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J'en serai ravie. Merci.
Je vous remercie de me donner l'occasion de parler d'une partie des travaux que nous accomplissons dans le domaine du commerce et de l'économie à faibles émissions de carbone.
Je m'appelle Silvia Maciunas. Je suis la directrice adjointe du programme environnemental au Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, qui est un groupe de réflexion basé à Waterloo, en Ontario. Il s'agit d'un groupe indépendant et non partisan. Nous nous concentrons sur la gouvernance internationale. Nos travaux portent sur trois domaines: droit international, sécurité et politique mondiales et économie mondiale. Ces domaines sont souvent interreliés, comme nous le savons tous, j'en suis sûre.
Le programme sur le droit, soit le programme de recherche sur le droit international comprend quatre volets: droit économique international, droit international de l'environnement, droit international de la propriété intellectuelle et droit international des peuples autochtones.
Je suis la directrice adjointe du volet du droit international de l'environnement. Il comprend trois sujets d'intérêt — et je terminerai bientôt toute cette énumération. Il s'agit du climat, des océans et des questions émergentes liées à la gouvernance environnementale mondiale.
En ce qui concerne le climat, nous examinons des questions liées à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ou CCNUCC, et à l'Accord de Paris. Nous nous penchons également sur les liens entre le régime sur le climat et d'autres instruments internationaux. Si nous le faisons, c'est que je ne pense pas que la Convention-cadre ou l'Accord de Paris nous permettront à eux seuls de résoudre le problème climatique. Il faut voir comment d'autres éléments du cadre juridique international s'inscrivent là-dedans.
Il existe beaucoup de liens entre le climat et le commerce. La CCNUCC demeure le principal instrument de lutte contre les changements climatiques. Bien entendu, l'OMC et les accords parallèles ainsi que les nombreux accords commerciaux régionaux et multilatéraux sont les instruments utilisés dans les relations commerciales. Nous devons déterminer quels sont les liens entre eux, car dans la communauté du droit sur l'environnement, on craint que certaines règles commerciales constituent un obstacle, en fait, aux interventions nationales sur le climat.
Comme vous le savez peut-être, l'Accord de Paris comprend des obligations très générales quant aux mesures sur le climat. Il n'inclut pas un ensemble défini de mesures que doivent prendre les parties. Il n'y a pas d'approche unique; par conséquent, il est un peu difficile de déterminer ce qui pourrait fonctionner.
Le Canada conclut depuis longtemps des accords commerciaux régionaux et bilatéraux qui tiennent compte de l'environnement. Ils exigent généralement de la part des parties qu'elles s'efforcent de prendre d'importantes mesures de protection environnementale et d'éviter d'abaisser leurs normes pour attirer des investissements commerciaux. Au départ, cela faisait l'objet d'accords distincts parallèles, et dans le modèle actuel, les accords commerciaux incluent un chapitre sur l'environnement.
Des accords récents, comme le PTP et l'AEUMC, comprennent un plus grand nombre de dispositions de fond sur la nécessité de mettre en oeuvre des accords environnementaux multilatéraux précis. Ils incluent également des dispositions novatrices sur les subventions — par exemple l'élimination des subventions à la pêche pour les stocks surexploités, de même que la nécessité de prendre des mesures de conservation de la flore et de la faune. Dans les accords commerciaux, on tient davantage compte de certaines préoccupations environnementales.
Le PTP est unique en ce sens qu'il comprend un mécanisme de règlement des différends contraignant. L'AECG est très intéressant parce qu'on y exige l'adoption d'un programme de travail sur les règles commerciales et environnementales, ce qui est novateur. De plus, il engage le Canada et l'Union européenne à favoriser les investissements commerciaux dans les biens et services environnementaux, ce qui se rapproche du domaine qui préoccupe le Comité: les technologies propres.
D'autres dispositions d'accords commerciaux bilatéraux sont intéressantes. Selon une disposition de l'accord entre le Japon et l'Union européenne, les deux parties doivent mettre en oeuvre la CCNUCC et l'Accord de Paris et doivent entre autres promouvoir la contribution du commerce à la transition vers le développement à faibles émissions de gaz à effet de serre et à l'épreuve des changements climatiques. C'est un modèle intéressant dont le Canada pourrait tenir compte dans le cadre de négociations d'accords régionaux et bilatéraux.
Un accord entre la Nouvelle-Zélande et Taïwan engage les deux pays à éliminer les droits de douane sur les biens environnementaux. Encore une fois, c'est un modèle que le Canada pourrait essayer de faire progresser dans son programme sur les biens environnementaux.
Je recommanderais que le Canada continue d'adopter des dispositions novatrices dans le cadre de ses accords commerciaux régionaux et bilatéraux, surtout dans des volets qui pourraient aider à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone et au commerce des biens et services environnementaux.
L'OMC a adopté des dispositions qui permettent la conclusion d'accords environnementaux. Il y a une exception environnementale qui permet de prendre certaines mesures s'il est nécessaire de le faire pour protéger la vie et la santé des humains, des animaux et des végétaux, mais qui requiert qu'une question soit soumise au mécanisme de règlement des différends commerciaux. Cela amène beaucoup d'incertitudes, et on ne sait jamais si la mesure survivra tant que le différend commercial n'est pas résolu.
Il faut nous demander alors comment nous pouvons faire progresser certains de ces dossiers. L'OMC a-t-elle les moyens suffisants? Les accords environnementaux sont-ils suffisants? Comment gérer certaines de ces questions en suspens qui pourraient faire obstacle aux technologies propres et à la transition?
Les lectures et les travaux que nous avons faits nous ont permis de cerner un certain nombre de questions. Il y a tout d'abord les subventions. Comment favoriser les subventions vertes tout en prenant des mesures pour renoncer aux subventions en faveur des combustibles fossiles? Comment tenir compte de l'empreinte carbone des produits? Comment accroître le commerce des biens environnementaux? Je crois que tous ces aspects contribueraient au développement des technologies propres au Canada.
Les subventions sont importantes dans le contexte du développement et de la diffusion des technologies propres. Elles sont contrôlées en vertu de l'Accord sur les subventions et les mesures compensatoires, l'un des accords de l'OMC. Les subventions vertes entrent dans la catégorie des subventions pouvant donner lieu à une action. Si elles sont propres à une industrie ou à un groupe d'entreprises et qu'elles ont des répercussions négatives sur le commerce, elles peuvent être contestées à l'OMC.
Dans le cas de l'affaire des tarifs de rachat garantis en Ontario, l'OMC en a été saisie. Il y a eu contestation. Au bout du compte, on n'a pu conclure qu'il y avait une subvention. Ce n'était pas tant parce qu'on n'avait vraiment pas assez d'éléments de preuve, mais davantage en raison d'un raisonnement juridique plutôt alambiqué et sévèrement critiqué qui portait sur l'établissement de deux marchés distincts. Bien des commentateurs du domaine ne sont pas convaincus que, s'il y avait une subvention en jeu dans l'appui à l'énergie renouvelable ou à d'autres technologies propres, cela correspondait en fait aux critères de l'OMC. Une grande incertitude demeure au sujet du droit.
Les subventions se sont révélées être un outil efficace pour favoriser les investissements dans l'énergie et les technologies propres. Les programmes de tarif de rachat garantis sont abondamment utilisés. Plus de 60 pays y ont recours, et on les considère comme des moyens efficaces d'accroître les investissements dans les énergies renouvelables.
Ce que nous avons appris, c'est que l'OMC ne tient pas compte de l'intérêt public que sert la subvention et, par conséquent, les régimes de subvention peuvent être menacés par les règles commerciales. Les exigences de contenu local pour tout programme de subventions seront certainement annulées, mais il y a peut-être des moyens pour le Canada d'être un chef de file à ce chapitre. Des pays aux vues similaires pourraient chercher à négocier un accord sur les technologies propres qui règlerait la question des subventions. Il existe déjà un accord sur l'agriculture qui prévoit des règles spéciales sur les subventions agricoles, de sorte que ce ne serait pas la première fois.
Des pays aux vues similaires pourraient également chercher à négocier un accord sur les technologies propres à l'extérieur du cadre de l'OMC à l'échelle régionale. Des dispositions sur les subventions pourraient être incluses dans les accords bilatéraux ou régionaux, et le Canada pourrait également proposer une interprétation dans l'accord sur les subventions pour autoriser les subventions dont l'objectif public est justifiable.
Je vais parler rapidement de certains des autres éléments, et nous pourrons en parler davantage durant les questions.
L'autre aspect lié aux subventions vertes concerne la façon de régler le problème des subventions en faveur des combustibles fossiles, qui tendent à être un incitatif pernicieux, mais auxquelles ont grandement recours la plupart des pays développés et des pays en développement. À cet égard, le Canada s'est engagé à faire un examen international de ses subventions en faveur des combustibles fossiles. Sur cette question, il est important de faire preuve de transparence, et le Canada devrait, de bonne foi, continuer de trouver des moyens de limiter les subventions en faveur des combustibles fossiles.
Le commerce des biens environnementaux est bloqué à l'échelle internationale. Vous savez peut-être qu'il y a eu des négociations sur les biens et les services environnementaux. La dernière séance a eu lieu en 2016, et c'est tout. Il n'est pas impossible de conclure ce type d'accord. L'APEC, un accord entre 21 pays, a une liste de biens environnementaux qui ont fait l'objet d'une baisse de tarifs. Je crois que la solution consiste à essayer de reprendre les négociations bilatérales ou régionales, et peut-être à trouver un moyen de définir les biens environnementaux et de faire appel à des experts pour le faire.
Il y a une autre question et une autre solution dont j'aimerais parler.
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Je m'appelle Chris Turner. Je suis écrivain, journaliste et consultant en communications indépendant basé à Calgary.
Je remercie le Comité de me donner l'occasion de lui parler et de lui transmettre une petite partie des connaissances que j'ai acquises au cours des 15 dernières années environ, années durant lesquelles les solutions aux changements climatiques et la transition énergétique mondiale ont été mes principaux sujets en tant qu'écrivain et journaliste.
J'ai écrit deux ouvrages à succès au sujet de cette transition, des solutions aux changements climatiques: The Geography of Hope, en 2007 et The Leap, en 2011. Plus récemment, j'ai écrit un ouvrage sur la collusion entre les sables bitumineux de l'Alberta et les politiques sur les changements climatiques intitulé The Patch. Il est présentement en vente et on me dit qu'il ferait un beau cadeau.
J'ai écrit également des dizaines de discours-programmes, de discours de conférence, et j'en passe, ces dernières années pour presque tout le monde en politique, si je puis dire: de groupes environnementaux, comme Environmental Defence, jusqu'à des organisations comme l'Association canadienne des producteurs pétroliers, parce que la question des changements climatiques est tellement universelle. Il y a une raison pour pratiquement tout le monde de savoir quelle orientation nous prenons à cet égard.
J'ai également collaboré avec une poignée d'ONG, surtout sur l'énergie — plus que sur l'environnement et le climat —, avec des groupes comme le Pembina Institute, Clean Energy Canada et l'Institut pour l'IntelliProspérité. J'ai apporté ma contribution concernant le récent rapport de Génération Énergie de Ressources naturelles Canada. J'ai eu accès de près aux réflexions de toute une partie du milieu des affaires et de la société publique ici au Canada sur une vision à long terme du secteur canadien de l'énergie.
Concernant les éléments du cadre pancanadien auquel votre comité travaille, si je comprends bien, je parlerai probablement plus directement de l'idée de faire du pays un chef de file mondial à l'égard de l'énergie propre et de l'innovation. C'est vraiment un élément central dans mes travaux depuis les dernières années. J'espère pouvoir vous en donner une certaine idée. Je ne parlerai pas trop longtemps. Je vais vous laisser poser des questions auxquelles je répondrai si possible.
Je tiens à préciser tout d'abord, et j'espère que cela va de soi maintenant, qu'une transition énergétique mondiale est en cours. Elle est plus rapide que jamais. Elle prend plus d'ampleur que jamais; nous délaissons les combustibles fossiles comme sources d'énergie principales pour nous tourner vers les combustibles renouvelables.
Mike Liebreich, du Bloomberg New Energy Finance group, aime dire qu'il est probablement maintenant impossible de freiner la transition. Je retirerais le mot « probablement ». Tout ce que j'ai vu au cours des 15 dernières années, c'est l'accélération constante du succès de l'énergie et des technologies propres et le dépassement de chaque soi-disant limite; et la croissance n'a pas ralenti comme c'était censé se produire.
Selon les données de Bloomberg, on estime que d'ici 2040, le tiers de l'électricité produite dans le monde sera de source éolienne et solaire et le tiers des véhicules seront électriques. Plus important encore, les meilleures possibilités de croissance économique d'ici là sont liées à ces secteurs. On parle déjà de trillions de dollars et cela ne fera qu'augmenter.
Cette transition représente un défi majeur pour le secteur des ressources bien établi au Canada, mais également une occasion extraordinaire — qui n'arrive qu'une fois par génération dans les secteurs traditionnels des ressources — de repenser certaines façons de faire et, évidemment, pour l'économie dans son ensemble de devenir un joueur important dans ce marché en émergence.
À cet égard, mes collègues de l'Institut pour l'IntelliProspérité aiment citer Dominic Barton, de McKinsey. Voici ce qu'il a dit:
Le Canada dispose d'une combinaison unique de ressources pour faire face aux répercussions de ces tendances mondiales. C'est un chef de file dans les secteurs des ressources naturelles et de la production d'énergie. Il a une main-d'oeuvre qualifiée... Il a un solide système financier qui l'a aidé à traverser la crise financière de façon remarquable. Le Canada n'a jamais été aussi bien placé pour être un chef de file mondial.
Déterminer les mesures à prendre pour que le Canada devienne ce chef de file devrait être une grande priorité au moment où nous discutons de la portée du cadre pancanadien. À mon avis, c'est un excellent mécanisme de base. Il corrige les failles du marché qui ont permis au problème des changements climatiques de s'aggraver autant. Je ne suis pas un économiste en énergie, mais j'en connais quelques-uns, et ils s'entendent généralement pour dire que la tarification de la pollution causée par le carbone est un élément essentiel de toute stratégie sérieuse sur les changements climatiques à long terme. Je suis du même avis.
Le deuxième élément, c'est la carotte, si je puis dire, et le bâton. Cela créerait une économie des technologies propres au pays et permettrait d'exporter des solutions partout dans le monde. Cela favoriserait des échanges commerciaux plus propres et plus verts.
Les municipalités, les provinces et les territoires, et pas seulement le gouvernement fédéral, doivent élaborer de bonnes politiques pour favoriser cette croissance. Tout le monde part de rien, en quelque sorte. Nous sommes vraiment en terrain inconnu, bien que le Canada ait pris de l'avance sous certains aspects importants.
Nous disposons au départ d'un réseau très propre à l'échelle nationale, si on pense à un réseau de distribution d'électricité unique. Plus de trois quarts de notre électricité provient déjà de sources non émettrices. C'est un atout énorme. Cette situation ferait l'envie de la plupart des régimes qui travaillent à ce dossier dans le monde, c'est-à-dire qu'au départ, nous avons déjà un réseau très propre. Pour cette raison, des occasions d'affaires se présentent déjà parce que des entreprises de partout dans le monde cherchent à réduire leur empreinte. D'énormes possibilités s'offrent à cet égard.
Nous éliminons déjà progressivement le charbon, ce qui pour la plupart des pays, est l'objectif le plus facilement réalisable dans la lutte contre les changements climatiques, et nous investissons déjà beaucoup dans les technologies propres, dont dans le captage et le stockage du carbone. Les modèles sérieux pour 2050 indiquent que cela jouera un rôle énorme, et aucune technologie n'est prête pour le marché pour l'instant, et une occasion assez extraordinaire s'offre aux pays et aux entreprises de trouver des moyens abordables et économiques de capter le carbone et, idéalement, d'en faire quelque chose d'utile.
À cet égard, je vous invite à lire le rapport de l'Institut pour l'IntelliProspérité intitulé Accelerating Clean Innovation in Canada. J'y ai contribué un peu. C'est l'un des meilleurs documents courts que je connais sur le sujet, soit sur les mesures que les gouvernements canadiens devraient prendre pour l'élaboration de politiques qui favorisent la croissance. Brièvement, au Canada, nous sommes très bons aux premières étapes de la mise au point de technologies propres. Nous avons entre autres de très bons établissements de recherche, organismes et universités et des gens intelligents, mais nous réussissons moins bien à transférer les idées du laboratoire au marché. Ces dernières années, notre part dans le marché des technologies propres a diminué d'environ 40 % selon les dernières vérifications, et c'est en grande partie parce que les idées sont transformées en propriétés commerciales à l'extérieur du Canada.
Que peut faire le gouvernement? Comme je l'ai dit, le cadre pancanadien est un excellent départ. Il corrige les failles du marché et des outils sont mis en place pour favoriser la croissance du marché ici, au Canada. Il faut comprendre qu'il y a des obstacles structurels très considérables à surmonter pour entrer sur le marché des technologies propres qui requièrent une intervention gouvernementale sur plusieurs plans.
Souvent, ce que corrigent les solutions technologiques propres ne coûte rien aux entreprises polluantes, même si une tarification du carbone a été instaurée, de sorte qu'elles sont sous-évaluées sur le marché. Il existe des façons de changer cette situation. Ces innovations dans le secteur des technologies propres font souvent face à des incertitudes et à des risques majeurs. Elles sont dans de nouveaux marchés. Nous nous heurtons à des incitatifs différents et à une infrastructure déficiente. Pensons aux voitures électriques et au fait qu'on ne peut les recharger nulle part. Pensons par exemple au fait que si l'on veut rendre un immeuble plus écoénergétique, c'est le gérant ou le propriétaire de l'immeuble qui paie la note et ce sont les locataires qui paient les factures d'énergie. Souvent, il y a des incitatifs très différents lorsqu'une solution de technologies propres est offerte et il y a des mesures que les gouvernements peuvent prendre pour corriger la situation.
On peut évidemment régler les choses au moyen de la réglementation, de certains types de financement, ce qu'on commence à voir apparaître, mais aussi de l'approvisionnement en devenant un utilisateur précoce de solutions canadiennes de technologies propres avant qu'elles soient lancées et, idéalement, qu'elles deviennent une partie d'une solution globale aux changements climatiques. Nous voyons déjà ce type d'innovations dans bien des secteurs. Nommez-en une et vous constaterez qu'il y a souvent une ou deux entreprises canadiennes qui y travaillent, du stockage d'énergie au captage du carbone. Les batteries pour les traversiers électriques sont une chose à l'égard de laquelle le Canada se débrouille déjà bien, pour ce qui est de réduire les émissions dans la production du béton, par exemple. Or, ces choses requièrent un appui soutenu et ciblé pour qu'elles puissent passer du stade très préliminaire de la mise au point à la commercialisation.
Je dirais qu'il y a une entreprise que je connais assez bien, soit Carbon Engineering, qui est maintenant basée en Colombie-Britannique. Ses recherches ont émergé à Calgary et à Harvard. David Keith a été la principale personne à y travailler. Il s'agit d'une technologie permettant de capter le dioxyde de carbone directement dans l'atmosphère, ce qui est très révolutionnaire. Il pourrait s'écouler au moins une décennie avant qu'il y ait un marché pour cela, mais comme les gens qui y ont travaillé vous le diraient, lorsque ce marché apparaîtra, les répercussions seront énormes. L'un des fondateurs a dit à mes collègues de l'Institut pour l'IntelliProspérité « ne vous y trompez pas, il s'agit d'une course; l'expertise à cet égard se formera quelque part et nous voulons que ce soit au Canada »
Les gens qui innovent dans le secteur des technologies propres nous disent, tel un cri de ralliement, qu'ils savent qu'ils peuvent y arriver, mais qu'ils ont besoin de soutien pour ce faire. C'est à cet égard que le gouvernement peut intervenir.
La principale leçon que j'ai tirée au cours des six derniers mois de travaux concernant le Conseil Génération Énergie de Ressources naturelles Canada, c'est que ce qui est difficile concernant les solutions aux changements climatiques, c'est qu'il faut beaucoup de temps pour les mettre en oeuvre, qu'on en récoltera les fruits bien plus tard, certainement après les prochaines élections, et qu'il est très facile d'entrer sur un terrain qui rend tout le monde mal à l'aise.
Ce malaise fait partie de ce qui caractérise le changement que nous devons provoquer, et je vous invite donc à vous habituer à ce malaise et à comprendre que ces solutions constituent absolument la chose la plus importante à laquelle le Canada peut travailler présentement. Nos enfants et leurs enfants nous remercieront si nous faisons les choses correctement, et ils nous tiendront responsables autrement.
Rien n'est plus important que de mettre au point ces solutions. Rien n'est plus prioritaire que de résoudre ce problème. C'est un problème existentiel qui existera encore bien longtemps après que j'aurai quitter cette terre. Je vous prie donc de continuer à faire en sorte que le Canada soit un chef de file à cet égard.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
L'ordre de présentation que nous avons suivi était tout à fait indiqué.
Je suis originaire d'Edmonton, en Alberta. J'ai travaillé à des questions liées aux changements climatiques et au développement durable des ressources naturelles pendant plus de 25 ans avec diverses parties intéressées. Pour en nommer quelques-unes, j'ai collaboré avec le gouvernement du Canada, l'Institut international du développement durable et le Conseil international des mines et des métaux. Je travaille présentement avec la Banque mondiale et le Conseil canadien sur l'électricité renouvelable.
Je me considère comme un pragmatiste progressiste que les environnementalistes qualifient de transfuge et que bien des intervenants de l'industrie extractive soupçonnent d'avoir des intentions cachées. Qu'il en soit ainsi.
Je vais surtout parler de la question des résultats d'atténuation transférés à l'échelle internationale et de la mise en oeuvre par le Canada de cette importante disposition de l'Accord de Paris. À cet égard, je ne représente personne d'autre que moi-même.
« Résultats d'atténuation transférés à l'échelle internationale » est la dernière expression à la mode pour parler des mécanismes internationaux du marché du carbone. L'idée, c'est que les entités, qu'il s'agisse de gouvernements, d'entreprises ou de la société civile, ont l'option d'atteindre des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre — et également en passant, de promouvoir les technologies propres — en investissant dans les réductions à l'étranger.
On pourrait croire que le Canada aurait profité d'une telle option, étant donné que son économie est fondée sur les ressources et qu'à cet égard, il lui est difficile de respecter ses engagements en matière de changements climatiques, mais ce n'est pas le cas.
Pourquoi? À mon avis, l'obstacle le plus important est de nature conceptuelle. Des idées fausses circulent au sujet de l'échange international de droits d'émission, et ce, depuis plus de 20 ans. Bien des acteurs du secteur de l'environnement estiment que les achats à l'étranger laissent à désirer sur le plan de l'intégrité et qu'ils imposent à des entités étrangères des réductions d'émissions alors que le fardeau devrait reposer sur les grands pollueurs chez nous.
Du côté de l'industrie, on craint que des fonds publics servent à acheter des crédits d'émission pour respecter des engagements internationaux plutôt qu'à appuyer les technologies et les pratiques visant à réduire des émissions de gaz à effet de serre au pays. De plus, bon nombre de gouvernements provinciaux pensent que les résultats d'atténuation transférés à l'échelle internationale ne devraient pas représenter le concurrent concernant les fonds qui pourraient autrement appuyer les actions et les politiques nationales de lutte contre les changements climatiques. Ce qu'on oublie là-dedans, c'est que le Canada aura toujours besoin de cette souplesse pour atteindre tout objectif de réduction des gaz à effet de serre qu'il se fixe.
La Norvège est un pays intéressant à cet égard. Bien que son économie repose encore plus sur les exportations de combustibles fossiles que le Canada, elle prend de plus importantes mesures climatiques que le Canada et se fixe des objectifs tant à l'échelle nationale qu'à l'échelle internationale. L'élément essentiel à cet égard, c'est qu'elle est prête à investir dans des projets importants de réduction et de séquestration de gaz à effet de serre au-delà de ses frontières. Cela l'aide à atteindre ses objectifs et à mettre son expertise à contribution à l'étranger, ce qui est utile à l'industrie d'énergie propre florissante et au renforcement des capacités d'autres pays.
En clair, le transfert de résultats d'atténuation à l'échelle internationale peut être mis en oeuvre de façon à ce qu'il soit complémentaire à l'élaboration de technologies, de politiques et de pratiques vertes au pays pour qu'elles deviennent un élément central de l'avenir de l'économie et du développement au Canada.
Il y a des critères précis à respecter dans l'élaboration d'un régime de transfert de résultats d'atténuation à l'échelle internationale. Prévenir tout risque de double comptabilisation des crédits de réduction de gaz à effet de serre. Promouvoir l'expertise et les technologies canadiennes dans le marché d'exportation vert. Au minimum, résoudre de façon efficace toute possible incompatibilité avec les objectifs de développement durable de l'ONU et, préférablement, montrer comment il favorise l'atteinte des objectifs de développement durable dans les pays hôtes. Il devrait être élaboré en étroite collaboration avec les provinces. La décision du CCME à cet égard de procéder, concernant l'article 6, dans le cadre d'une initiative non pas fédérale mais clairement fédérale-provinciale, est très positive.
La mise en oeuvre d'un tel régime au pays se traduirait par des résultats concrets. Cela donne au Canada un moyen de s'assurer qu'il respecte cet engagement lié à l'Accord de Paris. C'est très important étant donné qu'à quatre reprises auparavant, le Canada n'a pas respecté ses engagements internationaux en matière de changements climatiques, et je m'empresse d'ajouter que ces objectifs avaient été établis sous les gouvernements conservateur et libéral. Plus important encore, cela donne des possibilités au chapitre de l'exportation de technologies, de pratiques et de connaissances canadiennes pertinentes qui favoriseront davantage l'élaboration d'un modèle économique vert au Canada et dans le reste du monde
Je vous ai déjà parlé de la Norvège. J'aimerais vous donner un autre exemple. Il suffit de regarder le modèle que le Japon a élaboré, le mécanisme de crédits conjoints. En collaborant étroitement avec l'industrie, les Japonais ont investi dans des occasions de réduire les émissions de gaz à effet de serre qui favorisent également de véritables possibilités économiques.
Des gens disent que le mécanisme des résultats d'atténuation transférés à l'échelle internationale devrait être appliqué dans des années ultérieures et qu'on devrait d'abord axer les efforts sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre au Canada. Oui, c'est une option, mais à mon avis, c'est un signe de désespoir, et cela deviendrait presque assurément épineux sur le plan politique: puisque nous avons essayé toutes les options, essayons cette dernière option qu'on appelle les résultats d'atténuation transférés à l'échelle internationale. Il serait nettement préférable d'opter pour une approche que j'ai déjà décrite — un investissement stratégique complémentaire aux mesures nationales, ce qui aidera également le gouvernement fédéral à combler l'écart par rapport aux émissions.
Enfin, il convient de souligner que le Canada a joué un rôle de premier plan dans les négociations sur l'article 6 de l'Accord de Paris et les résultats d'atténuation transférés à l'échelle internationale. À cet égard, une fois qu'on se sera entendu sur une élaboration exhaustive — de préférence dans le cadre des prochains pourparlers en Pologne —, il sera essentiel de mettre en place des systèmes fiables. Le Canada a une occasion unique de faire preuve de leadership dans ce volet en montrant que les initiatives internationales de lutte contre les changements climatiques qui aident également les pays à respecter leurs engagements de réduction des émissions constituent un pas important dans la bonne direction, puisque des pays cherchent des moyens d'accélérer les choses sur le plan des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour ce qui est des initiatives nationales et des crédits internationaux, il ne s'agit pas de faire un choix entre les deux. Il faut les deux.
J'ai également des idées quant à la structure qu'aurait un régime canadien des résultats d'atténuation transférés à l'échelle internationale, et si le Comité le souhaite, je pourrais lui envoyer un mémoire distinct à ce sujet.
Monsieur le président, je vous remercie de votre temps.
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Je peux vous fournir quelques éléments de réponse. Je suppose qu'il y a différents types de partenariats sur les combustibles fossiles et de subventions aux combustibles fossiles. L'un des problèmes de ces subventions, c'est qu'elles semblent fournir un incitatif contraire aux incitatifs qu'on souhaite mettre en place pour faciliter la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, si bien qu'on peut croire que les combustibles fossiles jouissent d'un avantage concurrentiel par rapport aux énergies renouvelables.
D'après ce que je comprends, les subventions aux combustibles fossiles sont moins susceptibles d'être contestées dans ce régime commercial. Je ne suis pas une avocate spécialisée en commerce, mais j'ai lu un peu sur le sujet. De par leur nature même, elles sont généralement plus diffuses. Il est donc plus difficile de justifier une contestation par les torts causés.
Pour ce qui est des mesures prises par le Canada, c'est là une initiative du G7. Je pense que le Canada, le G7 et le G20 ont convenu de prendre des mesures pour réduire les subventions aux combustibles fossiles dans ces deux contextes. Au G7, il y a toute une série de partenariats destinés à évaluer les subventions aux combustibles fossiles octroyées dans chaque pays. Je pense que ce sera très intéressant pour les Canadiens de voir quel genre de subventions aux combustibles fossiles sont octroyées au Canada, pour que nous puissions en débattre.
Les mots utilisés dans les déclarations du G7 et du G20 sont assez mal choisis, parce qu'on parle de « subventions inefficaces aux combustibles fossiles ». Je n'ai encore trouvé personne qui puisse m'expliquer ce qui distingue une subvention « efficace » d'une subvention « inefficace » aux combustibles fossiles. Cela laisse un peu de marge de manoeuvre aux négociateurs, mais nous ne savons pas vraiment ce que cela signifie.
Il y a des pays qui cherchent à réduire les subventions aux combustibles fossiles. En fait, lors de la dernière réunion du conseil de l'OMC, c'est la Nouvelle-Zélande qui cherchait à faire avancer le dossier des combustibles fossiles. Il y a aussi quelques initiatives d'ONG. Il y a un groupe qu'on appelle les « amis de la réforme des combustibles fossiles », si je ne me trompe pas. John le connaît peut-être, puisqu'il a ses contacts à la DSII. Il y a des pays et des ONG internationales qui travaillent en ce sens.
J'aimerais mentionner une dernière chose. Cela ne concerne pas tellement les subventions aux combustibles fossiles, mais il y a aussi un accord découlant du PTP et aussi, il faut le mentionner, de l'accord entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, pour mettre fin aux subventions aux pêches visant des poissons aux populations très appauvries. Ce sera un bon modèle d'outil pour encadrer les subventions. Il y a peut-être un mécanisme là qui nous permettrait de nous attaquer, de façon plus générale, aux subventions aux combustibles fossiles.
Merci.
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Oui. C'était le plan « Prendre le virage » de John Baird. Il n'était pas mal. Il présentait les mécanismes possibles en vue de mettre un prix sur le carbone. Il semblait tenter d'aborder la situation de façon large et détaillée. Il n'a pas été très bien reçu à l'extérieur du parti. Certains de mes collègues l'ont critiqué peut-être injustement, simplement parce que le débat était tellement enflammé sur le sujet qu'il n'y avait pas beaucoup de place à la négociation, alors c'est un peu tombé dans l'oubli.
Ensuite, lorsqu'ils étaient au pouvoir, les conservateurs ont passé la majeure partie de leur temps à parler de la « taxe sur le carbone néfaste pour l'emploi » chaque fois qu'on abordait le sujet. Je crois que c'était une très mauvaise chose à faire pour le discours public: peindre l'intervention nécessaire pour lutter contre les changements climatiques à l'échelle nationale comme étant une chose qui allait détruire l'économie.
Ce que nous pouvons dégager des données probantes restreintes dont nous disposons — celles de la Colombie-Britannique sont les meilleures —, c'est qu'en mettant un prix sur le carbone, on ne nuit pas du tout à l'économie. Il n'y a aucune preuve réelle à cet effet. Je crois que l'opposition tente ni plus ni moins de trouver d'autres façons de mettre un prix sur le carbone sans prononcer le mot « taxe », parce qu'elle reconnaît en quelque sorte qu'il est intelligent de mettre un prix sur la pollution, mais elle ne peut plus dire cela parce qu'elle a passé 10 ans à dire que c'était la pire idée au monde. C'est ce qu'on entend de certains premiers ministres actuels ou potentiels lorsqu'ils en parlent. Je crois qu'on ne rend pas du tout service aux Canadiens en orientant le débat ainsi.
Je ne crois pas que les conservateurs soient les seuls. Je crois que tous les gouvernements des 10 à 15 dernières années ont adopté des positions politiques qui ne correspondaient pas nécessairement à l'orientation qu'ils avaient exprimée. Aujourd'hui, tout le monde prétend que les changements climatiques représentent un problème grave et qu'il faut faire quelque chose pour le régler. Toutefois, on n'arrive pas à s'entendre sur la ligne de base — et c'est un sujet que j'aborde dans mon article du Globe — de la même façon qu'on s'entend pour dire que les soins de santé universels sont une bonne chose, qu'il est bien que les Canadiens n'aient pas à payer pour leurs soins de santé et ne manquent pas d'argent parce qu'ils tombent malades.
De façon similaire, il est bon que la pollution par le carbone ne soit pas gratuite. Si nous voulons lutter contre les changements climatiques, il va falloir punir ceux qui polluent. Je crois que lorsqu'on n'arrive pas à s'entendre sur le mot à utiliser — un prix ou une taxe —, on nourrit une forme de politique réactionnaire qui n'aide pas du tout le débat.
Je ne sais pas si j'ai répondu à la question, mais je crois...
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Je ne sais pas quoi dire. Je suis nouveau au sein du Comité. Je trouve qu'il est fort intéressant de voir un député libéral poser ces questions à un ancien candidat du Parti vert, en lui demandant ni plus ni moins de critiquer une position du Parti conservateur et d'y faire référence à titre de « condamnation pratique » alors qu'il oriente la conversation en théorie sur la façon de tenir un débat plus constructif.
Je n'en reviens pas. J'ai donné avis de la motion. Je vais la présenter maintenant, parce que je crois que nous pourrions avoir un débat constructif à ce sujet. Nous étudions le cadre pancanadien du gouvernement. Jusqu'à maintenant, nous avons abordé trois sujets: l'environnement bâti, le leadership international et la foresterie, l'agriculture et les déchets. Depuis mon arrivée au Comité, j'ai remarqué que la grande majorité des témoins faisaient référence à la tarification ou à la taxation du carbone à titre de priorité clé. En fait, les piliers du cadre se retrouvent à l'intérieur même de celui-ci. On dit que le cadre pancanadien compte quatre piliers principaux. Partout, on fait référence à la tarification de la pollution au carbone à titre de premier de quatre piliers principaux. C'est le coeur du plan, et je crois que si nous étudions le cadre pancanadien, il serait irresponsable de ne pas étudier la taxe sur le carbone.
Je propose:
Qu'après l'étude du Comité sur la croissance propre et les changements climatiques au Canada: foresterie, agriculture et déchets, le Comité entreprenne une étude ayant pour thème la croissance propre et les changements climatiques au Canada: la tarification du carbone, et que cette étude s'échelonne sur au moins six séances avec témoins.
C'est la motion dont j'ai donné avis la semaine dernière. J'espère que cela ne prendra pas trop de temps. Comme il s'agit d'un pilier essentiel du cadre pancanadien des libéraux, je suppose qu'ils voudront tenir une discussion approfondie à ce sujet et inviter des experts à témoigner devant le Comité.
Je suis d'accord avec vous: les Canadiens veulent une bonne conversation respectueuse sur ce sujet. Cela nous donnera l'occasion d'entendre les meilleurs témoins, les meilleurs experts du monde sur le sujet, si nous les invitons. Ce serait fantastique de recevoir la , qui pourrait parler au Comité de la tarification du carbone. De toute évidence, cette conversation est importante au Canada.
Lors des dernières élections, la taxe sur le carbone a été un enjeu électoral clé, et il est clair que le consensus que nous avions il y a trois ans n'est plus le même aujourd'hui. Je crois que nous avons le devoir, à titre de comité de l'environnement chargé d'étudier le cadre pancanadien, d'aborder cette question.
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Je suis désolé d'entendre cela de la part d'une personne qui prétend s'intéresser grandement à la question. Je rappelle à toutes les personnes autour de la table que lors de la première annonce de la taxe sur le carbone, j'ai participé à une réunion où un représentant d'Environnement Canada a dit très clairement que la taxe sur le carbone était l'élément fondamental du plan sur les changements climatiques... l'élément fondamental. Ce n'était pas quelque chose de temporaire ou de secondaire. Ce n'était pas un élément mineur.
M. Turner a répété que la taxe sur le carbone devait être l'élément important de toutes les plateformes. Si tel est le cas, alors le comité de l'environnement devrait à tout le moins songer à ce que signifie une taxe sur le carbone. Comme certains d'entre vous le savent, j'ai parcouru beaucoup de chemin en ce qui a trait à la taxe sur le carbone. Je suis toujours ouvert à l'idée d'utiliser un mécanisme axé sur le marché pour changer les comportements de manière à ne pas punir les Canadiens de façon générale. Le mécanisme punit ou pénalise ceux qui consomment plus ou qui réalisent des activités qui émettent plus de gaz à effet de serre, mais remet l'argent aux contribuables d'une manière ou d'une autre.
C'est pourquoi lorsqu'on a lancé la taxe sur le carbone en Colombie-Britannique — monsieur Aldag, vous êtes de la Colombie-Britannique, alors vous vous en souviendrez... C'est Gordon Campbell qui a lancé la taxe; c'est mon ami. Je ne veux pas le critiquer. Il a juré que ce serait une taxe sans incidence sur les recettes qui allait décourager certains comportements et redonner aux contribuables. Dans l'ensemble, sauf quelques exceptions, c'est ce qui s'est passé avec la taxe de la Colombie-Britannique sur le carbone.
Aujourd'hui, cette taxe est de 35 $ la tonne. Je n'ai pas encore rencontré un économiste qui convienne que 35 $, 50 $ ou même 100 $ la tonne représente un montant suffisamment important pour modifier le comportement humain. Quoi qu'il en soit, la taxe de la Colombie-Britannique est actuellement de 35 $. C'est fait. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter en Colombie-Britannique. Certains diront que c'est parce que l'économie est en croissance. Les objectifs de l'Accord de Paris sont des objectifs absolus. Ils ne prévoient pas de rajustement en fonction de la croissance économique. Ce sont vos objectifs. Vous devez les atteindre.
Si c'est le point de référence, la Colombie-Britannique n'arrive pas à réduire ses émissions. Qu'a fait le nouveau gouvernement, le gouvernement du NPD? Il a éliminé la neutralité fiscale. C'est maintenant la vache à lait dont se servent les gouvernements pour consacrer de l'argent à leurs propres priorités politiques. Pourquoi ne voudriez-vous pas étudier cela? S'il y a une taxe sur le carbone qui soit défendable, alors on pourrait en faire la promotion aux Canadiens, leur dire qu'elle fonctionne et qu'elle est efficace. Pourquoi n'en parlons-nous pas à cette table au lieu de fuir le sujet? Il me semble que c'est ce que font mes amis libéraux.
Nous devrions tenir une discussion approfondie sur ce sujet. C'est tout ce que nous demandons. C'est l'élément fondamental du cadre pancanadien sur les changements climatiques présenté par le gouvernement libéral, qui devait nous mener vers le nirvana des changements climatiques, en vue d'atteindre les objectifs de Paris. Aujourd'hui, il est évident que nous ne sommes même pas en voie d'atteindre ces objectifs.
Voilà ce que je dis. Soyons proactifs et soyons des participants constructifs dans cet effort. Nous ne sommes pas ici pour dénigrer la taxe sur le carbone. Il faudra me convaincre, mais je participerai au débat de façon constructive, tout comme M. Lake, M. Godin et tous les autres intervenants qui s'assoiront à la table.
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Pour en revenir aux observations de M. Bossio et de Mme Dzerowicz, je tiens à signaler aux gens qui nous écoutent que les sous-comités et les comités sont organisés de telle sorte que la majorité des membres des sous-comités sont des députés libéraux. Grâce à cette majorité, ils peuvent dicter ce qui est inclus ou non dans un rapport lors des séances à huis clos des sous-comités. Je crois qu'il est important de tenir compte de ce point au moment d'analyser les mots formulés par les députés du Parti libéral.
À mon sens, il est important que nous ayons cette conversation en public. La taxe sur le carbone représente le pilier central. Aucun député libéral — et cela comprend la et le — ne niera que la taxe sur le carbone est... Ils pourraient utiliser une terminologie différente, mais peu importe les mots que nous employons — taxe sur le carbone, tarification du carbone —, cette mesure est le pilier central du cadre.
Nous sommes le Comité de l'environnement de la Chambre des communes. Si nous voulons avoir une conversation responsable sur la politique environnementale du Canada pour les années à l'avenir, il me semble raisonnable que nous tenions une telle discussion au moment d'étudier le cadre pancanadien. Il s'agit de l'étude générale que nous menons à l'heure actuelle.
Pour ce qui est de l'étude en cours, si nous allons examiner ce qu'on appelle le « leadership international » — en somme, si la majorité libérale a décidé que nous allons étudier le leadership libéral en matière d'environnement à l'échelle internationale — et si le Comité a convenu d'étudier la foresterie, l'agriculture et les déchets dans le cadre d'une étude secondaire qui s'échelonnera sur six séances, alors la taxe sur le carbone mériterait certainement, elle aussi, une étude de six séances.
Je propose publiquement que le Comité vote sur la question de savoir si, en tant que membres du Comité, nous estimons que les Canadiens aimeraient entendre — alors qu'ils passeront l'année prochaine à réfléchir à une politique environnementale dans le cadre d'une campagne électorale —, une conversation entre les parlementaires de tous les partis et des témoins experts de tout le pays et du monde entier au sujet de la taxe sur le carbone ou de la tarification du carbone, ou peu importe ce qu'on voudra l'appeler.