:
Merci, madame la vice-présidente. Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour vous parler de mon mandat, de mon rôle et pour faire le point sur certains dossiers auxquels travaille le commissariat.
Tout d'abord, permettez-moi de souhaiter la bienvenue aux nouveaux membres du comité. Votre comité est chargé de surveiller les activités du commissariat. Il examine son budget annuel des dépenses ainsi que les questions liées au rapport que je présente en vertu de la Loi sur les conflits d'intérêts. Je suis très enthousiaste à l'idée de collaborer avec vous tous.
[Traduction]
Je crois comprendre que le comité a été saisi d'une motion mardi dernier concernant un sujet dont les membres voulaient discuter avec moi aujourd'hui. J'y reviendrai tout à l'heure, car j'aimerais d'abord faire certaines observations générales.
Mon poste de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique fait de moi une haute fonctionnaire indépendante. Je fais rapport des activités du Commissariat au Parlement, par l'entremise du Président de la Chambre des communes. Mon rôle consiste notamment à aider les représentants nommés et élus à prévenir et à éviter les conflits d'intérêts.
J'administre deux régimes: la Loi sur les conflits d'intérêts pour les titulaires de charge publique et le Code régissant les conflits d'intérêts des députés. Ce dernier est surveillé par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Les deux régimes énoncent des obligations et des règles visant à prévenir les conflits d'intérêts réels ou potentiels entre les intérêts personnels et publics. Votre comité est chargé de revoir le volet de mon travail qui porte sur les titulaires de charge publique en vertu de la Loi sur les conflits d'intérêts.
La loi s'applique à environ 2 800 titulaires de charge publique. Plus de la moitié des personnes couvertes par la loi — principalement des membres à temps partiel de conseils, de commissions et de tribunaux fédéraux, ainsi que certains employés ministériels à temps partiel — sont uniquement assujetties aux règles de base sur les conflits d'intérêts et l'après-mandat. Environ 1 100 titulaires de charge publique sont qualifiés de titulaires de charge publique principaux. Ils doivent aussi se conformer aux exigences de la loi concernant la divulgation et la déclaration publique, de même qu'aux restrictions concernant leurs activités extérieures et à l'interdiction de détenir des biens contrôlés. Les titulaires de charge publique principaux comprennent les ministres, les secrétaires parlementaires, le personnel ministériel ainsi que toutes les personnes nommées à temps plein par le gouverneur en conseil, comme les sous-ministres, les chefs de sociétés d'État ainsi que les membres de conseils fédéraux. Dans certains cas, la loi énonce des exigences additionnelles pour les titulaires de charge publique principaux qui sont des ministres ou des secrétaires parlementaires.
Mes activités en vertu de la loi et du code sont similaires. Le personnel du Commissariat donne des conseils aux titulaires de charge publique et aux députés sur l'observation de la loi et du code. L'an dernier, le Commissariat a reçu plus de 1 600 appels de titulaires de charge publique principaux et environ 500 appels de députés qui voulaient obtenir des conseils.
Nous examinons les rapports confidentiels des titulaires de charge publique principaux et des députés concernant, entre autres, les biens, les dettes et les activités, et nous tenons des registres publics des renseignements qui doivent être rendus publics. Nous enquêtons également sur de possibles contraventions à la loi et au code. La loi me permet d'imposer des pénalités d'au plus 500 $ au titulaire de charge publique qui contrevient à certaines exigences de déclaration prévues dans la loi.
Selon la Loi sur le Parlement du Canada, je dois soumettre deux rapports annuels au Parlement, au plus tard le 30 juin de chaque année. L'un porte sur l'administration de la Loi sur les conflits d'intérêts et est renvoyé à votre comité. L'autre porte sur l'administration du Code régissant les conflits d'intérêts des députés et est renvoyé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
De plus, en vertu de code, je suis tenue de préparer une liste des voyages parrainés qu'ont effectués les députés et de soumettre cette liste pour dépôt à la Chambre des communes au plus tard le 31 mars de chaque année. Je présente mes rapports d'étude en vertu de la loi au premier ministre, et mes rapports d'enquête en vertu du code, à la Chambre des communes. Tous ces rapports sont rendus publics.
Depuis ma nomination, j'ai publié 13 rapports d'étude et d'enquête, dont huit rapports en vertu de la loi et cinq en vertu du code. Dans ces rapports, lorsque le contexte s'y prête, je souligne les lacunes des régimes et commente plus abondamment le sujet de l'enquête si je sens que la population risque de perdre confiance dans l'intégrité de ses élus et des institutions qu'ils représentent.
Je l'ai fait, par exemple, à propos de l'utilisation d'accessoires affichant des identifications partisanes dans les annonces du gouvernement, et au sujet de la participation des lobbyistes et autres intervenants au financement des partis politiques. En outre, j'ai mis en place les gens, les systèmes, les processus et les procédures nécessaires pour aider les titulaires de charge publique et les députés à se conformer à la loi et au code.
J'ai organisé le Commissariat en plusieurs divisions. La division Conseils et conformité est la plus grande et regroupe le tiers des 49 postes du Commissariat. Ses employés donnent des conseils confidentiels aux titulaires de charge publique et aux députés, ils reçoivent les déclarations confidentielles et tiennent les registres internes contenant ces renseignements, et ils administrent un système concernant les renseignements à rendre publics. Comme vous l'avez entendu, Lyne Robinson-Dalpé est la directrice de cette division.
La division Politiques, recherche et communications vient appuyer ces activités grâce à des initiatives proactives de communication et de sensibilisation. Elle s'occupe aussi d'élaborer des politiques, de compiler les données des recherches et de coordonner la communication avec le Parlement, notamment la présentation d'exposés aux caucus des partis représentés à la Chambre des communes. C'est une partie relativement nouvelle du Commissariat, même si ces fonctions existaient déjà auparavant.
Les employés de la division Rapports et enquêtes mènent des études et des enquêtes sur les allégations de contravention à la loi et au code. Ils sont responsables des rapports d'étude et d'enquête et ils coordonnent la préparation de mes rapports annuels.
Le directeur de cette section est Eppo Maertens, qui est assis à ma droite.
Les Services juridiques donnent des conseils juridiques stratégiques sur toutes les facettes du travail du Commissariat et jouent un rôle intégral lors des enquêtes et de la préparation des rapports d'étude et d'enquête.
Enfin, la division Gestion corporative veille à l'efficacité des procédures internes et des systèmes de gestion, elle supervise le budget du Commissariat et elle voit à la gestion des locaux, de l'approvisionnement et des ressources humaines.
Mon budget de 7,1 millions de dollars est stable depuis trois ans et il suffit pour un effectif de 50 employés. Toutefois, le nombre d'études et d'enquêtes étant à la hausse, je risque d'avoir besoin de plus de ressources pour les mener à bien, ce qui nécessiterait une hausse du budget.
Par ailleurs, le Commissariat essaie d'être le plus transparent possible. Par exemple, l'année dernière, nous avons élargi les types de mesures d'observation qui sont rendues publiques. De plus, nous améliorerons l'efficacité de nos opérations et de nos services consultatifs et continuerons de sensibiliser nos clients.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, j'essaie toujours, dans la mesure du possible, de proposer des améliorations à apporter à la loi ou au code. Celles-ci sont décrites dans mes rapports annuels. Par exemple, les titulaires de charge publique principaux ne peuvent détenir des biens contrôlés, comme des valeurs cotées en bourse de sociétés, et sont tenus de se dessaisir de ceux qu'ils détiennent au moment de leur nomination. Aucun critère de conflit d'intérêts ne s'applique concernant l'obligation de dessaisissement, ce qui est inutilement onéreux pour certains titulaires de charge publique principaux, en plus de coûter de l'argent aux contribuables, car nous remboursons les coûts liés à la fiducie.
Les pénalités prévues dans la loi ne s'appliquent qu'au défaut de déclarer certaines choses, généralement dans un délai précis, et non au défaut de se conformer aux dispositions de fond. Dans les dispositions de la loi sur l'après-mandat, rien n'oblige l'ex-titulaire de charge publique principal à déclarer un emploi accepté pendant sa période de restriction.
Voilà donc trois exemples. Le fait de devoir administrer deux régimes similaires, mais comportant quelques différences notables, est certainement un défi particulier à ma fonction. J'ai proposé au Parlement de simplifier le tout en combinant les deux régimes en une seule loi, avec des dispositions distinctes pour certaines catégories de personnes. D'ailleurs, la plupart des provinces et des territoires n'ont qu'un seul régime qui couvre à la fois les députés et les titulaires de charge publique.
La Loi sur les conflits d'intérêts prévoit un examen dans les cinq ans suivant son entrée en vigueur, ce qui nous mène à juillet 2012 au plus tard.
J'espère que ces suggestions et les autres idées que je proposerai seront examinées dans le cadre de cet examen important.
Voilà un bien bref aperçu de mes fonctions, madame la vice-présidente, mais les membres du comité pourront trouver des renseignements détaillés dans mon dernier rapport annuel et sur le site Web du Commissariat.
Maintenant, j'aimerais revenir à la motion que votre comité a adoptée.
Les membres du comité m'ont invitée à aborder la question du parrainage au congrès du NPD. Je confirme avoir reçu une lettre à cet égard qui ne satisfaisait pas à l'exigence de motifs raisonnables justifiant une demande d'enquête en vertu du Code régissant les conflits d'intérêts des députés. Cependant, j'ai demandé à Mme Nycole Turmel, chef intérimaire du NPD, de me fournir d'autres renseignements à ce sujet. Mme Turmel m'a transmis sa réponse de la part des membres de son caucus, et je l'ai examinée. Je suis maintenant en train de préparer des lettres de réponse aux députés concernés. Ces lettres seront envoyées dans les jours à venir.
Par ailleurs, je suis d'avis que cette question relève peut-être des compétences d'Élections Canada. C'est pourquoi j'ai transféré au commissaire aux élections fédérales la première lettre que j'ai reçue de M. Del Mastro.
Étant donné l'examen que je mène actuellement sur cette question et la confidentialité de mes travaux, je n'émettrai aucune autre remarque pour l'instant.
[Français]
Je remercie le comité de son attention. Je répondrai maintenant avec plaisir à vos questions.
:
Vous n'avez encore jamais examiné la question. Merci.
Cela m'intéresse, car M. Del Mastro a soulevé cette question l'autre jour et il n'a pas voulu que le Nouveau Parti démocratique fasse comparaître des témoins. S'il s'intéressait tant à cette enquête, on s'attendrait à ce qu'il veuille entendre les titulaires de charge du parti, mais on nous a dit que nous ne pouvions pas inviter de témoins. Maintenant, nous avons un témoin qui déclare lui avoir déjà envoyé une lettre l'informant de l'absence de motifs raisonnables.
Si je soulève ce point, c'est que dans votre rapport, vous parlez de la nécessité d'établir des normes de responsabilité et de respect afin de ne pas miner la confiance de la population dans nos institutions démocratiques. Ce n'est pas la première fois cette semaine que M. Del Mastro divague.
Je tiens à souligner que ce matin, dans le Citizen d'Ottawa, il est écrit en gros titre que selon le conseil, les juges sont au-dessus de la politique. Cette semaine, M. Del Mastro a essayé de faire comparaître un juge devant le comité dans le cadre de la guerre qu'il a déclarée à la SRC. Nous avons alors expliqué à M. Del Mastro que cela ne respectait pas du tout le rôle du comité. De plus, cette semaine, on écrivait dans le Globe and Mail que M. Del Mastro est intervenu dans les élections provinciales. Cela fait donc deux fois.
Je le mentionne parce que dans votre document, vous attirez l'attention sur le financement des partis politiques. Dans votre rapport, vous parlez de ce problème, mais vous dites que cela concerne les ministres et les secrétaires parlementaires et que l'on devrait envisager des dispositions plus rigoureuses relativement au financement.
Parleriez-vous ici des affaires concernant Rick Dykstra et la ministre Lisa Raitt?
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Merci, madame la présidente.
Oui, je me rappelle qu'en 2006, M. Martin a dit aux Canadiens que la responsabilité serait peut-être la chose la plus importante que la 39e législature pourrait leur offrir, mais on constate maintenant que le NPD l'a oublié, parce que lorsqu'on lit l'article publié dans Le Devoir le 22 septembre, on apprend que le NPD a reçu au moins 85 000 $ des grands syndicats. Seulement trois syndicats ont admis avoir donné de l'argent, mais on peut voir que le Syndicat canadien des métallurgistes, la TUAC, Stratcom, l'AFPC — l'Alliance de la Fonction publique du Canada —, le SCFP, l'AIP, le Syndicat des machinistes et Thistle Printing ont tous parrainé l'événement. Nous ne sommes au courant que de trois d'entre eux. Nous savons que le parti a reçu au moins 85 000 $.
Je pensais que dans la Loi électorale du Canada, on disait plutôt clairement qu'on ne peut pas accepter d'argent des grandes entreprises ni des syndicats. Je pensais que c'est ce qui a été établi; donc, il s'agit manifestement d'une infraction flagrante.
Maintenant, le nom du Nouveau Parti démocratique contient le mot « nouveau », mais ce n'est pas un nouveau parti. Il existe depuis environ 50 ans. C'est simplement qu'il a été le quatrième parti pendant une certaine période. Donc, peut-être que personne n'y a porté attention, mais lorsqu'on bafoue la loi à ce point, qu'on la défie et qu'en réalité, on a enfreint la Loi électorale du Canada et les dispositions relatives aux dons aux partis deux fois en trois mois, cela risque d'attirer l'attention.
Ma question est la suivante: s'il est vrai que des membres du parti — des députés — ont participé à l'organisation du congrès du parti et accepté des dons des syndicats, ce qui est en contravention avec la Loi électorale du Canada, ne croyez-vous pas que cela les placerait dans une position où ils pourraient être redevables aux syndicats? N'est-ce pas en partie la raison d'être du Commissariat? Pour nous mettre à l'abri de toute influence extérieure indue?
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Merci, madame Davidson.
En tant que président d’un autre comité, je veux tout d’abord souligner qu’il semble y avoir une sorte de tendance en ce début de 41e législature: les conservateurs font des pieds et des mains pour nuire au travail légitime du comité en empêchant que les questions soulevées par l’opposition fassent l’objet d’une enquête ou d’un débat. Ils nous disent: voici les sujets que nous étudierons d’ici Noël et voici les témoins qui comparaîtront devant nous.
Comme l’a dit M. Angus, ils ne semblent même pas intéressés à inviter des témoins qui nous donnent un autre point de vue dans le cadre des études — Radio-Canada, par exemple.
Moi, de même que beaucoup d’autres personnes, sommes très préoccupés par le fait que les conservateurs font en sorte de nuire à la capacité des comités d’entreprendre des travaux importants. En fait, ils devraient savoir, et je les préviens, qu’ils peuvent faire des torts irréparables à l’institution qu’est le Parlement, s’ils détruisent systématiquement la capacité des comités de fonctionner comme ils se doivent.
Madame Dawson, permettez-moi de vous dire, et nous sommes contents que vous soyez parmi nous, que les premiers trois quarts de votre présentation ont constitué en quelque sorte une leçon de civisme sur le travail du Commissariat à l’éthique. Je crois que la leçon est digne d’intérêt en particulier pour mes collègues d’en face, car s’il y avait des pénalités pour des plaintes frivoles et abusives, c’en serait une. Je crois qu’il doit y avoir des sanctions, surtout lorsque c’est utilisé pour faire des éclats...
Je pense que Dean est un trop bon député pour croire qu’il était légitime de faire cette plainte au Commissariat à l’éthique. Il semble toutefois qu’il accumule les bêtises ces temps-ci: il invite des juges à comparaître devant des comités parlementaires en étant pleinement au courant de la séparation constitutionnelle du législatif, de l’exécutif et du judiciaire, et il fait des plaintes auprès de vous, et je crois qu’il utilise le processus de façon abusive uniquement pour faire des éclats sur un problème qui n’existe pas, ce qu’il sait très bien.
Pour répondre à cela, je dirais qu'il n’y a qu’une enquête en cours sur des activités criminelles concernant une fraude dans le financement électoral, et il s'agit de l’ancien président du Parti conservateur, de l’ancien agent de financement principal du Parti conservateur, de l’ancien directeur de campagne du Parti conservateur — qui sont tous devenus sénateurs. Il s'agit de l'orchestration de la plus importante fraude électorale jamais connue au Canada, des manoeuvres de transfert scandaleuses, qu’ils ont apprises dans ma province, le Manitoba, je dois le dire, car la seule personne qui a déjà été reconnue coupable d'une telle chose, c’est le ministre de la Sécurité publique actuel, Vic Toews. Il a été accusé, jugé et condamné pour les mêmes manoeuvres scandaleuses qui sont devenues le prototype pour le principal scandale, la principale fraude, que le Parti conservateur a commise.
Nous avons tenté d’étudier cela au cours de la dernière législature, et je pense c’était justifié pour nous de le faire, et ceci est une sorte de vengeance. Ils se vengent, font de l'intimidation, pour faire des éclats et en quelque sorte détourner l’attention de la vraie fraude électorale qui a été commise dans notre pays.
Permettez-moi de parler brièvement de certaines des remarques de Dean. Vous ne me direz pas que le congrès des conservateurs n’inclut pas un cocktail financé par de grosses compagnies pharmaceutiques, de grosses compagnies pétrolières — ou « grosses compagnies pétrolières et gazantes », comme mon ancien chef les appelait. Toutes ces questions dont Élections Canada est saisi… ils ont trouvé que c’était tout à fait légitime.
Ce que je veux souligner, c’est que notre Commissariat à l’éthique a passé beaucoup de temps à enquêter sur la plainte sur Dykstra, celle sur Raitt. Ce que je veux dire, c’est parlons de la légitimité, d'avoir le ministre...
Ou bien, prenez le cas du ministre Paradis; parlons de Christian Paradis, le ministre des Travaux publics. Une bande d’entrepreneurs en construction au Québec qui veulent obtenir des contrats de Travaux publics tiennent une grande campagne de financement pour le ministre des Travaux publics. Quelqu’un peut-il faire un lien entre l’achat d’un billet de mille dollars pour un souper-bénéfice pour le ministre, et ensuite, au cours des deux ou trois mois qui suivent, l’attribution d’un gros contrat de neuf millions de dollars sur l’édifice de l’Ouest, à une bande de… ou tous affiliés aux Hells Angels? Pensez-vous qu’il y a là un lien qui mériterait d’ouvrir une enquête d’un point de vue éthique?
Ou Lisa Raitt; des lobbyistes organisent des collectes de fonds pour elle... vous savez, en tant que ministre, l'autorité portuaire...
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Merci, madame la présidente.
Bonjour, madame la commissaire.
Premièrement, en tant que nouveau membre du comité et nouveau député, je tiens à vous féliciter, ainsi que votre personnel, pour votre contribution au programme d'orientation des nouveaux députés. En tant que nouveau député, j'ai trouvé l'information fournie par votre équipe très utile. Cela a permis de clarifier certaines questions, notamment celle concernant la mise en place d'un filtre afin d'éviter des problèmes dans l'avenir. Cela m'a grandement aidé à comprendre les règles de base.
Pour faire suite aux propos tenus plus tôt par M. Martin, je dois dire que j'ai trouvé la leçon de civisme utile. N'allez donc pas croire qu'elle n'a pas été reçue avec la même bonne intention que vous aviez vous-même.
Le commentaire que vous avez fait au sujet de M. Day était intéressant. Voilà un ancien député qui a pris le temps... Je dois dire honnêtement qu'à ma connaissance, il était probablement le titulaire d'une charge publique qui faisait preuve de la plus grande intégrité. Alors je me serais attendu à ce qu'il s'adresse à vous pour obtenir des éclaircissements. De toute évidence, c'est ce qu'il a fait, et ce, avant d'aller de l'avant avec le choix de carrière qu'il voulait faire.
Je trouve intéressant les cas que le NPD a soulevés aujourd'hui. Il s'agit en général de cas qui se sont produits il y a longtemps. En ce qui concerne M. Dykstra, vous avez conclu qu'il n'y avait eu aucune violation. Vous avez procédé à votre enquête et, je crois comprendre d'après vos commentaires, qu'il n'y avait pas eu de conflit d'intérêts. En ce qui concerne Mme Raitt, j'ai lu le rapport. Il venait tout juste d'être imprimé au moment où je me trouvais dans votre bureau. Je le répète, un filtre a été mis en place pour l'avenir. Je trouve tout cela très utile et je vous félicite.
Voici ce que j'essaie de comprendre aujourd'hui, et j'aimerais entendre vos explications. Lorsque, au cours d'une enquête sur un titulaire de charge publique ou un député, vous constatez qu'il y a eu une grave violation, que se passe-t-il ensuite, que faites-vous?
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Merci, madame la présidente.
Je suis fier de présenter la motion suivante:
Que le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique entreprenne une étude sur l’utilisation du Fonds d’infrastructure du G8 à des fins politiques afin de déterminer si la Loi sur les conflits d’intérêts a été violée au niveau des versements, si le ministre a agi de façon éthique, et qu’il examine le Fonds dans la perspective de la Loi fédérale sur la responsabilité et du document « Un gouvernement responsable: Guide du ministre et du ministre d’État, 2011. »
Je saisis le Comité de l'éthique de cette motion, parce que quelques éléments clés des dépenses massives qui ont été faites au G8 n'ont pas été traités convenablement lors de l'examen parlementaire. Il ne fait aucun doute que de très nombreuses questions sont restées sans réponse. Le public et les parlementaires sont, je crois, très frustrés que le ministre, qui est au coeur de l'affaire, n'ait répondu à aucune question sur le rôle qu'il y a joué.
L'affaire a abouti au Comité de l'éthique pour la raison suivante. Lorsque, en faisant son rapport, le Bureau du vérificateur général a déclaré qu'il ne trouvait ni trace documentaire, ni bureaucrate sachant exactement comment l'argent avait été dépensé, il n'était pas au courant des rencontres qu'avait organisées le , en particulier la rencontre clé qui avait eu lieu au milieu de la campagne électorale de septembre 2008. Il avait à cette occasion mis sur pied un sous-comité — un comité privé ou processus parallèle — dont n'a pas été mis au courant le vérificateur général. M. Clement avait fait savoir qu'il apporterait le financement et qu'il déterminerait les dépenses à faire.
Il n'y avait aucun crédit à utiliser. Le Parlement n'avait fait aucune recommandation de dépenses. C'était certainement tout à fait inapproprié pour le député d'organiser une rencontre au milieu d'une campagne électorale — une rencontre secrète avec des hauts fonctionnaires et des maires — et les associer ainsi à un financement qui n'avait pas encore été établi par le Parlement.
Nous savons qu'on a demandé au Parlement de dépenser cette somme. mais on ne lui a pas demandé de le faire pour le compte du député de Muskoka. On lui a demandé de dégager des crédits pour les infrastructures frontalières.
Madame la présidente, quiconque a traversé Windsor en voiture, ou tout autre point frontalier d'ailleurs, sait pertinemment que les infrastructures ont besoin d'être financées. La question des infrastructures frontalières concerne le commerce et la capacité de notre économie de grandir avec celle de notre plus important partenaire. Elle touche également la sécurité fondamentale du public et les ressources dont il faut disposer pour arrêter les armes ou la drogue à la frontière, ou empêcher les gangs de mettre la sécurité en péril.
Lorsqu'on nous a demandé de fournir, à titre de parlementaires, 80 millions de dollars pour les infrastructures frontalières, nous pensions que l'argent serait utilisé à cette fin. Au lieu de cela, on a siphonné 50 millions de dollars de cette somme pour Muskoka. Ces 50 millions ont été placés dans un fonds et versés, du moins selon ces documents, à un club sélect composé du maire de Muskoka, de l'administrateur de l'auberge Deerhurst et du ministre lui-même, ce qui est tout à fait inhabituel. Quant au vérificateur général, il n'a été mis au courant d'aucune de ces informations.
Petit à petit, nous nous sommes rendu compte que des hauts fonctionnaires du MAECI, de FedNor, de l'équipe de gestion des sommets et d'Infrastructure Canada avaient pris part à ces rencontres. Or, lorsque le vérificateur général a demandé aux représentants de ces ministères comment l'argent avait été dépensé, ces derniers ont dit qu'ils n'en savaient rien parce qu'ils n'avaient pas été associés au dossier. Par ailleurs, le vérificateur général n'a pas reçu le procès-verbal indiquant quels hauts fonctionnaires avaient participé aux réunions.
J'envisage donc la possibilité extrêmement troublante que le vérificateur général ait été trompé. Je trouve par ailleurs très troublant que des hauts fonctionnaires n'aient pas informé le vérificateur général de leur participation.
Le vérificateur général a rapporté en outre qu'il n'y avait aucune trace documentaire et que cela était choquant. On n'avait jamais rien vu de tel: un montant dépensé sans pièces justificatives. Là encore, en consultant des documents que nous ont fournis des collectivités de la région de Muskoka, nous avons pu remonter au cabinet du ministre Clement, ce qui est très inhabituel et tout à fait inacceptable. Si cela est vrai, cela donne l'impression qu'il s'agit de son argent et de son pouvoir politique de le distribuer, au lieu d'être ceux du gouvernement du Canada.
Ces formulaires qu'il a créés — ces formulaires maison — ne renvoient même pas ni aux ministères, ni au gouvernement du Canada. On y consigne: « Transmettre la demande au bureau de circonscription de Tony Clement », autre violation à toutes les règles de conduite habituelles d'un ministre.
Quant à la question de savoir si cela a été fait à des fins politiques ou il s'agissait d'une violation du Code d'éthique, il faut replacer l'affaire dans son contexte. Lors des élections de 2006, n'a gagné que par quelques voix, entre 13 et 20. Politiquement, c'était certainement le ministre le plus en difficulté du gouvernement conservateur.
Politiquement, il avait tout intérêt à tenir une réunion au beau milieu de l'élection de 2008 et à promettre de larges sommes d'argent pour sa circonscription. Ainsi, de nombreux maires et collectivités qui ne l'avaient pas appuyé lors de l'élection précédente de 2006 devinrent pour lui d'ardents partisans.
Je crois que cette question a été portée à l'attention du Comité de l'éthique. Il faut arriver à comprendre pourquoi le vérificateur général a publié un rapport dans lequel les informations mises à sa disposition ne correspondent pas aux faits. Les Canadiens ont le plus grand respect pour le rôle du vérificateur général. Nous lui faisons entièrement confiance pour qu'il demande des comptes à toutes les administrations. Si le vérificateur général ne reçoit pas les documents nécessaires, si les bureaucrates lui disent qu'ils n'ont aucune idée des dépenses qui ont été faites dans les dossiers qui les concernent au premier chef, on se demande alors s'il n'y a pas eu de manquements à l'éthique de la part de ce gouvernement.
J'aimerais que l'on débatte de cette motion. Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Je signalerais tout d'abord que le a d'emblée accepté de témoigner devant le Comité des comptes publics et que cela se fera dans les prochains jours.
Je signalerais deuxièmement que cette motion, que M. Angus a jugé bon d'annoncer dans une conférence de presse nationale, n'est même pas assez importante pour que tous les députés néo-démocrates soient présents lorsqu'elle sera mise aux voix. Je m'interroge donc sur la sincérité du député et sur l'importance de la motion.
Je vous dirais en outre, madame la présidente, que le bureau du vérificateur général a été on ne peut plus clair. Il a fait toute la lumière sur cette affaire et n'a pas l'intention de rouvrir l'enquête.
Je soulignerai par ailleurs que l'on a rendu compte de tous les crédits utilisés. Chacun des projets a été annoncé publiquement. C'est avec fierté qu'on les a annoncés en partenariat avec les municipalités de la région, où ils ont apporté des bénéfices tangibles.
J'aimerais faire au député un commentaire sur ce qu'il affirme à propos des infrastructures frontalières à Windsor. Premièrement, notre parti ne représente pas la ville de Windsor, mais je félicite le député d'Essex qui, à mon avis, a été le plus ardent défenseur que je connaisse des investissements dans les infrastructures frontalières de la ville. Il a entièrement soutenu le processus du DRIC. Quelles mesures correspondantes avons-nous vues de la part du gouvernement conservateur sous la direction de ? Il y a eu des investissements record dans les infrastructures de la porte et de la frontière à Windsor. J'en suis fier. C'est tout à l'honneur de Jeff Watson.
Si monsieur Angus veut parler de Windsor, je peux lui fournir toutes sortes de documents sur le bilan du gouvernement en matière d'investissements dans les infrastructures transfrontalières, non seulement à Windsor, mais dans tout le pays. J'en suis fier, parce que nous croyons dans le commerce. Nous savons que si le NPD en avait l'occasion, il arrêterait tous les échanges avec les États-Unis et dénoncerait l'ALENA et tout le reste, madame la présidente. Franchement, il n'y croit pas. Il semble vouloir une frontière plus fluide avec les États-Unis, mais pas de flux entre les deux pays.
Nous nous opposerons à cette motion, madame la présidente. Évidemment, le témoignera devant le Comité des comptes publics. Si monsieur Angus dit vrai, il voudra — je suppose — y assister et obtenir tous les éclaircissements qu'il souhaite.
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J'ai écouté mes collègues avec grand intérêt. M. Butt débute au comité, il débute au Parlement, je crois. Je ne veux tout simplement pas qu'il se méprenne. À propos de la présence de la commissaire, nous parlions de la motion vexatoire et frivole présentée par M. Del Mastro, et elle nous a dit qu'il n'y avait rien de substantiel.
Mais là n'est pas la question. La raison pour laquelle nous n'avons pas interrogé la commissaire à l'éthique à propos de M. Clement, c'est que nous ne lui apportions pas la lettre; la lettre s'adressait à notre comité. La commissaire est indépendante, c'est un agent indépendant du Parlement. Nous, membres du comité, sommes maîtres chez nous. Voilà comment fonctionne le processus parlementaire.
Voilà pourquoi c'est ici, au comité, que je présente cette motion; et c'est pour deux raisons essentielles qu'il faut le faire. Après 112 jours de mise à l'écart, M. Clément a annoncé — je le sais — qu'il va témoigner devant le Comité des comptes publics et qu'il se fera accompagner par le plus de gens possible. La question des comptes est distincte de celle dont je parle. Nous savons que les 50 millions de dollars ne sont qu'une petite partie de la somme qui a été acheminée à Muskoka grâce à de nombreux programmes que contrôlait M. Clément en prévision du G8. Cette somme est beaucoup plus élevée, elle dépasse les 100 millions de dollars. La plupart de ces programmes n'ont pas été vérifiés.
Je sais pertinemment que le Comité des comptes publics a un rôle à jouer dans cette affaire. Mais le Comité des comptes publics ne s'occupe pas des manquements à l'éthique, il ne s'occupe pas du fait que des réunions secrètes aient été tenues en pleine élection et en présence de hauts fonctionnaires. Des hauts fonctionnaires du gouvernement du Canada ont pris, au beau milieu d'une élection, le temps d'assister à des réunions où l'on a tenu un procès-verbal sur un fonds qui n'existe pas. Et lorsque la vérificatrice générale a cherché à en savoir plus, cette réunion importante a été passée sous silence. Ce document n'a pas été remis à la vérificatrice générale. Lorsque les bureaucrates clés qui avaient participé aux réunions ont eu l'occasion d'expliquer leur rôle par l'entremise de leurs ministères respectifs, rien de cette information n'a été remis à la vérificatrice générale. On se demande donc ce qui est arrivé.
Il s'agit d'une question d'éthique. Ce n'est pas une question de comptes publics. Il s'agit de savoir ce qui arrive lorsque les représentants d'une bureaucratie demandent à des maires, à l'occasion de rencontres particulières, de fixer les critères qu'ils souhaitent pour obtenir des fonds et qu'ils répartissent ensuite ces fonds entre eux. C'est un manquement total à n'importe quel protocole jamais établi dans une démocratie occidentale fiable. Or, on a laissé cela se produire sans en informer la vérificatrice générale. Elle n'en savait rien et on ne lui a pas dit que le ministre Clement lui-même avait les documents pour le prouver. Je dirais que cela représente un manquement à l'éthique, qui va bien au-delà d'une question de comptes publics.
Je ne crois pas qu'il faille en débattre toute la journée. Je suis content que mon collègue sache où se trouve Windsor, mais il devrait savoir que Muskoka est bien loin de la frontière et que Muskoka a reçu 50 millions de dollars qui étaient destinés à la frontière et qui ont été acheminés dans la circonscription, et que le Parlement a été trompé. Si le gouvernement conservateur pensait que Tony Clement avait besoin de 50 millions de dollars pour être réélu, cela aurait dû être un poste budgétaire. Voilà comment agirait un gouvernement légitime. Il dirait que Tony avait besoin de 50 millions de dollars et produirait le poste de dépenses, que nous verrions dans le budget. Nous n'avons pas vu le poste de dépenses de 50 millions de dollars de Tony Clement; nous avons vu un poste de dépenses pour les infrastructures frontalières. Le jour où les États-Unis iront jusqu'à Barrie, alors peut-être qu'un investissement dans les kiosques contribuera à fortifier notre armée. Mais pour l'instant, Muskoka est à 200 km de la frontière. On a dit au Parlement que cet argent était destiné à la frontière; on ne lui a pas dit qu'il était destiné à Tony Clement. Encore une fois, je crois que c'est une atteinte au Parlement.
Cette question relève de notre comité. Le Comité de l'éthique doit en être saisi et doit se pencher sur ce manquement de la part du ministre et sur la question de savoir si des hauts fonctionnaires ont participé à un camouflage destiné à empêcher la vérificatrice générale de faire son travail.
Je sais que Dean peut étirer la sauce toute la journée, alors nous ne nous étendrons pas trop sur le sujet.
Si M. Clement s'était présenté devant le comité de l'éthique, nous aurions pu lui demander pourquoi il disait aux maires de la région de se taire jusqu'à ce qu'on leur dise quoi dire, de ne pas faire d'annonces, car cela le mettrait dans une situation et je cite « inconfortable », car certains usages un peu louches de l'argent — notamment le fait de parler d'un centre des médias alors qu'on était en train de construire un aréna de hockey de dimensions olympiques — étaient certainement problématiques pour eux. On disait donc aux maires de la région de se taire jusqu'à ce que Tony leur dise quoi dire.
Je ne connais pas, bien sûr, les façons de travailler de l'équipe de M. Del Mastro, mais habituellement, lorsque nous collaborons avec les maires et que nous avons une bonne nouvelle à annoncer, nous ne les empêchons pas d'en parler. Je n'ai pas besoin de leur téléphoner pour leur dire: « Écoutez, ne parlez à personne jusqu'à ce qu'on vous dise quoi dire ». On se demande alors ce qu'ils craignaient.
Je vais toutefois m'en tenir à cela pour l'instant. J'aimerais clore par une phrase tirée de l'un de nos plus grands journaux, le Sun. Dans le Sun, un éditorialiste titrait: « L'heure a sonné pour Tony ».
Lorsqu'un éditorialiste du Sun déclare que Tony Clement a enfreint à répétition à peu près toutes les normes en matière de reddition de comptes et d'éthique et qu'il doit partir, je veux dire...
Dean, quand vous n'avez pas l'appui de journaux comme le Sun , on peut dire que vous êtes dans de beaux draps.
Je suis tout à fait d'accord avec l'éditorialiste du Sun lorsqu'il dit qu'il a enfreint à peu près toutes les normes en matière de reddition de comptes et d'éthique, et c'est la raison pour laquelle nous avons présenté cette motion au comité.
Je n'ai rien à ajouter.