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Madame la présidente, membres du comité, je vous remercie.
Je m'appelle Linda Savoie et je suis la directrice générale du Programme de promotion de la femme et des opérations régionales. Je suis accompagnée de Mme Pascale Robichaud, directrice des Partenariats stratégiques et opérations, ainsi que de Mme Victoria Martino, qui est analyste principale des programmes et des politiques.
[Traduction]
Comme vous l'avez indiqué, nous vous avons apporté un document qui va m'aider à ne pas m'écarter du sujet et, je l'espère, à respecter mon temps de parole.
Le premier graphique, à la page 2, décrit le programme que nous administrons au sein de Condition féminine Canada, et c'est de cela que nous allons parler aujourd'hui. La semaine prochaine, certains collègues comparaîtront devant votre comité pour parler d'autres aspects de Condition féminine Canada, notamment nos politiques, les événements commémoratifs, la Journée internationale des filles, et un certain nombre d'autres activités qui ne manqueront pas de vous intéresser.
Aujourd'hui, nous allons essentiellement parler du Programme de promotion de la femme. Je vais partir d'un point de vue assez général pour en arriver progressivement au sujet qui nous intéresse aujourd'hui: l'amélioration des perspectives économiques des jeunes Canadiennes.
Le Programme de promotion de la femme est un programme de subventions et de contributions. Nous avons pour mandat de promouvoir l'égalité des femmes au Canada. Nous sommes l'un des rares programmes à avoir ce mandat, tous niveaux de gouvernements confondus.
Tout en étant axé principalement sur l'égalité des sexes, notre mandat cadre bien avec diverses autres priorités ou initiatives fédérales. En effet, qu'il s'agisse de prospérité économique ou de violence familiale, notre mandat cadre bien avec les mandats des autres ministères et agences qui, au sein de la famille fédérale, s'occupent de ces dossiers.
Nous avons un budget d'environ 19 millions de dollars par an, et les crédits que nous recevons pour les subventions et contributions nous permettent de financer environ 300 projets par an, dont 80 à 100 sont de nouveaux projets. Les autres sont des projets qui se poursuivent sur plus d'une année.
Nous administrons notre programme à partir de bureaux situés à Edmonton, Montréal, Moncton et Ottawa. Le bureau d'Ottawa, qui est dirigé par Mme Robichaud, assume également la responsabilité des projets nationaux et des projets autochtones. J'aurai l'occasion de revenir là-dessus tout à l'heure.
La page 4 décrit le rôle du Programme de promotion de la femme. Notre fonction principale consiste, bien sûr, à financer des projets communautaires dans tout le Canada. Nous participons également à divers groupes de travail interministériels, où nous pouvons ainsi faire valoir notre expertise. Ainsi, au niveau fédéral, nous siégeons notamment dans des groupes de travail sur la traite des personnes, sur les personnes âgées et sur la violence familiale, et nous en profitons pour mettre en exergue les enjeux qui concernent principalement les femmes.
Au niveau provincial-territorial, nous collaborons activement avec nos collègues provinciaux en échangeant des informations sur les projets et les priorités de financement, et en travaillant à l'occasion en partenariat sur certains projets ou sur le financement de certains projets. Cela se fait dans un certain nombre de domaines.
Par exemple, lorsque nous finançons des projets relatifs à l'emploi des femmes dans des professions traditionnellement réservées aux hommes, il arrive souvent que la province finance le coût de formation des participantes, tandis que nous nous occupons de l'aspect employeur et des barrières institutionnelles qui nuisent au recrutement des femmes ou à leur maintien dans ce type de postes. On peut dire que notre travail complète bien celui des provinces, et qu’il cadre bien avec leurs priorités.
Les projets que nous finançons ont une durée maximale de 36 mois et concernent trois domaines prioritaires, qui sont l'élimination de la violence faite aux femmes et aux filles, l'amélioration de la sécurité et de la prospérité économique des femmes et des filles, et, troisièmement, l'accès des femmes et des filles à des postes de responsabilité et leur plus grande participation à la vie démocratique.
Ces priorités reflètent les inégalités qui continuent d'exister au Canada et dans de nombreuses régions du monde, qu'il s'agisse de la persistance de la violence conjugale ou sexuelle, des disparités salariales, ou de la sous-représentation des femmes dans des postes de responsabilité, dans l'entreprise comme dans le milieu politique. Ces domaines prioritaires sont conformes aux stratégies qu'adoptent la plupart des gouvernements lorsqu'ils veulent s'attaquer au problème de l'inégalité.
Pour ce qui est des projets que nous finançons, nous ciblons parfois des populations données, par exemple, les jeunes Canadiennes, les femmes autochtones ou encore les immigrantes. Parfois aussi, nous nous concentrons sur certains enjeux, par exemple l'insuffisance des services offerts aux femmes qui sortent d'un foyer et qui ont besoin d'un hébergement transitoire, ou encore, comme je le disais tout à l'heure, l'accès des femmes à des professions traditionnellement réservées aux hommes.
Nous avons également des approches différentes, selon les groupes avec lesquels nous travaillons, soit des communautés, des employeurs et diverses organisations. Notre objectif est alors essentiellement de supprimer les barrières qui empêchent les femmes de participer à la vie économique, sociale et démocratique au Canada.
Cela dit, nous avons toujours environ une moitié de projets qui portent sur le problème de la violence envers les femmes et les filles.
Permettez-moi de vous montrer encore quelques diapositives sur le programme dans son ensemble, avant de vous parler des activités concernant les filles en particulier.
Comment les groupes peuvent-ils demander des fonds? Les organisations ont le choix entre deux options, ce qui leur laisse une certaine latitude. La première consiste à répondre à un de nos appels de propositions. Dans ces cas-là, nous recherchons des projets portant sur certains enjeux en particulier, ou sur certains modèles que nous voulons faire tester, ou encore sur certains groupes que nous voulons cibler.
Par exemple, vous avez sans doute entendu parler de l'appel que nous avons lancé en septembre dernier, pour des projets axés sur le problème de la sécurité économique des femmes ou sur celui de la violence envers les femmes, dans les régions rurales. C'est là un exemple d'appel ciblé que nous faisons pour attirer des groupes dans notre programme.
L'autre option qui s'offre aux groupes désireux d'obtenir des fonds est de nous soumettre, n'importe quand pendant l'année, une demande de financement sur un problème précis, qui soit bien documentée et qui cadre avec nos domaines prioritaires.
Cette double approche comporte certains avantages car elle nous permet notamment de mieux répondre aux besoins et en même temps d'imprimer une certaine orientation, puisque nous avons à la fois la procédure des appels ciblés et un mécanisme de traitement des demandes spontanées. De cette façon, nous pouvons investir de façon plus stratégique, plutôt que d'attendre de voir ce que les groupes vont nous présenter. Ça donne aussi la possibilité de réutiliser ailleurs des recettes qui ont bien marché dans certaines régions du pays. Nous estimons donc que nous avons trouvé un juste équilibre qui nous permet d'obtenir des résultats positifs à plusieurs points de vue.
Qui peut présenter une demande? Notre marché est assez vaste. Les organisations canadiennes constituées en société à but lucratif ou à but non lucratif peuvent présenter une demande. Les groupes qui font une demande et qui obtiennent du financement représentent un éventail extrêmement varié de la population. Il s'agit aussi bien de petits organismes communautaires locaux que de grands organismes nationaux ou régionaux.
Certains d'entre eux s'intéressent davantage à un segment de la population, par exemple, à la situation des filles. D'autres s'intéressent davantage à des enjeux particuliers, comme ceux qui cherchent à accroître la participation des femmes à la vie politique. Il y en a d'autres qui sont essentiellement des organismes de services, comme ceux qui mettent des foyers à la disposition des femmes. Mais, pour ce qui est des groupes que nous finançons depuis 4, 5 ou 6 ans, près de la moitié sont des groupes de femmes.
Nous ratissons de plus en plus large en ce sens qu'il y a de plus en plus de groupes qui reçoivent leur premier financement dans le cadre de notre programme. Lors de notre dernière évaluation, nous avons constaté que pour environ 40 p. 100 des groupes financés par notre programme, c'était la première fois qu'ils en obtenaient des fonds.
Je vais maintenant passer à la question qui vous intéresse plus particulièrement: la place des filles dans le Programme de promotion de la femme. Nous continuons de leur accorder une place privilégiée. Au cours des deux dernières années, ou à peu près, nous avons financé environ 35 projets ciblant précisément les filles. Sans compter les autres projets qui étudient la question de façon plus générale, bénéficiant ainsi aux femmes et aux filles.
Dans l'ensemble, notre approche est holistique. Les thèmes de la violence, de l'accès à des postes de direction, et de la sécurité économique et de la prospérité ont tendance à se chevaucher et à se compléter les uns les autres. Cela témoigne en vérité de la complexité des problèmes qui se posent aux femmes et aux filles et de leur interconnexion, que nous parlions de la relation qui existe entre la pauvreté et la violence, ou bien entre les modèles qu’ont les femmes et leurs choix économiques, etc. En réalité, nous avons rarement des projets axés exclusivement sur un domaine prioritaire.
Dans la situation actuelle, il est clair qu'une fille perd, dès son plus jeune âge, tout contrôle sur les déterminants de sa situation économique, car celle-ci dépendra essentiellement de son entourage, de sa situation familiale/parentale, etc. C'est la raison pour laquelle nos projets visent généralement à donner aux filles des compétences et de la résilience, ce qui est indispensable pour réussir dans la vie.
Notre action varie beaucoup selon l'approche que nous adoptons ou le groupe démographique avec lequel nous décidons de travailler, au niveau de chaque projet.
Je vais laisser mes collègues vous donner plus de détails sur certains projets concrets en ce qui concerne les filles, car elles connaissent bien ces projets et elles vont vous en parler pour illustrer ce que nous faisons.
Mme Martino va vous parler des projets-modèles qui, l'an dernier, portaient sur le thème précis de la jeunesse, avec une composante importante pour les filles. Ensuite, Mme Robichaud vous parlera de certains projets pour les filles autochtones.
Victoria, je vous en prie.
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Les projets-modèles étaient le premier appel de propositions ciblées de CFC. Lancé en février 2011, son objectif était de tester des modèles novateurs et prometteurs et de voir quelles approches étaient les mieux adaptées, selon le groupe démographique et le contexte social et économique.
Cet appel a été très fructueux, puisque nous avons reçu plus de 330 demandes de financement et qu'un total de 65 projets ont été approuvés. Les projets-modèles étaient axés sur sept thèmes généraux, y compris le thème précis de la jeunesse — garçons et filles — qui portait sur le problème de la violence envers les filles et les femmes, et notamment sa prévention. C'est le thème qui a suscité le plus grand nombre de demandes. Une quinzaine de projets relatifs aux filles ont été approuvés et sont en cours de mise en oeuvre dans des collectivités du Canada.
Le thème de la jeunesse avait des caractéristiques particulières. Tous les projets devaient être proposés par des jeunes, c'est-à-dire que les jeunes devaient déterminer les sujets qui les préoccupaient ainsi que les activités qu'il fallait mettre en oeuvre dans leur communauté pour prévenir la violence.
Pour la mise en oeuvre des activités de prévention de la violence, les projets vont développer et renforcer les compétences des jeunes en matière de leadership. Cela vous montre comment des projets peuvent recouper plusieurs domaines prioritaires de CFC, à savoir, ici, la violence et le leadership.
Je vais vous donner deux exemples de projets pour les jeunes que nous finançons. Le premier s'adresse aux jeunes des régions rurales. Il vise à développer les ressources Internet et à encourager les jeunes, en ligne, à devenir des leaders dans la lutte contre la violence envers les filles et les femmes. Comme ils sont offerts en ligne, les outils sont à la disposition d'un grand nombre de jeunes, non seulement dans les zones ciblées, mais aussi dans l'ensemble du Canada. C'est une façon d'offrir une tribune sûre aux jeunes des régions rurales qui veulent parler des problèmes de violence envers les filles et les femmes, et c'est un médium qui plaît aux jeunes.
Le deuxième projet cible les jeunes des communautés immigrantes. L'objectif poursuivi est de mettre au point un guide de ressources et un ensemble d'outils qui permettront d'organiser des ateliers sur le problème de la violence envers les filles, les adolescentes et les jeunes femmes. Les sujets envisagés sont, entre autres, la violence familiale, le silence et la honte imposés dans certaines communautés, et les mariages forcés. Les jeunes sont en train de mettre au point des stratégies et d'organiser des ateliers pour d'autres jeunes, pour les familles, pour les différentes confessions, pour les organisations communautaires et pour les fournisseurs de services. C'est un bon exemple d'approche culturelle.
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Pour ce qui est des services d'approche, par exemple, l'appel de propositions sur la jeunesse rurale a réussi à susciter pas mal de projets de la part des communautés autochtones.
Toujours au sujet des services d'approche, nous avons également…
[Français]
Je m'excuse, mais je vais poursuivre en français.
On regarde d'abord avec d'autres ministères qui ont des projets ou des programmes relativement similaires pour essayer de voir comment on peut travailler ensemble. On travaille avec certaines organisations nationales, comme l'Association des femmes autochtones du Canada.
On a donc différentes façons d'aller rejoindre les jeunes filles dans les communautés. On le disait tout à l'heure et c'est un peu le même principe. Cela se fait soit par des appels ciblés, soit par des projets où on connaît certaines organisations et où on peut être proactifs. Parfois, les gens viennent nous voir et nous parlent de projets. On peut alors voir s'il y a des possibilités de travailler avec d'autres organisations.
Comme je disais tout à l'heure, il y a aussi des organisations qui ne sont pas nécessairement autochtones, mais qui vont travailler avec des populations autochtones en établissant des collaborations. Le plus souvent possible, quand on rencontre des organisations, on essaie de penser à cette composante. On rencontre des organisations et on leur demande où elles travaillent, quelle est leur population, si elles travaillent avec des populations autochtones et si elles ont pensé à elles quand elles ont développé un projet. Parfois, effectivement, on nous répond que c'est le cas. Alors, on leur demande si elles ont pensé à une approche plus appropriée, culturellement parlant. Donc, on essaie de rejoindre la population, tant par les appels que par notre travail, soit dans les bureaux régionaux ou au bureau central.
Je ne sais pas si je réponds complètement à votre question.
[Traduction]
Est-ce que je réponds à votre question?
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Oui, j'étais sur le point d'en parler.
[Français]
Je pense à un projet en particulier. J'avais commencé à en discuter un peu. C'était un projet qui se déroulait dans les communautés éloignées du Québec. Une organisation va dans huit communautés et sensibilise les jeunes filles. Une fois qu'elles sont sensibilisées, on demande à un certain nombre d'entre elles si elles sont intéressées à aller plus loin sur le plan de la recherche relative à la thématique — dans ce cas, c'était la violence — par la création de courts métrages ou de tout autre produit artistique qu'elles vont pouvoir distribuer. Par la suite, elles pourront prendre la parole publiquement relativement à cela. C'est parfois difficile dans certaines communautés. Une fois que ces courts métrages ou produits artistiques sont complétés, les femmes ont la chance de les distribuer dans leur communauté, dans le sens plus large, pour que ces communautés soient au fait de cela.
Un autre projet intéressant a été réalisé avec une organisation non autochtone qui avait développé un modèle basé sur la formation pour le leadership des jeunes femmes. On leur donnait l'occasion d'avoir des mentors, de développer des réseaux de pairs et aussi, par la suite, de retourner chez elles faire des activités et mettre en pratique les habiletés qu'elles avaient acquises pendant la formation. Elles pouvaient retourner chez elles, dans leurs communautés respectives, et discuter d'enjeux touchant la violence ou d'autres types d'enjeux. Une organisation autochtone est allée voir cette organisation non autochtone pour lui demander si c'était possible d'adapter ce modèle. Ce modèle avait énormément de succès.
Elles se sont assises, elles ont étudié les enjeux à discuter, la façon dont il faut les aborder et elles ont mis sur pied un comité consultatif composé de 10 jeunes femmes autochtones pour identifier les thèmes. Par la suite, elles ont créé un forum national. Encore une fois, on a essayé de rejoindre la population de jeunes femmes autochtones. On a fait un appel à tous. Je crois que près de 340 personnes ont manifesté leur intérêt et on a choisi un petit nombre d'entre elles parce qu'on ne pouvait pas prendre tout le monde.
Par contre, on a eu la chance de donner de la formation à ces jeunes femmes. Celles-ci sont, par la suite, retournées dans leur milieu. Elles ont bénéficié d'appuis pour développer des projets communautaire, essayer d'intéresser leur communauté à certains enjeux et chercher de bons partenaires.
Ce sont des exemples de projets qui ont une portée régionale, mais aussi nationale. Le fait qu'il y ait eu des collaborations avec des organisations autochtones et non autochtones pour tirer le meilleur des deux mondes a vraiment bien fonctionné dans ce cas-ci. C'était très fructueux.