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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité. Je suis heureuse de me présenter encore une fois devant vous pour discuter du Budget principal des dépenses du commissariat pour l'exercice budgétaire qui commence.
La commissaire adjointe, Mme Chantal Bernier, qui, comme vous savez, s'occupe de nos opérations quotidiennes, et le dirigeant principal des finances et directeur général de la gestion intégrée du commissariat, M. Daniel Nadeau, m'accompagnent.
Dans ma déclaration, j'ai l'intention de discuter de certaines de nos priorités pour l'année qui vient. Pour le commissariat, l'année sera sous le signe à la fois de la continuité et de la transition. D'une part, nos principales activités de programme resteront les mêmes, mais, d'autre part, nous vivrons des changements, en raison de l'emménagement de notre administration centrale dans de nouveaux bureaux et de l'arrivée d'un nouveau commissaire.
Commençons par ce qui ne changera pas. Permettez-moi d'abord de revoir les dépenses prévues par secteur de programme.
Dans l'ensemble, nous avons un budget de fonctionnement prévu de 29,1 millions de dollars répartis entre quatre activités de programme principales. Tout d'abord, nous avons l'activité de conformité, qui consiste notamment à enquêter sur les plaintes concernant la protection de la vie privée, à examiner les évaluations des facteurs relatifs à la vie privée et à réaliser des vérifications d'organismes. Au cours de la prochaine année, ce secteur comptera pour un peu plus de 11,1 millions de dollars de notre budget.
Ensuite, nous prévoyons consacrer environ 4,6 millions au secteur de la recherche et de l'élaboration de politiques, dans le cadre duquel nous examinons les nouveaux enjeux liés à la protection de la vie privée et offrons des conseils au Parlement sur les aspects des projets de loi liés à la protection de la vie privée.
Pour continuer à renseigner les gens sur leurs droits en matière de vie privée et les organisations sur leurs obligations en vertu de la loi, nous prévoyons investir un peu plus de 3,1 millions de dollars dans l'activité d'éducation et de sensibilisation du public.
Enfin, nous prévoyons accorder un peu plus de 10,1 millions de dollars au secteur des services internes, qui inclut des fonctions comme les ressources humaines, l'administration et la gestion de biens, ce qui représente une augmentation par rapport à l'exercice précédent et une augmentation générale de notre budget. Accordez-moi un instant pour vous expliquer pourquoi.
En résumé, cette augmentation résulte d'une injection ponctuelle pour couvrir les frais liés au déménagement de notre administration centrale, rendu nécessaire en raison des travaux de réaménagement à long terme de nos bureaux actuels.
Quelques mots, maintenant, sur une transition en douceur au commissariat. Bien que nous soyons une organisation relativement petite, un déménagement engendre des frais, qui sont couverts par un prêt sans intérêts de 4,1 millions de dollars, que nous rembourserons au Secrétariat du Conseil du Trésor au cours des 15 prochaines années. Nous déménagerons dans le même immeuble que certains autres agents du Parlement. Nous avons planifié diverses économies en adoptant des services communs et partagés, et nous étudions des moyens d'en réaliser d'autres.
Déjà, nous avons pris des mesures pour partager une aire de réception commune, une bibliothèque, une salle de serveurs et une salle de traitement du courrier. Ces mesures contribuent à notre plus vaste engagement de continuellement améliorer nos processus opérationnels afin de maximiser nos ressources. Compte tenu du contexte économique, il s'agit d'une priorité importante de notre organisme.
Comme je l'ai mentionné dans mes remarques de l'année dernière, malgré le fait que nous n'avons pas le mandat de procéder à des réductions dans le cadre du Plan d'action pour la réduction du déficit, le commissariat a répondu à l'appel d'en respecter l'esprit et l'intention. Par conséquent, nous aurons réussi à retrancher 5 % ou 1,1 million de dollars par année de notre budget total d'ici l'exercice 2014-2015.
En résumé, bien que nos données indiquent une augmentation des dépenses en raison des coûts associés à notre déménagement, les ressources dont nous disposons pour satisfaire aux besoins en matière de protection de la vie privée des Canadiennes et des Canadiens demeurent en grande partie au niveau fixé pour le dernier exercice. Nous avons décidé de trouver des économies tout en conservant le meilleur niveau de service possible pour la population canadienne. Cet engagement est fortement réitéré cette année et il souligne la nécessité d'utiliser nos ressources actuelles le plus efficacement possible.
[Français]
Je vais maintenant passer aux adaptations nécessaires pour protéger la vie privée, tant aujourd'hui que demain.
Que nous nous penchions sur l'état actuel des choses ou que nous contemplions l'avenir, nous pouvons tous être certains que le rythme de plus en plus rapide des changements technologiques et des liens entre ces derniers et la protection de la vie privée demeureront des constantes. C'est pourquoi nous avons créé la Direction de l'analyse des technologies, un véritable laboratoire qui est chargé de soutenir les enquêtes et les vérifications.
Au fil des années, le nombre de plaintes a augmenté au même rythme que l'intérêt des Canadiennes et des Canadiens pour les questions liées à la protection de la vie privée et leur connaissance de ces questions. Il y a plusieurs années, l'augmentation du nombre de plaintes nous a obligés à accroître notre financement du traitement des plaintes pour éliminer l'arriéré de ce travail.
Aujourd'hui, je suis heureuse de pouvoir dire que nous avons fait des efforts pour maximiser les ressources existantes de façon à continuer à produire les résultats auxquels les Canadiens s'attendent et qu'ils méritent. L'année dernière, nous nous sommes lancés dans un projet visant à simplifier les procédures d'enquête et à réduire le temps nécessaire à l'étude des plaintes. Cette année, nous prévoyons mettre en oeuvre les améliorations que ce projet a permis de cerner afin de continuer à fournir des résultats à la population, tout en réduisant le fardeau administratif connexe.
Nous prévoyons également étendre ce projet aux plaintes en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
Le moins qu'on puisse dire est que le monde a beaucoup changé en 10 ans sur le plan de la technologie et de la protection des renseignements personnels. Or, les lois doivent selon moi suivre l'évolution de la société. Nous suggérons donc fortement que les mesures destinées à apporter les changements nécessaires soient prises le plus tôt possible.
Puisqu'il ne me reste que quelques mois avant la fin de mon dernier mandat, il semble de plus en plus improbable qu'un second examen de LPRPDE, un examen qui se fait attendre depuis longtemps, survienne avant que je ne sois remplacée. Néanmoins, au cours de l'année qui vient, le commissariat travaillera à établir une feuille de route qui permettra d'aborder plus efficacement les défis actuels et futurs en matière de protection de la vie privée. Cette feuille de route examinera comment les organisations peuvent être davantage incitées à investir dans la protection de la vie privée et des renseignements personnels.
En l'absence de telles mesures incitatives, il revient à notre processus d'enquête d'apporter les améliorations nécessaires. Bien que certaines entreprises soient très coopératives, le processus est généralement long, ardu et exigeant sur le plan des ressources.
Je ne peux certainement pas parler au nom du comité, mais je crois que la plupart des gens s'entendent pour dire que les contribuables canadiens ne devraient pas avoir à payer une facture inutilement élevée pour financer les améliorations en matière de protection des renseignements personnels des entreprises.
Par ailleurs, j'aimerais tous vous rappeler le travail que nous avons accompli dans le passé pour demander une réforme de la Loi sur la protection des renseignements personnels. C'est une réforme qui a reçu l'appui de ce comité. Cette loi a été rédigée à une époque où l'information était conservée dans des salles de classement plutôt que sur des clés USB et des disques durs portatifs.
[Traduction]
Pour m'en tenir pour le moment à la Loi sur la protection des renseignements personnels, je ferais preuve de négligence si je ne prenais pas le temps de parler des inquiétudes que les Canadiennes et les Canadiens ont exprimées sous la forme de plaintes à la suite d'atteintes fédérales de grande ampleur à la protection des données au cours des derniers mois.
Il s'agit d'inquiétudes que le commissariat partage avec les ministères fédéraux, le Parlement et la population canadienne. Au cours des mois à venir, nous espérons fournir de l'information au Parlement, à la suite de nos enquêtes sur la perte, à RHDCC, en deux occasions distinctes, d'un disque dur et d'une clé USB, qui contenaient les données personnelles de plus d'un demi-million de Canadiens.
En outre, nous prévoyons lancer une vérification afin d'explorer les défis systémiques liés à l'utilisation de dispositifs portatifs de stockage électronique par les organismes fédéraux.
Plus tard, cette année, nous publierons des rapports sur les vérifications menées auprès du CANAFE et de l'Agence du revenu du Canada. Ces rapports pourront servir à orienter les mesures que prendront d'autres ministères pour améliorer leurs pratiques. Le commissariat cherche également à fournir des orientations au secteur privé, aux petites entreprises en particulier.
Au cours de l'année, le commissariat maintiendra son approche proactive en vue de la détermination et de l'exploration des nouveaux défis en matière de protection de la vie privée. Il s'agit notamment des paiements au moyen d'appareils mobiles; des logiciels de reconnaissance faciale; de la mise en commun de renseignements entre les gouvernements; des modalités d'obtention du consentement en matière de collecte de renseignements personnels en ligne.
Pour terminer, permettez-moi, monsieur le président de souligner que mon équipe de gestion est fermement déterminée à veiller à ce que cette année de transition, tant vers nos nouveaux locaux que vers une nouvelle direction, se déroule sans effet préjudiciable sur les services à la population canadienne. Durant la dernière année de mon mandat, je prévois faire tout en mon pouvoir pour assurer un changement de direction ordonné et positif à la fin de mon mandat en décembre.
Je ne doute pas que les personnes ici présentes seront d'accord pour dire que les enjeux relatifs à la protection de la vie privée sont épineux et qu'ils touchent de plus en plus de Canadiens. Pour que le commissariat puisse continuer à fonctionner le plus efficacement possible tout au long de l'année, nous collaborons avec des fonctionnaires du Bureau du Conseil privé pour amorcer bientôt le concours de sélection du prochain commissaire.
Vous n'êtes pas sans savoir que le Parlement joue un rôle clé dans le processus d'approbation d'un commissaire à la protection de la vie privée. Je vous souhaite donc du succès dans vos délibérations futures sur cette question.
Je termine sur ces mots. Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
Merci.
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Oui. Merci, monsieur le député. Ces quatre priorités — suggérées par un membre de notre personnel — ne sont, en fait, qu'une façon pour nous d'organiser notre travail, car nous sommes constamment bombardés de toute part. Comme vous l'avez mentionné, les nouvelles technologies apportent de nouveaux défis. Comment établir les priorités parmi toutes les questions soulevées? Nous avons choisi les quatre mentionnées.
Je vais simplement vous donner des exemples récents pour chacun d'eux qui me viennent à l'esprit. Il peut s'agir d'accorder la priorité à une plainte ou à un véhicule éducatif, une vidéo ou une publication ou une nouvelle section de notre site Web, ou il peut s'agir d'organiser une conférence ou de préparer une publication ou de déterminer notre position sur un projet de loi. Cela porte donc sur l'ensemble de ces véhicules.
Pour ce qui est de l'intégrité de l'identité, je vais mentionner que nous sommes sur le point de publier une étude sur les adresses IP. Si vous vous souvenez du débat des dernières années, notamment au sujet d'un projet de loi qui a été retiré depuis, on cherchait à savoir ce que pouvait nous révéler une adresse IP si la police y avait accès sans mandat. Était-ce la même chose que le bottin téléphonique du bon vieux temps? Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce débat.
Dans notre laboratoire, nous avons effectué une étude en ligne sur l'information que nous pouvions obtenir à partir d'une adresse IP. Nous espérons pouvoir publier l'étude au cours des prochaines semaines. Pour vous donner un avant-goût — et je pense que cela viendra démontrer pourquoi nous n'avons pas démordu de notre idée —, une adresse IP nous en apprend beaucoup plus que le bottin téléphonique d'antan, car elle mène à d'autres éléments, ou d'autres activités ou actions qui ont pu être effectuées sur le Web.
Pour ce qui est des nouvelles technologies, ma foi, les exemples sont légion. Au cours de la prochaine année, nous allons examiner de plus près l'analyse de reconnaissance faciale. Un autre dossier à la fois fascinant et terrifiant que nous suivons depuis plusieurs années est celui des véhicules aériens sans pilote, que l'on appelle aussi drones. Combien y en a-t-il au Canada? À quoi servent-ils? Quelles règles régissent leur utilisation? Qu'est-ce qui peut mal fonctionner? Quelles sont les répercussions sur la protection des renseignements personnels?
En ce qui a trait aux renseignements génétiques, nous avons financé plusieurs études dans le cadre de notre programme de contributions. Nous en avons aussi réalisé quelques-unes. La dernière initiative en date est sans doute l'examen du projet de loi du sénateur Cowan, je crois, présenté au Sénat, le , Loi visant à interdire et à prévenir la discrimination génétique, un dossier auquel nous nous intéressons depuis quelques années.
La sécurité publique a occupé beaucoup de notre temps au fil des ans. Nous avons notamment effectué des recherches — et c'est la commissaire adjointe qui a comparu en mon absence — à l'appui du projet de loi , qui a été déposé récemment et qui vise à mettre en oeuvre la décision de la Cour suprême sur les cas et les modalités entourant l'accès sans mandat.
Voici un éventail de nos activités.
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Tout d'abord, le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada n'est pas le seul à voir l'importance de consolider un cadre normatif international sur la vie privée. C'est une évidence puisque les données voyagent partout dans le monde.
En 2011, à la Conférence internationale des commissaires à la protection des données et de la vie privée à Mexico, une résolution a été adoptée pour créer un groupe de travail sur la coopération internationale sur le plan de la mise en oeuvre des lois touchant la protection des données personnelles. Cette résolution est mise en oeuvre par un groupe de travail qui est coprésidé par notre commissaire et par son homologue britannique.
Ce groupe de travail regroupe quelques commissaires à la protection de la vie privée de partout dans le monde et vise à cerner quelles sont les obstacles sur lesquels nous pouvons collaborer et comment nous pouvons les contourner pour en arriver à une collaboration efficace. Les règles de confidentialité constituent un exemple concret. Nous sommes tous liés par des règles de confidentialité. Pour pouvoir collaborer avec d'autres autorités, il faut un protocole pour protéger la confidentialité de nos enquêtes. Nous avons maintenant signé des protocoles avec quatre pays, soit la Grande-Bretagne, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Irlande.
J'aimerais donc vous donner un exemple concret de la façon dont nous avons exercé ce nouveau pouvoir. Avec les Pays-Bas, nous avons fait la première enquête internationale. Nos collègues néerlandais et nous avions des préoccupations à l'égard de WhatsApp, une compagnie américaine qui produit une application du même nom.
Nous avons donc mis nos ressources en commun. Ils ont fait l'analyse technologique et nous avons fait l'analyse juridique ainsi que mené les négociations avec la compagnie. Nous avons fait deux enquêtes coordonnées. Selon moi, nous avons obtenu d'excellents résultats en partie parce que la compagnie a dû faire face à deux organismes responsables de la protection des données personnelles plutôt qu'un.
De plus, on développe un réseau très intense. On prononce beaucoup de discours à l'étranger. On contribue au développement d'un cadre normatif international.
La commissaire était à l'OCDE, à Paris, pour contribuer au développement, à la consolidation et à la modernisation des lignes directrices de l'OCDE. Pour ma part, la même semaine, j'étais au Mexique et j'ai prononcé deux discours devant nos homologues mexicains et à l'Université de Mexico sur le volet international de la protection des données personnelles.