités appliquent une diligence raisonnable accrue quant aux risques de sécurité — ou qu'ils les repèrent mieux —, surtout pour la recherche financée par le gouvernement. Bien que l'approche semble raisonnable, je doute de son efficacité pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, les établissements de recherche n'ont habituellement pas les ressources, les connaissances sur le sujet ou les motivations pour faire un examen poussé des partenaires de recherche de la République populaire de Chine, ou RPC, et des sources de financement.
Deuxièmement, il est trop difficile et complexe pour les établissements de recherche de mener eux-mêmes des examens et des évaluations de risques robustes en raison des contraintes de plus en plus strictes que la Chine impose à l'information. Par exemple, elle refuse l'accès à certaines recherches universitaires publiées et elle dissimule les missions, les activités et les associations de certains établissements.
Troisièmement, les connaissances sur la RPC continuent à faire gravement défaut, ce qui est pertinent pour certains des enjeux plus globaux que ce comité étudie. Les gouvernements et les universités n'en font pas suffisamment pour remédier à ces lacunes. Par exemple, on saisit mal l'ampleur et la complexité de l'appareil étatique chinois pour le transfert de renseignements et on étudie de façon peu prévoyante les activités criminelles telles que le vol de propriété intellectuelle ou l'espionnage. Par conséquent, notre aperçu des menaces plus globales à la sécurité et à l'intégrité de la recherche est déformé. En d'autres mots, la majorité des risques et des menaces que représente la Chine pour nos établissements de recherche ne sont pas liés au vol pur et dur.
On ignore l'ampleur des programmes de recrutement de la RPC pour trouver des experts à l'étranger et les inviter à se livrer à des activités violant les normes de transparence et d'intégrité. De plus, on en connaît trop peu sur les menaces à la sécurité nationale et économique que représentent souvent ces programmes.
Voici quelques exemples. On trouve dans les facultés des employés nommés à temps partiel qui sont rattachés à des établissements chinois; leur rôle est de placer des ressortissants chinois précis dans des programmes des cycles supérieurs ou postdoctoraux des établissements étrangers. Cette démarche mine les processus de sélection fondés sur le mérite. On charge parfois ces employés de tirer profit des établissements et des ressources à l'étranger pour avantager des laboratoires fantômes et des projets de recherche clandestins en Chine, ainsi que d'autres activités connexes.
Le milieu universitaire n'a pas les connaissances ou les motivations pour freiner la recherche qui profite strictement à la Chine. Un témoin ayant comparu à une réunion antérieure a affirmé que le partenariat de Huawei avec de nombreux établissements de recherche canadiens a mené à des centaines de brevets profitant uniquement à l'entreprise.
Qu'en est‑il des demandes de brevets déposées en dehors des ententes formelles?
Détail intéressant, il est arrivé que des chercheurs américains aient d'abord déposé des demandes de brevets en Chine ou les y aient déposées sans daigner le faire aux États-Unis, et ce, même après avoir reçu du financement fédéral pour cette recherche. Dans d'autres cas, les bailleurs de fonds de la RPC brouillent les définitions des dons, des contrats et des subventions. À titre d'exemple, un don qui n'est censé être assorti d'aucune condition pourrait en fait exiger que l'établissement bénéficiaire fasse mener des recherches précises par des personnes présélectionnées. Je ne sais pas si les établissements canadiens sont touchés par ces mêmes réalités, mais je recommande l'étude de ces enjeux étant donné que la Chine emploie les mêmes méthodes pour tirer profit de la recherche et du développement dans les pays développés.
Des centaines, voire des milliers, de sous-divisions et de laboratoires d'universités civiles chinoises et d'instituts de la Chinese Academy of Sciences effectuent de la recherche en défense, mais on s'y intéresse peu si leur mission première n'est pas d'appuyer la recherche en défense et la base industrielle de la Chine. Cette réalité a une incidence directe sur les technologies clés que ce comité étudie, comme l'intelligence artificielle, la physique quantique, la biotechnologie, etc. Je ne suis au courant d'aucune initiative pour examiner systématiquement quels établissements chinois sont des chefs de file en recherche dans ces disciplines et, parmi eux, lesquels semblent chercher des applications en défense dans leurs recherches.
À ma connaissance, le gouvernement américain et les experts en sécurité nationale ont déployé peu d'efforts — voire aucun — pour remédier à la situation. J'imagine que d'autres gouvernements alliés composent avec des ressources encore plus limitées, ce qui contraint l'acquisition de connaissances à cet égard.
Nos connaissances font également défaut par rapport aux conglomérats de défense détenus par la RPC. Ces entreprises étatiques contrôlent des centaines de filiales au sein d'instituts de recherche qui jouent le rôle d'établissements universitaires et qui collaborent en recherche sur la scène mondiale. Alors que les chercheurs vivant à l'étranger s'intéressent aux utilisations commerciales et civiles, les entités de la RPC appuient directement les industries de la défense.
Voilà quelques-uns des enjeux mal compris par les démocraties alliées, ce qui limite notre capacité collective à protéger la sécurité et l'intégrité de notre recherche. La mission de mon organisation consiste à sensibiliser les intervenants à ces égards et à renforcer certaines des connaissances grâce à des partenariats publics et privés.
Je vous remercie et je suis impatient de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de l'invitation à comparaître aujourd'hui devant le Comité pour parler du dossier important de la sécurité de la recherche.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de fournir un compte rendu des mesures prises par les universités canadiennes pour renforcer la sécurité de la recherche, et de discuter de la manière dont le gouvernement peut soutenir la sécurité des travaux de recherche menés dans les établissements.
[Traduction]
Je m'appelle Philip Landon et je suis le président par intérim d'Universités Canada, une organisation représentant 97 universités de partout au pays.
Bien qu'il s'agisse de ma première comparution devant le Comité, mon organisation est souvent venue témoigner au fil des années, et j'aimerais prendre un moment pour remercier notre ancien président, Paul Davidson, pour son leadership exceptionnel.
[Français]
La collaboration internationale en matière de recherche est essentielle pour que le Canada demeure concurrentiel sur la scène mondiale. Elle favorise l’échange d’idées, de talents et de ressources au profit de toutes les parties concernées.
[Traduction]
Le partage de la recherche et de la technologie se fait dans les deux sens, et la recherche canadienne s'améliore grandement grâce aux avancées réalisées ailleurs dans le monde. Or, les universités reconnaissent également que les partenariats de recherche peuvent parfois représenter des risques ou soulever des enjeux de sécurité nationale. Comme mon collègue qui représente l'organisation U15 le dira, les universités canadiennes accroissent activement leurs capacités en sécurité de la recherche.
Les universités prennent leurs propres initiatives pour limiter les partenariats avec des entités au cœur de cette étude. Elles créent notamment des bureaux pour la sécurité de la recherche, affermissent leur diligence raisonnable pour l'évaluation des risques, organisent des ateliers sur la sécurité et implantent de strictes mesures pour la sécurité lors des déplacements. Le défi est exacerbé par le fait qu'elles doivent le relever tout en protégeant la recherche et les chercheurs canadiens touchés.
Je vais décrire les moyens par lesquels le gouvernement peut mieux accompagner les universités aux prises avec ces défis.
Les mesures pour la sécurité de la recherche doivent être délibérées et très ciblées. Les cibles vagues et ambiguës créent de l'incertitude, au détriment de la clarté, et ralentissent le système. Les chercheurs qui se font demander de couper des ponts se retrouvent face à deux options: réduire leurs recherches pour potentiellement abandonner un projet dans son intégralité, ou poursuivre ces recherches ailleurs qu'au Canada. Ces deux scénarios créent le risque d'un exode de la propriété intellectuelle et du talent à l'étranger.
À l'heure actuelle, aucune subvention fédérale ne compense la perte soudaine de partenariats. Comme la recherche est très spécialisée, il est difficile de remplacer des partenaires. Les doctorants qui apprennent qu'ils ne recevront plus d'appui pour un projet auquel ils viennent de consacrer des années doivent se résigner à trouver d'autres options, souvent à l'extérieur du Canada. Entretemps, comme le souligne le rapport du comité consultatif du gouvernement — le rapport Bouchard —, les bourses pour étudiants des cycles supérieurs et les subventions fédérales pour la recherche demeurent au même niveau depuis 20 ans. On demande de plus en plus aux chercheurs d'en faire davantage avec moins de ressources.
Des pays semblables au nôtre ont adopté une approche des plus prudentes. Plus tôt cette année, l'Australie a publié une liste de technologies critiques. Plutôt que de limiter la recherche dans ces domaines, la liste relève les possibilités de partenariats avec d'autres nations aux vues similaires à promouvoir tout en élaborant des pratiques plus fiables d'atténuation des risques. La CHIPS and Science Act des États-Unis crée des restrictions très ciblées et prévoit de colossaux investissements en recherche.
Dans son examen de recommandations sur cet enjeu important, j'encourage vivement le Comité à étudier des solutions pour que le Canada ne se limite pas à fermer des portes, mais en ouvre de nouvelles. Il importe aussi de veiller à ce que les petites universités ne soient pas oubliées dans des initiatives comme le Fonds de soutien à la recherche; tous les établissements recevront ainsi un appui suffisant pour la sécurité de la recherche.
En conclusion, je souligne l'importance de ne pas cibler de pays en particulier dans la recherche de solutions pour la sécurité de la recherche. Cette étude est très axée sur la Chine, ce qui, inévitablement, braque les projecteurs sur les étudiants chinois ayant fréquenté des établissements publics en Chine. Cette perspective influence la couverture médiatique de l'enjeu et pourrait involontairement exacerber la discrimination à l'endroit des étudiants d'origine chinoise.
J'invite instamment le Comité à évaluer les menaces à la sécurité, peu importe le pays d'origine. En s'attaquant ainsi aux défis de sécurité de la recherche, le Canada se dotera d'un cadre renforcé dans le domaine.
Je vous remercie sincèrement de l'occasion de m'être adressé à vous aujourd'hui. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président, je vous remercie de l'invitation.
Bonjour à tous les membres du Comité.
Je suis ravi d'être parmi vous pour discuter de ce dossier tellement important.
[Traduction]
Je tiens aussi à vous remercier encore une fois de prendre l'initiative d'axer la discussion publique sur la création d'un avenir meilleur fondé sur la science et la recherche.
En ce qui concerne le sujet à l'étude aujourd'hui, comme des témoins précédents vous l'ont dit, les universités canadiennes prennent la sécurité de la recherche très au sérieux. La cadence du travail dans ce domaine a accéléré considérablement ces dernières années.
Les uns après les autres, les gouvernements fédéraux du passé ont poussé les universités canadiennes à accroître la collaboration internationale, spécialement avec la Chine. L'encouragement constant des dernières décennies était fondé sur deux motifs principaux. D'un côté, le Canada cherchait à tirer parti de l'expertise de la Chine dans le secteur de la science et de la recherche. D'un autre côté, le Canada considérait la collaboration internationale comme un moyen de s'attaquer aux problèmes mondiaux complexes, notamment ceux liés aux changements climatiques et à la santé.
Résultat: le milieu canadien de la recherche est devenu l'un des plus internationalisés, ce qui lui a donné accès au bassin mondial de connaissances. Cette approche a favorisé la réussite de la transition économique, sociale et culturelle du Canada du XXe siècle aux turbulences du XXIe siècle, comme notre capacité de gérer la pandémie de COVID‑19 l'a montré récemment.
Toutefois, la mondialisation et l'internationalisation peuvent aussi menacer la sécurité de la recherche et, par le fait même, la sécurité nationale, car elles ouvrent la porte à l'ingérence étrangère. Durant les dernières années, les universités ont fait face à diverses nouvelles menaces. Au Canada, le gouvernement fédéral et les universités partagent la responsabilité d'assurer la défense contre de telles menaces. Le rôle du gouvernement fédéral repose sur ses services de renseignement nationaux. De leur côté, les universités doivent veiller à la conduite responsable de la recherche.
Afin de prendre des mesures pour s'acquitter immédiatement de cette responsabilité partagée, en 2018, des dirigeants du milieu universitaire et du gouvernement fédéral ont mis sur pied le Groupe de travail sur les universités. Ce groupe de travail a pour mandat d'élaborer des politiques et des pratiques dans le but de défendre le principe d'un milieu de la recherche « aussi sécurisé que nécessaire, aussi ouvert que possible ».
Au fil des années, le groupe de travail s'est réuni régulièrement pour poursuivre cet objectif. En septembre 2020, le gouvernement fédéral s'est fondé sur les discussions du groupe de travail pour lancer le portail en ligne Protégez votre recherche. Ce portail offre aux chercheurs et aux universités des outils et des renseignements visant à protéger la sécurité de la recherche.
En mars 2021, le gouvernement fédéral a demandé au groupe de travail de participer à l'élaboration de lignes directrices et de processus intégrant la sécurité dans les demandes de financement fédéral pour les partenariats de recherche. Ce travail a mené à la publication, le 12 juillet 2021, des Lignes directrices sur la sécurité nationale pour les partenariats de recherche. Aujourd'hui, tous les bailleurs de fonds fédéraux du milieu de la recherche procèdent systématiquement à des évaluations relatives à la sécurité nationale.
Par ailleurs, grâce au soutien prévu dans le budget fédéral de 2022, les universités ont continué à engager des agents responsables de la sécurité de la recherche, ainsi qu'à élaborer des cadres avancés de gestion des risques et des politiques et pratiques connexes. Afin de soutenir ce travail, en juin 2023, U15 Canada a publié un document intitulé Protéger la recherche au Canada: Guide des politiques et des pratiques universitaires. Ce guide est un document évolutif: il sera révisé et mis à jour annuellement, en fonction de l'évolution des pratiques.
Les universités ont recours à des sources publiques pour faire preuve de diligence raisonnable. Cependant, elles attendent également que les services de renseignement canadiens leur indiquent clairement, à partir de leurs propres sources, quelles entités sont jugées inadmissibles à des partenariats de recherche. Nous croyons savoir que de telles listes sont à venir.
En outre, les universités travaillent fort pour éviter les conséquences non voulues du renforcement des mesures de sécurité de la recherche, en particulier le racisme et la discrimination sur les campus, ainsi que le déclin de la recherche dans des domaines importants et sensibles essentiels à l'avenir du Canada.
Dans le contexte géopolitique en pleine évolution, d'importants pays comme les États-Unis, le Japon et l'Allemagne augmentent leurs investissements en vue de renforcer leur capacité nationale de recherche. Au XXIe siècle, en cette ère dite mondialisée, il est de plus en plus évident que la sécurité et la souveraineté nationales reposent sur la capacité intérieure de recherche des pays. Les investissements majeurs d'autres pays dans le financement de la recherche exercent une pression énorme sur les universités canadiennes, qui peinent à attirer et à retenir les meilleurs chercheurs et les meilleurs étudiants diplômés.
Nous devons agir dès maintenant pour renforcer notre capacité nationale de recherche afin de garantir la sécurité et la souveraineté nationales du Canada dans un milieu mondial où la concurrence est de plus en plus vive. Notre avenir en dépend.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux trois témoins. Vos témoignages m'intéressent vivement.
Je vais partager mon temps de parole avec M. McKay. Il a des questions pour ce groupe de témoins.
Bienvenue encore une fois, monsieur Gaffield. Je suis ravie de vous revoir.
En 2021, Innovation, Sciences et Développement économique Canada a publié les Lignes directrices sur la sécurité nationale pour les partenariats de recherche. Quelles mesures vos établissements prennent-ils pour veiller à ce que les chercheurs connaissent et respectent ces lignes directrices?
:
Tous ont mis sur pied des bureaux ou des services responsables de la sécurité de la recherche. De plus, ils organisent des séances de sensibilisation et des discussions publiques sur leurs campus. Ils envoient aussi de la documentation, et plus encore.
Le guide devait servir, en quelque sorte, de document d'harmonisation utile à tous, comme mon collègue M. Landon le disait, surtout pour nos 97 établissements. Il a été conçu pour tout le monde. Selon moi, l'objectif est de faire circuler l'information et de veiller à ce que nous puissions éliminer les risques de la collaboration internationale plutôt que de nous en dissocier. À mon avis, nous poursuivons cet objectif avec grand succès.
Il a beaucoup été question au Comité de tentatives d'ingérence dans la recherche ou dans les travaux de recherche de personnes données, ainsi que de diverses stratégies, etc. Nous sommes très conscients de ces enjeux. Nous sommes ravis que jusqu'à présent, nous ayons réussi à bien les gérer. C'est en partie grâce à l'échange de renseignements, aux efforts de sensibilisation et à tout le reste.
:
Merci beaucoup de votre question, qui va au cœur du dossier que nous abordons aujourd'hui.
La réalité actuelle, c'est que chaque pays doit avoir une capacité nationale. On a appris que c'était essentiel. Il n'y a pas si longtemps, on parlait de mondialisation et d'un monde avec des réseaux et des transferts, mais on voit maintenant qu'en fait, les frontières géopolitiques comptent beaucoup. Il y a toute une concurrence entre les pays et, malheureusement, il y aura des gagnants et des perdants. C'est de plus en plus évident.
Aujourd'hui, il ne fait plus aucun doute que la meilleure façon de faire avancer un pays est par la science et la recherche. On le voit un peu partout, surtout dans les grands pays du monde, qui investissent beaucoup là-dedans. C'est pourquoi j'ai tellement peur pour le Canada. Il faut comprendre que c'est un peu comme un jardin: pour aller plus loin, il faut le cultiver tout le temps. Pourquoi? C'est parce qu'il y a une concurrence entre les pays et que, pour se tailler une place solide et stable dans le monde, le Canada doit attirer et garder les talents et compter sur le talent de ses gens. Cela prend des investissements et, d'après moi, c'est la clé. Si nous n'avons pas la capacité de nous défendre dans un contexte où d'autres pays nous menacent, nous serons évidemment plus fragiles.
Effectivement, comme vous l'avez mentionné, il faut entretenir le jardin. Je pense que vous conviendrez que les fleurs ne poussent pas très fort dans le jardin, à l'heure actuelle. Nous sommes le seul pays du G7 à avoir réduit ses investissements dans la recherche-développement dans les 20 dernières années. Nous consacrons 1,8 % de notre produit intérieur brut à ces investissements, comparativement à 3,4 % pour les États‑Unis. Je pense que le message est assez clair.
Si je comprends bien ce que vous dites, le fait que le gouvernement fédéral n'investit pas assez dans la recherche-développement compromet la sécurité nationale de la recherche, parce que les chercheurs sont tentés de faire affaire avec des gens de l'étranger, qui n'ont pas toujours nos intérêts à cœur. J'aimerais entendre votre point de vue à ce sujet.
Monsieur Landon, je vous inviterai à ajouter vos commentaires par la suite.
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Merci beaucoup. J'en suis ravi.
J'aimerais remercier tous les témoins d'être ici aujourd'hui. Cette étude continue d'être intéressante.
Je vais commencer avec M. Landon. Vous avez soulevé une série de points dans votre déclaration. Vous avez parlé du coût de rompre les liens avec des chercheurs à l'étranger et de la stagnation des fonds de recherche ici, puis vous avez mentionné ce que quelques autres pays font. L'Australie a dressé sa liste concernant les restrictions.
Les États-Unis sont en quelque sorte notre plus grand concurrent. Vous avez mentionné la CHIPS and Science Act, qui renferme une combinaison de restrictions et des investissements massifs.
Je me demande si vous pouvez nous dire si c'est ce que nous pourrions faire au Canada. Nous avons du mal au Canada à dépenser plus que les États-Unis ou la Chine, mais nous pourrions à tout le moins fournir suffisamment de financement pour la recherche, à mon avis, pour garder nos chercheurs ici et mener des recherches nationales, sans devoir poursuivre ces partenariats et ces ententes avec des entités étrangères — surtout avec la Chine, pour les raisons que nous connaissons tous.
Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez?
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Je suis fermement convaincu qu'il y a cinq ans, en 2018, nous avons commencé à prendre la question très au sérieux. Croyez-moi, il n'était pas évident, au niveau international, de savoir comment passer de la science ouverte à de la science « ouverte autant que possible, sécurisée autant que nécessaire ». C'est le chemin que nous avons parcouru ces cinq dernières années.
J'ai l'impression, à tout le moins, que nous avons fait d'énormes progrès, de sorte que je pense que nous pouvons tous aujourd'hui avoir la certitude que nos recherches sur nos campus sont menées dans des conditions sécuritaires qui ne nous menacent pas.
Toutefois, comme je l'ai dit, c'est un enjeu permanent et continu qui évolue. Comme l'ont dit plusieurs témoins, compte tenu des tactiques utilisées par d'autres pays pour nous nuire et des types de stratégies qui vont évoluer, nous devons être constamment attentifs et alertes et apporter des mises à jour en permanence.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de la discussion. Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Monsieur Stoff, je vais commencer avec vous.
Nous avons entendu M. Gaffield dire plus tôt que la sécurité de la recherche au Canada est l'«une des meilleures au monde ». Il n'y pas si longtemps, le Toronto Star vous a cité: « Les politiciens américains commencent à avoir ces conversations, mais le Canada peut légitimement dire qu'il montre la voie. »
Monsieur Stoff, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous dites cela?
Je crois savoir que d'autres pays ont élaboré des lignes directrices en matière de sécurité nationale, tout comme le Canada l'a fait cette année, en 2023, dont nous avons entendu parler aujourd'hui.
Je veux interroger M. Landon sur une question de compétence.
Je crois savoir que de nombreux gouvernements provinciaux ont réduit une partie du financement de base des universités canadiennes, ce qui signifie qu'elles dépendent davantage des frais d'inscription des étudiants étrangers et du financement de la recherche pour se maintenir à flot. Diriez-vous que c'est vrai?
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Merci, monsieur le président. Vous vouliez dire le Bloc, puis le NPD.
Je vais poursuivre sur la lancée de M. Gaffield, qui nous parlait de l'importance du leadership du gouvernement fédéral.
En février dernier, le gouvernement fédéral a dit que les demandes de subventions pour des recherches effectuées en partenariat avec une institution représentant un risque pour la sécurité nationale seraient dorénavant refusées. Au mois de mai dernier, dans un article du Journal de Montréal, la ministre de l'Enseignement supérieur du gouvernement du Québec, Mme Pascale Déry, a dit qu'elle attendait des « directives claires » du fédéral, et déclaré: « J'ai fait moi-même des représentations auprès du ministre Champagne. Je n'ai pas eu de réponse à ce niveau-là, j'en attends encore ». Ensuite, le Cabinet a dit qu'il était en train de dresser la liste d'institutions étrangères de recherche présentant des risques. Cela va donc faire près d'un an qu'on a annoncé qu'il n'y aurait pas de financement, mais il n'y a toujours pas de clarification.
Monsieur Landon, j'aimerais que vous nous précisiez quelque chose. Vous êtes représentant des 97 universités au Canada. Qu'est-ce que vous attendez du gouvernement fédéral concernant les directives manquantes pour la sécurité nationale en relation avec la recherche?
Je remercie les trois témoins d'aujourd'hui, MM. Stoff, Landon et Gaffield, pour leurs témoignages et leurs réponses.
Je remercie les députés de leurs questions.
Je sais que quelques interventions ont dû être interrompues. Si vous avez des observations à ajouter ou des précisions à apporter, veuillez les transmettre par écrit à la greffière.
Nous allons maintenant suspendre la séance brièvement pour permettre aux témoins de se retirer et pour accueillir notre deuxième groupe de témoins. Nous avons deux témoins qui vont se connecter et faire des tests de son. Nous reprendrons dans quelques minutes avec notre deuxième groupe de témoins.
:
Nous reprenons. Maintenant que les tests sont terminés, nous allons commencer avec notre deuxième groupe de témoins.
Conformément à l'article 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 5 décembre 2022, le Comité entreprend son étude des répercussions à long terme de l'écart salarial entre les sexes et des groupes en quête d'équité dans le corps professoral des universités canadiennes.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir nos deux témoins qui se joignent à nous à distance. Premièrement, nous accueillons Mme Catherine Beaudry, professeure à l'École polytechnique de Montréal, qui témoigne à titre personnel. Nous avons aussi, Mme Robin Whitaker, vice-présidente de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, qui nous parle depuis l'Université Laurier, si j'ai bien compris.
Vous avez chacune cinq minutes.
Si nous pouvions commencer par Mme Beaudry, ce serait formidable.
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Merci. Je vais faire mon allocution en français.
Je vous remercie de cette invitation à comparaître devant le Comité permanent de la science et de la recherche. C'est un grand privilège pour moi d'avoir la chance de vous faire part de mes résultats de recherche sur les inégalités salariales.
Comme spécialiste de la gestion et de l'économie de la science, de la technologie et de l'innovation, je me suis rapidement intéressée aux différences entre les hommes et les femmes en sciences. Je voulais aller au-delà des simples comparaisons de moyenne sur les genres, qui montrent toujours un retard des femmes par rapport aux hommes, pour comprendre les facteurs qui influencent ces écarts. J'ai donc examiné comment le genre, l'âge, le financement, la collaboration et la position dans les réseaux influencent la production et l'impact scientifiques.
Mes recherches ont montré que, pour un même montant de subvention obtenu, les femmes publient plus que les hommes. En revanche, quand les hommes et les femmes publient dans des revues savantes qui ont le même facteur d'impact, plus la proportion de femmes coauteures est grande, moins l'article a de chances d'être cité. Ces résultats m'ont poussée à investiguer si ces différences en matière de production scientifique avaient une incidence sur la progression professionnelle et le salaire des femmes universitaires.
Par ailleurs, comme j'ai été trésorière, puis vice-présidente, de l'Association des professeurs de l'École Polytechnique, j'ai aussi été appelée à trouver des moyens pour réduire les barrières auxquelles les femmes professeures font face, qui ralentissent leur carrière et maintiennent le salaire versé en deçà des attentes. Je suis contente de vous dire qu'il y a maintenant une promotion rétroactive à Polytechnique pour ne pas pénaliser les femmes qui prennent des congés de maternité, par exemple.
La partie principale de mon allocution porte sur des résultats d'enquête. En 2017, j'ai mené une vaste enquête pancanadienne sur les salaires des universitaires et exploré toutes les primes et les honoraires professionnels qui s'ajoutent au salaire de base et qui exacerbent les différences salariales entre les hommes et les femmes en matière de rémunération globale. Cette étude s'est penchée sur les primes au marché et à la performance, les primes associées aux chaires de recherche et les primes administratives.
Tant les statistiques descriptives de Statistique Canada que celles de mon enquête montrent que les hommes gagnent plus que les femmes, et que l'écart se creuse à mesure qu'on progresse en carrière, de professeur adjoint à professeur titulaire. Il y a de moins en moins de femmes au niveau de professeur titulaire.
Les données de l'enquête montrent qu'en ce qui concerne les primes administratives, les hommes gagnent 16 000 $ par rapport à 9 000 $ pour les femmes. Du côté des primes au marché, les hommes obtiennent 13 000 $, contre 7 000 $ pour les femmes. C'est du côté des honoraires professionnels qu'on trouve l'écart le plus grand: 25 000 $ pour les hommes et 13 000 $ pour les femmes.
Alors que l'écart entre les hommes et les femmes au rang de professeur titulaire est de 7 000 $ si on considère juste le salaire de base, il passe à plus de 15 000 $ si on considère la rémunération globale. C'est donc en matière de rémunération globale que l'écart est le plus grand.
Nous avons aussi fait des modèles de régression pour essayer de comprendre les écarts salariaux que nous étions capables d'expliquer et ceux qu'on pourrait juger comme étant un peu de la discrimination. Nous avons montré que plusieurs facteurs expliquent les différences en matière de rémunération globale, qui oscillent de 4 % à 6 % selon les domaines. En moyenne, ce n'est pas si énorme que cela.
L'âge, le rang universitaire, la discipline, les interruptions de carrière, une carrière davantage tournée vers la recherche, mais, surtout, les différentes primes et les honoraires professionnels expliquent les écarts de rémunération globale entre les hommes et les femmes. Une fois tous ces facteurs considérés, il reste très peu d'écarts hommes-femmes qui ne sont pas expliqués par toutes les variables que nous avons mises dans le modèle de régression et qui pourraient être considérés comme de la discrimination. Seuls les honoraires et les primes administratives font partie de cette catégorie non expliquée.
Pour tous les éléments de la rémunération globale enchâssés dans une convention collective — pour les universités qui ont de telles conventions —, comme le salaire de base associé aux différents rangs universitaires et certaines primes associées aux chaires de recherche et à la performance, les écarts de salaire hommes-femmes sont explicables. Nous avons cependant de la difficulté à expliquer le montant des primes.
Nous commençons à étudier cela.
Le président me faisant signe que mon temps est écoulé, je vous remercie. Je peux répondre à vos questions tant en français qu'en anglais.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous parle depuis St. John's, à l'Université Memorial — et non l'Université Laurier — sur la partie insulaire de Terre-Neuve-et-Labrador, qui est, je tiens à le souligner, le territoire traditionnel non cédé des Béothuks et des Micmacs.
Je suis vice-présidente de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, qui représente plus de 72 000 enseignants, chercheurs, bibliothécaires et membres du personnel général des universités, collèges et écoles polytechniques du pays. Je suis également professeure à l'Université Memorial, qui a récemment terminé une étude sur l'écart salarial entre les sexes qui a permis de cerner et de compenser les inégalités salariales chez les femmes, dont moi.
Je remercie le Comité d'entreprendre cette importante étude. J'aimerais aborder quatre points principaux dans ma déclaration préliminaire, et je serai ravie d'apporter plus de précisions lors des séries de questions.
Premièrement, pour mieux comprendre les divers facteurs croisés qui contribuent aux inégalités salariales dans les universités et les collèges, il nous faut des données plus solides sur la démographie et la rémunération du corps professoral dans les établissements, tant pour l'effectif à temps plein que les professeurs contractuels. Le gouvernement fédéral peut être un chef de file en appuyant la collecte de telles données en élargissant, pour commencer, l'Enquête de Statistique Canada sur le Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités et les collèges, ou SIPEUC.
Deuxièmement, le SIPEUC nous fournit des données assez solides sur l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes dans le corps professoral universitaire à temps plein. L'écart de rémunération brut ne tient pas compte des différences dans les caractéristiques observables, mais il s'agit d'une première étape vers la compréhension de l'écart salarial entre les sous-populations.
Pour ce qui est de la rémunération chez les membres du corps professoral à temps plein dans les universités canadiennes, l'écart brut est en moyenne de 10 % entre les femmes et leurs homologues masculins. Cet écart résulte en grande partie de différences selon la discipline, le rang et l'âge. Même après ajustement de ces facteurs, on constate toujours un écart salarial de rémunération d'environ 4 % entre les hommes et les femmes, et cet écart s'explique fort probablement par le genre de facteurs mentionnés par ma collègue, notamment le salaire de départ — souvent négocié individuellement —, la rémunération au mérite et les différences de primes selon le marché, ainsi que les différences dans le temps nécessaire pour obtenir une promotion.
Chacun de ces facteurs représente une possibilité de partialité pouvant se traduire par une différence de rémunération. Bref, une analyse plus large et une réforme de la structure salariale dans le milieu universitaire s'imposent.
À défaut de données institutionnelles sur les salaires liés à des facteurs autres que la notion binaire de genre, nous avons examiné les données de recensement pour le corps professoral universitaire et collégial. Il convient d'interpréter ces données avec prudence, mais nous constatons un important écart de rémunération brute chez le personnel enseignant racisé et autochtone de niveau postsecondaire, et l'écart est encore plus marqué chez les femmes racisées et autochtones. En effet, il est de 10 % pour les professeurs racisés et grimpe à 25 % chez les femmes racisées du corps professoral universitaire.
Le statut d'emploi est un facteur probable des importants écarts de rémunération observés dans les données du recensement, car les membres des groupes en quête d'équité sont très probablement sous-représentés aux grades universitaires supérieurs et aux postes universitaires à temps plein.
Troisièmement, les universités et les collèges doivent adopter des pratiques d'embauche destinées à assurer l'équité en matière d'emploi dans les disciplines traditionnellement dominées par les hommes et mener régulièrement des exercices d'équité salariale. Les associations de professeurs d'université se sont employées activement à intégrer ces changements dans les conventions collectives. Elles ont également négocié des dispositions relatives à la communication de renseignements, à la compression des échelles salariales, ainsi qu'à l'« arrêt de l'horloge de la titularisation » afin d'aider les femmes à accéder aux promotions plus rapidement.
Mon quatrième et dernier point est le suivant: le gouvernement fédéral a un rôle clé à jouer pour soutenir les associations de professeurs d'université afin d'éliminer la discrimination salariale au sein du corps professoral universitaire. Il peut appuyer la collecte de données démographiques plus vastes dans le cadre de l'enquête sur la rémunération dans le SIPEUC, y compris sur la race, l'identité de genre, l'invalidité et l'identité autochtone, et ce, pour l'ensemble de l'effectif, qu'il soit à temps plein ou à temps partiel.
Cela permettra de cerner et d'évaluer l'incidence de sources de désavantage uniques, doubles ou multiples sur les salaires et d'autres formes de rémunération. Cela contribuera aussi à appuyer les efforts pour éliminer la discrimination par l'intermédiaire d'un programme de contrats fédéraux renforcé afin d'exiger le respect des exigences fédérales en matière d'équité en emploi, de transparence salariale et d'équité salariale.
Enfin, le gouvernement fédéral peut travailler en collaboration avec les provinces pour renouveler l'effectif universitaire et créer davantage de postes de titulaires à temps plein. Selon les estimations des enquêtes récentes sur la population active, un tiers du corps professoral est employé à l'heure actuelle sous contrat à durée déterminée ou à temps partiel, sans rémunération équitable, y compris l'accès aux avantages sociaux, aux régimes de pension, au perfectionnement professionnel ou aux fonds de recherche. L'absence de renouvellement du corps professoral est un obstacle structurel à l'atteinte de l'équité en emploi et, par conséquent, de l'équité salariale au sein du corps professoral universitaire.
Je vous remercie. Je suis impatiente de discuter avec vous.
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Je tiens à préciser que ce n'est pas nouveau au Québec. L'Université Laval a mis cela en place en 1986; c'est donc une pionnière.
Lorsqu'une femme retourne au travail après un congé de maternité, puis demande éventuellement une promotion au grade suivant et l'obtient, la promotion est accordée rétroactivement pour compenser le congé de maternité. Si elle a pris un congé de maternité d'un an, la promotion est accordée à compter du début du congé de maternité et non de la fin, et elle recevra une compensation pour toute augmentation de salaire perdue durant l'année de congé. En effet, la personne qui passe du poste de professeur adjoint à celui de professeur agrégé a une augmentation de salaire.
Donc, lorsqu'elle se porterait finalement candidate à la promotion, elle aurait une rémunération rétroactive pour l'année où elle était en congé de maternité. Voilà ce que j'entends par « rétroactive ». Le congé de maternité n'est pas pénalisé.
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Dans le cadre de nos études, nous avons examiné l'incidence de la publication scientifique sur les salaires, et nous avons remarqué que, bien souvent, une orientation de carrière davantage tournée vers la recherche, qui se traduit par une plus grande production scientifique, a une incidence sur le salaire. Pendant la pandémie, les femmes ont publié moins, mais les hommes ont publié plus, parce que les femmes se sont beaucoup occupées des enfants pendant la période scolaire. Moi-même, j'ai fait un peu l'école à la maison avec deux de mes enfants, ce qui m'a pris énormément de temps, en plus de toutes les tâches liées à ma fonction professorale, qui prenaient davantage de temps.
Je m'attends donc à ce que cet écart entre les genres en matière de publication qu'on a vu en 2020 et en 2021 ait une incidence, mais elle est difficile à mesurer pour l'instant, parce qu'on attend les promotions qui s'en viennent pour avoir assez de données pour connaître l'écart exact. C'est certainement quelque chose qu'on verra dans les données de Statistique Canada.
Par ailleurs, je réitère ce que ma collègue suggérait. Cela va nous prendre beaucoup plus de données dans ces enquêtes pour bien comprendre le phénomène, et il faudra que ces données soient systématiquement jumelées aux données ayant trait au financement, aux articles et aux citations, par exemple. En fait, il faut documenter la carrière professorale, parce que, pour une chercheuse comme moi, qui passe beaucoup de temps à étudier et jumeler ces données pour s'assurer que le John Smith de l'Université Memorial n'est pas le John Smith de l'Université de Toronto ni celui de l'Université de la Colombie‑Britannique qui aurait changé d'établissement, cela devient très complexe à mesurer.
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C'est une excellente question.
De toute évidence, les établissements et les provinces ont un rôle majeur à jouer en ce qui concerne les iniquités salariales. Nous n'avons pas de données aussi précises sur les établissements. J'hésiterais donc à faire une généralisation à ce sujet. Compte tenu de la nature de ce comité, je crois que ce que je peux faire, c'est attirer votre attention sur certaines des mesures que le gouvernement fédéral pourrait prendre pour soutenir les établissements, les associations des facultés et les syndicats qui tentent de travailler sur ce dossier. J'en ai parlé dans mes remarques liminaires. Le gouvernement fédéral peut aider en fournissant de meilleures données. Cela est essentiel si on veut mener des études permettant d'entamer un travail de correction des iniquités.
Comme vous le savez d'après nos défis régionaux, il y a un manque de renouvellement de postes de professeurs à temps plein, annuels ou titulaires, surtout à cause de la diminution des fonds publics disponibles. Le gouvernement fédéral a assurément un rôle important à jouer à cet égard. Il doit travailler de concert avec les provinces et les établissements pour offrir de nouvelles possibilités, surtout pour les chercheurs en début de carrière. Il est également essentiel qu'il finance les organismes subventionnaires. Le moment est venu d'ouvrir la porte de verre qui a été...
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Merci, monsieur le président.
Je salue les deux témoins qui se joignent à nous pour la deuxième heure de la réunion.
Madame Beaudry, j'ai bien écouté votre allocution. J'ai également analysé le sondage que vous avez mené concernant les disparités entre les revenus des hommes et des femmes en milieu universitaire. Plus tôt, vous disiez que les éléments les plus importants où il y avait réellement un écart considérable étaient les primes de marché et les primes d'honoraires.
Parlez‑moi des autres facteurs. Il est indiqué dans votre enquête que l'âge, le nombre d'enfants et la prise d'un congé sabbatique n'ont pas nécessairement d'effets considérables. Selon vous, qu'est‑ce qui explique cela?
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Merci. Cette question est très importante.
Oui, d'après ce qu'on peut voir, les femmes et les autres groupes dignes d'équité ont davantage tendance à obtenir un poste à temps partiel ou contractuel dans le milieu universitaire. Je pense qu'il est essentiel de se pencher sur cette question.
Vous avez dit qu'il y a plus d'équité, mais cela se limiterait à ce groupe. Somme toute, l'écart se creuse en matière d'équité. Le manque d'accès aux postes à temps plein ou annuels est de plus en plus préoccupant. On dit souvent que ces postes sont dans la « voie de la titularisation ». Le nombre de postes précaires augmente dans le milieu universitaire.
Je crois qu'il faudrait également s'inquiéter du fait que de jeunes chercheurs pourraient ne pas développer pleinement leur potentiel s'ils sont de plus en plus orientés vers des postes qui ne leur permettent pas de tirer profit de toute leur formation. Je pense que c'est là que le gouvernement fédéral a un rôle très important à jouer. Il doit travailler de concert avec les provinces afin de stabiliser le financement de l'enseignement supérieur, surtout pour renouveler le corps professoral à temps plein.
Plus que jamais, on dispose de ce que l'on appelle souvent du personnel hautement qualifié. Il existe un groupe diversifié de titulaires de doctorats qui sont prêts à se lancer dans le milieu universitaire, mais qui ont besoin d'une occasion pour ce faire. Cela signifie qu'il faut créer des postes, leur donner l'occasion d'entrer dans le milieu et leur fournir un financement pour leurs recherches afin de les soutenir.
Il est évident que nous en bénéficierons tous. Le Canada disposera de meilleures capacités en diversifiant le groupe de talents disponibles. Je crois qu'il est temps d'agir. On a vu le changement se produire. Présentement, des personnes prêtes à entrer dans le milieu ne peuvent pas le faire. Je suis heureuse que vous ayez posé cette question.
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Je suppose que je pourrais répondre en premier.
Je dirai, à propos de la question précédente, qu'il s'agit là d'un autre domaine où les syndicats ont un rôle très important à jouer dans la négociation des prestations de congé parental. Votre question porte toutefois sur les services de garde. Même si, selon moi, les établissements et les associations ou syndicats de professeurs ont un rôle essentiel à jouer pour revendiquer des mesures en faveur de ceux qui œuvrent dans ce milieu, je pense que nous avons pu constater à quel point il est important que les gouvernements jouent leur rôle en garantissant, de façon systémique, la disponibilité de services de garde.
Nous avons un bon exemple, celui du Québec, et c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles les choses se sont améliorées dans certains établissements au Québec. Le gouvernement fédéral a joué un rôle important à cet égard. Je pense que nous pouvons appliquer le bon modèle des centres de la petite enfance aux établissements postsecondaires aussi. Bien entendu, la prestation de services de garde abordables et accessibles améliore considérablement les choses pour les parents dans tous les secteurs, notamment dans les universités et les collèges. C'est un bon modèle pour le financement public de l'éducation dans son ensemble.
Nous pouvons certes examiner ce que les établissements peuvent faire, mais je pense que, pour les besoins de votre comité, il est vraiment important de souligner que le gouvernement fédéral a également un rôle clé à jouer. Il y a eu de bons progrès, et nous devons poursuivre sur cette lancée.
Je vais m'adresser de nouveau à Mme Whitaker.
Il me semble que l'un des aspects les plus épineux de cette question tient aux idées préconçues qui, au fond, nous habitent tous. Dans un système comme le nôtre, où les postes de décision sont dominés par les hommes... Cette situation est en train de changer, du moins je l'espère. Si des données révèlent une amélioration à ce chapitre, j'aimerais en prendre connaissance.
En ce qui concerne la rémunération au mérite, le temps nécessaire pour obtenir une promotion, les salaires de départ, les honoraires professionnels et les primes, toutes ces décisions semblent être prises, pour la plupart, par des personnes haut placées ou par des comités chargés de trancher ces questions.
Comment contourner ce problème? Comment pouvons-nous y remédier, ou devons-nous simplement attendre que le monde se stabilise et que le nombre de femmes soit égal à celui des hommes?
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Non, je ne pense pas que nous ayons à attendre. J'estime qu'il y a des choses que nous pouvons faire.
Vous avez raison: nous devons nous attaquer aux problèmes systémiques qui échappent aux négociations individuelles, à la rémunération au mérite, aux différences sur le marché... La négociation collective s'est avérée un mécanisme important pour y parvenir. De plus, la compression des échelles salariales, entre autres, permet aux gens d'être promus en moins de temps, de sorte que l'échelle salariale demeure transparente. Les femmes atteignent ainsi un seuil égal plus rapidement et y restent plus longtemps.
Par ailleurs, il faut faire preuve d'une plus grande transparence à propos de l'état actuel des choses et combler les écarts d'équité en matière d'emploi dans certains domaines, notamment les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques — soit les domaines des STIM, dont Catherine Beaudry a parlé —, mais aussi l'architecture et d'autres disciplines, qui contribuent généralement aux différences sur le marché... Bref, je pense qu'il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire, si la volonté est là, mais il faut, en somme, éliminer les situations qui ouvrent la porte aux préjugés ou à la discrimination. Des efforts ont été déployés pour les réduire ou pour en atténuer les répercussions, comme le fait de ne pas permettre que les différences sur le marché persistent tout au long d'une carrière et d'autres mesures de ce genre.
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C'est très bien. Je vous remercie. Je pense que c'est une bonne façon de terminer notre réunion.
Merci, monsieur Cannings.
Merci, Catherine Beaudry et Robin Whitaker, de votre témoignage et de votre participation à cette étude. Vous faites un travail remarquable dans votre domaine, en plus de contribuer à notre étude. Je vous en remercie donc. Si vous avez des observations à ajouter, veuillez les transmettre à la greffière.
À ce propos, conformément à la motion que nous avons adoptée le 18 septembre, la demande de mémoires est maintenant publiée sur notre site Web. Elle sera accessible au cours des trois prochaines semaines. Vous trouverez, sur la page consacrée à l'étude, le lien pour le dépôt des mémoires, ainsi que le texte intégral de la motion et les renseignements administratifs pour communiquer avec la greffière. Donc, consultez notre site Web.
Par ailleurs, à la lumière de la discussion avec les analystes et les greffiers — si je peux avoir votre attention pendant encore une ou deux minutes, chers collègues — au sujet de la date limite pour proposer des témoins en prévision de l'étude sur l'intégration du savoir traditionnel et des connaissances scientifiques autochtones dans l'élaboration des politiques gouvernementales, nous accepterons les propositions de témoins jusqu'à la fin de la journée du vendredi 13. Veuillez indiquer votre affiliation politique si vous les envoyez par l'entremise de vos bureaux. Si le Comité le souhaite, les analystes pourront préparer une liste de témoins afin que les partis puissent en tenir compte au moment de dresser leur liste.
Je vous rappelle également que nous ne nous réunirons pas le lundi 2 octobre et que, lors de la réunion du mercredi 4 octobre, nous reprendrons les études sur lesquelles nous nous sommes penchés aujourd'hui et nous poursuivrons notre bon travail.
Félicitations au Comité pour cette excellente réunion et, encore une fois, merci aux témoins.
Sur ce, j'aimerais savoir si nous pouvons lever la séance.
Je vous remercie. La séance est levée.