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Bonjour. Je vais laisser à tout le monde le temps de s'installer, et nous commencerons la réunion.
En attendant, je tiens à signaler aux membres que, à la demande du comité, le greffier est parvenu à faire en sorte que les témoins se présentent devant nous le jeudi 20 octobre. Cela dit, nous n'accueillerons ce jour-là que deux témoins. La Fédération canadienne des contribuables se présentera durant la deuxième heure de la réunion du mardi 18 octobre. Ce jour-là, nous accueillerons deux groupes de témoins, auxquels nous accorderons une heure chacun. Je voulais simplement vous faire savoir que cette question avait été réglée.
Pour mon propre bénéfice, mais également pour rafraîchir la mémoire des membres du comité et de ceux qui n'étaient pas présents au moment où cette motion a été présentée, je tiens à rappeler que la motion adoptée était la suivante: Que le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique convoque des témoins pour entendre leur témoignage au sujet du conflit relatif à l'accès à l'information et des poursuites concernant la Société Radio-Canada qui en découlent. Je demande aux membres d'axer leurs observations et leurs questions sur le volet « accès à l'information » de la Société Radio-Canada, la SRC. Je vous demande de vous en tenir à ce sujet.
À titre informatif, je vais expliquer brièvement aux témoins la manière dont nous allons procéder. Vous aurez 10 minutes chacun pour présenter votre exposé, après quoi les membre du comité vous poseront des questions. Le premier tour de questions sera un tour de sept minutes. Les témoins poseront leurs questions à tour de rôle. Les sept minutes en question comprennent les questions des membres et vos réponses. Je suis désolée, mais j'interromprai la personne qui parle au moment où ses sept minutes seront écoulées.
Monsieur Bernstein, voulez-vous prendre la parole en premier?
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Bonjour, mesdames et messieurs et madame la présidente. Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole devant vous.
Je veux tout d'abord énoncer mon opinion de manière à ce qu'il ne subsiste aucune ambiguïté à ce sujet. À mon avis, la Société Radio-Canada n'a pas le droit de bloquer les demandes d'accès à l'information concernant ses transactions financières. À mes yeux, il est évident qu'une société qui touche des millions de dollars de fonds publics est tenue de faire preuve d'une transparence complète quant à la manière dont elle utilise ces fonds.
En outre, de la part d'une société qui possède un service de nouvelles s'appuyant sur un nombre considérable de données découlant de demandes d'accès à l'information, de la part d'une entité qui exprime son amer mécontentement lorsque ses demandes d'accès à l'information sont rejetées, il est hypocrite de refuser aux autres cet accès à l'information qu'elle-même réclame.
Je ne suis pas d'accord avec la SRC lorsqu'elle affirme que la divulgation d'informations de cette nature la placera en situation de désavantage concurrentiel. À mon avis, une telle affirmation est ridicule. De nombreux employés de CTV et de Global par exemple, ont travaillé auparavant pour la SRC, et à l'inverse, de nombreux employés de la SRC ont travaillé pour CTV et Global dans le passé. Il est tout simplement grotesque de croire que les uns ne savent pas comment les autres fonctionnent. Au sein du secteur canadien de la radiodiffusion, le phénomène de pollinisation croisée fait en sorte que chaque réseau sait comment les autres font leur travail, et que tous les réseaux travaillent et dépensent leurs fonds de façon semblable.
Si la SRC refuse de divulguer des renseignements concernant ses transactions financières, c'est uniquement parce qu'elle craint que certaines des erreurs qu'elle a commises et des gaspillages de fonds dont elle s'est rendue responsable qui seront rendus publics au bout du compte conduiront ceux qui tiennent à porter atteinte aux radiodiffuseurs publics à faire de la publicité négative à son égard et même à la tourner en ridicule.
Je crains que cette peur ne soit fondée. Au sein du milieu politique et de celui de la radiodiffusion, il y a toujours eu des opposants qui n'ont pas eu le moindre scrupule à s'en prendre à la SRC en se fondant sur des erreurs tirées hors de leur contexte et en exagérant l'importance de mauvaises dépenses insignifiantes. À l'heure actuelle, l'hystérie anti-SRC a atteint des proportions épidémiques. Les nouvelles diffusées sur les réseaux d'information constituent un excellent exemple du fait que des gens n'ont aucun scrupule à utiliser des données faussées et des allégations en grande partie exagérées dans le but de discréditer la SRC. De plus, il est bien connu que des parlementaires s'en sont pris à la SRC sans prendre le temps d'examiner l'objet et l'impartialité de leurs récriminations.
Indépendamment de tout cela, je persiste à croire que la SRC doit rendre publics ses livres comptables. Si elle n'aime pas la façon dont ils sont lus ou interprétés, elle a le devoir de fournir des explications au public qui finance ses activités, et de ne rien lui cacher.
Cependant — et il s'agit d'une restriction importante —, il y a une autre observation que je dois faire, observation incidente, mais digne d'intérêt pour nos présents travaux. À mes yeux, il est incroyable que des parlementaires ou des politiciens de quelque échelon de gouvernement que ce soit accusent la SRC de fournir des réponses évasives au public. Existe-t-il une quelconque entité qui tente davantage qu'un gouvernement de cacher les erreurs qu'elle a commises?
Si vous le permettez, je vais vous donner un exemple pour illustrer cela. Combien de temps ont mis les Canadiens, tant des particuliers que des journalistes, pour découvrir à quel point le montant dépensé pour les réunions du G8 et du G20 de l'été dernier s'approchait du milliard de dollars? Nous avons assisté au spectacle d'un ministre qui, durant la période des questions, refusait de répondre à des questions concernant la façon dont il avait dépensé les 50 millions de dollars affectés à l'organisation de ces sommets.
L'hypocrisie de la SRC n'a d'égale que celle dont font preuve les administrations à l'échelon fédéral, provincial, régional et municipal. Ce que je soupçonne, c'est que le gouvernement entoure ses activités de secret pour la même raison que la SRC se cache derrière des excuses, à savoir que si l'opposition, les médias et le public étaient au courant des bourdes qu'il a commises et de quelques-uns des mauvais emplois de fonds publics dont il s'est rendu responsable, cela représenterait une énorme source d'embarras pour les personnes qui tiennent les cordons de la bourse du pays.
Oui, la SRC doit ouvrir ses livres. Je souhaite que les tribunaux la forceront à le faire et prendront une décision défavorable à son égard.
De surcroît, il est temps que tous les Canadiens exigent du gouvernement le même degré de transparence que certains parlementaires exigent de la SRC. J'ai travaillé pour la SRC, pour CTV et pour Global, et il n'était pas rare que j'entende mes collègues évoquer le fait qu'ils devaient se rendre à Washington pour découvrir ce qui se passait à Ottawa. Le secret dont le gouvernement du Canada entoure ses activités est démesuré, et cela est absurde si l'on tient compte de la place qu'occupe dans le monde le Canada sur les plans économique, politique et stratégique.
J'estime que l'un des meilleurs moyens de forcer la SRC et les gouvernements du Canada à mettre de l'ordre dans leurs affaires consisterait à faire savoir au public à quels égards le gaspillage et les dépenses mal avisées se produisent. Une fois que la population canadienne connaîtra les erreurs ayant été commises, les personnes responsables n'auront d'autre choix que de réparer leurs erreurs, faute de quoi elles seront punies par leur congédiement ou quelque chose de pire encore. La plupart des Canadiens comprennent qu'il est normal que des sociétés aussi importantes que la SRC et que des entités politiques d'une ampleur semblable à celle des administrations fédérale, provinciales et municipales commettent des erreurs de jugement. Les Canadiens sont prêts à pardonner aux personnes qui reconnaissent leurs erreurs et prennent rapidement des mesures pour les réparer. C'est lorsque l'on tente d'étouffer une affaire et que l'on entoure ses activités de secret que l'on transforme inévitablement une simple erreur en scandale.
Permettez-moi de résumer mon propos. Oui, la SRC doit ouvrir ses livres. Cela dit, il me semble quelque peu inconvenant de chercher la paille dans l'œil de son prochain et de ne pas voir la poutre qu'on a dans le sien.
Merci de m'avoir écouté.
Je souhaite le bonjour à madame la présidente et aux membres du comité, de même qu'à l'autre témoin.
Merci de m'avoir invitée ici.
Je fais partie de l'organisation I Love CBC — Peterborough. L'étude entreprise par le comité a suscité mon intérêt, et j'espère que vous serez intéressés à entendre le point de vue d'une simple citoyenne canadienne n'ayant pas d'intérêt personnel dans toute cette affaire.
Je travaille dans le secteur des arts. Je suis travailleuse indépendante. Je travaille à temps plein pour des éditeurs canadiens, britanniques et américains. Je ne suis membre d'aucun parti politique. Je fais partie des 80 p. 100 de Canadiens qui tiennent à la SRC.
Je ne suis pas experte en matière d'accès à l'information, mais j'ai un peu lu sur le sujet, et je vais vous exposer ma façon de voir les choses. La SRC est assujettie à la Loi sur l'accès à l'information depuis septembre 2007. Elle fait l'objet de critiques parce qu'elle n'a pas donné suite en temps opportun aux demandes d'accès à l'information, comme l'exige la loi. Elle fait valoir que, depuis qu'elle est assujettie à la loi, elle est submergée de demandes d'accès à l'information.
Dans un premier temps, la SRC affichait un taux de présomption de refus de 80 p. 100 environ. À présent, ce taux a été abaissé à 20 p. 100 environ, et le nombre moyen de jours mis par la SRC pour donner suite à une demande a diminué de façon considérable. La commissaire à l'information a elle-même indiqué récemment au comité qu'elle avait observé des améliorations, et qu'elle était satisfaite.
Nous savons que la SRC représente un trésor national. Il faudrait qu'elle fasse preuve de transparence en ce qui concerne ses transactions. Ainsi, je ne peux pas vraiment être d'accord avec l'argument formulé par la SRC selon lequel elle ne devrait pas avoir affaire au Commissariat à l'information dans le cas d'affaires liées à l'exemption. J'estime que l'on peut faire confiance à la commissaire à l'information et à la Cour fédérale pour protéger les activités journalistiques et créatives de la SRC, de même que sa programmation.
Une absence apparente de transparence est déconcertante. À coup sûr, cela risque de ternir l'image de la radiodiffusion publique. Le président et les membres du conseil d'administration de la SRC revendiquent la responsabilité des questions liées à l'accès à l'information, et comme chacune de ces personnes a été nommée par le premier ministre, les choses s'embrouillent un peu.
Il convient de souligner que presque toutes les demandes d'accès à l'information soumises à la SRC proviennent d'entreprises médiatiques appartenant à Quebecor, concurrent de la SRC.
Avant son décès, Dalton Camp a formulé une mise en garde que je traduis librement de la façon suivante:
Lorsque vous entendez des gens évoquer la nécessité de diminuer le rôle que joue la SRC ou de liquider ses éléments d'actif, regardez bien qui parle — il s'agit de personnes qui s'expriment non pas au nom de la population du Canada, mais au nom d'actionnaires d'un autre type de société.
Il m'arrive régulièrement de lire dans le Peterborough Examiner — une publication de Sun Media, c'est-à-dire de Quebecor — des articles concernant les coûts qu'entraîne la SRC pour les contribuables. Il s'agit d'un étalage de jérémiades concernant le gaspillage d'argent que représenterait la SRC pour les contribuables. En fait, la SRC coûte 34 $ par habitant chaque année! Il s'agit d'une bonne affaire.
Alors, pourquoi sommes-nous ici? Est-ce parce que la SRC semble manquer de transparence? Est-ce en raison des attaques dirigées par Quebecor à l'endroit de la SRC? Est-ce pour une quelconque autre raison?
Mon député, M. Del Mastro, affirme que bon nombre de personnes de sa circonscription lui parlent de la SRC. En tout cas, ce n'est pas moi qui l'ait fait, ni quiconque que je connaisse. Si on nous avait demandé, à moi ou à une de mes connaissances, d'indiquer notre principale préoccupation en ce qui concerne la SRC, j'aurais répondu — et je sais que mes connaissances auraient répondu — que notre principale préoccupation tient à l'avenir de la SRC et aux véritables intentions du gouvernement.
Je sais combien de personnes ont communiqué avec M. Del Mastro l'hiver dernier au sujet de la SRC, et je ne pense pas qu'il soit pertinent à ce moment-ci d'établir ce qui est à l'origine de ce phénomène, mais à Peterborough, des gens ont cru que l'avenir de la SRC était en jeu, et cela a déclenché de vives réactions dans la ville. Cela a fait énormément jaser sur les médias sociaux. Des pétitions ont été lancées. Il s'agissait non pas de pétitions en ligne, de questionnaires sollicités ou de coups de sonde, mais d'un soulèvement spontané, d'un mouvement lancé par de simples citoyens de la grande région de Peterborough à propos de l'avenir de la SRC. J'étais assurément mêlée à tout cela, mais je ne suis pas au courant de toutes les pétitions qui ont circulé. Je suis au courant des lettres, des cartes postales et des documents qui ont circulé sur support papier.
Disons que 9 000 personnes — il y en avait certainement 6 000, mais 9 000 est un chiffre réaliste — se sont exprimées sur la question. Elles ont demandé au gouvernement Harper de garantir qu'il tenait à la SRC, que son financement ne serait pas réduit et qu'elle disposerait des ressources et du soutien requis pour remplir son mandat. Des milliers de documents écrits exigeant une réponse ont été envoyés au premier ministre.
Ce dernier n'a pas répondu à ces requêtes, mais notre député l'a fait. Avant l'élection, il a déclaré que le gouvernement maintiendrait ou accroîtrait le financement de la SRC. Il s'agissait d'une promesse, et le ministre de Patrimoine canadien a pris le même engagement au lendemain de l'élection.
Que s'est-il passé? D'après ce que je peux lire, la SRC pourrait voir son budget réduit de 10 p. 100, et certains parlementaires réclament que l'on mette purement et simplement fin au financement de la SRC.
Comme nous discutons de la SRC, je souligne au passage que l'on a parfois l'impression que la SRC devrait plutôt s'appeler la SRT — la Société de radiodiffusion de Toronto. Il serait bien que la SRC mette en place une station de radio à Peterborough. Il s'agit d'une région qui compte 250 000 habitants environ. Ce que je veux dire, c'est que chaque région possède son propre point de vue sur ce qui se passe au Canada, et il est déplorable de constater que la SRC a dû réduire sa présence dans les communautés du pays pour des raisons de nature principalement financière.
En conclusion, je souligne que le comité peut encourager la direction de la SRC à ne pas abuser de l'exception prévue par la Loi sur l'accès à l'information. Le comité peut constater que la SRC, notre système national de radiodiffusion, la voix des Canadiens, fait l'objet d'attaques menées par des intérêts privés et des entreprises concurrentes.
L'essentiel, ce qui est véritablement important, c'est que la SRC prospère et qu'elle soit célébrée. Ainsi, dans son rapport, le comité peut recommander que le premier ministre et le gouvernement affirment clairement qu'ils soutiennent la SRC et qu'ils maintiendront ou accroîtront son financement. C'est la promesse qui a été faite, et cela devrait mettre fin au débat et constituer un nouveau départ.
Merci.
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Je ne savais pas expressément que les demandes visaient des choses comme des reçus de restaurant, mais je m'en doutais. Comme un nombre considérable de renseignements sont accessibles, je m'étais posé la question de savoir ce que ces gens pouvaient bien vouloir savoir. La vérité, à mes yeux, c'est que ces gens veulent obtenir des renseignements pouvant facilement être cachés au moment de faire la comptabilité, et ces choses concernent des sommes qui sont déplacées de manière...
Ce que je veux dire, c'est que je sais ce dont il s'agit. Je l'ai fait moi-même. En toute honnêteté, j'ai moi-même déplacé des sommes en me disant que, si quelqu'un d'autre s'en apercevait, il ne comprendrait pas forcément de quoi il retourne. Par exemple, si je me trouve à l'étranger pour couvrir un événement et que quelqu'un me dit que je ne peux payer quelque chose de précis qu'en argent comptant, je le fais, et aucun reçu ne m'est remis pour cette dépense. Je dois fournir des explications à mes patrons à mon retour.
À mon avis, si quelqu'un examine cela sans savoir exactement de quoi il retourne, il me poserait quelques questions: D'où vient cet argent? Où est passé cet argent? Pourquoi n'existe-t-il aucun reçu?
Ce genre de chose se produit tout le temps dans le secteur journalistique. Il existe toutes sortes de dépenses pouvant être très difficiles à justifier. Je pense que c'est de ces dépenses difficiles à justifier dont il est question, de ces dépenses pouvant amener facilement quelqu'un à pointer du doigt et à dire: Regardez ce que font ces gens — ils sont incapables de justifier telle ou telle dépense.
J'ai couvert la guerre en Bosnie, et certaines organisations croates affirmaient que le gouvernement serbe avait assumé les coûts de mon voyage. Tout ce que je pouvais dire, c'est que cela était faux, mais cela n'a pas été suffisant pour empêcher des journalistes délirants d'affirmer que le gouvernement serbe avait payé mon voyage.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci aux témoins de s'être présentés ici ce matin.
Je vais d'abord m'adresser à vous, monsieur Bernstein. Vous avez affirmé que le litige opposant actuellement devant les tribunaux la SRC et le Commissariat à l'information du Canada faisait paraître ce dernier comme hypocrite.
Je ne sais pas si tout le monde sait sur quoi porte ce litige. La commissaire à l'information tente d'obtenir le droit d'examiner des documents ayant été demandés. Elle déterminera ensuite si ces documents sont visés par la protection prévue par l'article 68.1, ou s'ils devraient être divulgués.
Vous avez indiqué que, selon vous, il était hypocrite de la part du Commissariat à l'information de pouvoir s'en prendre publiquement à tout organisme gouvernemental — ou au gouvernement lui-même — n'étant pas disposé à divulguer les documents demandés.
Partagez-vous la crainte que... Il me semble que vous militez même pour que la SRC passe à l'étape suivante, et qu'elle vous dise, par exemple: voici les renseignements touchant toutes nos activités; nous ne cherchons même pas à nous prévaloir de l'exemption prévue à l'article 68.1; voici les renseignements concernant toutes nos activités — examinez-les, nous n'en avons pas honte. Nous commettons des erreurs, mais nous mettons à votre disposition tous les renseignements concernant nos dépenses.
Ai-je raison d'affirmer cela?
Tout d'abord, la meilleure façon pour moi de répondre à votre question consiste à dire que, au sein de la SRC — et il a fallu 75 ans pour en arriver là —, diverses personnes sont responsables de divers secteurs, comme c'est le cas dans toute entreprise, et que les personnes les plus douées ont appris comment amasser et conserver des fonds pour elles-mêmes, et comment faire fonctionner le système pour conserver leur argent de manière à ce qu'elles puissent créer les émissions de télévision qu'elles souhaitent créer. Lorsque je dis qu'elles amassent de l'argent pour elles-mêmes, je ne veux pas dire qu'elles le font pour leur bénéfice personnel.
Toutefois, certaines l'ont fait, et il est parfois difficile pour d'autres membres de l'organisation de parvenir à déterminer comment l'argent est utilisé et comment il est dépensé. Est-ce la raison pour laquelle la SRC s'oppose à l'accès à l'information? Peut-être, mais selon moi, uniquement de façon accessoire — uniquement dans la mesure où quelqu'un pourrait découvrir ce que ces personnes elles-mêmes ne peuvent découvrir à propos de la façon dont quelqu'un dépense son argent au sein de son petit empire à l'intérieur de la SRC.
Je ne crois pas que les patrons savent exactement eux-mêmes comment les fonds sont dépensés au jour le jour.
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Non, probablement pas. Je crois que les demandes d'accès à l'information continueront à être soumises à un rythme assez constant. Nous parlons ici d'une guerre que se livrent des concurrents, et sept... il faudrait peut-être accroître ce nombre... je ne le sais pas.
Cela me préoccupe dans la mesure où je trouve cela curieux. Je trouve également curieux que le président et les membres du conseil d'administration soient les personnes responsables de l'accès à l'information au sein de la SRC, et que ces personnes ont toutes été nommées par le gouvernement conservateur. Certaines choses sont curieuses.
Cela dit, il s'agit de la dernière fois que je rencontre le comité. Il commence une importante étude, et je lui souhaite bonne chance — il a un mois de travail intense qui l'attend. Si vous le permettez, j'aimerais simplement dire que le sujet dont nous discutons en recouvre un autre, à savoir l'avenir de la SRC. On peut tout bonnement supprimer une organisation, ou la réduire petit à petit à tel ou tel égard jusqu'à ce qu'elle soit rendue méconnaissable et que les gens ne tiennent plus à elle, alors à quoi bon? C'est ce qui m'inquiète. C'est ce qui me préoccupe.
Puis-je vous demander de bien vouloir vous rappeler d'indiquer dans votre rapport que le principe directeur doit être le suivant: le Canada a besoin d'un système de radiodiffusion publique. Cela définit le Canada. Si la SRC telle que nous la connaissons devait disparaître, c'est le Canada qui disparaîtrait.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup de vous être présentés ici aujourd'hui. À coup sûr, tout cela est intéressant. J'ai quelques questions à poser concernant certaines des réponses qui ont été formulées.
Tout d'abord, monsieur Bernstein, je voudrais simplement obtenir des éclaircissements à propos de ce que vous avez mentionné plus tôt, à savoir que vous étiez d'avis que le simple fait que CTV, Global ou quelque autre entreprise de même nature ait pu toucher un crédit d'impôt ou quelque chose du genre... à quel moment est-ce que l'accès à l'information, le financement public, entrent en ligne de compte? J'avancerais que toute entreprise... imaginons le cas de deux concessionnaires d'automobiles concurrents — si l'un utilise le crédit d'impôt à l'embauche pour engager quelques employés et que l'autre ne le fait pas, est-ce que cela autoriserait un concessionnaire à vous demander, et l'autre...
Je crois que nous devons être très prudents lorsque nous faisons cela, car j'estime qu'à un certain moment, tout le monde — toute entreprise du Canada — qui demande et obtient un remboursement d'impôt, un crédit d'impôt ou un allégement fiscal à tel ou tel égard... je crois que nous devons être vraiment prudents au moment de distinguer ce qui constitue, pour les sociétés et les entreprises, du financement direct et des allégements fiscaux indirects.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour, monsieur Bernstein et madame Denton.
Monsieur Bernstein, comme je n'ai jamais travaillé pour la SRC, je dois prêter foi à ce que vous nous dites aujourd'hui, et comprendre le problème à la lumière des questions posées par M. Benskin concernant les états financiers.
Je viens du milieu des affaires, et je comprends donc que, lorsque l'on fait des affaires, on est tenu de rendre des comptes par le truchement des rapports que l'on soumet à l'ARC. Nous avons la responsabilité de nous assurer que nous nous acquittons de nos applications sur le plan financier, que nous payons nos impôts et que nous rendons compte de nos dépenses et de tous les éléments devant figurer dans un rapport de fin d'exercice. En outre, je conviens avec vous que les états financiers supposent un nombre considérable de détails, et qu'il est impossible de tous les faire figurer dans un rapport affiché sur un site Web, même si ces détails nous permettraient de comprendre beaucoup mieux les comptes. Aussi incomplets soient-ils, il faut féliciter la SRC d'afficher ces rapports, mais au bout du compte, si l'on veut en savoir davantage, il faut obtenir l'accès à l'information.
Madame Denton, à propos de la compétitivité, vous avez affirmé que les demandes d'accès à l'information vous plaçaient — je tiens pour acquis que vous vous considérez comme faisant partie de la famille de la SRC, à titre de membre de l'organisation Friends of the CBC — en situation de désavantage, que la SRC ne veut pas rendre publics ses plans, et qu'elle devrait avoir la capacité de divulguer de manière ouverte et transparente ses états financiers et je ne sais quoi d'autre. Le fait qu'elle ne le fasse pas ternit sa réputation.
Là où je veux en venir, c'est au fait que la SRC reçoit un financement de un milliard de dollars par année, et le gouvernement a déclaré qu'il maintiendrait ce financement — il en a pris l'engagement. Ce financement est là pour de bon. Cela constitue la réponse à votre question concernant l'attachement du gouvernement Harper à la SRC. Je ne discute pas de la question de savoir si ce financement est insuffisant ou trop élevé. Nous parlons ici d'un montant de un milliard de dollars, puisé à même les poches des contribuables. Même si personne ne regardait la télévision de la SRC, d'un point de vue comptable, elle toucherait quand même ce financement de un milliard de dollars. Quant à toutes les autres entreprises, si personne ne regarde les émissions qu'elles diffusent, les annonceurs retireront leurs billes. Au bout du compte, ces organisations déclareraient faillite, car elles doivent rendre des comptes à leurs actionnaires et à leurs téléspectateurs, et sont responsables de la qualité des émissions qu'elles diffusent.
La question que je veux vous poser, madame Denton, est la suivante: À votre avis, où commence l'obligation de rendre des comptes et où se termine-t-elle en ce qui concerne l'argent des contribuables qui financent cette organisation? Dans quelle mesure avons-nous le droit de savoir si l'organisation est dirigée de façon efficace?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins qui se sont présentés ici ce matin. La discussion a été intéressante.
Je tiens à vous remercier et à vous féliciter de vous en être tenus à la question de l'accès à l'information — je crois que c'est pour discuter de cela que nous sommes réunis ici. Certains d'entre nous, y compris moi, apprécient assurément les émissions de la SRC, et sont d'avis qu'elle fournit un service indispensable au pays.
Cependant, comme il s'agit d'une société d'État, elle est assujettie à la Loi sur l'accès à l'information, et ce, comme vous l'avez souligné à juste titre, depuis 2007. Ainsi, la SRC est assujettie à cette loi depuis relativement peu de temps, et comme cela a été le cas pour d'autres ministères, elle a eu besoin d'une certaine période pour s'adapter à ces dispositions législatives. J'estime que, comme la plupart des ministères, la SRC est passée par cette période d'adaptation. Je sais que le taux de conformité est à la hausse, et que de plus en plus de demandes d'accès à l'information sont traitées, et cela est encourageant. Je crois que cela est très bien.
Cependant, ce que je trouve perturbant, c'est le fait que la SRC a déclaré qu'elle considérait que la personne responsable des questions liées à l'accès à l'information, à savoir la commissaire, était incapable de déterminer quels éléments sont assujettis ou non à l'article 68.1. À mes yeux, il est encourageant d'entendre des gens, comme M. Bernstein l'a fait ici même ce matin, dire que la commissaire devrait être capable de faire. En fait, j'estime qu'elle est capable de faire cela. Elle n'occuperait pas son poste si elle ne l'était pas.
J'ai deux ou trois questions à poser pour faire suite à celles de mon collègue concernant votre commentaire touchant le « réseau d'empires internes » dont la SRC serait constituée. Je crois que vous avez dit une chose intéressante, à savoir qu'il était possible que même les personnes situées tout au haut de l'échelle ne parviennent pas à maîtriser convenablement ce réseau ou ne disposent pas d'un processus au moyen duquel elles pourraient exercer une maîtrise adéquate sur ce qui se passe. À votre avis, est-ce que quiconque possède une telle maîtrise? À votre avis, qu'est-ce qui doit changer dans ce mode de fonctionnement?
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Je suppose que si j'avais la réponse précise à cette question, je serais à la tête de la SRC en ce moment même.
Des voix: Oh, oh!
M. Howard Bernstein: Comme je l'ai dit à propos de ce problème, il a fallu 75 ans pour en arriver là.
Non, je ne crois pas que quiconque n'a une complète maîtrise de la manière dont chaque dollar est dépensé à la SRC. Je crois toutefois que la SRC a pris l'habitude de dépenser beaucoup d'argent à une époque plus faste sur le plan budgétaire.
Lorsque j'ai commencé à travailler pour la SRC, j'ai été choqué de découvrir... avant de travailler pour la SRC, j'ai travaillé pour CTV, et j'étais responsable d'un budget. Le fait de dépasser le budget de 10 ¢ me causait de graves ennuis. Toutefois, à la SRC, on m'a dit que, si je ne dépassais pas de 15 p. 100 le budget alloué, je n'obtiendrais pas d'augmentation l'année suivante. Cela était quelque peu choquant pour une personne ayant travaillé pour une entreprise privée de radiodiffusion.
Je crois que bon nombre des personnes se trouvant actuellement à la tête de quelques-uns de ces empires auxquels j'ai fait allusion ont été enfantés et éduqués par ce système. Ils ont appris comment fonctionner à l'intérieur de ce système. Ils ont appris comment dissimuler de l'argent. Ils ont appris comment dissimuler du financement pour le bénéfice de leurs propres projets ultérieurs.
Je ne sais pas comment nous devons nous y prendre pour mettre fin à cela. J'avais posé la question à mon patron à la SRC. À cette époque, mon patron était l'un des meilleurs bâtisseurs d'empires au sein de la SRC. Il m'a dit que l'unique façon de régler le problème consistait à démanteler entièrement la SRC et à tout recommencer à zéro. Toutefois, il a également dit que nous ne pouvions pas faire cela, parce que personne ne nous autorisera à recommencer à zéro après un démantèlement.
Il faut donc tenir compte des deux côtés de la médaille — la valeur de la SRC, et les problèmes internes. À mon avis, et c'est le message que je souhaite faire passer ici, il serait véritablement utile pour la SRC d'ouvrir ses livres. Cela pourrait nous permettre de régler quelques-uns de ses problèmes internes. Cela pourrait donner à la SRC l'élan dont elle a besoin pour régler ces problèmes, et les connaissances nécessaires à cette fin.
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Eh bien, là encore, il s'agit d'une pure supposition. Je ne sais pas précisément pourquoi elles agissent de la sorte.
À mon avis, leurs motivations sont en partie politiques, vu le contenu de leurs journaux et de leurs canaux de télévision, mais elles me semblent exprimer assez clairement un penchant politique précis. Je crois que cela explique en partie leur façon d'agir.
À mon avis, il faut aussi tenir compte des avantages concurrentiels qui en découlent. Le premier avantage, pour ces entreprises, est lié au fait d'obtenir cette information afin de la diffuser sur leurs réseaux de télévision et dans leurs journaux, de manière à accroître leur auditoire et leur lectorat. Le deuxième avantage tient au raisonnement suivant: d'après ces entreprises, plus la SRC obtient de l'argent, plus son auditoire sera important, de sorte que si elles parviennent à faire en sorte que la SRC perde des auditeurs, elles seront peut-être en mesure de récupérer ces derniers.
C'est tout ce qui me vient à l'esprit.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais rectifier deux ou trois affirmations qui ont été faites par des membres du comité. Tout d'abord, pour le bénéfice des témoins et des membres, en ce qui concerne l'état d'avancement du processus judiciaire mettant en cause la SRC et la commissaire à l'information, je signale que le juge Boivin a tranché en faveur de la commissaire à l'information. La SRC a interjeté appel de cette décision, et l'appel sera instruit le 18 octobre.
L'affaire a déjà été entendue par les tribunaux, et les contribuables ont financé les deux parties au litige. Devons-nous continuer à gaspiller des millions de dollars pour un litige opposant un organisme gouvernemental et une société d'État, ou est-ce que la SRC devrait se conformer à la décision et permettre à la commissaire à l'information d'établir ce qui est assujetti à l'article 68.1 et ce qui ne l'est pas? Voila ma question. Nous en sommes là. La SRC s'est présentée devant les tribunaux et a été déboutée. J'estime qu'il est nécessaire de comprendre cela.
Par ailleurs, on a entendu un certain nombre de déclarations selon lesquelles les radiodiffuseurs privés n'étaient pas assujettis à un examen de leurs profits et de leurs pertes, à un examen de leurs données de nature financière. Cela est tout à fait faux. Bienvenue au Canada — nous disposons du CRTC, auquel les radiodiffuseurs privés doivent présenter des rapports. Nous vivons dans un monde intégré verticalement, et dans un tel contexte, Quebecor est beaucoup plus qu'un simple concurrent de la SRC — de fait, elle subventionne la SRC. Selon les règles régissant la radiodiffusion au Canada, Quebecor participe au financement de la SRC à titre d'EDR et d'entreprise canadienne intégrée verticalement. Le CRTC perçoit des sommes de Quebecor et les verse directement à la SRC. J'estime que cela est raisonnable.
En ce qui concerne l'argument touchant le tarif de distribution des signaux, la SRC a affirmé qu'elle estimait qu'elle devrait toucher des sommes supplémentaires des entreprises de câblodistribution pour l'utilisation de son signal. Le CRTC a indiqué qu'il n'était pas du même avis. La SRC fera valoir qu'elle devrait recevoir des sommes supplémentaires du Fonds pour l'amélioration de la programmation locale. À mon avis, il s'agit de quelque chose de plus qu'un simple argument concernant sa situation concurrentielle. On ne peut pas non plus affirmer que la SRC fait cela simplement pour défendre les contribuables. Elle cotise elle-même à ce fonds.
Comprenez-vous bien, monsieur Bernstein, les dispositions de la Loi sur la radiodiffusion, et le fait que les radiodiffuseurs canadiens reçoivent de l'argent du gouvernement? Franchement, tous les radiodiffuseurs reçoivent de l'argent. Ils en reçoivent tous.