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Bienvenue à la 61
e séance du Comité permanent des sciences et de la recherche.
La séance d'aujourd'hui se déroule de façon hybride conformément au Règlement. Les membres assistent en personne dans la salle. Nous avons aussi des membres et des témoins qui participent sur Zoom.
Je vais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Tout d'abord, avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole en vous appelant par votre nom. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Lorsque vous parlez, veuillez le faire lentement et clairement. Si vous n'avez pas la parole, veuillez éteindre votre micro. Pour ceux qui sont sur Zoom, nous avons des services d'interprétation. Au bas de l'écran, vous pouvez choisir entre le français et l'anglais. Ceux qui sont dans la salle peuvent utiliser leur écouteur et sélectionner le canal désiré.
Bien que cette salle soit équipée d'un puissant système audio, nous entendons de temps à autre des accrochages acoustiques qui risquent de causer des blessures graves à nos interprètes. Le plus souvent, cet effet Larsen se produit parce que votre écouteur est trop près du microphone. Veuillez donc le maintenir loin du micro. Lorsque vous n'utilisez pas votre écouteur, veuillez le poser sur la table loin du microphone afin de ne pas le tenir dans la main.
Conformément à la motion de régie interne du Comité concernant la vérification de la connexion des témoins, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les essais de connexion requis avant la réunion.
À titre de rappel, tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Nous allons maintenant commencer.
Conformément à l'alinéa 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 5 décembre 2022, le Comité reprend son étude sur les répercussions à long terme de l'écart salarial entre les sexes et des groupes en quête d'équité dans le corps professoral des universités canadiennes.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir, à titre personnel, Mme Malinda Smith, vice-provost et vice-présidente associée, Recherche (équité, diversité et inclusion), Université de Calgary, où il fait un soleil radieux aujourd'hui. Nous accueillons également, de l'Institut national canadien pour les aveugles, M. Mahadeo Sukhai, vice-président de la recherche et des affaires internationales et responsable de l'accessibilité.
Ces témoins participent par vidéoconférence.
Vous disposerez chacun de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
Nous allons commencer par Mme Malinda Smith, de l'Université de Calgary.
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Bonjour. Merci beaucoup de m'avoir offert cette occasion de parler des répercussions des écarts salariaux dans le corps professoral des universités canadiennes.
Avant de commencer, j'aimerais souligner que je m'adresse à vous depuis les territoires traditionnels des peuples de la région du Traité no 7 dans le Sud de l'Alberta. Dans la ville de Calgary, la nation métisse de l'Alberta réside aussi dans les districts 5 et 6.
L'iniquité salariale constitue un obstacle important à la création d'un secteur postsecondaire canadien équitable, diversifié, inclusif et accessible. Ses répercussions sont inégales. Elle touche de façons différentes les membres des groupes désignés par le gouvernement fédéral, notamment les femmes, les Autochtones, les minorités raciales ou visibles et les personnes handicapées. Les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et bispirituelles ne sont pas encore incluses dans les groupes désignés. Cette lacune est considérée comme un problème d'équité, comme l'ont révélé les consultations du Groupe de travail sur la révision de la Loi sur l'équité en matière d'emploi.
Dans le secteur postsecondaire, nous constatons d'importantes lacunes dans les données sur la représentation, le niveau de scolarité, l'expérience et l'écart salarial de tous les groupes désignés, et c'est aussi le cas des membres de la communauté LGBTQ2S+. Je signale que ces lacunes ont déjà été relevées dans le rapport de la Commission royale sur l'égalité en matière d'emploi en 1984. Nous nous heurtons encore à ces problèmes 40 ans plus tard.
Pour comprendre les écarts salariaux dans le corps professoral, il faut les examiner du point de vue de l'équité et dans une perspective intersectionnelle. En effet, les écarts salariaux ont une incidence disproportionnée sur les membres de certains groupes de professeurs d'universités canadiennes.
Je vais répondre brièvement à quatre questions: que révèle la perspective d'équité intersectionnelle? Quelles sont les raisons les plus souvent invoquées pour expliquer ces écarts? Quelles sont les répercussions de ces écarts? Je vais me concentrer sur ces questions. Que faut‑il faire pour réduire ces écarts salariaux? Je vais souligner ces écarts.
Tout d'abord, pour expliquer ce que révèle une perspective intersectionnelle des écarts salariaux dans le corps professoral, consultons l'ouvrage de Howard Ramos et Peter Li intitulé The Equity Myth: Differences in Representation and Employment Income of Racialized University Professors. Les auteurs soulignent qu'en examinant les revenus, on constate que les professeurs blancs gagnent plus que tous les autres, suivis des hommes de minorités visibles de l'Asie du Sud et des hommes autochtones. Les femmes noires appartenant à une minorité visible, les femmes arabes, les femmes asiatiques et les femmes de l'Asie du Sud gagnent toutes les salaires les plus bas, soit la moitié de la moyenne des autres salaires. Bien que les professeures de race blanche gagnent plus que les autres femmes, il convient de souligner que leur revenu est nettement inférieur à la moyenne des salaires des hommes de race blanche.
Les auteurs suggèrent que ces écarts pourraient être dus à un rendement insuffisant, à l'embauche, au nombre d'articles publiés, au niveau de financement ou à la volonté d'offrir ses services. Toutefois, ces justifications sont insuffisantes. Les données indiquent... Pour que cet argument soit convaincant, il faudrait que les données démontrent que les professeurs issus de minorités visibles affichent systématiquement et à tous les niveaux une productivité inférieure par rapport aux professeurs blancs. Cependant, une différence de productivité n'explique pas si facilement les écarts de représentation et de salaire.
Deuxièmement, le rapport de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université intitulé Éducation postsecondaire: qu'en est‑il de la diversité et de l'équité au sein du corps enseignant? souligne que les professeures titulaires gagnent encore, en moyenne, beaucoup moins que les professeurs titulaires blancs. Le taux de chômage des professeures racisées est presque deux fois plus élevé que celui des femmes non racisées. L'écart salarial entre ces deux groupes et l'écart salarial entre les femmes non racisées et les hommes racisés sont persistants, et l'on constate même qu'il s'aggrave.
Je soulignerai également que dans son exposé de politique, le Groupe de travail sur l'examen de la Loi sur l'équité en matière d'emploi démontre que l'écart salarial est plus marqué pour les femmes autochtones, les femmes handicapées, les femmes racisées et les nouvelles arrivantes. En fait, l'analyse intersectionnelle est très révélatrice.
Qu'est‑ce qui explique ces écarts?
Le niveau de scolarité, la durée d'emploi, les postes à temps partiel par opposition aux postes à temps plein, les emplois syndiqués par rapport aux emplois non syndiqués sont des facteurs importants. Toutefois, on observe aussi du subjectivisme dans la rémunération discrétionnaire des universités fondé, par exemple, sur la détermination du mérite ou du maintien en poste, sur les rajustements salariaux et les primes de marché. Les sociologues Ramos et Li ont également souligné les facteurs de capital humain, l'ancienneté, la productivité et la discrimination. Les économistes Blau et Khan affirment aussi que 62 % de l'écart salarial peut s'expliquer par des facteurs comme la « ségrégation professionnelle », le temps plein par rapport au temps partiel, le niveau et l'expérience.
Toutefois, ces facteurs quantitatifs n'expliquent pas à eux seuls l'écart de 38 %. Les auteurs laissent entendre que la discrimination y joue aussi un rôle.
Quelles sont les répercussions? Elles sont profondes...
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Aujourd'hui, je vais parler d'un problème critique, les écarts salariaux persistants que subissent les professeurs de sexes différents et les membres des groupes en quête d'équité dans le corps professoral des universités canadiennes. Je vais particulièrement souligner le cas des chercheurs handicapés.
Dans un rapport récent intitulé Rapports sur l'incapacité et l’accessibilité au Canada: Écart salarial entre les personnes ayant une incapacité et les personnes sans incapacité, 2019, Statistique Canada révèle que les personnes de 16 ans et plus ayant une incapacité « gagnent 21,4 % de moins que les personnes sans incapacité ». Cet écart se creuse pour les personnes qui ont une déficience cognitive, car elles gagnent jusqu'à 46,6 % de moins. Il se creuse également au fil du temps, car les personnes handicapées de 40 ans gagnent beaucoup moins que leurs pairs qui vivent sans incapacité et que les personnes dans la vingtaine. Ces écarts posent des obstacles importants à l'inclusion, à la diversité, à l'équité et à l'accessibilité en milieu de travail.
Dans le domaine des sciences, les chercheurs qui vivent avec un handicap doivent souvent obtenir eux-mêmes les mesures d'adaptation dont ils ont besoin en milieu de travail. Ce fardeau s'ajoute aux préjugés systémiques qu'ils essuient quotidiennement. Ce fardeau cognitif et la difficulté d'accès à leur lieu de travail nuisent souvent à leur avancement professionnel et à leur bien-être. De plus, les chercheurs handicapés font face à des obstacles de taille, notamment les effets du stress continu que cause leur état de santé, qui exige beaucoup d'endurance, les frais de subsistance supplémentaires liés à leur handicap, les obstacles à la publication de leurs articles, le manque de locaux accessibles dans le milieu de la recherche, comme les salles de réunion, les conférences, les salles de classe, les séminaires et les laboratoires ainsi que les préjugés prévalents dans les processus d'embauche et de promotion. Ces obstacles exacerbent l'écart de rémunération qu'ils subissent. Ces facteurs ont une incidence non seulement sur leur sécurité financière, mais aussi sur leur santé mentale. Le stress lié à la gestion des obstacles systémiques, à la demande insistante de mesures d'adaptation et à la gestion des iniquités salariales a souvent de graves répercussions sur leur santé mentale, sur leur productivité et sur leur avancement professionnel.
L'un des plus grands défis à relever pour combler les écarts salariaux à long terme dans les milieux de la recherche est le manque de données démographiques exhaustives sur les chercheurs handicapés qui travaillent en milieu universitaire et ailleurs. Sans ces données obtenues de façon éthique et manipulées avec soin, nous ne pouvons pas saisir pleinement l'ampleur et la profondeur de ce problème. N'oublions pas que l'incapacité se manifeste sous d'innombrables formes. Il s'agit en fait d'un spectre d'expériences particulières façonnées par des identités personnelles qui se recoupent, notamment le sexe, la race et le cheminement de carrière. Chaque incapacité produit des expériences et des défis uniques. Il est essentiel de reconnaître ces nuances pour comprendre les obstacles que causent les écarts salariaux.
Soulignons très particulièrement la nuance que cause l'âge auquel la personne s'identifie pour la première fois comme étant handicapée. Un professeur titulaire qui vit sa première expérience d'incapacité aura un cheminement et une qualité de carrière très différents. L'écart salarial qu'il subira sera très différent de celui d'une personne qui, étant née avec un handicap, fait quotidiennement face à de grands obstacles tant personnels que systémiques en s'efforçant de s'intégrer dans le corps professoral et de s'y maintenir.
Ne sous-estimons pas non plus le rôle des politiques dans la résolution de ces problèmes. Les politiques qui font respecter l'équité salariale, favorisent l'accessibilité et assurent une représentation inclusive dans les milieux universitaires sont essentielles. Toutefois, elles ne suffisent pas. Il faut un changement de culture fondamental afin de valoriser la diversité, favoriser l'inclusion et reconnaître les contributions importantes qui nous viennent des chercheurs handicapés.
Les universités, les établissements de recherche et les organismes subventionnaires jouent un rôle crucial en perpétuant ou en atténuant ces écarts salariaux. Il leur incombe de prendre des mesures proactives pour comprendre et combler ces écarts, pour promouvoir l'équité salariale et pour créer des milieux favorables et inclusifs pour tous les chercheurs, quelle que soit leur identité.
Cela dit, il est également crucial de reconnaître le manque grave de formation et de compréhension sur l'accessibilité dans les milieux de recherche. Cette lacune perpétue les obstacles auxquels font face les chercheurs handicapés. Par conséquent, il est urgent d'apporter des changements systémiques à la perception et aux attitudes envers les personnes handicapées dans le milieu universitaire.
Soulignons également les avantages de l'inclusion, la diversité, l'équité et l'accessibilité en recherche. L'application de ces concepts améliore les résultats et favorise l'innovation. En comblant les écarts salariaux et en faisant la promotion de l'équité salariale, nous pouvons créer un environnement où tous les chercheurs prospèrent, ce qui créera une communauté de recherche plus robuste, novatrice et inclusive.
L'effort de comprendre et d'appliquer l'équité salariale ne vise pas seulement à rendre justice, mais à favoriser la qualité, l'innovation et l'excellence en recherche.
Nous devons agir dès maintenant pour veiller à ce que tous les chercheurs, y compris ceux qui vivent avec un handicap, aient une occasion équitable de contribuer à l'avancement du savoir au Canada.
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Il y a plusieurs façons de le faire. Le Système d'information sur le personnel enseignant dans les universités, évidemment, est probablement... Statistique Canada fait autorité sur les données rendues publiques. De plus, je suis en Alberta, alors nous avons des données sur la transparence publique.
Nous disposons des résultats de plusieurs études d'analyse comparative des données. J'ai également souligné, dans ma déclaration préliminaire, que certaines données sont discrétionnaires, alors nous ne pourrions donc pas en faire le suivi. Par exemple, tout ce qui constitue, disons, une prime de marché pourrait ne pas être divulgué publiquement. Les offres de maintien en fonction, qui se font sur une base discrétionnaire, sont généralement présentées plus aux hommes qu'aux femmes, par exemple, parce que les hommes sont plus susceptibles de chercher un emploi ailleurs, et l'université veut les garder. Cela change aussi le facteur. De plus, certains facteurs, comme le congé de maternité, ont une incidence sur le revenu des femmes. Que ce soit pour la famille ou... les services de garde ont aussi une incidence sur le revenu au fil du temps.
Les données sur les femmes racisées sont tellement persistantes dans toutes les études — de Statistique Canada, des sociologues, des économistes, du Conference Board du Canada, de Catalyst Canada — qu'il est vraiment crucial d'effectuer des analyses intersectionnelles.
Je tiens cependant à souligner qu'elles sont nécessaires, mais qu'elles ne sont pas suffisantes.
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Il y a trois réponses à votre question.
Premièrement, on ne divulgue publiquement que certains montants, celui des gens les plus haut placés. Je dirais que cette divulgation est claire. Cependant, elle l'est moins dans le cas de nombreux employés d'universités. Elle l'est moins dans le cas des offres d'emploi. L'écart salarial n'émerge que beaucoup plus tard, probablement lorsqu'ils deviennent professeurs agrégés, principaux ou professeurs titulaires...
L'Université de Calgary, comme probablement de nombreuses universités du Groupe U15, s'est engagée à appliquer l'équité salariale. Le suivi des données vise avant tout à réduire les iniquités. Il y a donc d'importants mécanismes qui comblent ces écarts.
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C'est une très bonne question.
Qui devrait être responsable de signaler les écarts? Je dirais que l'embauche est la prérogative d'un vice-recteur à l'enseignement et à la recherche et non d'un doyen ou d'un président. Elle ne relève pas nécessairement des RH, bien que celles‑ci puissent mettre en œuvre des pratiques pour combler ces écarts.
J'aime votre question, parce qu'elle met l'accent sur la reddition de comptes. Lorsque l'on constate des écarts de rémunération entre les professeurs adjoints, les professeurs agrégés et les professeurs titulaires, qui est responsable d'examiner la situation et d'agir concrètement pour la corriger? Je crois que ce sont les présidents, les doyens et les vice-recteurs à l'enseignement et à la recherche qui devraient s'en charger.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux deux témoins d'être venus aujourd'hui. Vos déclarations préliminaires étaient excellentes, quoique plutôt cinglantes.
J'aimerais revenir à Mme Smith.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé de l'équité et de l'importance d'examiner ce problème dans une perspective intersectionnelle. J'ai très bien compris votre point de vue lorsque vous avez décrit les statistiques, les recherches et les renseignements que vous avez présentés. Il semble qu'il y ait une certaine cohérence dans le fait que les femmes racisées, les femmes handicapées et celles d'autres sous-groupes souffrent d'un manque d'équité salariale et que ce problème soit systématique, d'après votre témoignage.
Alors voici ma question: dans votre déclaration préliminaire, vous en avez parlé et vous en êtes venue à dire que la discrimination est un facteur. Ensuite, vous avez été interrompue, parce que votre temps était écoulé. J'aimerais que vous reveniez sur ce point et que vous alliez au bout de votre pensée.
Comment savez-vous que la discrimination est un facteur? Je ne pose pas du tout cette question pour vous contrer. En fait, je pense qu'il faut le reconnaître. Je veux vous donner l'occasion d'aller au bout de votre pensée en nous expliquant les raisons pour lesquelles la discrimination est un facteur.
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Merci beaucoup de m'en donner l'occasion.
J'ai mentionné deux études. La première est l'ouvrage de Howard Ramos et Peter Li intitulé The Equity Myth: Differences in Representation and Employment Income of Racialized University Professors, publié en 2017. La deuxième étude a été publiée par l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Elle s'inspire des données de Statistique Canada. Une troisième étude, à mon avis, est aussi très importante. Elle est mentionnée tout spécialement dans l'exposé politique du Groupe d'étude de la Loi sur l'équité en matière d'emploi. Le conseil consultatif de Catalyst Canada souligne constamment ces mêmes types d'écarts.
Ces chercheurs ont fait de multiples analyses de régression pour essayer d'exclure d'autres possibilités. Cet écart est‑il dû à l'âge, à l'ancienneté ou, par exemple, au capital humain? Est‑il dû à des facteurs comme le sexe ou la race? Comment se fait‑il que les femmes racisées, par exemple, ou les femmes handicapées gagnent toujours moins que leurs collègues?
Je soulignerai également que la juge Rosalie Silberman Abella y a fait allusion en 1984, dans un rapport de la commission royale, il y a 40 ans de cela. On se demande vraiment pourquoi rien n'a changé depuis.
Howard Ramos et Peter Li font remarquer que nous devrions mener d'autres types d'études non quantitatives. Il faut examiner la productivité. Certains chercheurs sont-ils plus productifs? Obtiennent-ils plus de subventions? Fournissent-ils des services plus prestigieux? Ramos a effectué une étude à ce sujet. Les résultats de nombreuses études montrent que dans bien des cas, les chercheurs issus de minorités racisées sont plus performants et plus novateurs, mais que malgré cela, ils demeurent sous-payés. En fait, le recensement de 2021 au Canada a souligné le lien entre les bas salaires et le sous-emploi des employés de l'enseignement supérieur. Cette tendance persiste.
Quels facteurs expliquent cela? Selon le Conference Board du Canada et les auteurs Li et Ramos, nous ne pouvons pas exclure la discrimination, parce que rien d'autre ne semble logique lorsqu'on fait une analyse de régression sur les facteurs du niveau d'instruction, l'ancienneté, etc.
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Merci, monsieur le président.
Je salue les témoins qui se sont joints à nous aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à M. Sukhai.
Monsieur Sukhai, lors des différentes séances du Comité, de nombreux témoins ont notamment parlé du manque de données disponibles concernant les handicaps parmi les professeurs d'université. Ces données permettraient au Comité de mieux cerner les problèmes d'équité salariale au sein de cette profession. Je voudrais vous entendre parler concrètement à ce sujet.
Que peut faire le gouvernement fédéral pour appuyer efficacement l'équité salariale parmi les membres des corps professoraux universitaires, tout particulièrement en rapport avec les handicaps?
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Tout d'abord, parlons-nous d'un membre du corps professoral qui est professeur agrégé ou professeur titulaire et qui développe graduellement un handicap en vieillissant, ou d'un homme comme moi, par exemple, qui est né avec un handicap congénital, qui se lance dans une carrière de chercheur et qui se heurte à des obstacles dès le début de sa carrière?
Si nous parlons du deuxième groupe, parce que c'est en fait sur ce groupe que nous devrions nous concentrer, il faudrait des programmes offerts par l'entremise des trois conseils ainsi que d'autres façons de soutenir les chercheurs qui ont un handicap dès le début de leur carrière. Il faudrait que cela se fasse de façon sensible et respectueuse, afin de ne pas les obliger ou les forcer à divulguer leur expérience vécue s'ils ne veulent pas le faire.
Il est certain que grâce au financement et aux bourses d'études et de recherche, vous pouvez commencer à accroître le niveau de représentation. Vous pouvez également élaborer des politiques et des programmes sur les milieux de recherche et sur l'accessibilité dans le domaine de la recherche. Vous pourrez imposer une cible de représentation, mais il faudra rendre l'environnement pleinement accessible. Vous devrez vous concentrer sur ces deux facteurs pour retenir la participation des chercheurs handicapés.
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Je remercie les deux témoins d'être ici aujourd'hui.
Je vais commencer par Mme Smith.
Dans votre présentation initiale, vous avez mentionné plusieurs possibilités de différences qui pourraient expliquer différents niveaux d'écarts salariaux. Vous avez parlé du personnel syndiqué par rapport au personnel non syndiqué. Lorsque je travaillais à l'Université de la Colombie‑Britannique, il y avait trois groupes d'employés. Il y avait l'association du corps professoral avec le corps professoral permanent, il y avait les administrateurs et les professionnels, puis il y avait les employés syndiqués de tous les secteurs de l'université.
Pourriez-vous nous dire si vous avez des données qui permettraient de distinguer les écarts salariaux au sein de ces groupes? Avez-vous ce genre d'information? Pouvez-vous expliquer pourquoi il pourrait y avoir des différences en fonction de ces différentes catégories?
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Merci beaucoup de votre question.
Je pense que pour ce qui est des employés syndiqués, il est clair qu'ils négocient et qu'ils disposent de données comparatives pour le faire, y compris pour l'ensemble du secteur postsecondaire, données qu'ils obtiennent par l'entremise de leurs associations et, je dirais, de leur association nationale, l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Je dirais que la rémunération des chargés de cours, qui font parfois aussi partie de ces syndiqués, pourrait être touchée par le fait qu'il arrive qu'ils soient nommés pour une période déterminée ou d'une année à l'autre. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'apprécie vraiment l'initiative de modernisation du Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités, qui vise à suivre l'expérience des chargés de cours à temps partiel et de ceux à contrat, qui donnent maintenant un pourcentage important des cours dans les universités canadiennes. Cependant, je dirais que le processus de négociation collective est une force qui permet de négocier de meilleurs salaires, des augmentations salariales au fil du temps et des avantages sociaux proportionnels à l'expérience.
Je connais moins bien les travailleurs non syndiqués, sauf peut-être le personnel de soutien et de gestion et le personnel professionnel. Je dirais qu'ils sont plus vulnérables et plus susceptibles d'être mis à pied que ceux qui ont un poste permanent, et je crois que cela ne surprend personne. Je dis cela en tant que personne qui a eu le privilège d'être professeure titulaire et qui continue de l'être en occupant les fonctions d'administratrice principale. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une position privilégiée dans le milieu universitaire.
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J'éviterais de me concentrer sur une université en particulier, comme l'Université de Calgary, et je dirais que les données du SIPEUC sont très utiles pour avoir un aperçu du secteur postsecondaire en général. Selon moi, l'impact générationnel est important. Il arrive que les nouveaux professeurs adjoints, par exemple, qui ont de meilleurs salaires négociés, gagnent plus que certains professeurs adjoints plus anciens, ce qui fait que l'on commence à voir un écart qui a des répercussions au fil du temps. Je dirais qu'étant donné le déplacement de l'âge de la retraite pour les professeurs titulaires, ces derniers pourraient être plus âgés qu'ils ne l'étaient par le passé, de sorte que l'écart salarial pourrait également être plus élevé que, disons, c'était le cas lorsque l'âge limite était fixé à 65 ans.
Il y a un certain nombre de facteurs qui se recoupent à l'origine de cela, mais je ne veux pas exclure la dynamique de genre qui touche les femmes. Il peut s'agir d'offres salariales moins élevées, du fait que les femmes font un type de travail différent, qui est moins valorisé, comme professionnelles ou comme mentors pour les étudiants, ou qu'elles reçoivent des offres de chaires de recherche moins prestigieuses. Nous savons qu'historiquement — et nous essayons de changer cela avec les trois conseils —, les femmes n'obtiennent pas autant de chaires de recherche du Canada.
Comme vous le savez d'après les recherches sur les professeurs titulaires et les cadres supérieurs, les femmes sont nettement sous-représentées dans ce genre de postes. De plus, les personnes racisées sont gravement sous-représentées dans les postes de haute direction, y compris dans mon propre établissement, ce que nous reconnaissons. Tout cela a une incidence sur les salaires et sur l'écart salarial. Tant que nous ne comblerons pas les autres écarts — embauche, promotion, rémunération —, ils continueront de croître ou demeureront les mêmes, ce qui est pratiquement ce qui se passe à l'heure actuelle.
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C'est une excellente question.
Je pense que les obstacles auxquels les femmes font face dans le domaine des STIM ont été mieux reconnus, qu'on en a parlé davantage et qu'on a vraiment mieux... Je ne vais pas dire qu'ils ont été « surmontés », mais ils ont davantage attiré l'attention depuis une trentaine d'années.
La question pour laquelle l'attention commence à être insuffisante, c'est celle de l'expérience des étudiants handicapés, des chercheurs handicapés en début de carrière et des femmes handicapées dans le domaine des STIM. Je pense qu'une partie du problème est liée à la perception capacitiste selon laquelle les personnes qui ont un handicap ne devraient pas vraiment être en science. J'y ai fait face. C'est un problème concret. C'est là. Je pense qu'on a l'impression que si vous n'avez pas la « capacité » X, vous ne pouvez pas être un vrai physicien ou un vrai biochimiste.
Il y a ensuite cette conception de ce que devrait être un scientifique, et celle de ce que devrait être un scientifique productif. Cette définition de la productivité ne comprend pas les congés parentaux. Elle ne comprend pas les congés de maladie. Elle ne comprend pas les congés pour des problèmes de santé. Elle ne comprend pas le besoin d'aide dans les laboratoires. Il y a des obstacles systémiques plutôt structurels liés aux handicaps qui touchent toutes les personnes handicapées — les personnes racisées handicapées, les femmes handicapées, les universitaires autochtones handicapées.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux témoins.
Vous nous avez tous les deux parlé de l'importance des données, particulièrement en ce qui concerne les minorités visibles et les Autochtones handicapés. Je pense que vous avez été très clairs à ce sujet. Bien sûr, nous aurons le témoignage de Statistique Canada plus tard au cours de cette réunion, et il ne fait aucun doute que des recommandations nous seront faites, mais il me semble que nous parlons de cette question depuis déjà 40 ans environ.
Madame Smith, comme vous l'avez souligné, je me demande si nous n'en sommes pas à un point où l'analyse ne semble plus progresser. Autrement dit, que devons-nous faire maintenant? Vous avez parlé un peu de la reddition de comptes dans les universités proprement dites, mais que pouvons-nous faire — en tant que gouvernement fédéral en particulier — pour faire avancer la cause de ces groupes sous-représentés et, essentiellement, celle de l'iniquité salariale? Pourriez-vous nous donner des idées sur le rôle que devrait jouer le gouvernement fédéral?
Je reviens toujours au commentaire de la juge Rosalie Silberman Abella au sujet du volontarisme. Comme ces obstacles se perpétuent d'eux-mêmes, le fait d'attendre et d'espérer n'aura aucun effet.
Nous avons besoin de meilleures données. Il y a un partage avec Statistique Canada, mais si les établissements ne recueillent pas les données de façon systématique, nous n'arriverons à rien. Nous avons besoin de bonnes données administratives pour chacun des groupes en quête d'équité.
Deuxièmement, nous avons besoin de transparence et de reddition de comptes. Mme Goodridge a parlé de la transparence des données plus tard dans la carrière, lorsque les taux salariaux sont plus élevés. Peut-être devrions-nous voir les taux salariaux de départ. Si ces données étaient transparentes, les écarts seraient peut-être moins courants dans les établissements, ou il y aurait peut-être moins de préjugés découlant d'aspects discrétionnaires ou cachés. Je pense que cela est vraiment important.
Je crois que nous devrions peut-être restreindre les autres types d'éléments salariaux cachés, qu'il s'agisse de suppléments forfaitaires ou d'autres types d'avantages, ou les rendre publics dans le cadre de la reddition de comptes. De plus, il faut qu'il y ait des conséquences pour les gens qui occupent des postes comme le mien. Qu'est‑ce qui est fait pour garantir que ceux qui sont chargés de surveiller l'équité ou mandatés pour le faire le font réellement? Je crois qu'il n'y a pas beaucoup de reddition de comptes malgré ce qui se dit, et c'est un facteur pour nous.
Personnellement, j'aimerais qu'il y ait une commission royale qui se penche sur les minorités racisées en particulier — on s'est occupé du genre et des Autochtones — parce que je pense qu'il y a beaucoup de talents gaspillés, inexploités, et que cela a une incidence sur notre prospérité, sur notre productivité et sur notre innovation. C'est un énorme problème pour les universités, mais de façon plus générale pour l'économie canadienne.
Il n'y a pas de reddition de comptes obligatoire, ni de répercussions prévues, alors nous continuons d'en parler, mais nous ne faisons rien dans les faits.
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J'adore l'idée d'une commission royale. J'élargirais le mandat pour qu'il ne se limite pas aux personnes racisées. J'inclurais les personnes handicapées.
Vous soulevez un très bon point au sujet de l'analyse qui ne semble plus progresser. Je pense que la raison pour laquelle tout le monde insiste sur les données, c'est que quelqu'un, quelque part, dit que nous n'avons pas assez de données, même si nous discutons de cela depuis 40 ou 50 ans. Avons-nous réellement besoin de données? Oui, c'est un fait, mais le manque de données ne devrait pas nous empêcher de faire ce qui doit être fait.
Je pense que le gouvernement fédéral a des leviers par l'entremise des trois conseils. Je pense que le gouvernement fédéral a utilisé le financement d'Innovation, Sciences et Développement économique pour Mitacs, afin de favoriser l'accessibilité et l'inclusion dans les sciences, et cela pour les chercheurs en début de carrière, tant du point de vue de la représentation que du point de vue du changement dans l'environnement de formation, parce que vous ne pouvez pas devenir professeur adjoint avec un handicap si vous n'avez pas été titulaire d'un doctorat avec un handicap, étudiant diplômé avec un handicap, étudiant de premier cycle avec un handicap ou étudiant du secondaire avec un handicap.
Il y a de nombreux points d'achoppement différents dans ce parcours de carrière pour, encore une fois, quelqu'un comme moi, qui est né avec un handicap. Je pense que ce qui importe vraiment de nous demander, c'est si nous pouvons tirer ces leviers. Faut‑il une commission royale? Faut‑il du financement? Faut‑il reconnaître que l'environnement de formation doit être amélioré? Faut‑il reconnaître que la représentation est un problème? Faut‑il reconnaître que la même situation se produit ailleurs sur la scène internationale?
J'aimerais souligner certains travaux en cours aux États‑Unis, des travaux dont nous pourrions vraiment tirer des leçons dans ce domaine et qui représentent de bonnes pratiques.
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En ce qui concerne les chercheurs en début de carrière, nous déployons des efforts en collaboration avec les trois organismes pour ce qui est des bourses de recherche de premier cycle qui sont accordées. Des efforts sont aussi déployés pour les étudiants postdoctoraux. Par exemple, je suis heureuse de voir que, maintenant, les boursières postdoctorales peuvent au moins obtenir un congé de maternité. Ce n'était pas le cas par le passé. Il faut faire davantage pour inclure les personnes racisées dans les programmes de recherche. Je sais qu'il y a des pressions exercées à l'égard du Programme des chaires de recherche du Canada et du Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada, qui intègrent l'équité, la diversité et l'inclusion.
J'ai fait des recherches à ce sujet pendant 20 ans, et je peux vous dire que l'une des choses qui m'impressionnent le plus au sujet du Canada, c'est que nous avons fait un effort pour nous assurer d'avoir une répartition équitable de ces chaires de recherche entre les groupes en quête d'équité. Je dois toutefois dire que les personnes handicapées demeurent chroniquement sous-représentées.
Cette diversité au sein des chaires de recherche fait ressortir l'intersection entre la diversité, l'excellence et la qualité qui caractérise l'écosystème de recherche canadien. Je tiens à répéter que c'est une caractéristique de l'écosystème de recherche canadien. C'est quelque chose dont nous devrions être fiers — le fait que nous essayons d'être aussi inclusifs que possible comparativement à bien d'autres endroits dans le monde.
Cela dit, je pense que le fait que nous laissions des personnes de côté montre bien pourquoi nous avons un écart au chapitre de la productivité et de l'innovation, trop de personnes racisées étant des ingénieurs qui conduisent des taxis, des médecins qui travaillent comme techniciens de laboratoire et étant sous-employées et sous-qualifiées. Ces personnes pourraient contribuer à notre écosystème de recherche si leurs titres de compétence étaient reconnus, ce qui est un gros enjeu pour nous, et si elles étaient payées adéquatement en fonction de leurs études. Je suis certain que Statistique Canada vous dira que les données du Recensement de 2021 montrent que les minorités racisées sont plus scolarisées que la moyenne, mais qu'elles continuent d'être sous-payées et sous-employées. Le plus important est...
Je vais poser ma question à M. Sukhai.
Monsieur Sukhai, vous avez dit que les données posent un problème, notamment la cohérence des données d'un bout à l'autre du pays et d'une province à l'autre. Les universités relèvent des provinces, comme mon collègue du Bloc se plaît à le souligner, et cela cause des problèmes. Cela ne cause pas seulement des problèmes dans les données des universités, mais aussi du point de vue du recoupement des données d'une province à l'autre dans toutes sortes de domaines, qu'il s'agisse des ressources naturelles, des soins de santé ou de l'éducation.
Je me demande simplement quel rôle le gouvernement fédéral pourrait jouer pour renverser la vapeur et obtenir des données utiles à l'échelle des provinces. Nous allons bientôt entendre les représentants de Statistique Canada, et vous pourriez peut-être me suggérer une question pertinente à leur poser.
Conformément à l'alinéa 108(3)(i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 5 décembre 2022, le Comité reprend son étude des répercussions à long terme de l'écart salarial entre les sexes et des groupes en quête d'équité dans le corps professoral des universités canadiennes.
J'ai maintenant le plaisir de souhaiter la bienvenue aux représentants de Statistique Canada. Nous accueillons Vincent Dale, directeur général, Marché du travail, Éducation et Bien-être socioéconomique. Nous accueillons également Tracey Leesti, directrice, Centre canadien de la statistique de l'éducation. Les deux comparaissent par vidéoconférence.
Bienvenue à vous deux.
J'ai quelques mises en garde à faire au sujet des microphones, mais je pense que lorsque vous portez votre casque d'écoute, le microphone et l'oreillette sont suffisamment éloignés pour que les interprètes puissent faire leur travail en toute sécurité.
Nous allons commencer par la déclaration préliminaire de cinq minutes de l'un d'entre vous. La personne qui va faire l'exposé a cinq minutes.
Allez‑y, monsieur Dale ou madame Leesti. Je vous en prie.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à la réunion d'aujourd'hui pour discuter de l'écart salarial du personnel académique dans les universités canadiennes.
En 2021, parmi l'ensemble du personnel académique à temps plein, le salaire médian des femmes était d'environ 134 000 $ et celui des hommes de 151 000 $, soit un écart salarial de 11,1 %. Cet écart a diminué au fil du temps; en 1991, il était de 20,6 %.
Le rang est un facteur important à prendre en compte lors de l'examen de l'écart salarial entre professeurs. Au fil du temps, l'écart salarial a diminué pour les professeurs titulaires et les professeurs agrégés, tandis qu'il a légèrement augmenté pour les professeurs adjoints. En 2021, parmi les professeurs titulaires, les hommes gagnaient 3,3 % de plus que les femmes, contre 5,9 % en 1991. Pour les professeurs agrégés, la différence entre les hommes et les femmes était de 2,3 %, contre 4,8 % trois décennies plus tôt. L'écart salarial, bien que plus faible pour les professeurs adjoints, a légèrement augmenté au cours des 30 dernières années, passant de 2,2 % en 1991 à 2,4 % en 2021.
Nous constatons également des différences dans l'écart de salaire entre les domaines d'enseignement. En 2021, parmi les professeurs titulaires, les femmes gagnaient légèrement plus que les hommes dans des domaines tels que les sciences humaines, les professions de santé et les programmes connexes. Dans la plupart des autres disciplines, les hommes gagnent plus que les femmes. En gestion des affaires et en administration publique, par exemple, le salaire médian des hommes était d'environ 13 300 $, soit 7,0 % de plus que celui des femmes.
Nous savons que la structure d'âge du corps professoral a un impact sur l'écart salarial entre les hommes et les femmes. Il y a cinquante ans, près de 1 % du personnel académique à temps plein était âgé de 65 ans et plus. En 2021, ce chiffre était d'environ 1 sur 10. Cette évolution reflète en partie le vieillissement de la génération du baby-boom et la fin des dispositions législatives sur la retraite obligatoire dans plusieurs provinces. Les hommes sont surreprésentés dans les groupes d'âge les plus élevés, et ils sont surreprésentés parmi les professeurs titulaires, dont les salaires sont généralement les plus élevés. Cela contribue à expliquer l'écart salarial global entre les sexes.
Permettez-moi maintenant d'évoquer les mesures que nous prenons pour mieux comprendre l'écart de salaire entre les hommes et les femmes du personnel académique.
Statistique Canada recueille des données sur le salaire du personnel académique par le biais d'une enquête appelée le Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités et les collèges ou SIPEUC. Cette enquête consiste à recevoir et à compiler des informations provenant des systèmes administratifs des établissements d'enseignement du pays. Actuellement, des informations sont collectées sur le genre, l'année de naissance, la matière principale enseignée, le rang professoral, le nombre d'années au rang et le salaire. L'enquête SIPEUC ne contient pas d'informations sur les groupes racisés ou l'identité autochtone, ni sur le statut d'incapacité. Elle ne recueille pas non plus d'informations sur les enseignants contractuels ou à temps partiel.
Nous reconnaissons l'importance de recueillir des informations plus détaillées sur les groupes en quête d'équité, car les statistiques globales peuvent souvent masquer des différences essentielles dans les expériences de divers groupes. À cette fin, Statistique Canada évalue actuellement la possibilité d'améliorer les informations contenues dans SIPEUC. Ce projet comporte trois volets.
Premièrement, nous évaluons si les institutions détiennent des informations sur les groupes en quête d'équité et dans quelle mesure ces données sont normalisées et comparables entre les institutions. Deuxièmement, nous évaluons s'il serait possible de combler les lacunes en matière d'information en intégrant les données de SIPEUC à d'autres données déjà détenues par Statistique Canada. Troisièmement, nous examinons ce qu'impliquerait l'acquisition par Statistique Canada d'informations sur les groupes en quête d'équité auprès des institutions, y compris les considérations relatives à la protection de la vie privée et à la confidentialité.
Ce projet sera achevé en mars 2024 et des décisions sur les prochaines étapes seront prises à ce moment‑là.
Monsieur le président, ceci conclut ma déclaration préliminaire. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Je peux vous expliquer comment fonctionnent nos coûts, en commençant peut-être par la fin du processus.
Une fois que nous avons recueilli de l'information et qu'elle est prête pour l'analyse, la totalisation ou la rédaction de rapports, par exemple, il y a différentes options offertes à Statistique Canada pour y accéder. En général, une grande partie des données sont disponibles gratuitement et facilement sur le site Web de Statistique Canada. Il y a des utilisations plus avancées des données qui entraînent des coûts supplémentaires pour Statistique Canada, et nous récupérons ces coûts.
Par exemple, nous avons ce que nous appelons des centres de données de recherche, où un chercheur peut passer des semaines ou des mois à faire un examen plus détaillé des données pour un projet de recherche très approfondi. Nous recouvrons les coûts associés à l'entretien de cette infrastructure. Cela n'a rien à voir avec le coût de la collecte des données.
Nous ne facturons pas l'acquisition des données. Pour être bien clair, cela ne veut pas dire que ceux qui partagent des données avec nous ont à assumer des coûts pour le faire.
J'espère que cela répond à votre question, mais il est certain que nous ne facturons pas la réception de données.
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Merci, monsieur le président.
Je salue les témoins qui se joignent à nous.
Mes premières questions s'adressent à Mme Leesti, de Statistique Canada.
De nombreux témoins ont notamment suggéré d'élargir l'enquête du Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités et les collèges, de Statistique Canada. On voudrait y inclure, par exemple, des données du personnel à temps plein et à temps partiel sur la race, l'identité de genre, le handicap ainsi que le fait d'être autochtone.
Pouvez-vous nous dire quels rapports et analyses menés par Statistique Canada sur la base de données du Système d'information sur le personnel d'enseignement dans les universités et les collèges pourraient être pertinents dans le cadre de cette étude?
Je vais poursuivre sur cette idée d'assurer la cohérence des données à la grandeur du pays.
Statistique Canada est un organisme fédéral. Certains de nos établissements, notamment les universités et les collèges, recueillent les données, sous la supervision des provinces qui recueillent peut-être aussi des données.
Pouvez-vous nous expliquer la différence entre les deux? Y a‑t‑il des différences entre les universités et les collèges par rapport à Statistique Canada? Est‑ce que les provinces possèdent différents ensembles de données qui doivent aussi être normalisés bien au‑delà des limites provinciales?
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Donnez-moi quelques instants, le temps de consulter.
Il ne s'agit pas en soi d'une réunion télédiffusée, mais notre système audio permet aux gens de nous entendre. La réunion prendra fin dans cinq minutes, donc d'ici à ce que le problème soit réglé... L'important, c'est surtout de poser nos questions aux témoins et d'obtenir des réponses. Le public pourra en prendre connaissance dans le compte rendu de la réunion et, éventuellement, dans notre rapport.
Si vous êtes d'accord, ce serait bien que vous preniez vos deux minutes et demie pour poser des questions.
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D'accord, monsieur le président, on va poursuivre pour le bien de la cause.
Madame Leesti, je veux revenir au Rapport sur les réalisations liées aux données désagrégées 2021‑2022, qui a été présenté en avril dernier.
Pour avoir accès à des données détaillées afin d'éliminer les obstacles systémiques auxquels se heurtent certains groupes de la population, le financement s'élève à 172 millions de dollars sur cinq ans et à 36 millions de dollars annuellement par la suite. C'est un montant quand même important.
Malgré ce financement, de nombreux témoins nous ont rapporté le manque d'accès aux données pour faire des analyses et contribuer à améliorer l'équité salariale et à réduire l'écart entre les gens, notamment entre les différents genres.
J'aimerais donc que vous nous disiez concrètement ce qu'il en est de cet investissement du gouvernement fédéral, car aujourd'hui, en 2023, il semble encore manquer une partie du morceau.
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Excellent. Merci beaucoup.
Monsieur Dale et madame Leesti, je vous remercie de vos témoignages et de vos réponses. Il existe parfois une ligne entre la politique et le travail que vous faites, je vous remercie donc d'avoir respecté cette ligne. L'information que vous nous avez donnée nous sera utile dans notre étude sur les écarts salariaux entre les sexes et les groupes en quête d'équité. Si vous avez d'autres renseignements à nous fournir, n'hésitez pas à les faire parvenir à notre greffière. Nous les ajouterons aux documents des analystes.
Notre prochaine réunion aura lieu le mercredi 1er novembre. Nous examinerons des ébauches de rapport sur la deuxième version du soutien à la commercialisation de la propriété intellectuelle. Nous aurons la deuxième version des programmes des bourses d'études supérieures et postdoctorales du gouvernement du Canada. Nous fournirons également des instructions aux analystes pour la rédaction du projet de rapport sur l'étude sur les répercussions à long terme de l'écart salarial entre les sexes et des groupes en quête d'équité dans le corps professoral des universités canadiennes.
Plaît‑il au Comité de lever la séance? Je ne vois personne s'y opposer.
Merci beaucoup de votre participation. La séance est levée.