Encore une fois, en ce qui concerne les doutes exprimés au sujet du caractère confidentiel prétendu de ce rapport, je n'ai rien vu qui indique qu'il est de quelque façon que ce soit confidentiel. C'est même ce que je soupçonnais lorsque le témoin s'est présenté devant le comité. J'avais laissé entendre qu'il n'y avait dans ce rapport aucun renseignement qu'on serait incapable de se procurer à l'aide de Google.
J'ai également laissé entendre que, même si elle n'a pas voulu répondre à ma question au sujet du salaire qu'elle touche à ce poste, alors que selon moi les fonctionnaires... Et, quant à votre mention du fait qu'ils ont des concurrents du secteur privé, les deux tiers de leur financement viennent directement du Trésor public. J'estime qu'il faut respecter cette source de financement, et j'ajouterais, pour parler franchement, que je ne vois pas du tout en quoi ce serait confidentiel.
À mon avis, il s'agissait d'un congé personnel qui a été payé en partie par les contribuables du Canada, et j'aimerais que les Canadiens et les autres intéressés puissent vérifier ces renseignements et se faire eux-mêmes une opinion.
C'est mon opinion à ce stade, et je crois, honnêtement, que le comité devrait présenter un rapport ou du moins adopter une motion selon laquelle nous jugeons ces dépenses inappropriées et demandons au gouvernement de réagir officiellement à ce qui a été dit ici et de faire connaître cette réaction à la Chambre des communes. Je crois que c'est dans cette direction que l'affaire devrait évoluer.
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Merci. Merci beaucoup, monsieur le président et honorables membres, de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui devant le comité, au moment où vous commencez à vous pencher sur les entreprises de médias sociaux et les mesures qu'elles prennent pour protéger les renseignements personnels des Canadiens.
Je suis accompagnée par deux spécialistes en matière de médias sociaux: Daniel Caron, conseiller juridique, et Barbara Bucknell, analyste des politiques stratégiques.
J'aimerais pour commencer vous donner un bref aperçu des médias sociaux. Je suis convaincue que vous avez tous désormais fait l'expérience de ces plateformes en ligne. Elles sont devenues d'importants canaux pour diffuser des nouvelles, communiquer, entretenir des relations et partager des photos et des vidéos et pratiquement tout ce qui peut être numérisé. Cela dit, je crois qu'il est utile de donner en premier lieu un aperçu de l'industrie pour aider à clarifier ce qu'elle fait et l'incidence de ces activités sur la protection de la vie privée des Canadiens.
Les médias sociaux font appel à des applications grâce auxquelles les individus, les organisations et les collectivités peuvent échanger de l’information et produire un contenu. Avec les modèles fonctionnels traditionnels, les entreprises avaient besoin d'obtenir des renseignements personnels pour offrir un service. Aujourd'hui, les individus, jeunes et vieux, partagent volontairement leurs renseignements personnels sur les sites des médias sociaux pour nouer des liens avec d'autres personnes ou, dans certains cas, pour attirer l’attention sur eux-mêmes et sur leurs idées. En effet, nombre de sites de médias sociaux encouragent les utilisateurs à établir un profil indiquant: qui ils sont, ce qui les intéresse, qui ils connaissent et ce qu'ils aiment. Ils sont nombreux à offrir leurs services gratuitement dans l’espoir d'attirer un vaste bassin d'utilisateurs.
Toutefois, il n'est pas tout à fait exact d'affirmer que ces services sont « gratuits ». En un tour de main, les entreprises de médias sociaux parviennent à réunir une quantité astronomique de renseignements personnels. En plus des préférences, des habitudes et des interactions sociales des utilisateurs, elles recueillent une foule de renseignements de base qui ne figurent pas dans le profil public, notamment l’historique des recherches, les achats effectués, les sites Web consultés et le contenu des messages privés. En recueillant ces milliards de points de données, les entreprises de médias sociaux peuvent analyser le comportement des utilisateurs au moyen d'algorithmes évolués dans le but de personnaliser leurs services et de trouver des façons de générer des revenus. Elles permettent aussi à d'autres, par exemple, des chercheurs, des employeurs, des administrateurs scolaires et des organismes d'application de la loi, d'en savoir plus sur les individus et leurs activités.
Nous sommes à l’ère des mégadonnées, et les renseignements personnels sont devenus une monnaie d'échange utilisée librement au Canada et ailleurs dans le monde.
[Français]
Le commissariat a pour mandat de s'assurer que le secteur privé respecte la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui s'applique à l'utilisation commerciale des renseignements personnels par les entreprises de médias sociaux exerçant leurs activités au Canada.
Au cours des cinq dernières années, nous avons fait enquête sur de nombreux acteurs de l'industrie, grands et petits, et nous sommes intervenus auprès d'eux. Une part appréciable des efforts que nous avons récemment consacrés à la recherche et aux politiques visait surtout à comprendre et à expliquer aux autres les répercussions du phénomène des médias sociaux sur la protection de la vie privée.
Nous sommes pleinement conscients de l'importance de l'innovation dans l'économie numérique actuelle et nous tentons de trouver un équilibre raisonnable entre la volonté des entreprises de tester des produits ou des services nouveaux et une protection adéquate des renseignements personnels des Canadiens.
[Traduction]
Cela dit, j’ai commencé à m'inquiéter du fait que certaines entreprises font apparemment fi des lois canadiennes sur la protection de la vie privée. Nous avons accompli des progrès dans le cas de plusieurs d'entre elles, mais j'aimerais mentionner quelques préoccupations importantes auxquelles tous les sites de médias sociaux devraient à mon avis accorder davantage d'attention. Je parle des quatre préoccupations suivantes: la responsabilité, le consentement valable, la limitation de l’utilisation et la conservation des données.
Parlons d’abord de la responsabilité. II arrive trop souvent que l’on donne suite aux préoccupations concernant la protection de la vie privée uniquement après la découverte d'un problème majeur ou en réponse à une réaction brutale des utilisateurs. Bien que la plupart des grands acteurs semblent progresser sur ce front, le monde des médias sociaux est en constante évolution. On voit pointer à tout moment de nouvelles entités pressées de lancer sur le marché un service inédit. La protection de la vie privée ne semble pas être une priorité à leurs yeux.
C'est l’une des raisons qui ont incité le commissariat et mes homologues de l'Alberta et de la Colombie-Britannique à publier récemment à l'intention des entreprises des lignes directrices en matière de responsabilité indiquant les mécanismes internes et les procédures à mettre en place pour protéger la vie privée, y compris la désignation d'une personne chargée de cet aspect.
Le consentement valable représente aussi un enjeu crucial. Les entreprises de médias sociaux doivent expliquer clairement à quelles fins elles recueillent, utilisent et divulguent des renseignements personnels et préciser quels tiers — par exemple, les développeurs d'applications — y ont accès. Et elles doivent obtenir un consentement sans équivoque des utilisateurs.
II s'agit d'un défi de taille parce que les politiques régissant la protection de la vie privée sont généralement trop longues et alambiquées et que, dans une large mesure, les utilisateurs n'en tiennent pas compte. Les entreprises de médias sociaux et les autorités chargées de la protection des données doivent se dépasser pour atteindre un juste équilibre. II faut communiquer une information adéquate que les utilisateurs peuvent facilement lire et comprendre pour ensuite donner leur consentement en toute connaissance de cause.
Le fait que les enfants sont de plus en plus jeunes lorsqu'ils commencent à naviguer dans Internet complique encore davantage la question du consentement. Les utilisateurs les plus jeunes ne sont peut-être pas encore en mesure de donner le consentement valable exigé par la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
[Français]
La troisième question porte sur la limitation de l'utilisation. Les services offerts par les médias sociaux évoluent constamment pour des raisons d'innovation et de concurrence, ce qui ouvre la voie à des utilisations nouvelles et parfois inattendues, voire indésirables, des renseignements personnels. Il est important de bien renseigner les utilisateurs en leur expliquant sans tarder les nouvelles fonctionnalités et en leur demandant de consentir de manière informée aux utilisations nouvelles des renseignements personnels. À mon avis, il nous faut aussi en apprendre davantage sur les façons dont les renseignements personnels sur ces sites pourraient être utilisés au-delà de la publicité. Il incombe aux entreprises de médias sociaux et à toutes les autres organisations de faire preuve d'une transparence exemplaire quant aux pratiques concernant les renseignements personnels.
Le quatrième point sur lequel j'attire votre attention est la conservation des données. Le fait que des organisations n'établissent pas de calendrier de conservation des données et n'offrent aux utilisateurs aucune option pour supprimer véritablement leurs renseignements personnels constitue un autre sujet de préoccupation. Les entreprises de médias sociaux doivent indiquer clairement combien de temps elles conservent les renseignements personnels recueillis. Elles doivent aussi préciser le traitement distinct qu'elles réservent aux renseignements personnels selon qu'un compte est désactivé ou réellement supprimé.
La Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques oblige les entreprises à détruire les données dont elles n'ont plus besoin aux fins visées. De grandes quantités de données, souvent stockées dans d'autres pays, peuvent également poser des problèmes de sécurité.
[Traduction]
Honorables membres, au moment de vous pencher sur la protection des renseignements personnels dans les médias sociaux, il pourrait être utile de vous appuyer sur les principes de responsabilité, de consentement valable, de limitation de l’utilisation et de conservation des données pour évaluer la façon dont les médias sociaux protègent les renseignements personnels des Canadiens.
En conclusion, monsieur le président, plus de 2 000 Canadiens ont récemment participé à un sondage d'opinion sur les médias sociaux réalisé à la demande du commissariat. D'après 83 p. 100 des répondants, les entreprises en ligne devraient être tenues d'obtenir une autorisation explicite pour surveiller l'utilisation du Web par les internautes et leur comportement en ligne. De toute évidence, les Canadiens attachent beaucoup d'importance à la protection de leur vie privée en ligne. C'est pourquoi nous jugeons primordial d'obliger les entreprises à rendre compte de la façon dont elles recueillent et utilisent les renseignements personnels.
Le commissariat a fait des progrès constants sur ce front en utilisant les outils à sa disposition en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, la LPRPDE, mais je pense qu'il nous reste encore beaucoup à faire. Les entreprises numériques qui se servent d'Internet et des technologies mobiles pour recueillir et partager les renseignements personnels sont appelées à avoir une portée de plus en plus grande au cours des années à venir.
Le commissariat a effectué des recherches et des analyses approfondies en prévision du deuxième examen quinquennal obligatoire de la LPRPDE par le Parlement, qui est maintenant en retard. Nous réfléchissons attentivement à la façon dont nous pourrions moderniser le régime actuel, qui a été mis en place avant tous ces progrès technologiques novateurs. La priorité consiste à déterminer les mesures à prendre pour renforcer les pouvoirs actuels en matière d'application de la loi afin de freiner la tendance à la non-conformité de l'industrie et d'encourager les entreprises à assumer une responsabilité accrue à l'égard des renseignements personnels qu'elles recueillent, utilisent et partagent avec d'autres.
Depuis quelques années, nous observons à l'échelle internationale une tendance au renforcement des pouvoirs d'application de la loi. Le Canada a longtemps été un chef de file des lois qui protègent la vie privée, mais nous risquons maintenant de perdre du terrain.
Je suis impatiente d'exposer en détail au cours de l'examen parlementaire la position adoptée par le commissariat sur cette question.
Merci beaucoup, monsieur le président, de m'avoir accordé du temps. Je répondrai avec plaisir à toute question des membres du comité.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame, d'être ici aujourd'hui. Je suis heureux que vous soyez notre premier témoin, car le commissariat est l'un des rares organismes phares reconnus dans le domaine.
Si on envisage la question sous l'angle législatif, je crois que, pendant de nombreuses années, nous estimions qu'il était dangereux pour les politiciens de se prononcer sur cette nouvelle technologie, car nous ne savions pas où elle nous mènerait. Nous avons dû laisser au marché le temps de se développer. Nous avons dû laisser à la technologie le temps d'arriver à maturité. Puis, tout d'un coup, elle est arrivée à maturité, et cela s'est fait plus rapidement que nous ne l'aurions imaginé. Nous avons l'impression d'avoir du rattrapage à faire.
En ce qui concerne en particulier la question de la vie privée, les gens aujourd'hui mènent pratiquement toute leur vie en ligne, et cela a d'énormes répercussions. Les médias sociaux sont une source incroyable de bienfaits et facilitent la communication, mais ils soulèvent des enjeux touchant la vie privée et la sécurité. Il y a là toutes sortes d'enjeux que nous commençons à peine à entrevoir.
Comme je ne dispose pas de beaucoup de temps, j'aimerais m'en tenir aux quatre grandes préoccupations que vous avez mentionnées: la responsabilité, le consentement valable, la limitation de l'utilisation et la conservation des données.
En ce qui concerne la responsabilité, le gouvernement s'apprête à mettre à jour la LPRPDE, mais selon cette loi, lorsqu'il est question d'atteinte à la vie privée, il incombe à l'entreprise de décider si elle en informera les citoyens ou non. Cela est fondé sur la question du risque ou du préjudice grave.
Croyez-vous que nous devrions adopter une norme plus claire? Je n'arrive pas à m'imaginer une entreprise qui appellerait ses clients pour leur dire: « Devinez quoi? Quelqu'un a réussi à pénétrer illégalement dans nos bases de données, mais ne vous inquiétez pas. Continuez de faire affaire avec nous. » Je crois que l'obligation d'une entreprise envers le consommateur devrait l'emporter sur le risque pour ses bénéfices; autrement, à partir de quel moment le consommateur pourra-t-il être rassuré sur le fait que sa vie privée est respectée? Quel rôle le commissariat joue-t-il, à votre avis, et quel rôle devrait selon vous être la norme quand il est question d'atteintes à la vie privée?
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être ici aujourd'hui.
C'était là un témoignage très intéressant. Vous avez dit, madame Stoddart, que nous vivons à l'ère des mégadonnées, et j'estime que c'est en réalité remarquable. M. Angus a fait allusion à la rapidité de cette évolution. Je crois que cela fait des générations que les entreprises étudient le comportement des consommateurs. Elles font des études de marché, et, de fait, Peterborough a longtemps été un marché-témoin pour divers produits. Mais les entreprises ne font plus autant de ces études, de nos jours, car elles s'appuient plutôt sur les données qu'elles ont glanées ça et là
Vous avez parlé des algorithmes qu'elles utilisent, entre autres choses, pour déterminer ce que les consommateurs aiment ou n'aiment pas et ce qu'ils approuvent. Vous avez dit que les Canadiens, mais aussi les gens de partout dans le monde, donnent ces renseignements volontiers, et vous avez également parlé du consentement éclairé.
Et quand on s'inscrit à l'un de ces sites — et je me suis inscrit moi-même à nombre d'entre eux —, on y trouve un très long document juridique qui, à mon avis, dépasse la compréhension de bien des gens qui utilisent le site en question, en particulier les jeunes gens, les très jeunes gens. Devrait-il y avoir une sorte d'avis qui dirait ceci: « Nous allons étudier votre comportement. Nous allons noter les sites que vous visitez. Nous allons utiliser ces observations et les communiquer à des entreprises qui nous paient pour obtenir ces renseignements. Acceptez-vous? »
Ne serait-ce pas là une façon très simple d'expliquer dans une langue toute simple quel est leur but dans tout cela? Nous savons ce que les gens cherchent. Vous allez sur Facebook parce que c'est un outil de communication extraordinaire. Les sites comme YouTube sont des outils incroyables. Franchement, comme bien d'autres gens, j'aime vraiment ces sites. Mais leur but, dans tout cela, c'est d'obtenir quelque chose en retour, n'est-ce pas?
C'est un aspect qui n'est pas bien compris, ce que ces entreprises retirent en offrant cela aux gens. Vous avez mentionné cela, le fait que les mégadonnées sont une chose que les gens donnent volontiers. Mais cela ne veut pas dire qu'ils consentent à ce que ces données soient vendues à des tiers ou utilisées à d'autre fins.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais présenter mes collègues qui m'accompagnent aujourd'hui: Bruce Wallace, directeur de la Direction de la sécurité et la protection des renseignements personnels, et Jill Paterson, conseillère en politiques, au sein de la Direction générale de la politique sur les technologies numériques.
Votre comité a jugé bon de se pencher sur un enjeu contemporain de première importance. La protection des renseignements personnels en ligne est une condition préalable pour favoriser le dynamisme de l'économie numérique mondiale. Je comparais devant vous aujourd'hui afin de vous fournir des renseignements généraux sur la loi fédérale qui assure la protection des renseignements personnels des Canadiens faisant partie d'une transaction commerciale, dans Internet et ailleurs, à savoir la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques ou LPRPDE.
[Français]
Depuis sa mise en oeuvre, cette loi, qui s'adresse au secteur privé, constitue un fondement solide pour assurer la protection de la vie privée sur Internet. Elle est prise comme modèle par d'autres pays partout dans le monde, qui sont à la recherche de moyens d'assurer la protection de la vie privée. L'efficacité de cette loi repose en grande partie sur le fait qu'elle réglemente la protection de la vie privée d'une manière neutre sur le plan technologique en faisant appel à une approche souple axée sur des principes.
La Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques comporte deux volets distincts. La partie 1 précise les obligations en matière de protection de la vie privée qui découlent de la loi, alors que les parties 2 à 5 concernent davantage les documents électroniques que la protection des renseignements personnels et, à ce titre, ne s'appliquent pas aux travaux que vous menez en ce moment.
La partie 1 de la loi établit les règles que doit respecter le secteur privé en matière de protection des renseignements personnels dans les transactions commerciales. Elle établit des règles de base claires qui régissent la collecte, l'utilisation et la communication des renseignements personnels.
[Traduction]
La loi établit un équilibre entre deux considérations centrales: la nécessité de protéger le droit à la vie privée et le besoin des organisations de recueillir, d'utiliser ou de communiquer des renseignements personnels dans le cadre de leurs activités commerciales. Il est particulièrement important de trouver le juste milieu dans un environnement électronique où des quantités considérables d'informations peuvent être recueillies et stockées rapidement et où une transaction financière peut s'effectuer en quelques secondes.
Je voudrais aborder avec vous aujourd'hui quelques-uns des principaux volets de la loi.
D'abord, cette loi s'applique uniquement aux renseignements personnels utilisés à des fins commerciales. Elle s'applique à tous les renseignements personnels en format électronique ou autre. La loi s'applique à l'ensemble des secteurs de l'économie, pas seulement à des secteurs individuels.
Ensuite, la loi repose sur un ensemble de principes qui sont énoncés dans le Code type sur la protection des renseignements personnels de l'Association canadienne de normalisation. Ce code a été établi par des représentants du secteur privé et des consommateurs, et il a été adopté bien avant l'entrée en vigueur de la loi. Il contient 10 principes fondamentaux de protection de la vie privée, qui ont été intégrés dans l'annexe 1 de la loi.
Je voudrais attirer votre attention sur le principe le plus important, à savoir le consentement, c'est-à-dire la nécessité d'obtenir le consentement. La législation canadienne relative à la protection de la vie privée et celle de nombreux autres pays son fondées sur le principe du consentement, qu'il soit explicite ou implicite, de recueillir, d'utiliser et de communiquer des renseignements personnels.
La loi oblige également les organisations de recueillir, d'utiliser ou de communiquer des renseignements personnels strictement à des fins qu'une personne raisonnable estimerait acceptables dans les circonstances. Il s'agit d'un critère déterminant qui s'applique à toutes les dispositions de la loi. Cette exigence introduit une flexibilité qui permet à la loi de demeurer applicable alors que les normes sociales, les comportements et les attentes changent au fil du temps, tant dans Internet qu'ailleurs.
La loi est entrée en vigueur en 2001, avant l'avènement de services et d'activités électroniques comme Twitter, YouTube, Google et Facebook, que nous tenons aujourd'hui pour acquis. Malgré l'évolution d'Internet et l'introduction de nouveaux services, la loi s'avère toujours efficace. Son approche neutre sur le plan technologique, axée sur des principes, lui donne de la souplesse et a permis à la commissaire à la protection de la vie privée du Canada de faire face aux défis qui se posent dans Internet, y compris dans les médias sociaux. La commissaire a fait appliquer ces disposition relatives à la protection de la vie privée à l'échelle internationale par les plus importants fournisseurs de services électroniques de la planète, dont Google et Facebook.
Par exemple, à la suite d'une enquête menée par la commissaire, Facebook a pris des mesures correctives pour aligner ses pratiques sur les obligations découlant de la loi. Facebook a accepté de fournir des renseignements pour aider les utilisateurs à mieux comprendre de quelle manière les renseignements personnels les concernant seraient utilisés et à prendre des décisions éclairées sur la mesure dans laquelle ils veulent communiquer ces renseignements.
Dans l'ensemble, la législation fournit toujours un cadre rigoureux permettant de trouver le juste milieu entre les pratiques commerciales et la protection de la vie privée des Canadiens. Toutefois, le rythme soutenu des innovations technologiques, conjugué au changement constant dans les pratiques individuelles dans Internet, accentue l'importance de procéder à un examen de la loi pour s'assurer qu'elle permet d'aborder les enjeux qui se dessinent.
[Français]
Notamment, le développement d'applications permettant aux personnes de communiquer des renseignements personnels — un aspect essentiel de ce que l'on appelle le Web 2.0 — est en train de changer le comportement des utilisateurs d'Internet. Une bonne partie des renseignements personnels est fournie spontanément par les utilisateurs eux-mêmes. Bien qu'ils soient des participants actifs dans la communication de ces renseignements, bon nombre d'entre eux ne comprennent peut-être pas pleinement de quelle manière ils sont utilisés, ni les risques d'entrave à la vie privée qui y sont liés.
La recherche indique que les utilisateurs de médias sociaux ne prévoient peut-être pas dans quelle mesure les renseignements qu'ils affichent seront rendus accessibles. De plus, l'utilisation de cookies et d'autres outils de suivi est généralisée, mais reste invisible pour l'utilisateur moyen d'Internet. Les renseignements personnels peuvent être rassemblés et utilisés à des fins que les utilisateurs n'auraient pas pu imaginer et sur lesquelles ils pourraient se trouver en désaccord.
[Traduction]
L'élaboration de cadres stratégiques pour assurer la protection de la vie privée dans cet environnement exige la prise en compte de questions complexes. Comme de nombreux pays, le Canada est actuellement aux prises avec cette question. Par exemple, l'OCDE effectue en ce moment un examen de ses lignes directrices sur la protection de la vie privée. Ce sont les premiers principes qui ont été acceptés internationalement et qui ont influé sur l'élaboration du Code type sur la protection des renseignements personnels de la CSA sur lequel repose la loi.
De même, il est possible d'améliorer un bon texte législatif comme cette loi en le soumettant à une révision périodique pour s'assurer qu'il suit le rythme de l'évolution des technologies et des modèles de fonctionnement.
Le projet de loi , actualisera la loi actuelle de différentes manières importantes. Le projet de loi, qui attend la deuxième lecture à la Chambre des communes, résulte du premier examen de la loi, entrepris par vos prédécesseurs au sein du comité en 2006-2007. À ce moment-là, le comité avait conclu qu'il n'était pas nécessaire d'y apporter des changements. Toutefois, il avait formulé plusieurs recommandations visant à en améliorer certains volets, notamment la nécessité d'y inscrire l'obligation de déclarer toute atteinte à l'intégrité des renseignements personnels.
À la suite de la publication du rapport du comité, Industrie Canada a procédé à une large consultation qui a débouché sur la réponse du gouvernement indiquant que plusieurs modifications seraient apportées à la loi pour donner suite à diverses recommandations du comité. Le projet de loi introduisant ces modifications a été déposé pour la première fois en mai 2010, mais il est mort au Feuilleton. Il a été introduit de nouveau sous la désignation C-12 et déposé au Parlement en septembre 2011.
Il convient de souligner que le projet de loi C-12 donnera lieu à un outil encore plus puissant pour protéger et habiliter les consommateurs en ligne. Ce projet de loi établit un cadre en vertu duquel les entreprises doivent informer leurs clients lorsque leurs renseignements personnels ont été perdus ou volés. La commissaire à la protection de la vie privée demande depuis longtemps l'adoption d'une approche législative pour assurer la notification d'une atteinte à la sécurité des données. En 2007, le bureau de la commissaire a publié des lignes directrices sur la notification volontaire des atteintes à la sécurité des données, mais elle s'est dite inquiète que certaines entreprises ne le fassent pas et que les organisations n'aient pas toutes pris des mesures de sécurité appropriées pour protéger leurs fonds de renseignements personnels.
Le projet de loi oblige les organisations à informer les personnes concernées lorsqu'une atteinte à la sécurité des données présente un risque réel de préjudice grave à leur endroit, comme le vol d'identité, la fraude ou l'atteinte à la réputation. La commissaire doit également être informée des atteintes aux mesures de sécurité pour lui permettre d'assurer la surveillance de la conformité avec les nouvelles exigences. En accord avec ses pouvoirs actuels, elle peut rendre public le nom des organisations qui ne respectent pas leurs obligations si elle estime que cela est dans l'intérêt public. Cela constitue une excellente incitation pour les organisations à agir de bonne foi. En fait, nous avons pu constater que des entreprises de médias sociaux bien connues comme Facebook et Google ont été contraintes de modifier leurs pratiques. Plusieurs cas notoires d'atteinte à la sécurité des données qui sont survenus au cours des dernières années comme ceux concernant Sony et Epsilon, la plus importante société de commercialisation par courrier électronique, ont mis en évidence la nécessité d'adopter rapidement ce projet de loi et ses nouvelles exigences en matière de notification.
Ce projet de loi comprend également des améliorations aux dispositions relatives au consentement dans le but de protéger la vie privée des personnes mineures lorsqu'elles utilisent Internet. La recherche montre que les enfants n'ont pas la capacité de comprendre les conséquences associées au partage de leurs renseignements personnels. Les actions de mise en marché visant les enfants ne sont pas toutes inappropriées. Toutefois, certains services électroniques recueillent subrepticement des renseignements personnels concernant des enfants dans un environnement conçu pour s'apparenter à un terrain de jeu ou à un site éducatif. Le projet de loi C-12 exige que les organisations fassent un effort raisonnable lorsqu'elles recueillent des renseignements personnels concernant des mineurs pour communiquer clairement pourquoi ces renseignements sont recueillis de manière que le public cible puisse comprendre.
Nous croyons que ces changements constituent une étape importante pour faire en sorte que la législation relative à la protection de la vie privée continue de protéger les Canadiens.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui devant le comité. Mes collègues et moi répondrons avec plaisir à vos questions.