:
Merci. Comment allez-vous?
Bonjour, mesdames et messieurs. Je m'appelle Charles King et je suis président de l'Institut de relations gouvernementales du Canada (IRGC). Je suis également vice-président des relations gouvernementales chez Shaw Communications.
Je suis accompagné de Jim Patrick, trésorier de l'IRGC, président de notre comité des affaires législatives et premier vice-président de l'Association canadienne des télécommunications sans fil. J'aimerais également souligner que Jim est le fer de lance de notre examen de cette loi, et au nom de l'association, je tiens à l'en remercier.
Comme vous le savez peut-être, l'IRGC représente directement quelque 300 professionnels des relations gouvernementales de partout au Canada. Parmi nos membres figurent des lobbyistes-conseils, ainsi que des lobbyistes d'entreprise et des lobbyistes agissant au nom d'une organisation. L'IRGC se réjouit de cet examen de la Loi sur le lobbying, puisqu'il offre au gouvernement et aux autres intervenants la possibilité de clarifier des éléments de la loi et de son cadre de soutien.
Dans la pratique quotidienne, au cours des dernières années, nous avons cerné plusieurs éléments qui ont contribué à créer de la confusion, non seulement chez les lobbyistes, mais aussi chez les fonctionnaires et les parlementaires. Cet examen est l'occasion pour le Parlement de s'assurer que les règles qui s'appliquent aux lobbyistes et aux titulaires de charge publique sont claires, appliquées raisonnablement et également pour tout le monde.
Nous avons déposé un mémoire détaillé auprès du comité et aujourd'hui, nous attirerons votre attention sur les cinq principales recommandations formulées par l'IRGC pour rendre la Loi sur le lobbying et son cadre de soutien plus clairs, tout en maintenant les objectifs du gouvernement et les attentes des Canadiens relativement à la transparence et à la clarté dans le domaine des relations gouvernementales.
Permettez-moi de souligner d'entrée de jeu que nous ne sommes pas ici aujourd'hui pour réclamer des règles plus souples pour les lobbyistes. Nous demandons plutôt des règles plus claires. Le lobbying est un élément fondamental du processus de décision politique. Notre priorité, à titre de lobbyistes, est de travailler avec nos clients et le gouvernement à mettre en place des lois et des règlements efficaces et pratiques et à soutenir les objectifs économiques et sociaux du gouvernement.
Les parlementaires, les fonctionnaires, les dirigeants d'entreprise et les organismes de bienfaisance ont tous leur propre manière de parler des questions d'intérêt public et de les gérer. Les lobbyistes professionnels aident ceux qui ne sont pas habitués de transiger avec le gouvernement à accéder aux règles et règlements gouvernementaux qui sont en constant changement. Autrement dit, les lobbyistes sont des traducteurs. Nous expliquons au gouvernement comment fonctionnent les entreprises ou la société civile, et vice-versa.
[Français]
Nous sommes engagés par des groupes d’entreprises et d’organismes caritatifs pour mettre au point et défendre auprès du gouvernement des recommandations précises en matière de législation, de règlements, de décisions ou de choix fiscaux. Nous sommes souvent approchés directement par le gouvernement pour aider à régler des dossiers complexes.
De plus, la grande majorité des lobbyistes accomplissent ces tâches en parfaite conformité avec les lois et les réglementations fixées par le gouvernement pour régir ces activités.
[Traduction]
Le lobbying auprès du gouvernement n'est pas un privilège; c'est un droit de longue date ancré dans l'histoire du gouvernement constitutionnel. La grande majorité des lobbyistes prennent ce droit très au sérieux. De même, nous prenons au sérieux nos obligations de gouverner nos activités conformément aux normes et aux règles fixées par le gouvernement du Canada.
Depuis l'entrée en vigueur de la loi, en 2008, la grande majorité des communications entre les lobbyistes et les titulaires d'une charge publique se sont déroulées conformément à l'esprit et à la lettre de la loi.
[Français]
Autrement dit, la majorité des lobbyistes ont eux-mêmes agi conformément à leur compréhension des normes et des règles fixées par le gouvernement et ils continueront de le faire.
[Traduction]
En même temps, la façon dont la loi a été interprétée et appliquée par le Commissariat au lobbying, le CAL, a contribué à créer beaucoup de confusion et un climat d'incertitude pour les lobbyistes et les titulaires d'une charge publique.
Si l'objectif de la loi était d'améliorer la transparence et la reddition de comptes, dans bien des cas, la façon dont elle a été administrée a eu l'effet contraire et a brouillé les règles de base régissant les activités professionnelles et, parfois, personnelles des lobbyistes.
C'est pourquoi l'IRGC présente au comité une courte liste de recommandations précises qui, selon nous, permettraient d'améliorer la prévisibilité, la transparence, la responsabilité et l'efficacité du cadre réglementaire relatif au lobbying au Canada.
Jim.
:
Nous avons cinq recommandations à formuler.
Nous recommandons tout d'abord que les attributions du commissaire relatives à l'éducation des titulaires d'une charge publique soient plus détaillées. Il arrive souvent que les ministères ne comprennent pas bien leurs obligations en vertu de la Loi sur le lobbying ou des définitions ou éléments importants dans la loi. Nous recommandons que le CAL ait le mandat explicite d'intervenir, de demander des clarifications et de recommander des mesures correctives lorsqu'un ministère va clairement à l'encontre de l'esprit de la loi, comme le font les autres hauts fonctionnaires du Parlement.
Notre deuxième recommandation porte sur ce que l'on appelle le « déclarant ». Actuellement, le président ou PDG d'une organisation est responsable de l'enregistrement du rapport initial et des rapports suivants des réunions avec les titulaires d'une charge publique. Le nom du PDG est le seul qui figure sur le rapport mensuel, même s'il n'a pas assisté à la réunion. Nous recommandons, pour plus de transparence, que le nom de chaque lobbyiste présent à une réunion paraisse sur le rapport mensuel — bien qu'il puisse exister des situations où un nombre limité d'exemptions soit dans l'intérêt public.
Troisièmement, nous recommandons que les restrictions sur le lobbying énoncées au paragraphe 10.11(1) de la loi — ce que l'on appelle la « règle des 20 p. 100 », soient révisées, mais seulement si elles s'appliquent aux anciens titulaires d'une charge publique désignée. Il y a eu des cas où la règle des 20 p. 100 a été traitée comme une échappatoire plutôt qu'une ligne directrice. Nous demandons respectueusement que les règles s'appliquent à tous de manière égale.
Je tiens à préciser que cela n'aurait aucune répercussion sur les citoyens, les petits groupes ou les petites entreprises qui ont besoin de communiquer avec le gouvernement ou leur député une ou deux fois par année. Nous limiterions les restrictions de cette règle des 20 p. 100 aux anciens titulaires de charge publique désignée.
Notre quatrième recommandation porte sur les définitions des communications « organisées et faites de vive voix » qui sont énoncées dans le règlement relatif à l'enregistrement des lobbyistes. Nous estimons qu'elles doivent être clarifiées.
La définition des communications faites de vive voix est assez claire: il s'agit de tout ce qui n'est pas écrit. Toutefois, on n'a jamais défini clairement ce qu'est une communication « organisée » et une communication « non organisée ». Nous avons demandé des éclaircissements sur ce que le CAL considère comme une communication qui devrait faire l'objet d'un rapport, et on nous a informés que les lobbyistes devraient signaler les « communications imprévues mais organisées ».
[Français]
Cela veut dire que le meilleur conseil que nous avons reçu du Commissariat au lobbying du Canada est que nous devrions rapporter toute communication non planifiée, mais organisée. Il est bien évident que des clarifications supplémentaires s'imposent ici.
[Traduction]
Toutefois, nous n'appuyons pas la recommandation du CAL selon laquelle la solution serait tout simplement d'effacer le mot « organisées » et d'exiger que toutes les communications orales soient signalées. Cela ferait en sorte que les lobbyistes et les titulaires d'une charge publique désignée, y compris les députés, devraient noter et déclarer toutes les conversations qu'ils ont entre eux, dans un bureau, un aéroport ou dans la rue. Les titulaires d'une charge publique désignée ont déjà l'obligation de tenir un registre de toutes les communications devant être signalées et de le rendre accessible au commissaire, sur demande, afin qu'il puisse vérifier les rapports des lobbyistes.
Donc, si vous supprimez le mot « organisées », soit vous devrez tenir un registre de toutes vos conversations au sujet du gouvernement avec tout le monde, juste au cas où la personne serait un lobbyiste, qu'elle signalerait la rencontre et qu'on vous demanderait de le vérifier, soit vous devrez demander à toutes les personnes avec qui vous discutez du gouvernement si elles sont des lobbyistes enregistrés. Il vous faudrait le faire dans votre circonscription, en déplacement et lors des campagnes; ainsi, vous sauriez si vous devez consigner cette conversation. En somme, cette recommandation viendrait réglementer les moindres aspects de l'interaction normale entre les députés et les gens qu'ils représentent. Par conséquent, le comité ne devrait pas l'appuyer.
Le problème, au fond, a trait à la définition. Que signifie dans la loi « communications organisées »? Au lieu de simplement effacer les mots qui posent problème, comme le recommande le CAL, nous pourrions régler la question au moyen d'un processus simple de consultation dirigé par le gouverneur en conseil afin d'établir une définition claire.
Notre cinquième recommandation est liée à la règle 8 du code de déontologie des lobbyistes. Nous croyons qu'elle devrait être révisée afin qu'elle corresponde au libellé actuel de la Loi sur les conflits d'intérêts et des règles d'après-emploi dans la fonction publique. Un lobbyiste a déjà été reconnu coupable d'avoir placé un ministre en situation de conflit d'intérêts après que le commissaire à l'éthique a reconnu que le ministre n'avait pas été en situation de conflit d'intérêts en premier lieu. Nous estimons que le critère servant à déterminer si un lobbyiste a placé un titulaire de charge publique en situation de conflit d'intérêts devrait être le même que celui servant à déterminer si ce titulaire de charge publique était en situation de conflit d'intérêts en premier lieu. Il s'agirait simplement d'harmoniser le langage dans les lois.
Dans notre mémoire, nous expliquons en détail chacune de ces recommandations. Nous soulignons également d'autres aspects que nous vous recommandons d'examiner.
:
Je voudrais souligner de nouveau que l'IRGC n'est pas ici pour demander des règles plus souples pour les lobbyistes. Nous demandons des règles plus claires pour les lobbyistes.
[Traduction]
Ce qu'il nous faudrait aujourd'hui, c'est une ligne de démarcation très nette dans la réglementation sur le lobbying, une ligne qui indiquerait ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas. Dans certains cas, le meilleur conseil que nous obtenons du CAL, c'est de vaquer à nos affaires; nous saurons plus tard si nous sommes coupables d'une infraction.
Quand nous combinons cette approche aux conseils qui créent de la confusion, comme le fait de devoir signaler toutes les communications imprévues mais organisées, nous comprenons qu'il est nécessaire d'effectuer des changements à la façon dont la loi est interprétée et administrée, afin que le système soit prévisible, responsable et transparent tant pour les lobbyistes que pour les titulaires de charge publique.
Nous vous remercions de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui. Nous répondrons avec plaisir à vos questions.
:
Merci beaucoup. Bonjour.
Je m'appelle John Capobianco et je suis le président de l'Association des affaires publiques du Canada, ou AAPC. Je suis accompagné de Stephen Andrews, vice-président de l'AAPC et président de notre comité consultatif.
J'aimerais commencer par remercier le comité de nous avoir invités aujourd'hui pour parler de la Loi sur le lobbying fédérale et de nos recommandations pour améliorer cette loi si importante et pour le processus de création de politiques publiques.
Avant d'aborder les recommandations précises de l'AAPC liées à la réforme de la Loi sur le lobbying, nous allons fournir au comité un aperçu de l'AAPC et de l'importance du lobbying pour le processus d'élaboration des politiques publiques canadiennes.
Premièrement, l'AAPC est un organisme national à but non lucratif qui a été fondé en 1984. Son objectif principal est d'aider les professionnels des affaires publiques en leur offrant des occasions de développement professionnel, d'échanges de nouvelles idées et de réseautage. L'AAPC défend également les questions qui touchent directement ses membres.
Les membres de l'AAPC viennent de diverses disciplines liées aux affaires publiques, y compris les relations gouvernementales, le lobbying, les relations publiques, l'analyse des politiques et la recherche sur l'opinion publique. Nos membres proviennent des secteurs public et privé, dans des domaines comme l'énergie, la finance, les petites entreprises, les associations à but non lucratif, les ministères, les municipalités, les cabinets d'avocats et de comptables, les collèges et les universités et les associations commerciales. Actuellement, nous avons environ 150 membres, dont beaucoup sont des lobbyistes salariés et des lobbyistes-conseils.
Je tiens à préciser d'emblée que l'AAPC soutient pleinement les objectifs de la Loi sur le lobbying et la nécessité d'assurer le plus haut niveau de transparence et de responsabilisation en ce qui concerne les activités de lobbying. Nous avons un code d'éthique volontaire qui est complémentaire au code de déontologie des lobbyistes et qui indique l'importance d'être en conformité avec les dispositions de la Loi sur le lobbying fédérale ainsi que les lois provinciales correspondantes.
Nous assistons également nos membres et les organismes de réglementation du lobbying en tenant régulièrement des ateliers pédagogiques avec le commissaire fédéral ainsi que les commissaires provinciaux au lobbying. Cela permet à nos membres de bien comprendre les exigences juridiques et éthiques liées au lobbying auprès des titulaires de charge publique, tout en offrant aux organismes de réglementation du lobbying un aperçu de la nature de la profession de lobbyiste.
En outre, un certain nombre de nos membres ont joué un rôle important pour la promotion de systèmes d'enregistrement de lobbyistes, de codes de déontologie et d'autres dispositions réglementaires durant de nombreuses années à tous les ordres de gouvernement au Canada. De plus, nos membres ont témoigné au sujet du développement de systèmes d'enregistrement des lobbyistes pour la ville de Toronto au moment où celle-ci a développé le premier système obligatoire d'enregistrement des lobbyistes pour les municipalités au Canada. L'AAPC entretient aussi de solides relations de travail avec la commissaire à l'intégrité de l'Ontario et le Bureau du directeur des lobbyistes, et a par ailleurs soumis des commentaires par rapport aux changements apportés récemment à la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes de l'Ontario, 1998.
Le lobbying et les lobbyistes ont une fonction très importante dans le développement de saines politiques publiques. D'une manière générale, le lobbying aide à construire les arguments politiques pour que le gouvernement agisse et s'occupe d'une question ou d'une occasion qui touche un groupe précis, comme une région du pays, un groupe de citoyens, une entreprise ou un secteur économique. Plus précisément, les lobbyistes peuvent fournir aux décideurs les informations essentielles au travail d'élaboration de politiques publiques équilibrées et équitables. Par exemple, les lobbyistes fournissent régulièrement des études d'impact démontrant l'impact possible d'un plan d'action proposé sur un groupe d'affaires, un organisme de bienfaisance ou le secteur industriel.
En outre, les lobbyistes apportent une valeur ajoutée au processus politique en conseillant les clients sur la façon de naviguer dans la complexité du processus décisionnel gouvernemental, y compris le choix du bon moment pour les diverses communications. Ils conseillent les clients et les organisations en matière de conformité avec les lois de lobbying, les processus d'approvisionnement et les codes de déontologie; ils conseillent les clients et les organisations au sujet du type d'information et d'analyse politique nécessaire à la résolution des problèmes politiques précis au sein du gouvernement.
Cette liste d'activités par lesquelles les lobbyistes contribuent à l'élaboration de politiques publiques n'est pas complète, mais c'est un aspect de notre travail souvent oublié.
Nous croyons que les recommandations suivantes aideront le gouvernement à améliorer la transparence et l'intégrité du lobbying au Canada.
Premièrement, permettre au commissaire au lobbying de rendre des décisions anticipées sur les questions couvertes par la Loi sur le lobbying et le code de déontologie des lobbyistes. Selon l'article 10.1, le commissaire a le pouvoir légal d'émettre des bulletins de conseil et d'interprétation pour clarifier les exigences de la loi et du code de conduite afin d'assurer la conformité. Toutefois, le commissaire n'a pas les ressources suffisantes pour émettre des décisions anticipées ou des bulletins de conseil en temps opportun qui assureraient la conformité avec la loi et le code. Bien que nous ne puissions pas parler ici d'une modification à la loi, nous croyons que le commissaire devrait avoir les ressources suffisantes pour rendre des décisions anticipées à l'intention des lobbyistes qui demandent des éclaircissements sur divers aspects de la loi et du code de déontologie.
Deuxièmement, faire passer l'interdiction de cinq ans relativement au lobbying à un an pour les anciens titulaires de charge publique désignée. Cela nécessiterait la modification du paragraphe 10.11(1) de la loi. Nous croyons que l'actuelle interdiction de cinq ans dans la Loi sur le lobbying est punitive et incompatible avec les lois provinciales sur le lobbying. Une période d'interdiction d'une année est suffisante pour assurer le délai de réflexion approprié et pour éviter les conflits d'intérêts.
Troisièmement, supprimer le seuil de 20 p. 100 pour l'ensemble du lobbying en entreprise, ce qui impliquerait la suppression du critère de « partie importante » de l'article 7 de la loi. Il est clair que le caractère subjectif du seuil de 20 p. 100 utilisé pour déterminer qui est engagé dans une activité de lobbying sape la transparence et la légitimité du lobbyisme.
Quatrièmement, élaborer le devoir du commissaire d'éduquer les titulaires de charge publique à l'article 4.2 de la loi de façon à ce que celle-ci inclue l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes éducatifs pour favoriser la sensibilisation des titulaires de charge publique par rapport aux avantages du lobbying au processus politique. Nous pensons que le mandat éducatif de la commissaire devrait inclure une responsabilité par rapport au besoin d'aider les titulaires de charge publique à comprendre les contributions de valeur ajoutée que le lobbying et les lobbyistes peuvent apporter au processus d'élaboration des politiques.
Encore une fois, nous voulons remercier le comité de nous avoir invités pour présenter nos recommandations pour améliorer la Loi sur le lobbying. Comme nous l'avons dit dès le départ, nous nous engageons entièrement à l'amélioration de notre système réglementaire. Le lobbying, bien fait, sert tout simplement à mettre en valeur les lois et politiques développées par le gouvernement.
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
C'est une bonne question. Écoutez, de notre point de vue, le devoir d'éducation du Commissariat au lobbying serait, je suppose, à trois volets.
Essentiellement, je pense que cela incombe au commissariat. Si ces gens prenaient le temps d'aller rencontrer les différents caucus indépendants… Par exemple, je pense que dans le passé, ils ont rencontré le caucus du NPD. Je ne suis pas au courant qu'ils aient jamais rencontré le caucus libéral ou le caucus conservateur. Alors, essentiellement, allez faire ce travail de vulgarisation et d'explication des règles et des processus.
De même, nous ne sommes pas au courant qu'ils ont fait cela dans les divers ministères. Parce que vous regardez autour… Dans des réunions avec différents responsables, vous leur demandez, uniquement dans les cocktails: « que savez-vous des règles » et la réponse varie d'un ministère à l'autre. Notre point de vue, c'est que si le commissariat allait rencontrer les gens et offrait un programme d'éducation très complet, et pas seulement aux TCPD… Allons voir tous les ministères et allons voir tous les intervenants et assurons-nous que tout le monde est sur la même longueur d'onde.
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Avant l'entrée en vigueur de la loi, un cadre supérieur du commissariat venait rencontrer les gens de l'IRGC. Nous avions une séance d'information pour tous nos membres. C'était en 2008 ou en 2009.
Dans l'exemple qui a été donné pour nous aider à comprendre quel genre de communication devait être déclaré, l'exemple était quel type de communication nous n'avions pas besoin de déclarer. L'exemple particulier était que si vous alliez à une conférence ou à un cocktail et que vous rencontriez un titulaire d'une charge publique désignée, que vous ne vous attendiez pas à vous rencontrer l'un l'autre, et que vous avez eu une brève conversation sur un dossier, vous n'avez pas besoin de déclarer cette communication, parce qu'il ne s'agit pas d'une communication organisée; il se trouve tout simplement que vous étiez au même endroit au même moment.
Il a été rapporté dans The Hill Times l'an dernier que lorsque la commissaire a rencontré le caucus du Nouveau Parti démocratique, l'exemple particulier était complètement à l'opposé. Si un lobbyiste communique avec un député à un cocktail, il s'agit d'une communication organisée.
La norme semble avoir changé sans qu'il y ait eu notification ou consultation. Nous avons cherché à savoir ce qu'il en était au juste et cela n'a fait que jeter encore plus de confusion sur la question, parce que l'avis que nous avons alors reçu, c'est que nous devions déclarer les communications non planifiées mais organisées.
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Nous pensons qu'il doit y avoir un processus de consultation sur ce que signifie exactement l'expression « communication organisée ». Est-ce la définition qu'on nous a donnée lorsque la loi est entrée en vigueur? S'agissait-il de la définition qui a été donnée aux autres parties, en apparence et selon ce qui a été rapporté?
Lorsque nous les avons vus essayer de décortiquer la question, ils parlent du fait qu'une demande doit être faite, qu'il y a un intervalle de temps entre la demande et son acceptation, et c'est cela qui fait que la communication est « organisée ». Alors, si j'entrais en contact avec vous dans un cocktail et que je vous demandais la permission de vous parler d'une question particulière, et que vous y réfléchissiez pendant une seconde avant d'accepter, cela deviendrait alors une communication organisée. Si je m'approchais simplement de vous et que je vous disais tout de go ce que j'ai à dire sans vous demander au préalable si vous voulez m'entendre, alors, ce n'est pas organisé.
La ligne est assez vague ici. Nous pensons que nous devons avoir un processus assez clair pour déterminer quelle est la définition exacte ici. Nous ne sommes pas d'accord avec l'idée de tout simplement se débarrasser du terme parce que cela pose un problème: cela obligerait les titulaires d'une charge publique désignée à noter toute conversation qu'ils ont au sujet des dossiers avec quiconque, au cas où il se trouverait que la personne en question est un lobbyiste.
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L'Albany Club a été créé dans les années 1800 par Sir John A. Macdonald et il n'a pas cessé d'exister depuis. Je pense qu'il a été un excellent club pour ceux qui croient dans les valeurs conservatrices, et ils peuvent devenir membres. Il s'agit d'un club et d'un réseau social.
Je pense qu'en fin de compte, ceux d'entre nous qui sont lobbyistes et qui sont membres du club enregistrent chacune des communications qui sont organisées d'avance. Nous faisons cela avec n'importe quel autre… dans n'importe quelle autre règle, si nous devons rencontrer quelqu'un et que cette rencontre est organisée d'avance, nous aurions la discussion et nous l'enregistrerions, à titre de lobbyistes.
En fin de compte, je pense que le club sert davantage à tenir des événements et des discussions de politique publique et tout le reste. Il n'y a rien d'autre. Vous pouvez avoir une discussion avec un titulaire d'une charge publique dans un restaurant. Il n'est pas nécessaire que ce soit dans un club.
De façon générale, les lobbyistes respecteront toujours les règles qui sont fixées. Nous voulons simplement nous assurer que les règles sont claires.
Je vais revenir à certaines recommandations. L'IRGC a été très clair dans certaines de ses recommandations. En fait, certaines d'entre elles viennent recouper des recommandations qui ont été formulées par la commissaire également. Nous allons en parler en plus grand détail. Si j'ai un peu de temps, je vais passer à autre chose.
Je regarde la deuxième recommandation. Je suis un peu préoccupé par cette question, parce qu'en tant que titulaire d'une charge publique moi-même, je prends note de ce que je considère comme étant des réunions organisées, à savoir lorsque des gens appellent et demandent une réunion dans mon bureau; ils se présentent, me donnent leur carte d'affaires et je conserve le tout.
Ce que je vois ici, toutefois, c'est que je pourrais ne pas être en mesure de concilier ces dossiers que je conserve pour moi-même avec les dossiers qui sont effectivement déposés auprès du commissaire à l'éthique. Est-ce que je comprends bien la nature de votre recommandation? Est-ce que la nature de votre recommandation est telle qu'un recoupement des dossiers que je conserve sur les gens que je rencontre — parce que la personne qui a organisé la rencontre pourrait ne pas être celle que j'ai effectivement rencontrée… Si je comprends bien la recommandation, vous dites très clairement ici, je pense, qu'il faut résoudre la quadrature du cercle, n'est-ce pas?
:
Pas très souvent. La plupart du temps, les lobbyistes respectent les règles et ce n'est que dans de très rares cas que la commissaire a dû enquêter.
Il y a eu un cas à propos des règles régissant les activités politiques des lobbyistes. L'interprétation de la commissaire est entrée en vigueur en 2009. Rétroactivement, à propos d'événements qui avaient eu lieu en 2004, un lobbyiste avait été trouvé coupable d'avoir placé un ministre en conflit d'intérêts réel ou apparent. Or la commissaire à l'éthique avait déjà exonéré ce ministre de tout conflit d'intérêts.
Il est important de comprendre que, par rapport aux ministres, la Loi sur les conflits d'intérêts cherche à établir un conflit d'intérêts réel, alors que la Loi sur le lobbying, les avis de la commissaire et le Code de conduite cherchent à établir le caractère réel ou apparent du conflit. Je pourrais donc vous trouver en conflit d'intérêts apparent alors que vous ne l'avez jamais été réellement.
Nous pensons donc qu'il faudrait harmoniser le libellé. Dans les deux cas, le critère devrait s'appliquer aux conflits d'intérêts réels.
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D'accord. Pour revenir à la conversation que nous avons eue sur les communications « orales, organisées, non organisées », vous avez raison, il y a confusion.
Depuis que je suis ici, j'ai appris que si je vous appelle, cela n'a pas à être déclaré, même si nous avons une conversation sur X, Y ou Z.
J'apporte ce commentaire pour boucler la boucle. Que doit déclarer le titulaire d'une charge publique? Je sais que nous devons consigner ce que nous faisons, mais rien ne nous oblige à le déclarer à la commissaire pour faire vérifier que tout correspond. Devrions-nous boucler complètement la boucle en demandant en plus aux titulaires d'une charge publique de le déclarer à la commissaire afin qu'elle puisse faire une vérification?
À mon avis, c'est la façon d'attraper ceux qui ne respectent pas les règles. Comme nous l'avons tous dit, tous ceux qui témoignent devant le comité et qui font du lobbying respectent les règles. Il s'agit d'attraper ceux qui ne les respectent pas.
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Le fait de déclarer ou non une réunion peut être envisagé sous trois angles.
On peut envisager la question séparément des autres. Si les deux parties déclarent la même réunion, ce sera plus facile de voir si quelqu'un ne l'a pas fait. Ce serait un avantage.
Par ailleurs cependant et pour revenir au bouclage de toutes les recommandations, si vous déclarez celle-ci à toutes les autres, telles que « toute communication orale doit être déclarée; vous n'avez pas à être payé pour vous enregistrer; l'initiative de la communication n'a pas d'importance », vous vous trouvez devant un cauchemar bureaucratique: des députés et des lobbyistes consignant et déclarant toutes les conversations qu'ils ont eues au sujet du gouvernement avec tous ceux qu'ils ont rencontrés, dans n'importe quel lieu et dans n'importe quelle circonstance.
Troisièmement, on peut envisager la question sous l'angle de la gouvernance. Charles a raison. Il faudrait élargir considérablement le commissariat. Il y aurait en effet un accroissement exponentiel des déclarations qui lui sont envoyées. Pour toute déclaration entrant, il y en aurait deux. Et si l'on appliquait toutes les recommandations qui sont présentées, il y en aurait dix.
Le rapport publié la semaine dernière sur les façons de réduire la paperasserie a été accueilli favorablement. Je ne pense pas que cette recommandation aille dans le sens de ce rapport.
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Il me semble que cela créerait un problème, car si quelqu'un est nouveau dans le secteur, qu'il ne suit pas les règles et fait l'objet d'une enquête, et qu'il continue à enfreindre ces règles, cela pourrait compliquer les choses par la suite.
Pour revenir aux observations du député Scott Andrews, ainsi qu'à celles de M. Stephen Andrews sur la transparence, vous craignez de créer un système qui ne corresponde pas à l'objectif de transparence permettant au public de savoir qu'il y a des mécanismes de vérification. Mais je m'inquiète aussi des commentaires de M. Patrick sur la création d'une bureaucratie, car nous savons tous que la paperasserie finit par coûter plus cher.
La commissaire au lobbying a recommandé d'élargir la portée de la loi en supprimant la disposition concernant la « partie importante des fonctions ». Nous en avons brièvement discuté. Cela permettrait au gouvernement d'englober les entreprises et particuliers qui déclarent que le lobbying n'est pas une partie importante de leurs fonctions, mais qu'il reste tout de même pertinent.
Est-ce que d'après vous cette recommandation pourrait entraîner un accroissement important des coûts? Je sais que la paperasserie, quand elle s'accumule, coûte plus cher à tout le monde, surtout si elle ne présente pas de valeur ajoutée.
:
D'accord. Vous incluez tout.
Ma prochaine question s'adresse à M. Capobianco.
Monsieur Capobianco, vous travaillez pour une entreprise de lobbyistes. Or vous avez été candidat pour le Parti conservateur à quelques reprises. Vous êtes encore, semble-t-il, un commentateur pour les conservateurs. Vous siégez au comité de direction de l'Albany Club, un club conservateur qui reçoit des ministres conservateurs. Vous avez reçu M. Tony Clement dans une salle du Sénat, le 1er décembre dernier. Auparavant, vous aviez également reçu M. Flaherty, M. Baird et M. Harper. Vous semblez pratiquement faire partie de la famille conservatrice.
Comme lobbyiste, ne trouvez-vous pas qu'il y a là une sorte d'apparence de conflit d'intérêts ou un avantage indu?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais remercier M. Boulerice de la publicité gratuite qu'il fait pour le Albany Club aujourd'hui, car j'en suis aussi membre. Et voilà.
Merci, messieurs, d'être ici aujourd'hui.
Je pense qu'il est très important que nous entendions les points de vue de vos organismes et des gens que vous représentez sur la façon dont la loi a fonctionné pendant les cinq premières années de sa mise en oeuvre. Je pense que cela nous aide vraiment. Nous savons que le lobbying est un service professionnel légitime. Je pense que nous voulons tous veiller à prendre certaines règles et à établir un certain contexte en ce qui concerne la Loi sur le lobbying, afin qu'elle soit mise en oeuvre de façon appropriée et en toute légalité. Je vous suis donc reconnaissant d'être ici aujourd'hui pour nous aider dans notre étude.
Un des domaines pour lequel la commissaire au lobbying a peut-être recommandé des changements — et j'aimerais avoir votre avis là-dessus — concerne la question de savoir si elle devrait avoir l'autorité nécessaire pour infliger une amende pécuniaire ou une sanction administrative à une personne qui a enfreint la loi, au lieu de la renvoyer à la GRC, s'il ne s'agit pas d'un acte criminel. Quel est votre avis à ce sujet? La loi serait-elle renforcée si la commissaire et son commissariat pouvaient infliger une sanction administrative au lieu de renvoyer un cas à la GRC? Je pense que le point qu'elle fait valoir, c'est que son seul recours, dans le cas d'une question importante, est de la renvoyer à la GRC. Qu'en pensez-vous?
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Tout d'abord, j'aimerais appuyer les commentaires formulés par M. Jordan, mardi dernier, selon lesquels un lobbyiste accusé au Parlement d'avoir enfreint les règles doit subir des conséquences financières. Sa carrière en subira aussi les contrecoups.
Pour revenir à la question des pénalités administratives pécuniaires, chaque fois qu'un haut fonctionnaire du Parlement ou qu'un tribunal se retrouve essentiellement avec des pouvoirs quasi judiciaires illimités, surtout des pouvoirs qui sont conférés par le Code criminel, il est nécessaire qu'il s'engage clairement à respecter l'application régulière de la loi. Avant que nous appuyions cette recommandation, nous aimerions donc que le CAL s'engage davantage à respecter l'application régulière de la loi.
Comme je l'ai mentionné, il est arrivé qu'on applique des règles de façon rétroactive, par exemple lorsqu'on applique les règles de 2009 à des événements qui se sont produits en 2004. En effet, des lobbyistes ont été déclarés coupables d'avoir mis un ministre en situation de conflit d'intérêts, même si le commissaire à l'éthique avait déjà déclaré que le ministre n'était pas en conflit d'intérêts. Des enquêtes se sont éternisées pendant 10 ans. D'autres ont piétiné pendant sept ans sans même que la personne qui en faisait l'objet soit au courant qu'on l'accusait de quoi que ce soit; on lui envoie simplement une lettre qui la félicite de ne plus faire l'objet d'une enquête. On a refusé à des lobbyistes le droit qu'un avocat parle en leur nom pendant une enquête, et l'Association du Barreau canadien a déclaré que certaines décisions et mesures prises par le CAL étaient inconstitutionnelles. Nous avons en dossier un avis juridique à cet effet.
La commissaire voudrait essentiellement être la registraire, la régulatrice, l'enquêteuse, la juge et le jury. Avant de pouvoir appuyer cette recommandation, nous voulons qu'on exige clairement, dans la loi, qu'avant d'appliquer des pénalités, on mène une enquête qui respectera les concepts fondamentaux de l'application régulière de la loi.
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Ce n'est pas différent, à mon avis, de ce que M. Angus disait au sujet du fait que des députés du NPD peuvent se rassembler dans un bar un certain soir, et que des gens pourraient savoir que des députés du NPD, du Bloc ou du Parti libéral se rassemblent dans un autre bar pour une activité sociale. N'importe quel lobbyiste ou n'importe quelle personne qui travaille dans l'industrie des relations gouvernementales pourrait être au courant, s'y rendre et peut-être discuter avec des députés d'une question précise.
Que ces événements soient prévus ou non, je pense qu'il incombe à chacun d'entre nous qu'à ces événements, qu'ils se tiennent à l'Albany Club ou dans n'importe quel restaurant... Lorsque nous voyons une personne qui travaille ou discute avec un député pendant un événement social, il nous incombe, en tant que lobbyistes, de déclarer l'incident, à mon avis, si c'est de bonne foi. Nous le ferions, car nous croyons qu'il faut respecter les règles en vigueur; nous l'avons déjà dit à nos membres. Nous respectons ces règles.
Qu'il s'agisse ou non de l'Albany Club — et vous semblez être des spécialistes de cet endroit —, c'est tout comme si l'événement se tenait chez Hy's ou qu'il s'agissait d'un événement social organisé pour une organisation caritative et que nous parlions à des politiciens. Mais si nous parlions affaires, nous le signalerions.
Lorsque nous parlons de clarifier les règles, je pense qu'il ne faut pas oublier qu'il ne s'agit pas d'un exercice de réduction de la bureaucratie. Si ces règles ont été mises en place, c'est parce que la profession était devenue une véritable porte tournante se prêtant à toutes sortes de manigances. Les Canadiens s'attendent à ce que nous imposions des règles que chacun devra respecter. Il y a donc une commissaire à l'éthique, et si un lobbyiste tient une activité de financement politique, en représentant par exemple une firme de ciment auprès d'un ministre important, la commissaire au lobbying va intervenir, de même que la commissaire à l'éthique. L'idée d'un guichet unique peut sembler attrayante, mais je ne pense pas que cela servirait les intérêts des citoyens canadiens.
La GRC a également un rôle à jouer, mais nous nous demandons si elle a vraiment son utilité. C'est peut-être une bonne chose que la commissaire au lobbying ne puisse plus intervenir une fois qu'un dossier est confié à la GRC, mais nous n'avons jamais vu la GRC faire quoi que ce soit avec ces dossiers.
Lorsqu'il est question de clarifier les règles, ne devrait-on pas s'assurer que l'on ne va pas en définitive perdre tout le monde dans les détails, car la commissaire au lobbying n'a pas le temps de tirer les choses au clair? Ne devrait-on pas s'assurer d'avoir les mesures appropriées en place si les choses tournent mal? Nous ne sommes pas sûrs que tout le nécessaire a été fait. On y est presque et le système est efficace. Mais étant donné que la GRC ne remplit pas son rôle, ne pensez-vous pas qu'il revient à la commissaire à l'éthique d'assurer le suivi de ses propres enquêtes? Elle doit pouvoir aller au fond des choses pour présenter son rapport afin que tous sachent de quoi il en retourne.
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J'essaie simplement de comprendre. Si quelqu'un a mené une enquête pendant sept ans et que vous n'en avez jamais entendu parler, il apparaît évident que le problème n'était pas très grave. J'ai l'impression que l'ARC mène sans cesse des vérifications au sujet des droits de scolarité de ma fille. Je dois toujours leur envoyer de nouveaux formulaires. Je ne sais pas quand ils ont commencé leurs enquêtes, mais je sais qu'ils en font. C'est le rôle du gouvernement.
Nous parlons d'une norme éthique que les Canadiens veulent voir appliquer, parce qu'ils ont vu ce qui est arrivé avec les libéraux et les commandites. Les Canadiens nous imposent donc à tous une norme plus élevée. Je n'ai rien vu qui m'indique que vous soyez victimes d'un traitement plus sévère, et nous avons constaté que la GRC ne faisait pas de suivi.
En notre qualité de titulaires de charge publique, nous devons être à la hauteur de la norme que nous impose la commissaire à l'éthique. Si l'on veut recommander que cette norme soit plus rigoureuse, d'accord. Mais nous n'avez pas de comptes à rendre à la commissaire à l'éthique, car vous n'êtes pas titulaires de charge publique; vous relevez de la commissaire au lobbying. Il s'agit donc de deux fonctions différentes et de deux relations distinctes. Et il y a aussi la GRC.
Pouvez-vous m'expliquer comment on peut transformer le tout pour simplifier les choses tout en assurant une reddition de comptes adéquate de votre part?
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Vous ne voudriez donc pas qu'une de ces recommandations soit adoptée sans que l'autre le soit. C'est ce que j'avais compris.
J'ai l'impression que les gens ont une perception erronée du travail des lobbyistes et des professionnels des relations gouvernementales. D'une certaine façon, je pense qu'on accorde beaucoup trop de crédit aux lobbyistes quant à leur influence sur l'adoption des lois et des politiques gouvernementales. D'autre part, je ne pense pas que l'on vous attribue le mérite qui vous revient pour la sensibilisation des titulaires de charge publique et des députés à l'égard de certains éléments qui touchent l'économie canadienne ou de conséquences imprévues de nos lois, ce qui ne manque pas d'arriver. J'estime que votre apport est très précieux. Je dirais que votre profession est certes mal comprise.
À la lumière de ce que j'ai pu observer au fil des ans, je suis d'avis que les règles en vigueur ont eu certaines répercussions, mais je ne connais pas la formule idéale et je ne veux pas vous laisser entendre que des changements se préparent dans un sens ou dans l'autre.
Quoi qu'il en soit, dans le cadre de nos efforts pour accroître la transparence et offrir aux Canadiens un gouvernement plus responsable, ces règles ont été adoptées et ont notamment eu comme conséquence imprévue que les membres du personnel politique — des conservateurs dans notre cas — qui étaient en poste avant l'adoption de la Loi fédérale sur la responsabilité sont soudain devenus très en demande. Tout le monde voulait les embaucher. Certains d'entre eux se tirent très bien d'affaire, car ils n'étaient pas visés par la loi et qu'ils n'avaient pas davantage de liens avec le gouvernement actuel que des gens qui pouvaient s'occuper de relations gouvernementales au sein des gouvernements qui nous ont précédés. Après les dernières élections, tout le monde s'est mis à la recherche de personnes ayant un lien quelconque avec le NPD parce que ce parti formait désormais l'opposition officielle. Les professionnels des communications gouvernementales se sont acheté des cravates orange et ont tenté de réserver une table au Brixton. On a été témoin de toutes sortes de choses étranges.
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C'est une très bonne question. La raison pour laquelle il en est ainsi, c'est que notre association, plus que l'IRGC, est établie à Toronto. Par conséquent, bon nombre de nos membres sont des firmes qui font affaire avec Queen's Park et la ville de Toronto. Nous sommes chanceux, car la registrateure des lobbyistes de la ville de Toronto était tout à fait disposée à travailler avec nous et, en fait, quelques membres de notre conseil ont travaillé avec elle, à l'époque, à l'élaboration des règles de lobbying pour Toronto. Encore aujourd'hui, Lynn Morrison, la commissaire pour l'Ontario, fait toujours affaire avec notre association.
Pour répondre à votre question, sachez qu'il y a différents niveaux de lobbying et diverses activités au sein des trois administrations. J'estime qu'il serait utile pour notre profession de tout simplifier ou de mettre l'accent sur les similitudes.
Je sais que c'est différent, car les activités de lobbying à l'hôtel de ville de Toronto sont totalement différentes de celles menées à Queen's Park ou même sur la Colline parlementaire. De ce point de vue, certaines différences doivent donc être prises en compte. Je suis encouragé par le fait que tous les registrateurs des lobbyistes, de la ville de Toronto et d'autres municipalités partout au Canada, et certainement en Ontario, se tournent vers nos associations et d'autres groupes pour essayer d'harmoniser les règles de lobbying.
Ils se tournent vers Ottawa et veulent savoir ce qui fonctionne le mieux et ce qui fonctionne moins bien, et notre conseil était le même, à savoir que cette interdiction de cinq ans est une nuisance, de même que la règle des 20 p. 100.
J'espère que cela répond à votre question.
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Il y a certes des différences, mais j'ignore si elles entraînent de la confusion.
Par exemple, le système fédéral exige que les lobbyistes produisent des déclarations mensuelles divulguant leurs communications avec tout titulaire d'une charge publique désignée, comme c'est le cas en Colombie-Britannique et en Alberta. Le Manitoba a une loi, mais elle n'est pas en vigueur. En Ontario et au Québec, les lobbyistes ne sont pas tenus de soumettre un rapport mensuel de leurs communications.
Habituellement, les systèmes provinciaux sont plus axés sur les processus d'enregistrement, alors que le système fédéral mise davantage sur la réglementation. Certaines provinces, comme le Québec, ont des codes de conduite à l'intention des lobbyistes qui ont force de loi. Du côté fédéral, le code de conduite n'a pas force de loi, bien qu'on l'applique par l'entremise des rapports au Parlement.
Je pense qu'il est ici question du rôle des codes de conduite. Par exemple, la registrateure de l'Ontario nous a dit clairement, à diverses reprises, qu'elle envisageait d'éliminer la règle des 20 p. 100, mais qu'elle n'avait aucunement l'intention d'instaurer un code de conduite.
Je crois que les systèmes provinciaux sont un peu inquiets face au manque de ressources pour gérer les codes de conduite. Dans le cas du Québec, la situation est un peu différente, étant donné que le code de conduite a force de loi. Par conséquent, si vous enfreignez le code de conduite, vous vous exposerez aux mêmes sanctions que si vous violiez la loi.
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Je dirais qu'il est de son devoir de sensibiliser le plus de gens possible, que ce soit des députés, des sénateurs ou des fonctionnaires.
Au nom de l'IRGC, nous avons tenu quelques séances d'information au cours desquelles nous avions invité la commissaire à venir donner des explications à nos membres. Je pense qu'il lui revient également de faire de la sensibilisation auprès du grand public.
Lorsqu'on me demande comment je gagne ma vie et que je réponds que je suis un consultant en relations gouvernementales, on me lance souvent un regard perplexe. Quand je dis que je suis un lobbyiste, on me répond « Oh... ». Toutefois, lorsque je demande ce que fait un lobbyiste, on l'ignore. Voilà qui en dit long sur la perception de la profession.
Je considère qu'il nous incombe à tous de sensibiliser la population à notre travail, qui est légal et fait dans le respect des règles. Nous suivons des règles très complexes, et dans l'ensemble, nous nous gouvernons conformément à la loi.
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J'aimerais d'abord faire un bref commentaire. J'ai l'impression qu'il s'agit du comité parlementaire où il a été le plus question, dans toute l'histoire du Canada, du Brixton's Pub.
Je pense que vous faites un travail tout à fait légitime, utile, pratique et qui enrichit le débat et la discussion. Évidemment, on ne remet pas cela en question, mais je voulais quand même faire un commentaire sur le fait que ce n'est pas votre présence qui me dérange, mais le fait de savoir qu'il y a des gens qui n'ont pas les moyens de se payer des lobbyistes sur la Colline du Parlement. C'est dommage. Vous n'êtes pas tenus de commenter cette question, mais je voulais le mentionner.
La règle du 20 p. 100 me semble poser problème. D'une part, je trouve intéressant qu'il y ait une limite, mais on peut jouer sur les proportions quand on veut calculer. Si on se dit que 15 p. 100 des activités constitueront du lobbying, on ne sera pas tenu de le rapporter.
Toutefois, ce 15 p. 100 pourrait être extrêmement efficace. Par exemple, si vous vous appelez Brian Mulroney ou Jean Chrétien et que vous faites un appel de lobbying par année, il va probablement être entendu.
Si on adopte votre suggestion d'abolir le 20 p. 100 pour les anciens titulaires d'une charge publique désignée, cela signifierait-il que si un ancien ministre ou un ancien premier ministre faisait un ou deux appels par année à un ministre actuel, il devrait le rapporter?
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Comment définissez-vous la règle des 20 p. 100? C'est ce qui nous préoccupe. Dans certains cas, on parle de 15 p. 100, de 20 p. 100 ou de 25 p. 100. Il y a donc un énorme risque de malentendu ou de confusion, ce qui pourrait faire en sorte que des lobbyistes enfreignent les règles et s'attirent des ennuis.
Selon nous, un lobbyiste est un lobbyiste. Si vous faites du lobbying auprès du gouvernement, peu importe le rôle que vous jouez et la cause que vous défendez, nonobstant la règle de cinq ans, que nous aimerions réduire à un an, vous devriez tout déclarer. Vous vous évitez ainsi tout problème ou conflit potentiel. C'est ce que nous croyons en général et c'est ce que nos membres nous disent également.
Stephen, j'ignore si vous avez abordé cette question avec vos membres.
Je pense qu'il faut préciser les choses. Si vous êtes un avocat qui travaillez pour un cabinet d'avocats et que vous faites du lobbying auprès d'une firme, vous êtes un lobbyiste. Si vous entrez en communication avec un membre du gouvernement au nom d'un client, vous devriez pouvoir déclarer toute activité enregistrable.
Selon vous, d'où émanent les plaintes? Vous ne pouvez pas répondre pour la commissaire, je le sais fort bien, mais je suis convaincu que certains de vos clients vous font part de leurs doléances. Si quelqu'un se livre à du lobbying sans être enregistré, la situation peut alors très bien passer inaperçue. Je voudrais que vous me disiez si la plainte est formulée à l'endroit d'un concurrent ou s'il s'agit d'une plainte d'une autre nature? C'est là ma première question.
Voici ma seconde. Comment les lobbyistes envisagent-ils le lobbying en vertu de la loi encadrant cette activité? Je m'explique: cette activité comporte-t-elle selon eux, de faibles risques? Font-ils preuve de prudence, comme lorsqu'on se dit : « Si la limite de vitesse est de 80, je la respecterai et tout ira très bien. » Voient-ils une menace susceptible de s'abattre à tout moment sur eux?
Quelle est leur perception à cet égard? Je sais que certaines lacunes sont préoccupantes et qu'il faut prendre les mesures pour les corriger. Jusqu'à quel point le lobbyiste moyen est-il à l'aise avec la loi?
Ma première question porte donc sur la nature des plaintes, et ma seconde, sur la perception du lobbyiste moyen.
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En ce qui concerne les plaintes, vous avez raison. Essentiellement, les enquêtes procèdent des plaintes formulées. À cet égard, le commissariat ne diffère pas des tribunaux administratifs ou commissaires relevant du Parlement. Parfois, les médias attirent l'attention de la commissaire sur certaines affaires, ce dont elle vous a fait part, lorsqu'elle a comparu.
Je n'entrevois aucun changement, à moins qu'un bon soir la commissaire ne se déguise pour surveiller Brixton's et vérifier sa publicité. À mon avis, les examens continueront de procéder des plaintes formulées.
Passons à votre seconde question. La plupart des lobbyistes pécheraient par excès de prudence. S'ils ne vérifient pas en cas de doute... j'ai un dossier de 50 courriels adressés au commissariat par des personnes voulant une précision. Le commissariat excelle lorsqu'il s'agit d'aider les lobbyistes à comprendre les règles.
Parfois, les réponses ne clarifient pas les choses comme nous le souhaiterions — nous avons donné quelques exemples à cet égard —, mais je dois préciser que le personnel tire son épingle du jeu généralement. Leurs systèmes informatiques sont beaucoup plus conviviaux. Des problèmes leur avaient été signalés, et les mesures ont été prises.
Je dirais que les lobbyistes sont assez satisfaits de leurs relations avec le commissariat. Rares sont ceux qui ne vont pas téléphoner au commissariat pour s'informer s'ils doivent déclarer la réunion à laquelle ils assisteront. On nous conseille de pécher par excès de prudence, mais il est préférable de demander une explication préalablement plutôt que l'indulgence ultérieurement. La plupart sont d'avis que leurs relations courantes avec la commissaire et son personnel sont excellentes.
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Monsieur Lemieux, vous avez visé dans le mille avec vos questions.
En ce qui concerne la seconde, mon opinion n'est pas tellement divergente de celle de Jim. Notre style de lobbying est tout à fait différent de celui des Américains. Les règles établies sont conformes à nos valeurs. Nous croyons en la transparence et en la reddition des comptes.
La commissaire fédérale et ses homologues provinciaux font certes preuve d'ouverture aux changements. Ils comprennent que les règles établies initialement doivent être modifiées. Ils sont réceptifs à ce que nous souhaitons être en mesure de faire.
Cette façon de faire est excellente. Les nouveaux lobbyistes sont au courant des règles et de leurs ramifications. Ils ont eu la une du Globe and Mail, qui a fait état des démêlés d'un lobbyiste ayant fait l'objet d'une enquête et des lourdes répercussions en découlant, que celui-ci soit reconnu coupable ou innocent. Ceux et celles qui souhaitent embrasser la carrière de lobbyiste commencent à songer à ses répercussions.
Je reviens aux propos de Jim. Notre association conseille à ses lobbyistes et à ses clients de s'enregistrer s'ils soupçonnent un risque et de s'assurer que le tout est consigné. Ainsi, tant eux que les titulaires d'une charge publique n'auront pas d'ennuis. Tel est notre objectif.